Le silence est dérangeant, tout comme le regard de Rick qu'elle sent posé sur elle et qui semble prendre son temps pour assimiler les raisons de sa fuite. Elle s'attend à ce qu'il se mette à rire, ou même à un simple "ok" avant de la raccompagner gentiment à la porte. Mais à la place, c'est des excuses que la fermière reçoit, ce qui lui fait aussitôt lever la tête vers son vis à vis, l'air surprise. Oh non ne t'excuse pas, tu ne savais pas !Fait-elle en agitant ses mains de gauche à droite devant elle. Elle a un sourire, plus détendue cette fois. Tu ne pouvais pas savoir. C'est juste.. Le malaise étire à nouveau les traits de son visage marqué par des horreurs passées. .. enfin, on ne se connait pas assez. C'est la seule excuse qu'elle trouve, accompagnée par un fort rougissement de ses joues.

Mais tout ça se retrouve bien vite balayé par une nouvelle question de la part de Rick, qui ne semble pas vraiment satisfait d'être dans l'incompréhension. Son sourire s'efface aussitôt, son regard se baisse à nouveau pour s'assombrir face à des souvenirs douloureux et pour la plupart brouillés. Par réflexe, Lily fait glisser ses mains sur ses bras, comme si ce simple geste suffirait à rendre ses marques invisibles. Je n'ai pas envie d'en parler. Se contente de souffler la fermière, un peu amère, une réponse qui n'est pas clairement un oui, mais où tout y fait penser. Elle reprend, au bout d'un long silence : Bien, je.. je voulais juste me faire pardonner.. pour mon comportement. Lily se détourne pour rejoindre la porte d'entrée, qu'elle ouvre s'en attendre. Encore désolé, et merci quand même pour le thé.

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Il s'en est passé du temps, encore. A son retour, elle s'en est voulu, la petite fermière, de la façon dont elle avait répondue à Rick. Il ne semblait pas penser à mal, voulait juste comprendre, peut-être ? Mais si elle était présente à Sanctuary, outre le fait de faire son boulot, c'était aussi pour oublier un peu tout ça. Et c'est revenu. Les flashs, les cauchemars. Comme un tsunami dévastateur. Elle revoit encore ce masque, cet inconnu qui a bousillé son corps à vie. Elle entend les rires des oblivions, les chiens, sans avoir de souvenirs visuels. Elle a du mal à dormir, se réveille en hurlant, rassure ses hôtes. Et finalement elle devra ouvrir une bouteille qu'elle avait embarqué dans ses affaires, persuadée de ne pas en avoir besoin.

Après son le boulot qu'elle doit fournir le matin, Lily s'est empressée de rejoindre la maison d'Hazel et Julian. Ses paupières étaient lourdes, le manque de sommeil est pesant. Mais elle n'y va pas pour dormir, à la place, la fermière récupère ses affaire pour prendre la direction du bois voisin et faire un petit tour de santé, dans l'espoir de tenir jusqu'au soir et de faire une bonne nuit. Plaid sous le bras, la blonde finit par s'installer dans un coin pour dessiner un peu, sans se rendre compte qu'elle piquait du nez.

Le temps était plutôt doux pour un mois de mai qui annonçait un été violent, tant au niveau des températures que des orages d'été. Autant en profiter, surtout avec le bois imposant qui entourait Sanctuary Point, et qui offrait de l'ombre à foison. C'est sous les branches d'un arbre bien fourni que la blonde s'est finalement installée, accompagnée de ses outils pour dessiner, mais aussi de quelques fruits dans lesquels croquer. Mais à peine trace-t-elle quelques traits sur une feuilles blanches vieillie, que sa tête et ses paupières se font lourdes.

Déposant son dos contre le tronc, elle ferme les yeux, bien trop faible pour lutter contre la fatigue qui l'envahie à vive allure, et se laisse bercer par le sifflement d'une petite brise légère. C'est finalement la voix de Rick qui l'oblige à se redresser brusquement, main sur le pommeau de sa machette toujours à portée. Ce n'était que lui. Un long soupire soulagée passe la barrière de ses lèvres, une main sur son coeur. Tu m'as tellement fait peur. Qu'est-ce qui lui prend de s'approcher comme ça ? Comme un animal sauvage traquant sa proie ?

Elle le suit du regard, les yeux plissée, un peu déboussolée par le ton qu'il venait d'employer mais aussi pas son comportement. Qu'est-ce qu'il y a ? Demande-t-elle alors de but en blanc, trop fatiguée pour autour du pot. Il semble préoccuper, voir même en colère. Ca l'inquiète, même, de le voir dans un tel état. Alors la fermière n'hésite pas et quitte sa place, non sans un vertige, pour rejoindre l'informaticien qui lui tourne le dos. Eh, t'as pas l'air bien, t'es sur que ça va ? Questionne Lily, sur un ton plus doux et inquiet, déposant une main sur son omoplate gauche.