Elle aussi voulait se rendre utile. Maintenant que les militaires avaient fui le lycée, ce n'était plus eux qui décidaient de qui pouvait sortir ou non. Ajoutant à cela que depuis leur départ, le camp devait subvenir à ses propres besoins. Si Maxine s'était portée volontaire pour se rendre jusqu'à la pharmacie la plus proche, c'est parce qu'elle avait assisté aux répercutions que le manque de médicaments et matériels pouvaient créer et que le fait de devoir faire un choix entre les malades pour donner les médicaments à ceux qu'ils jugeaient de « cas plus sévères » ne lui plaisait pas beaucoup.

Elle connaissait le secteur. Elle savait plus ou moins ce qu'ils devaient trouver en priorité à force de traîner avec Emerson et Thalia qui, avec la naissance d'Evelynn, demandait certaines petites choses que les militaires ne s'étaient jamais fatigués à récupérer. Maxine avait du faire face à un autre problème. Un problème blond, grand et tatoué. Jaden n'était pas trop emballé à l'idée que Maxine s'aventure à l'extérieur et surtout sans lui mais il savait aussi qu'elle devrait bien affronter l'extérieur un jour ou l'autre alors autant le faire tout de suite.

Leur groupe s'était formé. Kendale, Norman, Eva et Michael avaient convenu du rendez-vous en début d'après midi devant les grilles. Accompagnée de Norman, Maxine avait récupéré un (arme) et le couteau qu'elle s'était approprié depuis la révolte d'Emerald. Sac à dos sur les épaules, cheveux attachés en queue de cheval, elle avait passé les portes du lycée en s’efforçant de ne pas regarder derrière elle et ne pas penser à son mari.

Le trajet fut silencieux et calme. Le groupe se laissa guider par les indications concises de Maxine. Et finalement, l'ennemi se présenta face à eux. Puis un deuxième et un troisième. l'institutrice se stoppa net, plantant son regard dans celui de Norman. L'électricien la connaissait assez pour savoir qu'elle avait peur mais qu'elle faisait en sorte de se contenir. Il le fallait de toute façon. D'un coup d’œil, elle scruta la rue puis se pencha pour chuchoter au groupe. « Il faut les tuer. » Elle n'avait pas vraiment le temps d'expliquer le pourquoi du comment elle voulait les tuer alors que la rue était bien assez large et pourvue d'assez d'artères pour pouvoir prendre la fuite. Elle secoua la tête en regardant Kendale. « On aura pas à le faire quand on rentrera, les sacs pleins. »

Ça résumait plutôt bien son résonnement. Les tuer maintenant éviterait d'avoir à les tuer en revenant. Ca leur éviterait de devoir faire un détour, de rentrer en retard et d'inquiéter la terre entière. Les rôdeurs n'étaient que trois et à eux cinq ils réussiraient à les éliminer discrètement.

C'était aujourd'hui qu'il faisait l'un de ses premiers pas dehors depuis le début de cette merde. Son souffle était lourd, sa pulsation par minute était élevée. Il paniquait, il avait peur de l'inconnu, peur de voir la chose qu'il le faisait réveiller chaque nuit en transpiration. Sa tante transformée en ces monstres. Fermant les yeux quelque instant, il vida sa cache thoracique jusqu'à ne plus n'en pouvoir et reprit une bonne respiration pour essayer de se détendre. Il devait être brave, il devait se montrer fort.

La première personne qu'il croisa fut Maxine qu'il enlaça avec tendresse pour la rassurer ou se rassurer. Ils devaient choisir leurs armes, Norman resta planté devant l'armurerie et opta non pas pour un pistolet mais un Mossberg 590. Il se sentirait inutile avec un flingue, sa visée n'était pas très précise, alors avec un fusil à pompe, il aurait plus de chance de toucher.

L'arme en écharpe, il attrapa son sac à dos qu'il positionna sur son dos, les lanières desserrées pour ne pas être handicapé à l'enlever s'il se faisait attraper par l'une de ses choses. Il ferma la marche derrière l'institutrice, l'estomac serré à bloque.

Norman salua rapidement Eva puis Kendale et enfin Michael qui s'était désigné pour être la cinquième roue du carrosse. Il ne le connaissait pas très bien que ça, il savait qu'il était ambulancier car il l'avait croisé plusieurs fois à l'infirmerie pendant sa convalescence. C'était une bonne chose qu'il soit là, au moins, il pourrait rancarder sur les choses utiles à prendre.

Parce qu'à part les anti-inflammatoire et les sirops pour la toux, il n'y connaissait rien du tout. Puis il ne savait pas entre Ikea et les laboratoires pharmaceutiques à qui il décernerait la palme d'or des noms les plus imprononçables.

Norman marchait en silence, il écoutait Maxine, qui apparemment connaissait le chemin comme sa poche, ce n'était pas son quartier de prédilection ici, alors il ferait tout pour ne pas se perdre par inadvertance.

Les sens décuplés avec l'adrénaline, le groupe s'arrêta pour faire face enfin à ces horreurs qui hantaient maintenant les rues de Seattle. La guide plongea son regard dans le sien. Il n'était pas non plus rassuré mais il soutint son regard pour la rassurer et fit un mouvement de tête pour lui faire comprendre que tout irait bien, il ferait tout pour qu'elle rentre, lui n'avait rien à perdre . Sa confidente opta pour tuer ses choses, même s'il n'était pas d'accord pour ça, il savait en jetant un regard à la métisse qu'elle suivrait l'idée de Maxine et Kendale ferait de même, alors il n'avait pas le choix que de suivre le mouvement.

"Tu as raison...Puis trois en moins ce sera déjà ça, ça peut faire la diff' si on ce fait submerger..."

Il n'y connaissait rien à la vie extérieure, mais sa phrase lui semblait plutôt logique. Enfin c'est ce qu'il pensait, peut être ses camarades ne seraient pas du même avis. L'électricien attrapa fermement son couteau et le sortit prêt à faire face aux rôdeurs.

Le temps était clément et l'humeur de la métisse allait avec le fil de la journée. Enfin, elle allait pouvoir sortir et ce n'était pas trop tôt. La jeune femme ne supportait pas d’être enfermée trop longtemps. Malgré ses promenades dans l'enceinte du lycée, rien ne remplaçait l'air pur du dehors. Oh pas que ça l'enchantait de sortir tenir compagnie aux nouveaux habitants de la terre mais c'était mieux que de rester à rien faire.

Et quoi de mieux pour ça qu'une sortie en groupe pour le bien de la communauté. Le manque de nourriture et de médicaments commençaient à se faire sentir. Quelques jours plus tôt, la latino avait entendu Maxine en faire allusion et essayait de rassembler un petit groupe pour partir en expédition. Eva n'avait pas hésité un seul instant et s'était présenté à elle pour en faire partie. Son expérience de l'extérieur ne serait pas de trop pour aider ses compagnons. Même si elle n'en avait bien sur pas autant que les militaires mais au fond, ca aiderait forcément.

Un peu avant que la grande horloge n'affiche les 14h, Eva s'était dirigé vers l'armurerie aménagée pour les nouveaux dirigeant du lycée. Elle ne devait pas tergiverser pour le choix d'une arme. Pratique et automatique, sans contrainte d'utilisation, son choix se porta sur un Colt 45 qu'elle chargea et enfourna dans un holster, dérobé sur un militaire mort quelques semaines plus tôt. Évidemment, sa dague l'accompagna aussi. Elle aussi volé à un homme qui n'en aurait plus l'utilité. Il fallait bien qu'elle s'équipe pour la sortie, hors de question d'y aller sans rien. Eva s'était préparer sans se charger. Son arme, sa dague dans un holster de cuisse et un sac sans lanière et sans lacets pour ne pas se faire attraper par une de ses merdes ambulantes.

Sans un mot, la métisse avait rejoint le groupe au grille de l'enceinte et avait salué tout aussi silencieusement ses compagnons. Son regard était neutre mais elle était déterminé à ce que tout le monde rentre sans encombre. Elle en faisait un point d'honneur.

Alors qu'ils suivaient Maxine qui était la seule à connaître parfaitement la destination, son regard se posa sur chacun d'eux. Marco traînait souvent avec Marco et ils s'entendaient bien. Elle avait échangé quelques mots avec Michael quand elle allait chercher le nécessaire pour soigner Norman et elle l'appréciait. Et Norman évidemment. Ils ne s'étaient pas revu depuis la dernière fois. Juste de temps en temps au détour d'un couloir et le malaise était toujours présent. Mais peut importait avec qui elle était et si elle les connaissait bien ou peu, comme Maxine, Eva n'en laisserait pas un seul sur le parvis. Et sa détermination ne fit que se confirmer quand une puis deux puis trois silhouette apparurent devant eux. Merde, fallait bien que ça commence. Mieux valait tard que jamais.

La métisse acquiesça à la suggestion de Maxine qui n'avait pas l'air rassuré comme aucuns d'entre eux. La jeune femme pouvait parfaitement le comprendre et ce n'était pas un mal. Son cœur battit un poil plus fort dans sa poitrine avant de soupirer et de faire un pas en avant. Elle tourna sa tête vers eux et leur murmura, la voix assurée comme pour les apaiser.

Prenez pas d'risques et tout s'pass'ra bien.

Aujourd’hui, j’suis plutôt de bonne humeur. Faut dire que depuis qu’il n’y a plus de militaires pour gérer le lycée, ça va beaucoup mieux. Maintenant que les sorties sont possibles, j’ai envie de me rendre utile. Et y’a pas mal de boulot à vrai dire. Ça fait quelques temps qu’Emerson me parle du matériel médical qui commence à manquer, pas étonnant avec tous les blessés qu’il y a eu à gérer après la bataille contre les hommes de Moore. Alors lorsque j’ai entendu parlé d’une mission de ravitaillement dans une pharmacie, j’me suis tout de suite porté volontaire. Emerson m’a rapidement dressé la liste de ce qu’il fallait en priorité et j’compte bien lui ramener ça…

Après être passé à l’armurerie, c’est d’un nonchalant que je m’approche des grilles, retrouvant ainsi mon groupe du jour. Je salue Maxine d’un signe de la main avant de faire un léger signe de tête aux autres. Eva, Norman et Michael. Je suis ravi de voir que je m’entends plutôt bien avec chacun d’eux… Cela me rassure, bien que je ne sois pas si angoissé que ça par cette mission. Au contraire, j’suis bien content de pouvoir sortir. J’ai comme la sensation de me retrouver quelques mois en arrière, avant une intervention. Et ça me fait un bien fou. Un Glock 23 et le couteau que j’avais récupéré en février, attachés à la ceinture, un sac à dos sur le dos, j’suis prêt pour cette expédition. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, je ne suis pas sorti souvent dehors mais j’suis relativement confiant… Et surtout décidé à ramener ce qu’il faut pour les blessés, ils en ont vraiment besoin.

Nous nous mettons alors en route, suivant Maxine qui sait où aller. Notre trajet est relativement silencieux, jusqu’à notre point d’arrivée. L’envie de me griller une cigarette me démange l’espace d’un instant. Dire que je ne fumais que très rarement avant tout ça… Avant que tout parte en vrille. Mais j’me retiens, pas sûr que mes coéquipiers du jour apprécient.

Nous finissons par être stoppé dans notre progression, à quelques pas de la pharmacie. Des rôdeurs, forcément… Il faut s’en débarrasser, c’est ce que propose Maxine. J’acquiesce d’un signe de la tête alors que nos regards se croisent. Elle n’a pas l’air rassurée par tout ça… Mais nous n’avons pas le choix. « Faut pas leur laisser l’temps de comprendre ce qu'il leur arrive… Visez la tête et ça devrait bien s’passer… » Oui, c’était plutôt simple dit comme ça. Mais à vrai dire, ces choses-là, je n’en avais pas tué plus que ça… D’ailleurs, je me sens bien moins décontracté qu’à notre départ… Ce n’est pas tellement de la peur, non. Simplement une légère tension, qui me rappelle qu’il faut que j’sois prudent. Ne pas jouer aux cons… Ne pas prendre de risques inutiles… Et ça devrait aller… J’imite alors Norman, saisissant mon couteau. Je suis prêt.

« On a plus le choix ! Pas de coup de feu, on va pas attirer toute la cavalerie. » Pesta Mike en sortant son couteau de l'étui. Effectivement, ils n'avaient plus d'autre choix que de tuer cette horde. En voyant le nombre, les yeux de la brune s'écarquillèrent. Par où commencer, quoi faire, pendant l'espace d'un instant elle fut dans le brouillard. « MAX » Hurla l'ambulancier qui eut le mérite de la stopper alors qu'elle avait fait plusieurs pas de recul. « Merde.. » souffla la brune. Le chauve venait de tuer le premier, le plus proche, celui qui avait ramené avec lui toute sa bande de pote.

Les doigts serrés autour du couteau que lui avait confié son mari, Maxine inspira, les yeux rivés vers le corps qui déambulait droit devant elle. Il lui avait expliqué au moins cent fois ce qu'elle devait faire, en plus de lui avoir appris comment se positionner si elle devait y aller au corps à corps sans avoir à trop s'exposer. Elle avait tout ça bien en tête et la peur ne devait pas la paralyser. Mais comment ? Même si depuis le début, Maxine avait de moins en moins peur, ça restait quand même des monstres en face d'elle. Et il suffisait d'une seule seconde pour que leurs dents se plantent dans sa chair et lui donnent un aller simple vers la mort.

Et Mike avait raison. Même si, utiliser leurs armes à feu réglerait le problème plus rapidement, ils se retrouveraient en plus submerger. Ils n'avaient plus le choix. L'heure de l'affrontement avait sonnée. Un peu hésitante au début, Maxine saisit l'opportunité lorsqu'elle se présenta. Le rôdeur ou plutôt, la rôdeuse, s'était jetée bras levés et tête baissée vers elle. Il n'avait suffit que d'un large mouvement de bras pour lui planter la lame au dessus de l'oreille. Seul problème, une fois le couteau enfoncé, il n'était pas évident de le retirer. A deux mains, l'institutrice tira de toutes ses forces pour extraire la lame. Un de moins. C'était déjà ça. Mais ça n'avait pas fait spécialement baissé le nombre qui se trouvait encore face à eux.