Chacun était libre de faire ce qu'il voulait. Fuir ou non. Qu'ils soient de notre groupe ou pas, d'ailleurs et en toute franchise, j'aurais préféré qu'on décide de fuir encore une fois pour éviter de subir une invasion qu'on était probablement incapable de repousser vus nos maigres forces. Pourtant je comprenais ce besoin d'arrêter de fuir. Je comprenais qu'ils en avaient marre de tout abandonner et recommencer et j'admettais volontiers que j'en pensais pas moins. Etait-ce trop demander que d'avoir un endroit où réglait la paix et la tranquillité ? Et puis les propositions fusaient, s'entremêlaient, donnaient un début de solution qui finalement me plaisait. Pas de quoi casser trois pattes à un canard pour l'instant mais ça prenait forme. Je serrais un peu Tori contre moi, pour l'assurer que je comptais pas la faire partir avec nos enfants - même si, là encore, j'aurais préféré que ce soit le cas - et vint lui chuchoter une bénédiction maori à l'oreille, oubliant qu'elle ne comprendrait jamais cette langue de chez moi. Inspirant un grand coup, je vins faire signe à Markus pour qu'il continue de prendre des notes. "Isaiah, dès la fin de la réunion, tu prépares tes affaires, on fera de même avec ceux qui partent et vous prenez la route ce soir. Moins on perd de temps, plus y aura de chances de voir nos alliés débarquer rapidement." que j'annonçais fermement, m'arrêtant uniquement pour m'assurer que le scribe suivait. "Yulia, si tu as des alliés pas trop loin, je te colle Nobu et vous allez les chercher mais n'allez pas trop loin, pour pouvoir revenir au plus vite." que je continuais en faisant un signe au japonais.

Bien, déjà, prévenir les alliés, c'était check. Maintenant les défenses... Je relevais le regard vers Faith et Elena puis vers Markus qui faisait semblant de vouloir vomir aux énoncés de tripes, excréments. "Mark, si tu continues, j'te jure que je t'éventre et on se servira de toi." et la menace suffit à le calmer instantannément, me faisant sourire au passage. Bien, maintenant que le mariole de service était calmé... "Em, tu connais bien le bois. Tu crois qu'il y a moyen qu'on s'y planque pour les tirer comme des lapins ?" que je demandais. "Ce sera une défense de plus avec les piques, les bombes et autres pièges qu'on pourra faire. Pour les sites, on va essayer de se répartir en petit groupe pour récupérer ce qu'il nous faut pendant que d'autres installent le bordel. Ensuite..." Ensuite rien et lentement, je venais me gratter la joue puis hausser les épaules pour dire que je séchais. Là, j'savais plus trop quoi rajouter, pas de nouvelles idées brillantes bien que mon esprit fuse déjà dans tous les sens pour réfléchir au poison dont j'enduirais les piques. "Pourquoi une horde d'ailleurs ?" que je demandais finalement. Parce que là, franchement je voyais pas à quoi ça nous servirait.

Il avait observé, écouté, assimilé, en retrait, comme toujours. Laissez les grands parler et décider sans émettre d'avis, préférant suivre en silence plutôt que prendre le risque de parler et comettre de graves erreurs comme il a pu en comettre dans le passé.
Au moins, ses filles choisirent de partir. C'était la seule chose qui pouvait le rassurer.

Il notait, dans son coin, ce qui se disait, dans son carnet à la couverture de cuir déjà bien rempli. D'abord les informations données. Puis ses propres impressions, ressentis, questionnements à ce sujet. D'avis, il n'en avait pas vraiment. Il suivait son groupe, c'était tout. Ça faisait longtemps qu'il avait tristement cessé de réfléchir.

De toute façon, il aidera. Pour les pièges, pour les préparations. Il était fort en tant que petite fourmi travailleuse.
Son regard accrocha à certains visages présents. Ses filles d'abord, bien évidemment. Peter. Faith. Elena. Tous ces gens qu'il côtoyait depuis des années maintenant. Que ressentait-il en les observant ? Est-ce arrivait à se sentir assez vivant pour éprouver la moindre émotion ? Appréhension ? Crainte ? Est-ce que son esprit avait cessé de vivre et ne demeurait que son enveloppe charnelle ? C'était surtout ses questionnements qui le taraudaient. Les batailles, il connaissait. C'était leur quotidien depuis un moment maintenant.

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