Re: Duck's stories
Dim 25 Déc 2022 - 19:13
Je le trouve d’une pâleur effrayante mais, au moins, il se laisse conduire dans le lit et semble moins agité ou décidé à me fuir au détriment de son état de santé. Juste le savoir allongé, au chaud et au repas me soulage terriblement. Je me sens m’illuminer quand je croise son sourire alors que je lui ramène la photo. J’avais peur de ne plus jamais le voir et pourtant, il est bel et bien là alors que ses yeux se posent sur moi. La flamme de l’espoir semble se raviver encore un peu plus. Je plonge mes yeux dans les siens a sa question qui me surprend. Ce « nous » est si évident pour moi, si naturel, que devoir l’expliquer me fait tout drôle. Je rosie légèrement et cherche mes mots :
« C’est difficile a expliquer. On est resté soudé durant cette épreuve… même si on a été séparés, on a eu la chance de se retrouver ici et depuis, sans vraiment y penser, on ne se quitte plus. On veille toujours l’un sur l’autre… »
J’ai un sourire tendre en évoquant ce qui fait que les autres nous appellent « les canards ». En fait ce « nous », a mes yeux, est beaucoup que cela. C’est tellement bien fort et tout a été si naturel, on n’a même pas eu le temps de s’en rendre compte avant que nos vies soient liées. Le monde est devenu plus beau le jour ou j’ai commencé a le regarder avec Daemon a mes côtés. Il a été ma lumière même dans les pires ténèbres et a su me donner une force insoupçonnée pour traverser des épreuves qui m’auraient détruite sans lui. Je le vois détailler la photo et j’imagine qu’il cherche désespérément des brides de souvenirs sur ces visages du passé. Rien qu’a la tristesse qui se dépeint sur ses traits, quand je lui parle de sa grande sœur, j’imagine que sa mémoire ne reste pas muette. Je ne détourne pas le regard quand il s’interroge sur le prénom de ma fille.
« Non, ca n’en est pas un. Ana et moi sommes en vie grâce a toi et ton frère, Roman. C’est d’ailleurs lui un des deux parrains. J’avais envie de rendre hommage a une personne qui vous était chère et j’ai entendue tellement de bien de ta part sur ta grande sœur…»
Je me fige en le sentant se reculer comme si je l’avais brulé en effleurant sa main et n’ose plus bouger, craignant d’aggraver les choses. Je reste tétanisée a l’observer, me retenant de fondre en larme de ce mouvement que j’assimile a un rejet violant. J’avais beau me préparer a cela, ce petit intermède ou je suis assise près de lui, sur le lit, a suffit pour la femme amoureuse sous hormones a oublier de garder un bouclier lever. Finalement, il semble se détendre et je revis presque en sentant ses doigts revenir se perdre sous les miens.
Un petit sourire timide se peint sur mes traits a ce contact si doux qui sonne comme une promesse. S’il ne doit jamais retrouver sa mémoire, j’entends tout faire pour qu’il ressente, a niveau, cet amour qui nous a réuni, mais je pense que je ne survivrais pas a être un objet de dégout. Je ferme les yeux une seconde, remerciant muettement l’univers tout entier quand il me permet de rester a ses cotés avant de juste lui murmurer :
« Merci »
Je réouvre les yeux alors que nos prunelles se croisent a nouveau. Instinctivement, ma main rend son étreinte a la seine alors que j’ai envie de juste lui répondre que nous sommes tout l’un pour l’autre. Daemon est devenu tout mon univers et j’ai la conviction que je suis le sien. Sauf que j’ai peur de cette réponse, j’ai peur de sa réaction, j’ai juste peur de le perdre. Je me mordille les lèvres, hésitante, avant de me décider et tirer doucement sa main vers moi.
« J’ai peur de t’effrayer en te répondant… »
Avec précaution, presque de la crainte, je la pose sur mon ventre ou le petit locataire, déjà bien agité par toutes ces émotions, réagit presque instantanément a cette chaleur familière, essayant de se coller sa main a grand renforts de gestes des pieds ou des bras. Je scrute le visage de Daemon sans réussir a eu dire plus tellement j’ai peur d’une nouvelle crise.
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Re: Duck's stories
Mer 11 Jan 2023 - 18:33
Plus rien n’était écrit dans les recoins sinueux de son esprit, tout restait à découvrir. Ou à inventer. L’homme avait beau lutter, il ne pouvait être plus fort que son inconscient. Cette petite voix qui lui avait soufflé que finalement, il pouvait croire cette femme. C’était un murmure, une bien trop courte image d’elle qui provenait de son passé qui avait suffi à lui faire baisser sa garde bien trop montée. Il avait tout à réapprendre et ce n’était sans doute pas un hasard si c’était la brune qui s’était imposée à lui, qui s’était imposée à son esprit. La première image de sa vie passée, sa vie oubliée.
Allongé dans ce lit qu’il ne reconnaissait plus, le brun se laissa légèrement aller, relâcher ses muscles trop tendus. La fatigue physique le frappa mais il ne voulait pas sombrer, pas maintenant alors que son cerveau venait de lui envoyer une infime bribe de souvenir. Il l’ignorait encore mais il n’était pas un homme patient. Il voulait que ce souvenir soit accompagné de tant d’autres. Il voulait se rappeler de tout, maintenant, négligeant son état physique et mental. Son regard fatigué se posa sur les joues de la femme, qui se teintaient d’une curieuse couleur. Avait-elle chaud pour rougir comme cela ? Était-elle fiévreuse, elle aussi ? Ou simplement mal à l’aise ? Il ne saurait dire. Et pourtant, sans pouvoir sans souvenir, l’homme avait fait rougir plus d’une fois la jeune femme. Il l’écouta cependant attentivement, fronçant les sourcils alors qu’il creusait dans sa mémoire absente.
- Alors, on est jamais l’un sans l’autre ? demanda-t-il, innocemment
Cela expliquerait bien des choses, comme ce qu’il faisait ici, dans ce lit, dans cette caravane. Cela expliquerait pourquoi elle s’acharnait à le suivre, à le poursuivre même.
- J’aurais fait la même chose pour toi, tu penses ?
C’était sans doute une question stupide et n’importe qui qui le connaissait aurait pouffer de rire en l’entendant. Ils ne pouvaient pas faire grand-chose l’un sans l’autre et l’amnésique avait plus d’une fois mis sa propre vie en danger pour tenter de sauver la brune. Parce qu’il ne voyait pas de raison de vivre sur cette Terre s’il ne pouvait pas respirer le même air de cette femme. Aussi discret qu’un murmure, elle s’était glissée dans sa vie pour ne plus jamais en sortir. C’était un amour pur et sincère que rien ne personne ne pourrait briser. Pas même cette fièvre, pas même cette amnésie. Les deux survivants étaient liés, pour toujours.
La tristesse qu’il avait ressenti en posant ses yeux sur la photo se transforma en une sorte de vague de nostalgie inexplicable lorsque la femme lui affirma avoir voulu lui rendre hommage en nommant sa fille.
- C’est... gentil et attentionné de ta part, j’imagine... J’aimerai bien pouvoir m’en souvenir, vraiment...
Malgré un mouvement de recul vif, l’homme se laissa finalement au contact de la peau de la jeune femme sur la sienne. Il se laissa également aller à la question qui lui brûlait les lèvres. Qu’étaient-ils l’un pour l’autre, au final ? Il se sentit se raidir brièvement lorsque la femme déplaça sa main avant de finalement totalement se figer en sentant le ventre arrondi sous sa paume. Il eut un sursaut, à peine visible, en sentant le petit être bouger, chercher sa main. Ce fût comme un petit électrochoc. Cette sensation lui paraissait familière et tellement naturelle. À tel point qu’une nouvelle image lui fît tourner les yeux. Il revoyait une sorte de cabane en hauteur, décoré d’oreiller et de couvertures. Il était là, la femme aussi, y était allongée nue. L’image s’estompa, laissant place à un petit écran où le son d’un battement de cœur résonnait à ses oreilles. Sa main serrait celle de la femme.
- Je... C’est mon fils ? lâcha-t-il, alors que jamais elle n’avait évoquée le sexe de l’enfant Quand tu disais que l’on ne se quittait plus, c’est parce qu’on est ensemble ? Enfin... amoureux je veux dire ?dit-il avec un étrange sourire timide
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Re: Duck's stories
Sam 14 Jan 2023 - 9:44
Si je suis soulagée qu’il semble plus apaisé dans ce lit, je reste néanmoins angoissée. Il a l’air terriblement perdu et épuisé sans que je ne sache comment l’aider. Assise a coté de lui, je ne peux qu’attendre patiemment de trouver et essayer de répondre a ses questions, craignant de le voir repartir dans une nouvelle crise vers des dangers qu’il a surement oubliés, comme tout le reste.
« Jamais l’un sans l’autre ». Les joues colorées par évocation de tout ce qui nous a unis, j’hoche la tête presque timidement a sa question. Effectivement, c’est peu de le dire tellement il est devenu mon univers et que nous partageons tout ou presque. Que cela soit la vie de famille, pour le travail, pour les loisirs… entre notre amour pour les enfants, notre passion pour les chantiers ou nos rire et chants partagés, rien n’a de sens a mes yeux sans lui. Depuis qu’il est malade c’est comme si on m’avait amputé d’un morceau de moi-même, que tout l’univers était devenu plus sombre et creux aussi. En fait, je n’imagine pas une seule seconde que le monde pourrait tourner sans lui dedans, le mien du moins. Avec conviction, quand il me demande s’il aurait été la pour moi, lui aussi.
« Je n’en doute pas une seule seconde Daemon. En fait… l’inverse est déjà arrivé et tu as veillé sur moi et Ana le temps que je me remette. »
Alors que nous n’étions un couple que dans mes rêves les plus fous. Avec cette douceur et cette patience tendre qui fait que je serais prête a le suivre jusqu’en enfer, sans rien attendre en retour il avait pris soin de moi et Ana. Je vois son regard se perdre a nouveau sur la photos et cela me serre le cœur. Je sais, même si lui ne s’en souviens pas, a quel point il aimait sa sœur et a été affecté par sa mort. J’imagine qu’être devant cette image sans savoir qui sont ces personnes dessus ne doit pas être simple. Quelque part c’est le mettre en face de ce qui lui manque et aucun de mes mots ne remplacement ce qu’il a vécu ou ressenti pour sa famille. Je pourrais lui raconter toute sa vie que ca ne serait qu’une vague histoire pour lui.
« Sans toi et Roman, Ana et moi serions mortes alors qu’elle était encore dans mon ventre.»
Je suis terrifiée en prenant sa main, surtout en le sentant se raidir et lisant toute l’incompréhension du monde dans ses yeux a ce geste. Je redoute autant un rejet qu’une nouvelle crise, car je ne suis pas sûre d’être en état de gérer l’un comme l’autre. Du regard je le supplie de me faire confiance avant de poser sa main sur ce ventre ou grandit notre enfant. De la même façon que je sens le bébé chercher la chaleur de son contact je sens Daemon avoir un infirme sursaute. Surprise ? Dégout ? Il ne peut pas imaginer le supplice que je ressens et a quel point je m’en veux de lui faire vivre cela. Lui dire qu’il va être père dans quelques semaines d’une parfaite inconnue….
Je revire quand je sens sa main serrer la main et, avec la ferveur d’une noyée a qui on lance une bouée, je lui rends cette brève étreinte de mes doigts, les prunelles luisantes d’espoir plongé dans les siennes. Un sourire nait sur mes livres a sa question qui prouve, une nouvelle fois, que sa mémoire n’est pas forcement loin.
« Tu te souviens que nous attendons un garçon… »
Je me mordille la lèvre avant de répondre, avec une fébrilité qui trahi bien mon appréhension. Puis j’opine du chef, caressant son alliance.
« Oui. On est amoureux… du moins… je le suis et toi… tu es avec une étrangère enceinte que tu ne connais plus… je … je ne sais pas ce que tu dois ressentir et je ne sais pas, non plus ou est ma place… je ne veux pas que te sente obligé et en même temps… j’ai horriblement peur que … enfin… »
Que tu ne m’aimes plus, que je t’ai perdu a tout jamais, que tu ne revois pas en moi ce qui t’avait plus, qu’on ne chante plus jamais dirty dancing qu’on ne danse plus a chaque fois que l’on entend de la musique, que l’on ne soit plus complice sur les chantiers ou que l’on ne s’endorme plus l’un contre l’autre chaque nuit de nos vies. Les larmes me piquent les yeux et même si j’essaye de sourire, le résultat ne doit qu’exprimer un peu plus de détresse tellement je sens mes lèvres trembler et que je fuis son regard.
« Je ne veux pas que tu te sentes forcée ou quoique ce soit Daemon, je t’aime trop pour ça… je refuse de te voir malheureux avec moi et en même temps je suis terrifiée tu n’as pas idée.»
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Re: Duck's stories
Mer 25 Jan 2023 - 17:46
Si elle disait vrai, l’homme ne pouvait oser imaginer ce qu’elle devait ressentir à cet instant précis. C’était étrange, horrible même de n’avoir aucun souvenir auquel s’accrocher. C’était affreux d’avoir de très rapides bribes de mémoire oubliée sans savoir si celles-ci étaient réelles ou non. Mais cela devait être indescriptible de se souvenir de tout face à un homme amnésique. Pour la première fois depuis son réveil, le trentenaire tentait de se mettre à la place de la jeune femme. S’il l’ignorait encore, c’était son côté bienveillant et emphatique qui se réveillait doucement. Le penchant de sa personnalité qui le poussait toujours à mettre de côté ses propres problèmes, ses propres maux pour se focaliser sur ceux des autres.
Que devait-elle ressentir alors ? De l’impuissance, sûrement. Et une terrible triste, à en juger par la lueur qui dansait dans ses yeux clairs. Et lui, il s’interrogeait silencieusement. À mesure qu’elle lui apportait des réponses, il se demandait s’il ne devait pas faire semblant. S’il ne devait pas prétendre de se rappeler, de se remémorer son passé inconnu simplement pour la réconforter. Mais quelle drôle d’idée de vouloir apaiser une inconnue ? Une fois de plus, même s’il ne s’en souvenait plus, c’était son amour pour la brune qui parlait. Aucune maladie, aucun drame ne pourrait l’empêcher de vouloir cicatriser les plaies même invisibles de la femme. Bien-sûr, cette idée ne pourrait fonctionner mais elle lui avait traversé l’esprit, quelques minutes durant.
- Comment j’ai fait alors, pour t’aider ? Pour vous aider ? Ça... ça ne pourrait pas fonctionner sur moi ? demanda-t-il, incrédule
Loin de se souvenir que ce n’était pas une amnésie qui avait frappé la jeune femme mais plus des hallucinations et une terrible fièvre. Et malgré tout, malgré les sursauts de son corps face au trou béant de sa mémoire, quelque chose d’invisible et pourtant puissant le poussait à ne pas reculer ; à ne plus reculer. Il n’avait plus à réfléchir que les automatismes revenaient, sans qu’il ne comprenne pourquoi. Sa main serra celle de la jeune femme alors que la seconde était agréablement surprise de sentir la vie sous le ventre arrondi.
- C’est bizarre je... J’sais pas pourquoi j’ai parlé d’un garçon c’est... c’est flippant mais ça m’est venu comme ça alors que... j’m’en souviens pas enfin, pas directement c’est...
C’était aussi terrifiant qu’encourageant, en somme. Mais l’homme n’arrivait pas à poser les mots justes ni à expliquer correctement ce qui se passait en lui. Il avait parlé de son fils sans réfléchir, comme si Daemon essayait de percer le voile trop épais de l’homme amnésique. Et il ne faisait aucun doute que le Daemon en lui était très probablement en train d’hurler, de l’insulter d’idiot, de le supplier de prendre la femme dans ses bras et de la consoler, de la rassurer. Il était très probablement en train de s’égosiller, d’hurler à sa Alex qu’il était là, pas loin. Juste à côté. Mais aucun son ne sortait. À la place, l’homme se mura dans un bref silence, écoutant avec attention les réponses de la jeune femme. De son amoureuse, à en croire ses dires.
Son regard bleuté se planta avec une certaine douceur dans les yeux plus qu’humides de la brune. Une sensation étrange lui serra le cœur et, cette fois-ci, c’était à lui de se sentir impuissant face à cette détresse. Que pouvait-il faire ? Que pouvait-il dire ? Après tout, il ne se souvenait plus d’elle et, par conséquent, il ne se souvenait plus des mots qui avaient pu apaiser ses maux à maintes reprises.
- Je... souffla-t-il
Il tenta de se redresser légèrement mais son corps lui somma d’arrêter tant il était engourdi. Il prit alors une longue respiration, se nourrissant secrètement de la chaleur de la main de la brune dans la sienne.
- Je suis désolé de t’infliger ça. Je... Je peux pas te promettre que tu retrouveras celui que tu aimes ni que j’arriverai à te rendre cet amour qui a l’air si fort si je ne me souviens de rien... Mais... Mais je te promets que je vais essayer. Pour que tu ne sois plus terrifiée et que tu ne pleures plus. Chaque seconde, chaque jour, je vais essayer. De redevenir cet homme que tu décris. De redevenir Daemon.
Il ne le savait pas mais ses paroles feraient sans doute plus écho à la jeune femme. Elle le connaissait mieux que quiconque, mieux que lui-même à cet instant d’ailleurs. Il était un acharné, il vivait pour le bien-être et le bonheur de la brune. Alors, ses paroles n’étaient pas vaines.
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Re: Duck's stories
Dim 29 Jan 2023 - 11:38
A sa question, j’ai un sourire à la fois lumineux et nostalgique qui vient se peindre sur mon visage en repensant a cet été, ou Daemon avait été là pour moi et Ana. Même si la fièvre ne me laisse que des brides de souvenirs clairsemés, a chaque fois que j’ouvrais les yeux, il était là, a chaque fois que j’avais peur, je sentais sa main dans la mienne, à chaque fois qu’Ana pleurait, il la prenait dans ses bras…
« Tu as été présent, avec toute la douceur et la patience que j’avais besoin. Tu m’as aidé avec Ana quand je n’avais même plus la force de me lever. »
Je sens sa main sur la mienne qui serre un peu plus, pas douloureusement, bien au contraire. C’est un peu comme si mon époux, perdu dans les brumes de l’amnésie essayait de me rappeler qu’il était toujours là, pas loin. Je ne suis pas pressée de rompre ce contact ni de retirer sa main de mon ventre ou David réagis comme si, pour lui aussi, les caresses de son père après tant de crainte étaient une délivrance.
« Je crois… je crois que tu t’en souviens… inconsciemment du moins. »
Les révélations que je lui fais me coutent. Il y a tellement de peur et d’amour qui s’emmêlent que c’est difficile de poser des mots sur ce que je ressens. C’est un amer constat que de dire a haute voix que je ne suis plus rien a ses yeux, juste une inconnue enceinte qui n’est plus rien pour lui. Une femme qui s’impose a lui en lui annonçant être son épouse et porter son enfant. Je sursaute en le voyant se redresser et l’aide a se recaller dans son oreiller avec une prévenance inquiète spontanée. J’ai peur qu’il ne reparte dehors, courir sans sa mémoire vers des danger qu’il n’imagine même pas. Je me rassure en sentant ses doigts toujours mêlés aux miens et en croisant son regard qui exprime bien d’autre chose que cette froideur dont il m’a couverte depuis son réveil.
Je sens mes yeux piquer encore plus a mesure qu’il parle et je suis presque incapable de parler tellement je suis saisie par un flot d’émotions, surtout a cette promesse qui fait écho a tellement de choses sans qu’il ne s’en rende compte. Tremblante je porte sa main, sans la lâcher, a mes lèvres et l’embrasse faute de pouvoir sauter dans ses bras pour l’enlacer lui et poser mes lèvres sur les siennes avant autant d’amour que de reconnaissance. Je mets un certain temps a pouvoir reprendre la parole alors que je pose ma joue contre sa main.
« Tu n’as pas besoin de redevenir cet homme Daemon. Tu n’as jamais cessé de l’être et… et je ne veux pas que tu te forces. Même si ça m’en coute de rire ca, je ne veux pas te voir malheureux avec moi, je ne le supporterais pas. Tant que tu me laisses une petite place dans ta vie et que tu aimes nos enfants, c’est moi qui te promets de ne pas en demander plus. »
Je n’ose pas lui demander si je peux dormir a ses côtés, ne voulant pas lui imposer plus ma proximité et sort un lit de camps pour m’installer a coté de notre lit. Rester loin de lui est un terrible supplice mais par respect et amour pour celui qui accepte, sans savoir qui je suis, de rester a mes cotés malgré tout, je sais que je suis prête a tout endurer ;
Les jours passent doucement. Les nuits sont affreusement compliquées entre l’inconfort du lit de camp avec mon ventre, David qui remue beaucoup et la distance avec Daemon qui me rongent, mais j’essaye de ne rien montrer a ce malaise. Les autres font tous pour me laisser le plus de temps possible de libre avec Daemon et ne pas trop l’envahir. Mon époux reprend des forces a vue d’œil : ca et etre avec lui suffit a mon bonheur.===============
Comme je lui avais promis, je ne force rien, prenant le temps de partager avec lui toutes ces petites choses qu’il aimait tant : Jeux, chansons, temps avec les enfants, bricolages, pommades avec Winter et petits plats qu’il adorait, discutions interminable. C’est assez cruel, parfois, d’oublier que les choses ne sont plus comme avant et de m’interdire ces contacts qui me manquent temps. Pour autant, c’est bien lui, je le vois a chaque instant, que cela soit dans ses rires, ses mots, avec les enfants, winter ou moi, instinctivement, ses gestes sont ceux qu’il a toujours eux avec nous. Il m’aide a tout, même au pliage de slips des autres et a bon appétit. J’ai même réussi a nous faire une séance privée de Dirty Dancing dans la caravane.
Aujourd’hui est un jour pas comme les autres. Sous le beau soleil d’été on a pris la route pour passer une journée que j’espère agréable. C’est la première fois qu’il quitte le camp depuis sa maladie et traverse les rues désolées pleine de morts errants pour aller vers un lieu que j’espère assez spécial pour stimuler ses souvenirs. J’ai mis l’autoradio et chantonne sur les chansons de Dirty Dancing comme nous le faisions avant, espérant que cela soit suffisant pour compenser la laideur du monde autour de nous. Nous avons laissé les enfants et seul Winter est du voyage. Le panier de pinique, change si besoin, moelleux tapis, armes et même un jeu de cartes… tout y est pour que nous passions une bonne journée.
A peine on passe les grilles du jardin japonais que je me détends et rayonne en redécouvrant cet endroit qui a tant compté a mes yeux. C’est joyeusement que je lui souffle :
« On arrive… »
Winter trépigne, c’est la première fois qu’il vient ici mais il a déjà repéré le lac naturel qui miroite sous les rayons de soleil de cette fin de matinée à côté de la pagode ou notre fils a été fait. Tout est aussi beau que dans mes souvenirs et ça me fait quelque chose de revenir ici. L’herbe a poussé, il reste quelques traces de notre passage, mais y être sans voir nos caravanes, les balançoires des enfants… c’est très étrange. A peine je me gare et ouvre la portière que Winter manque de me faire tomber pour sauter en dehors et gambader partout, trépignant devant le lac. Lui qui aime tant l’eau. J’avoue que moi aussi j’au très envie d’aller me baigner. Je ris en voyant son enthousiasme et posent mes yeux vers Daemon :
« Ca te plait ici ? Tu préfères commencer par la visite, la baignade ou… j’ai pris un jeu de cartes et je te montre pourquoi c’est moi la meilleure. »
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Re: Duck's stories
Mar 21 Fév 2023 - 14:08
Les jours défilaient, certains à vive allure, certains d’une lenteur atroce. Combien, il ne saurait dire. L’homme passait la plupart de son temps dans cette caravane qui semblait parfois rétrécir, qui semblait parfois à la taille parfaite. Tantôt, il y voyait sa maison. Tantôt, il y voyait sa prison de laquelle il aimerait s’échapper. Personne ne le retenait ici, pas même cette brune à qui il apprenait à faire confiance. Mais il était en réalité prisonnier de son propre corps qui subissait encore les dernières traces laissées ici par la maladie. Son esprit aussi, l’emprisonnait. La route de ses souvenirs était encore tortueuse, semée d’embuches.
La seule chose dont il avait fini par se persuader fût qu’il était bel et bien Daemon. Et que la jeune femme était belle et bien Alex. La confiance instable qui lui portait au début grandissait de jour en jour. Elle était là, constamment. Dès qu’il en avait besoin, dès qu’il avait une interrogation, dès qu’il avait une sorte de souvenir. Dès qu’il voulait savoir si c’était réel ou inventé. Elle était là, elle ne l’avait pas lâché, comme elle le lui avait promis. Bien-sûr, cela lui semblait parfois étrange. Parfois, sans pouvoir se l’expliquer, l’envie de s’approcher d’elle était tellement forte qu’il y cédait. Il se retrouvait à rire, à chantonner, à jouer avec les enfants et Winter. Tout cela lui semblait être comme des automatismes. Jusqu’à ce que son cerveau ne lui rappelle que non, ce n’était peut-être pas si naturel que ça. Qui était-il réellement ? Devait-il se laisser guider, se laisser porter par son instinct comme il le faisait dans ces moments d’insouciance ? Le temps l’aiderait, sûrement.
Ce matin, d’ailleurs, Alex semblait être décidée à passer l’étape supérieur. Un brin interloqué, Daemon fronça d’abord les sourcils avant d’acquiescer. Il s’en remettait totalement, aveuglement à elle. Irrévocablement. Et si elle estimait qu’il était prêt à sortir, alors il sortirait.
- Tu... T’es sûr que j’arriverai à nous défendre si... s’il nous arrive quelque chose dehors? demanda-t-il, inquiet
Le brun était nerveux alors qu’il attacha sa ceinture. C’était, pour lui, la première fois qu’il allait voir ce qui se passait par-delà les remparts. Les autres lui avaient raconté ce qui se passait à l’extérieur. Ils lui avaient conté, en long, en large et en travers ce qu’ils appelaient “l’Apocalypse”; ce qu’il avait oublié. Alors, sa cuisse battait un rythme inaudible pour les autres. Son pied martelait le sol du véhicule alors que son regard se posait ci et là. Sur les corps décharnés qui déambulaient dans un décor sinistre. Sur les carcasses de voitures qui avaient été balayés par d’autres. Une boule se formait dans son estomac, dans sa gorge. Il revivait ce drame par où étaient passés chaque survivant encore sur Terre. Il ferma les yeux, quelques secondes durant.
- Je crois que c’est ma préférée, celle-là finit-il par dire, un mince sourire aux lèvres alors que les premières notes d’Hungry eyes résonnaient à l’intérieur de l’habitacle
Puis, à nouveau, ses yeux se fermèrent. Il ne voulait plus voir ces atrocités. Plus pour l’instant. Ce ne fût que lorsqu’Alex affirma qu’ils étaient arrivés qu’il s’autorisa à ouvrir ses paupières. Il fallut à Daemon quelques secondes avant que ses yeux ne s’habituent à la luminosité. Tout était, un bref instant, flou. Et plus sa vue se stabilisait, plus un sentiment étrange s’emparait de lui. Winter, bien peu inquiet de l’état de son maître, lui offrit une léchouille avant de sauter hors du véhicule.
Le regard clair du maçon s’écarquilla à mesure que ses yeux balayaient le paysage. Il entendait la voix d’Alex mais ne put répondre. Sans un mot, presque lentement, il se détacha et ouvrit sa portière. Il s’extirpa avec douceur de la voiture et inspira longuement. Il fît quelques pas, lents, dans l’herbe fraîche et toujours sans piper mot. Jusqu’à ce que son pas ne s’accélère. Et à mesure qu’il avançait, qu’il courait presque même, un large sourire venait illuminer son visage. Winter venait de le rejoindre et trottinait à ses côtés, persuadé que son maître voulait jouer.
- C’est ici ! s’exclama-t-il
Il se retourna, faisant de grands signes.
- C’est ici que tu as failli te noyer ! J’ai sauté à l’eau pour te rattraper !!
Il s’élança alors vers Alex, attrapa sa main avec enthousiasme
- J’étais... J’étais énervé contre toi, c’est ça ? Mais on s’est retrouvé ici !
Un éclat de rire quitta sa gorge alors qu’il se mit à tourner sur lui-même, à la recherche d’autres souvenirs qui lui revenaient brusquement. Son regard se stoppa alors net sur la pagode et, inconsciemment, sa main vint se poser sur le ventre arrondi.
- C’est... ici ?
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Re: Duck's stories
Mar 21 Fév 2023 - 23:30
Je pose rapidement ma main sur la sienne avant de la remettre sur le levier de vitesse. Un geste rapide qui se veut rassurant.
« On a toujours été une bonne équipe pour se défendre sans compter que nous allons vers un endroit qui ne doit pas être très exposé. Mais s’il y a un souci, on va surtout opter pour la suite sans panache. »
La route semble l’éprouver. Il faut dire que le temps, les morts et les dangers ont bien marqué les ruines que nous traversons. Avec ou sans souvenir de ce que c’était avant, cela reste un paysage désolé ou la végétation peine encre a cacher les marque de cette ancienne vie brisée par une fin du monde. J’arrive a ne me concentrer que sur la route et mon passage, ne pouvant retenir un rire complice quand il me dit penser que Hungry Eyes est sa chanson préféré :
« Je te confirme : c’est notre chanson préférée. D’ailleurs, c’est quand tu me la chantée que j’ai compris a quel point tu étais l’homme de vie. »
J’ai beaucoup de plaisir a revenir dans le jardin japonais qui a toujours été un endroit apaisant, plein de souvenirs heureux. Il reste quelques signes légers de notre passage, des restes d’installation que nous n’avons pas pu retirer, la cabane des enfants dans les arbres, les tranchées des palissades que l’on voit de moins en moins dans les herbes hautes. En fait, je crois avoir laissé un petit morceau de moi ici tant chaque recoin ou je pose les yeux est associé à un passé plein de bonheurs et de promesses.
Mais ce n’est pas le paysage que je scrute, c’est mon époux qui semble, réagir au lieu. Je reste pleine d’espoir a l’observer, craignant une déception alors que je peine a le suivre. Je m’illumine, pas loin des larmes quand il m’indique le ponton ou j’avais simulé une noyade. Je ne peux que secouer la tête positivement tellement l’émotion me serre la gorge. Je ne le quitte pas des yeux alors qu’il revient vers moi me prendre la main. Lui est noyé dans ce tourbillon d’enthousiasme, moi dans la folle idée qu’il se souvienne…
Ses doigts se posent sur le tissus de mon haut sous lequel mon ventre ne peut plus être caché depuis des mois pour poser une question qui me donne un frisson. Je me contente de poser ma main sur la sienne, puis, en douceur, de l’attirer vers moi avant de me hisser sur la pointe des pieds. Avec un peu de timidité, craignant de me faire repousser, je pose mes lèvres sur les siennes doucement. Les retrouver a un gout de merveilleux. Je reste les yeux fermés, mon visage près du sien pour lui murmurer :
« Oui…c’est ici que nous avons fait notre fils… »
Et c’est ici que nous avons pris le temps de nous retrouver, de nous parler franchement, de nous aimer, d’abord en cachette, puis au grand jour. Ce n’est peut-être pas ici que tout a commencé, mais c’est ici que nous avons enfin pu être ensemble sans avoir peur de nous faire battre ou tuer. J’ouvre doucement mes paupières pour plongé mes yeux dans les siens, guettant avec appréhension sa réaction.======================11 juillet 2022
Callée contre des oreillers, je reprends doucement mon souffle. Je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est, mais la nuit est tombée depuis longtemps. J’ai les cheveux et la chemise fine que j’avais mise collés contre ma peau par la sueur. Je me sens épuisée par ces dernières heures ou les efforts se sont mêlées a la douleur dans une étrange sérénité, pour autant, il n’y a pas de mot pour traduire le bonheur que je ressens. J’aimerais fixer cet instant à jamais dans mon cœur.
C’est avec un calme olympien que j’avais accueilli la perte des eaux alors que nous mettions les points sur les « i » avec Connor. Le sportif l’a été un peu moins que moi en courant chercher Daemon alors que je prenais le temps d’installer des couvertures et draps sur le lit pour aménager un cocon parfait pour accueillir le bébé. Lui aussi a senti qu’il se passait quelque chose et je le devine partager avec moi cette petite pointe d’appréhension mêlée d’impatience.
Impossible de ne pas repenser a la naissance d’Ana alors que je sors les outils et le linges nécessaires entre deux contractions. Elles sont de plus en plus rapprochées. Autant j’étais à la fois terrifiée et paniquée pour la naissance d’Ana, autant, cette fois, tout est si diffèrent. Je vais le faire au calme, dans un lieu rassurant, avec l’homme que j’aime à mes côtés.
Nous avions pas mal parlé Daemon et moi de comment je voulais accoucher. Je sais qu’il a eu du mal a comprendre mon souhait de ne vivre cela qu’avec lui, mais il a respecté ce désir presque animal que nous partagions cela tous les deux, pardon, tous les trois. Impossible de ne pas sourire malgré le combat a venir lorsque j’anticipais sa fin.
Daemon est arrivé du chantier, peu après le départ de Connor, il m’a trouvée a genoux au pied du lit, soufflant pour faire passer une contraction plus aigüe que les autres. J’ai quand même réussi a lui sourire et lui dire :
« Je veux bien un peu d’aide… pour prendre une douche… et … … mettre cette chemise. Tu veux bien ? »
. La suite, je l’ai presque déjà oubliée, du moins, toutes ces souffrances qui m’ont arraché des gémissements, m’ont fait serrer la main de Daemon comme si ma vie en dépendait ou m’ont fait serrer les dents pour réprimer des cris de douleurs. Non, tout ce qui reste, là, maintenant, de ce combat, c’est la présence réconfortante de mon époux. Son aide pour trouver les positions qui aident pour gérer la souffrance, ses encouragements quand le travail a vraiment commencé et, surtout ce moment précis où je le vois, pour la première fois avec notre fils dans les bras. Mon regard tendre se pose sur les deux hommes de ma vie qui se découvrent mutuellement. Le premier cri de notre fils passé, il semble se rassurer auprès de celui qui a bercé nos nuits a tous les deux par sa voix, son odeur, sa douceur. Le bébé dévisage son papa de ses yeux lagons avec une curiosité intense. Je n’ose rien dire de peur de troubler ce moment, alors que j’ai gardé notre fils pour moi toute seule presque 9 mois, je trouve cela presque naturel de laisser a Daemon le temps de le découvrir.
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