Un sourire malicieux en réponse, alors que Tariq a l’air d’être dans le même délire que moi. Comme quoi, il est vraiment cool pour un vieux. Avant de froncer le nez et de souffler, brusquement plus sérieuse. « En vrai, j’suis pas sûre. J’aime autant qu’ils sachent pas faire autre chose que marcher. Déjà quand tu vois les supers mordeurs… » J’écarquille les yeux avant de secouer la tête pour chasser tout ça de mon esprit. On a déjà assez d’emmerdes pour que j’évite d’en rajouter, même si c’est que dans ma tête.

Et j’ai un haussement d’épaules quand il continue. « T’as déjà dû le faire toi ? Tuer un membre de ta famille ? » On va dire que j’ai eu du bol finalement, de pas les recroiser une fois morts. Et, d’un coup, je me demande ce que je ferais si je voyais Johanna en mordeur. Ou quelqu’un du motel. J’serais capable de faire ce qu’il faut ? J’ai envie de croire que oui. Mais j’ai pas envie de devoir vraiment me poser la question un jour.

Enfin, pour le moment, on continue notre exploration. Et j’sais pas si on va finir par trouver ce fichu vélo ou si on va encore se rater. Mais, une fois dans le cabanon, j’avoue que je m’attendais pas à ce que ça dérape comme ça. Je retiens tout juste un cri quand le mordeur m’attrape le bras, retrouvant vite mes habitudes de surtout pas faire de bruit dans une situation comme celle-là. Question de survie, même si là, c’est plutôt mal barré. Heureusement pour moi, Tariq avait décidé ce matin de jouer au stalker. Sans lui, j’ai aucune idée de la façon dont j’aurais pu m’en sortir. Mais là, il me tire le bras, nous fait basculer tous les deux et j’ai tout juste le temps de rouler sur le côté qu’il tire en direction du gamin.

Je reprends ma respiration comme je peux, incapable de m’empêcher de glousser nerveusement à sa répartie. « Ouais. Même si c’pas le premier truc qui me serait venu comme réplique. Si on était dans un film, ce serait un peu naze quand même. » Je m’assois, faisant craquer mes doigts avant de secouer la tête. « Nan, tu m’as juste sauvé la vie. J’vais pas râler pour une paume éraflée. Je suis chiante, mais pas à ce point-là. » Je lui rends un large sourire, même si je suis vachement plus pâle que d’habitude. Et je finis par me relever d’un bond. J’regarde le corps du gamin et j’ai un froncement de sourcils avant de détourner les yeux.

Et puis, dans l’ombre, j’ai l’impression de voir un truc. Avec des roues. Un truc ROSE en plus. « Hé, pssst ?! T’as vu ça ? » Genre, j’hallucine pas là non ? Ce serait carrément cool en vrai… bon, pas d’halluciner hein, mais de trouver un vélo. Bref, je m’embrouille un peu je crois. Mais j’le vis bien. Sauf que j’ose pas trop me précipiter, des fois qu’on ait une autre mauvaise surprise.

Tout s’est passé en une fraction de seconde et tu remercies finalement ta capacité de réaction à avoir empêché un bien gros problème. Tariq n’aurais pas eu l’envie de devoir mettre fin au jour de la jeune fille si elle avait été finalement mordu. Le brun est donc rassuré malgré le fait que son cœur soit en train de battre à grande vitesse sous le stress soudain de la situation. Allongé par terre, Tariq tourne la tête vers la rousse qui se fiche de lui malgré un côté plutôt pâle sur son visage. A sa phrase, le brun laisse échapper un rire. Surprenant ? Oui. Mais le but est de se détendre un peu alors aussi surprenant sa réaction soit-elle, il préfère laisser sortir son stress. Tariq se redresse finalement pour s’asseoir.

- Je suis généralement plus loin des rôdeurs quand je leurs tire dessus. Je dois t’avouer qu’une douche de cerveau est loin d’être ma tasse de thé. Mais soit, je serais le perso naze du film d’horreur.

Tariq tire sur son pull pour essuyer son visage comme il peut mais une bonne douche sera de rigueur dès qu’ils seront de retour dans le camp. C’est une certitude. Bon, mis à part une paume éraflée, la jeune fille va bien. C’était le principal. Tariq aurait été un peu emmerdé de voir MA échapper à une morsure pour finalement se casser un poignet ou tout autre membre.

- Ouais. Comme quoi, ça a du bon de jouer les stalkers..

Tariq se redresse finalement pour pouvoir marcher à côté du cadavre inerte et avancer vers le cabanon. Tariq fait attention parce qu’il a bien peur de voir débarquer d’autres vermines attiré par le coup de feu d’il y a quelques minutes. Le brun voit finalement bien l’ombre d’un vélo. Si l’un et l’autre hésite, Tariq n’entends pas grand-chose. De ce fait, il prend finalement le lead.

- Tu l’auras finalement ton vélo. Ça devrait aller.

Le brun pousse la porte pour que la lumière s’introduise correctement et les nombreuses couleurs criardes du vélo sont bien visibles à présent. Il n’entend rien d’autres autour de lui et décide finalement d’avancer dans la cabane. Il s’arrête près du vélo avant de tourner les yeux vers la jeune fille.

- Mission accompli. Il a l’air en bonne état, en plus de ça.

Tariq glisse les mains sur le guidon pour pouvoir le sortir du cabanon. Le brun s’arrête à côté de MA pour la laisser récupérer l’engin à deux roues. En tout cas, elle a l’air plus que content et ça lui fait plaisir au fond. Construire son propre vélo aurait été un peu plus complexe selon lui.

- Ca a l’air à ta taille. Tu tentes un tour ? J’entends rien malgré le coup de fusil donc si tu ne t’éloignes pas, je ne pense pas qu’il y ait de danger.

J’ai encore le cœur qui bat à toute vitesse et j’avoue qu’une part de moi a vachement envie de détaller jusqu’à être loin d’ici. Mais parait que je suis genre courageuse, alors c’est pas un petit mordeur qui va me faire fuir pour de bon. Et puis, Tariq m’a bien aidée quand même. Il m’a même sauvé la vie.

Je soupire longuement avant de laisser échapper un nouveau rire nerveux, essuyant les quelques traces de sang que j’ai sur le bras. « Ouais, y a plus classe quand même comme façon de buter du mordeur. Mais t’es genre le type qui sauve l’héroïne et ça, c’est hyper stylé quand même. » Quoi ? J’ai bien le droit d’être l’héroïne de ma propre histoire quand même. Même si l’histoire est pas super jouasse, surtout ces derniers temps. Enfin, ça me fera un truc de plus à raconter donc.

Je lui rends un clin d’œil quand il continue. « Faut paaas non plus déconner. Ca se fait pas de stalker les gamines dans les bois ! » J’agite un index, alors que mon cœur accepte enfin de reprendre un rythme normal. Et j’ai un peu moins l’impression qu’il va s’échapper quand je ferais plus attention. Bon, par contre, je laisse passer devant maintenant, j’ai bien retenu la leçon. Et je me mets sur la pointe des pieds pour regarder par-dessus son épaule. Ca va qu’il est pas très grand. Mais je retiens de taper joyeusement dans mes mains quand il me confirme que c’est bien un vélo.

Et en plus il est ROSE. Si c’est pas hyper cool ça. Je tends la main et je fais faire un petit cling à la sonnette, le regard pétillant. « Mais oui, il a pas l’air abimé ! La chaine est en place et les pneus… » J’ai une moue. Bon, les pneus sont à plat, mais le contraire aurait été étonnant vu qu’il a dû passer du temps dans ce hangar. Je souffle d’ailleurs dessus et je tousse avec la poussière qui se soulève, avant de laisser Tariq le sortir de là. Sur le chemin, j’attrape les outils qui trainent pour les glisser dans mon sac et les donner aux habitants de Sanctuary Point. Histoire de pouvoir les remercier encore une fois.

Je penche la tête sur le côté quand il reprend la parole. Avant de fixer le vélo, la mine plus sérieuse. « Faudra ptet que j’ajuste un peu la selle. J’ai pas des jambes de 10 kilomètres tu vois. » J’agite une jambe pour le principe, avant de monter sur le vélo. Alors, autant dire que les premiers mètres, c’est pas glorieux. J’ai genre fait du vélo deux fois depuis trois ans et je manque de me casser la gueule deux ou trois fois. « Ouais, ouais, ça va ! T’inquiète ! » J’anticipe avant qu’il pose la question, parce que je le vois venir là, passer du stalker à la mère poule. Il y a qu’un pas pour ça. Et, après quelques petits tours dans le jardin, je reviens vers lui, les joues et le regard brillant. « C’est trop cool. » Je pose un pied à terre avant de reprendre, avec un sourire plus timide. « Merci de m’avoir aidée. » Ouais, pour un vieux, il est carrément cool.

Tariq affiche un léger sourire en direction de la rousse lorsqu'il passe du perso naze à celui qui sauve l'héroïne. Et ça lui va, finalement. Bien sûr, son commentaire sur le positif d'être un stalker n'est pas à prendre au sérieux et l'index que la jeune fille agite pour lui dire que ce n'est pas une bonne chose le ferait presque rire. Le vélo est enfin trouvé et il est simple de voir la gaieté sur le visage d'MA.
Bon, il faudra le nettoyer un peu, regonfler les pneus mais l'état général est plus que correct.
Un cling de la sonnette et Tariq laisse le vélo à sa nouvelle propriétaire.

- Tu as pas trouvé une pompe à vélo tout à l'heure ? On peut voir si c'est juste le temps. Ca se trouve, il n'y a aucun trou.

En effet, la selle doit être ajusté, au final. MA n'est pas bien grande mais le vélo semble être pour une adulte, de toute façon. Ou un adulte aimant le rose, aucun mal à ça, évidemment. Le brun recule finalement pour lui laisser un peu d'espace et les premières tentatives sont complexes. Tariq allait d'ailleurs lui demander si ça allait mais elle anticipe déjà sa question. Les mains glissées dans sa veste, il faut quelques mètres à MA pour pouvoir s'accoutumer au véhicule. Lorsqu'elle revient vers lui, Tariq pourrait presque voir une insouciance soudaine chez la jeune fille. Comme si finalement personne ne pouvait les dévorer au détour d'un virage.

- Ne me remercie pas. Je pense que l'on peut rentrer. C'est une mission réussie.

Ce qui est une bonne chose au fond. Parce que trouver un vélo n'était pas vraiment une tâche facile mais trouver celui-ci relativement proche de Sanctuary Point, c'est une chose encore meilleure. Le brun ignore d'ailleurs la raison pour laquelle elle voulait à tout prit ce moyen de locomotion mais Tariq imagine que le but est de pouvoir se déplacer plus facilement et dans une certaine discrétion. Dans tous les cas, Tariq était content pour la rousse d'avoir pu obtenir ce qu'elle voulait. Ce qui s'avère toujours un peu complexe dans ce monde. Tariq se remet donc en route, la rousse à ses côtés pour rejoindre le camp avec un vélo et quelques morceaux de cerveaux au passage.