« New Eden... »

Zelda grogne et fronce les sourcils. La simple énonciation de ces deux mots suffisent à raviver rancoeur et colère. Si June personnifie la perfection et ce que l'australienne souhaite devenir, New Eden incarne tout ce qu'elle déteste et souhaite détruire. « Encore et toujours ces fils de putes ! » Soit ils tuent, soit ils trompent. Elle préfère se concentrer sur cette évidence que sur le choix qui a mené la soeur d'Indiana à rejoindre leurs ennemis. Oui, elle suppose que cette dernière avait une bonne raison quand bien même elle ne comprend pas toutes les bêtises qu'une mère pour faire pour son enfant.

« T'en fais pas, va ! On va les libérer ! » affirme-t-elle, tendue, après quelques instants. Elle dépose une main apaisante sur le bras de sa camarade comme pour partager avec elle la force de cette conviction. « Au cas où, j'ai décidé que j'allais atomiser New Eden ! » Ca peut paraître prétentieux ou amusant. Mais oui, Zelda mettra à terre ces enfoirés. Avec l'aide de Fort Ward ou même seule, s'il le faut. Cette guerre qu'elle a déclaré à ceux qui l'ont privée d'Ela, elle ne peut se terminer que lorsque l'un des deux camps aura été totalement annihilé. « Ces bâtards, ils vont vite regretter d's'en être pris à moi ! » Même si ce fut par l'intermédiaire de l'israélienne. Ils ne la connaissent pas encore, l'australienne, chez New Eden.

Mais ça va venir ! Oh que oui !

Les secondes suivantes ont le mérite de calmer un peu sa colère. Et en parallèle, la tristesse reprend ses droits et la forcent au calme tandis qu'Indie lui indique que les gens, parfois, font du mal à leurs proches malgré eux. « Quand on aura libéré ta soeur, il faudra l'engueuler ! Comme ça, elle n'recommencera plus à t'faire souffrir ! » Pour peu, bien sûr, que cette femme ne se dresse par contre les Remnants. Qui sait si elle a été convertie, maintenant ? Après tout, tout ça, ça date déjà de quelques années... « C'est c'que j'ferais avec Ela, si j'la retrouvais ! » Mais ça n'arrivera pas, ça. Et elle ne le sait que trop bien. « Bref ! En tout cas, n'sois pas désolée ! Tu n'y es pour rien ! C'est sa faute, pas la tienne ! » Et il est parfois plus dur de pardonner aux morts qu'aux vivants. C'est... bizarre ! Et frustrant, aussi !

Étonnement, elles se retrouvent à évoquer leurs points communs. Indie en trouve plusieurs. Comme Jurassic Park, les sucreries ou encore le fait qu'elles méprisent toutes les deux la cruauté envers les animaux. « Mouais... Ca dépend lesquels, après ! » se sent-elle obligée de préciser. « J'éclate les araignées avec plaisir ! Et les moustiques aussi ! En fait, maintenant qu'j'y pense, ça vaut pour la plupart des insectes... » Sauf les papillons ou les coccinelles. Parce que seule une psychopathe ferait une chose pareille. « Mais ouais, on a sûrement plus de points communs que c'que j'pensais... » Et c'est loin de l'agacer, Zelda. Parce qu'Indie ne cesse de gagner des points auprès d'elle, depuis qu'elle a franchit le seuil de cette maison.

C'est alors l'occasion de se rendre compte que la réciproque n'est pas forcément vraie. Elle n'a pas toujours été très gentille avec son aînée. Ou avec les gens à qui elle tient. « Si j't'ai blessée une fois ou l'autre, j'aimerais... tu sais... m'excuser ? » C'est plus fort qu'elle, elle a de la peine à prononcer ce mot sans détourner le regard... « Mais c'était pour ton bien, pour t'protéger de ton enfoiré d'petit cop... » Non, là, ce n'est pas le moment de remettre ça. « Bref ! J'essayais d'aider ! » Et comme souvent, elle le faisait mal. Mais c'est l'intention qui compte, non ?

« Et ça va, à la maison ? Sean est pas trop chiant avec ses hormones ? » Les mecs ne savent pas se retenir et ne pensent qu'au cul. C'est bien connu ! S'il est en chaleur, il doit lui rendre la vie impossible. « Et l'autre, là ! Il est toujours aussi... lui-même ? » Pas que ça l'intéresse, en soi. Mais s'il y a une chance que Levi ait un peu changé et qu'il ait fait soigner ses nombreux dysfonctionnements neuronales, peut-être qu'elle pourrait se risquer à rendre visite à Indie de temps en temps ?

Encore et toujours New Eden. C'était l'idée oui. Souriant à Z alors qu'elle annonçait avec aplomb qu'elle finirait par voir sa sœur libérée, et qu'elle comptait bien se charger du cas de New Eden en retenant un léger rire. S'il y avait bien une chose qu'elle avait appris ici, c'était que Zelda Anderson était capable de tout sur un coup de sang. Même de tenter un duel avec Levi. J'en doutes pas. Qu'elle souffle sans se moquer, soupirant à l'idée de devoir engueuler Tara.

Je dois lui annoncer la mort de son fiancé, je ne sais pas si une engueulade serait la bienvenue ... Lance t-elle en grimaçant légèrement, le visage de Carter apparaissant dans son regard. Plus flou que les dernières années, peut-être. Et d'y penser lui serra un peu plus le coeur. Au moins Zelda avait le mérite de lui faire chasser ses fantômes en évoquant son sadisme envers les insectes. Oui mais ça ... C'est normal. On à assez de nuisible avec les rôdeurs pour en tolérer d'autres tu crois pas ? Et la voir admettre qu'elles sont peut-être un peu plus similaires qu'elle ne le pense lui arrache un sourire plus doux. Peut-être tendre, comme une soeur aînée finalement. Certaines habitudes restaient, finalement. L'absence de Tara ne l'empêchait finalement pas d'avoir gardé ce rôle.

Et la suite de ses paroles la touchèrent d'avantage encore, alors qu'elle s'excusait pour les fois ou elle avait pu la blesser. Quelque peu surprise par l'aveu, avant de reprendre à son attention. J'ai compris. un rire léger s'échappe de ses lèvres en la voyant s'enfoncer malgré elle. Et j'te pardonne. J'ai jamais pensé que tu le faisais par méchanceté pure. la rassure t-elle en venant prendre à sa suite. Et si moi aussi je t'ai blessée un jour, je te présente mes excuses. C'était possible, après tout. Rien n'était inenvisageable.

Secouant doucement la tête, alors qu'elle revenait à la charge sur Sean et Levi en essayant de maîtriser au mieux les insultes les concernant sans qu'elle n'y parvienne réellement, lui faisant hausser les épaules.

Sean à pas mal de choses à faire avec ses entraînements. Et Levi ... Oui, je dirai qu'il ne change pas. Et elle ne cherchait pas à le changer. Même si les paroles qu'il avait pu proférer à son encontre lors de l'annonce de cette grossesse l'avait blessée, elle ne pourrait pas le faire changer intégralement. Ca n'était ni son but, ni son envie. Je ne les vois pas si souvent en ce moment. qu'elle avoue avec son éternel air neutre, haussant les épaules à cette pensée. Ils ont des expéditions, et moi je ne suis plus vraiment du genre utile sur le terrain jusqu'à mon accouchement. Elle l'avait voulu, après tout. Ca ne servait à rien de s'en plaindre désormais. Même si les mois qui filaient commençaient doucement à l'emmener sur le chemin de l'angoisse de l'accouchement...

Et toi ? Elle n'a jamais évoqué le post rupture de Zelda après tout. Ni même ce qu'elle avait pu ressentir, après cette séparation quelque peu abrupte entre elle et son fils adoptif. Tu lui en veux toujours ? A Sean...

Nulle accusation dans ses questions, alors qu'elle glisse le regard vers le sien. Et puis, c'est sensé aller mieux avec Levi depuis votre trêve, non ?

Ne restait qu'à croiser les doigts pour que ce soit bel et bien le cas désormais. Pointant l'écran de l'index pour lui permettre d'observer l'arrivée magistrale du t.rex au beau milieu des deux voitures à l'arrêt, reprenant à l'attention de Zelda.

C'était déjà ma scène préférée quand j'étais gosse, mais j'crois qu'en vieillissant ça l'est d'autant plus.

« C'est sûr qu'avec les rôdeurs, on est déjà bien servies... »

Ce ne sont pas les nuisibles qui manquent, non. Les insectes peuvent se développer à leur aise maintenant que les produits toxiques ne sont plus dispersés dans les champs. Les rats prolifèrent, le nombre des prédateurs augmentent. La nature reprend ses droits. « Et j'te parle même pas des Maddies, des Maeves et des Mishas ! » Le trio des M, la trinité de l'angoisse. De tous les nuisibles, celles-ci son indéniablement les pires. Zelda émet un petit ricanement amusé. Ses lèvres sèches protestent un peu, comme si elles avaient oublié comment sourire et l'effort que cela incarnait.

Elle retourne pourtant vite se réfugier derrière le masque de la fatigue et de la tristesse. Mais elle apprend à savourer tous ces moments, ces infimes instants où elle parvient à émerger et à considérer autre chose que la mort d'Ela. C'est peut-être ça, le mode d'emploi pour sortir la tête de l'eau ?

Ce sont finalement des excuses que l'australienne formule à l'intention d'Indiana. Ce n'est pas facile mais c'est sans aucun doute mérité. Et l'adolescente ne peut dire qu'elle n'est pas soulagée lorsque son aînée lui assure qu'elle lui pardonne et, en prime, qu'elle n'a jamais pensé qu'elle était animée par une simple méchanceté gratuite. « Bon, tant mieux... » Elle n'aurait pas eu la force de se justifier ou de faire valoir ses droits, de toute façon, Zelda. Elle trouve toutefois les ressources pour s'étonner lorsque sa camarade s'excuse en retour pour peu qu'elle l'ait elle aussi, un jour, blessée. « Si tu m'avais blessée, crois-moi, tu l'aurais su ! » Parce qu'elle aurait réagit. Et comme souvent, sans grande retenue. «Tu n'm'as jamais fait de mal ! » constate-t-elle après quelques secondes de réflexion. Presque un peu surprise. Les gens qui se sont montrés compréhensifs ou agréables avec elle ces derniers temps, elle peut les compter sur ses doigts. Et Indiana en fait indéniablement partie. « Merci pour ça, d'ailleurs... » Parce que même si elle refuse de l'avouer, l'australienne a toujours besoin de tendresse et de petits gestes qui lui rappellent qu'elle n'est pas seulement détestée. Ou détestable.

Toujours est-il qu'elle écoute son aînée lui parler de sa relation avec Sean puis Levi. La jeune espionne ne peut que constater qu'il n'y a pas de grands changements. Si ce n'est qu'elle les voit moins qu'autrefois. À cause de sa condition, pas parce que ça sent le roussi. Zelda décide d'accepter l'explication et de ne pas creuser le sujet. Elle n'est pas d'humeur à inventer des problèmes là où il ne semble pas y en avoir.

« J'lui en voudrai toute ma vie ! » assure-t-elle sur un ton catégorique quand son interlocutrice lui demande si elle en veut encore à Sean. « J'lui ai donné mon coeur. Et mon corps ! » C'est peut-être ça, le plus grand regret. De lui avoir offert un bien aussi précieux que sa virginité en pensant, à tort, que cet amour qu'elle éprouvait pour lui ne serait jamais surpassé ou, même, égalé. « La seule fois où j'ai eu besoin de lui, il m'a tourné l'dos ! » Ca a fait mal. Ca a blessé son coeur aussi sûrement que son ego. Mais le temps est passé et il a emporté dans son sillage la plus grosse part de sa rancœur.

Zelda reste silencieuse encore un petit moment tandis que son regard s'attarde sur le film. « Mais en fait j'crois que j'm'en veux surtout à moi-même... J'ai été vraiment conne de lui faire confiance ! » Elle se rassure en se disant que tout ceci lui a servi d'expérience, qu'elle ne referra plus une erreur de ce genre-là et qu'elle est devenue plus forte grâce à l'irlandais. « Mais même si j'le voulais, d'toute façon, j'pourrais pas lui pardonner ! » Car il se trouve qu'elle a la rancune tenace, féroce, l'australienne. « J'connais pas l'mode d'emploi pour c'genre de trucs... Et j'aimerais bien parce que tu peux m'croire : ça demande de l'énergie, de détester quelqu'un ! » Beaucoup trop, même. Bien plus que ce le bon sens préconise. Zelda est prisonnière de ses pulsions sanguines, de cet esprit qui lui ordonne de se montrer sans pitié, de dévorer les autres pour éviter de devenir leur proie.

« Et avec Levi... Bah, on s'ignore ! » souffle-t-elle. Elle hésite un peu à se montrer plus explicite puisqu'elle sait que ce qu'Indiana pourrait entendre risque de ne pas lui plaire. Et pourtant elle se sent obligée d'être honnête, en cet instant. Tout comme son aînée l'est avec elle. « J'vais l'tuer, un jour, tu sais ? » glisse-t-elle sur un ton neutre. « Sinon c'est lui qui l'fera ! » Cette trêve lui permet de gagner un peu de temps. Rien de plus. Zelda en est convaincue : leur inimitié se terminera quand l'un d'eux reposera sous terre. « T'as l'droit d'être au courant ! » Pour qu'elle puisse se préparer à l'absence du père de son enfant. Et à la douleur qu'elle risque de provoquer.

C'est à peu près à ce moment que le T-Rex décide de manifester dans le film. Majestueusement. Comme une June débarquant sur l'estrade du camp avec toute la prestance qu'on lui connaît, pour annoncer des décisions radicales ! « Balèze ! » approuve-t-elle, presque enthousiaste. « Il a d'la gueule ! » Et plein de dents, aussi. La suite se passe de commentaires : le saurien terrorise tout le monde et surtout un petit con qui court se réfugier dans les toilettes d'une barraque en bambou. « Lui, il va s'faire gober ! À cent pourcents ! » Et évidemment, ça ne manque pas. « Il est assez révolutionnaire, c'film, non ? » demande-t-elle à Indie en relevant le regard vers elle. « D'habitude, c'est souvent l'black qui meurt en premier ! » Bon, là, en fait, il n'y en a pas. C'est peut-être pour ça ?

Pourquoi j'te ferai du mal? demande t-elle avec surprise alors qu'elle la remercie pour ca. Elle hausse les épaules un instant avant de reprendre. T'as pas à me remercier. C'est juste... Normal. Alors bien sûr, Zelda n'était pas un enfant de coeur. Pas le genre qu'on avait envie de couver et d'aimer comme une petite poupée.

Plutôt... Un baton de dynamite. Voilà, ça lui ressemblait mieux. Tout fin, et capable de détruire pas mal de trucs en quelques secondes. Et déjà elle ressortait la TNT en insistant sur le fait qu'elle avait tout donné à Sean, coeur et corps inclus dans l'équation alors qu'Indie grimaçait. Sean restait son fils adoptif, et avoir présentement cette discussion avec son ex n'était pas vraiment sa favorite.

Tu n'étais pas conne Zelda. Tu étais juste... amoureuse. Et ça la ramenait présentement à elle même dans l'immédiat. Mas elle n'avait aucune envie d'évoquer ses propres déboires avec Levi. Je te crois sur parole ouais. Soupire t-elle quand Z assure que ça prend pas mal d'énergie de détester autant une personne. Et tu te dis jamais que toute cette énergie pourrait être plus utile pour plein d'autres trucs ?

Vraie question qui avait son importance après tout. Avant qu'elle ne lève malgré elle les yeux au ciel en l'écoutant assurer qu'elle finirait par tuer Levi un jour. Ca, ça doit être fatiguant. Mais elle insiste encore et encore, jusqu'à ce que Indie ne lève une main apaisante dans sa direction.

Pense à ton coeur Zelda, tu vas nous faire une attaque. Tu veux pas plutôt l'ignorer sagement, et le laisser tranquille ? Tu te souviens, le traité de paix, tout ça ?

Histoire qu'elle ne l'ait pas fait pour rien. Au hasard. Au moins le T.Rex entre en scène, et c'est avec les mêmes étoiles dans les yeux qu'elle observe une de ses scènes favorites défiler à l'écran avant de rire à la remarquer de l'adolescente.

Le black est mort dans les premières minutes. Abattez la ! qu'elle se retrouver à imiter le chasseur Muldoon des premières minutes du film, hochant la tête à la nouvelle question de l'adolescente.

Il est plus que révolutionnaire. Mais j'peux pas te spoiler la fin, elle est beaucoup trop bien. Surtout le fait qu'il s'agissait d'une femme qui sauvait au final tout le monde. Et ça, pour l'époque, c'était carrément innovant.

« Je... J'en sais rien ! »

Zelda ne s'attendait pas vraiment à cette question et elle exprime sa surprise à travers une légère moue étonnée. Il est vrai qu'elle ne voit pas de réelles raisons qui auraient pu pousser son interlocutrice à lui causer du tort. « P't-être parce que s'faire du mal, c'est dans notre nature ? » se hasarde-t-elle à répondre. Plus elle découvre l'humanité et moins elle l'apprécie. Parce que l'Homme tue pour le plaisir autant que par nécessité. Parce que, justement, il n'a pas toujours besoin d'une raison pour faire souffrir son prochain. Et que les prétextes sont nombreux.

Mais sa visiteuse semble trouver que l'altruisme et la gentillesse sont légitimes. Et que sa présence est tout à fait normale. « Si tu l'dis... » L'australienne ne partage pas réellement cet avis. Mais elle est loin de cracher sur le réconfort que son aînée tente de lui apporter. Aussi ne cherche-t-elle pas à la contredire. Tout au plus note-t-elle qu'Indie est un drôle d'oiseau. Probablement en voie d'extinction, d'ailleurs. Ce qui ne la rend que plus précieuse encore...

« Il y a une différence ? » s'étonne-t-elle sur un ton vaguement amusé lorsque sa camarade, quelques instants plus tard, essaie de différence la connerie de l'amour. « Moi, je n'vois que deux synonymes... » Quoique non, pas tout à fait. Parce qu'il existe l'amour et puis il existe K'. Mais ce qu'elle a vécu avec Sean et ce qu'elle éprouve maintenant aux côtés de sa petite amie sont deux choses bien différentes, parfaitement distinctes.

Quant au fait que ce soit fatiguant, de détester des gens... Zelda hoche la tête après une courte hésitation. Oui, cette énergie que la rancœur demande serait probablement mieux utilisée ailleurs. « C'est pas vraiment une question de choix... » Et c'est bien ça, le drame. Car elle n'a pas vraiment choisi d'être rancunière. C'est un trait de caractère qu'elle subit. Au même titre que les gens qui l'ont déçue.

Et puis forcément, l'évocation de la colère et de la rancoeur lui fait penser à Levi. L'australienne évoque bien vite le sujet de l'israélien. Peut-être parce qu'elle a l'impression qu'elle doit bien la vérité à cette femme qui s'est donnée la peine de se déplacer jusqu'ici. « Je n'peux pas l'ignorer, Indie. C'est... impossible ! » Et si elle était capable d'y parvenir, elle ferait alors une belle erreur. « Tu sais c'que j'vois quand j'plonge mon regard dans l'sien ? Rien ! » Pas la moindre once de sentiment. Le regard d'un prédateur. Ou plutôt, d'une personne qui ne fonctionne pas réellement comme les autres. « J'me doute bien qu'il t'observe différemment, tu sais? P't-être même qu'il s'comporte gentiment avec toi. Mais moi, j'ai l'droit à un espèce de Terminator ! » Et si ces machines ont été envoyées dans le passé, c'était tout de même pour buter un enfant. Alors pourquoi pas une adolescente, hein ? « J'suis obligée d'le tuer. Parce que sinon, c'est lui qui m'fera la peau ! » C'est une forme de légitime défense préventive. Elle n'a pas l'impression d'avoir le choix. Et peut-être que Levi non plus ?

Toujours est-il que c'est étrange de parler de ce genre de choses aussi posément, sur le ton d'une simple discussion. Ca l'est tout autant lorsqu'elles se reconcentrent presque aisément sur le film qu'elles regardent. Indie rappelle à l'australienne que le black est mort au début et Zelda hoche la tête. « Ah oui, c'est vrai ! » Elle l'avait déjà zappé. Mais il faut dire qu'elle n'est pas exactement eu le temps de s'attacher à ce personnage... « J'espère qu'ils meurent tous, à la fin ! » Elle a presque l'air enthousiaste à cette idée. Ca changerait. Et c'est peut-être pour cette raison que ce film est révolutionnaire, non ? Parce qu'en général, les gentils gagnent toujours contre les méchants. Ou les dinos.

« Tu vas sûrement trouver ça débile mais... » hésite-t-elle quelques instants plus tard, s'extirpant difficilement de ce film qui l'a absorbée. « Pourquoi on essaie pas d'recréer des dinos pour de vrai ? On a un laboratoire et des espèces de scientifiques à peu près compétents, donc... Qu'est-ce qui nous en empêche ? » Il suffit de trouver un moustique conservé dans de l'ambre. Et il doit sûrement y en avoir quelques-uns dans les musées alentours, non ? Qui irait piller ce genre de choses ? « Il nous faudrait un carnivore, forcément ! » L'idée que des rôdeurs se fasse bouffer par des lézards géants, oui, ça lui plaît. Ce serait même un juste retour des choses ! « Mais pas un T-Rex ! Elle a pas l'air apprivoisable, c'te bestiole... » La voici qui se laisse emporter par son imagination. « Des vélociraptors, p't-être ? » L'australienne pose son regard sur Indie pour lui demander son avis. Après tout elle a déjà vu le film, elle. Elle doit sûrement avoir des candidats potentiels, non ?

Se faire du mal était dans la nature humaine ? Elle ne put s'empêcher d'hausser les épaules à cette idée, venant piocher dans le sac de bonbon. Je n'sais pas... J'ai eu la chance de voir des gens oeuvrer pour le bien, même en pleine apocalypse. J'suppose que ça à dû pas mal aider. souffle t-elle en songeant à Carter. Lui, était mort pour le bien des autres. Leur survie.

Tu as encore le temps d'être blasée. Laisse une chance aux gens qui t'entourent, au lieu de les détester d'office. Tu crois pas ? Quand à la différence entre l'amour et la connerie... Bah les conneries, t'en fais tous les jours. Tomber amoureuse, c'pas quelque chose de régulier. Pas toujours en tout cas.

Et les conneries, Zelda devait maîtriser le sujet mieux que personne ici. Y'avait-il une journée ou quelqu'un n'essayait pas de lui en coller une ? Souriant doucement à sa remarque sur le fait qu'elle n'a pas vraiment le choix concernant Levi, venant relever son menton de son index pour croiser son regard. Tu veux pas faire un effort ?
Sur toute la liste de gens que tu déteste, tu peux bien enlever Levi.

Ca lui ferait économiser quelques années de survie assurément. Et de paix, pour elle. Et Levi. Et Sean.

Une sorte de paix dans le monde à petite échelle de celle de Fort Ward. Ca s'apprend d'avoir de la patience. Je te montrerai si tu veux. Mais le film reprend, et elle tourne la tête quand Z s'intrigue concernant le clonage de dinosaure. Ben c'est un peu plus compliqué que ça. J'suis pas experte dans le domaine, mais y'avait une étude qui expliquait que l'ADN était trop abîmée, et que c'était impossible de la récupérer si facilement.

Par contre, un carnivore à Fort Ward... Elle ne put s'empêcher de rire, se prêtant à son jeu.

Nan, pas de raptors. Ils sont beaucoup trop vicieux. Un T.Rex ce serait génial ! Tu imagines les entrées fracassantes que tu fais avec ça ? Sur son dos, pendant qu'il écrase tous les rôdeurs alentours ? Ce gain de temps quoi. songe t-elle rêveuse, indiquant l'écran quelques minutes avant que Muldoon ne se fasse dévorer par la Clever girl.

C'est exactement pour cette scène, qu'on ne doit pas avoir de raptors. Trop intelligents, et trop dangereux.

Bon, tout comme les t.rex finalement. Mais elles avaient bien le droit de rêver non ?

Moi c'est un tricératops que j'aurai adoré avoir. admet-elle avec un sourire. Quand j'étais gosse avec ma soeur, on faisait des caprices pour avoir tous les jouets de saga. T'aurai vu notre chambre... C'était fou. Il y à des films que tu aimes toi ?

« J'ai surtout vu des gens qui faisaient du mal, moi... »

Leurs expériences semblent opposées. Ou peut-être que leur approche de la vie est radicalement différente. Ce qui a marqué Zelda, ce ne sont pas les actes de bonté. Elle les trouve trop rares, trop insignifiants à côté d'une omniprésente cruauté. « Faudrait p't-être que j'me questionne sur mes fréquentations, moi, tiens ! » Ou peut-être, simplement, qu'elle accorde plus d'attention aux bonnes choses qui subsistent encore dans ce monde. Car si Indie les voit, c'est qu'il doit y en avoir...

D'ailleurs, selon son aînée, elle devrait laisser une chance aux autres. L'australienne hausse les épaules et s'accorde un instant pour réfléchir aux propos de son invitée. « Leur laisser l'bénéfice du doute, c'est aussi prendre le risque de m'faire blesser en retour ! Ou pire ! » fait-elle remarquer à sa voisine en reprenant une poigné de bonbons. « Au moins, en les détestant, je n'risque pas d'être déçue... » Le calcul est plutôt simple, quoique un peu triste. Toutefois Indie marque un point : les conneries sont plus ponctuelles que les fois où l'on tombe amoureux. Et c'est sans doute très bien ainsi !

« C'que tu m'demandes, c'est pas un effort ! » s'insurge-t-elle presque lorsque son interlocutrice lui demande, juste après, de considérer le cas de Levi. « C'est d'me prendre un pied, d'me l'couper, d'me l'enfoncer dans l'cul et d'le recracher par la bouche ! » résume-t-elle. À sa manière, évidemment. Dans la plus pure tradition de la spontanéité.. « Il est en haut de ma liste, lui ! Le retirer, c'est comme si... » Elle cherche un nouvel exemple puis se contente de renifler du nez. « Et même si j'essayais d'lui pardonner, ça n'changerait rien au fait qu'il continuera à m'pourrir la vie. Enfin, seulement quand il n'essaiera pas d'me transformer en engrais pour son jardin... » Il ne peut pas y avoir de paix entre eux. Ils se sont faits une raison. Et Indie devrait probablement en faire de même...

La voici qui hoche encore la tête quand son aînée lui indique que la patience, ça s'apprend. Zelda en doute mais elle veut bien lui laisser le bénéfice du doute. « On commence les leçons quand tu veux... » Mais d'abord, il lui faudra surmonter cette tristesse et cette colère qui la rongent de l'intérieur depuis la mort d'Ela. Et puis terminer ce film qui, bien vite, inspire une idée fort sympathique à l'australienne : cloner les dinos et s'en faire une armée. Une chose difficile, selon Indie. Notamment parce que leur ADN semble trop incomplet. « Et on peut pas l'compléter avec des... machins d'autres reptiles ? Genre faire une espèce de croisement ? » Il doit bien y avoir une solution...

Mais il faudra aussi trouver le dinosaure parfait pour déchiqueter leurs adversaires. Les raptors sont trop vicieux selon sa camarade. Zelda est bien obligée de l'admettre lorsque la clever girl bouffe ce Muldoon. « Mouais, on on oublie les raptors... » souffle-t-elle à contrecoeur. Mais Zelda n'est pas davantage convaincue par le T-Rex. « C'est sûr qu'il aurait d'la gueule, le gros ! Mais il pourrait aussi nous écraser d'un coup d'papatte ! T'as vu c'qu'il a fait à la bagnole ? Et au mec des chiottes ? » Ce truc n'a pas l'air apprivoisable. Même s'il pue la classe. C'est un peu normal, pour le roi des sauriens...

« Ah ouais j'aime bien le tricératops ! Même si bon, ça a l'air d'faire de sacrées grosses merdes... » Il n'y a qu'à voir la tronche de la bouse dans laquelle la blonde et son pote ont enfoncé leurs bras. « Moi j'aimais bien le petit, tu sais ? Rhaaa, j'sais plus son nom ! » Et ça l'agace ! Parce qu'à une époque, quand elle était gamine, elle en connaissait plein. Elle avait même reçu un livre qui en parlait. « Celui qui est tout blindé, tu sais ? Et qui a une massue au bout d'la queue ? Pour défoncer les genoux des connards ! » Ou plutôt, des carnivores qui essayaient de le bouffer. « On dirait un tank ! » Et forcément, ça, ça lui parle !

Mais les dinosaures n'étaient pas sa seule passion. Il y a pas mal de films qu'elle aimait bien. Des qu'elle n'avait pas toujours l'âge de voir, d'ailleurs, et qu'elle matait en cachette chez Mary. « L'Seigneur des Anneaux ! J'aimais trop ! » avoue-t-elle avec un petit sourire au coin des lèvres. « Sauf Legolas ! Il était flippant, lui, avec ses phrases à la con et ses p'tits yeux vicieux... » Mais ce n'est pas tout ! Car il y a quelque chose qu'elle préfère encore à la trilogie. « Titanic, sinon ! J'l'ai montré à Callie y'a pas longtemps, d'ailleurs. Mais j'suis pas sûre qu'elle l'ait compris... » Tant pis. La scientifique ne pourra plus dire qu'elle ne connait pas ce chef d'oeuvre, désormais. Et donc, elle peut maintenant mourir en paix. « Tu les as vus, ces films, au moins ? » demande-t-elle à son hôte, s'appuyant sur un regard inquisiteur et un ton vaguement réprobateur. « Et sinon ? C'est quoi l'film qu'tu n'peux absolument pas supporter ? » Parce qu'on ne peut pas tout aimer. Et même Indie, pourtant si chouette et compréhensive, doit bien détester quelques oeuvres...