Au fur et à mesure que l'homme se rapproche, ses yeux s'arrondissent, jusqu'à ce qu'il vienne s'accroupir derrière elle pour saisir sa main et l'aider avec les clous récalcitrant. Par un réflexe de survie, son corps se raidit, et la blonde se retrouve à ne plus faire le moindre mouvement ; même si c'est sa main qui tenait la pince, c'est surtout celle de Rick qui fait tout le boulot. C'était comme ça, depuis de nombreux mois. Pour supporter une proximité, c'est surtout à elle de faire les premiers pas, et non l'inverse. Alors elle ne bouge plus, n'entends qu'à moitié les mots de Rick, bien plus concentré sur le souffle qui passe sur son épaule et son coeur qui tambourine dans sa poitrine. Elle ne saurait dire si elle se sent bien, ou plutôt étouffée. Mais elle lui adresse cependant un doux sourire un peu gênée lorsqu'il avoue qu'elle se débrouillait bien.

Elle accueille d'ailleurs avec grand plaisir le silence qui s'installe ensuite, lorsque Rick prends ses distances pour se poser dans l'herbe à côté de la planche. Elle ne dit rien, n'ose pas vraiment le regarder, et se contente d'enlever les derniers clous. C'est d'ailleurs lorsque la blonde fait le dernier effort que Rick brise ce moment de paix pour lui souffle quelques mots, simples, normal, mais qui résonnent étrangement aux oreilles de la fermière. Elle se relève d'un bon, dépose les outils à ses pieds. Voilà, bon, euh, c'est terminé. Elle bafouille, récupère rapidement ses affaires. Je dois.. je dois y aller, j'avais oublié que je devais.. euh.. oui, aider Hazel ! Je dois aider Hazel ! Elle fait un pas vers Rick, se ravise, puis en fait un autre avant de se raviser une seconde fois. Bonne, bonne chance ! Et elle s'éclipse rapidement vers la maison du futur couple marié.

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Une semaine est passée. Peut-être même deux ? La blonde n'avait plus la notion du temps tellement elle se sentait bien ici. Elle ne comptait pas les jours comme à the haven. Mais quelque chose la tracasse évidemment : la façon dont elle a précipitamment quitté Rick la dernière fois. Elle ne l'a plus recroisé, et n'avait rien fait aussi de son côté pour le revoir. La fermière se sentait bien trop mal à l'aise, de par son geste mais aussi le comportement de l'homme en question.

Avec l'aide d'Hazel, et après lui avoir expliqué brièvement le problème, elle avait cuisiné quatre petits muffins. Le plus dur a été d'empêcher Julian de les manger ! Mais une fois prêt, le soir après le repas, elle s'est empressé de rejoindre la maison d'Eden. Une fois devant la porte, elle se fige : est-ce qu'elle doit vraiment frapper ?

Main levée, la blonde s'apprête a cogner contre cette porte d'entrée en bois qui lui face, mais se ravise vite lorsqu'elle perçoit du bruit. Et pas un qu'elle s'attendait à entendre. Tendant l'oreille pour nourrir son côté curieux, elle réussit à distinguer des éclats de voix masculine, mais aussi le rire d'une enfant. Elle se souvient bien que deux enfants habitaient aussi dans cette maison ; ceux d'éden si ses souvenirs sont bons.

Très vite, la fameuse petite fille ouvrir la porte, prête à s'enfuir, et Lily ne peut retenir un sursaut de peur, manquant de faire tomber ses pâtisserie. Est-ce que c'était l'enfant de Rick aussi ? Elle est si belle.. Cette vision lui arrache un souvenir douloureux, tandis qu'elle n'ose toujours pas bouger. Jusqu'à ce que Rick apparaisse à son tour. La fermière l'écoute, tente d'articuler un mot sans vraiment réussir, jusqu'à franchir l'encadrement de la porte sans trop s'avancer. Non, enfin, je viens pas voir Eden.. Elle ne la connaissait pas si bien que ça, en plus. Je.. Enfin, je suis désolé de vous déranger. Je venais juste t'apporter des gâteaux.. Pour me faire pardonner d'avoir disparue. Autant allez droit au but.

Puis son regard se fait plus doux, alors qu'il dérive sur le visage de la fameuse Poppy. Elle a un frêle sourire attendri. Mais je pense que c'est plutôt cette grande dame qui va les manger, je me trompe ? Lily finit par se racler la gorge pour reprendre un peu de son sérieux, faisant deux pas pour déposer le plateau sur la table la plus proche, avant de retourner vers la porte. Je m'excuse de.. de passer si tard, je peux repasser demain.

Le comportement de Rick vis à vis de la petite tête blonde derrière ses jambes était perturbant aux yeux de la fermière, qui ne savait plus quoi penser de tout ça. Il lui semblait avoir entendu, par le bouche à oreille mais aussi par Hazel, que cette maison abritait une mère, ses deux enfants, et un homme - sans plus de détail. Pourtant, la fameuse personne de sexe masculin devant elle, avant pile le comportement d'un père envers son enfant. Aussi, un profond malaise envahi la fermière, qui ne se sentait pas vraiment à sa place. Sans se douter du pourquoi.

Un malaise qui se transforme ensuite en une pointe d'inquiétude face à l'ordre de Rick, n'osant plus vraiment bouger d'un millimètre. Elle le laisse récupérer le plateau sans un mot, examinant ses faits en gestes. Est-ce qu'elle voulait quelque chose à boire ? La fermière se contente de hocher la tête négativement avec lenteur, même si sa bouche était horriblement pâteuse face à cette situation. Elle avale difficilement sa salive. Pourtant, malgré son refus, son hôte n'hésite pas à récupérer deux tasses, sûrement sans avoir vue sa réponse. Je.. non.. enfin, oui ?

Elle bafouille, rejoignant difficilement le comptoir où se trouvait Rick, triturant la peau de ses ongles face à l'angoisse. D'être jugée ? Sans doute. Je.. Comment expliquer ça, sans avoir l'air d'une idiote ? Je n'aime pas.. pas vraiment.. qu'un homme se colle à moi.. Elle lève difficilement un regard vers l'informaticien, espérant de tout coeur ne pas voir dans les traits de son visage la moindre moquerie.