Ils étaient tout juste sortis de l'issue de secours que la vue d'ensemble lui arracha un frisson horrifié. Entre les tentes vides et décimées par les éléments, il n'y avait pas besoin d'imagination pour deviner le carnage qui avait dû se dérouler dans ce stade. Lex ne put s'empêcher de froncer les sourcils en observant le cimetière géant face à eux, alors que Wade prenait la parole. Tournant la tête vers lui, la brune n'avait pas pu s'empêcher de faire remarquer.

On dirait vraiment que tu propose toujours la peste ou le choléra ...

Les tentes, ou les vestiaires ? Dans la panique, peut être que les survivants avaient laissé des effets personnels encore viable dans leurs tentes, malgré l'exposition à l'air libre pour la plupart. L'hésitation était tenace dans son esprit. Est-ce qu'ils auraient vraiment quelque chose d'intéressant dans des vestiaires après tout ?
Soupirant un instant en continuant d'observer les quelques corps décharnés entre les gradins, la brune reprit finalement. On peut toujours se diriger vers les vestiaires ouais... Ou laisser une petite équipe fermer la marche, et essayer de trouver quelques trucs utiles entre les tentes ?

Ce n'était pas possible qu'ils aient fait tout ce chemin pour ne rien trouver d'autre que des cadavres et quelques toiles de tente réduites en lambeaux. Il devait bien y avoir un truc utile quelque part dans tout ce bordel.

Une fois sortis de l’issue de secours, je découvre comme mes partenaires, le paysage d’horreur que nous avons devant les yeux. Le camp de réfugiés n’est plus qu’un vaste cimetière où les vivants n’ont plus leur place. Je scrute longuement ce décor apocalyptique, essayant d’apercevoir quelque chose qui pourrait nous être utile, mais c’est difficile avec toutes ces tentes et ces corps éparpillés ci et là. Que faire maintenant ? Wade expose deux propositions, suivi très rapidement par les paroles d’Alex. Aller jeter un œil jusqu’aux tentes ? Aller jusqu’aux vestiaires ? Se séparer pour couvrir les deux endroits en même temps ? Tout cela me laisse perplexe, je réfléchis quelques secondes avant de parler à mon tour. « Je sais pas si on trouvera quelque chose d’intéressant du côté des tentes… Fouiller les tentes, une à une, ça risque de prendre du temps. Pour le peu qu’on risque de trouver, j’sais pas si ça vaut le coup… » Cette option-là ne me tente pas tellement. A part des effets personnels, je ne suis pas sûr que nous trouvions grand-chose…

« J’imagine qu’ils ont dû stocker leur vivres quelques part… Peut-être les vestiaires ? Vu le nombre de personne qu’il devait y avoir ici, je suppose qu'ils devaient avoir un minimum de nourriture... Doit sûrement y avoir une réserve quelque part, et vu le bordel que y’a dû avoir ici, ils n’ont pas dû avoir l’temps de tout emporter avec eux… » Mais malheureusement, peut-être que nous n’étions pas les premiers à venir tenter notre chance ici, et que tout avait déjà été emporté… Qu’importe il fallait chercher… « Pareil pour les armes, ou l’infirmerie, j'sais pas… Ils ont sûrement utilisé un endroit quelque part dans le stade, pour stocker tout le matériel… » Je suis sûrement trop optimiste, comme d’habitude… Mais si c’est effectivement le cas, ça pourrait vraiment nous être utile…

Ils étaient enfin arrivés aux tribunes. Norman s'avança vers les rambardes, posant ses deux mains sur la rambarde en fer. Il observa en silence le chaos qui traînait sur le stade. Il n'y avait pas le temps de penser à ce qui avait bien pu se passer, ça il était au courant, mais c'était plus fort que lui. Plusieurs questions lui trottaient en tête et surtout combien y avait-il eut de survivant dans ce massacre ? Les pertes d'Emerald pendant le soulèvement était-elle aussi nombreuse qu'ici ?

Wade le fit sortir de ses songes et il se tourna vers ses coéquipiers. Pourquoi choisir les tentes ? Ce n'était sans doute pas l'endroit le plus adéquate pour garder du stock. Pour Norman il n'y avait pas photo, les vestiaires seraient sans doute plus intéressants. Mais il n'était pas seul à décider.

Essuyant son bowie sur son pantalon, Norman écouta le récit de Kendale et hocha la tête par signe d'acquiescement. "Pour moi les vestiaires restent une bonne solution. A vu d'oeil comme ça, quand on voit l'état d'en bas, je n'pense pas qu'il y ait vraiment quelque chose qui en vaille la peine."

Puis risquer de se séparer dans toute cette merde, pour lui c'était inimaginable. Ils ne pouvaient pas connaître toutes les sorties de secours ou les endroits non infestés de rôdeurs. Ils étaient déjà tombés sur 12 rôdeurs et pour lui ça n'allait pas s'arrêter là.

Ça aurait pu être eux.

Ça aurait pu être eux songeait Jay en contemplant le spectacle de désolation qui s’offrait à la vue du groupe. Tout comme les véhicules sur le parking, le reste du stade faisait peine à voir. Soumise aux intempéries et aux allées et venues incessantes des infectés, sans entretien, la pelouse était dans un piteux état et les tentes abandonnées dans l’urgence par les habitants du stade tenaient à peine debout. Un décor de film d’horreur. Malgré l’optimisme de Wade, Jay doutait de pouvoir trouver quelque chose d’utile en bas.  Trop de temps avait passé. Sans réelle abri ou autre forme de conservation, les vivres, munitions et autres médicaments sur lesquels ils pouvaient tomber seraient probablement bons à jeter à la poubelle. Et puis, il restait encore un certain nombre de rôdeurs en bas. Certainement trop pour eux. Tout les infectés restés sur le terrain viendraient immanquablement à la rencontre de l’escouade de ravitaillement. Soit ils devraient avancer en étant assaillis de toute part, soit ils perdraient trop de temps et de force à attendre dans un coin pour les laisser venir et les éliminer au fur et à mesure. Le risque était trop grand.

C’était pour ça que le caporal avait toujours préféré le combat rapproché en intérieur. Une fois ce qu’il y avait derrière vous dégagé, il n’y avait qu’à se concentrer sur ce qui arrivait devant vous. La menace n’arrivait pas de nulle part. Une pièce sécurisée était une source de danger et d’ennui en moins. Et c’est ainsi que vous progressiez, pièce après pièce, tout comme lui et ceux qui l’accompagnaient déjà à ce moment-là avaient pu le faire lors du soulèvement. Le reste du groupe sembla rapidement rejoindre le fil de ses pensées. Tous semblaient s’accorder sur le fait que le terrain de jeu n’était pour l’instant pas la meilleure option possible.

- On peut pas vraiment se séparer, commenta Gordon pour répondre à Alex. On est déjà pas bien nombreux, autant rester groupés. Du point de vue du blond, il visait juste. Diviser leur effectif les rendrait plus faibles et plus susceptibles de tomber face à la menace des rôdeurs. Et comme c’était le cas à chaque fois, ils ne pouvaient pas se permettre de perdre quelqu’un. Kendale a raison. Si les militaires ont stocké les trucs de valeurs quelque part, ça sera forcément à l’intérieur des murs, comme chez nous quoi, dit-il en connaissance de cause. C’est notre meilleur chance.
- Va pour les vestiaires donc, trancha Jaden après avoir jeté un dernier coup d’œil en contrebas.

Les dés avaient été jetés. Ce fût donc d'un pas peu assuré que la petite troupe s'avança, tandis qu'ils apprenaient le retour au camp du groupe de Fitzgerald. Lex s'était contenté de brièvement hocher la tête, frissonnant de dégoût face à l'horreur qui les entouraient maintenant qu'ils étaient plus proches. Par endroits subsistaient encore quelques restes humains. Sans doute quelques survivants qui n'avaient pas eu la chance de s'enfuir, ou quelques anciens cadavres de rôdeurs. Elle préférait ne même pas y penser. Fermant les yeux un instant en passant devant une tente éventrée, elle ne put s'empêcher de s'imaginer le carnage qui avait dû avoir lieu ici en reconnaissant un sac de couchage d'enfant tâché d'éclaboussures noircis.

Autant dire qu'à côté de ce carnage, la mutinerie d'Emerald passait pour un séjour à Disneyland... Ils auraient pu être ici, et le destin en avait décidé autrement par chance. Un instant, son regard s'arrêta sur une tente qui semblait encore nette, malgré les toiles abîmées par les intempéries. Faisant signe aux autres de s'arrêter une seconde, elle repoussa sèchement la toile de jute en priant pour ne trouver aucun corps décomposé. Par chance, cette dernière était vide. Soufflant doucement en observant l'intérieur des lieux, son regard fût attiré par une petite mallette blanche. Une trousse de premiers soins ? Fronçant légèrement les sourcils, la brune attrapa cette dernière avant de revenir vers le reste de son groupe, ouvrant la boîte.

Hé. Regardez c'que je viens de trouver...

Des médicaments. Quelques petites boîtes bien au sec dans leur mallette, qui avaient sagement attendus d'être trouvés par eux. Un léger sourire s'afficha enfin sur les lèvres de la jeune femme alors qu'elle regardait le reste du groupe. C'est pas le contenu intégral d'une pharmacie, mais c'est déjà ça. Par contre Gordon désolée, mais y'a pas de viagra pour toi. Lâcha t-elle avec un sourire faussement désolé a l'homme, ravie de pouvoir lancer une connerie pour détendre l'atmosphère.

L'unanimité allait pour les vestiaires. Il était clair que les tentes prendraient sûrement trop de temps à fouiller, et comme l'avait souligner Kendale et Gordon, il valait mieux trouver les réserves. Avant de suivre le mouvement, Wade lança un dernier regard vers ce carnage. Une pensée allait pour les Karlson. Il espérait qu'ils aient pu se libérer de ce charnier, qu'ils aient pu fuir. Mais ce paysage de désolation le laissait déprimé et septique. Il se détourna et manqua même de buter dans Alex lorsqu'elle leur demanda de s'arrêter. Son regard de tigresse semblait avoir repérer quelque chose d'intéressant dans une tente. Tout sourire elle sortit avec une mallette de médicaments tout en appuyant sa trouvaille d'une remarque pleine de malice. C'est mignon comme elle pense au bonheur de son prochain n'est-ce pas ?

Après cette seconde détente où il se permit d'adresser un regard amusé en direction de Gordon, il s'avança en direction des vestiaires après avoir sortit la lampe torche de son sac. Les zones d'ombres ne lui plaisaient vraiment pas. La lumière extérieure était s'amenuisé au fur et à mesure qu'ils avançaient. L'entrée des deux vestiaires se rapprochait, en arrivant lentement et discrètement à leur hauteur, il prit une légère inspiration. Il n'entendait rien et se pencha en avant pour scruter l'intérieur avec sa lampe torche. Son faisceau lumineux passa sur plusieurs visages décharnés. Aussitôt un râle significatif dévoila que l'un deux avaient repéré.

Ils sont trois ou quatre je crois... L'arme calé dans ses mains, Wade se préparait déjà à réceptionner le premier. Un regard à Jaden le plus proche puis il cueillit le premier rôdeur en enfonçant la lame sur le sommet de son crâne. Faites attention qu'il n'en arrive pas de l'autre vestiaire... Avec les bruits que faisaient les premiers, il était évident qu'ils pouvaient en attirer d'autres...