En rejoignant le trio, Juliet sent le soulagement l’envahir, en même temps que la surprise. De tous les scénarios qu’elle avait imaginés, trouver Albert et Vivian morts, et les siens en vie n’était pas celui qu’elle s’attendait à trouver. Et pourtant. Elle reprend rapidement ses esprits et soutient Joachim lorsque celui-ci s’approche pour s’appuyer contre elle et lui glisser le talkie dans les mains.

Sourcils froncés en écoutant le plan du jeune homme, elle hoche finalement la tête. Il peut marcher, et de toute façon, elle reste curieuse de savoir s’ils ont été trahis par quelqu’un du camp. Furieusement curieuse.

- D’accord… On va aussi s’approcher et les espionner discrètement par la fenêtre… Il faut aussi trouver Marlon, ajoute-t-elle, plus pour elle-même.

Aidant Joachim à se rapprocher de Kaya, Juliet s’écarte ensuite d’un pas, le regard fixé sur son petit frère, au cas où celui-ci s’effondre. Lorsque la lakota annonce prendre la direction de l’infirmerie, Juliet se mord les lèvres, partagée entre l’envie de les suivre et son rôle dans le plan de son cadet. Elle n’est pas indispensable, loin de là, mais sa seule voix constituera une preuve irréfutable de la survie d’une partie des disparus – du moins, elle l’espère.

Posant une main sur l’épaule libre de Kaya, elle se penche vers elle pour lui parler plus discrètement. Les antibiotiques dont ils disposent sont en quantité limités et elle ne veut pas risquer de les voir disparaître.

- Dans le bureau de Lisandro, tu trouveras des antibiotiques. Donne-en deux cachets à Joachim pour commencer et oblige-le à s’allonger. Et désinfecte ton pied, dit-elle en jetant un coup d’œil vers le bas.

Puis elle se tourne vers le reste du groupe, avisant les fumigènes que certains tiennent encore en main.

- Ça pourrait nous servir, non ? suggère-t-elle en désignant du menton les petites bombes improvisées.

Spoiler:

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On entend les coups de feux et on traine pas pour aller voir ce qu'il se passe. Y'a l'appréhension forcément que ça soit pire que prévu, que ça se passe à l'intérieur des bâtiments, qu'ils soient en train d'abattre des gens, comme ça, gratuitement ! Je sais même plus quoi en penser, je me surprends à être soulagé de découvrir que c'est Vivienne et Albert qui se sont apparemment entretués et à la fois... J'ai une boule au ventre, je comprends pas comment on a pu en arriver là. Et je sais pas de quoi ça a l'air en fait.

Vous êtes sûrs qu'ils nous croiront quand on leur expliquera qu'ils se sont entretués ? Et au fond, sans doute qu'ils s'en fichent de tout ça.

Mâchoires serrées, je récupère l'arme que me confie Soo et pendant qu'elle essaie de leur percer le crâne, je m'approche d'elle et récupère la machette. La tempe ou l'oreille, c'est le plus simple à percer sur des cadavres frais, ou alors sous le menton, ou derrière la nuque, y'a la place qu'il faut pour ça. C'est pas forcément l'heure d'un cours magistral de toute façon. Je me penche vers Soo et lui pose ensuite une main sur l'épaule :

T'as été courageuse, que je lui souffle doucement. Merci de ton aide, Soo, que j'ajoute avec un sourire qui se veut rassurant. J'veux trouver Marlon. On voit s'il est avec les autres, sinon, je partirais à sa recherche dans le campement !

Non, non, non, c'est pas c'que vous croyez ! que je souffle en même temps qu'Aurora. Mais j'ai l'arme du crime dans la main, non ? Même si c'est pas ça qui les a tué, c'est quand même un début. C'est par réflexe encore que je ramène Soo derrière moi. Si jamais ça doit virer au drama, elle doit pas se faire blesser. Je laisse Aurora dérouler sa pensée, et je baisse les yeux : On aurait jamais fait d'mal comme ça, on est arrivés et ils se sont mutuellement tirés dessus ! Shawna pourra tout vous expliquer, elle était avec Albert, et Soo aussi !

Mais Soo, je la laisse derrière moi, elle doit pas souffrir encore, ça suffit pour ce soir.

Vivienne avait une arme, elle délirait : celle-là, l'arme en question, je la tiens, je la montre, et je la lance par terre. J'en aurais pas besoin, j'espère. Voyez, on fera rien, on est pas là pour ça, on veut juste que tout le monde puisse rentrer chez lui et que tout redevienne à la normale, c'est tout ce qu'on attend... Faut nous croire, on veut que ça s'arrête, que tout le monde puisse rentrer chez soi, qu'il y ait pas plus de blessés ou de morts, et je me sens assez mal comme ça pour en rajouter une couche. Là, c'est déjà trop... On sait même pas si la communauté s'en remettra...

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Les gachettes prêtes à tirer, le regard de Marlon et ses hommes sur leur groupe... Tout ceci figea le regard de Joey. Le jeune photographe ne porta même pas sa main à sa poche, dans laquelle il contenait sa bombe fumigène. Son couteau de chasse à sa ceinture, il ne fit rien, aucun effort pour le prendre. Il fallait qu'on agisse vite... Il fallait qu'on explique le pourquoi du comment. Mais Aurora avait pris la parole la première, posant la main sur son ventre qui n'allait pas tarder à s'arrondir pour de bon. Joey était au courant depuis le début, bien sûr, et avait encore du mal à réaliser.

Mais dans l'urgence de la situation, Joey se positionna aux côtés de la brune alors que Ruben prenait la parole. Il acquiesça aux paroles du jeune homme lourdement, avant de serrer Aurora contre lui. « Marlon, on a rien fait de tel... On veut juste s'assurer que tout le monde aille bien... » Son regard bleuté transperça celui du soixantenaire avant qu'il jette un regard anxieux à Aurora et le ventre qu'elle venait de toucher. « On veut juste réintégrer nos maisons et être en sécurité... Pour ceux qui vont arriver et ceux qui n'ont pas la chance de se défendre tout seul. S'il vous plaît... » Bien sûr, il fallait faire vite avant que les morts ne reviennent les hanter... Au sens propre du terme. Il fallait faire vite pour s'assurer de garder Marlon à portée de vue.

« Mais s'il vous plaît, baissez vos armes... Nous avons Soo avec nous... Ce n'est encore qu'une enfant... Et... » Joey passa sa main sur l'épaule d'Aurora pour la soulager et la réconforter – du moins insister sur ce fait – et regarda à nouveau avec un voile d'anxiété le ventre de celle-ci. Joey releva la tête vers Marlon et ajouta : « S'il vous plaît. »

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