Avril 2021.

La lame du couteau cisaille les planches de bois de fortune face à elle dans des enchaînements précis. Ses côtes à présent parfaitement remises, la mécano n’a pas tardé à reprendre ses entraînements quotidiens, exutoire salutaire et surtout vital pour extérioriser la rage contenue des derniers mois. L’inactivité forcée lui a laissé trop de temps pour ressasser, cogiter, revivre encore et encore cette nuit fatidique. Frapper, porter des coups et se dépenser physiquement étaient plus sain que se morfondre dans son coin. Jugulaire, foie, fémorale, jugulaire, foie, fémorale. Elle attaque, encore et encore, jusqu’à ce que les gestes deviennent des réflexes, imaginant les individus masqués les uns après les autres.
Ce n’est qu’après quarante minutes de ce traitement et des copeaux de bois jonchant le sol à ses pieds qu’un raclement de gorge lui offre une pause bien méritée. Se forçant à retrouver une respiration normale elle lève le regard sur son ami, montagne de muscles qui la fixe de ses yeux de cocker sans prononcer le moindre mot. Mais Monroe ne rentre pas dans son jeu et ne lui facilite pas la tâche de la prise de paroles, jouant un peu avec lui et attendant patiemment qu’il se décide. Les secondes sont longues avant que le géant fasse un pas ou deux dans sa direction, dans cette timidité légendaire qu’elle ne lui connaît que trop bien. “Il faut que tu parles à Kara.” La tatouée attend une suite qui ne vient évidemment pas. La forgeronne étant absente pour encore deux jours, elle se doute qu’Idriss parle de quelque chose de précis. “De…?” finit-elle par lâcher, sa patience mise à rude épreuve. “Elle est inquiète.” Ouais merci Sherlock. La blonde est inquiète depuis des mois, à tort ou à raison. “Sans blagues.” Marmonne la jeune femme, levant les yeux au ciel. “Je vais bien. Mon corps est guéri et je vais mieux.” Insiste-t-elle. “Je passe plus mes journées les yeux rivés au sol à tirer la tronche. En tout cas moins qu’avant.” Le plombier s’avance encore un peu, de plus en plus gêné. “À cause de Erin.”

Attrapant une bouteille d’eau non loin de là, elle en avale une gorgée, manquant de s’étouffer à l’entente du prénom de son ancienne conquête. “Hein?” Quoi Erin? Mais l’homme n’en dit pas plus et c’est à la trentenaire de faire des conjonctures. “Faut que t’arrête de lâcher des bombes comme ça sans aller au bout du truc tu sais? Quoi Erin? On s’est envoyé en l’air y’a dix ans, pas de sentiments, pas d’attaches. Je suis avec Kara et elle lorgne sur son autiste là, qu’est-ce que tu me fais?” Ça l’agace, qu’on puisse s’imaginer ce genre de choses, surtout après tout ce qu’elles avaient vécu depuis deux ans. Mais ce dernier se contente de hausser les épaules. Ok, les derniers mois ont été compliqués pour elles. Les mensonges, les secrets, l’attaque, l’absence totale de sexe depuis des mois…. “Je croyais pas qu’on était ce genre de couple qui a besoin de se dire des je t’aime à longueur de temps."

Balançant la bouteille un peu plus loin, elle range le couteau dans son étui à sa ceinture. “Tout le monde a besoin d’être rassuré de temps à autre. Même les plus durs d’entre nous.” Arquant un sourcil à l’attention du géant, elle laisse un léger rire moqueur passer sa gorge. “Qui aurait cru que derrière cette montagne de muscles se cachait un philosophe contemporain.” C’est au tour d’Idriss de lever les yeux au ciel mais elle perçoit un léger sourire adoucir ses traits, certaine que ce genre d’échange lui a manqué. “Ça va je lui parlerai..” souffle-t-elle d’un ton blasé pour cacher sa propre inquiétude. Son ami acquiesce et comprend qu’il est de trop, amorçant un mouvement de recul pour prendre la tangente. “Hey!” L’interpelle-t-elle tout de même. “Merci.”

Deux jours plus tard.

Sa forgeronne préférée est enfin de retour du No man’s land et après avoir terminé son tour de garde Monroe la rejoint dans leur chambre aménagée dans une partie d’une ancienne salle de classe et meublée progressivement ces derniers mois avec l’aide de leur ami commun. Ami dont les paroles résonnent encore dans la tête de la tatouée qui a conscience qu’elle a quelques erreurs à rattraper et une maladresse latente à rectifier. Se stoppant à la porte, elle appuie une épaule contre celle-ci, regardant sa compagne défaire ses affaires. “Bienvenue à la maison.” lance-t-elle pour capter son attention. “Tout s’est bien passé?”

Quelle semaine… Bien contente d’être rentrée la forgeronne n’a qu’une idée en tête avant d’aller chercher les renforts pour décharger son utilitaire plein de denrées : une douche, une putain de bonne douche ! Ce qui sera également nettement plus appréciable pour les siens, deux jours de routes sans se laver avec toutes les poussées du sueurs dues aux montées d'adrénaline trop courantes lors d’un voyage solo ne garantissent pas la meilleure des hygiènes.

Tout juste garée, elle se précipite pour se rendre dans le hall de l'école et constater que rien n’a changé ou presque, pas de horde de passage ou de pillards, ouf. Elle croise Naya en chemin et lui rend un signe de main pour salutations avant de filer dans leur “chambre” pour y récupérer des vêtements propres avant la douche. En profitant pour vider ses affaires sales, elle s’arrête quand des bruits de pas résonnent dans le couloir et se tourne pour repérer sa tatouée qu'elle accueille d’un fin sourire.

”Oh… bien passé… ? Disons qu’il y a eu un peu d’agitation.” Souligne-t-elle en détachant sa ceinture où repose le fourreau en cuir de sa machette pour déposer le tout sur le lit. ”Des types cagoulés sont entrés en mode commando pour assassiner quatre membres des New Eden et repartir aussi sec.” Les locaux n’étaient pas ciblés, fort heureusement. ”Quelques petits malins ont tenté de faire chanter leur renfort quand ils ont demandé des informations sur l’attaque... ” Elle est lasse, ça s’entend dans le ton employés, ces opportunistes l’ont clairement agacés, on ne joue pas ainsi avec New Eden. ”Bref, ça a failli déraper." Tout est bien qui finit bien, dirait-on. ”Je ne sais pas du tout ce que ça va donner, ça ne fait que me rassurer sur notre choix de quitter Seattle." Au moins elles s‘éloignaient d’une possible future guerre vu les abrutis qui titillaient ouvertement l’armée la plus forte du territoire. ”C’est comme si… comme si ils avaient tous perdus de leur capacité de réflexion en s’affichant clairement contre eux, aucun ou presque n’a été fichu de la jouer fine et de montrer patte blanche." Un très mauvais point pour le No Man’s Land qui ne désire qu’une chose : être neutre, enfin aux dernières nouvelles. ”Et pour vous ?” Son brassard avec sa lame cachée rejoint la machette sur le lit et elle fait de même avec le second avant de retirer ses jambières pour enfin venir chercher les bras de sa femme maintenant déchargée de tout son attirail.

Des types cagoulés
Ces simples mots suffisent à la faire se raidir au souvenir qu’ils provoquent en elle et bien que la mécano tente de ne rien montrer ils lui prouvent que certaines plaies n’ont toujours pas cicatrisé. Elle prend également conscience que ce qui se déroule au No man’s land ne la touche pas, détachée autant que possible de son ancien squat. Bien sûr, quelques visages lui viennent en tête, ceux qu’elle a côtoyés durant ces dernières années mais même si elle espère que rien ne leur arrivera ce n’est plus son problème. Plus maintenant.
Le reste du discours de la forgeronne ne la surprend guère. Se focalisant sur le fait que la blonde est saine et sauve et faisant taire son inquiétude quant à ses allées et venues entre ici et Seattle, elle hausse les épaules, terre à terre. “C’est pas nouveau que c’est concours de bites et qui aura l’award de la plus grande gueule non?” Rien qu’à repenser à la tentative désastreuse de la dernière réunion… non. Monroe n’a clairement pas envie de s’attarder là-dessus maintenant. Tout ça appartient à un passé révolu et elle s’est promis d’aller de l’avant.

Attendant qu’elle la rejoigne, les bras viennent ceinturer la taille de la coutelière, grimaçant face à question. “La routine. Des tours de garde, Idriss et la plomberie, la reprise des entraînements pour ma part, Naya et sa bonne humeur, Erin qui tente de passer la barrière de la petite culotte de l’autiste qui nous fait le potager….” Oui, elle fait exprès d’appuyer ce point après les remarques de leur ami commun, détournant ainsi plus ou moins subtilement les soupçons de sa partenaire. Ses yeux dérivent un instant sur sa gorge et la fine cicatrice qui la strie, souvenir d’une des garces qui les ont attaquées. Remontant ses yeux clairs dans les siens, un léger sourire étire ses lèvres et elle se rapproche pour poser ses lèvres sur les siennes. “Et même si vous m’avez manqué Miss Moreau…” Elle tente de le prononcer à la Française, ce qui doit sonner terriblement faux. “Je crois que vous avez besoin d’une douche. Et je le place en top liste des urgences du moment.” Un léger rire franchit sa gorge et lui rendant sa liberté elle la pousse gentiment vers la sortie. “Je t’attends ici.”

Une dizaine de minutes plus tard la belle revient dans la pièce et Monroe est assise sur le bord du lit, la détaillant avec tendresse. Elle l’avoue, ces derniers mois, la tatouée ne lui a pas prêté l’attention qu’elle méritait et est en partie responsable de l’insécurité ressentie par sa partenaire. Ses yeux coulent sur son corps, remontant lentement jusqu’à son visage et cette dernière finit par froncer les sourcils. “T’as changé un truc avec tes cheveux?” Plus de tresses interminables à défaire, plus de cette coiffure d’un autre temps qui lui donnait des allures de princesse guerrière viking. À la place, juste de longues mèches de blé qui cascadent sur ses épaules. Ok, elle n’aurait pas pensé la chose possible mais clairement, Kara est encore plus canon qu’auparavant.

C’est vrai que ce n’est pas nouveau du tout, la tendance à jouer au plus couillus et à celui qui pissera le plus loin est un peu trop présente parmi les locaux du côté du quartier industriel. La déception reste cependant grande quand on remarque qu’ils osent prendre pour partenaire de jeu le plus gros groupe de la région qui pourrait tous les raser en un claquement de doigts. ”En effet… sauf qu’à ce stade, contre New Eden, c’est clairement suicidaire.” Elle n’a pas d’autres mots pour les définir et se doute bien qu’un jour les fanatiques religieux passeront à la charge, elle pourrait même y mettre sa main à couper, le tout maintenant, c’est de ne pas être dans le coin ce jour-là.

Relativement intéressée parce qu’elle a manqué à l’école, l’encrée a toute son attention quand elle se lance dans le résumé de la semaine à l’école. Elle tique quand il est question de baisser la petite culotte de… ah… de l’autiste, soit ! C’est clairement souligné pour la rassurer et il faut avouer que ça marche un petit peu. ”Ok.” Calin ? Ou pas, juste un baiser et une invitation à se laver dans un français pas si français mais avec un bel effort, elle a aussi le droit à un rire. ”Madame Moreau” Reprend t-elle avec amusement pour la parenthèse et dans un français plus que parfait.

Cette Monroe lui a manqué, trop manqué pour se vexer du refus, au contraire, elle lui rend un franc sourire puis une fausse grimace exagérée censée représenter sa gêne. ”Oui…. oui… j’y vais de ce pas, ça faisait partie de mon plan à l’origine.” Plan quelque peu chamboulée par l’arrivée soudaine de la brune. ”Je vais faire vite.” Sur ces mots elle se rend vers la douche individuelle de l’école à l’origine prévue pour le personnel de l’école et pour les urgences de type petit accident. Désormais tout le groupe peut en bénificier.

Remerciant silencieusement Idriss sous l’eau, la blonde expédie bien vite son affaire avec une efficacité redoutable, pressée de rejoindre sa tatouée transformée ou tout du moins plus légère et sacrément moins morose. Débardeur blanc et pantalon en toile large, elle s’en retourne vers la chambre d’où elle est silencieusement inspectée de haut en bas. Des sourcils se froncent aussitôt et les prunelles émeraudes semblent bloquées sur son visage. Qu'a- t-elle fait ? La question reste entière jusqu’à ce que Monroe reprenne la parole pour lui faire une remarque sur sa crinière dépourvue de tresses. ”Bah ?” Elle est sérieuse là ? Le changement date pourtant d’il y a deux bon mois, le lendemain de l’attaque de la forge pour être précise. Ce qui peut finalement expliquer le pourquoi du comment sa belle est passée à côté de ce gros détail, elle avait d’autres choses à gérer et à bien des niveaux. ”Hum. Oui… ça te plait ? ” La blonde décide de garder pour elle la parenthèse concernant la date de ce changement, bien peu envieuse à l’idée de mettre sa belle mal à l’aise. ”Je peux les remettre comme avant sinon.” Souligne la blonde en glissant la main dans ses cheveux de blé. Non, clairement, il n'est pas vraiment question de les changer à nouveau vu comment elle est dévorée du regard, c’est évident que la brune les préfère ainsi mais autant en jouer un peu.

Se redressant avec lenteur, elle ne lâche pas la belle des yeux, arquant un sourcil amusé quand elle joue de ses atouts dans une attitude qui ne lui ressemble guère. S’approchant dans une lenteur plus que calculée, la mécanicienne se fait soudain prédatrice, acculant doucement sa proie ou l’attirant sournoisement dans sa toile. Seul le point de vue différait pour un résultat qui resterait le même. Ses yeux suivent attentivement le geste de sa main dans ses cheveux, captivés par la féminité qui se dégage de ce simple mouvement, conquise. Face à la quarantenaire, la jeune femme glisse lentement ses mains sur ses hanches, la ramenant d’un geste brusque contre elle, un léger rire franchissant ses lèvres. “Fais pas comme si tu ignorais l’effet que tu me fais…” Souffle-t-elle, le regard gourmand.

Remontant l’une de ses mains, celle-ci joue quelques instants avec les mèches blondes qui cascadent sur ses épaules, plantant ses yeux émeraude dans l’iris des siens. “Tu sais à quel point ton look guerrière viking me faisait craquer mais clairement tu…. tu es magnifique.” Elle se moque bien de passer pour le parfait petit canard à cet instant. Si le compliment est sincère il a également pour but d’éloigner les doutes de sa partenaire et les inquiétudes concernant Erin, infondées. Elles ont forcément une logique pour la forgeronne mais n’ont simplement pas de raison d’exister et Monroe compte bien le lui prouver.

Comblant l’espace entre elles, la tatouée vient apposer ses lèvres sur les siennes, heureuse de la retrouver, dans tous les sens du terme. Des derniers mois, des disputes, de l’éloignement imposé par la mécano, de l’absence de toute intimité, des épreuves, elle veut tout oublier. Kara lui a manqué. Ses bras. Ses lèvres. Elles. Leur couple. Leur duo. Nouvelle vie, nouveau départ.

Quittant ses lèvres elle pose son front contre le sien, profitant de cette étreinte, de ces retrouvailles, consciente d’avoir failli la perdre. “Je suis désolée.” Murmure-t-elle dans des excuses qui semblent bien mystérieuses au premier abord. “Désolée d’avoir mis si longtemps à retrouver le chemin.” Vers elle. Vers elles.

Et sans plus attendre la trentenaire réclame les lèvres de la blonde dans un baiser qui n’a rien de chaste. Un baiser dans lequel elle lui transmet toutes ses excuses, tous ses regrets, tout le manque. La forçant à reculer elle accule la coutelière contre la porte, la fermant par la même occasion. Sans quitter sa bouche, elle tourne la clé dans la serrure dans un bruit sec. Les mains à sa taille ne tardent pas à se frayer un chemin sous son débardeur, retrouvant le contact de sa peau, la chaleur de celle-ci, redécouvrant ce corps qui lui a cruellement manqué. Elle avait été conne de chercher à la punir aussi longtemps. Elles en avaient finalement souffert toutes les deux, pour rien. Mais les erreurs appartenaient au passé et aujourd’hui, Monroe est bien décidée à se faire pardonner.

Elle est désirée, ça crève les yeux. Ce n’est pas le sentiment le plus désagréable de ces dernières semaines, c’est même tout le contraire. Ayant presque oublié l’agréable picotement au bas de son ventre qui la grignote progressivement, elle se laisse porter sans offrir la moindre résistance. La fuite n’est pas non plus envisageable, pas en l’état où tout reste encore à faire. ”Ravie de l’apprendre. J’ai eu un peu peur de l’inverse.” Autre inquiétude suite au manque de retour de sa compagne, encore une fois infondée et qui trouve enfin une raison pour s’éteindre.

La chaleur qui émane des mains qui défilent à ses hanches pour remonter à sa joue est si douce qu'elle se laisse volontiers border pour mieux apprécier l’instant. Front contre front et paupière désormais closes, elle ne peut retenir un doux sourire. L’étreinte de sa belle parvient toujours à lui faire oublier cette cruelle réalité dans laquelle elles baignent. Douce parenthèse libératrices et indispensables.

Des excuses marmonnées fusent à la suite, n’enlevant en rien le charme de l’étreinte offerte, elles sont néanmoins gentiment repoussées. ”Ne le sois pas.” Quelle idée, les mots sont réconfortants, certes mais ils ne sont pas réellement les bienvenus pour cette fois-ci. ”Vraiment...” N’importe qui ce serait comportée comme la brune après une phase aussi violente et destructrice. Le changement de vie conséquent prend toujours du temps à être pleinement accepté et adopté, la forgeronne le sait. Quant à la distance de ces derniers mois, elle se sait pleinement responsable de la cause.

Ses lèvres aussitôt conquises, elle n’a pas le temps de s’exprimer plus profondément sur le sujet et préfère s’abandonner à sa belle. Repoussée contre la porte, la clé se tourne et les mains de la mécanicienne partent vers de nouvelles conquêtes sous son débardeur, réveillant ses nerfs, ses muscles et électrisant sa peau. C’est parti, c’est reparti. Si en général elle aime prendre la main et contrôler ces échanges, pour cette-fois elle ne compte pas opposer la moindre résistance. Profitant pleinement du baiser offert, elle appose sa main contre la joue de son amante et vient en flatter la courbure d’un doux revers de pouce. Alors que sa seconde main se glisse timidement à la ceinture de la brune, elle la retient simplement contre elle, peur inconsciente que celle-ci s’échappe.

Le contrôle.
Elle en a besoin. Plutôt suiveuse quand il s’agit de la forgeronne elle ne lui cède pas les commandes. Elle en a besoin. Bien plus qu’elle ne saurait le montrer. C’est insidieux, muet, et pourtant c’est ce qui la pousse à se montrer si entreprenante, exigeante, passionnelle, passionnée. Au-delà d’être sa partenaire, son pilier, sa moitié, Kara prend des allures de remède pour panser des plaies pas encore complètement refermées. Envoyant valser un passé douloureux, une épreuve de plus à encaisser. Elle est son présent et la mécano l’espère une grande partie de son futur.

Ainsi plaquée contre le bois de la porte, ses mains repartent à la découverte d’un corps délaissé depuis trop longtemps déjà. Ses lèvres quémandent autant qu’elles guident, ses doigts supplient autant qu’ils se font bourreaux, et dans ce savoureux mélange elle se perd avec une déraison salvatrice. Il n’y a que la blonde, la sienne et le monde peut continuer de tourner autour d’elles, peut sombrer, elle ne saurait s’en moquer davantage. Sa prise se raffermit, le rythme s'accélère. Si les sentiments sont là, depuis le début, ce n’est pas le romantisme ou une douceur exagérée qui la guident. Les mots sont superflus entre elles. Les déclarations pouvaient attendre. Ce qu’elle veut présentement, c’est la sentir contre elle, la sentir vibrer sous la caresse et céder à ses assauts.

D’un mouvement rapide elle fait passer son haut par-dessus sa tête et retire le sous-vêtement qu’elle porte, le faisant glisser avec autorité le long de ses bras. Bon sang ce qu’elle lui a manqué. Kara n’a rien à envier à personne, ni dans le caractère, et encore moins par sa plastique. Se collant contre elle, la mécano laisse un soupir passer sa bouche alors qu’elle repart à l’assaut de sa comparse, fébrile et les mains quelque peu tremblantes à cause de l’excitation.
Reprenant sa respiration, elle laisse son regard dévier sur les courbes de la coutelière, ses mains les redessinant lentement cette fois-ci, comme pour se réapproprier sa partenaire. Et quand cette dernière tente d’inverser la tendance, c’est avec fermeté que Monroe plaque chacune de ses mains sur le bois de la porte, de chaque côté de son visage, la défiant d’essayer. Son visage se meut dans une négation amusée, et, sourire carnassier sur le visage, elle reprend ses lèvres avant de la retourner, la bloquant de son corps pour contrer toute retraite ou tentative de reprendre les commandes. Dégageant son cou des mèches blondes, c’est dans cette zone que ses lèvres se perdent tandis qu’elle défait son pantalon sans préambules et glisse l’une de ses mains à l’intérieur, sans lui offrir la satisfaction attendue, se fixant à l’extrême limite du haut de sa cuisse. L’anticipation, sans la délivrance. Son autre main vient se perdre sur sa poitrine. Elle veut la voir se tordre avec son orgueil, elle qui ne supplie pas...