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Re: Hello little canadian girl
Sam 19 Nov 2022 - 14:58
Elle semble peu enthousiaste, ou trop pensive à l'évocation du Paradis. J'pense que j'ai troublée la petite et le seul moyen de me rattraper, c'est de me montrer douce. C'est c'que j'fais. J'me surprends même à être si patiente, encore une fois, j'en deviens presque la grande soeur, ou la tatie, moi qui ait toujours été habitué à être la petite dernière, la chouchoute avant que ce monde ne s'écroule. Mais c'est plaisant. Puis après tout, tant que cette infirmerie était décorée, si j'pouvais faire plaisir à la p'tite, j'étais bien prête à m'faire engueuler par Faith. Faith d'ailleurs...
"T'inquiètes, elle sera d'accord, promis. J'ai même demandé à pouvoir inscrire "Brooklyn Forever" sur l'un des murs et elle a pas chipoté. Puis comme ça tu pourras faire voir aux autres à quel point elle était gentille et jolie ta maman nan, qu'est-ce t'en penses ?"
C'est difficile de chipoter, quand on est pas vraiment au courant. Mais j'me veux pleinement sérieuse, confiante, alors que je sais pas du tout si j'vais m'faire déchirer par derrière. M'enfin, qu'elle le fasse donc. En attendant j'avais du boulot et j'étais ravie d'avoir pu raviver une petite flamme moins chagrine dans les yeux de la gamine, j'me sentais bien trop coupable d'avoir évoquer le sujet...
Alors j'me remettais à désinfecter un nouveau scalpel. Je cherchais l'aseptisant d'un autre oeil aussi, perdue dans mes pensées et un peu perturbée. Il m'en faut peu mais c'est pas comme si j'comptais pas passer ma journée ici pour faire un peu de zèle de toute façon. Maintenant que Faith me fait confiance, j'veux pas la décevoir, c'est ma chance de faire c'que j'voulais en venant ici hein. Tu t'répètes un peu trop les mêmes choses souvent Chia... Quoi ? Qu'est-c'est qui me tire le pan ? Ah ! Anya.
"De rien."
Que j'lui fais avec un p'tit clin d'oeil. J'arrête de nouveau mes tâches. J'la toise et j'vois son p'tit air qui m'rappelle celui de Clara intriguée, puis, je n'peux m'empêcher de pouffer légèrement, le dos de la main contre mes lèvres pour éviter de postillonner quand elle prononce le nom de mon quartier d'enfance avec sa p'tite voix chevrotante.
"Brooklyn ! B-R-O-O-K-L-Y-N" Que j'épèle en reprenant contenance. J'me vois déjà lui expliquer comment fonctionnait le monde avant et qu'y'avait des machines qui amenait des gens par le ciel. Un truc du genre quoi. Mais avant ça, y'avait une petite demande que j'pouvais m'empêcher de soumettre. "Tu crois que tu saurais m'le faire toi ? Le "Brooklyn forever ?""
C'était que d'la déco après tout. J'pensais encore une fois à Faith mais dans tout les cas, ça rendrait l'infirmerie sympathique. P'tet même que chaque membre devrait suggérer à Anya un truc que la p'tite se ferait un plaisir de dessiner et ça l'intégrerait parfaitement. Ca lui permettrait de se détendre avec tout le monde comme elle le faisait avec moi, en en sachant un peu sur chacun. Ca avait l'air de marcher grand Dieu.
"Sinon, pour te répondre, ta maman t'as déjà parlé des avions ?" Personnellement, j'avoue que si j'avais vingt ans de plus, c'est pas le premier truc que j'aurais raconté à mon enfant, dans un contexte de survie. Déjà j'en savais peu sur la petite, ça se sentait... De fait, j'me rattrapais directement, "p'tet pas mais, en gros, on pouvait voyager rapidement avant tu sais. Alors y'a une grosse voiture volante qui m'a amené jusqu'à Seattle pour que j'vienne à l'université."
Et ensuite, tout était parti en vrille. Mais autant qu'la langue de la petite, la mienne se déliait et puis, ça m'changeait de ces tâches rébarbatives.
"Ca a fait ça." Avec la paume de la main, j'mime un avion qui atterit. Puis j'prends mes deux doigts et j'm'intègre dans la scène en train de marcher. J'sais bien que j'parle pas à une gamine sorti du berceau mais curieusement, j'peux pas m'empêcher de prendre cet air là. "Tac-tac-tac... Tata Chiara marche jusqu'à son cours de biologie. Oh, tiens donc, le professeur est malade. Quoi ? Il a mangé quelqu'un ? Mais qu'est-ce que c'est que ces âneries ?"
Bon, en soit, j'exagère un peu les faits mais j'continue à faire jouer mes deux doigts comme des jambes sur la paume de ma main, faisant disparaître beaucoup d'années en une seule prise pour passer de ce fameux cours à mon arrivée ici.
"Tu es un méchant Jeff ! Je vais te ratatatata !" J'suis à fond dans mon jeu. Encore une fois, je lui explique juste mon arrivée au bus magique pour zapper le reste et arriver jusqu'à ce moment. "Tiens donc, après tant d'années, une petite Anya ! Je suis bien contente de l'avoir pour m'aider à l'infirmerie, moi, la débutante.
Et ainsi je concluais mes petits gestes qui décrivait cette fabuleuse histoire farfelue, grandement inspiré de ces sept dernières années pour finir par aviser la petite, un coude sur un plan, l'autre, amenant ma main gratter mon menton, avide d'en savoir plus sur elle-même après tout ça.
"Et toi ?" J'en savais pas bien plus que c'que j'avais vu. C'est à dire une barque avec une petite que j'pensais foutue, avant qu'on m'envoie m'occuper des chevaux. J'me demande même si ça avait pas été fait exprès c'jour là, avec l'autre hispanique qui m'regardait de travers... Au moins il nous l'avait ramené en vie, c'est vrai. "Tu partais d'où avec ce radeau ? En pleine tempête comme ça ?"
J'espérais pas à nouveau raviver de mauvais souvenirs mais, ça m'titillait, fallait dire.
C'est difficile de chipoter, quand on est pas vraiment au courant. Mais j'me veux pleinement sérieuse, confiante, alors que je sais pas du tout si j'vais m'faire déchirer par derrière. M'enfin, qu'elle le fasse donc. En attendant j'avais du boulot et j'étais ravie d'avoir pu raviver une petite flamme moins chagrine dans les yeux de la gamine, j'me sentais bien trop coupable d'avoir évoquer le sujet...
Alors j'me remettais à désinfecter un nouveau scalpel. Je cherchais l'aseptisant d'un autre oeil aussi, perdue dans mes pensées et un peu perturbée. Il m'en faut peu mais c'est pas comme si j'comptais pas passer ma journée ici pour faire un peu de zèle de toute façon. Maintenant que Faith me fait confiance, j'veux pas la décevoir, c'est ma chance de faire c'que j'voulais en venant ici hein. Tu t'répètes un peu trop les mêmes choses souvent Chia... Quoi ? Qu'est-c'est qui me tire le pan ? Ah ! Anya.
Que j'lui fais avec un p'tit clin d'oeil. J'arrête de nouveau mes tâches. J'la toise et j'vois son p'tit air qui m'rappelle celui de Clara intriguée, puis, je n'peux m'empêcher de pouffer légèrement, le dos de la main contre mes lèvres pour éviter de postillonner quand elle prononce le nom de mon quartier d'enfance avec sa p'tite voix chevrotante.
C'était que d'la déco après tout. J'pensais encore une fois à Faith mais dans tout les cas, ça rendrait l'infirmerie sympathique. P'tet même que chaque membre devrait suggérer à Anya un truc que la p'tite se ferait un plaisir de dessiner et ça l'intégrerait parfaitement. Ca lui permettrait de se détendre avec tout le monde comme elle le faisait avec moi, en en sachant un peu sur chacun. Ca avait l'air de marcher grand Dieu.
Et ensuite, tout était parti en vrille. Mais autant qu'la langue de la petite, la mienne se déliait et puis, ça m'changeait de ces tâches rébarbatives.
Bon, en soit, j'exagère un peu les faits mais j'continue à faire jouer mes deux doigts comme des jambes sur la paume de ma main, faisant disparaître beaucoup d'années en une seule prise pour passer de ce fameux cours à mon arrivée ici.
Et ainsi je concluais mes petits gestes qui décrivait cette fabuleuse histoire farfelue, grandement inspiré de ces sept dernières années pour finir par aviser la petite, un coude sur un plan, l'autre, amenant ma main gratter mon menton, avide d'en savoir plus sur elle-même après tout ça.
J'espérais pas à nouveau raviver de mauvais souvenirs mais, ça m'titillait, fallait dire.
I am an Fucker !
I am an O'Malley !
- Chiara O'Malley
- Survivor
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Hello little canadian girl
Ven 24 Fév 2023 - 20:59
Maintenant que sa crainte et sa méfiance s'étaient endormies, Anya se sentait simplement curieuse.
Aussi, lorsque Chiara pouffa de rire et la corrigea sur sa prononciation hasardeuse de sa ville, elle se sentit enjouée par sa bonne humeur et s'efforça de suivre ses syllabes :
"B… Boo.. Brooook.. ook..lyn !" s'efforça-t-elle d'épeler, l'air concentré.
Sa question suivante la laissa interrogative cependant. Elle ignorait ce qu’était le “Brooklyn Forever” dont parlait son interlocutrice, mais ça avait l’air important aux yeux de cette dernière. Elle eut un instant de réflexion en se référant au sujet d’avant, à savoir la décoration de l’infirmerie et la fresque murale qu’elle avait proposé. Sans doute Chiara parlait-elle d’un dessin à rajouter à la décoration de l’infirmerie.
La fillette releva donc les yeux vers elle et, à défaut de savoir pour l’instant à quoi ressemblait ce dont parlait la jeune femme, approuva d’un hochement de tête pour répondre qu’elle pourrait le faire. Après tout, ça ne coûtait rien d’apprendre.
Avant de répondre à sa dernière question, son interlocutrice lui demanda si elle connaissait les avions. En réflexe, Anya hocha la tête de nouveau mais se fit de nouveau un peu pensive. Bien entendu, dans son éducation déscolarisée post-apocalyptique, Judy avait appris à sa fille ce qu’était un avion, et elle l’avait également appris au cour élémentaire, sans compter les livres d’image que lui ramenait sa mère lorsqu’elle le pouvait. Mais, si elle devait se montrer honnête, elle n’en avait jamais vu en vrai, sauf dans un lointain souvenir flou où elle avait levé le nez au ciel pour apercevoir l’un de ces intriguants véhicules volants au-dessus de Calgary. Aussi, elle redoubla d’attention pour écouter la suite.
Chiara se lança alors dans une explication très imagée de sa propre aventure jusqu'à son arrivée. Elle décrivait chaque étape de son histoire par des gestes presque exagérés et le ton d’un conte pour enfant - avec plus d’armes à feu. Etrangement, sa façon de raconter l’apocalypse captivait Anya qui resta fixé sur elle tout du long, les yeux écarquillés.
Sa motivation était communicative et l’adolescente sentit une étonnante bulle d'euphorie grandir dans sa poitrine, gonflant son cœur de joie. A tel point que lorsque Chiara arriva à la conclusion en décrivant avec humour leur rencontre, elle tiqua de la joue, manquant de peu d'esquisser le début d'un sourire qui ne vint pas malgré tout. Heureusement, son regard brillant était là pour rattraper le coup et exprimer son amusement partagé à la jeune femme.
Vint alors la question fatidique qui mit sur table sa confiance nouvellement gagnée envers la jeune femme. Anya se plongea un instant dans un silence pensif. Les six mois d’isolement en pleine nature lui paraissent à la fois si loin et si présents. Comme si une partie d'elle-même était restée cachée dans ces montagnes malgré tous les efforts faits pour s’intégrer ici. Que pouvait-elle révéler à Chiara ? Son histoire à elle ne lui paraissait pas si aventureuse ou drôle à raconter. Il n’y avait que l’ennui, et l’angoisse, beaucoup d’angoisse.
Mais la jeune femme avait fait un pas - en fait de nombreux - envers elle, et maintenant qu’elle se sentait de plus en plus à l’aise à ses côtés, elle trouvait presque étrange de se taire au moment où elle lui demandait à son tour de partager sur elle.
Elle releva les yeux vers son interlocutrice et ouvrit la bouche après un court silence.
*Ne fais confiance à personne !*
Sa voix resta bloquée dans sa gorge à nouveau alors que l’ordre de sa mère jaillissait dans son esprit dans un réflexe insidieux. Elle tenta de parler mais seul un petit son aigü étouffé sortit. Frustrée, elle ferma la bouche et se renfrogna. Mais prise d’une idée soudaine, elle posa Teto à côté de Chiara et trottina jusq’à l’entrée de la pièce où elle avait laissé le carnet et le crayon que lui avait donné Tori. Elle revint sur ses pas, motivée par son idée et attira le marche pied à elle pour se hisser à côté de la jeune femme sur le plan de travail. Posant son carnet sur ses genoux, elle se mit alors à dessiner rapidement.
Des formes simples… Des silhouettes humaines… Des véhicules… Des arbres…
Concentrée sur son récit dessiné, elle se rendit à peine compte que sa voix se ravivait, décrivant à voix basses certaines étapes de son cheminement.
“... E-et ma-a-man e-elle a c…con-ond-d-duit le cam-camp..camping-c-c-car là..l-là-haut dan-ans la mont-monta-agne. On-on ét-était c-ca-achée l-loin.”
Elle s’appliqua à dessiner un croquis rapide de la clairière aussi bien qu’elle souvenait, allant jusqu’à rajouter la vieille corde derrière le véhicule qui leur permettait d’accrocher le linge à sécher.
Puis, lorsqu’elle arriva au passage où ses souvenirs devenait plus insistants, elle leva son crayon un instant, troublée, puis fit le choix de refouler de nouveau ceux-ci, se contant silencieusement de gribouiller violemment des traits sur le camping car qui pouvait s’apparenter à des flammes très mal faites.
Aussi, l’enchainement de la suite paru un peu étrange lorsqu’elle reprit tout en dessinant une petite silhouette seule au milieu de grands arbres :
“E-e-et j-j-je m..me suis.. c…ca..a-ach-chée d-d-dans les b-b-bois, l-loin des-es g-gens… E-e-et j’ai-ai tr-trouv..ouuuvé ce-e-ette v…vie-eille c-cab-abane. C’é-était fr-froi-oid, m-mais d-deho-ors c’é-était enc-core plu-us f…froid. E-et pers-erso-sonne m’a t-trouv..vée par-arce-qu..que ave-ec Teto on-on est tro-o-op f-fort au ca-ache-c-cache !”
Elle jeta un regard au semblant de cabane au milieu des pins qu’elle avait dessiné avec devant la porte une silhouette roulée en boule. Elle enchaîna alors avec le visage d’une enfant qui grimaçait.
“M-mai-ais j’av..av-vais tr-trop f-f-faim… A-alors j..je s..sui-is d-de-es…scend-due v-vers la vi-ille… J-je vou-ou-oulais ju-u-uste tr…trou-ouver à m-man-anger s-sur l’île et ap-prè-près me cach…acher d-dans la f…fo-orêt enc-c-core… M-mais les v-va-agues c-c’est tro..op dan..ange..d-d-dan-anger..reux…”
Elle conclut sa tirade essoufflée en dessinant une barque perdu au milieu d’une étendue d’eau immense avec ce qui semblait être des yeux sous l’eau qui entourait la petite embarcation. Elle prit une seconde pour reprendre son souffle, n’ayant pas beaucoup fait de pose une fois qu’elle était parvenue à faire sortir les mots. Elle reposa le carnet complètement sur ses cuisses, les jambes pendantes depuis le plan de travail et fixa un point invisible devant elle.
Elle renifla et releva enfin un regard vers son interlocutrice.
“Di-is Ch…Chia-a-ara… Tu..t-tu..u c..crois qu-que elle m’en..en v-veut d’av…voir dé…dé..éso..ob-o-ob..obé…béit ?”
Ses yeux emplis d’une profonde inquiétude scrutèrent ceux de la jeune femme. En même temps, elle mis une main sur son coeur, reprenant le geste que lui avait montré Chiara juste avant.
Aussi, lorsque Chiara pouffa de rire et la corrigea sur sa prononciation hasardeuse de sa ville, elle se sentit enjouée par sa bonne humeur et s'efforça de suivre ses syllabes :
"B… Boo.. Brooook.. ook..lyn !" s'efforça-t-elle d'épeler, l'air concentré.
Sa question suivante la laissa interrogative cependant. Elle ignorait ce qu’était le “Brooklyn Forever” dont parlait son interlocutrice, mais ça avait l’air important aux yeux de cette dernière. Elle eut un instant de réflexion en se référant au sujet d’avant, à savoir la décoration de l’infirmerie et la fresque murale qu’elle avait proposé. Sans doute Chiara parlait-elle d’un dessin à rajouter à la décoration de l’infirmerie.
La fillette releva donc les yeux vers elle et, à défaut de savoir pour l’instant à quoi ressemblait ce dont parlait la jeune femme, approuva d’un hochement de tête pour répondre qu’elle pourrait le faire. Après tout, ça ne coûtait rien d’apprendre.
Avant de répondre à sa dernière question, son interlocutrice lui demanda si elle connaissait les avions. En réflexe, Anya hocha la tête de nouveau mais se fit de nouveau un peu pensive. Bien entendu, dans son éducation déscolarisée post-apocalyptique, Judy avait appris à sa fille ce qu’était un avion, et elle l’avait également appris au cour élémentaire, sans compter les livres d’image que lui ramenait sa mère lorsqu’elle le pouvait. Mais, si elle devait se montrer honnête, elle n’en avait jamais vu en vrai, sauf dans un lointain souvenir flou où elle avait levé le nez au ciel pour apercevoir l’un de ces intriguants véhicules volants au-dessus de Calgary. Aussi, elle redoubla d’attention pour écouter la suite.
Chiara se lança alors dans une explication très imagée de sa propre aventure jusqu'à son arrivée. Elle décrivait chaque étape de son histoire par des gestes presque exagérés et le ton d’un conte pour enfant - avec plus d’armes à feu. Etrangement, sa façon de raconter l’apocalypse captivait Anya qui resta fixé sur elle tout du long, les yeux écarquillés.
Sa motivation était communicative et l’adolescente sentit une étonnante bulle d'euphorie grandir dans sa poitrine, gonflant son cœur de joie. A tel point que lorsque Chiara arriva à la conclusion en décrivant avec humour leur rencontre, elle tiqua de la joue, manquant de peu d'esquisser le début d'un sourire qui ne vint pas malgré tout. Heureusement, son regard brillant était là pour rattraper le coup et exprimer son amusement partagé à la jeune femme.
Vint alors la question fatidique qui mit sur table sa confiance nouvellement gagnée envers la jeune femme. Anya se plongea un instant dans un silence pensif. Les six mois d’isolement en pleine nature lui paraissent à la fois si loin et si présents. Comme si une partie d'elle-même était restée cachée dans ces montagnes malgré tous les efforts faits pour s’intégrer ici. Que pouvait-elle révéler à Chiara ? Son histoire à elle ne lui paraissait pas si aventureuse ou drôle à raconter. Il n’y avait que l’ennui, et l’angoisse, beaucoup d’angoisse.
Mais la jeune femme avait fait un pas - en fait de nombreux - envers elle, et maintenant qu’elle se sentait de plus en plus à l’aise à ses côtés, elle trouvait presque étrange de se taire au moment où elle lui demandait à son tour de partager sur elle.
Elle releva les yeux vers son interlocutrice et ouvrit la bouche après un court silence.
*Ne fais confiance à personne !*
Sa voix resta bloquée dans sa gorge à nouveau alors que l’ordre de sa mère jaillissait dans son esprit dans un réflexe insidieux. Elle tenta de parler mais seul un petit son aigü étouffé sortit. Frustrée, elle ferma la bouche et se renfrogna. Mais prise d’une idée soudaine, elle posa Teto à côté de Chiara et trottina jusq’à l’entrée de la pièce où elle avait laissé le carnet et le crayon que lui avait donné Tori. Elle revint sur ses pas, motivée par son idée et attira le marche pied à elle pour se hisser à côté de la jeune femme sur le plan de travail. Posant son carnet sur ses genoux, elle se mit alors à dessiner rapidement.
Des formes simples… Des silhouettes humaines… Des véhicules… Des arbres…
Concentrée sur son récit dessiné, elle se rendit à peine compte que sa voix se ravivait, décrivant à voix basses certaines étapes de son cheminement.
“... E-et ma-a-man e-elle a c…con-ond-d-duit le cam-camp..camping-c-c-car là..l-là-haut dan-ans la mont-monta-agne. On-on ét-était c-ca-achée l-loin.”
Elle s’appliqua à dessiner un croquis rapide de la clairière aussi bien qu’elle souvenait, allant jusqu’à rajouter la vieille corde derrière le véhicule qui leur permettait d’accrocher le linge à sécher.
Puis, lorsqu’elle arriva au passage où ses souvenirs devenait plus insistants, elle leva son crayon un instant, troublée, puis fit le choix de refouler de nouveau ceux-ci, se contant silencieusement de gribouiller violemment des traits sur le camping car qui pouvait s’apparenter à des flammes très mal faites.
Aussi, l’enchainement de la suite paru un peu étrange lorsqu’elle reprit tout en dessinant une petite silhouette seule au milieu de grands arbres :
“E-e-et j-j-je m..me suis.. c…ca..a-ach-chée d-d-dans les b-b-bois, l-loin des-es g-gens… E-e-et j’ai-ai tr-trouv..ouuuvé ce-e-ette v…vie-eille c-cab-abane. C’é-était fr-froi-oid, m-mais d-deho-ors c’é-était enc-core plu-us f…froid. E-et pers-erso-sonne m’a t-trouv..vée par-arce-qu..que ave-ec Teto on-on est tro-o-op f-fort au ca-ache-c-cache !”
Elle jeta un regard au semblant de cabane au milieu des pins qu’elle avait dessiné avec devant la porte une silhouette roulée en boule. Elle enchaîna alors avec le visage d’une enfant qui grimaçait.
“M-mai-ais j’av..av-vais tr-trop f-f-faim… A-alors j..je s..sui-is d-de-es…scend-due v-vers la vi-ille… J-je vou-ou-oulais ju-u-uste tr…trou-ouver à m-man-anger s-sur l’île et ap-prè-près me cach…acher d-dans la f…fo-orêt enc-c-core… M-mais les v-va-agues c-c’est tro..op dan..ange..d-d-dan-anger..reux…”
Elle conclut sa tirade essoufflée en dessinant une barque perdu au milieu d’une étendue d’eau immense avec ce qui semblait être des yeux sous l’eau qui entourait la petite embarcation. Elle prit une seconde pour reprendre son souffle, n’ayant pas beaucoup fait de pose une fois qu’elle était parvenue à faire sortir les mots. Elle reposa le carnet complètement sur ses cuisses, les jambes pendantes depuis le plan de travail et fixa un point invisible devant elle.
Elle renifla et releva enfin un regard vers son interlocutrice.
“Di-is Ch…Chia-a-ara… Tu..t-tu..u c..crois qu-que elle m’en..en v-veut d’av…voir dé…dé..éso..ob-o-ob..obé…béit ?”
Ses yeux emplis d’une profonde inquiétude scrutèrent ceux de la jeune femme. En même temps, elle mis une main sur son coeur, reprenant le geste que lui avait montré Chiara juste avant.
- image:
- Anya Sullivan
Sanctuary Point
- Casier judiciaire
- Feuille de personnage
Re: Hello little canadian girl
Mar 4 Avr 2023 - 9:46
Je n'peux m'empêcher de pouffer intérieurement et de balancer ma main qui signe la "East Coast" tel le rappeur Nas, pur produit new-yorkais, pur produit de Brooklyn même. Ca m'fait tellement d'bien de débiter ce genre d'âneries face à cette p'tite canadienne complètement premier degré.
"Yeah, yeah, Brooklyn moth'... Ouais nan."
J'vais quand même pas commencer à lui apprendre n'importe quoi non plus. Tant qu'elle dessine c'que j'lui ai demandé, même si j'vois bien qu'elle a l'air de se demander c'que c'est. J'ose espérer que ça n'fasse pas autant de foin que les tags sur le bus magique mais j'crois que Petee s'en tape un peu, des murs de l'infirmerie.
M'enfin. J'me retrouvais donc à répondre avec beaucoup de sérieux, malgré la méthode que j'utilisais pour répondre aux autres interrogations d'Anya. De fait, je gribouillais rapidement des lettres qui se voulaient stylés pour former le nom de mon quartier et lui montrer c'que j'voulais dire.
Puis finalement, on discute, je me confie et je questionne. J'ai l'impression d'avoir fait une connerie en la voyant toute perdue, peut-être même prête à s'mettre à pleurer alors que j'avais réussi à l'adoucir et j'commence à m'sentir mal... Avant qu'elle semble prise d'une piqûre de courage alors que j'lui ai rien injecté et qu'elle se saississe elle même de crayons. Accoudée, j'ai les yeux aspirés par ses dessins et ce qu'elle décrit est imagé par ces derniers. C'est comme si j'regardais un film, ou un dessin animé plutôt et j'imagine très facilement les choses.
J'ai le parcours de cette pauvre gamine qui s'dessine dans ma tête et c'est la p'tite fille en moi qui réagit, qui est touchée... On retrouve une force incroyable. Elle a une combativité de dingue ! Cette gamine était déjà une Fuckers avant même de nous rejoindre.
"Quoi ?" J'ai l'esprit perturbé par ce que je viens d'entendre, de lire, de voir. Tout prend sens puisque je me souviens du jour fatidique où on a vu son radeau venir s'échouer sur la côte. Bien qu'on m'ait envoyé m'occuper des chevaux avec Saul, quand le vieux était encore en vie. "Non, bien sûr que non !"
J'ai un noeud dans la gorge et la honte qui remonte de nouveau en repensant à mon attitude ce jour là. A penser que la fille qu'on voyait sur ce radeau allait crever et qu'elle méritait pas les efforts qu'avaient fait les autres pour la récupérer. Putain que si en fait !
"Oui... C'est dangereux... Mais elles t'ont amené à nous, ces vagues. C'est peut-être ta maman qui a voulu ça."
Et en parlant de celle-ci, je n'peux m'empêcher de poursuivre pour rassurer Anya.
"Moi j'pense qu'elle est fière de toi."
J'pense qu'elle est assez grande pour comprendre. Qu'elle a assez de vécu pour ça tout du moins. Pauvre enfant. Et si c'était moi qui n'avait connu quasiment que ce monde, je me demande comment je serais aujourd'hui ?
"Tu sais elle garde un oeil sur toi. J'pense qu'elle a vu que tu n'avais pas eu le choix. J'pense qu'elle est contente que tu aies eu la chance de t'échouer en vie sur notre plage. J'pense qu'elle est heureuse de voir que tu as été recueilli par une famille aimante."
J'pense beaucoup... Ca on peut le dire, aussi tarés soyons nous, chacun, autant que nous sommes. On a de l'affection les uns pour les autres, parfois même mal placé. Mais on est une famille, ouais. Elle fait dessiner un sourire mélancolique sur mon visage en plaçant sa main sur sa poitrine. Mes yeux se perdent une nouvelle fois sur ses dessins et particulièrement, celui où il me semble qu'elle s'est dessiné elle-même, roulé en boule, vraisemblablement perdue... Mais probablement moins qu'aujourd'hui et c'était déjà ça.
"Tu sais, moi aussi parfois, ça m'arrive encore de me demander si ma famille m'en veut aussi. Ca m'arrive encore de regretter de pas avoir suivi mon frère. Mais c'est des choses qu'on ne peut pas changer. Aujourd'hui, ils ne peuvent pas nous en vouloir. Ils sont en sécurité, à veiller sur nous." Je sais, je me répète et pourtant, je n'essaye pas de la convertir au catholicisme. "Tu sais, la vérité Anya, c'est que tu ne lui as pas désobéit, c'est les vagues qui t'ont amené jusqu'à nous. Alors si ta maman doit en vouloir à quelqu'un, ce serait à la mer, crois moi ma p'tite dame."
Je me risque à lui replacer une mèche de cheveux en lui offrant un clin d'oeil rassurant.
"Dis moi Anya, tu te plais avec nous ?" Finis-je finalement par demander. Pour changer de sujet, en espérant qu'elle me le confirme et que nous partions sur une note plus positive. Et si ce n'était pas le cas, alors on crèverait un abcès et ça resterait bénéfique. "On est pas les meilleurs adultes sur Terre mais tu ne penses pas à partir pour autant hein ?"
J'vais quand même pas commencer à lui apprendre n'importe quoi non plus. Tant qu'elle dessine c'que j'lui ai demandé, même si j'vois bien qu'elle a l'air de se demander c'que c'est. J'ose espérer que ça n'fasse pas autant de foin que les tags sur le bus magique mais j'crois que Petee s'en tape un peu, des murs de l'infirmerie.
M'enfin. J'me retrouvais donc à répondre avec beaucoup de sérieux, malgré la méthode que j'utilisais pour répondre aux autres interrogations d'Anya. De fait, je gribouillais rapidement des lettres qui se voulaient stylés pour former le nom de mon quartier et lui montrer c'que j'voulais dire.
Puis finalement, on discute, je me confie et je questionne. J'ai l'impression d'avoir fait une connerie en la voyant toute perdue, peut-être même prête à s'mettre à pleurer alors que j'avais réussi à l'adoucir et j'commence à m'sentir mal... Avant qu'elle semble prise d'une piqûre de courage alors que j'lui ai rien injecté et qu'elle se saississe elle même de crayons. Accoudée, j'ai les yeux aspirés par ses dessins et ce qu'elle décrit est imagé par ces derniers. C'est comme si j'regardais un film, ou un dessin animé plutôt et j'imagine très facilement les choses.
J'ai le parcours de cette pauvre gamine qui s'dessine dans ma tête et c'est la p'tite fille en moi qui réagit, qui est touchée... On retrouve une force incroyable. Elle a une combativité de dingue ! Cette gamine était déjà une Fuckers avant même de nous rejoindre.
J'ai un noeud dans la gorge et la honte qui remonte de nouveau en repensant à mon attitude ce jour là. A penser que la fille qu'on voyait sur ce radeau allait crever et qu'elle méritait pas les efforts qu'avaient fait les autres pour la récupérer. Putain que si en fait !
Et en parlant de celle-ci, je n'peux m'empêcher de poursuivre pour rassurer Anya.
J'pense qu'elle est assez grande pour comprendre. Qu'elle a assez de vécu pour ça tout du moins. Pauvre enfant. Et si c'était moi qui n'avait connu quasiment que ce monde, je me demande comment je serais aujourd'hui ?
J'pense beaucoup... Ca on peut le dire, aussi tarés soyons nous, chacun, autant que nous sommes. On a de l'affection les uns pour les autres, parfois même mal placé. Mais on est une famille, ouais. Elle fait dessiner un sourire mélancolique sur mon visage en plaçant sa main sur sa poitrine. Mes yeux se perdent une nouvelle fois sur ses dessins et particulièrement, celui où il me semble qu'elle s'est dessiné elle-même, roulé en boule, vraisemblablement perdue... Mais probablement moins qu'aujourd'hui et c'était déjà ça.
Je me risque à lui replacer une mèche de cheveux en lui offrant un clin d'oeil rassurant.
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