« Non... Oui... J'sais bien... »

Zelda hoche la tête de gauche à droite puis de haut en bas. Pour finir elle adopte un mouvement en diagonal. Oui, elle suppose que les propos de son amie n'avaient rien d'une attaque gratuite. Mais les événements s'enchaînent à un rythme effréné ce soir et entre le choc d'avoir tiré sur une femme et celui inspiré par une K' qui se met en colère contre elle, l'australienne est plutôt servie. « D'accord, on fait ça ! » En parler plus tard. Car pour l'heure elles ont comme qui dirait une rouquine sur le feu...

L'adolescente étant maintenant placée face à sa responsabilité de faire un choix quant à l'avenir de leur captive, elle opte pour la prudence et une balle dans la tête. Et pourtant K' ne s'offusque pas et semble presque captivée par la prisonnière. Lorsqu'elle se retourne pour observer l'intéressée, son amie lui indique qu'elle vient d'écrire quelque chose sur un bout de papier. « Ah ouais ?! » L'américaine se répète, semble presque choquée par l'audace de la rouquine. Zelda, elle, y voit une forme de justification pour ce qu'elle s'apprêtait à faire.

« T'es juste fatiguée d'vivre en fait, c'est ça ? » se sent-elle obligée de questionner tandis que K' s'énerve et prend à son tour les choses en main. Sa camarade l'observe en silence, étonnée par la violence mesurée mais décidée dont elle fait preuve. Il en faut pas mal pour l'énerver, Kassandra. Surtout de cette manière. Si bien que Zelda en vient à se demander si elle ferait mieux d'intervenir avant que sa petite copine esquisse le geste de trop. Et puis elle se rappelle que la rouquine n'est de toute façon pas appelée à passer la nuit.

Alors elle regarde, fait de son mieux pour s'assurer que sa partenaire ne risque rien tout en se demandant jusqu'à où cette dernière pourrait aller. Elle finit tout de même par s'avancer pour ramasser le bout de papier et le lire à son tour. Si le but du message semble évident, ce n'est pourtant pas ce qui irrite l'australienne : « Accent étrange ? » relève-t-elle en arquant un sourcil. « Qu'est-ce qu'il a, mon accent ?! » Franchement ? Elle se sent insultée ! Les américains, quoi qu'on en dise, sont les premiers à bouffer la moitié des syllabes dans chaque mot. Quand ce ne sont pas les mots eux-mêmes...

Plus loin la coupable argue qu'il n'y a que les animaux qui volent et attaquent sans raison. De quoi pousser l'adolescente à lever les yeux au ciel, agacée. « C'est l'inverse ! Les animaux n'attaquent jamais sans raisons ! Contrairement aux humains qui ont inventé, entre autres choses, la cruauté ! » soupire-t-elle, lasse. Si deux adolescentes de seize ans le savent, on est en droit de se demander pourquoi la rouquine l'ignore. « Quand on veut s'la jouer Yoda, on essaie au moins d'baragouiner des trucs intelligents... » Mais pourquoi s'abaisse-t-elle à expliquer la vie à cette imbécile ? K' est sur le point de la lui enlever et si elle ne le fait pas, l'australienne s'en chargera. Il est de toute façon trop tard pour reculer !

Et puis il y ce retournement de situation malvenu : la rouquine parvient à récupérer son épée. Et non contente d'en éclater le plat sur la joue de son amie, elle s'offre en prime le luxe de la prendre comme otage. Zelda relève immédiatement son arme qu'elle pointe sur le visage de l'inconnue tout en essayant de maîtriser cette profonde peur qui l'étrille. Sa main tremble un peu à chaque fois que le visage de son amie se retrouve sur la potentielle trajectoire de cette balle qui n'attend qu'une simple petite pression pour faire son oeuvre.

L'autre parle, lui demande pourquoi elle a fait preuve d'une telle agressivité. « P't-être parce qu'il vaut mieux d'mander pardon que permission ? » Son ton est aussi glacial que les neiges hivernales. Elle aussi, elle a des questions. Pourquoi a-t-elle voulu jouer à la plus maline avec une personne armée ? Pourquoi a-t-elle sacrifié de la nourriture ? Et enfin, pourquoi vient-elle signer son arrêt de mort en s'en prenant à la personne qui compte le plus pour elle ?

« Maintenant j'ai conscience qu'il t'reste plus beaucoup d'neurones mais j'te conseille d'écouter attentivement c'que j'vais t'dire ! » Elle raffermit sa poigne sur la crosse tiède de son arme et baisse le regard sur cette épée qui menace directement la gorge de son amante. Et qui finit par être lâchée par terre. Un bon début. Mais K' n'est pas pour autant libérée de l'étreinte de la rouquine et c'est donc, aux yeux de l'australienne, largement insuffisant : « Tu vas la lâcher ! Pas demain, pas dans dix secondes... Tu vas la lâcher tout de suite ! » L'adolescente insiste bien sur les derniers mots de sa phrase. Pour que le processeur cérébral de la rouquine ait le temps de décortiquer et assimiler l'information. « Si tu l'fais, j'te jure sur c'que j'ai de plus précieux qu'on te laissera partir. J'sais pas si t'arriveras à survivre mais très franchement, ça, c'est ton problème ! » Elle pourrait déjà s'estimer heureuse de ne pas se retrouver avec une balle dans le lobe occipital.

Ca, c'est l'option qui devrait recueillir les faveurs de la rouquine. Et forcément, il faut sans doute l'encourager un peu à prendre la bonne décision. « Mais si tu lui fais du mal... » Elle serre les dents rien qu'à cette idée et n'arrive même pas formuler correctement les pensées assassines qui lui traversent l'esprit. « Alors là ma vieille.... Tu vas en chier ! » L'enfer lui semblerait sûrement doux à côté. Zelda sent au plus profond d'elle-même qu'elle a les moyens de ses ambitions, qu'elle parviendrait à la réduire en charpie et y prendrait même un certain plaisir.

Un nouveau frisson la transperce. Elle se situe là, quelque part à la frontière qui sépare sa plus grande crainte d'une extrême cruauté. « T'as besoin d'un compte à rebours cette fois où tu penses que t'arriveras à faire marcher ton instinct d'survie toute seule ? » Zelda n'a jamais été sérieuse de toute sa vie. Elle tiendra sa parole d'une manière ou d'une autre. À la rouquine de choisir la façon...

Kassandra est sortie de ses gonds et, sous les yeux d’une amie qui la découvre aujourd’hui sous un nouveau jour, a décidé de prendre les choses en main en donnant un bel aperçu de la ville à la tignasse rousse qu’elle malmène de sa poigne la plus ferme. L’envie de négocier lui est passée. Si Zelda a eu, à son sens, tord de tirer sur cette inconnue qui n’avait pas l’image d’une femme pouvant faire de mal à une mouche... Kassy ne voit désormais plus ce qu’elle pourrait bien faire ou dire pour défendre celle qui l’a poussée, avec du bon sens, à faire une leçon de morale à la seconde adolescente qu’elle pensait avoir vu mal agir.

L’australienne prend connaissance de la note et s’égare sur cet ‘’accent étrange’’ que l’inconnue lui a découvert. Un accent auquel elle ne fait plus attention depuis bien longtemps tellement Zelda semble s’être accoutumée de la vie à l’américaine... Si on ne lui rappelait pas quotidiennement les origines de l’australienne, peut-être même qu’elle l’aurait oublié.

La haine l’habite, la crainte aussi. Cette note qu’elle l’a vue écrire juste sous ses yeux a réveillé beaucoup de choses chez elle. Parce que Seattle, c’est pas Fort Ward. Elles ne sont pas autant en sécurité à l’extérieur qu’à l’intérieur. Et cette note dédiée aux « Bastards » ne peut leur faire que du mal si elle finit dans les mains des intéressés. Donc oui, Kassandra a pété les plombs en se rendant compte que cette saleté de rouquine voulait se venger des actions pas très futées de sa meilleure amie, il faut le souligner... « C’est censé te remettre les idées en place... ça marche pas ? » Une main dans ses cheveux, l’autre en train de tenir fermement son épaule, Kassy a du mal à croire à ce qu’elle est en train de faire... mais le fait avec beaucoup de sérieux et de fermeté alors que cette tarée qu’elle a décidé de punir a certainement la réaction qu’elle s’attendait le moins à voir... Elle n’a pas peur. Elle déroule le script d’une quelconque pièce insignifiante de Broadway et se met à parler comme un personnage sorti tout droit d’une pièce de théâtre, déblatérant des mots qui n’ont parfois ni queue ni tête et qui agacent plus l’intéressée qu’il le faudrait.

Zelda prend soin de la corriger sous les yeux de l’américaine qui, à ce moment précis, n’écoute même plus les conneries que la blessée essaie de déblatérer tellement elle n’y comprend rien. Elle pensait faire quelque chose de grave, faire quelque chose d’important... au final, elle a surtout l’impression de nager dans du sable. Elle ne veut pas y croire... Mettre la rouquine face au vide n’a aucun impact sur elle... c’en est presque déprimant. Elle ne s’autorise pas souvent d’excès de colère, Kassy... celui-ci, elle essaiera de l’oublier comme il le faut pour ne plus avoir à y penser.

Un peu déconcentrée, elle ne réalise pas que leur otage se met à avoir les mains un peu baladeuses. Non. Elle ne s’en rend compte que quand elle la voit soudainement se redresser et qu’elle sent le plat de sa lame froide venir lui taper contre la joue, lui arrachant un cri de stupeur. Kassandra n’a pas le temps de reculer ou même de fuir puisque les mains de l’inconnue l’agrippent pour en faire sa prisonnière...

Adossée à celle pour qui elle ressent actuellement toute la haine du monde, elle tremble nerveusement, sent ses premières larmes monter. Si elle s’est montrée courageuse et même un peu tête brulée ce soir, le simple contact de la lame d’une épée lui fait perdre tous moyens. Kassandra panique, prend de grandes inspirations alors que les premières larmes se mettent à rouler sur sa joue. Si cette foldingue ne ressent rien quand on la met face au vide, elle n’a certainement aucun problème avec le fait de découper la tête d’une adolescente. Et ça, ça lui est effrayant.

Zelda, arme en main, prend instantanément le contrôle de cette situation et parvient à désarmer la rouquine sans grand problème... la laissant désormais entre ses mains, et tout juste en plein dans le viseur de l’australienne en qui elle a pleinement confiance, même en de telles circonstances. Les esprits s’échauffent, elle l’entend, elle le sent. Elle, elle est extrêmement nerveuse. Des frissons prennent le contrôle de ses bras qu’elle n’ose pas bouger, l’humidité de ses larmes vient couvrir ses joues auparavant sèches et lui font regretter non pas de s’être réveillée ce soir, mais bien d’avoir voulu perdre davantage de temps sur les lieux du crime qu’elles auraient dû quitter il y a bien longtemps... Zelda avait raison. Et cette sensation de froid dans sa nuque n’est pas causée par la déception d’avoir eu tort, mais bien par ces frissons qui la gèlent sur place.

« T-Tire pas, Zelda. S’il te plait. T-Tu tires pas, elle va se calmer. » Si elle avait mis du ton dans ses paroles, peut-être les auraient-on perçues comme un ordre. Kassandra n’a absolument aucun doute quant aux compétences de sa meilleure amie... Elle est juste assez bonne pour, même à ce stade, éviter un meurtre... que ce soit le sien ou celle de la garce qui l’a prise en otage et qui se croit dans le dernier film de Liam Neeson. « On est pas obligées de s’remettre à tirer... On peut juste arrêter les frais et toutes reprendre notre chemin comme si on s’était jamais connues... hein, Zelda... ? » La détresse dans le regard, elle essaie d’apaiser les tensions et de leur faire comprendre à toutes les deux qu’elles n’iront nulle part en continuant de tirer... au pire, l’une d’entre elles mourra.

Zelda a de la force, Zelda a beaucoup de cran... et si elle n’était pas en plein milieu de ce qui pourrait bientôt s’avérer être un massacre, elle s’attarderait davantage sur les mots de cet amour qu’elle pourrait peut-être voir comme une déclaration... Pour l’instant, elle préfère essayer d’apaiser les tensions et d’arrêter de pleurer. « S-sois pas bête, la rousse. Tout peut se terminer normalement si tu fais pas de conneries... » lui murmure-t-elle avant de se racler la gorge avec beaucoup de regrets, dont celui de ne pas être partie comme Zelda l’avait suggéré... la laissant pour morte comme elle l’aurait probablement mérité. « Et t'es assez sensée pour ne pas en faire... pas vrai ? » Elle en doute quand même.

Zelda était folle de rage devant la situation, elle semblait définitivement incapable de garder son calme, ça la rendait imprévisible et dangereuse, mais en même temps, ça pouvait aussi faciliter la tâche de Lucy. Elle se contenta de murmurer à l’oreille de l’autre, bien plus raisonnable d’ailleurs : « Encore des menaces, encore des mots. » ça commençait à agacer Lucy, elle recula comme elle pouvait, toujours en gardant la jeune femme solidement en main. Au moins, en déposant son épée, elle avait légèrement adoucit le comportement de Zelda, lui donnant assez pour atteindre le bord du bâtiment et coincer son bras dans les vêtements de son otage. Lucy se pencha légèrement en arrière et entama ce qui serait sa plus grande phase de bluff de l’histoire. Zelda s’était moquée d’elle pour le compte à rebours, peut-être qu’elle n’avait pas encore compris que Lucy ne céderait pas de cette façon :

«Zéro. Fais le si tu veux, mais alors je basculerai en arrière et ton amie viendra avec moi. Deux innoncentes sur le bitume, à cause d’une miséreuse, pathétique, sale, femme colérique. » Voilà encore la meilleure carte qu’elle pouvait jouer pour gagner du temps, pour obliger Zelda à baisser son arme et reculer. Lucy prenait souvent de mauvaise décision, elle-même l’acceptait, mais pour le coup elle était persuadée du bien fondé de celle-ci. Cette protection qu’elle s’offrait en prenant la gamine en otage, le vide derrière elle et l’équilibre précaire et pourtant, ça constituait une position bien plus confortable que quand elle était assise.

Il eut un bruit de ferraille dans la rue, quelqu’un venait de frapper dans une boite de conserve. Fichu maladroit. Au moins ça allait attirer l’attention de l’adolescente sur le fait qu’elle allait manquer de temps : « Regarde. Regarde dans le vide, tu les vois ? Ce sont mes amis, alors partez sinon j’hurle et je les attire ici.» C’était l’ultime porte de sortie qu’offrait Lucy, en apparence du moins. Ces formes étaient humaine, à ses yeux, mais impossible de dire si c’était réellement le cas ou si même, c’était les bastards

« Baisse ton arme et recul jusqu’à l’escalier d’où tu es venue. Ensuite, je lâcherai ton amie et je partirais par l’autre. Je n’ai pas mon arme, je ne peux pas lui faire de mal. Je veux juste que tu me foutes la paix...» Les yeux plissés, le ton froid… Lucy commençait à fatiguer physiquement, la perte de sang entamait sérieusement son endurance. Que les autres fassent vite et que Zelda se décide rapidement car sinon elle allait réellement tomber avec l’autre ado. « Décide toi vite, je fatigue et si je tombe, elle tombe avec moi.»

« Elle a plutôt intérêt, ouais ! »

Zelda aimerait bien que sa meilleure amie ait raison et que l'autre se décide finalement à retrouver un semblant de bon sens. Mais cette femme n'a pas cessé de leur prouver sa stupidité jusque-là. Si bien que l'australienne se demande même s'il y a une quelconque activité cérébrale sous cette crinière rousse. « Parce que si elle s'calme pas toute seule, c'est moi qui m'en chargerai ! » Même si elle se fie entièrement au talent de K' pour la négociation, elle est bien obligée de composer avec l'irrationnalité de la dégénérée qui la retient en otage.

Attentive, l'adolescente se contente d'écouter sa camarade tenter de ramener l'inconnue à la raison. Ce faisant elle doit sérieusement puiser dans ses réserves de patience lorsque, de temps à autre, elle obtient un angle de tir qu'elle juge satisfaisant. Mais la peur de blesser - voir de tuer - sa petite amie l'empêche de faire ce qu'elle aurait déjà du faire depuis bien longtemps : appuyer sur la détente.

C'est donc avec impuissance qu'elle perçoit l'autre murmurer quelques mots à l'oreille de son aînée puis se déporter vers le bord de l'immeuble. Et la demeurée s'octroie à nouveau le luxe de proférer des menaces absurdes. Cette dernière est maintenant prête à se suicider. Et sans la moindre hésitation, visiblement. « Innocente ? » Le terme peut aisément désigner K'. Ca, Zelda en convient. Mais si cette femme pense qu'elle n'a rien à se reprocher alors l'australienne peut ajouter, à la déjà longue liste de ses défauts, le fait que la rouquine a une bonne couche de merde dans les yeux... « Alors que tu menaces de jeter dans l'vide la personne qui t'a soignée et qui a plaidé pour ta vie ? » Elle lâche un soupir désabusé. Comment est-elle sensée raisonner une personne finie à la pisse ?

Il y a un bruit qui évoque une boite de conserve rouillée rebondissant sur le sol. L'autre argue qu'il s'agit de ses amis.  Zelda, elle, ne voit que de vagues silhouettes au bas de l'immeuble. L'obscurité l'empêche de discerner quoi que ce soit à cette distance alors que la ville est plongée dans l'obscurité et que la clarté lunaire est altérée par les ombres, nombreuses, des immeubles alentours. « Donc en plus d'être une salope, te voici maintenant nyctalope ? » Elle l'a toujours bien aimé, ce terme. Il sonne bien à l'oreille. Mais au-delà de ça l'australienne considère simplement l'évidence : si elle ne parvient même pas à déterminer si ces silhouettes appartiennent à des morts ou des vivants, il n'y a aucune chance que l'autre puisse savoir s'il s'agit de ses amis. Surtout que le sang perdu doit déjà avoir altéré sa vision... Autrement dit ? Ce n'est rien d'autre que du bluff. Et du bluff malhabile, de surcroit. Ca pourrait être drôle si seulement la vie de K' n'était pas dans la balance...

Ainsi, même si elle n'a pas vraiment le choix, Zelda considère tout de même les deux options qui s'offrent à elle : prendre le risque que son amie meurt ou simplement accepter l'idée qu'une débile puisse poursuivre sa route, errer en liberté dans les rues de Seattle et pourrir la vie d'autres survivants. « Ouais, on va faire ça ! » approuve-t-elle avec docilité, ne voyant que des avantages à jouer à la carte de la coopération. La peur et le bon sens, dans ce cas, s'accordent aisément. « Tu vois ? Je recule... » Et elle joint effectivement le geste à la parole en abaissant son arme et en reculant de quelques pas. Jusqu'à cette fameuse porte. « Elle est satisfaite, la rouquine ? » interroge-t-elle, la pressant de remplir à son tour sa part du marché.

La balle est dans son camp. Mais aussi dans celui de K'. Car cette dernière, si elle le souhaitait, n'aurait sans doute aucun mal à se saisir de ce couteau ou de cette arme à feu que l'autre n'a pas jugé bon de lui confisquer. L'australienne suppose même qu'elle pourrait se dégager à mains nues. Après tout l'autre est blessée, affaiblie. Et si sa meilleure amie a le ventre vide, elle n'en reste pas moins apte à lutter contre une femme qui ne peut compter que sur l'appui d'une seule jambe...

Le souffle de Lucy se faisait lent et profond, son otage restait calme alors même que Zelda réfléchissait. La menace de s’en prendre à son amie semblait finalement avoir porté ses fruits. Même si Zelda ne semblait pas encore comprendre pourquoi Lucy avait simplement refusé de lui donner la nourriture, pour elle, voler quelqu’un semblait normal et c’était assez effrayant :

« Ce sont tes actions qui me conduisent à ces extrémités, rien ne serait arrivé si tu n’avais pas simplement été avide. Si tu n’avais pas été une petite conne agressive, elle n’en serait pas là. » Ce n’était qu’en s’opposant à ce genre de comportement qu’on pouvait les combattre et les dominer, même si Lucy n’avait ni les moyens, ni l’envie de prendre les armes de façon plus définitive. Elle n’avait vraiment que cette menace de tuer son amie pour espérer s’en sortir. Mais finalement, cela porta ses fruits.

L’adolescente finit par obtempérer et commencer à faire ce que Lucy lui avait demandé, froidement, elle répondit à ses remarques : « Je le suis. » La rousse stabilisa sa position et déssera son étreinte de la jeune femme, la tenant encore, au cas où. Jusqu’à ce que Zelda soit vraiment dans l’escalier : « Ce n’était pas personnel, tu m’envoie navrée. » Lucy repoussa doucement l’autre vers l’avant, pour finalement ramasser sa lame et tenir sa part du contrat. Les yeux saphir de la jeune femme se portèrent sur le télescope… Elle aurait aimé le récupérer mais elle ne pourrait pas le porter et elle se mettrait en danger à perdre encore du temps. Zelda était visiblement une jeune femme instable et dangereuse.

Une menace qu’il faudrait éliminer car rien n’assurait qu’elle ne pourrait pas causer du tort à quelqu’un d’autre à l’avenir. La rousse n’en démordrait pas, elle poserait une prime sur Zelda, mais juste sur elle, l’autre, elle s’était plutôt bien comportée. Si on mettait de côté le fait qu’elle avait voulu la lancer dans le vide. Lucy s’en sortait assez mal, une histoire de dingue, mais la rousse comptait maintenant mettre à profit cette expérience. Dès qu’elle serait guérie, elle demanderait à Thaïs de l’entrainer au combat et au tir, elle ne se laisserait plus surprendre de cette façon et elle aurait les armes pour riposter comme il convient.