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Re: Sidus

Sam 30 Oct 2021 - 23:24

Ça n’avait pas fonctionné. Pire : sa « proie » l’avait finalement prise en grippe et ne s’était pas privée de la suivre jusqu’aux fameux WC. Apple n’avait pas réagi à ses insultes, parce qu’elle ne voulait pas perdre de temps, et parce qu’elle espérait peut-être que l’isoler l’aiderait ensuite à le convaincre pour de bon. Mais une fois à destination, alors qu’elle se retournait pour retenter sa chance, ce fut un poing dans l’estomac qui lui coupa le souffle.

La trentenaire se plia en deux, crachant ses poumons. Le type en profita pour la saisir par les cheveux, tirant si fort qu’il lui en arracherait le cuir chevelu. Ses mots se perdirent dans le tourbillon de rage folle qui inondait l’encéphale de la community manager. Celle-ci fut projetée contre l’une des cabines des chiottes, dont toute la structure gémit pitoyablement. Apple n’eut pas le temps de retrouver ses esprits que l’autre lui administrait un second coup, après une tirade bien sentie.

Le bruit de la boucle de ceinture lui donna un électrochoc. Elle voulut s’échapper, mais le cuir cingla son crâne, la désarçonnant et la forçant à se recroqueviller contre le mur qui faisait face aux toilettes. La nouvelle offensive fut encaissée, la tête rentrée dans les épaules, puis… le sale type se détourna, distrait. Charlie. Apple osa un regard, ses prunelles s’écarquillèrent devant la scène de son amie – sa seule amie – qui fut blessée à son tour.

Là, quelque chose vrilla totalement. Un peu comme avec Chad, en pire. La community manager laissa échapper un rugissement et se jeta sur son « client » de tout son poids. Son élan emporta l’adversaire bien plus lourd. Tous les deux percutèrent l’une des portes de cabine de WC, qui céda sous le choc. Ils basculèrent à l’intérieur dans un fracas de vieux bois, l’homme poussa un grognement en prenant la cuvette dans les côtes, mais ça ne l’empêcha pas de repousser violemment sa lionne d’adversaire. La trentenaire fut éjectée sur le carrelage, hors de la cabine, mais l’autre peinait à se relever.

Le souffle rauque, il avait l’air d’avoir pris un bon coup. Chancelante, des débris bruns plein les cheveux, Apple fut donc la première sur pieds. C’était le moment alors : revenir à la charge… ou s’enfuir.
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Re: Sidus

Lun 1 Nov 2021 - 18:10

Telle une furie Apple se jette sur la colosse et s’ensuit un semblant de combat qui me laisse coite. Si la violence ne me choque pas elle me laisse dans une non réaction follement dangereuse et préjudiciable dans ces circonstances. Je recule, resserrant ma main inutilement sur le pommeau de la lame forgée, ne sachant de toute façon pas réellement comment m’en servir. Le bois qui craque, la chute, le grognement sourd de l’homme quand son flanc percute la porcelaine. Il est sonné, mais mon amie est dans un sale état. Et puis… quelque chose s’absente là-haut. Toute conscience morale, toute illusion futile de temps ou d’espace. Là, durant quelques secondes n’existe plus que l’opportunité. Mon regard suit le corps de la brune qui glisse sur le carrelage douteux pour revenir sur l’homme, qui ne devient qu’un banal amas de chair de d’os. Une menace insignifiante en sa qualité humaine. Oui, il n’est que ça. Une menace. Sa mort ne changera pas la face du monde et ne restera qu’une profonde indifférence. Je ne me rends pas compte que mes pas me rapprochent de lui, que les jointures de mes doigts blanchissent autour du manche de mon arme, tout comme je ne vois pas ses yeux se relever sur les miens alors que la lame transperce un peu trop facilement sa gorge. Je ne suis pas vraiment là, pas totalement. Et pendant quelques secondes, je ne peux qu’assister à la vie qui quitte ses prunelles jaunies. La lame se retire, le sang coule et ce n’est que la vision poisseuse de l’hémoglobine qui me fait revenir dans la réalité. Le temps reprend son cours, ne semble plus au ralenti et j’inspire profondément comme si ma respiration avait été mise sur pause pendant tout ce temps. Excepté un profond dégoût du sang qui m’oblige à détourner les yeux, je ne ressens rien d’autre. Ni culpabilité, ni tristesse, ni regrets. Rien. Absolument rien. Attrapant la main de mon amie, je m’éclipse déjà vers la sortie non sans rabattre la capuche de mon haut sur le sommet de ma tête. “Viens….” que je la supplie presque, rangeant l’arme dans son étui.

Tant pis pour la bouffe, il est trop tard pour un plan B. Elle et moi. C’est juste elle et moi de toute façon. Pour le meilleur et surtout le pire.

***

Olympia est loin maintenant, déserté de mes souvenirs par seule volonté de continuer à avancer. Je ne peux pas m’accrocher aux sourires, aux visages et aux démonstrations d’affection qui ont bercé un temps ma morne existence. C’est trop douloureux. M’y replonger signifierait me laisser envelopper par ce voile noire qui entraîne fatalement vers des abysses dont on ne remonte pas. Ce n’est pas une option envisageable.

Mes pas me conduisent dans une ruelle déserte, du moins je longe les murs et me fonds parmi les ombres de ce milieu d’après-midi pour m’en assurer. Rien, ni personne. Réajustant mon sac à dos sur mes épaules, je pousse une benne vide mais toujours malodorante jusqu’à une échelle donnant accès à une escalier de secours. Quelques acrobaties plus tard, je grimpe dans ses grincements sinistres jusqu'au premier étage et me faufile par une fenêtre ouverte. C’est ici qu’on squatte depuis quelque temps mais je serai bien incapable de dire depuis quand exactement. On bouge beaucoup. Trop. Par sécurité. Aucun endroit n'est un “chez nous”, aucun n’est chaleureux. Tous ont cette odeur de moisi et de renfermé qui couvre même mes vêtements la plupart du temps. “Hey” que je lance à Apple qui a dû m’entendre arriver bien avant que je passe la tête par la fenêtre, posant le sac non loin d’elle. Je referme l’ouverture pour nous préserver du froid. “J’ai pas trouvé grand chose mais ce sera toujours ça” Quelques plantes sauvages - merci à la végétation qui a repris ses droits - et quelques graines. Les maigres récoltes diminuent à vue d'œil et l’arrivée trop rapide de l’hiver me fait redouter les prochains mois.

Retirant mon sweat à capuche dont la merveilleuse odeur d’Hazel a depuis longtemps disparu, j’évite de laisser mon esprit errer vers son souvenir et jette un coup d’oeil au reflet que me renvoie le seul miroir encore en état de la pièce. Les joues creusées - j’ai gagné deux crans à ma ceinture - une fine cicatrice strie encore ma pommette, comme une vieille brûlure. “T’as pas revu ton ami?” Celui qui pourrait nous filer de la bouffe. Moi, je me moque d’avoir des dettes si ça peut me permettre de manger à ma faim au moins quelques jours. Et je relève mes yeux vers Apple tandis que j’attache mes cheveux dans un chignon informe. Ils sont de toute façon trop crasseux pour que je daigne les supporter longtemps détachés.  
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