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2 participants

Amy Evans

Sam 24 Avr 2021 - 21:04


Amy Charlotte Evanstell me more about you

prénoms : Amy Charlotte
nom : Evans
date de naissance : 12 janvier 2001
âge : 20 ans

ville de naissance : Olympia
métier : Lycéenne en abandon scolaire – aide chez une tisserande
groupe : Sanctuary Point

avatar : Ella Balinska

what i am

qualites
Autonome – Charismatique – Déterminée  – Rêveuse – Serviable
defaults
Caractérielle – Colérique – Lunatique – Puérile – Têtue
Equipement :
Amy n’a que peu de choses : un sac à dos, avec beaucoup de souvenirs, principalement. Ses vêtements favoris, un livre, un carnet vierge avec plusieurs stylos. Elle avait des photos, aussi, et portait l’alliance de sa mère en pendentif autour de son cou. Elle avait préparé le sac à dos avec ce qui était le plus nécessaire, et qu’ils emmenaient généralement en camping au cas où : une couverture de survie, un opinel qui était à son père, une gourde avec un filtre à eau, un briquet, une lampe qui se rechargeait à la main.

Elle a quelques bandages, et des médicaments qu’elle a volés depuis que sa sœur est morte – elle n’a aucune idée de ce à quoi ils servent pour la plupart, mais elle les a. Elle se dit que, comme ça, si Julian tombe malade, elle aura bien quelque chose qui peut servir. Ou alors elle pourra troquer tout ça contre des soins pour lui. Elle a, en dernier recours, ses antihistaminiques, sa cortisone et ses piqûres d'adrénaline, si elle a une réaction allergique grave, à troquer aussi.

Elle a aussi un fusil qui appartenait à son père, qu’il lui avait appris à utiliser, et les munitions qui vont avec.
     
Details physiques :
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur Amy : qu’elle est mignonne, qu’elle a des petites fossettes qui ressortent quand elle rit et que ses yeux brillent, qu’elle a des traits fins et harmonieux. Mais les gens ne font pas attention à ça, non. Ils s’arrêtent sur ses cheveux frisés et indisciplinés, sur sa peau ni noire ni blanche, sur sa grande taille – les jeunes filles qui font 1m80, ça ne court pas les rues, souvent pour la railler, l’ostraciser, l’exclure. Si ça va un peu mieux depuis l’apocalypse – parce qu’on regarde plus qu’elle n’ait pas été mordue qu’autre chose – ça a toujours été difficile à vivre, et elle retient souvent sa respiration, dès qu’elle rencontre de nouvelles personnes. Des fois qu’on lui tirerait dessus parce qu’elle a forcément été mordue, juste parce qu’elle est noire… Elle dissimule sa peur, lors de ces occasions, sous une concentration intense et un sérieux certain. Il est rare de la voir se dérider, mais tout en elle s’illumine, dans ce cas-là, et elle pétille littéralement. On pourrait presque voir les paillettes briller autour d’elle. Elle a, depuis l’apocalypse, quelques cicatrices, et si elle était déjà fine initialement, elle est maintenant très menue. Elle a quelques muscles, favorisés par la marche et le travail manuel de la ferme, puis ceux nécessaires quand ils étaient sur les routes, mais elle n’est pas bien épaisse.

Psychologie

Amy a toujours été une enfant très vive – trop, probablement, aux yeux de ses parents déjà épuisés par la gestion de leur ferme. Mais, si cela a été source de problème quand elle était petite et qu’il était difficile de la laisser quelques minutes sans qu’elle ne fasse une bêtise, ça s’est avéré un atout plus tard. Désireuse d’aider, et aimant fortement ses parents, la petite réalisait toutes les tâches qu’elle pouvait afin qu’ils aient un peu de répit et – il faut le dire – un peu de temps pour elle. Elle n’a jamais manqué d’amour, quoi qu’il en soit. Même si elle a eu l’impression d’être délaissée à la naissance de sa petite sœur, Sara, qui avait cinq ans de moins, et s’est montrée quelque peu jalouse d’elle. Cela a causé quelques difficultés à ses parents, qui devaient gérer les crises de colère de l’aînée et les pleurs de la cadette – souvent causés par la première. Première qui ne s’excusait pas pour autant : pourquoi le faire, alors qu’elle était dans son bon droit ? Elle finissait souvent par s’éclipser, blessée, et ne revenait que quelques temps après, emmurée dans un silence obstiné. Pourtant, en dehors de ces crises de colère injustifiées, Amy était la coqueluche de tout un chacun – avec toujours un mot gentil, un trait d’humour qui lui attirait la sympathie des autres, ou prête à rendre un service. Malgré son caractère changeant, ce qui était déroutant pour beaucoup de monde, elle restait très sociable, et très aimable. Et, surtout, elle trouvait souvent la façon de se faire pardonner son comportement.

Son caractère ne s’est pas forcément amélioré, arrivée au collège et ayant à faire face à énormément de changement, et sujette à une crise d’adolescence complexifiée – de caractérielle, elle est devenue plutôt hargneuse. Sa haine du milieu scolaire, sa difficulté à trouver sa place en tant que métis ni vraiment noire ni vraiment blanche, ses difficultés à s’entendre avec ses parents exacerbées… Elle a très mal vécu cette période, et les choses ne se sont qu’à moitié améliorées quand elle a abandonné le lycée. Les tensions avec ses parents, et la fracture avec eux, s’est accentuée à ce moment-là, mais Amy a senti la pression qu’elle ressentait s’envoler, et a perdu un peu de son agressivité, semblant plus sereine.

Depuis l’apocalypse… les choses sont compliquées. La situation, de force, s’était améliorée avec ses parents, parce qu’elle était toujours là pour eux, pour sa sœur aussi, pour aider à leur survie, et parce qu’il n’y avait plus de lycée auquel elle pouvait retourner. Mais à leur mort… une culpabilité immense l’a assaillie, la replongeant dans son mal-être. Elle a essayé de l’ignorer pour s’occuper de sa sœur, mais elle était à nouveau colérique, et tenait des propos blessants, qu’elle regrettait presque aussitôt. Julian en a beaucoup fait les frais – et en fait encore les frais – la jeune femme n’arrivant pas à accepter la situation même après cinq ans. Il lui rappelle toutes ses erreurs passées et elle n’est pas tendre avec lui. Elle est beaucoup plus sympathique avec les autres – par intérêt, mais aussi par nature. Elle a tendance à se calmer instantanément, dès que son parrain s’éloigne ou qu’elle s’adresse à quelqu’un d’autre, et à redevenir la jeune fille sympathique et serviable qu’elle peut être.




Story of survival



12 janvier 2001 : Amy est née en plein milieu de la nuit, à Olympia. Les routes étaient embourbées, et Luke, son père, a eu la peur de sa vie à l’idée que sa femme accouche à l’hôpital. Une appréhension infondée, parce que la petite s’est faite désirer, et que l’accouchement a été incroyablement long. Mais c’est une petite fille en bonne santé qu’il a rencontrée.

Février 2003 : « 'arrain, arrain, 'core plus haut ! » Amy riait aux éclats, dans la balançoire pour petits enfants que ses parents avaient installée dans la cour, alors que Julian la poussait - pas très haut, en réalité, mais elle était encore haute comme trois pommes, et elle avait l'impression de s'envoler. Quand elle en eut marre - ou quand Julian en eut marre, plutôt - elle descendit de la balançoire avec son aide, et se jeta dans ses bras. « Je veux faire l'avion ! »

Un peu plus loin, ses parents regardaient la petite avec son parrain, sourires aux lèvres. « On a bien choisi... Il faisait déjà partie de la famille, mais il l'adore, c'est évident. »


Noël 2004: « Regarde parrain, maman et moi on a fait une chaussette pour toi ! Comme ça, tu seras toujours obligé de venir à Noël, pour chercher les bonbons qu’on mettra dedans, et puis les cadeaux du papa noël aussi ! Et pour m’amener les cadeaux du papa noël de chez toi ! »

Mini-Amy le disait avec candeur et espièglerie à la fois, tendant les bras vers son parrain qui venait tout juste d’arriver avec sa femme, pour lui plaquer un gros bisou plein de bave sur la joue, puis à Gwen ensuite. « Regarde, tata Gwen, la tienne est là ! »

Et la petite de cavaler, en tenant la main de tata Gwen, pour lui montrer la chaussette qu’elle avait vue bien avant qu’elle ne la lui montre. Gwen, qui se retourna vers son mari avant d’être entraînée, attendrie, pour lui souffler qu’elle voulait une petite fille comme Amy.

Dernier semestre 2006 – juin 2012 : Amy rentre à l’école primaire, ce qui est assez rude pour elle : habituée à vivre au grand air, et à ne pas avoir beaucoup de contraintes, cela fait beaucoup de changements pour elle, avec l’arrivée de sa sœur en décembre 2006. Elle est plutôt déboussolée, et elle a beaucoup de mal à rester assise à son bureau d’écolière, et à écouter tout ce que disent ses maîtres et maîtresses. Ses parents ne firent pas vraiment attention, au début, à ses maux de tête, à ses maux de ventre, accaparés par le bébé qui ne faisait pas ses nuits – mettant d’ailleurs les douleurs d’Amy sur la fatigue due aux nuits difficiles parce que Sara les réveillait tous. Il leur fallut près d’un an avant de s’en rendre compte, et ils livraient bataille chaque jour pour l’y amener. L’école leur conseilla même d’aller voir un pédopsychiatre avec elle, pour comprendre où était le problème, et comment y remédier – sans grand succès. Amy disait juste qu’elle s’ennuyait, qu’elle finissait avant tout le monde, et qu’elle voulait jouer à la marelle et au ballon dans la cour. « Elle déborde d’énergie, et il faut qu’elle l’évacue », fut la conclusion de la pédopsychiatre – ce qui n’aida pas vraiment. Elle fut inscrite à plusieurs cours de sport par ses parents : basket, boxe, natation, foot, handball… Elle aimait surtout retrouver ses amis là-bas, mais ça ne changeait rien du tout par rapport à l’école. Elle rechignait à y aller, même si tout se passait à peu près bien une fois sur place – si l’on omettait les demandes incessantes pour aller aux toilettes parce qu’elle tenait pas en place, sa propension à distraire les autres parce qu’elle finissait les exercices en avance, et autres blâmes reçus des professeurs.

12 avril 2007 : « Parrain, pourquoi tu as pas le même nom que nous, si tu es notre tonton ? » Amy avait tenu à l’appeler, pour lui dire qu’elle avait perdu une dent à l’école, et qu’elle avait même pas pleuré, et qu’elle l’avait mise sous son oreiller en rentrant pour que la fée de dents passe, et qu’elle avait fait un vœu mais qu’elle pouvait pas lui dire, mais que quand même, elle espérait que tonton Julian et que tata Gwen serait là bientôt et qu’elle pourrait leur faire plein de câlins, et leur donner les dessins qu’elle avait fait pour eux, et leur faire des câlins encore, et des bisous, et leur montrer ses nouveaux jouets, et qu’il l’aiderait à faire une forteresse dans sa chambre, et un lit bateau de pirate pour Sara quand elle serait plus grand. Il n’écoutait probablement que d’une oreille, voire pas du tout, quand elle avait fini par demander ça. Il lui avait dit qu’il était son tonton parce que ses parents l’avaient choisi, et que ça n’avait pas d’importance, qu’ils ne soient pas liés par le sang, et que c’était pour ça qu’ils n’avaient pas le même nom, et que c’était pas grave. Entendant le silence soudain de la fillette, qui ne comprenait pas vraiment, il lui avait dit qu’elle comprendrait quand elle serait plus grande. « Papa il dit tout le temps ça ! Je suis très grande d’abord ! Et j’ai tout compris ! De toute façon, vous êtes méchants ! Je vais chercher maman, elle voulait te parler. » Et la petite partit en courant sans dire au revoir, posant le téléphone à côté du socle dans un « tump » retentissant, en criant pour appeler Hannah, pour qu’elle parle à « méchant-tonton-Julian ».

25 octobre 2008 : Ce jour-là, Amy s’en souviendra toujours. Elle était à la gym (un énième sport essayé), et elle devait faire une pyramide avec deux personnes – plutôt chétive à cet âge-là, elle avait été désignée pour être portée par ses deux camarades. Comment ça s’est passé exactement ? Elle ne s’en souvient pas trop, mais alors qu’elle s’appuyait sur les deux garçons pour monter, l’un d’eux l’a lâchée, la faisant tomber brutalement au sol. Elle a hurlé de douleur, couvrant le « crac » de son bras. Se penchant à côté d’elle en faisant semblant de lui demander si ça allait, Jason lui a dit qu’il « refusait de porter une nègre et que ses parents allaient le mettre dans un autre club où elle n’aurait pas le droit de venir ». Complètement choquée, la petite n’a pas su quoi répondre, ne comprenant même pas réellement ce qu’il se passait. Il lui faudrait des années pour comprendre que c’était un imbécile, élevé par des parents idiots. Elle n’en a pas parlé avant très longtemps, ses parents mettant ses pleurs sur le choc de la chute et sur son bras cassé, quand ils sont arrivés à l’hôpital où elle avait été conduite.

12 février 2009 : C’est la première fois que ses parents lui ont confié une tâche importante, à accomplir toute seule. Elle avait déjà été chez la tisserande avec eux, mais ils parlaient, elle observait plutôt les différentes laines, les teintures qu’avaient appliquée la dame, et tout ce qu’elle pouvait en faire. Elle était tellement sage que la dame lui avait même offert un petit bracelet, fait avec des chutes de laine inutilisables, spécialement pour elle. Mais là, elle y allait toute seule comme une grande ! Elle devait lui montrer un échantillon de laine des moutons qu’ils avaient eu dernièrement, pour savoir si ça lui convenait, et si elle en voulait plus. Elle y avait passé l’après-midi entière, ne voyant pas le temps passer, alors qu’elle posait mille et une questions sur son métier, sur les métiers à tisser, sur la façon de traiter la laine, sur ses idées pour faire de jolies choses…

3 mars 2011 : Amy aurait préféré ne jamais assister à ça. Ses parents étaient absents, ce soir là, et Sara dormait chez une amie à elle. Elle savait que Rosette, sa vache, devait mettre bas bien, mais elle était sûre que ça ne pouvait pas arriver. Pas ce soir. Loupé. Elle était en train de changer la paille de certains enclos, quand elle l’entendit. Le son lui glaça le sang, la figeant sur place, avant qu’elle ne voit que rien n’était normal. C’était sûrement une exagération de sa part, mais elle avait l’impression que les cris de la vache lui déchiraient les oreilles. Courant, elle manqua de tomber plusieurs fois, avant de réussir à appeler ses parents et de leur dire que quelque chose était pas normal, que Rosette allait pas bien, presque paniquée. Ils essayèrent de la calmer, avant de céder et de lui dire qu’ils revenaient, et qu’ils appelaient le vétérinaire tout de suite. Vétérinaire qui arriva avant eux, et ne put empêcher Amy de regarder, même si elle était clairement horrifiée par le spectacle. L’image de la vache mettant bas est gravée dans son esprit.

Indépendamment de cet épisode dont elle ne voulait pas vraiment se souvenir, l’année 2012 fut très chargée pour Amy. Elle avait commencé à aider plus régulièrement Mary, la tisserande, à son atelier, et à apprendre un petit peu son métier. Julian était venu plusieurs fois, aussi, et passait beaucoup de temps avec elles : à leur apprendre à ne pas savoir jouer au football américain, à jouer à la ferme, à les amener à la fête foraine, à leur faire voir leur premier film au cinéma…

12 janvier 2012 : 10 ans, ce n’était pas rien ! Les parents d’Amy avaient vu les choses en grand, et avaient invité tous ses copains – et beaucoup de gens de l’école qui ne l’étaient pas vraiment, mais ce n’était pas grave ! Amy était très contente que tout le monde soit là pour elle, et qu’elle ait plein de cadeaux à ouvrir. Elle lorgnait dessus depuis l’arrivée de tout un chacun, mais Hannah ne cédait pas : « après le gâteau, jeune fille ! » Trépignant, mais souriant et s’amusant beaucoup avec le château gonflable loué pour l’occasion, le stand de barbapapa, les différents jeux mis en place pour que tout le monde s’amuse, elle se rua autour de la table du goûter, quand il fut temps de s’y rendre.

Il y avait un gros gâteau au chocolat, une tarte aux fraises faite par Mary, un gâteau au yaourt dont on se demandait s’il n’allait pas tomber à chaque instant vu sa forme très bancale fait par Julian et Amy ensemble, pour qu’il y en ait pour tous les goûts. Amy mangeait rarement des fraises – elle se sentait généralement mal après en avoir mangé. Mais la tarte semblait tellement bonne… Elle aurait mieux fait de s’abstenir de prendre une part : il ne fallut que peu de temps avant qu’elle ne gonfle comme un ballon et que des plaques rouges apparaissent sur tout son corps. Ni une ni deux, ses parents demandèrent à Julian de tout ranger et de renvoyer tout le monde chez soi, amenant une Amy ayant des difficultés à respirer à l’hôpital. Le verdict tomba, expliquant qu’elle ne se sente pas bien en général après avoir mangé des fraises : elle était allergique, et avait fait une réaction plus violente que d’habitude. Juste au cas où, elle devait garder des anti-allergènes sur elle en tout temps, des cachets antihistaminiques et de cortisone, mais aussi des piqûres d’adrénaline. Elle a pris cette habitude, et en a d’ailleurs sur elle en permanence, même maintenant.

Mi 2013 : Amy a rencontré son voisin pour la première fois. Il ne vivait pas trop loin de chez elle et, alors qu’ils faisaient un concours avec Julian et Sara de celui qui arrivait à rouler le plus loin de la colline à côté, elle a perdu, parce qu’elle a bousculé quelqu’un, qui s’est retrouvé les quatre fers en l’air. Il venait d’arriver à Olympia, et ses parents souhaitaient construire une maison entièrement autonome. Elle apprendrait au fil des mois qu’il détestait l’idée et qu’il ne voulait pas venir dans un coin aussi paumé, venant de New York, mais ils n’eurent pas vraiment le choix. Ils devinrent très proches, mais il finit par repartir à New York un an après, quand ses parents abandonnèrent le projet, faute de résultats et de ressources. Si elle se sentait un peu seule avant son arrivé, son départ fut très difficile pour elle. Sociable comme elle l'était, elle avait des amis à l'école, mais avec Jude, elle pouvait parler sans se restreindre, et en étant sûre qu'il ne la jugerait pas, ni ne se moquerait d'elle. Ils allaient souvent jouer dans la forêt avoisinante, se prenant pour des explorateurs qui avaient une carte vers un trésor – Amy inventait souvent les scénarios de leurs petites histoires. Une fois, ils cherchaient un œuf de dragon très rare pour le protéger des vilains braconniers, une autre fois, Jude était un prince en fuite parce qu’il ne voulait pas être roi, et elle était une voleuse, qui menaçait de l’échanger contre une rançon, et le kidnappait dans sa grotte dans les bois. Ils jouaient aussi à des jeux de société, chez elle, jusqu’à ce qu’ils se crient dessus parce qu’ils s’accusaient d’avoir triché mutuellement – alors que c’était généralement Amy qui trichait, mais elle le cachait bien, pendant un temps du moins. Elle avait aussi une console, chez elle, à laquelle ils jouaient de temps en temps, même si les parents de Jude n’étaient pas d’accord – c’était assez rare, parce qu’ils devaient se cacher de ses parents à elle, qui ne voulaient pas les laisser faire si ceux de Jude refusaient. Elle avait, très certainement, un léger béguin pour lui, mais c'était son amitié qui lui a beaucoup manqué. Ils ont beaucoup échangé les premières années - par sms, par mails, par messageries instantanées, par messages vocaux et quelques fois par appels, mais il n'est jamais revenu. Elle est allée une fois là-bas, en octobre 2014, et ça s'est très mal passé : ils étaient avec des amis à lui, et elle n'a pas trop su s'il avait honte, s'il était gêné, ou s'il n'avait pas osé lui dire non, mais il avait à peine prêté attention à elle, et elle avait passé le pire weekend de sa vie. Elle n'en avait rien dit à personne, prétendant que le weekend avait été génial, mais elle a arrêté d'en parler depuis.

18 décembre 2014 : Amy était à sa troisième année de collège, et elle était de plus en plus difficile. Elle parlait peu à ses parents, ou alors pour avoir des propos brutaux et pas très agréables. Même si, au final, elle les écoutait pour les choses importantes et leur obéissait. Ce qu’elle leur cachait ne comptait pas, n’est-ce pas ? Notamment ses frasques au collège… Des incidents mineurs, souvent, des insultes, une altercation qui n’en venait pas aux mains avec certains de ses camarades… Elle crachait ce mot aux professeurs, quand ils lui disaient qu’elle ne devait pas leur chercher des noises. L’injustice de tout ça la rendait plus hargneuse à tort, surtout quand elle était accusée et blâmée et que les autres s’en sortaient sans qu’on ne leur demande plus que de ne pas jeter de l’huile sur le feu – feu qu’ils avaient allumé eux-même. Ce jour là fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Crétin numéro 1 (Justin, de son vrai nom) se vantait d’avoir un joli collier pour sa copine, qui était l’amour de sa vie, avec qui il se marierait et qu’il aurait des enfants après l’université, « et blablabla » se disait Amy, clairement désintéressée. Ils se détestaient depuis toujours, principalement parce qu’il ne fréquentait pas les pauvres filles de ferme comme elle – ses propres mots – et elle parce qu’elle ne fréquentait pas les crétins décérébrés comme lui – ses mots à elle, cette fois.
Sauf que ça avait été trop loin. A force de l’exhiber à tout le monde, espérant garder le secret pour l’élue de son cœur alors que toute la classe et probablement tout le collège étaient au courant, Imbécile premier l’avait perdu. Et l’avait accusée de l’avoir volé « parce que vu ses origines, elle n’avait forcément pas les moyens d’acheter quelque chose d’aussi beau à sa mère pour Noël, alors elle devait évidemment le lui avoir pris ». Furieuse, parce qu’elle ne savait pas s’il l’insultait à cause de sa couleur de peau, du fait que ses parents étaient fermiers et qu’elle amenait son lunch à l’école tous les jours plutôt que de dépenser des fortunes à la cafétéria, qu’elle ne portait pas des fringues à 1000 dollars, ou tout ça à la fois, elle s’était levé, et elle l’avait giflé, spontanément, partant dans un argumentaire bien senti et désagréable. Le prof, bien sûr, n’écoutait rien et n’avait entendu que le « clac » retentissant de la gifle. Si, jusqu’à présent, elle signait les mots dénonçant sa verve un peu trop poussée adressés à ses parents, là, le collège voulait leur numéro personnel…

« Ma mère a pas de téléphone portable. Et la ligne fixe a souvent des problèmes. Mais voilà celui de mon père. » Et la petite, de donner celui de Julian, puis de lui envoyer un message. L’école va t’appeler, parce que… hum, je suis exclue trois jours. Tu peux leur répondre que je serai punie comme il se doit, et que je ne recommencerai pas ? Je leur ai dit que c’était le numéro de papa... » Bien sûr, Julian ne l’avait pas lâchée, et n’avait même pas accepté avant de lui tirer les vers du nez. Il l’avait appelée, et avait exigé qu’elle lui explique tout, avant de lui dire que, pour cette fois, il la couvrirait.

Août 2015 : Amy avait quand même réussi à terminer le collège, et à entrer au lycée – ce dont elle se serait bien passée, si on l’écoutait. Elle tint deux mois, avant de décider d’abandonner – même si, légalement, elle était obligée d’y aller. Elle interceptait les courriers envoyés par le lycée, elle débranchait le téléphone, pour être sûr que ses parents ne pouvaient pas leur parler, envoyait des justificatifs « de ses parents » prétextant qu’elle était malade… Elle faisait semblant de se rendre là-bas, le matin, et se rendait en réalité chez la tisserande, qui n’était pas très à l’aise mais voyait bien à quel point elle était malheureuse, et continuait à lui enseigner son métier. Elle allait quand même quelques fois au lycée, ne connaissant personne et revenant plus déprimée que jamais.


Automne 2015 : Tout était parfait pour Amy, jusque là. Julian était à la maison depuis début septembre, et c’était la seule bouffée d’air frais qu’elle avait – tout l’exaspérait : ses parents, sa sœur, le mensonge constant concernant le lycée… Elle avait fini par dire à ses parents, peu après la décision de Julian de rester, qu’elle refusait d’y aller et qu’il ne pourrait rien y faire. Elle les ignorait ou leur hurlait dessus, quand ils lui disaient qu’ils l’y amèneraient en voiture et qu’elle n’aurait pas le choix. Grave erreur : elle prenait le bus de ville aussi loin qu’elle pouvait, et revenait à pieds à la ferme. Elle n’eut plus vraiment à le faire très longtemps, parce qu’elle finit par entendre les rumeurs, par voir les images qui n’avaient aucun sens pour elle, puis par écumer internet pour trouver plus d’informations. Incapable de vraiment comprendre ou croire ce qu’elle voyait, elle s’était tournée vers ses parents et son parrain, qui avaient passé une soirée complète à la rassurer, à rassurer sa petite sœur, aussi, qui avait entendu et comprenait encore moins qu’elle.

Amy avait aidé de son mieux à protéger la ferme : ne pas s’en aller trop loin lui allait bien – elle avait juste fait en sorte de pouvoir sortir, pour voir Mary. Après tout, il n’y avait aucun contaminé à proximité, en réalité. Ils n’en avaient pas vu du tout. Elle prenait en douce un des fusils de son père, à chaque fois qu’elle s’éclipsait. Il lui avait appris à s’en servir assez jeune, « pour ne pas être comme tous ces inconscients qui laissent des armes à portée d’enfants trop intelligents qui pourraient les activer sans le vouloir ». Il préférait qu’elle sache comment ne pas le déclencher accidentellement. Sara devait apprendre bientôt, et il lui donna donc des cours en même temps qu’à Julian. Il leur avait aussi appris, sommairement, à tuer un animal rapidement sans le faire souffrir plus que nécessaire, à le dépecer, et à conserver les parties utiles.

Elle a vu son premier contaminé en s’y rendant, alors qu’elle avait décidé de se rendre dans la forêt avoisinante, plus loin, pour cueillir des mûres, certaine que ça ferait plaisir à tout le monde, même si ça lui vaudrait une bonne engueulade, pour ne pas avoir respecté l’interdiction de sortir. Elle resta tétanisée quelques secondes qui lui parurent des heures, incapable de faire quoi que ce soit, avant de partir en courant vivement vers la ferme, zigzaguant pour être sûre qu’il ne la suive pas. Elle était revenue livide et s’était enfermée dans sa chambre, le temps de recouvrer ses esprits.

Octobre 2015 : Elle avait voulu faire une surprise à Julian. Lui dire que son père était en vie. Elle avait essayé d'appeler la police de la ville de résidence de son père, avait appelé les bibliothèques, les bureaux de tabac, tous les commerces proches, pour leur demander s’ils avaient des nouvelles de lui, sans succès – elle arrivait rarement à passer son appel, comme si le monde entier s'était donné rendez-vous pour appeler en même temps (et c'était plutôt logique), et quand elle y arrivait, soit ils ne le connaissaient pas, soit ils ne répondaient pas, soit ils n’avaient aucune nouvelle. Elle a essayé longtemps, avant de ne plus pouvoir supporter de ne pas arriver à joindre qui que ce soit, et encore moins les réponses négatives. Elle a consigné tous ses appels dans un carnet, mais elle s’en veut de son échec.

Été 2016 : Même si elle était souvent colérique, Amy restait l’enfant joyeuse qu’elle avait toujours été, l’enfant aimante, ayant parfois des mots tendres ou drôles pour sa famille, malgré leur mésentente. Mais là… Depuis que son père était mort, depuis que sa mère avait suivi, elle était hébétée. Dévastée, comme elle ne l’avait jamais été. Les brimades, la hantise de l’école, tout cela l’avait endurcie, mais peut-être pas assez. Pas assez pour faire face à la mort de ses deux parents. Pas assez pour accepter qu’elle ne les reverrait plus jamais. Pas assez pour passer outre sa culpabilité, d’avoir été si affreuse, si détestable, avec eux. Elle le cache, évidemment, mais elle pleure toutes les nuits. Même si elle sait pertinemment qu’elle ne leurre personne – Sara encore moins que les autres, qui l’avait rejointe dans son lit pendant quinze jours jusqu’à ce qu’Amy la chasse, en étant à nouveau horrible, parce qu’elle n’arrivait pas à dormir, sachant qu’elle ne pourrait pas s’empêcher de pleurer dans son sommeil et ne voulant pas que sa petite sœur le voit.

Printemps 2017 : Amy s’est bien faite à la venue à la ferme de Dennis et de sa famille. Même si elle était pas vraiment d’accord au début pour céder des chambres d’amis à des inconnus, et qu’elle avait formellement interdit à qui que ce soit d’aller dans la chambre de ses parents, elle avait fini par se faire à leur présence, et par l’apprécier. La lourdeur qui régnait était rendue acceptable par leur présence. Elle n’avait pas besoin de faire la gueule constamment, sa petite sœur était occupée avec ses deux amis et – même si elle ne l’admettrait pas – Amy était immensément soulagée de la voir aller mieux.

Elle-même allait un peu mieux : la preuve, au lieu de crier sur Julian, pour une raison ou une autre, elle se moquait gentiment de lui, alors qu’il apprenait à tenir un potager. Quand elle avait essayé de lui expliquer, ça avait fini en « t’es trop nul, tu comprends rien, de toute façon », et par  un enfermement mutuel dans un silence boudeur.

Meilleure humeur qui disparaît dès qu’elle voit Julian un peu trop proche de Diana : elle ne le dit pas, mais elle pense très fort qu’elle aussi, il va la faire fuir – en toute mauvaise foi, et en grande inquiétude pour lui surtout. S’il s’attachait, et qu’elle disparaissait, pour une raison ou pour une autre… Mais elle préférerait être mordue que de lui avouer ça.

Elle avait préparé des sacs pour chacun d’entre eux, à ce moment là, à leur insu : un sac contenant le doudou préféré de Sara, qu’elle croyait avoir perdu il y a quelques mois et qu’Amy avait soigneusement conservé au cas où, des affaires à elle, deux livres qu’elle aimait, quelques crayons et des carnets vierges et de coloriages pas très lourds. Pour elle, des vêtements, des souvenirs, un livre, un carnet vierge aussi et des stylos, une gourde, et des choses essentielles à la survie. Idem pour Julian, en se permettant de glisser des photos qu’elle avait d’eux deux, au fond du sac, sous tout le reste. Chacun de leurs sacs contenait une couverture de survie, une gourde avec un filtre à eau, un briquet et une lampe qui se rechargeait à la main. Elle avait, en plus, pris un opinel qui appartenait à son père pour elle et leur trousse de secours, un couteau suisse pour Sara, et un des couteaux que son père utilisait pour s'occuper des animaux pour Julian. Elle avait mis des armes dans un sac, et des munitions, pour Julian et elle.

25 septembre 2017 : Le jour de partir est arrivé beaucoup plus tôt que prévu. Beaucoup trop tôt. Elle n’était pas prête. Elle ne pouvait pas abandonner la maison où elle avait toujours vécu. Elle ne pouvait pas abandonner ses parents – leur dire au revoir pour de bon… C’était trop dur. Ils avaient évoqué le départ plusieurs fois, un nombre incalculable de fois, même, à ses yeux. Elle avait fini par craquer, une nuit, et par se réfugier dans la chambre de Julian, fort heureusement seul, en pleurs, ayant besoin de réconfort de la part de son parrain. Ils n’avaient pas échangé un mot, et ils en étaient revenus à leur relation conflictuelle dès le lendemain.

Fin 2017 : Elle feignait que rien ne la touchait, mais c’était la goutte de trop. Ils étaient partis d'Olympia au début de l’automne, après que la ferme ait été envahie par les rôdeurs. D’où venaient-ils ? Les autres en avaient-ils réchappé ? Elle n’avait pas vu Dennis, Diana, ni le reste de la famille, elle savait juste que Julian les avait tirées Sara et elle par l’arrière de la maison, en leur disant de partir sans regarder en arrière. Alors elle avait pris les sacs qu’elle avait préparés, en avait mis un sur le dos de Sara – opération compliquée parce qu’elle refusait de lâcher la main de Julian – et les avait suivis, aussi loin que possible. Elle n’avait pas demandé où ils allaient, avant qu’il devienne évident qu’ils se rendaient à Eugene. Elle aurait préféré qu’ils ne puissent pas y aller. Ils avaient marché d'Olympia à Eugene, presque en ligne droite, en évitant les endroits les plus peuplés, ou ceux qui leur semblaient dangereux.

Depuis le début de la catastrophe, intérieurement, elle souhaitait être plus vieille, avoir fait des études, avoir trouvé un remède, et avoir empêché la mort de ses parents. Ce n’était pas réaliste, ça n’aurait jamais pu arriver, mais elle le souhaitait chaque soir en s’endormant, priant en dieu en lequel elle n’avait jamais cru que le temps revienne en arrière. Elle n’avait jamais tué quelqu’un, avant – les rôdeurs ne comptaient pas, parce qu’ils n’étaient plus eux-mêmes. Alors depuis qu’ils étaient arrivés à Eugene, depuis qu’ils étaient allé chez « Papy Franck » (Amy l’appelait comme ça depuis qu’elle était enfant, y étant allée quelques fois avec Julian), depuis qu’elle avait été forcée de lui tirer une balle dans la tête… Elle le souhaitait avec encore plus d’ardeur.

Juin 2018 : Ils étaient revenus à Olympia. Le trajet retour avait semblé long et dangereux à Amy, encore plus quand Julian s'était arrêté pour aider des gens avec un pneu crevé. Elle avait peur qu'on les agresse, qu'on les vole, qu'on les tue, même. Elle était d'ailleurs très méfiante, au début, quand ils ont fini par se joindre à eux. Comme par hasard, ils venaient de l'Oyster Bay Farm, où ils parlaient de se rendre depuis des mois. Elle s'était montrée suspicieuse, à l'encontre de Julian, quand c'est arrivé. Et elle n'était pas très agréable envers qui que ce soit, sauf Sara, se sentant piégée. Manipulée, presque. Après tout, elle ne parvenait pas à croire que c'était un hasard qu'ils soient ici.

« Il fait trop chaud ici. Les chiens me sautent tout le temps dessus. En plus, ils m’aiment pas. Toi, ils t’aiment bien. Et les gens aussi. Je devrais peut-être partir... » Amy s’excuse aussitôt les paroles sorties de sa bouche, alors qu’elle parle à Sara. Jamais elle l’abandonnera. Jamais elle partira sans elle. « Et jamais sans tonton hein ? » La jeune adulte ne peut retenir une grimace. Elle se sait injuste, mais elle n’arrive pas à passer outre. Il aurait empêcher ses parents de mourir. Qui coupe le bras de quelqu’un, sans savoir quoi faire ? Elle avait vu les traces de sang, bien trop difficiles à faire partir. Elle avait été lui dire adieu, et ça lui avait brisé le coeur. Ca avait été encore pire avec sa mère, elle n’avait même pas pu lui dire au revoir, elle était déjà partie. Et cela lui avait encore plus brisé le coeur, de savoir qu’elle n’avait pas pu survivre pour elles. De se dire qu’elles n’étaient pas suffisantes. Malgré elle, les larmes se mirent à couler, et elle serra Sara encore plus fort contre son coeur. « On va s’en sortir, petite sœur, je te le promets. » Mais pas avec Julian, qui ne pouvait peut-être pas les protéger. Elle savait la fausseté de cette pensée, à quel point Julian aurait tout fait pour elle, à quel point il se serait sacrifié… Mais c’était trop dur. Elle ne voulait plus perdre personne.

Mars 2019 : Ils étaient revenus à la ferme de leurs parents, à côté d'Olympia. Ce n'était pas très loin de l'Oyster Bay Farm, quelques heures de marche. Amy avait déjà essayé de dissuader Sara de s'y rendre, avant qu’elles n’aillent demander à Julian. Un souvenir. Quelque chose. Plus que les photos vieillis qu’elles transportaient, qui avaient pris le soleil et qui étaient abîmées parce qu’elles les avaient manipulées trop de fois. Amy avait peur d’y retourner, en réalité. Peur que ce soit trop dur. Peur de ne pas supporter la vue de leur maison, probablement dévastée par les pillards, ou envahie par les rôdeurs. Qu’est-ce qui serait pire ?

L’air était sec, étouffant, de la poussière flottait dans l’air – ou du moins, Amy essayait de s’en convaincre, alors que ses yeux la piquaient, que sa gorge se serrait. Ce n’était pas l’émotion, ce n’était pas la tristesse de revoir la maison où elle avait toujours vécue. De voir cette balançoire dont elle était tombée, perdant une dent de lait par la même occasion. Cet arbre, sur lequel elle avait gravé des petits dessins faits au couteau. Elle allait machinalement d’un endroit à l’autre, se balançant sur la première, effleurant le second, montant à sa cabane d’enfant et se cognant la tête – c’est pour ça que ses yeux brillaient, elle pleurait de douleur parce qu’elle s’était pris le plafond, rien de plus.

Elle avait volé l’alliance de sa mère, et avait donné celle de son père à Julian. Elle ne se marierait probablement jamais, mais si elle le faisait – pour quelle folle raison, elle n’en savait rien – elle voulait que ça soit son alliance. Et elle demanderait celle de son père à Julian, pour son futur époux. Ou alors il la prendrait pour lui, elle s’en fichait. C’était son meilleur ami, après tout, il y avait droit.

Elle avait fouillé dans son placard, et avait donné un petit paquet à Julian, en forme d’étui à lunettes. Elle les avait achetées avant d’être fâchée contre lui. Et elle l’était pas vraiment, mais en même temps si, et elle ne pouvait rien lui dire de plus. Alors elle lui avait donné les lunettes : de vraies belles lunettes de soleil, très classes. Elle avait économisé sur l’argent de poche qu’elle avait, et sur les quelques sous que lui donnait Mary.

Elle les avait posées sur ses genoux, empaquetées dans un papier cadeau choisi pour Sara à la base, avec des princesses Disney – pour qu’il s’attende à des lunettes ridicules, comme elle avait l’habitude de lui en offrir. Elle avait voulu prendre la parole, mais elle s’était mise à pleurer, là, le bras de son parrain sur son épaule.

24 décembre 2020. Amy, seule dans une pièce, l’air morose, griffonne dans un carnet, un paquet à côté d’elle. Il était pour elle. Comment a-t-elle été incapable de la protéger ? Pourquoi est-ce encore de sa faute ? Pourquoi était-elle partie à Seattle avec Sara, mi avril ? Elle ne savait même pas ce qu’elle avait eu. Est-ce que c’était parce qu’elle avait été incapable de trouver un toit chaque nuit ? Est-ce qu’elle avait attrapé froid et que ça avait dégénéré ? Elles avaient été jusqu’à Seattle, s’arrêtant fréquemment en chemin, Amy notant consciencieusement leur chemin pour pouvoir revenir en arrière, prenant une semaine pour y arriver. Mais une fois là-bas, les gens, les rôdeurs, les lieux pas sûrs… Tout cela avait effrayé Amy, qui se sentait incapable de protéger Sara là-bas. Elle craignait, aussi, en son fort intérieur, de ne jamais revenir auprès de Julian. Alors elles étaient reparties, elles avaient rebroussé chemin, après un moins. Peut-être Amy avait elle tort. Peut-être aurait-elle mieux fait d’y rester. Peut-être aurait-elle pu sauver Sara. Elles s’abritaient quand elles le pouvaient dans des maisons abandonnées, vérifiant qu’elles étaient dépourvues de menaces de quelque sorte, fuyant les gens par peur qu’ils ne veuillent les voler.

Jusqu’à ce qu’elles rencontrent, un mois plus tard, un groupede deux personnes, un frère et une sœur, qui avaient trouvé une grotte où ils s’abritaient, facile à protéger. Elles étaient dans une forêt entre Tacoma et Olympia, quand ils s’étaient croisés – à un peu plus de la moitié du trajet depuis Tacoma. Ils étaient restés ensemble six semaines, chassant et cueillant des baies à tour de rôle. Ils avaient appris à Amy et Sara à reconnaître celles qui étaient comestibles et celles qui ne l’étaient pas, ainsi que les champignons - surtout à Sara, Amy peinant réellement à les différencier et à les retenir. Maintenant que Sara n'est plus là, elle en est bien incapable. Une aubaine pour elles, tout de même, que l'une d'eux sache les reconnaître et qu'ils aient fait des réserves ensemble, quand ils revinrent mordus un matin, pas encore contaminés. Elle devait les achever. Ils l’avaient aidée, elle leur devait bien ça. Sara dormait encore, alors elle s’éloigna avec eux, laissant leurs affaires auprès de Sara, ne prenant que son fusil – elle les garderait pour elles deux. Elles en auraient besoin.

Elles avaient donc continué à s’abriter dans la grotte, restant là quelque temps, jusqu’à ce que Sara tombe malade, au début de l’automne. Amy l’avait retrouvé, délirant, brûlante de fièvre, en revenant de sa cueillette. Elle savait à peu près où elle se trouvait, par rapport à l’Oyster Bay Farm, et elle avait aussitôt fait demi-tour pour y revenir. Elle l’avait portée à s’en épuiser. Elle avait tiré, sans distinction, sur les rôdeurs et sur les humains qui s’avéraient menaçants. Si elle les laissait s’approcher, elle ne pourrait pas la sauver. Elle ne pourrait pas l’amener à Julian, qui pourrait la sauver. Elle, elle ne pouvait rien faire.

Alors elle avait couru, tué, s’était affamée pour Sara. Elle tenait à peine debout, mangeait le strict minimum, seulement de quoi ne pas s’effondrer, de quoi tenir bon, de quoi la ramener. Elle était restée à son chevet, tout le temps que son calvaire dure, s’alimentant à peine, uniquement quand on la forçait. Qu’importe, qu’elle ait faim, qu’elle soit sale ? Sara seule comptait. Elle ne comptait plus les réveils en sursaut, les cauchemars, la peur de ne plus la revoir. Elle ne dormait dans un lit que quand, après s’être assoupie au chevet de sa sœur, on l’y amenait malgré elle. Elle avait des nuits particulièrement agitées, dans lequel elle murmurait régulièrement « c’est moi qui devrais mourir, pas elle. » « Prenez-moi à sa place. » « Sauvez-la, elle est bien meilleure que moi. »

Elle voulait mettre fin à sa deuxième vie elle-même, quand elle succomba à la maladie, mais elle était assise au bout de son lit, sur le sol, incapable de faire quoi que ce soit. Figée. Elle implora Julian, qui lui tournait le dos, du regard, s’apprêtant à lui crier qu’il n’avait qu’à la tuer, pour qu’elle paye sa dette, incapable de le faire pourtant. C’était elle. C’était elle qui causait la mort de tout le monde. Son père était mort pour la protéger, et sa mère ne l’avait pas supporté. Elle étouffait et avait emmené Sara avec elle, et n’avait pas su la protéger. Elle était morte pour sa bêtise. Et elle avait réussi à faire fuir la seule famille qui lui restait. Jamais plus Julian ne lui adresserait la parole, n’est-ce pas ?

22 avril 2021 : Elle ne croyait pas si bien dire. Parce qu’elle n’avait plus parlé du tout, depuis la mort de Sara. Elle n’y arrivait pas, c’était trop dur. Les seules paroles qui lui venaient étaient insoutenables… Si elle avait parlé, alors elle aurait sûrement définitivement fait fuir Julian. Et elle se serait retrouvée seule. Elle avait songé plusieurs fois à partir, à mettre fin à ses jours, puisqu’elle n’apportait rien à personne. Pourquoi n’en avait-elle rien fait ? Elle n’aurait su le dire. Mais elle était toujours là, engoncée dans son mutisme. Elle ne parlait qu’aux chiots, et quand elle était sûre que personne ne l’écoutait. Elle s’exprimait qu’en acquiesçant ou refusant d’un signe de tête.

Et pourtant… Elle avait fait ses bagages, sitôt que Julian lui avait dit qu’il partait. Elle avait tout pris, pour partir avec lui. Elle avait parlé, pour la première fois depuis des mois, pour demander si elle pouvait emporter le chiot préféré de sa sœur. Mais il n’était déjà plus là, il était déjà là-bas. Chez ce Matias. Si on lui demandait… Elle dirait probablement qu’elle n’y était allée que pour lui. Pour en prendre soin, pour Sara. Que ce soit un énorme mensonge importait peu. Elle passa la nuit sur la tombe improvisée de sa sœur, pour lui dire au revoir. Et s’excuser.


Depuis leur arrivée à Sanctuary Point, Amy a l’impression, un peu, d’être chez elle. Même si ça ne sera jamais la même chose que dans la maison qu’elle partageait avec ses parents et sa sœur. Mais elle se comporte de la même façon, l’obligation d’aller au lycée en moins – elle avait 20 ans, personne ne pouvait la forcer à s’instruire, et de toute façon, elle en savait suffisamment pour survivre aujourd’hui.

Elle a le sommeil troublé, et ne dort jamais beaucoup, alors elle se lève tôt, et va travailler au potager – il est toujours nécessaire de désherber, de vérifier qu’aucun parasite ne s’attaque aux plantes, de s’assurer qu’elles ne sont pas déséchées… Elle le faisait déjà à la maison, plus jeune, et quand il a fallu se barricader et survivre avec les ressources qu’ils pouvaient produire, une fois que se procurer de la nourriture autrement s’est avéré impossible.

Elle aide aussi à chasser, et à s’occuper des proies récupérées : les dépecer, séparer ce qui est comestible du reste, jeter ce qui est inutilisable, en faire sécher certains… elle ne sait pas pêcher, et n’en a pas tellement la patience, malgré son mutisme et le fait qu’elle ne parle plus, alors quand elle ne chasse pas, elle va cueillir des fleurs, des jolies feuilles, et décore la maison avec. Elle en fait sécher certaines, pour l’odeur, en arrange certaines en bouquets, en dépose quelques unes sur les meubles, pour égayer un peu les lieux. Même si elle le fait avec maladresse, et que ce n’est parfois pas des plus harmonieux, elle le fait de bon cœur.

Elle sait aussi s’occuper du bétail, et est volontaire pour le faire, dès que ce sera possible – pourtant l’instant, elle passe beaucoup de temps avec les chiots.

Si elle n’en dit rien, l’illumination de sa journée sont les moments au coin du feu, à écouter les histoires de Julian – même si elle est toujours très impressionnée et en a peur parfois, elle se remémore les moments identiques, quand elle était petite et pas aussi en colère. Elle aimerait bien, parfois, déguster un bon chocolat chaud avec de la guimauve, pendant.


time to met the devil

• Pseudo (sur internet) : Elnaie
• Âge irl : 31 ans
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• Voulez-vous un parrain pour vous aider sur le forum Non ça va Very Happy
• Crédits (avatar et gifs) Pretty girls avatars

• Code du règlement He who sat on it had the name Death

fiche (c) langouste.
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Re: Amy Evans

Sam 24 Avr 2021 - 21:05

pray pray pray pray pray pray
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Re: Amy Evans

Sam 24 Avr 2021 - 21:10

Rebienvenuuuuuue !


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Re: Amy Evans

Sam 24 Avr 2021 - 21:13

Bienvenue Amy !!! cheers
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Re: Amy Evans

Sam 24 Avr 2021 - 22:00

Merciii :smile42:
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Re: Amy Evans

Dim 25 Avr 2021 - 0:25

re bienvenue a toi!
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Re: Amy Evans

Dim 25 Avr 2021 - 0:40

Reeeee Very Happy
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Re: Amy Evans

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