Lily n'avait toujours pas bougée du sol, même si elle n'était pas blessée, ou fatiguée. Non, c'était tout le contraire. Ses yeux fixement attachés à la silhouette de Joey, elle observait, subjuguée, bouche-bée les mouvements fluides de sa partenaire, si à l'aise avec son arme blanche. Elle aussi en avait une, en très bonne état puisqu'elle n'a servit que trois fois. L'idée même d'enfoncer la lame dans de la chair en putréfaction ne l'attire guère, même dans un moment pareil. Ses yeux scintillaient d'admiration face à sa forte et le calme dont elle faisait preuve. Peut-être faudrait-il qu'elle pense à kidnapper Joey, après leur retour au camp, pour l'entraîner, l'aider à être une femme forte. Comme elle. Comment la fermière fera-t-elle si, par un énorme malheur, le camp tombait entre les mains des NE, après ce qu'ils avaient fait ? Joey ne pourra pas être là, ni même Caleb. Il ne pourra pas être toujours là.

L'américaine saisit sans attendre cette main que sa partenaire lui tend, le visage rayonnant de bienveillance. Une mimique de dégout crispe le temps d'une seconde le visage de la jeune femme, horrifiée, dégoutée par la vue et l'odeur du sang puant qui recouvrait les vêtements de l'hispanique. Elle retient même un haut le coeur qu'elle cache à la vue de la seconde jeune femme.

« Non.. euh non ça va, je crois que ça va.. » Finit-elle par dire pour lui répondre, articulant ses membres pour s'assurer qu'elle pouvait marcher ou utiliser ses bras, ses mains. Après ça, ses yeux glissent aussi sur le corps de Joséphine, essayant de voir de sa place et à travers les taches si elle n'avait rien. Et alors que Lily allait lui retourner la question, celle-ci la devance. « Euh.. oui ne t'en fais pas ! » Comme si ça allait la déranger de toute façon. S'occuper de deux chevaux, c'était quand même mieux que ces choses revenues à la vie. « Oui, tu as raison, je vais essayer de les trouver ! »

Lancée sur le chemin qu'elle avait commencée à prendre, Lily n'avait aucun mal à pister les deux chevaux en fuites entre les carcasses, se fiant surtout à son ouïe pour les repérer. Essayant de grimper sur une voiture stationnée devant un magasin, un mort à l'intérieur se réveil, ce qui fait sursauter la fermière qui glisse du parebrise pour finir sa course au sol. Encore. Mais cette fois-ci la vie semble l'avertir sur la chance qu'elle n'a pas. Son pantalon se déchire sur un morceau de ferraille, qui coupe aussi la cuisse de Lily. Sa mâchoire se serre brusquement, sous la douleur, mais aussi pour ne pas hurler à la mort et inviter de nouveau rôdeurs. Elle déchire rapidement le côté labouré pour s'en servir comme bandage du pauvre, se remettant directement en route. L'américaine retrouve les deux chevaux dans une impasse, affolés de ne pas pouvoir trouver de sortie. Mais après des mots calmes, des douces caresses, La fermière parvient à les calmer. C'était nettement plus facile que le travail de Joey.

Sans les embarquer avec elle, Lily retourne dans la rue en boitant, une main sur sa jambe, continuant de remonter la rue plutôt que de redescendre vers son amie. Elle s'arrête devant le premier magasin sur sa droite, une main perpendiculaire à son front pour scruter l'intérieur. Bingo. La fermière retourne ensuite dans la ruelle, à l'abri, observant l'hispanique de sa place en attendait qu'elle vienne l'aider pour ouvrir la porte condamnée.

Spoiler:

Sans faire dans le chichi, ce n’était pas son genre, Joséphine essuya ses mains sur son jean, avant de hocher doucement la tête dans un geste satisfait quand la blondinette l’informa qu’elle n’était pas blessée. Une bonne nouvelle, elle aurait été embêtée pour la jeune femme si elle avait subi une quelconque blessure, mais cela n’empêcha pas la pompier de vérifier par elle-même d’un coup d’œil avisé que Lily était bel et bien en un seul morceau. L’hispanique arbora d’ailleurs un fin sourire sur son visage quand elle remarqua que sa comparse avait exactement la même attitude à son égard, vérifiant qu’elle n’était pas blessée non plus. « -Merci… » souffla Joey d’un ton soulagé quand la fermière accepta sans rechigner d’aller gérer les deux bestiaux un peu plus loin, affolés par l’arrivée des morts.

Et les morts, Joséphine préférait s’en occuper plutôt que ces bestioles à quatre pattes dont elle ne pouvait pas prédire le comportement, alors que celui des rôdeurs était uniquement guidé par cet étrange instinct, celui de bouffer de la chair humaine. Aussi, la pompier laissa s’éloigner sa comparse dans son dos, alors que l’un de ces corps décharnés titubait vers elle, sans l’avoir vue pour autant. Joey se décala juste assez pour se plaquer contre l’aile arrière de la voiture, et dès lors que le rôdeur l’eut dépassé, elle lui planta le pied de biche dans un joli swing, une partie de la boîte crânienne s’enfonçant aussitôt. Mais l’attention de la pompier fut détournée par du bruit un peu plus loin, alors qu’au mépris de la sécurité, l’hispanique appelait la survivante d’une voix inquiète, de façon répétée, sans aucune réponse. Bordel…par où était-elle partie ? Joséphine avait beau se tourner dans tous les sens, elle ne voyait rien d’autre que des voitures à perte de vue, des toits plus ou moins cabossés, des tôles froissées, mais aucune blondinette.

Avec souplesse, elle grimpa donc sur le capot d’un des véhicules, puis sur le toit, portant sa main en visière, jusqu’à repérer la jeune femme, à qui elle fit un signe de la main. « -J’arrive. » Puis sans redescendre, elle avança de toit de voiture en toit de voiture, jusqu’à rejoindre Lily, remarquant immédiatement la tâche rouge sur son pantalon, et la longue déchirure dans le tissu. « -Mais t’es blessée ! » fit-elle remarquer de manière tout à fait inutile, posant déjà un genou sur le bitume pour regarder ça d’un peu plus près. Elle avisa le bandage de fortune que s’était fait Lily, alors que Joey se redressait. « -Joli bandage, efficace. Une fois qu’on aura mis les chevaux à l’abri, je t’en referai un, j’ai ce qu’il faut dans mon sac. T’as mal nulle part ailleurs ? » s’inquiéta-t-elle, en reposant son regard sur le visage de la jolie demoiselle. Pompier de son état, Joséphine avait toujours l’habitude de sortir avec une trousse de secours, et même si elle s’était largement dégarnie, puis remplie à de nombreuses reprises depuis le début de l’apocalypse, elle lui avait sauvé la mise plus d’une fois.

Les deux jeunes femmes retournèrent donc auprès des chevaux, l’hispanique haussant un sourcil en voyant la fermière boitiller des suites de sa blessure. Joséphine attendit que cette dernière calme une nouvelle fois les bêtes, et attrapa la bride quand elle lui fut tendue, refusant de trop s’avancer vers le canasson affolé. « -T’es sûre que ça va aller pour la suite ? On peut remettre ça à dans quelques jours… » dit-elle dans un sourire qui se voulait apaisant, rassurant même, tandis qu’une fois arrivées devant les portes du magasin vide qu’avait trouvé Lily, elles forcèrent l’entrée, faisant entrer les chevaux derrière elles. Les deux bêtes s’avancèrent dans les lieux, alors que la pompier se tournait vers son acolyte, retirant déjà son sac de ses épaules, et tapotant sur une table poussière, invitant la blonde à s’y assoir. « -Regardons cette jambe. » dit-elle dans un sourire encourageant, tout en sortant déjà ce semblant de trousse de secours qu’elle possédait de son sac à dos.

Spoiler:

De ses doigts fins, Lily se débarrassa du bandage sur sa cuisse imprégné de sang, alors que Joséphine prenait la suite, avec des yeux devenus experts en la matière depuis le temps. Elle hocha de la tête aux paroles de sa comparse, relevant son minois vers elle de brèves secondes pour lui dire : “-Tu as raison ! Tu échappes aux points de suture. Un bandage, un peu de repos, et tu seras comme neuve !” dit-elle avec un sourire rassurant, tout en se mettant au travail. Elle désinfecta ses mains, puis se chargea d’élargir un peu plus le vêtement de Lily pour ne pas être embêtée par le tissu pendant que Joey désinfectait la plaie. L’hispanique y appliqua ensuite deux compresses, mises bout à bout, et s’occupa d’enrouler le tout d’une bande blanche immaculée, qu’elle prit garde de ne pas trop serrer. “-Et voilà !” dit-elle quand elle eut terminé, rangeant déjà le matériel sorti, tout en songeant qu’il faudrait penser à remplir sa trousse de secours pour sa prochaine sortie.

Lily se mit debout aussitôt, et Joséphine fut satisfaite de voir que la jolie blondinette ne vacillait pas sur ses jambes, qu’elle avait même l’air plutôt solide sur ses appuis. Son regard sombre se releva aux paroles de sa comparse, alors qu’elle laissait un léger sourire étirer le coin de ses lèvres. “-J’étais pompier, alors je partais pas de zéro quand tout a commencé. Dans mon ancien groupe, j’étais responsable de l’infirmerie, j’ai dû apprendre plein de choses sur le tas pour soigner les autres survivants, et maintenant que je suis à Nisqually, je bénéficie des enseignements de Lisandro et Nolan.” expliqua Joey, tout en rangeant la trousse dans son sac, et en remettant le sac sur ses épaules. Elle s’équipa une nouvelle fois du pied de biche trouvé un peu plus tôt, tandis que Lily récupérait les différents sacs et s’avançait jusqu’à la porte qu’elles avaient forcé, l’y attendant. L’hispanique la rejoignit, avant de se tourner vers les deux canassons. “-Et vous deux, pas de bêtises. Soyez-là quand on revient.” dit-elle avec sérieux, en les pointant du doigt à tour de rôle, ressortant aux côtés de la blonde.

Les deux comparses bloquèrent les portes pour que celles-ci ne s’ouvrent pas, et évitent aux bêtes de s’échapper, puis Joey finit par prendre la tête de leur duo, zigzaguant entre les voitures, gardant en ligne de mire l’enseigne du magasin dans lequel elles voulaient se rendre. Mais un grognement non loin d’elles ne tarda pas à se faire entendre, alors que l’hispanique se baissait aussitôt pour se faire petite, et échapper au rôdeur qui ne les avait pas vu, intimant d’un geste de main à Lily d’en faire autant. Elle ne doutait pas que c’était sans doute ce qu’aurait fait la survivante d’elle-même, mais le réflexe avait été là, trop rapide pour que Joey le retienne. La charogne les dépassa, et la pompier se redressa, arquant son bras en arrière pour venir frapper le macchabée à l’arrière du crâne. Manque de chance, le bout crochu se prit dans les guenilles du col du mort, qui ne sourcilla même pas face au coup porté...mais qui ne pouvait désormais plus passer à côté des deux jeunes femmes. “-Fais chier…” marmonna l’hispanique, avant de récupérer le couteau à sa taille, sans quitter des yeux le mort, réfléchissant à une stratégie. Elle s’avança néanmoins suffisamment pour attraper le pied de biche toujours coincé dans les habits, et tira brusquement dessus, précipitant le mort vers le sol, où elle vint lui planter sa lame sans hésiter. Elle essuya son couteau sur les habits, et récupéra le pied de biche coincé en marmonnant. Puis puisque plus rien ne les empêchait désormais d’avancer, malgré quelques râles encore audibles, les deux jeunes femmes poursuivirent leur route, arrivant enfin au magasin convoité, dans lequel elles entrèrent en tendant l’oreille, au cas où une quelconque compagnie non désirée se trouve là.

Spoiler:

Lily eut beau faire du bruit, tapant dans un bout de ferraille pour annoncer aux éventuels rôdeurs du coin que le buffet était servi, aucun grognement ne vint trahir la présence de charognes, laissant supposer que les deux jeunes femmes étaient seules. Ou en tout cas, qu’aucun mort ne se trouvait là. Une idée appréciable, même si Joséphine restait sur ses gardes, juste au cas où, se souvenant encore de cette fois, des mois plus tôt, où son inattention avait failli lui coûter cher. L’hispanique tourna son regard sombre vers la jolie blondinette, avant de regarder tout autour d’elle, pour aviser le désordre ambiant, les produits au sol, les étagères plus vides que remplies. “-Hum...tu as raison, je pense que le magasin a déjà été visité, et plus d’une fois…Autant aller directement dans la réserve ! ” soupira-t-elle, shootant dans un emballage de gâteaux quelconques qui traînait là.

Aussi, les deux jeunes femmes entreprirent de visiter le magasin, Joséphine délestant sa comparse de quelques sacs, puisqu’il n’y avait à priori aucun danger les guettant entre ces murs. Durant le court trajet qui les séparait de la réserve, Joey laissa son regard s’imprégner des lieux, pour se repérer en cas de départ précipité, pour vérifier l’absence de tout danger également, un humain pouvait par exemple se tapir entre ces rayonnages pour leur sauter dessus, mais aussi pour constater que rien de ce qui restait sur les étagères n’était intéressant pour leurs survies. Tout avait déjà été pillé, personne n’avait attendu la venue de Lily et Joey pour que celles-ci puissent se servir en premier. La réserve les accueillit à portes ouvertes, une traînée de sang peu encourageante se perdant dans le vaste entrepôt. “-Charmant…” commenta Joséphine à mi-voix, adressant une grimace à son acolyte, tout en entrant dans le lieu saturé de poussière qui sentait le renfermé, picotant allégrement ses narines. Aucune trace récente sur le sol, ce qui laissait indiquer qu’elles étaient bel et bien seules.

A l’intérieur, il faisait assez sombre, les quelques fenêtres présentes ici ou là étaient couvertes d’un dépôt gras qui obscurcissait les lieux, mais le regard des deux survivantes s’habituerait vite, leur permettant d’y voir un peu mieux. “-Ce que c’est grand ! Ça va nous prendre un moment de tout fouiller !” dit-elle, tout en glissant le pied de biche dans son dos, coincé dans les sangles de son sac à dos. Elles se dirigèrent vers la gauche de la grande pièce, alors que la pompier haussait les sourcils face à ce qui se trouvait là, mais qui semblait déjà avoir été convoité par quelques survivants. “-Bon...tu prends les rayonnages de droite, et moi ceux de gauche ?” proposa-t-elle à la survivante. Ainsi, elles seraient toujours proches l’une de l’autre, dos à dos, et prêtes à réagir si la situation l’exigeait.