Eden se confortait dans l’idée que l’idéologie de New Eden n’avait pas trouver d’écho à Seattle, mais peut-être plutôt une résistance, ou les débuts d’une résistance à un mode de vie qui avait peut-être eu sa place il y a des siècles, mais plus aujourd’hui. La peur crée des démons insidieux dont les fers de lance se faisaient bien souvent pervers. En réalité, personne, en dehors des murs de cette communauté religieuse n’avait un goût poussé pour les pensées d’un ancien temps. Il était vrai, et elle pouvait l’imaginer sans problème, que l’embrigadement de sa population était poussé loin et prenait ses élèves assez tôt pour qu’ils ne puissent connaître sur les quatre murs bien gardé de leur ville, ou de leur lieu de vie. C’était certainement là toute la difficulté car il n’était pas difficile d’imaginer des convaincus, défendant corps et âme la sécurité, le confort et le contrôle de leur petite bulle sans pli. Une vision bien superficielle qui sonnait creux aux angles.

Eden hocha la tête quand Nova lui fit part de son point de vue sur l’expansion de New Eden. En effet, rien n’était innocent, tout était bien pensé. Certaines têtes de la ville devait se questionner sur la manière dont il fallait lutter contre l’expansionnisme religieux. La mère de famille, qu’était Eden, n’avait pas de solution à ce problème en réalité. Tout ce qui l’importait elle c’était de savoir comment leur échapper sans qu’ils ne connaissent quoique soit d’elle. On pouvait bien la traiter d’égoïste quand on en savait pas qu’elle avait derrière elle, deux petites têtes innocentes qui n’avaient jamais demander à naître dans un tel climat. Son coeur appartenait à ses enfants, elle n’avait eu d’autres priorité qu’eux, mettant de côté sa vie de femme d’ailleurs, elle ne connaissait plus depuis six ans que sa vie de mère, celui de produire un confort et d’assurer la sécurité de Poppy et Adriel. Le reste n’avait aucune espèce d’importance à ses yeux.

« Un immunisé ? » répéta t-elle. Elle n’osait pas imaginer la rareté d’un tel individu. Évidemment qu’il avait été érigé en sauveur, ou en messie, combien d’hommes ou de femmes pouvaient se dire immuniser contre le virus le plus mortel de toute l’histoire de l’humanité. Il suffisait d’une preuve de morsure, d’un témoin prit sur le qui-vive qui jurerait sur mère et père qu’il avait vu cet homme survivre à une exposition violente au virus pour le mètre sur un piédestal. « Cela explique beaucoup chose, que cela soit vrai ou non. »

Quelle honte se disait-elle, qu’un homme qui potentiellement avait le saint Graal de la génétique ne souhaite pas la partager avec au moins ses fidèles, s’élevant au dessus des autres comme un représentant de Dieu sur terre. Eden savait qu’ils avaient des infrastructures médicales qui leu permettraient certainement de créer un vaccin, une révolution, un tournant dans leur monde, un espoir peut-être même. Non, c’était certainement le pire cas de figure, un fanatique religieux immunisé. Décidément, Mère Nature s’était bien foutu de leur gueule à la loterie de la chance. Elle laissa échapper un soupir, avant de retirer ses gants.

«  Les immunisées répertoriés sont comme des licornes, on a du mal à y croire, mais d’imaginer que l’un d’eux puisse être un fanatique religieux érigé en messie me donne la nausée, en plus du reste. »

Objectivement, il n’était pas irrecevable qu’un immunisé puisse exister. D’un point de vue épidémiologique, ce serait l’aiguille dans la motte de foin qu’était l’humanité. Eden avait déjà envisagé la présence d’immunisés dans la population vivante seulement ils devaient être si peu nombreux. Combien avaient seulement survécu à la première vague absolument meurtrière de 2015 ? ils n’étaient d’ailleurs pas immortels et ces fameux immunisés n’étaient pas insensibles à d’autre cause de décès, si les infectés mordaient ce n’était seulement une entrée en matière, mais plutôt le début du buffet. Elle soupire. Cette donnée changeait la donne, non pas qu’elle contemplait l’idée de rejoindre New Eden, seulement elle pouvait parfaitement imaginer que l’on puisse voir un immunisé comme étant une lumière au bout du tunnel morbide qu’était leur monde. Elle soupire, c’était presque risible.

« Que ce soit vrai ou non. Il suffit du témoignage d’une personne qui jurerait avoir vu leur Leader se faire mordre sans que rie ne se passe pour la licorne prenne forme. » Et c’était là toute l’ironie de la chose, et toute la cruauté aussi. Les deux femmes vivaient dans ce genre de monde, aussi archaïque pouvait-il être, ils en étaient arrivé à ce point. Eden secoue la tête. Beaucoup de choses, beaucoup de réflexions se bousculaient dans sa tête, essayant de trouver leur place dans le cerveau de la Coréenne. « Un immunisé change toute la donne s’il est réel, il faut se rendre à l’évidence. » Tuer un immunisé, même pour Eden qui n'était convaincue par New Eden, était une hérésie absolue.

Il faut le voir pour le croire, sur ce point ne pouvait qu’acquiescer. « Voir pour croire. Très biblique. » Combien donnerait-elle pour que ses enfants soient immunisés ? Beaucoup, beaucoup peut-être même. Mais elle doutait qu’un Leader de secte soit du genre à partager le fait d’avoir gagner la loterie génétique avec son troupeau de brebis égarées.

« Très honnêtement, Seattle ne me semble pas tout à fait une ville d’avenir. L’expansion de New Eden ne donne pas envie de rester. Mais si l’opportunité se présente, vous pourrez compter sur ma coopération au sujet de ces infectés. » déclara t-elle. « Mais sans matériel adapté nous ne pourrons que rester en surface, j’en ai bien peur. »

La cherche épidémiologique n’était pas vraiment une matière de surface. C’était plutôt tout le contraire. On pouvait recouper quelques détails, savoir d’où sortaient ces mutants, mais la chose ne serait pas aisée surtout avec le manque de technologie qui était devenue la Plaie de leur temps. « Je suppose que Ruby reste en contact avec Oxanna. Reste à voir si l’opportunité se présente. »