Au fond, Tariq comptait ne pas bouger de son côté. Si Matias n’avait pas été celui rassemblant la famille, il n’aurait probablement pas faire chemin jusqu’à Sanctuary Point. Bien que, après mures réflexions, rester sur place aurait probablement été le meilleur moyen pour lui de mourir dans d’atroce souffrance étant donné les mordeurs présents en ville. Tariq était honnête et parlait généralement sans détour. Ce qui pouvait être une bonne ou une mauvaise chose dépendant du sujet mais aussi du point de vu.

- Tu es grande pour ton âge et la maturité que tu as forcément du développer aussi avec la situation… Je ne sais pas. Dix-sept ou dix-huit, je pense. L’âge ne va pas forcément avec le fait de prendre de bonne décision. Mais normalement, tu es censé avoir une bonne vision de la situation…

Tout dépend aussi du niveau de connerie, de la façon dont la personne réfléchis. A dire vrai, Tariq lui-même ignorait si la plupart de ses décisions avaient toujours été bonnes. Il était persuadé que non.  Lorsque Tariq entend de la bouche de la rousse qu’il a l’air sympa pour un vieux, il ne peut s’empêcher de lui rendre son sourire.

- Écoute, tu as l’air sympa pour une fille de quatorze ans.

Tariq ignore s’il rassure réellement la jeune fille en lui disant que les mordeurs ne sont pas ceux qui l’inquiètent le plus. Il y aura toujours des personnes pour tenter de bousiller un autre. Que ce soit par dépit, par peur. Il suffit d’une mésentente avec un groupe pour que tout partent à la dérive.

- J’aimerai te dire que non. Mais c’est assez fréquent. D’où l’obligation de savoir se défendre et les quelques rondes autour des barricades.

Et la paranoïa dans son cas. Est-ce que, d’un côté, ça permettait de ne jamais se reposer sur ses lauriers ? Oui. Bien qu’il enviait parfois le reste des quelques minutes d’insouciances qu’ils pouvaient se permettre. Il aimerait se poser à un endroit et ne plus penser à rien. Chose plutôt complexe puisqu’il n’a jamais réussi à le faire même avant la merde ambiante. Le silence s’installe et Tariq suit la plus jeune dans sa quête de vélo. Chose qui paraît tellement insignifiant qu’il a presque l’impression de se détendre un peu à ne pas courir après quoi que ce soit de négatif.

- Si, je pense que ça a été bizarre pour tout le monde. J’étais à Olympia. Matias a fait venir tout le monde ici. Ce n’était pas aussi sécurisé au départ et on a eu pas mal de perte… Sans compter les personnes à qui on a fait confiance qui ont fini par faire plus de mal qu’autre chose.

Tariq ne savait pas quoi répondre à sa question. Est-ce qu’il a eu envie de partir à un moment ? Dans les moments les plus bas, il pouvait aisément lui répondre par l’affirmative. Pourquoi restait-il au final ? Il aimait la solitude et partir de son côté ne serait probablement pas une mauvaise idée. Mais il savait ou, peut-être, se persuadait-il que sa famille avait besoin de lui. Probablement un besoin de toujours être indispensable sans pour autant que ce soit réellement réalisable. Devait-il répondre honnêtement ? Tariq n’était pas bien doué pour donner une réelle opinion sur ses propres sentiments.

- Si. J’y ai déjà pensé.

Tariq préféra ne pas s’attarder de trop sur la conversation. Après tout, il ne voulait pas que ses mots arrivent aux oreilles de sa famille. Il préféra donc se concentrer sur les alentours, avançant en quête du moyen de locomotion choisie par la jeune femme. Les premières maisons se dessinent d’ailleurs et la remarque de MA quant à de potentielles ampoules le ferait presque sourire.

- Allegra pourra sûrement te donner de quoi soulager. On peut aussi faire une pause si ça devient difficile pour toi.

Bon, un regard en direction de la jeune fille et c’est un non catégorique. Il s’en doute. Elle a l’air d’avoir une certaine fierté ou un besoin de prouver une force aussi. Tariq s’arrêtant pour jeter un œil à la carte avant de se remettre en route. Glissant la main sur son arme accrochée à son dos, il ajouta.

- Oui. Reste vigilante. On ne sait jamais qui peut se cacher là-dedans. Il est préférable de passer par derrière. On verra déjà s’il y a un vélo, on vérifiera ensuite à l’intérieur.

Ouais, c’est carrément cool que Tariq ait décidé de jouer au… j’sais pas trop à quoi… au stalker ? Ouais un truc du genre. Bref, j’ai plutôt du bol qu’il m’ait suivie, il est plutôt de bonne compagnie et au moins, il m’apprend un paquet de trucs pendant qu’on marche. Je note tout ce qu’il me dit dans un coin de ma tête, d’utile ou de pas utile. Peu importe au fond, il faut surtout que j’en sache un maximum sur ce qui m’entoure pour mieux appréhender ce que je ferais derrière, même si je suis pas encore totalement décidée.

Je retiens difficilement un sourire un peu fier quand il m’explique pourquoi j’fais plus que mon âge. Et j’me contente de souffler, pensive. « J’sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose au final. J’veux dire, les gens ont pas le même comportement si t’as 14 ans que si t’en as 18, même si ça veut plus dire grand-chose maintenant. Tu vois l’idée ? » Je suppose que oui, même si j’espère qu’il changera pas d’attitude maintenant qu’il sait quel âge j’ai. Mon sourire se fait plus large à sa répartie. « Cool ! » J’aime bien avoir l’air sympa. Et ça me donne un peu l’impression de… j’sais pas… que toutes les horreurs des derniers mois sont jamais arrivées. Ca fait du bien un peu. Mais je sais que ça dure jamais et que ce soir, quand il fera nuit, y a tout qui reviendra. Encore. Et que je dois surtout pas me laisser porter par ce faux sentiment de sécurité, parce que je sais ce qui peut arriver. Je le sais que trop bien.

Et je hoche la tête au reste. « Merci. Pour pas essayer de m’enrober les trucs. Vous avez… perdu beaucoup de monde vous ? » Je sais, la question est vachement intime. « J’ai vu des tombes sous le saule pleureur… » Histoire que ça sorte pas de nulle part. Et je me dis que j’aurais bien aimé pouvoir enterrer Oxana, elle aurait mérité ça. Mais elle nous aurait insultées de prendre des risques pour le faire. Au final, il m’explique que oui, ils ont perdu du monde. Je garde le silence quelques instants, sans trop savoir quoi lui répondre. Avant de souffler, dans un murmure. « Désolée. Pour les gens qui sont morts. » Et je lui lance un regard en coin quand il me dit y avoir déjà pensé. J’ai un froncement de sourcils, mais vu qu’il en dit pas plus, j’insiste pas, préférant me focaliser sur un truc plus pragmatique. « Elle est cool. Allegra. C’est une chouette maman. »

Evidemment, j’me contente de lever les yeux au ciel quand il parle de faire une pause. « Quoi, t’es déjà fatigué ? » Je lui assène un coup d’épaule avant de serrer ma batte entre mes doigts et de prendre une grande inspiration. « Okay, le garage donc. » Je me mordille la lèvre et je pousse doucement la porte du bout du pied. Pour sursauter quand des rats se faufilent entre nos jambes. « Ma meilleure copine mangeait des rats. » J’ai soufflé ça dans un murmure, après m’être assurée qu’il y avait personne dans le garage donc. Et je désigne un nid en hauteur. « C’est quoi comme oiseau ? Y a des œufs on dirait. » Ca se mange non ? Ou ça se fait pas ? Et je commence à fouiner, récupérant une pompe à vélo et des rustines. Mais pas de vélo. Forcément, je fronce le nez, contrariée. Comme quoi, y en a qui ont dû partir à vélo. C’est naze.

Tariq ne sait pas réellement dire non plus si c’est positif ou non. Hors virus, hors presque fin du monde, il verrait la maturité de la jeune femme comme… un peu négative. Parce que grandir trop vite n’est pas une bonne chose. Il est préférable de profiter un peu du fait de ne pas être adulte. Les responsabilités arrivent bien rapidement. D’un autre côté, il y avait tellement d’ordure qu’un peu de maturité en plus n’était pas mauvais.

- Tu as raison. Le comportement est différent. Mais tu as plus facilement la capacité d’être sur tes gardes à dix-huit qu’à quatorze, de probablement te faire moins avoir par les autres. Tu vois ce que je veux dire ? C’était valable avant 2015. Maintenant… la situation est un peu plus complexe.

Complexe puisqu’il faut se méfier de tout le monde. Peu importe l’âge, le sexe, l’apparence. Apparence innocente ou pas. Tout ça pour dire qu’il faut se méfier de tout le monde et tout le temps. Dans le cas de Tariq, arrêter de voir le mal partout serait probablement bénéfique. La jeune fille a l’air plutôt contente d’avoir un physique sympathique et Tariq n’épilogue pas plus sur le sujet. Le brun sait qu’il peut paraître un peu trop porté sur la protection et qu’il ne rassure absolument pas MA sur la sécurité du camp. Sécurité qui pourtant est bien élevé par rapport à des années en arrière.

- Ne me remercie pas. Si je veux que tu te protèges, tu dois connaître la vérité. Enrober rend l’environnement dangereux.

Tariq ne répond pas tout de suite. Comme partout, de nombreux décès ont eu lieu. Certains marquant plus que d’autres, au fond.. Si Tariq n’en parle pas, le décès d’Hunter a été bien compliqué à gérer. Aucun décès n’était facile à gérer. La seule facilité de son côté, c’était de laisser peu de personne s’attacher à lui et inversement. Sans attache, il risquait moins de souffrir comme avec Sophia. Tariq finit par hocher la tête.

- Beaucoup. Mon père fait partie des personnes présentes sous le saule.

La rousse s’excuse et Tariq force un sourire qu’il espère rassurant sans pour autant y mettre sa main à couper. Elle n’a pas a s’excuser et le but est sûrement d’adoucir un peu l’atmosphère légèrement pesante avec de telles révélations. Son commentaire sur Allegra le fait légèrement pencher la tête, simple mouvement pour acquiescer. Il est vrai qu’il n’a jamais eu à se plaindre d’elle. Il l’aime et la considère comme sa mère. Elle a fait plus pour lui et le reste de la famille que quiconque. Aussi complexe ce soit pour Tariq de l’avouer. Sa honte encore trop présente.

La rousse ne cesse de taquiner Tariq, ce qui a le don de lui arracher des sourires amusés par la situation, en particulier au coup dans son épaule. Ce qui, finalement, n’était pas aussi fréquent.

- Non, c’est toi qui te plaint d’avoir des ampoules.

Tariq reprit son sérieux. La première maison était à visiter et il ne fallait pas qu’il loupe quoi que ce soit. Qu’il soit finalement visé par une quelconque attaque était une chose, que ce soit le cas de la jeune fille en était une autre. Tariq glissa l’arme de son dos pour l’empoigner correctement. Tariq n’entendait rien autour de lui et laissa donc la jeune fille ouvrir la porte, surveillant les arrières au passage. Une petite armée de rat se faufile à l’entrée de la lumière et l’information qu’MA peut donner fait légèrement froncer les sourcils du plus vieux.

- Ça doit avoir un goût immonde…

Poussant la porte en grand, rien n’indiquait à l’intérieur la probabilité d’un passage récent. Fusil à la main, Tariq avança au centre de la pièce. Son attention se porta sur le nid. Il n’avait aucune idée de quel type d’oiseau il s’agissait. Il ne s’était jamais réellement intéressé à ce type d’espèce.

- Les oiseaux font leurs nids dans des endroits avec peu de passage non ? Aucune idée de ce que c’est.

Tariq avança vers les quelques étagères. Rien d’intéressant et pas de vélo sinon l’engin aurait été vu depuis un moment maintenant. Le brun haussa les épaules. MA semblait avoir trouvé des objets liés au vélo, en tout cas. Il devait bien en avoir un quelque part.

- Peu de chance que le vélo soit dans les autres pièces de la maison mais on peut chercher. Tu pourras peut-être trouver des trucs qui t’intéressent.

Tariq se dirigea vers la porte donnant sur l’intérieur de la maison. Poussant la porte avec lenteur, le brun rencontra une certaine résistance. Quelque chose devait bloquer le passage. Jetant un œil à la rousse, il ajouta.

- C’est barricadé. Soit je pousse et on risque de se faire sérieusement entendre, ou on passe par la porte de devant, ou la fenêtre.

J’finis par hausser une épaule, songeuse, à la réponse de Tariq. « Tsais, on m’a appris à être sur mes gardes depuis… le début de tout ça. J’me dis qu’au final, j’m’en sors pas forcément moins mal qu’une fille de 18 ans. Et moins, y a moins de monde qui essaie de me passer dessus. » Je roule des yeux avant de continuer, comme si de rien était. « Même si tu serais surpris du nombre de pervers qui auraient été prêts à payer pour m’avoir. » Je secoue la tête, gardant toujours cette idée dans un coin de ma tête. Juste au cas où. Genre en dernier recours, juste avant d’aller toquer chez les New Eden. « Mais ouais, en gros, faire confiance à personne donc, c’est ça l’idée hein… » J’ai un bref soupir alors qu’il continue de parler.

Et j’avoue que c’est cool qu’il me raconte la vérité sans chercher des moyens détournés. J’ai un bref hochement de tête pour le remercier, avant de laisser filer un silence quand il parle de son père. « Ma maman est morte quand j’étais petite. J’me rappelle même plus d’elle. » De sa voix, de son sourire, de son odeur. Je sais même pas pourquoi j’ai soufflé ça. Et je me demande si ça va refaire pareil pour papa, si je vais passer encore tellement de temps sans le revoir que je vais oublier à quoi il ressemble. J’fronce les sourcils à cette pensée avant de réprimer un nouveau soupir avant de lui tirer la langue quand il se moque de moi. Mais je l’ai cherché, je sais.

J’ai un vague sourire, même si de revoir des rats est pas pour m’enchanter plus que ça. « Je suppose. Mais quand t’as rien à te mettre sous la dent, tu peux pas trop faire la fine bouche. » Je regarde autour de moi, curieuse, sans vraiment me sentir en danger, alors qu’on continue de papoter. « Justement, doit plus y avoir grand-monde qui passe non ? » Un haussement d’épaules pour ponctuer mes propos, alors que je pique ce qui me parait intéressant. « Oh, du scotch ! » Paf, dans mon sac à dos. Ca peut toujours servir.

Je fronce le nez quand il me confirme que ouais, y a pas de vélo dans le coin. « Sont chiants les gens à prendre leur vélo. » Pffff… abusé. « Y a besoin de trucs pour votre groupe ? » Bon, on a toujours besoin de quelque chose, mais si on peut ramener des trucs utiles pour eux aussi, ça peut être pas mal non ? En tout cas, il essaie de pousser la porte, sans succès et j’ai un sourire narquois quand il reprend. « Quoi ? Tu vas réussir à passer par la fenêtre ? T’es assez agile pour ça ? » Mon regard pétille de malice pour ponctuer ma question. J’ai du bol, j’ai quand même fait assez de parkour avec Milow pour me la péter un peu. Je suis pas capable de grand-chose mais ça, c’est facile. Et je le dévisage de bas en haut avant de hausser une épaule. « On va tenter la porte de devant hein. » Un large sourire plein de dents plus tard et je m’éloigne en sautillant, avant de l’attendre devant la porte.

Et je pousse la poignée, tentant ma chance pour voir.

… le pire ? C’est que ça marche. Et qu’on peut entrer à l’intérieur sans trop de soucis. « Ca pue la mort. » Soufflé entre mes dents alors qu’on entend pas un bruit à l’intérieur. Je sors ma lampe torche de mon sac à dos et je commence à examiner le coin, Tariq sur mes talons. Avant de m’arrêter, lui désignant la porte et ce qui bloque donc. « Ils se sont flingués on dirait. Tant pis pour eux. » Le faisceau de la lampe se braque sur une morsure sur le bras du type. Ca a l’air assez frais en plus. « Ils sont pas morts depuis longtemps. Tu les connais ? » Je devrais ptet avoir l’air choquée non ? Je me rends pas compte en fait. Hum. Mais bon, il a quand même déjà vu des cadavres quand même. J’espère pour lui. Enfin, je sais pas si je dois espérer que oui ou que non. Ouais, c’est bizarre, je sais.

Tariq note dans un coin de son esprit l'information donné par la jeune fille. Beaucoup de parents avaient péris. Tariq avait la chance d'avoir encore sa mère. Malgré la difficulté des relations qu'il peut avoir avec chacune des personnes qu'il pouvait côtoyer. Concentré sur l'activité en cours, Tariq maintient que manger des rats seraient probablement la dernière des choses qu'il ferait. D'un autre côté, sans rien avoir à manger depuis un moment, serait-il apte à continuer à être répugné par l'idée ? Peu de chance.
Mary-Abigail possède le même résonnement que lui. A choisir entre mourir de faim et avaler une de ces vermines, le choix était fait.

- Ouais... tu n'as pas tort. Mais si je peux éviter d'avaler un truc comme ça, je le ferais.

Encore que dans le cas de Tariq, s'ils ont du se restreindre un peu durant un moment, ils manquaient rarement de nourriture à Sanctuary Point. Ce qui empêchait finalement de se résoudre à manger un rongeur. Tariq est déjà moins stressé une fois dans la pièce puisque rien ne semble être là pour les tuer. Pour l'instant.

- Hm... Les outils seraient pas mal. On en a jamais assez. Ca peut servir à Matias.

Ou à Julian aussi. Tariq prend donc quelques secondes pour balayer l'endroit et récupérer les outils présents sur une étagère. Des tournevis, des vis, petites équerres. Le brun enfonce tout dans son sac sans trop s'attarder avant de tenter d'ouvrir la porte communiquant sur le salon. Manque de pot, barricadé. Le sourire narquois de la brune oblige Tariq à lever l'un de ses sourcils, dans une expression faciale exprimant un simple "Tu te fiches de moi ?" Tariq ne le prend pourtant pas mal. Il voit bien que la jeune fille se moque de lui.

- Avance avant que je te fasse passer la fenêtre avec un coup de pied au cul.

Dit-il en la regarder sautiller devant elle. Tariq la suivit de près, son regard déviant sur les alentours avant que la rousse ne presse finalement la moitié. La porte s'ouvre sans difficulté et l'odeur de mort qui s'en dégage. Sourcils froncés et une grimace de dégout sur le visage à l'odeur qui imprègne ses narines. Tariq suit le faisceau de lumière dégagé par la lampe torche.
Tariq avise les deux corps d'un regard et reste plutôt rassuré qu'ils se soient suicidé avant d'arriver au stade de rôdeur. Sans compter la proximité par rapport au camp.

- Ils sont à peine décomposer... Non, je les connais pas. Mais ce qui m'inquiète, c'est que si le type a été mordu, c'est qu'il y a un rôdeur ou plus qui se baladent non loin d'ici.

Tariq s'approche finalement des corps et s'accroupis. Allegra ainsi que Lisandro lui ont déjà donnés quelques informations en médecine. Et si Tariq est incapable de dire quand ils sont morts. Il peut quand même remarqué quelques tâches verdâtres. Qu'est ce que lui avait dit Allegra ? Une semaine de mort pour que la décomposition soit bien avancé.

- En tout cas, c'est pas eux qui sont parti avec ton futur vélo. Les rôdeurs roulent pas non plus à vélo. Donc, c'est qu'il ne doit pas être bien loin.

Tariq se redressa. Après tout, qui aurait une pompe à vélo sans ledit vélo ? Le brun s'avance finalement vers un meuble pour satisfaire un peu sa curiosité. Des cadres cassés, des photos sales. Le brun récupère l'un des cadres pour regarder le couple présent dessus.

- Ca a bien l'air d'être les propriétaires. Ils doivent être mort depuis une semaine, peut-être un peu plus si j'ai bien retenu les informations d'Allegra.

Je me tapote le nez, songeuse, avant de souffler. « J’ai mangé du chien. Plusieurs fois. C’était pas dégueu. Du coup, je me dis que la faim doit quand même donner meilleur goût à ce qu’on mange. » Et je hoche la tête philosophe, avant de me focaliser sur le reste. « Les outils ? D’accord ! J’ai un gros sac de toile dans mon sac à dos si tu veux les mettre dedans. » Pas question que je porte tout toute seule non mais oh. J’ai pas de muscles et je suis toute frêle.

… ouais, quand ça m’arrange.

Bref, je ramasse quelques trucs encore, avant de pouffer un rire à sa remarque. « Même pas cap ! » Bon, dans le doute, je file comme le vent. Faut dire que grimper c’est mon truc à moi. Faut bien que je m’en sorte quand même au moins dans un domaine non ? Enfin, à l’intérieur, c’est pas franchement terrible. Ca aurait pu pire, genre des morts encore debout. Ca en général, ça craint.

J’ai un bref haussement d’épaule à sa remarque, quand il dit qu’ils sont frais. « Ouais, ils puent pas comme les autres. Moins en tout cas. Et y a moins de vers aussi. » On s’y fait à ce genre de trucs. Comme à beaucoup d’autres. Des fois, j’me demande si je suis tout à fait normale, avant de me dire que c’est pas comme si la réponse était vraiment importante. « On va le trouver et on s’en débarrassera facilement s’il y en a qu’un seul. » Un sourire assuré alors que je me fais plus songeuse pendant une seconde. Et je me marre toute seule. « T’imagine ? Un mordeur sur un vélo ? On dirait le début d’une histoire ! » Je sais pas quel genre d’histoire. Un truc drôle ? Naze ? Difficile à dire.

Je le suis des yeux quand il ramasse un cadre. « C’est moche. Tenir aussi longtemps et finir comme ça. » Et je penche la tête sur le côté en les regardant, un peu perdue dans mes pensées. « Y a ptet un jardin. Et une remise. Vu la taille de la baraque, c’est possible. Il serait ptet là- bas non ? » Un regard interrogatif pour voir s’il veut bien me suivre là-bas. Evidemment, il le fait et on abandonne les cadavres pour aller marcher dans l’herbe haute. Enfin, pas si haute que ça en vrai. « Ils passaient encore la tondeuse tu crois ? » Genre tous les dimanches. Le truc tellement normal que ça me parait totalement improbable.

Je m’avance à petits pas alors que j’aperçois la remise. J’avoue, j’suis contente de moi tiens. Elle est entrouverte et je la pousse du bout de ma batte pour entendre… un grognement. « Pssst… » Soufflé en direction de Tariq. J’crois qu’on a trouvé le mordeur. Le reste, j’vois pas grand-chose en vrai vu qu’il a l’air d’être bloqué par un truc au fond de la pièce. Et j’ajoute, dans un murmure incrédule. « Il est dans le coin là. Mais … il a l’air petit. » Plus que la moyenne. Plus que moi. Genre. Un enfant ? Oh merde, j’ai encore jamais vu de mordeur enfant moi, j’aime pas trop, trop ça. Là, le regard que je jette à Tariq est un peu plus démuni. Je tue pas les enfants moi ! Même s’ils sont déjà morts. Alors je reste un peu conne. Sauf que je vois pas que le mordeur s’est décoincé. Et quand je m’en rends compte c’est trop tard, il m’a déjà attrapé le bras.

La remarque d’MA ferait presque sourire Tariq tant elle est d’une simplicité sans nom, sortant de sa bouche comme si la phrase n’avait aucun réel impact. Mais elle a raison. Les corps ne sentent pas comme les autres, c’est qu’ils ne sont pas morts depuis bien longtemps. Ce qui s’avère plutôt rassurant. La voilà qui réagit à l’image improbable du rôdeur sur son futur vélo. Tariq agite la tête, amusé par la remarque.

- Franchement, je pense que j’éclaterais de rire si on devait voir ça.

On-t-il seulement le sens de l’équilibre ? Après tout, rien n’était vraiment sûr sur les rôdeurs. Certains évoluaient malheureusement. Et Tariq ne serait finalement pas surpris qu’ils puissent faire du vélo ou conduire une voiture d’ici quelques années. Bon, il espérait aussi être mort avant de subir ça. Tariq s’était attardé sur un cadre et il partage aisément l’avis de la rousse. Il serait ennuyé dans l’immédiat de se dire qu’il mourrait d’une façon stupide après avoir autant tenter de s’assurer de la sécurité du camp. Une ironie peu apprécié, en soit.

- Ils auraient survécu plus longtemps si la maison était mieux protégée. Sauf s’ils se sont fait prendre à cause d’une baisse de leurs gardes. Tu sais, quand un membre de ta famille devient un mordeur, c’est difficile de les abattre.

D’où la baisse de la garde, finalement. Tariq ne peut nier que si une connaissance en faisant parti, appuyer sur la gâchette risque d’être plus complexe. Le brun hoche la tête à la demande de Mary-Abigail. Le vélo se trouve probablement près d’ici. Tous deux se mettent en route, marchant dans les herbes. Tariq repositionne correctement son fusil entre ses doigts.

S’arrêtant dans le dos de la rousse, Tariq baisse les yeux vers elle à l’entente du grognement. Bingo, voilà la mauvaise graine. Lorsqu’elle lui indique qu’il a l’air petit, Tariq se rappelle de la photo. Il n’en déduit rapidement que le couple s’est fait mordre par leur enfant. Ce qui, en soit, est absolument ignoble. Aucun parent ne devrait survivre à son enfant, selon lui. Est-ce qu’il est difficile pour lui de coller une balle dans un mordeur miniature ? Non. Plus maintenant. Tariq voit à peine le mordeur bouger et attraper le bras de la rousse. Sans vraiment faire attention, Tariq attrape le sac de la rousse pour tirer d’un coup sec vers lui. Le poids de la jeune fille entraine sa chute en arrière et le brun n’a que le temps de dire une phrase.

- Baisse toi !

Armant son fusil, légèrement décalé à gauche, le coup de feu part droit vers la tête du mordeur. La proximité avec le gamin sorti droit des enfers les peinturent tous deux d’un mélange peu appréciable de sang et autres déjections. Le corps s’écrase en arrière et Tariq laisse retomber sa tête sur le sol.

- Bordel, c’est dégueulasse.

Tariq n’a jamais été connu pour sa vulgarité. Mais au vu des quelques tâches maintenant présentes sur eux, il estimait qu’il pouvait se le permettre. Le brun se redressa lorsque MA bouge au passage. S’asseyant finalement, Tariq essuya ses joues et jeta un œil vers la rousse.

- Rien de cassé ? J’ai dû te tirer assez fort.