La flamme du briquet illumina un court instant l'endroit du pont ou elle était venue s'isoler, inspirant une première bouffée de nicotine en fermant un court instant les yeux. Une esquisse de sourire aux lèvres, à l'idée de cette soirée qui se déroulait enfin. MA, Joe. Hope, Kaycee... Finalement, le motel avait tenu d'une certaine manière. Et les sorcières qu'ils n'avaient pas réussi à brûler arboraient désormais le même tatouage, en guide de doigt d'honneur ultime envers New Eden. Sans compter Tariq, qui était là aussi. Ou encore Reese, quoi qu'elle ne bosse encore un peu trop à son goût mais... Pouvait-elle réellement lui en vouloir, au vu des circonstances ?
Tout se passait bien. Pour une fois. Pour la première fois depuis de longs mois, la crainte et l'angoisse avaient quitté son quotidien, lui donnant même l'envie de revenir rapidement à Crescent pour raconter toute ces bonnes nouvelles.
Ses yeux bruns avisant l'eau non sans un bref sourire serein, revenant tirer sur sa cigarette en venant soupirer de bien être.

Jusqu'à ses pas dans son dos, et surtout cette voix qu'elle aurait pu reconnaître entre milles, qui viennent un instant la glacer sur place. La ramenant précisément à cette ultime soirée à Seattle. « Fais c'que t'as à faire. » Elle n'avait même pas besoin de fermer les yeux pour se souvenir du dernier regard que lui avait lancé Rick ce jour là, alors que la brune tournait lentement la tête dans la direction de la voix, sachant pertinemment qui trouver dans son dos.

Rick.

Le voir si près d'elle la sonne une seconde, lui faisant rapidement décuver tout ce qu'elle à pu ingurgité ce soir là. Et surtout, une autre évidence l'amène à réaliser que cette fois-ci, les retrouvailles n'auraient rien de joyeux, ni de positif. Pour cette ombre dans son regard quand il l'observe, quand elle sait pertinemment que ses propres iris sont désormais le reflet de ce qu'elle à pu traverser. Que faisait-on, dans ces moments là ? Sourire, se sauter dans les bras ? S'observer comme des ennemis ? La surprise l'intime à rester silencieuse, préférant jeter sa cigarette semi entamée dans l'eau, pour venir lui faire face. Inspirant doucement avant de relever le regard pour accrocher le sien, pinçant brièvement les lèvres.

Non. Définitivement, elle ne savait pas quoi faire, dans ce genre de situations.

Il serait quand même venu. L'air lui manque alors que les souvenirs affluent dans son esprit, toujours silencieuse alors que son regard esquive le sien une courte seconde. Le temps semble s'étirer, la ramenant de longs mois en arrière. A ce froid constant après la mort d'Oxana, la colère pour carburateur, alors qu'elle démarrait la Harley en quittant le moonshiner sans se retourner. Leur ultime échange n'avait rien eu de cordial, et moins encore de doux. Il n'en était resté qu'une amertume tenace, alors que ses yeux bruns l'observent sans ciller. Seattle. C'était un long rêve dont elle avait peiné à se réveiller, et qui avait cessé de la hanter dès lors que son regard s'était posé sur Crescent Bay. Mais ce soir, c'était comme si les ombres de la cité en ruines se trouvaient dans son dos.

J'ai jamais pu revenir à Seattle. New Eden nous à attaqué à l'aube, quand j'ai quitté ton hôtel. J'ai eu l'choix entre quitter la ville en urgence, ou me faire brûler vive. lâche finalement la brune alors que les souvenirs lui reviennent. Le tir d'obus, l'enseigne du Merchants fracassé, le cri de désespoir de Gin face au corps inanimé de son amie. L'odeur âcre de la fumée, et les impacts de balles de la fusillade. Et si la nouvelle remarque du blond paraît calme, elle ne peut qu'esquisser un rictus amer à cette remarque. Laissée pour morte, pour changer, en somme. Comme tous ceux qui avaient croisés sa route un jour ou l'autre avant les Exilés. Mais pouvait-elle l'en blâmer ? Non, sans doute que non. Pas comme si elle commençait à avoir l'habitude qu'on la pense morte, au final. Mais elle devine sans peine le reproche dans le timbre de sa voix, quand elle s'intime à rester d'un calme olympien. Sans doute parce qu'au fond, elle sait qu'elle ne peut pas se reprocher de ne pas avoir pu rentrer.

C'était tout comme. Ca faisait bien six mois que j'avais pas remis les pieds à Seattle et ses alentours avant ce soir... souligne finalement Lex en venant enfoncer les mains dans les poches de sa veste, pinçant brièvement les lèvres. Sa silhouette amaigrie et les nouvelles cicatrices donnaient déjà un bon aperçu de l'enfer par lequel elle était passé, avant d'atterrir ici, non?

Elle avait fait ce qu'il fallait de toute manière, ce soir là. Ce qu'elle avait à faire, comme il l'avait si bien souligné en guise de parole d'adieu, sur fond de rancune tenace.

Donc non... J'ai pas pu venir à ta recherche, ou celle de MA. Pour aller ou ? Parce que sans pouvoir repasser à Seattle sans être mise à mort à la seconde, le Sud ça reste quand même vague. Et elle ne pouvait pas blâmer Ana-Lucia de ne pas lui avoir donné plus d'informations à l'époque. Pas avec tous les dangers qui courraient dans les rues de la ville à ce moment là.

T'as l'air en forme, en tout cas. C'est que l'endroit ou vous êtes ne doit pas être si mal... Nulle trace d'ironie dans sa voix. Qu'importaient ce qu'ils avaient pu se dire, il n'empêchait. Au moins, il avait survécu.

Est-ce qu'elle avait seulement essayé ? Ses sourcils se froncent à cette idée, alors que le blond lui impose une avalanche de reproche, évoquant la rivière, ou la probabilité même infime, qu'elle ait pu tenter de revenir sur Seattle par ses propres moyens. Un sourire sans joie naissant au coin de ses lèvres, alors qu'elle secoue la tête, et qu'il ose parler de MA, allant jusqu'à l'accuser de ne pas avoir pensé à elle. Tais toi. Sa voix gronde, alors qu'elle subit les reproches avec cette même colère vive qui ne l'a plus quitté depuis l'instant ou New Eden à usé de roquettes contre le Merchants. Bien sûr que j'aurai dû essayer, mais quand ? Quand New Eden nous à bombardé à coup de roquettes ? Quand on à dû prendre la mer pour quitter un enfer dont tu ne sais rien ? Quand j'ai été torturé par des cinglés dans une forêt ? De nerf, elle relève sa main, ou ses ongles peinent encore à repousser. S'avançant à son tour d'un pas, le regard empli d'un défi dont il vaudrait mieux pour lui qu'il ne se tente pas à y jouer. Ou quand j'me suis retrouvée bloquée à devoir assister à la mort d'une nana qui s'est matraqué la tête à coup de marteau, pendant que visiblement t'étais pas à plaindre, dans ton bled ? Parce qu'il n'avait eu à se plaindre de rien, la-bas. Et Tariq lui à fait un assez joli tableau de ce coin, pour qu'elle sache qu'il n'avait pas eu à souffrir de grand chose au cours de l'hiver.

C'est à son tour, de lui offrir un sourire arrogant, avant de reprendre. Et ben... C'est assez ironique, quand on y pense. MA à carrément été adulte, quand on en à parlé. Alors autant j'sais qu'elle est bien plus mature que n'importe qui pour son âge... Autant je m'attendais pas à te voir réagir comme si t'avais quatorze ans. Parce qu'à ses yeux, c'était ce qu'il faisait. Lui reprochant une absence qu'elle n'avait pas choisi, un sacrifice qu'elle n'avait pas eu le choix que d'accomplir pour sauver le plus grand monde. C'était comme si elle le revoyait exploser son poing contre la porte à l'idée qu'elle ne fasse pas comme lui l'avait décidé. Son regard se faisant plus sombre alors qu'elle l'avise avec cette colère contenue, prenant sur elle pour ne pas le repousser d'un bloc pour oser être aussi con.

Je n'ai fais que ça. Penser à ce retour que je n'ai pas pu faire, mais la survie à dû prendre le dessus, parce que j'avais pas l'choix. La gosse doit m'attendre. Elle l'avait murmuré, le soir même de son arrivée à Port Ludlow. Toutes ces nuits ou elle n'avait pas trouvé le sommeil, quand son corps lui réclamait une nourriture qu'elle n'était pas apte à lui offrir. Alors tu sais quoi ? Merci d'avoir veillé sur elle, j'vais au moins te le dire pour éviter que tu frôles un infarctus en venant me reprocher ensuite d'pas être polie. Par contre tes commentaires capricieux, tu te les gardes pour une autre. Parce que sa patience avait depuis longtemps diminué. J'ai pas vécu l'enfer pour me faire pourrir comme une gamine de cinq ans, par un type qui avait son cul posé dans une baraque au chaud avec repas matin, midi et soir.

C'était bon comme ça, ils pouvaient passer à autre chose ?

Et c'est là toute la différence entre toi et moi. souffle finalement la brune, alors qu'il ne compte pas s'excuser de son propre vécu. Je t'ai rien reproché, moi. Parce que la meilleure solution était qu'il reste en sécurité, loin du chaos qu'était devenu la ville. Loin de toutes les horreurs qu'elle avait dû subir avant le grand départ. Pinçant les lèvres quand il fait remarquer qu'il l'a aimé, et qu'il lui en veut. De ce départ, de ce sacrifice, et toute ces décisions qu'elle avait choisi de prendre contre son gré à lui. Tu sais comment je fonctionne... C'était un fait. Elle lui avait dit, pourtant. Qu'elle avait une tendance à briser tout ce qui l'approchait. S'il avait tenté de la séquestrer, elle aurait fui. Quitte à utiliser les coups, et s'en vouloir le reste de sa vie.
Et en l'état des choses, cette idée lui pince le coeur. Il l'avait rencontré à une époque sombre de son existence, et elle ne pourrait jamais nier qu'il avait été d'une aide exceptionnelle à ce moment là. Mais le temps n'avait eu de cesse de les éloigner, ou de les confronter face à leurs caractères respectifs. Impétueux, autoritaire, et avec un sérieux problème d'autorité.

Je t'ai aimé, moi aussi. Et si c'est plus facile pour toi de me détester désormais, fais-le. Parce qu'elle ne pourrait en rien, changer ce qu'elle avait crée d'elle même; De cette décision de rejoindre les exilés, à cet échange de regard qui n'avait plus rien de la tendresse qu'ils s'étaient voué à une époque. Restant silencieuse quand il admet lui en vouloir, ou encore l'avoir perdue. Ne cherchant même pas à nier, ou dire qu'il ne l'avait pas perdu. Parce que dans le fond, c'était vrai. L'image d'Anton lui vient un court instant à l'esprit alors qu'elle ferme les yeux, avisant le sol à ses pieds avant de revenir à lui, qui annoncer être soulagé malgré tout. Esquissant un sourire sans réelle joie, reprenant.

Moi aussi, je le suis. C'était une vérité, après tout. Jamais elle ne lui avait souhaité le moindre mal. Pas pour rien qu'elle lui avait intimé de quitter la ville au plus vite en compagnie d'Ana-Lucia, par exemple. J'ai fais ce que je devais faire, et je reviendrai pas là-dessus. Même si ça les avaient amenés à se perdre de si longs mois. Mais le résultat était si bon, quelque part. MA avait retrouvé sa soeur, les Exilés trouvaient enfin pied à terre après des mois de disparition forcée... Tout ne s'était pas arrangé, mais l'espoir était revenu, timidement. Tu n'aurai jamais pu me changer, Rick. Personne ne le peut. Elle n'était pas du genre à courber l'échine, moins encore à accepter des ordres en situation critique comme il avait tenté de le faire, sans savoir d'ou elle sortait, ni ou elle allait. Leurs corps désormais proches, sans qu'elle ne tente la moindre accolade au risque qu'il n'y voit une ouverture pour retomber dans leurs travers.

Je restes pas ici, dans tous les cas. Parce qu'il fallait bien l'annoncer, avant qu'il n'en ai le moindre espoir. Quand la soirée sera terminée, je retourne avec eux. Son regard captant le sien, plus clair, pour l'annoncer sans ciller. Parce qu'elle avait toujours été franche, et incapable de mentir. Malgré tout ce qu'on à vécu la-bas... Je sais que j'y ai trouvé ma place. Yulia le lui avait dit. Elle faisait partie de la famille. Et pour la première fois depuis des années, jamais telle phrase ne lui avait paru si vraie. Maintenant, c'est à toi de trouver la tienne.