Juliet se fige en entendant Serena jurer en espagnol, immédiatement suivi de cliquètements familiers et glaçants. Merde. En se retournant comme les autres, presque cachée derrière la grande taille d’Ashton, elle découvre Marlon et ses acolytes, le canon de leurs armes soigneusement pointés sur eux. La blonde balaye du regard les survivants qui la flanquent, priant pour que personne ne joue les cow-boys.

Heureusement, Aurora entreprend de convaincre Marlon de leur bonne foi. Un exercice particulièrement périlleux avec sept armes dirigées sur soi, il faut le reconnaître. Avec une pensée pour Effy, pour Selene, pour Isaac, Juliet serre les dents. Elle ne peut pas se permettre de perdre le contrôle de ses émotions. Elle ne peut pas relâcher ce carcan qu’elle maintient autour d’elle depuis quelques jours, par crainte de s’éparpiller en milliers d’éclats.

Stoïque, Juliet écoute Ruben et Joey s’adresser à Marlon, sans quitter l’homme des yeux. Avec un peu de chance, ses comparses ne feront rien sans un ordre de sa part. Avec un peu de chance, il se laissera attendrir par leurs plaidoyers…

Finalement, Juliet avance d’un pas, juste assez pour se dévoiler. Avec une attention accrue, elle cherche la moindre trace de culpabilité sur les visages qui lui font face, avant de se concentrer sur leur opposant le plus sérieux.

- Marlon , commence-t-elle d’une voix forte, croyez-moi, on a pas le temps de savoir comment sont morts Albert et Vivian.

Avec autant d’indifférence qu’elle le peut, elle jette un coup d’œil aux corps, avant de reprendre.

- En ce moment, Selene et les autres se font torturer par New Eden. Par Oliver et ses complices, appuie-t-elle en guettant une réaction sur le visage de l’homme. Peu importe qui gère le camp, il faut se préparer à l’éventualité d’une attaque. Tout le monde doit rentrer se mettre à l’abri et s’armer, au cas où.

C’est un petit coup de bluff, car elle fait confiance à Selene pour ne pas révéler leur position. Elle compte également sur l’instinct de survie de Marlon et de ses hommes. Quelque part, elle espère aussi que son seul retour fera vaciller la loyauté de ceux qui entourent le soixantenaire.

Spoiler:

Shawna était restée figée devant les corps de Vivian et Albert, encore choquée par ce qu’il venait de se passer. Attrapant l’arme tendue par Joachim, elle avait laissé les autres se charger des corps, pour ne pas qu’ils se relèvent. Tremblant toujours, elle sursauta brusquement lorsque la voix de Marlon résonna dans son dos. La métisse fit volte-face, affichant un regard apeuré en voyant toutes ces armes pointées vers eux.

Son corps entier frissonna et elle n’eut même pas la force de lever le canon de son arme vers ceux qui les menaçait. Elle était fatiguée, à bout de force. Elle en avait assez de tout ça et lorsqu’Aurora clama quelques paroles pour convaincre les autres de baisser leurs armes, les mots de la jeune femme la touchèrent. Elle sentit une boule se former dans sa gorge ; il fallait que tout cela cesse, immédiatement. Les yeux de la coiffeuse croisèrent ensuite le regard de Ruben, ses lèvres tremblaient mais elle lui accorda néanmoins un sourire à peine perceptible.

Elle laissa Joey et Juliet parler, ne parvenant pas à prendre la parole, bien trop chamboulée par tout ça. Elle se sentait vidée de toutes ses forces. Lorsqu’elle prit enfin la parole, sa voix résonna, usant le peu de force qu’il lui restait. « J’aurais pu perdre mon bras, merde ! Albert était prêt à le faire ! C’est ça que tu veux ?! Qu’on s’entretue comme Albert et Vivian ?! Ils… Ils se sont embrouillés pour des bêtises ! Et voilà le résultat ! Je… » Sa voix s’étrangla dans sa gorge et elle sentit ses yeux s’embuer de larmes encore une fois. « J’en peux plus Marlon… J’en peux plus de cette guerre stupide… Je… Faut que tout ça s’arrête… » La coiffeuse s’accrocha alors à Ruben, sentant ses jambes faiblir… Puis voyant que Marlon commençait à douter, elle imita Ruben et jeta son arme. « Je… Je suis pas une meurtrière Marlon… J’veux pas… J’veux pas vous faire de mal, à personne ici. Je… Je veux juste pouvoir retrouver mes fils… S’il te plaît Marlon… Je… Je ne sais même pas où ils sont… S’ils vont bien… » Ses yeux ancrés dans celui de l’homme, elle soutenait son regard, les joues humides…

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