Étant resté aux côtés de Phelbs, Davis avait entendu la voix de Chambers s'élever dans le talkie-walkie, affirmant qu'il tenait Ela. De pire en pire, et pourtant il n'y avait sans doute pas d'autre solution. Foutre le feu à cette baraque comme ils l'avaient fait à de nombreuses reprises sur certains camps externes n'était pas envisageable, pas sur leur île, pas avec la gamine à l'intérieur. Quoi que le sort de la jeune fille rendait le virologue relativement indifférent, mais ce n'était pas le cas des autres alors autant ne pas en rajouter une couche et chercher la petite bête, des idées ne serviraient en rien à arranger les choses.

L'avocate avait alors répondu, affirmant que le véhicule demandé était là, que tous attendaient un geste de coopération de sa part. ''Libérer Ela ou jeter son arme par la fenêtre'', comme si cette seconde option pouvait montrer un quelconque signe de coopération. Il devait en avoir d'autres, à feu, blanches ; jeter son arme ne changerait strictement rien mais soit, tout ça, c'était de la poudre au yeux. Ils voulaient mener Chambers à sa perte, le faire tomber dans leurs filets, mais plus les secondes passaient et plus le quarantenaire doutait d'une issue sans dommage. Outre Chambers, deux autres personnes avaient déjà été blessées, il pourrait tout aussi bien y en avoir d'autres mais au fond, ce qui arrivait était juste le résultat d'un trop plein, ça devait arriver un jour, et ce jour était arrivé.

L'impatience avait d'ailleurs également gagnée Phelbs qui s'adressa au petit groupe de militaires qui venait de revenir jusqu'à nous. Hochant la tête, le virologue avait pris la parole. « Plus on lui laisse du temps et plus les risques seront présents, il va falloir trouver un moyen de décanter la situation rapidement. » Il ne faisait qu'appuyer les propos de l'avocate mais qu'importait, tout ce qui touchait aux négociations n'était pas vraiment son truc. Le terrain il connaissait, mais se retrouver face à un virus de type Ebola n'avait strictement rien à voir avec le fait de se retrouver face à un type qui avait complètement perdu la tête.

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Ela était pourtant bien partie, mains en l’air, elle n’était pas menaçante. Et là où elle pensait avoir été prudente, elle en oublia la diode du talkie que le Sénateur repéra rapidement après un bref examen de visu. Les choses s’enchaînèrent rapidement ensuite. Ela fut surprise de sa propre stupidité, avant que le Sénateur ne l’attire à l’intérieur du bureau, lui prenant le Talkie et le gilet pare-balle qu’il lui avait demandé de retirer d’avance. L’israélienne se retrouva propulsée dans le bureau. Son regard chercha en premier lieu Nina et la brune eut l’opportunité de se poster à un mètre d’elle. Le cadavre de Siobhán gisait dans une mare de sang, son tailleur rougit à hauteur de poitrine. L’israélienne serra les dents, ce n’était plus qu’une question de temps. Elle offrit un léger sourire à l’enfant, mais il y avait un autre danger dans cette pièce.

Détournant rapidement le regard de la scène, la veuve se retrouva avec le canon de l’arme de Chambers pointé sur elle. La jeune femme ne broncha pas, s’il y avait bien une personne ici qui ne devait pas céder à la panique, c’était bien elle. Il prit le talkie et lança ses revendications. La voix de Donovan résonna en premier, mettant l’accent sur Nina. Très vite rejoint par June qui elle, mettait l’accent sur le danger imminent que représentait son épouse en cet instant. Et le Sénateur hésita. L’israélienne eut une seconde pour réfléchir à ce qu’elle pouvait faire. Fuir n’était pas une solution, elle s’était volontairement mise en danger afin de se rapprocher de l’enfant. Tenter de désarmer Chambers, il avait beau être un civil – comme elle – Ela n’était pas certaine de son coup. Son hésitation la fit flancher, Ela ne bougea pas. Mais dans son inaction, le Sénateur revint à elle et lui ordonna de prendre les ciseaux dans l’un des tiroirs du bureau. Avec lenteur, l’israélienne s’exécuta. Elle alla chercher la paire de ciseau dans le bureau. Elle regarda l’enfant, du coin de l’œil, avant de prendre la parole, tout en se redressant. « D’accord, je vous ai menti. Je suis venue pour protéger Nina. » Elle attendit que ses mots lui parvinrent pour reprendre. Elle contourna le bureau pour venir s’accroupir derrière Shiobhán, délicatement elle lui souleva la tête. « Je veux la protéger de voir sa propre mère se relever » Et avec beaucoup de respect, elle planta le couteau dans le crâne de cette femme qu’elle admirait beaucoup jadis. « Je voudrais également lui éviter le choc de voir son père abattu sous ses yeux. » A ces mots, elle se releva, essuyant ses mains tâchées de sang sur son pantalon et l’israélienne fit un geste dans la direction de la jeune fille, l’invitant à la rejoindre. Le Sénateur Chambers se retrouvait bientôt dos à une fenêtre, quoi qu’il puisse arriver, Ela voulait être auprès de Nina. « Pensez à votre fille, Sénateur… » Ajouta-t-elle avec douceur. Elle l’invitait à poser son arme, à se rendre. « Restez en vie. » Elle savait que ça n’arriverait pas, dans le fond, lui-même devait s’en douter. Mais un geste désespéré pouvait également arriver. L’israélienne se tenait prête à protéger l’enfant comme il pouvait.

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- J’imagine que c’était pas dans le plan, déclara Stan, en regardant June puis Lawrence. Il faisait référence au dernier renversement de situation de Chambers et à la séquestration inattendue de l’israélienne. La rousse le confirma en posant sa question. Ils s’alliaient avec le scientifique à dire qu’ils n’avaient plus de temps à perdre, pourtant il semblait que l’ordre de tir n’avait pas été donné. Et Donovan ne se l’était pas octroyé. Le jeune homme haussa un sourcil, tandis qu’Arizona prenait la parole.
- Tu l’as dit June, elle s’adressait à son amie, on n’a pas l’intention de le laisser filer. Et il semblerait que la négociation n’ait pas franchement marché…

Ce qui ne signifiait qu’une seule chose… Car les militaires n’avaient pas pour habitude de faire dans la dentelle. C’était statistique : les preneurs d’otages ne s’en sortaient généralement jamais vivants. Surtout quand ils avaient déjà blessé et même tué. En dépit du respect qu’il avait tous pu avoir pour le sénateur, il avait fauté. Il n’y avait pas de retour arrière possible : il était condamné.

- On l’a sous-estimé, affirma très justement Stanley dans la foulée. On a déjà attendu trop longtemps. Il répétait les paroles de Davis. Maintenant, non seulement Nina était en danger, mais Ela aussi. Ils n’avaient aucun moyen de prévoir les actes à venir de leur forcené. Il avait vrillé. Il peut encore capituler, mais ça m’parait trop risqué d’l’espérer… Il planta ses yeux clairs dans ceux de June. Des gens ici présents, elle était celle qui avait gagné le plus de crédibilité. Si ceux en position n’ont pas de fenêtre de tir, on doit préparer un plan d’action pour nous faire entrer…

Évidemment l’idéal serait que Michelle ou Donovan puisse planter une balle dans la tête du sénateur. Proprement, fin de l’histoire. Car une offensive militaire dans le bureau mettrait franchement en péril les deux filles. Mais quel choix avaient-ils ? Si Benjamin sortait de la maison, ce serait avec une des filles en joug. Ce n’était pas une meilleure option. L’homme ne survivrait jamais deux jours en dehors des murs du Fort – Stan en était persuadé – mais il y avait une règle : we don’t negociate with terrorists !

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