C’est quoi ce temps de merde !!!!!??? FAIS CHIER PUTAIN !!! Ca a commencé dans la nuit, d’abord un vent qui a fait chanter toutes ces saloperies de mat et de cordage. Déjà que les piafs de mer j’ai envie des dessouder a gueuler a pas d’heure, mais là c’était festivale. Quand je suis sorti de la LM, parce que dormir sur le bateau, je le sentais pas des masses et que j’avais une envie de massacrer des mats tellement je pouvais dormir, j’ai eu un raté en voyant le ciel.

De ma vie, sur la tête de ma mère qui est morte, j’avais JAMAIS VU CA !!! C’était pas des nuages, c’était la fin du monde qui nous arrivait sur le coin de la gueule et si je pensais qu’il y a avait du vent, c’était rien a comparé de ce qui nous attendait. Pour le coup, j’ai été réveillé tout le monde sur le rafiot qui bougeait déjà trop pour moi. C’est Jaime qui savait ce qu’il fallait faire et la liste était longue pour sécuriser le cercueil flottant. Ouai, sa p’tite barque, je l’ai baptisé comme ça, le cercueil. J’avais aussi pensé a Titan nique ou mouillecul.


Il a pas fallu longtemps pour que ca déchaine et qu’on se retrouve sous de pures rafales chargées de flotte glacé avec un vent qui braille plus fort que nous pour mettre en place des cordages, des bouées enter le ponton et la coque et j’en passe.  Je suis avec Lee en train de faire semblant d’ajouter des bouées alors que je suis plus occupé a me tenir au bord du bateau tellement ca monte et ca descend pire qu’un mauvais manège quand je vois le pire drame du monde.

« T'AS VU CA LEE?!!! PUTAIN SA MERE LA PUTE EN TONG !!! PAS LA LM BORDEL!! »

Je manque de basculer a cause d'une nouvelle vague qui a tout d'un mini tsunami. Non seulement de suis encore plus trempé mais en plus ca nous fait rebondir sur les grosses bouées d’amarrage violemment. Sauf qu'il m'en faut plus pour zappé le cauchemar de cet enfoiré de petit bateau qui est bien d’encastré dans camion, resté sur le port, mieux qu’un tombeur avec la fille facile de la soirée.

« LEE ?!!! JE TE CAUSE !! »

Bah, il est ou le gamin ? Me dites pas que ce petit con est rentré ce mettre au sec pendant que je risque ma vie entourée de flotte.

« LEE ?!!! »

Y’a des baffes qui se perdent. Je crois que je l’entends, mais j’ai beau me retourner dans tous les sens, je le vois pas. Franchement, pas le moment de jouer a cache cache.

« DOBBY !!! JAIMES !!! VOUS AVEZ PAS VU LEE !!!?

Le boucan est infernal, les vagues s’écrasent de plus en plus violemment sur nous, nous trempent jusqu’aux os et entravent nos mouvements. Difficile d’attacher les bouées au yacht, et je parviens à peine à comprendre ce qu’Isha est en train de me hurler dessus. Je le darde d’un regard agacé sans voir la vague monumentale prête à s’abattre sur nous.

Cette fois-ci, je suis poussé si fort en arrière que mes bras ne me retiennent plus. Tout va très vite : je bascule, me cogne plus bas sur le pont avant d’être entraîné dans l’eau par le retour de vague. J’essaie de me rattraper à tout ce que je vois mais mes doigts ne font que glisser sur le bois et les bouées qui ne cessent de se dérober.

Mon corps se cogne et se fait retourner dans tous les sens, embarqué vers l’arrière du yacht. Là, j’arrive tout juste à distinguer une silhouette et tente, dans un dernier effort, de m’accrocher à cette main tendue. Malheureusement, le courant a bien plus de force qu’un seul homme et j’ai à peine le temps de croiser le regard de James que je le sens basculer avec moi.

Sa main ne cessait de passer dans ses cheveux. James avait toujours détesté la pluie, bien qu’il en fût accoutumé en Angleterre. Mais cette fois-ci, ce n’était pas un simple crachin britannique incessant. Et à cet instant précis, le climat de sa terre natale lui manquait étrangement. Ici, sur les terres dévastées de l’oncle Sam, rien n’était dans la demi-mesure. Pas même les tempêtes.  

Les éléments se déchainaient et la nature reprenait, une fois de plus, ses droits en démontrant sa grande puissance. L’ancien garde du corps s’attelait donc sur le pont, non loin des autres, à sécuriser le yacht. Le vent lui fouettait la peau et sa première pensée fût, étrangement, que l’eau de mer mêlée en vent salée était un très mauvais cocktail pour son derme parfait.  

Par-dessus les sifflements ininterrompus du vent, le britannique cru percevoir les hurlements d’Isha. Difficilement, il se retourna, tâchant au mieux de se mouvoir, en vain. Et c’est à ce moment-là qu’il aperçut son précieux mini-moi dégringoler sur le pont, se cogner et se faire emporter par une vague.

Dans un réflexe inexplicable, James se jeta vers le blond en lui tendant une main. Il ne pouvait pas se permettre de perdre Lee, son égo ne le supporterait pas. Ou peut-être était-ce bien plus que de l’ego ? Il ne saurait dire. Toujours est-il qu’à l’instant où sa main s’accrocha à celle du petit Diable, le monde sembla se retourner. Littéralement.  

- Fuck pesta-t-il avant de perdre totalement le contrôle  

Toujours accroché à Lee, il se sentit plonger dans les eaux tumultueuses et il peinait à maintenir la tête hors de l’eau

Tout le monde se hâtait pour empêcher les vagues de ne faire qu'un bouché du yacht mais aussi de nous quatre. J'essaye d'aider comme je peux à mettre les bouées et autres choses pour garder le yacht le plus à la surface de l'eau. Sauf que les mouvements du bateau et l'eau entraîne de nombreuses glissades de ma part et je suis obligé de m'accrocher pour ne pas finir ma course plus loin.

Je peux voir Lee et Isha un peu plus loin. Je n'écoute pas Isha. En revanche, je vois bien la grosse vague arrivé vers nous et mes yeux s'écarquillent. On est dans la merde. Mais dans une merde sans nom. La violence mouvement de retour du yacht sur son axe me fait lâcher prise et je me rattrape de justesse à la droite d'Isha et manque de passer par dessus bord.

- BORDEL DE MERDE !

Les hurlements d'Isha m'agresse les tympans et je ne peux que me tourner pour chercher Lee. Mais il était là, ce con ! Non ? Putain. Je me tourne vers le ponton pour le voir disparaître un peu plus loin vers l'arrière. Oh putain, le con va passer par dessus bord ! Le pire, c'est que James s'était jeté vers lui et je le vois disparaître tout aussi rapidement.

- ILS SONT PASSES PAR DESSUS BORD !

Je dois hausser le ton, hurler pour me faire entendre entre le vent et le bruit des vagues. D'ailleurs, je me serre du mouvement du bateau pour pouvoir me laisser glisser sur plusieurs mètres. Je manque de glisser au niveau des escaliers menant vers le bas du bateau et me rattrape au niveau de la banquète à côté. Je me remet sur mes pieds alors que James et Lee peine à rester à la surface de l'eau. Je me tourne vers Isha qui a finit par me rejoindre.

- TU SAIS NAGER ?!

Parce qu'il va falloir y aller là. Au risque de nous noyer aussi, la vie est belle. Je tire sur ma veste et descend finalement alors qu'Isha me propose une corde. Pour m'attacher. Histoire qu'il tienne l'autre bout. Ca part d'une bonne idée mais est-ce que ça va tenir. J'attrape le bout de la corde pour le passer autour de mes hanches. Ok, bon, j'espère que ça fonctionnera. Je fais plusieurs noeuds suffisamment serré. De toute façon, c'est pas confortable mais on s'en fout. Je n'hésite pas plus longtemps et me jette à l'eau. La violence des vagues me propulses un peu plus loin, le souffle impacté par les nombreux mouvements. Je remonte à la surface pour essayer de repérer les deux. Ils ne sont pas loin. J'aperçois James et prends une grande inspiration avant de plonger et ainsi éviter au mieux les mouvements intempestifs des vagues. Plusieurs brasses et je remonte à la surface pour reprendre de l'air. J'arrive juste à côté du duo et glisse la main sur l'épaule de James.

- ACCROCHE TOI A LA CORDE !

Je glisse la main sur la corde pour tirer un peu. Histoire de dire aussi à Isha plus loin que je suis à côté d'eux. S'il pouvait tirer et nous essayer de nager, je pense qu'on pourrait y arriver... hein ?

« QUOOOAAAA ????? »

Avec la tempête qui fait rage et le vent qui hurle plus fort que Dobby je bite pas tout.

« QUI A CHANGE DE BORD ???? »

Et est ce bien le moment de parler de ca franchement ? Je le vois se précipiter et le suis en essayant de comprendre l’agitation de Dobby alors qu’il me demande si je sais manger.

« SANS DÉCONNER ? TU SAIS QUOI ? ON S’EN BRANLE !! T’AS VU LEE PLUTÔT !!!? »
C’est la que je vois Jaimes et Lee en train de barboter dans cet endroit hostile a la vie elle-même qu’on appelle « flotte ». Mais qu’est ce qu’ils foutent putain ?!!! Je préviens l’elfe de la situation parce qu’avec ses questions a la con, c’est évident qu’il a rien vu:

« PUTAIN Y’A JAIME ET LEE DANS LA MER !! »

Je le vois prêt a sauter, non mais, ca va devenir une mode ou quoi ? Y’a des gens qui se rendent compte que c’est dangereux ? Non ?

« ATTENDS !! »

Je me précipite sur le côté, détache une corde et reviens en manquant de me vautrer a cause d’une vague plus sournoise que mon ex femme, ouai, celle qui a coulé mon mariage en mouillant pour tous les autres mecs qu’elle a croisés.

« ATTACHE TOI !!! »

Je l’aide a s’encorder et franchement, j’admire son courage parce que, déjà en temps normal, la mer, ca m’inspire pas confiance, mais là, c’est vraiment pire. Je le vois sauter et fait au mieux pour attacher le cordage qui est surement le seul moyen pour les trois sirènes de regagner le rafiau. Je les regarde avec angoisse avant de percuter un truc : on bouge. Je ne parle pas d’un effet d’optique ou des vagues… non on est en train de « dérivé » hors de l’amarina.

« BORDEL !!! »

Je regarde la corde que j’ai dans les mains, le bord du quai, la corde, le bord du quai et réalise que j’ai p’etre fait une boulette en prenant un truc qui avait son utilité. On est d’accord qu’on dira que c’est pas moi si on survit ? Bordel de merde, je suis sur un bateau qui s’éloigne de la terre ferme !!! ON VA TOUS MOURIR !!! Je suis pas loin de la crise de panique et essaye, mécaniquement de tirer la corde pour aider les autres sans focaliser sur le fait qu’on va se noyer dans du pipi de poissons.

« DOBBY !! MAGNE TOI DE LES REMONTER !! Y’A UNE MERDE AVEC LE RADEAU !!! »

Merde… le courant me pousse avec James, et il n’y a probablement pas pire sensation que cette perte totale de contrôle. A la fois sur mon propre corps qui se fait embarquer de force mais aussi sur la sécurité largement menacée de l’anglais.

L’eau finit par nous plaquer violemment contre la coque de l’un des bateaux de plaisance abandonnés à la marina. Je m’accroche un peu mieux à James, passe un bras dans son dos en anticipant la prochaine vague qui nous emporterait. Et si la proximité avec l’anglais est habituellement très plaisante, là, je me sens surtout écrasé, compressé par le poids de l’eau, et encore trop embrouillé de m’être fait rouler dans tous les sens par le courant.

Je relève le nez en entendant la voix d’Evan. Il me faut quelques secondes pour me remettre les idées en place. Qu’est-ce qu’il fout là ? Avec sa corde…?

Je tends le bras pour la saisir avec James, sans me poser davantage de questions. Mais alors que la voix d’Isha se fait vaguement entendre plus loin, je relève le nez et écarquille les yeux en voyant le yacht bouger. Vers nous. Poussant les autres bateaux amarrés, notamment un voilier ravagé qui se resserre rapidement vers le pont en nous prenant en sandwich. Putain.

Je pousse de toutes mes forces contre le pont pour nous décaler suffisamment et éviter de finir comprimés ensemble pour l’éternité. Se faisant, le courant nous reprend de plus belle, et je parviens juste à saisir la corde d’Evan et à m’y maintenir, pour le moment du moins, alors que le bateau continue de bouger…

Dés:

Sa respiration était plus que saccadée. James tentait de reprendre un maximum d’air entre chaque vague mais la mer ne leur laissait que très peu de répit. Etrangement, il ne s’était jamais senti aussi proche de la mort. Mais il avait encore tant de choses à faire, tant d’os à briser, tant de peau à découper pour mourir. Et, il devait l’avouer, il était à son goût bien trop beau pour mourir. Pas avec si peu de panache.

L’un de ses bras était accroché à la coque alors que l’autre tenait Lee, qui lui-même le tenait. L’anglais ne devait surtout pas paniquer. Il lui semblait que sa grand-mère lui avait, jadis, raconté ses vacances et elle lui avait rapporté une conversation avec un maître-nageur qui lui avait assuré que la plupart des noyades étaient dues à la panique des gens. Lui, il n’avait jamais eu l’occasion de vérifier cette théorie. Déjà, parce qu’il n’était jamais parti en vacances et moins encore à la mer. Mais surtout parce que, lorsqu’il plongeait la tête d’une victime dans un seau d’eau, ce n’était pas la panique qui les tuait mais bien la lame qu’il enfonçait en même temps dans leurs thorax.

Alors, l’ancien garde du corps se répéta cela. Il pouvait presque entendre la voix calme et chancelante de sa grand-mère. Jusqu’à ce qu’il ne sente une main sur son épaule. Si les circonstances avaient été différentes, il aurait probablement dardé Evan d’un regard noir avant de le jauger de haut en bas, pour avoir osé le toucher. Sans son consentement, un comble ! Mais à la place de cela, il attrapa la corde en même temps que Lee.

- Faut... grim...per dit-il entre deux vagues

À la force de ses bras, il se hissa sur la corde. Peut-être aussi prit-il expressément appui sur les épaules de Dobby, personne ne saurait dire. Il n’était pas encore au sommet mais il avançait, tout en étant balancé de gauche à droite par les vagues, se heurtant contre la coque, fermement accroché à la corde.

Spoiler: