La lionçonne n’est finalement pas moins désagréable que Deadpool quand elle me reproche de trop me prendre au sérieux. Je détourne le regard qui roule sous mon masque. Cette bande d’adolescents est aussi insupportable qu'autodestructrice et je commence à sérieusement me demander ce que je fais encore ici.

“J’ai les miennes.” D’armes et de munitions. Limitées, certes, mais pour une poignée d’hommes à abattre, cela pourrait suffire. En espérant que je n’aie pas à partager. Je reste dubitatif quant à la confiance que porte Isha sur le fait qu’on épargne sa vie sous prétexte qu’elle vaut quelque chose. Mais après tout, peut-être ces hommes sont-ils du même acabit que lui.

Je tourne la tête vers la blonde quand elle évoque l’absence de deux de nos alliées parties chercher une livraison. Retard ou véritable problème, impossible de savoir pour le moment et donc, inutile de s’en inquiéter. J’acquiesce aux dires d’Isha, écoute avec attention, grince des dents quand il bute encore sur les prénoms de nos alliés, puis soupire.

“Je viendrai devant avec toi. Mais je préfère tout de même tenter une approche discrète.” Que me fier à ses intuitions bancales. “L’effet de surprise est toujours un excellent avantage à prendre.” Mais s’il s'obstine, alors soit, je suppose que je le laisserai s’avancer en premier. Il aura le mérite d’attirer l’attention sur lui, ce sera d’autant plus simple de me glisser dans le dos d’au moins un des gardes.

“Je vais voir ce que je peux prendre.” En m’éloignant de sa présentation et nos oeuvres d’art pour m’enfoncer dans le QG. Deux heures avant le départ, je préfère les laisser à leurs bavardages agaçants pour me préparer. Dans le peu de matériel à notre disposition, je pioche une pince coupante et un leatherman que je glisse dans les poches de ma veste. J’enroule quelques protections de fortune en tissu autour de mes poignets et de mes chevilles, si jamais on venait à croiser la route de quelques rôdeurs.

Je laisse les autres s’occuper de trouver d’autres volontaires, même si un petit nombre nous assure une certaine discrétion. Et, après une attente trop longue, le groupe semble prêt à partir.

Ne pas relever, même s'il rage de plus en plus intérieurement, et que franchement, des mômes de 6 ans auraient mieux fait. Il soupire au énième surnom sur son origine asiatique bien plus présente que celle polonaise sur ses traits physique. Il serre les mâchoires, serre les poings, mais écoute, même à petite distance. Il marche, fait les cent pas, incapable de rester en place pour le moment.

Il écoute ensuite tout ce qu'il se dit, mh, ok c'est pas mal dans le fond. Sai semble avoir une idée bien meilleure sur le fait de se la jouer discret plus que d'aller frapper à la porte avec des gros sabots. Etre discret, c’est sûrement mieux, ça attire moins l'attention, autant des vivants que des presque morts. Pour Orion le choix est vite vu, vite fait, il veut bien se poster dans les arbres, avoir une vue en hauteur c'est vraiment pas mal. "Va pour le toit." Fait il avec un brin de désinvolture. A quoi bon, il sait déjà que Johanna voudra passer par les airs plutôt que de conduire une bagnole, puis il a promis à Mary de prendre soin d'elle, de faire en sorte qu'elle revienne entière, alors autant faire de la petite blonde son binôme et de surveiller ses arrières. Il ne veut pas que Mary ressente la même peine, la même trahison qu'il a pu avoir fut un temps. Alors oui, il va coller aux bottes du lionceau.

Ayant une fois dit ce qu'il avait à dire et où il allait se placer, il tourne le dos aux autres et fonce dans une pièce adjacente pour terminer de se calmer et finir de bouder tranquillement tout seul. Tenter de se raisonner, et se rappeler qu'il n'a eu que de brefs entraînements de boxe, de défense au couteau, mais que par nature il a toujours été plus ou moins pacifiste.

Quand est-ce que vous les avez vu la dernière fois ? Demande-t-elle après la petite réunion, pendant qu'Isha et Winston s'éloignaient de quelques enjambées pour discuter à part. Johanna a du mal à cacher son inquiétude sur ce coup : ça n'est pas normal. Amalia et Alba auraient pris la peine de lui faire part des choses si elles décidaient de partir, ou de se faire oublier. Rien que pour rassurer Mary-Abigail sur la question, d'ailleurs. Ça remonte à plusieurs semaines ici, admet Winston en haussant les épaules, autant dépassé que les autres. Elle a un soupir, contrariée : Je dois être la dernière à les avoir vu en vie, à Olympia... Elles partaient pour un deal avec les Remnants, explique-t-elle.

Ce n'est pas grand-chose, et ça ne fait pas vraiment avancer l'histoire. Cela dit, Johanna a un peu plus d'informations, sans faire le lien avec le tempérament des Remnants : Je n'en sais pas davantage, je ne sais même pas si elles ont atteint le lieu du deal ou si elles ont eu des problèmes pendant, ou après, explique-t-elle finalement en haussant les épaules, ça termine rapidement sa participation à cette discussion avant de partir s'équiper en conséquence. Fusil et quelques munitions de circonstances, son masque, un gilet pare-balle usé et même des explosifs de circonstances, la blonde a un profond soupir en se tournant un temps vers Orion.

Elle pince les lèvres : Tu n'es pas obligé de venir si tu ne le sens pas, qu'elle lui souffle finalement avant qu'ils se mettent en route. Mais il s'obstine, et ça lui va de l'avoir dans son sillage pour l'occasion. Deux heures pour atteindre le lieudit de surcroit, ça n'est pas si énorme en comparaison. Même si pour ceux en danger, deux heures, ça doit ressembler à une sacrée éternité. Elle a un regard pour les autres, le temps d'aviser s'ils sont prêts ou non. Puis, elle suit Winston en direction de l'accès où ils vont pouvoir escalader, avec corde et grappin. Officiellement, elle n'en a plus forcément besoin. Mais c'est toujours mieux d'être assuré, en cas de dérapage, non ?