Le retour à la réalité avait été assez compliqué ces derniers jours - semaines ? - depuis que Wyatt avait quitté son tipi pour rejoindre le sien, qu'il partageait avec ses amis. Logique. Mais après avoir partagé son quotidien avec l'apprenti, son lit même puisqu'elle n'en possédait qu'un seul, il était difficile pour la militaire de trouver facilement le sommeil. C'est qu'elle s'était finalement habitué à s'endormir avec une présence agréable à ses côté - sans oublier qu'il était doté d'un bon torse moelleux à ne pas négliger. Et malgré tout ça, il ne c'était rien passé entre les deux.

Wyatt était en convalescence, et la militaire n'avait en tête qu'à l'aider à guérir le plus rapidement possible. Alors entre ses sorties et ses entraînements, Leah passait exclusivement son temps en compagnie de l'apprenti, entre balades, étirements et repas sous les étoiles. Est-ce qu'elle aurait fait la même pour quelqu'un d'autre ? Impossible de le savoir. Et de toute façon, la femme avait noué un lien d'amitié qu'avec lui depuis son arrivé - hors Nima et Frances. Et puis de son point de vue, et comme elle a été élevée de cette manière, c'était naturelle pour elle d'agir de cette façon.

Elle ne voyait pas où se trouvait le mal, au final. Même si elle s'est souvent posé la question en se rendant ces derniers jours du coté du réfectoire ou à l'entraînement, et qu'on lui lançait des regards étranges avec une curiosité mal placée. Et ces messes basses, c'était pour elle ? Peut importe. Sauf que. C'est elle qui couche avec le petit jeune là, tu sais.. Qu'on souffle dans son dos, alors qu'elle débarrasse son assiette. Mais non, c'est sa mère je crois !

Ca devient ridicule. Rejoignant l'extérieur, la militaire sourit instinctivement en apercevant Wyatt un peu plus loin, prête à le rejoindre. Mais une main sur son épaule, ferme, l'oblige à se retourner. Dis moi, c'est toi qui couche avec le petit-copain de ma soeur ? C'est quoi ce bordel ? Impassible, elle observe l'homme d'une trentaine d'année, avec derrière lui une gamine sûrement de l'âge de Wyatt. Il finit par rire. T'as pas honte de te comporter comme une pute à ton âge ? Si sur son visage elle ne laisse rien apparaître, pourtant intérieurement elle bouillonne. Et impossible pour la femme de se retenir, elle lui balance son poing dans la figure.

Oh mon dieu ! Non ! A L'AIDE ! Ah, génial, elle avait oublié la gamine. Cette dernière s'agenouille près de son frère, en larme, alors que de nombreuses personnes se rassemblent. On lui saisit les bras, on s'occupe du blessé. Parfait.

Elle donne un coup d'épaule vers l'avant pour se dégager du mec qui avait saisi ses bras, sans succès. Coulant un regard par-dessus son épaule, la femme observe le visage de son agresseur, reconnaissant sans difficulté l'homme qui avait emmerdé Harper le jour où elle l'a rencontré. Toi, t'es toujours là où y a la merde hein ? Il ferme davantage ses mains autour de ses avant-bras et Leah serre les dents pour ne pas agir une fois de plus sans réfléchir. Surtout qu'avec ce qu'il se passe, la blonde se voyait déjà devant le Conseil et ensuite sur la route. Logique, après tout.

La prise de relâche enfin suite à l'apparition de Wyatt, qu'elle aurait préféré ne pas mêler à tout ça. Fais chier. L'homme derrière elle fait le tour, venant à son tour se placer entre le blessé et Wyatt. Moi ça me dis. Grogne-t-elle en se rapprochant au maximum du jeune, presque à coller son front au sien pour le provoquer, histoire qu'il donne le premier coup et avoir une excuse à donner pour une éventuelle bagarre. Et en plus, il ose sourire comme un gros enfoiré.

La petite jeune, elle, ne sait plus vraiment où se mettre. Evitant tout le monde du regard, elle intime son frère de se lever et de s'esquiver discrètement. Quant à Leah, la femme se rapproche du mieux qu'elle le peut de Wyatt, glissant sur son bras une main dans un geste doux, mais ferme, cherchant à capter son regard. Laisse tomber, tu viens de te remettre sur pied. Lui souffle-t-elle dans sa langue natale, en espérant qu'il réussisse à saisir le minimum. Pour moi. C'était peut-être mesquin d'utiliser cette tactique.

Glissant sa main sur le torse de Wyatt, sans le quitter de yeux, elle exerce une petite pression pour le faire reculer. Quant à l'autre débile qui jubilait : Si vous avez vraiment un problème avec moi, on peut régler ça si vous voulez en tête à tête. Qu'elle lui balance. Crois moi, j'y compte bien. Siffle l'homme en crachant à ses pieds. Un vrai gamin. Ses yeux reviennent ensuite jusqu'à Wyatt, un mince sourire sur les lèvres. Allons faire un tour, avant qu'on vienne me dire que je dois quitter le camp. Qu'elle plaisante. A moitié. Evidemment qu'elle redoutait le pire.

Enfin assez éloignés, la militaire observe son voisin. Tu n'avais pas besoin de faire ça, tu sais. Une façon pour elle de le remercier avec ses mots. Elle le regarde ensuite de haut en bas. Tu devrais peut-être te doucher non ? Dans cet état, tu risques de faire apparaître de nouvelles fausses-petites-copines.

La femme souffle du nez, évidemment touchée par les mots de son voisin, mais surtout amusée et surprise de le voir dans un état pareil, lui qui d'habitude passe son temps à blaguer. C'était toujours agréable de se sentir autant importante pour l'autre au point qu'il se foute lui-même dans la merde. Et pire encore.. qu'il décide de la suivre ? La mâchoire serrée, la femme ne relève pas mais hoche la tête de gauche à droite. Ne t'inquiète pas, je vais m'en occuper. J'irais retrouver Nima plus tard pour lui en parler moi-même.

Quant à la suite, la blonde ne peut s'empêcher d'exprimer un rire sincère, imaginant sans difficulté Wyatt avec un bâton dans la main et qui prend la fuite devant des filles de son âge. Elle passe une main sur son épaule, ignorant le haut trempé de sueur de son voisin. Je peux comprendre. Elle-même n'aurait pas hésité à intervenir dans un moment pareil. A la suite, elle croise les bras en jetant un oeil au ciel, pensive. Que veux-tu.. c'est ça d'être un homme à femmes ! Elle le bouscule doucement, petit sourire dans le coin de ses lèvres, taquine.

Mais Wyatt semble avoir du mal à faire retomber la pression, et ça l'emmerde profondément cette histoire. Leah n'avait pas imaginé passer la journée de cette manière, certainement pas. Alors, elle finit par s'arrêter, les bras croisés sans quitter l'apprenti du regard. Bon, Wyatt, il faut que tu te calme. Ca m'énerve de te voir dans cet état, et ça va nous pourrir la journée. Alors.. je vais te donner quelque chose, mais n'en fait pas tout une histoire. Sur ces mots, la militaire décroise ses bras et s'approche de Wyatt, saisissant son visage avec ses main avant de venir coller ses lèvres aux siennes. C'était léger, doux.

Leah recule ensuite, restant un instant interdite en se disant qu'elle avait peut-être agit encore une fois sans réfléchir. Mais au moins, ça agira sûrement comme un décontractant pour son voisin. Bien, maintenant que tu es calme.. Non, tu n'as pas l'air de puer. Je disais ça pour toi, je sais que c'est chiant d'avoir la peau qui colle, tout ça.. bref. Elle se remet à marcher comme si rien ne c'était passé, gardant un oeil sur Wyatt. T'as fini ton entraînement ? Si non, je peux t'accompagner si tu veux, je n'avais rien de prévu aujourd'hui.

Si elle ne montre rien physiquement, Leah devait bien avouée que la réaction de son voisin est plaisante à voir. Déjà parce que de base il faut dire ce qui est, il est beau au naturel, alors avec son petit air tout gêné c'était la cerise sur le gâteau. Puis ça lui permettait de faire un petit test, voir si ça pouvait coller de ce côté là - ça lui est déjà arrivé d'être folle amoureuse d'un garçon et qu'au final, une fois avec lui, rien n'allait. Autant pour s'embrasser que même se tenir la main. Et enfin.. ça lui a permis de voir si Wyatt avait finalement décidé de passer à autre chose. A en croire sa réaction, elle se dit que non.

Au moins, il est passé à autre chose et Leah peut de nouveau se délecter de ce sourire qui ne quitte jamais l'apprenti. Elle le préférait comme ça, et de loin. Vivant, que rien semble l'atteindre. Le suivant du regard, elle ralentit légèrement son allure lorsqu'il vient se mettre devant elle pour marcher à reculons, lui proposant une activité qu'elle était incapable de refuser surtout avec un temps pareil. Comment refuser ? Souffle la femme avec un sourire, jettant un regard aux habitations. Je connais pas d'endroit pour ça donc je compte sur toi.

Elle finit par ouvrir les bras, ajoutant : Bon, je suis pas habillée pour ça, donc je fais un saut à mon tipi et je te retrouve au tien ? Elle le dépasse, le dévisageant de haut en bas. En revanche, toi t'as pas besoin de grand chose. Murmure la blonde, faiblement aguicheuse et l'oeil brillant. Sur ses mots elle disparait pour son tipi, rassemblant rapidement une ou deux affaires dans un sac à dos, enfilant des sous-vêtements qui se rapprochent le plus à un maillot. Oui, elle était impatiente. Cette journée pourra leur permettre de passer du temps tranquille et sans personne pour faire chier.

Retrouvant ensuite Wyatt à son tipi, elle en profite pour se nouer les cheveux : Wyatt t'es prêt ? Demande la militaire en tirant sur le tissu pour entrer.