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Closer than sisters

Sam 8 Jan 2022 - 20:45

Janvier 2022


Allongée sur un matelas de fortune dans une semie conscience coutumière, mes yeux se fixent sur une lézarde du mur de laquelle de multiples ramifications forment un schéma aléatoire qui absorbe le peu de concentration qui me reste. Je suis épuisée. Physiquement et psychiquement. Mon corps est faible, éreinté par des mois d’errance pour retrouver la périphérie d’Olympia. Mes pérégrinations ont laissé bon nombre de cicatrices, sur ma peau, et là, à l’intérieur. Si le minois reste angélique, ce qui se trame à l’intérieur est sale, vicieux, dénué de toute morale humaine. Je suis le tableau d’un Dorian Gray sans la quintessence du luxe associé. Souillée au-delà de toute conviction religieuse à laquelle je me suis autrefois raccrochée.
J’ai froid mais les muscles qui composent cet être décharné n’ont même plus la force de trembler. J’ai faim mais mon cerveau est trop épuisé pour analyser les contractions d’un estomac à l’agonie. Je suis seule….

Depuis combien de temps? Une semaine? Un mois? Six? Combien de saisons écoulées dédiée à une survie qui me semble plus dérisoire à chaque jour qui se succède au dernier?

Dans un effort qui me coûte je me tourne sur le dos, grimaçant un court instant en sentant mes paupières lourdes trahir le sommeil que je tente d’éviter. Les songes sont une chimère trop douloureuses. Succube avide qui torture un esprit déjà trop troublé. “Apple…” que je murmure inlassablement comme si souffler son nom suffisait à la ramener à moi. Mais elle a disparu. Nous avons été séparées. La fatigue tord les souvenirs associés. Je ne sais plus quand, ni comment, mais je me suis retrouvée seule, avec pour seul choix d'avancer. Reculer serait un terme plus approprié. Me revoici là où les péchés m’ont forcé à m’échapper. Dans le quartier même qui a souillé ce qui restait de mon âme.

Je n’ai pas envie de penser à ça. “Hazel…” Un souffle timide et teinté d’incertitudes. Je ne suis revenue que pour deux personnes, sans savoir si celle que j’ai un jour embrassée comme une sœur et serré dans mes bras comme une égale est toujours là. Mon amie a beau m’avoir assuré qu’elle s’en est tirée, rien ne me prouve que la métisse n’a pas rejoint notre Père à tous. Père… est-ce que je crois encore en lui? Ai-je déjà cru à tout ça ou me suis inclinée, comme trop souvent, devant une autorité inconnue?

Je ne pouvais pas retourner à Sanctuary Point, pas après ce qui s’est passé non loin d’ici, dans cette cave sordide. Ils me tueraient, ou pire. Oui, il existe pire que la mort, je le sais maintenant. Alors j’ai tenté un coup de poker, dans le plus vil désespoir qui soit. Un message à son intention à The Store, dans un message caché qu’elle seule comprendra. Pour qu’elle sache que j’en suis l’auteur, suffisamment précis pour qu’elle me trouve, si tenté qu’elle en ait envie.

Pourquoi le voudrait-elle, alors que j’ai bafoué tout ce qu’il y avait de sacré dans notre lien? Quand j’ai trahi tout ce qu’il y avait de plus noble? Une larme coule le long de ma joue crasseuse, y traçant un sillon clair. Il me suffirait de fermer les yeux et de me laisser aller. Là. Le Paradis me fermera ses portes. Il n’y a pas de place là-haut pour une âme damnée comme la mienne. Il n’y en a plus. Mais je prête à l’enfer.

Mon quotidien l’est devenu de toute façon. Oui, juste fermer les yeux et s’abandonner à l’oubli.

“Erin” Une nouvelle larme pour une autre âme qui doit me détester. Pour l’abandon si elle n’a pas été mise au courant de mes agissements. Pour mes péchés si elle sait.

Quelle importance, je suis seule, seule dans ma petite boîte crânienne. Même les voix se sont tues, me trouvant certainement trop pathétique aujourd’hui.
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Re: Closer than sisters

Mar 11 Jan 2022 - 15:25


Je ne pensais jamais recevoir ce message.

J’ai vraiment cru qu’elle ne voulait plus me voir, qu’elle avait trouvé l’occasion de fuir avec quelqu’un à qui elle tenait plus. Quelqu’un pour qui elle avait une sincère amitié et pas quelqu’un comme moi. Je ne lui en veux pas, je comprends même. Après ce que je leur ai fait… Après ce que j’ai conduit Apple à faire…

J’ai beaucoup pensé à elle depuis qu’elle est partie. Depuis qu’elle a été bannie. J’ai sincèrement espéré qu’elle allait bien, qu’elle et Apple avaient su se débrouiller, qu’elles n’avaient pas dû commettre de meurtre pour se nourrir, que ça ne s’est plus jamais reproduit et que j’en étais la seule responsable. De savoir qu’elle est toujours en vie, ça m’a soulagée. Je ne sais pas pourquoi elle veut me voir, j’ai hésité un moment je dois l’avouer. Je manque de courage. Tout ça, c’est de ma faute au fond… Je me demande si Apple sera là. Je pourrai leur offrir mes excuses à nouveau. Les autres, il ne faut pas qu’ils sachent. Je ne pourrai pas le cacher à Julian par contre… mais les autres, non. Ils ont pas besoin de savoir. Ils comprennent pas.

Je me suis excusée auprès de Nora et Tariq et j’ai prétexté aller prendre l’air un petit peu. Les nausées tout ça, maintenant qu’ils savent, c’est crédible comme excuses. Je me suis éclipsée discrètement et me voilà à l’endroit mentionné dans le message de Charlie. J’ai préparé mon sac à dos en conséquence, comme si j’allais arriver les mains vides… J’ai le cœur qui bat à cent à l’heure et l’estomac complètement noué. J’ai peur oui. Pas qu’on s’en prenne physiquement à moi, mais peur d’affronter celle que je considère comme une sœur, mais pour qui j’étais jetable… Ça me fait mal, mais mon amour pour elle est plus fort et me pousse à la voir, à m’assurer qu’elle va bien, qu’elle ne manque de rien.

Je prends donc une grande inspiration et j’ouvre la porte et me faufile à l’intérieur. J’ose pas retirer mon écharpe et mes gants, est-ce que je suis au bon endroit ?

- Charlie ? Que je tente timidement.


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Re: Closer than sisters

Ven 14 Jan 2022 - 19:54

Charlie
En plein état hypnagogique, dans cet entre-deux où se mêlent rêve et réalité, dans cette semi-conscience coutumière, là, je crois entendre mon nom. Les images affluent en nombre pour tenter de démêler les visages qui se superposent, les voix qui s’entrechoquent, les morceaux de vie disloqués qui se percutent et ne trouvent plus sens. Tout se mêle, tout se transforme. Le visage de ma mère biologique qui me hurle avec la voix, pourtant doucereuse, de Joan. Mon premier amant - et le seul - dont les mains autrefois douces deviennent calleuses et laissent des hématomes encore présents sur ma peau. Mes yeux se froncent, mon corps se crispe, rejette ce maelstrom de tout, de trop que je ne peux analyser ou encaisser.

Charlie
Un écho lointain du passé, si proche et pourtant si loin. Un écho synonyme de foyer, de famille, de fraternité. Un écho chaud et apaisant dans le brouillard dans lequel mon esprit tente de se frayer un chemin depuis plusieurs jours ou semaines, j’ai perdu toute notion de temps. Il me faut tout le peu de force qui me reste pour m’extirper des bras tortueux de Morphée, vil traître qui ne m’offre que cauchemars.

Charlie
Une alerte, une alarme et mes yeux s’ouvrent en grand. Une planche a grincé dans l’entrée, précisément là où le plancher commence à s’effriter. Quelqu’un est entré. Quelqu’un a pénétré ce que je pensais être une zone de sûreté. Personne ne sait que je suis ici. Personne. Vraiment? Ai-je laissé des indices? Non. J’ai fait attention. Il n’y a qu’elle mais aucune chance que celle que j’ai appelée autrefois sœur soit venue. Pourquoi? Pour qui?

Dans un effort qui me coûte, j’attrape la lame forgée par la coutelière et trop cher payé pour l’utilité que mon corps en fera vu mon état. Serrant fébrilement le manche dans une main, je me redresse, prenant appui sur le mur le plus proche, me laissant glisser dans le coin de celui-ci. La couverture de fortune qui me couvrait glisse le long de mon corps trop maigre, marqué de bleus et de coupures, de crasse et d’un tas d’autres choses dont je ne veux pas connaître l’origine. Les cheveux emmêlés et attachés rapidement doivent me donner des allures de sauvageonne.

Tendant la lame devant moi avec la main tremblante, je ne crierai pas mais je refuse de quitter ce monde sans avoir lutté une dernière fois. Les pas se rapprochent. J’ai froid. J’ai faim. La bretelle du haut qui couvre le haut de mon corps glisse sur mon épaule et je raffermis la prise sur l’arme. Oui je lutterai, même si c’est perdu d’avance.

Une silhouette, une forme, un visage. Le sien. Hazel….

Le bras qui luttait pour rester droit, l’arme à la main, retombe mollement le long de mon corps et je relâche la pression. Hazel. Seule. Comme je lui avais demandé. Pas de menace. Hazel et son visage angélique, son teint parfait, elle, tout simplement. Je me colle un peu plus dans l’angle du mur, mes jambes commencent à lâcher. “Tu es venue…” que je souffle faiblement dans une voix éraillée qui a trop peu servi ces derniers temps.
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Re: Closer than sisters

Lun 17 Jan 2022 - 15:00


La maison semble vide, outre le craquement du parquet sous mes pas, je n’entends rien. Donc je l’appelle à nouveau.

- Charlie ?

Peut-être que je me suis trompée d’endroit. Je m’en veux, si je ne trouve pas la bonne maison elle va penser que je ne veux pas la voir, sauf que je perçois finalement du mouvement dans le corridor et c’est là que je la vois.

Charlie… Les cheveux ébouriffés, l’air épuisé, amaigris… Mes yeux se remplissent de larmes instantanément. J’ai causé ça… À cause de mes mauvaises décisions. Ça été une réaction en chaine. J’étouffe dans ma culpabilité. Dans ma honte.

- Bien sûr que je suis venue. Que je lui souffle avant de ne plus tenir en place.

Je fais des pas rapides vers elle et je la prends dans mes bras. C’est juste… plus fort que moi. Je pleure silencieusement en la serrant contre moi. Je reste comme ça un petit moment, avant de me dire que je devrais la libérer. Elle avait probablement pas envie de ça. Je m’écarte donc doucement pour lui laisser de l’air, de l’espace.

- Je suis tellement contente de te voir, de te savoir en vie. Je me suis tellement inquiétée, j’ai pensé à elle constamment et bien malgré moi. Même à Apple que je connais bien moins. J’ai de l’eau et de la nourriture, viens t’installer. Avec douceur, je pose une main sur son avant-bras pour l’inviter à me suivre dans ce que j’ai aperçu dans une autre pièce en la cherchant : un petit salon. Je vois bien qu’elle tient à peine debout.

On s’y rend doucement et une fois qu’elle peut s’asseoir sur le canapé, j’ouvre mon sac à dos pour en sortir une grande gourde d’eau et les plats que j’ai apportés. Il y a du lapin, du dindon, des légumes et des fruits. De tout pour qu’elle puisse reprendre des forces. J’ai apporté tellement de choses, j’espérais ne pas en avoir besoin, mais ça été plus fort que moi de prévoir pour le pire. Je m’en serais encore plus voulu de ne pas avoir su l’aider parce que j’avais rien apporté avec moi.


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Re: Closer than sisters

Mer 19 Jan 2022 - 21:27

Elle prône une évidence qui n’a été que doute depuis le moment où j’ai abandonné ce message à son attention à The Store. Elle fait voler en éclat tous les sentiments noirs et glaciaux qui m’ont traversé depuis. Si mon esprit est prompt à me jouer des tours depuis quelques jours déjà, s’il m’offre dans des visions fantasmagoriques tout ce que je désire sans pouvoir l’atteindre ou l’étreindre, je sais qu’elle est là. Même dans mes rêves les plus fous une telle bienveillance ne peut être atteinte. Elle est là. Elle est venue. Mon évidence à moi.
Je sens la pression se relâcher dans les muscles de mon corps, traîtres infernales qui me font souffrir. Tellement que je pourrais m’écrouler ici, contre ce mur, si je ne me sentais pas portée par un sentiment plus puissant encore.

Les bras qui se referment autour de moi font ressurgir, le temps de quelques secondes, le dégoût farouche que l’humain a fait naître dernièrement. Combien de mains calleuses m’ont marquée, m’ont souillée? Quelques secondes, avant que son parfum m’enivre et que je laisse une larme ou deux rouler sur mes joues. Elles tracent des sillons humides et clairs dans la crasse de ma peau. Je me sens honteuse. Je sais que l’odeur que je dois dégagée n’a rien à envier aux charognes croisées et qu’ai davantage l’allure d’une sauvageonne que d’une femme. Mais je décide de m’en moquer car rien ne compte plus que cet instant, là, maintenant. Dans la poussière de ce salon, dans les craquements sinistres de cette demeure depuis trop longtemps abandonnée, dans les crampes de mon corps meurtri et affaibli, dans les chairs abîmées.

Je manque de vaciller quand la liberté m’est rendue mais je tiens bon, laissant en revanche tomber la lame sur le sol. Le bruit sourd me tire de ma torpeur et me laisse traîner tel un automate jusqu’au canapé. Moi qui ne pense d’ordinaire qu’à m’empiffrer ne montre aucun enthousiasme face à la nourriture. Mon estomac est fragile, la bile que j’ai rendue plus tôt dans la journée en est la preuve et je tends la main vers l’eau pour en boire quelques gorgées. Doucement. Je sais qu’il n’est pas bon de forcer après autant de privation sous peine de créer précisément l’effet inverse recherché. Et puis je suis devenue économe maintenant. On ne sait jamais si l’on trouvera de la nourriture demain. Je le sais aujourd’hui. “Merci…” que je lâche honteusement en gardant les yeux rivés sur mes mains autour de la gourde.

J’aurais tant de choses à lui dire mais tout s’entrechoque et se meurt. “Je t’ai cru morte…” que je souffle timidement. Après la cave, après ma fuite, je ne savais pas si elle s’en était sortie. Je ne savais pas. “Je t’ai cru morte…” que je répète en me laissant tomber tête contre ses cuisses comme une enfant en quête d’une reconnaissance maternelle qu’elle n’a jamais connue. Peut-être maternelle, mais certainement fraternelle.

Pardonne-moi.

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Re: Closer than sisters

Mer 19 Jan 2022 - 21:47


J’aimerais tellement que tout le monde oublie ce qui s’est passé cet été, que Charlie puisse revenir à la maison. Ça me fait tellement mal de la voir comme ça. J’ose pas demander où est Apple, puis de toute façon Charlie a toute mon attention. Ça me tort le cœur de l’entendre dire qu’elle a cru que j’étais morte. J’en serais morte d’inquiétude à sa place si les rôles avaient été inversés.

- Je suis là, c’était un accident. Je m’en suis bien remise. J’essaie d’être rassurante et le plus douce possible. Je la vois se recroqueviller sur elle-même et je ne veux pas qu’elle souffre davantage. Qu’elle repense à tout ça en s’en veuille.

Elle a fait au mieux, de son mieux. À mes yeux, elle voulait protéger une amie, si on avait pu les laisser parler, on aurait sans doute mieux compris, j’en suis certaine.

Je passe un bras autour d’elle et je l’attire à moi, posant un baiser sur sa tempe. Je m’en fiche qu’elle soit dans cet état de propreté, je vais pas m’empêcher certainement m’empêcher de lui offrir mon affection.

- Bois un peu ma chérie, ça va te faire du bien. J’ai emporté un peu de tout, comme je savais pas comment… si… Je voulais tout prévoir pour toi. Que j’avoue tout simplement. Je la sens si maigre contre moi, elle a beaucoup perdu de poids et j’ai à nouveau cet élan affreux de culpabilité, de honte. Mange un peu aussi, juste un peu s’il te plait. On fera ta toilette après, tu te sentiras un peu mieux.

J’ai même quelques vêtements et un manteau, en plus du reste. Des hauts chauds, des chaussettes de laine, j’ai même tricoté une nouvelle écharpe la semaine dernière et elle va trouver une propriétaire qui en aura bien plus besoin que les autres à Sanctuary Point.

Je la couve du regard, les yeux humides bien sûr. Il faut que je fasse quelque chose. Je sais pas quoi, mais je peux pas la laisser comme ça. Je peux pas.

- Est-ce que tu t’es blessée ? Est-ce que tu as pris froid ? C’est l’inquiétude qui parle, mon amour pour elle aussi. Les autres me diraient qu’elle a fait son choix, qu’elle m’a abandonné. Je les aie cru jusqu’au moment où j’ai reposé les yeux sur Charlie. Et même si c’était vrai, comment est-=ce que je pourrais lui en vouloir ?


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Re: Closer than sisters

Mer 19 Jan 2022 - 22:37

Un accident….
Je ne sais plus. Tous les souvenirs de cette journée se sont mélangés entre ce que j’aurais aimé et ce qui est arrivé. Trop de rêves, trop d’espoirs morts avant même d’être nés, trop de regrets et de culpabilité. J’aimerais parfois ne jamais avoir noué de liens aussi forts pour ne pas découvrir la multitude de sentiments humains autrefois inconnus. J’aimerais qu’ils ne soient encore qu’un vague concept, une coulure de peinture insignifiante dans une peinture abstraite. Mais ils sont aujourd’hui palpables, assommants, ignobles. Comment vivre en ressentant tout ça? Comment survivre avec un tel poids? Le mépris d’avant s’est presque mué en pitié maintenant que je sais ce qu’ils ressentent tous.

Sa gentillesse me tue de la façon la plus douce qui soit. Sa bienveillance également. Il n’y a aucun reproche, aucune attaque. Hazel, dans toute sa pureté la plus étincelante.
J’acquiesce, j’écoute, je me laisse porter par sa voix, par ses recommandations. C’est un étau duquel je ne veux jamais m’échapper. Si je pensais encore que Dieu existe, je l'associerais à un ange tombé du ciel. Il y a quelque chose de divin dans sa personne et le plus beau est que la métisse n’en a pas conscience.

La viande me fait envie mais je sais que mon estomac ne le supporterait pas. Alors je me contente de rompre un morceau de pain et d’en déchiqueter quelques miettes que je porte à ma bouche. C’est d’un automatisme ordinaire. Je mastique, déglutis difficilement, avale et recommence, le tout sans plaisir aucun, sans enthousiasme. C’est mécanique, parce qu’il le faut et si le goût est agréable, si la texture réveille mes papilles, je ne ressens rien d’autre qu’une légère satiété. Je mange jusqu’à ce que mon ventre dise stop, c’est-à-dire peu mais je crains trop de revoir passer la nourriture dans l’autre sens.

J’acquiesce à nouveau comme un chiot docile. Ma toilette? Depuis combien de temps n’ai-je pas retiré la crasse de ma peau, la poussière de mes cheveux? Effacer ces dernières semaines, effacer les autres. Leur odeur surtout, celle disparue depuis longtemps déjà mais que je perçois encore dans la brume de mon esprit dérangé. “J’ai tout le temps froid” que je murmure doucement, refusant de relever mes yeux sur elle. Quant aux blessures…. “Juste des bleus, des écorchures et quelques plaies superficielles ci et là” que j’énumère. Je ne me suis pas regardée depuis longtemps, n’ayant jamais été très friande du reflet du miroir de toute façon. “Rien de grave…” que je lui assure sur un ton qui manque pourtant cruellement de conviction.

Il y a eu des choses graves, il y a eu des choses inavouables. Il y a eu tant de choses que je voudrais oublier. Que je ne pourrais jamais oublier. Une journée, il aura suffit d’une journée pour me changer à jamais. Une journée d’été dans une cave humide.
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Re: Closer than sisters

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