Otis rit à son tour alors qu’il ramène du café. Il sert une tasse à son ami avant de se montrer rassurant. « Le plus important, c’est de persévérer. Mais, pour ne pas se décourager, il faut se fixer des objectifs atteignables. Pas trop ambitieux pour ne pas baisser les bras, mais un peu quand même, pour toujours progresser. » En résumé, il ne faut pas que ce soit trop difficile, ni trop simple pour que Derek puisse progresser. Pour ça, le métis saura le guider. « Et oui… Forcément, il y aura des jours sans. Mais c’est pas grave ! Il ne faut pas culpabiliser. Et puis je suis là pour t’encourager maintenant, alors ça devrait être plus simple pour te motiver ! » Hors de question de laisser son élève se débrouiller seul, il sera là pour l’épauler et le conseiller si besoin. Cela lui fera très plaisir d’ailleurs ! « Si tu veux, je peux te donner une liste d’objectifs et de petits exercices à faire chaque semaine. Appelle ça… Des… Devoirs ? Si tu veux… » Ajoute-t-il en affichant une mine amusée.

Quand Derek lui demande s’il a terminé son école d’Arts, l’artiste acquiesce. « Ouais, j’ai eu mon diplôme. En parallèle, j’avais commencé un projet de bande-dessinée. Je venais de faire éditer le premier tome quand l’épidémie a débuté… Depuis… Je continue de dessiner dans mes carnets. J’en ai des dizaines maintenant… Et… J’ai même commencé une bande-dessiné sur notre groupe, je te montrerai ! » C’est un projet sur lequel il travaille depuis un petit moment. Il compte le montrer aux autres quand il aura terminé…

Puis d’un coup, c’est la panique. L’androgyne s’énerve un peu, effaçant plusieurs fois ses traits. « Eh, c’est si mal. Regarde, je te montre. » Il vient attraper la main de son ami reprenant avec lui ce qui pose problème. « Il ne faut pas hésiter à faire de légères esquisses pour commencer. C’est pas facile de tout reproduire d’un coup, il faut mieux dessiner grossièrement la totalité du dessin ou de la photographie, pour ensuite, tout détailler. Tu peux tracer des cercles pour chaque articulation, puis en observant ton propre bras ou celui d’un modèle, tu traces les contours, en faisant attention à la courbe des muscles, l’angle pris par le bras et l’avant-bras… Je dois avoir des bouquins d’anatomie quelque part… Tu pourras les prendre pour t’entraîner. C’est super important d’avoir quelques notions pour savoir comment dessiner les différentes parties du corps. Moi, pendant mes cours, j’avais énormément d’heures de dessin avec des modèles, ça m’a beaucoup apporté. »

J'aime bien quand il rigole, c'est tout doux. Otis, c'est le genre de mecs que j'ai envie de protéger. Même s'il lui arrive tout le temps des merdes quand on est en mission ensemble... Je crois que je lui porte la poisse en fait. C'est compliqué de savoir se poser des objectifs.. raisonnables, tu vois ? Je sais pas faire la part des choses entre "trop" et "pas assez". Mais bon, je vais progresser doucement avec toi ! En vrai j'ai pleine confiance en lui. Il sait ce dont il parle, ça crève les yeux. Puis honnêtement ça me fait du bien de me reposer sur quelqu'un, même pour quelque chose d'aussi.. futile. Je lui souris alors qu'il me dit qu'il sera là pour m'encourager. C'est gentil. Et je te souhaite bon courage parce que dans mes mauvais jours je suis vraiiiment pas facile. Que j'ajoute en lui offrant une œillade complice. Puis je me marre lorsqu'il me parle de faire des devoirs. L'idée est bonne, ça m'occupera et m'obligera à progresser. Ça me va ! ce sera la première fois de ma vie que je ferai mes devoirs. Tu dois être un sacré bon prof.. ou guide.

La discussion continue pendant que je me concentre, petit bout de langue tiré par moment. C'est une tête Otis. Il a fait de grandes études et tout, je trouve ça fou. Tu m'impressionnes.. C'est marrant, dans une autre vie.. on se serait jamais rencontrés. Je reste pensive quelques secondes. Je suis contente qu'on se soit trouvés. T'es quelqu'un de bien. J'avais pas de gens bien autour de moi, avant. Je retrouve mon sourire comme si de rien n'était et hoche vivement. T'as fait une BD sur le groupe ? Grave que je veux voir ça !! ça raconte quoi ?

Finalement je m'énerve sur ma feuille comme une idiote, et Otis vient calmer le jeu, m'expliquant quelques tips et me donnant des conseils. Ouais.. mais.. mais je sais pas faire comme ça. Tu veux pas m'aider un peu..? Je lui tire une petite moue de chiot battu en papillonnant des cils. Je sens que je vais galérer à faire les choses bien, à l'entendre. Moi qui pensais que ce serait facile au début, je me suis foutue le doigt dans l'oeil. Pfff.

- Je veux bien que tu me les prêtes.. je sais pas si j'arriverai à m'en servir, mais je peux toujours essayer. C'est là que je me rends compte que je manque de confiance en moi, j'aime pas ça. Je me sens.. vulnérable. Beurk. Je me rembrunis un peu, pour la peine. Enfin on verra. Que je conclus en grommelant. J'inspire profondément et me racle la gorge.
T'as fait des modèles vivants ? Genre.. des nus et tout ? Je retrouve mon sourire taquin, regard intéressé. Ça va finir par se voir qu'il me plait.

Derek lui confie craindre de ne pas réussir à se fixer des objectifs raisonnables. Le métis acquiesce d’un signe de tête, comprenant que ce ne soit pas facile. Mais le brun de ne doit s’en faire, avec Otis, il est entre de bonnes mains. D’une mine bienveillante, comme toujours, l’artiste le rassure. « T’en fais pas, je suis là pour te conseiller. » Et même lorsque ce dernier explique à son élève qu’il pourra lui donner des « devoirs », l’autre ne bronche pas, affirmant que ce sera bien la première fois qu’il fera son travail. Et si cela fait rire Otis, cela le touche vraiment.

Il n’est pas habitué à autant de louanges. Plus jeune, il a été habitué aux moqueries et à la méchanceté des autres. Alors recevoir de tels compliments, cela lui fait chaud au cœur. Et venant de Derek, aucun doute à avoir, ses paroles sont sincères. Les mots de son ami lui font un bien fou et il lui accorde un sourire franc et reconnaissant. Puis lorsque son camarade s’intéresse à sa BD, il ne tarde par à répondre. « Ouais ! J’ai dessiné quelques-unes de nos aventures. Je te montrerai. Je pense que tu vas adorer l’histoire de deux membres du groupe qui se retrouvent au volant d’un camion et qui gèrent… Pas du tout… » Dessiner leurs aventures, ça permet à Otis de dédramatiser un peu les moments difficiles, les épreuves douloureuses… Il essaye toujours de le faire avec humour et autodérision…

Lorsque son ami s’agace, Otis jette un œil à son dessin. Puis, alors qu’il capte le regard abattu de Derek, il affiche un sourire tendre. « Ne t’énerves pas. Regarde, je vais dessiner en même temps que toi. » Il attrape un crayon avant de se mettre à dessiner sur la même feuille. « Fais comme moi… » Puis tout en dessinant, Derek lui confirme qu’il veut bien ses livres d’anatomie. Puis, l’androgyne relève les yeux vers lui, la mine espiègle. Otis ne peut retenir un rire, comprenant où il veut en venir. « Des nus, ouais, c’était au programme. En dessin, en peinture, même en sculpture. J’ai même fait modèle quelquefois. Pourquoi ? Tu voudrais en faire ? » Demande-t-il franchement.

Otis me rassure une fois de plus. Ça me rappelle un peu quand Alex m'encourageait. Sauf que c'est pas le moment de penser à ma mère adoptive, sinon je vais déprimer. Je me concentre sur mon fichu dessin sur lequel je bloque petit à petit. Et quand j'émets des doutes sur mes capacités à me fixer des objectifs corrects, le métis se montre encourageant, encore. A son regard bienveillant, je réponds d'un petit sourire désolé. Au moins j'essayerai et venant de moi.. c'est pas rien, en vrai.

Mes mots semblent le toucher, et ça me confirme qu'il manque sévèrement de confiance en lui. Du moins c'est comme ça que je l'analyse. Et ça comme bien avec ses réactions, le fait qu'il panique vite et fort. Je le revois réaligner et compter les couverts alors qu'on se demandait tous comment on allait survivre à la situation, il y a bien longtemps de ça.
Et justement quand on aborde ses dessins et surtout les BD qu'il a commencé, il évoque cette même mission, et notre maladresse au volant d'une camionnette. J'éclate d'un rire sincère et franc, qui peine à s'enrailler. T'as vraiment écrit ça ?! Merde t'abuses ! J'en rigole volontiers avec lui aujourd'hui mais sur le moment, on avait failli écraser des membres des Expendables, je faisais pas la maligne. Faut absoooolument que tu me les montres, sans déconner !

Je redeviens sérieuse alors que je m'acharne sur mon personnage qui semble avoir quelques soucis moteurs ou un handicap physique, je sais pas trop. Tout ce que je sais, c'est qu'il est passé de "bien" à "moche". Heureusement, Otis vient à nouveau à ma rescousse, et me montre comment rattraper le coup. Je suis les lignes qu'il dessine, certes avec d'avantage de maladresse, mais je vois finalement ce foutu bras prendre la position qui lui est due. Et je souris. En grand, comme une gamine devant un paquet de bonbons.  Whoua...c'est juste parfait ! Je crois pas que je saurais le refaire toute seule mais c'est génial !

Mon sourire ne se fane pas le moins du monde quand je lui demande s'il a déjà posé pour des nus. Il en rit et je fais de même, en écoutant sa réponse. Je plisse un peu des yeux et dodeline de la tête. Pour le moment ce serait carrément du gâchis mais.. Disons que si j'arrive à un niveau que tu juges satisfaisant, tu poses pour moi. Deal ? Je lui tends la main, grand sourire aux lèvres. Milow va me tuer, mais tant pis. Je toussote, faussement affecté en ajoutant : Promis, je toucherai qu'avec les yeux.

Forcément, Derek est intrigué lorsque le métis lui confie avoir dessiné quelques planches racontant les aventures de leur groupe. « C’est un moyen de dédramatiser un peu nos mésaventures. » Confie alors Otis, pour qui dessiner est devenu une véritable thérapie. Cela fait bien rire son ami et le dessinateur ne peut s’empêcher de l’imiter. Un fou rire qui lui fait du bien. Sourire aux lèvres, il finit par reprendre « L’histoire du camion… C’est quelque chose quand même. » Il essuie ses yeux humides, toujours aussi amusé par la situation. « Promis, je te montrerai ! » S’exclame-t-il finalement.

Après ce moment complice, le calme revient. Derek se remet au travail, épaulé par l’artiste. Otis prend le temps d’expliquer, de montrer, de guider avec une patience extrême. Partager ses compétences, son savoir, c’est quelque chose qui lui plaît ; d’autant plus avec son ami. Alors quand le brun s’enthousiasme devant sa réussite, le dessinateur affiche également un grand sourire. Une nouvelle occasion de l’encourager encore une fois. « Tu vois ! Tu en es capable ! Il faut juste prendre le temps de bien le faire. Et surtout, de ne pas baisser les bras ! » Sûrement qu’il aurait fait un très bon prof s’il n’avait pas eu autant de troubles obsessionnels. En tout cas, ce moment l’apaise beaucoup et il se sent bien.

Puis Derek le questionne sur son parcours. Le métis remarque immédiatement le petit sourire en coin de son ami lorsqu’il lui parle des cours de nus. Otis, amusé, secoue légèrement la tête. Puis à la proposition de son ami, il lâche un léger rire. « Deal ! » Dit-il en venant taper dans la main de Derek. Puis à sa dernière remarque, il ne peut s’empêcher de fixer le brun avec malice. « Oof, ce n’est pas comme si j’avais le physique d’un mannequin ! Mais bon, j’aimais bien faire modèle. Le plus compliqué c’est de garder son calme et de rester sérieux. Moi j’avais souvent envie de rire. Se retrouver nu devant une douzaine de paires d’yeux, ce n’est pas ce qui m’effrayait le plus ! Alors rien que pour tes beaux yeux, ça devrait aller ! »

Otis m'explique pourquoi il dessine nos aventures, pour "dédramatiser". Ça se comprend et je me dis qu'il a bien raison. Moi je garde tout en moi et ça finit par me bouffer petit à petit. Si au moins je pouvais en parler à Milow. Mais non, il est fermé comme une huître dès qu'on aborde les sujets sensibles, et je peux rien en tirer. Et parler toute seule, j'aime moyen.
On se prend un fou-rire au souvenir du camion à la "fête foraine", et je crois que celui-là, on l'a bien mérité. On en a vécu des trucs tous les deux, au final... Que je lâche en secouant la tête. Des aventures si on veut, des mésaventures plus réellement. T'as intérêt à me montrer, je veux trop voir ça ! J'acquiesce vivement, impatiente de voir son travail.

On en revient à mon dessin sur lequel je m'énerve finalement, et encore une fois le métisse vient à mon aide. Il me montre, guide mes gestes et finalement je réussis à faire ce qui me gênait tant. Je soupire de soulagement, ça commençait à me prendre la tête cette histoire. En levant les yeux vers Otis pour l'écouter, je vois qu'il sourit et ça, ça me rend heureuse. Il fait ce qu'il aime, il transmet sa passion et ça n'a pas de prix, à mon humble avis. Hey ! Je baisse jamais les bras ! Je réponds en plissant les yeux. Je manque juste un peu de patience, des fois... Juste un peu alors, hein. Avec beaucoup de mauvaise foi.

La discussion se poursuit et j'en apprends un peu plus sur lui. Je me dis au passage qu'il doit me connaître pas mal lui aussi vu qu'il tilte même pas que je parle au féminin. Alors que ça en aurait fait tiquer plus d'un, je le sais bien. Ça aussi c'est agréable avec lui. Pouvoir être moi. Le ou la moi du moment.
En tout cas, il me parle de poser nu et, évidemment, ça m'intéresse. Il a pas l'air surpris, bizarrement. On passe un deal et ça me fait rire de plus belle. Voilà qui va me motiver à m'améliorer, et rapidement avec ça.

- Tu rigoles, j'espère ? T'es peut-être pas bâti comme Hercule mais t'es bien foutu. Je lui lance un regard de reproche à le voir se dénigrer de la sorte. Puis je me marre encore en l'imaginant poser à poil devant une demi-douzaine de personnes, à se retenir de se prendre un fou-rire. Oh des fois, c'est plus intimidant en petit comité qu'en plus grande assemblée. Mais si ça te pose pas de souci, mes "beaux yeux" sauront en profiter. Je lui rend un sourire malicieux, amusée.

- T'as jamais pensé à donner des cours de dessin d'ailleurs ? ça pourrait en intéresser certains, c'est distrayant. Enfin, c'est pas le bon mot.. Mais tu vois le principe. Ça change les idées.

« Je te montrerai quand tu auras terminé ! » Promet-il, enthousiaste. Mais Derek a raison, ils ont vécu énormément de choses tous les deux ; tous les Expendables pour être plus précis ! C’est d’ailleurs pour cela que le métis n’a pas eu de mal à trouver de nombreuses anecdotes à dessiner ; qu’elles soient drôles ou plus dramatiques. La perte de nombreux amis ces derniers temps a été très difficile pour le métis ; dessiner a été pour lui une thérapie. Mais également, un moyen de ne pas oublier les personnes qui lui étaient chères.

L’artiste repose son regard sur le dessin de son ami. Il remarque, satisfait, que ce dernier s’en est pas mal sorti pour une première. Il ricane d’ailleurs un peu quand Derek lui dit qu’il manque un peu de patience, parfois. « Juste un peu ! » Ironise-t-il, affichant un sourire malicieux. « Comme je te l’ai dit, ça ne sera pas parfait dès le début. Tu as le droit de te tromper, de mal faire… Ce n’est pas grave. Tiens, je vais te donner plusieurs dessins à reproduire, quand tu auras le temps. » Il récupère une vieille BD dans son sac avant de la tendre à son ami. « Tu choisis ceux que tu veux, tu me montreras ça quand tu auras terminé. »

Une fois le travail donné à son élève, la discussion dérive sur un autre sujet. Derek semble y porter énormément d’intérêt. Et sa remarque sur le physique du métis, ce dernier se met à rire. « Espèce de flatteur ! » S’exclame-t-il avant de lâcher avec tout aussi de malice. « T’es plutôt mignonne aussi ! » Il emploie le féminin sans même s’en rendre compte, à l’aise avec ça. Puis, à la deuxième remarque du brun, il répond. « Très franchement, on pourrait penser qu’avec mes troubles de l’anxiété et mes tocs, me retrouver nu devant les autres pourraient me déstabiliser mais pas du tout… Je suis plutôt à l’aise, donc tu pourras en profiter sans souci ! » Un nouveau rire s’échappe de ses lèvres.

Quant à sa dernière question, Otis secoue légèrement la tête. « Je pense que ça m’aurait plu, oui ! J’avais donné quelques conseils à Ace, le gamin qui m’a tatoué la cheville. Mais ça n’a pas duré longtemps. Sinon, je dessinais un peu avec les enfants du groupe… Mais c’était plutôt moi qui leur offrait des dessins… Je pourrais le proposer aux autres à l’occasion… »