Une rencontre des plus banales, que l'épidémie avait rendu bien plus compliquée qu'à l'origine. Les quatre individus se toisaient successivement du regard, mais leurs interlocuteurs ne montrèrent aucun signe d'hostilité, au contraire. L'homme, qui semblait âgé d'une quarantaine d'années s'étonna alors des circonstances, ce à quoi la blonde hocha simplement de la tête, observant du coin de l’œil la compagne de leur interlocuteur dont l'air s'était radouci au fur et à mesure du temps. La glace était brisée, alors ils pourraient désormais reprendre leur route et ...

Un coup de feu retentit alors, instinctivement, Duncan avait attrapé Sarah pour l'amener à battre en retraite et se mettre à l'abri derrière une carcasse de voiture. Impossible de déterminer de leur position qui avait fait feu, et combien de personnes se trouvaient dans les parages. La femme qu'ils venaient de rencontrer leur posa une question à laquelle l'actrice secoua négativement la tête alors que Duncan lui répondit par la négative. Le contraire aurait sans doute été préférable, mais il leur fallait désormais se préparer au pire. Rassurant Duncan d'un sourire, elle sortit ensuite son Glock 17 de son holster, vérifiant le chargeur avant d'enlever le cran de sûreté.

La bâtisse qui se trouvait au bout du carrefour semblait être la meilleure perspective pour battre en retraite. Son compagnon prit les devants, sommant les deux étrangers à partir les premiers pendant qu'ils font office de couverture. Est-ce qu'ils leur rendraient la pareille ? Ils n'avaient de toute manière pas le choix... Sarah hocha la tête à ses propos, affirmant qu'elle était prête, posant alors sa main sur celle de Duncan qui se trouvait sur sa joue. " Je te le promets... De toute façon, je ne pars pas sans toi. "

Lui adressant un dernier sourire, des coups de feu retentirent alors à nouveau. Elle observa alors les deux inconnus qui semblaient eux aussi s'être préparés à bouger. " Ok ... On y va ! " d'un signe de la main à leur deux vis-à-vis, Sarah s'efforça ensuite de trouver un endroit favorable à sa visée " Dépêchez vous ! " elle observa alors tout autour d'elle, pas très rassurée de ne pas encore s'être représentée la menace. Jusqu'à ce qu'une silhouette émerge d'une voiture, la blonde ne se fit pas prier et pressa la détente.

Bien que la balle s'était fichée dans une des voitures, le coup de feu du camp opposé alarma toutes les personnes se trouvant dans les environs, et la riposte ne tarda pas à se faire entendre, les deux avaient fini par les rejoindre, mais il fallait encore qu'ils se frayent un passage jusqu'à la battisse qui se trouvait à une centaine de mètres. " Venez... " Sarah les invita à contourner la zone à l'aide des différentes voitures qui se trouvaient là, jusqu'à ce qu'elle se précipite jusqu'à l'entrée du portail, elle avait alors laissé passer les deux, retournant aux abords du bâtiment pour établir un contact visuel avec Duncan. Des râles se firent alors entendre, et elle vit les deux personnes aux prises avec des rôdeurs... Bon sang ! La situation n'était pas déjà assez compliquée comme cela ? Ils n'eurent toutefois aucun mal à se débarrasser de la menace, mais ne pouvaient pas prévoir celui qui s'avançait désormais dans le dos  brune. Sarah prit le temps de viser et tira une balle qui vint faucher le décharné en pleine tête. " Je compte sur vous. " pour ? A eux de voir, si ils voulaient trouver un moyen d'entrée, ou venir lui donner un coup de main ? La blonde se mit à couvert derrière un petit muret, il y avait entre quatre et cinq personnes, ils n'étaient pas mauvais tireurs mais étaient trop pressés, distribuant leurs balles comme des bonbons... Une chance... Sarah parvint à prendre l'avantage sur un des gars, lui tirant une balle en pleine épaule. " Duncan ! " l'interpella-t-elle quand elle l'aperçut finalement. Il n'était plus qu'à quelques mètres, mais ne risquait-t-il pas d'être trop à découvert s'il passait maintenant ?

Le regard de l’homme se planta rapidement dans celui de sa femme, il voulait s’assurer qu’elle allait bien. Il n’était pas question de partir d’ici ou même de leur faire confiance si elle avait été blessée. Pour lui c’était le plus important, de son côté, il n’avait rien, du moins pour le moment, il n’avait mal nulle part et il ne sentait pas non plus une partie de ses vêtements lui coller à la peau à cause de sang visqueux qui aurait pu se répandre d’une plaie ouverte. Il était bien, ses jours n’étaient pas en danger. Il pouvait donc à présent répondre à la question. Alors qu’il avait compris d’un mouvement de tête que la brune était en parfaite santé. Tout allait bien, enfin pour le moment et si on oubliait qu’ils étaient en train de se faire canarder.

- Non ça va.

Il n’hésita pas plus longtemps alors qu’il sortait l’arme à feu qu’il avait dans son holster cachée sous sa veste au niveau de ses épaules. Il savait très bien se servir de son arme à feu qui lui avait déjà rendu bon nombre de service. Il n’allait pas s’en cacher et il était même part à utiliser ses précieuses munitions pour aider le groupe. Ce n’était pas vraiment une question d’esprit d’équipe, car, il était évident qu’il n’en avait pas, mais plutôt parce qu’il avait bien l’intention de protéger sa femme et aussi lui par la même occasion. Il n’avait aucune raison de s’en prendre au couple qu’il avait rencontré donc tant qu’il pouvait les compter neutre voir éventuellement de son côté ça lui suffisait pour pouvoir se battre. Il posa un regard sur sa femme avant de confirmer.

- On est prêt.

Duncan voulait les aider à passer en les couvrant, il rendrait l’ascenseur en arrivant de l’autre côté c’était une certitude. C’était une façon pour lui de ne pas trop se sentir redevable plutôt qu’autre chose. Il n’aimait définitivement pas ce sentiment alors il devait bien trouver une façon de faire avec. Le bâtiment était juste à côté d’eux, pour le moment, il était plutôt en sécurité, si on oubliait les personnes qui était toujours en train de s’en donner à cœur joie et les rôdeurs qui finirait sans doute par se joindre à la fête rapidement. Il se tourna vers sa femme alors que la blonde ajouta qu’elle comptait sur eux. Caleb ne comprenait pas comment on pouvait faire confiance à quelqu’un aussi vite, mais il devait sans doute se rendre à l’évidence que le temps ne jouait pas en leur faveur.

- Trouve un moyen de rentrer je vais l’aider…

Il embrassa sa femme sur le front avant de se retourner et de venir prêter main-forte à la blonde. Il se cachait à son tour, tout en essayant d’étudier la situation. Il repéra bien vite où devaient se trouver certains tireurs embusqués, il n’avait malheureusement pas les armes ni les connaissances pour s’en prendre à eux. Cependant, l’homme ne désespérait pas pour autant. Duncan leur avait permis de traverser sans se faire toucher, il trouvait un moyen pour qu’il en soit de même pour lui. Il n’était pas question de faire comme les assaillants en utilisant toutes leurs munitions bêtement, il fallait savoir tirer au bon moment et faire mouche. Ce ne serait pas évident, mais c’était tout à fait faisable.

- Ne t’inquiète pas, il arrivera jusqu’à nous sans rien.

Il entendait la femme crier à son homme. Oui, c’était sans doute un peu surfait, mais dans le fond, il savait qu’il aurait été tout autant inquiet s’il y avait eu Eileen à sa place. Il s’en voulait maintenant de l’avoir laissé en retrait, mais il était ici, un genou à terre en train de fixer l’horizon dans le but de trouver une ouverture pour éliminer un de leurs assaillants. En écho au cri de la brune, il prit à son tour la parole assez forte pour se faire entendre de l’homme malgré les coups de feu.

- Duncan ? Tu m’entends. Il devrait être contraint de recharger dans quelque balle, attend le bon moment.

C’était un truc qu’il avait appris depuis un moment, mais il ne saurait pas trop dire depuis quand. S’ils étaient assez stupides en face pour être contraint de recharger en même temps c’était vraiment triste. Il ne pouvait rien y faire de plus et ça l’arrangeait bien. Il n’y avait pas à dire, par moment, il méprisait sincèrement l’américain moyen, mais quand dans un moment comme celui-ci c’était en sa faveur, il n’allait pas en faire toute une histoire. Finalement, le moment de calme arriva et Caleb ajouta rapidement.

- Maintenant !

De son côté, il tira quelques balles pour dissuader qui conque ayant encore des balles de tirer. Il espérait que Duncan traverse sans difficulté et qu’Eileen aurait une bonne nouvelle à leur annoncer également.

Depuis que le monde s'était effondré, tout pouvait partir en vrille à n'importe quel moment. Une fois de plus, ils en avaient la preuve avec cette fusillade dans laquelle ils se trouvaient embarqués. Faire confiance à ce couple d'inconnus n'était sans doute pas la chose la plus pertinente à faire, et pourtant ils n'avaient pas le choix. Sans doute purent-ils s'en féliciter lorsqu'ils purent rejoindre un couvert en étant protégés par ces gens. Mais ils fallait trouver mieux, les carcasses de voiture ne feraient pas longtemps office de refuge derrière lequel se cacher. Un rétroviseur explosa sous l'impact d'une balle, non loin d'eux. Le dénommé Duncan avait proposé de se replier vers un bâtiment proche, une sorte d'entrepôt. Ils n'avaient pas mieux pour l'instant, alors il fallait se ranger à son avis. Eileen avait son arme à la main, prête à s'en servir pour se défendre, quand Caleb lui demanda d'essayer de trouver une entrée vers le bâtiment. Elle marqua une hésitation, ne voulant pas le laisser en arrière, mais cela fondit comme neige au soleil lorsqu'il lui déposa un baiser sur le front. Après tout, il comptait sur elle.

« D'accord. Je reviens vite, fais attention à toi.

Elle tâcha de faire taire l'élan de peur et d'amour mêlés qui lui envahit la poitrine en jetant un dernier regard à son mari, puis elle laissa derrière elle la fusillade pour s'approcher de l'entrepôt. Elle progressait penchée en avant afin de minimiser le risque de prendre une balle perdue. L'arme à la main, elle tâchait de faire attention à ne pas croiser de rôdeurs. Il finissait toujours par y en avoir un ou deux qui rappliquaient et compliquaient la situation. Avec autant de détonations, il y avait même fort à parier que ce serait pire que ça... Le cœur battant à tout rompre, elle était prise d'un sentiment d'urgence irrépressible. En arrivant face au bâtiment, elle se sentit désemparée. À première vue, il était hermétiquement clos, ne leur permettant aucune entrée.
La jeune femme fit le tour sur le côté. Près du mur, il y avait un empilement de vieilles palettes et caisses de bois pourries, le tout coiffé d'herbes folles qui montaient bien plus haut que si quelqu'un avait encore été là pour tout entretenir. Naturellement, elle leva le nez en espérant voir un endroit où entrer. Les fenêtres de l'entrepôt étaient plutôt hautes, et grimper allait demander un effort considérable. Pire, elles étaient visiblement condamnées. Peut-être s'agissait-il d'un endroit qui ne servait plus, déjà plusieurs années avant l'épidémie. Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsqu'elle remarqua enfin une entrée possible. Une des fenêtres était brisée, ce qui ne serait pas sans danger mais leur permettrait au moins de se cacher. Avec quelques objets à empiler ils pourraient se hisser, et un manteau jeté en travers du cadre de la fenêtre les protégerait sans doute des éclats de verre restants...

Eileen s'apprêtait à faire demi-tour lorsqu'un râle retentit dans son dos et hérissa tous les petits cheveux de sa nuque. Elle fit volte-face juste à temps pour voir un rôdeur tendre les mains pour la saisir. Elle fit un bond en arrière et attrapa une planche qui traînait à terre. En frappant la créature, elle l'envoya au sol avant de se précipiter pour lui asséner une volée de coups jusqu'à ce que son crâne cède. Un peu de sang avait giclé sur son pantalon, et elle balança son arme de fortune sur le côté. Au pas de course, elle rejoignit Caleb qui était toujours pris dans la fusillade.

- J'ai trouvé une entrée dans l'entrepôt, il y a une fenêtre brisée... Mais il va falloir grimper. Et j'ai croisé un rôdeur en route. »

Elle avait écouté sans trop le vouloir l'homme suggèrer à sa compagne de chercher un moyen d'entrer. Le quarantenaire l'avait ensuite rejoint pour lui prêter main forte, se dissimulant du mieux qu'il pouvait. Mis à part deux autres balles tirées, ainsi que celle qui avait blessé l'épaule d'un de leurs opposants, Sarah avait cessé de faire feu pour le moment, écoutant l'homme à ses côtés lui affirmer que Duncan arriverait sans être blessé. Oui, il le fallait. La jeune femme ne lui répondit qu'avec un bref hochement de la tête, avant de lui désigner avec quelques signes les positions de certains des hommes qui s'opposaient à eux.

Mais ça ne suffirait pas, il fallait qu'ils trouvent le moment propice pour que Duncan parvienne à les rejoindre, il fallait alors compter sur les multiples assauts qui allaient très vite laisser leurs opposants à court de balle, comme l'avait conseillé l'homme à ses côtés au viking. Ils allaient forcément y gagner à être un peu plus attentifs que leurs adversaires à ce genre de détails, parce que c'était de ceux qui faisaient facilement la différence entre la vie et la mort. Quelques secondes passèrent, avant que le moment ne se présente à eux comme une évidence et qu'ils somment Duncan de sortir de sa cachette, se servant chacun de leur arme afin de dissuader leurs ennemis pendant que son compagnon terminait de les rejoindre.

Les coups de feux avaient repris de plus belle, et visiblement, ils n'étaient pas contents que Duncan ait réussi à passer lui aussi ! Peu importe, ils ne comptaient pas rester là. La compagne de l'étranger revint alors, expliquant que s'ils réussissaient à grimper, ils pourraient entrer dans l'entrepôt. Il ne restait plus qu'à s'organiser afin de se mettre suffisamment à l'abri du danger, le temps qu'ils puissent contourner le problème. " On devrait pouvoir vous faire entrer, on sera pas longues ! " elle partagea alors un regard avec la brune qui les accompagnait avant que les deux ne traversent le portail, et qu'elle l'emmène sur le côté, là où se trouvait un accès en hauteur.

" Ok, ça va le faire... " ni une ni deux, Sarah avait alors indiqué à sa partenaire d'infortune une palette en bois qu'elles placèrent alors au sol, juste au bord du mur. " Si on emplie ces caisses, on devrait pouvoir grimper ! " avec deux empilées sur la palette, ainsi qu'une juste à côté, elles n'auraient aucun mal à réussir à se hisser et se frayer un chemin jusqu'à la fenêtre. La tâche fut toutefois rendue plus ardue à la seconde même ou des rôdeurs arrivèrent dans leur champ de vision " Et merde... " elle regarda alors la brune à ses côtés. " Grimpe d'accord ? Je te couvre ! " elle élimina un premier rôdeur d'un coup de couteau, repoussant un deuxième d'un coup de pied avant qu'il ne subisse le même sort, non loin d'elles, les coups de feux de la fusillade faisaient rage,  ils ne pouvaient décemment plus se permettre de rester ici.

C’était avec soulagement qu’il remarqua Eileen réapparaitre devant lui. Tout allait bien pour elle et c’était bien le principal. Il l’écoutait dire qu’elle avait trouvé un endroit ou se réfugier, ils allaient pouvoir être temporairement en sécurité, le seul problème, c’est qu’ils ne connaissaient pas encore le nombre d’opposants qu’ils avaient. Caleb en avait tué un, c’était bien, mais cela n’avait pas vraiment fait cesser les coups de feu, il aurait au moins dit encore un ou deux, et encore ce n’était pas sûr que d’autre n’arrive pas leur prêter main forte dans un futur proche. Dans le fond, il était inquiet, mais il n’avait pas spécialement envie d’en parler plus que ça, ce serait parfait pour inquiéter les autres et pour le moment personne n’avait vraiment besoin de ça.

- Tant qu’il y en a qu’un ça va encore.

Dans le fond Caleb savait que ça n’allait pas vraiment, mais il voulait se rassurer. Se dire que sa femme était assez grande et débrouillarde pour gérer tout ça seule. Il la surprotégeait bien souvent par amour ce qui était compréhensible sans doute, mais légèrement déplacer par moment, tout comme lui elle avait appris à survivre par la force des choses et s’ils étaient encore en vie aujourd’hui c’était bien plus grâce à elle que lui au final. Du moins c’était ce qu’il ressentait. Il fallait mettre un plan d’action de manière rapide et efficace et pour le coup, c’était l’homme qui décida de mettre tout ça en place. Le sénateur arriva à la conclusion qu’il avait l’habitude de gérer des gens, lui-même ayant perdu ses grands talents d’orateur, du moins en partie, il était évident qu’il c’était simplement endormi attendant le bon moment pour briller à nouveau. Peut-être qu’il n’était pas seuls tous les deux, mais il s’en fichait bien, cela n’avait pas d’importance maintenant.

Alors que l’homme était en train de référer à lui comme étant le compagnon de sa femme, il trouva que c’était le moment opportun pour au moins donner une information utile qu’était son prénom. Ce serait sans doute plus facile de communiquer de la sorte. Savoir comment interpeller la personne à côté de lui était quelque chose d’utile quand on faisait front commun pour sauver sa peau.

- Caleb. Je m’appelle Caleb, et pas de souci pour le tireur embusqué.

Alors oui, ça impliquait gaspiller ses balles, mais entre vivre sans munitions et mourir avec, le choix était vite fait. Il devrait rapidement en trouver d’autres, sans pour autant se précipiter. Il savait que la précipitation était la meilleure façon de faire des erreurs et il en avait déjà fait bien assez comme ça pour ne pas en rajouter une nouvelle. Il regardait l’homme à côté de lui, il était évident que c’était un homme de terrain, bien plus que lui pour le coup… Enfin, il avait fait des efforts et il l’était devenu par la force des choses.

Un nouveau coup de feu fila dans leurs directions et Caleb était déjà en train de scruter l’horizon à la recherche du responsable. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver une ombre un peu trop grande derrière une voiture. Il se concentra et se mit en position, prêt à cueillir la personne derrière l’épave. À la seconde où il sortirait de sa cachette, il se prendrait une balle. Il inspira un grand coup et bloqua sa respiration. Il était encore en apnée quand la silhouette se montra à nouveau et il tira sans aucune hésitation, sans aucun remord non plus. C’était une exécution propre et nette, il n’y avait pas de raison d’avoir des remords pour des gens qui leur tiraient dessus comme s’ils étaient des pigeons.

- Il faut espérer qu’elles reviennent vite, pour le moment, je pense qu’il y en a encore deux.

On pouvait tenir, ce n’était pas le problème, mais une partie de moi s’inquiétait tout de même pour ma femme qui était loin de moi et que je ne pouvais pas surveiller. Mon cœur se serait un peu en y pensant, mais je me devais de rester concentrer sur nos opposants, il était hors de question qu’il arrive quelque chose à mon allier du jour à cause de mes états d’âme.

Une chose était certaine, ils étaient contraints à agir rapidement, tous autant qu'ils étaient. Avec les balles qui continuaient de pleuvoir sur eux en une averse létale, impossible de prendre son temps pour réfléchir. Caleb était indemne, et c'était là l'essentiel aux yeux de son épouse. Celle-ci se sentit soulagée, mais ce ne fut que de courte durée lorsque le barbu suggéra qu'elle aille en éclaireur avec l'autre femme pendant que les hommes se chargeaient grosso modo de les couvrir. Eileen marqua un temps d'hésitation nettement visible, posant son regard sur son mari en l'interrogeant clairement de façon muette. Elle ne put cependant se permettre de tergiverser. Il lui fallut faire la seule chose valable : agir. Et ce même si cela signifiait être séparée de son compagnon, ce qu'ils évitaient de faire le plus possible.
Bien vite, elle se retrouva devant la fenêtre qu'elle avait repérée, en compagnie de l'inconnue. Dans un geste devenu un pur réflexe de survie, elle regarda autour d'elles afin de repérer toute arrivée impromptue de rôdeurs. Ils avaient souvent l'habitude de surgir à l'improviste pour compliquer toute situation. Et puisqu'il y avait un échange de tirs plutôt intense à quelques mètres de là, cela n'aurait pas été étonnant. La jeune femme ne put retenir un frisson en songeant au danger qui pouvait tomber sur le dos du sénateur. Elle dut se faire violence pour ne pas courir jusqu'à lui afin de protéger ses arrières. Au lieu de quoi, elle s'intéressa plutôt à la première palette placée contre le mur pour concevoir un escabeau de fortune. Il allait falloir en empiler d'autres avant d'arriver à quelque chose.

« A condition que tout ne soit pas pourri et ne cède pas sous notre poids...

Eileen pouvait sembler pessimiste, mais ces mois de survie l'avaient rendue soupçonneuse à l'extrême. Cela faisait partie des rares choses sur lesquelles elle pouvait compter. Malgré tout, elle alla fouiller dans l'amoncellement de caisses et palettes de bois pour en tirer une à empiler sur le reste. C'était sans compter avec l'arrivée prévisible de morts-vivants bien décidés à leur pourrir la vie. La blonde lui proposa de grimper pendant qu'elle s'en occupait, mais elle ne pouvait pas encore atteindre la fenêtre, loin de là. Il lui fallait encore entasser quelques pièces de bois pour espérer accrocher le rebord. Tâchant de juguler son instinct qui lui disait de ne pas faire confiance et de se débrouiller, elle opina simplement et alla saisir une caisse qu'elle rajouta sur le tas, suivie juste après par une palette de bois. Dans son dos, elle entendait l'inconnue aux prises avec les monstres. Cela faisait dresser les petits cheveux sur sa nuque, mais elle se devait de continuer. À vrai dire, elle ne savait même pas ce qu'elle allait trouver en atterrissant dans l'entrepôt, auquel elle devait encore accéder d'ailleurs. Sans se démonter et inspirant profondément pour se donner du courage, elle escalada la structure qui grinça et branla sous ses pieds de manière inquiétante. Afin de ne pas se couper avec les débris de verre tranchants sur le cadre de la fenêtre, elle retira sa veste pour l'étendre sur le rebord. Un manteau aurait été plus adapté, mais c'était mieux que rien. Avec précautions, elle prit appui sur le cadre de la fenêtre et bascula à l'intérieur. À sa grande surprise, elle se retrouva sur une sorte de passerelle en métal qui surplombait l'entrepôt. Des escaliers un peu plus loin permettaient de descendre. Au moins, elle n'aurait pas à s'inquiéter du fait de descendre. En revanche, il faisait très sombre à l'intérieur, et elle ne pouvait deviner ce qui les attendait. Elle se pencha néanmoins vers l'extérieur, le cœur battant et ne souhaitant que retrouver Caleb au plus vite.

- C'est bon ici, il y a une passerelle, c'est facile. Je peux t'aider à monter, mais comment savoir s'ils s'en sortent bien ? »

La jeune femme regarda dans la direction où étaient restés les hommes. Il y avait toujours des coups de feu. Il leur fallait disparaître au plus vite et semer leurs ennemis, c'était une certitude. Elle n'attendait rien tant que de voir apparaître son mari et mettre un terme à cette mésaventure dans laquelle ils s'étaient encore fourrés malgré eux.