Re: Life is a chessboard

Lorsque la communication se coupa avec Donovan, la rousse avait les lèvres pincées. Bon. Ils allaient devoir se passer de la nounou. Pour l’instant en tout cas, parce que n’en déplaise au militaire, elle n’hésiterait pas à aller faire chercher Béatriz de force si ça pouvait leur permettre de résoudre cette histoire. Ela revint vers elle, harnachée dans son gilet, laissant les civils qu’elle avait missionné se charger de contenir la foule. Au moins, ça se présentait correctement : ils n’avaient pas à devoir gérer une émeute.

- Hum…, fit l’avocate alors que l’israélienne proposait de retourner négocier, on doit attendre encore un peu. Il reste une chance qu’il revienne à la raison de lui-même…, son ton froid n’indiquait pourtant aucun véritable espoir, la réanimation est censée prendre au minimum quelques heures, alors…, il avait une marge.

Eux oui. Mais ça n’effleura pas une seconde l’esprit de June que la pauvre enfant était enfermée dans une pièce, contrainte à poser les yeux sur le cadavre de sa mère où la mine méconnaissable de son père. Pour Nina, chaque infime instant dans ce bureau était un cauchemar. Peut-être devrait-elle donner l’ordre de l’abattre à la première occasion – car visiblement, on l’écouterait. Peut-être… mais elle ne pouvait pas faire ça. Stratégiquement, Stanley avait raison : il fallait inspirer le peuple, lui redonner confiance. En abattant immédiatement Benjamin Chambers, ce serait la peur qui succéderait au soulagement. La peur d’une femme qui volait le pouvoir et était capable de faire tuer l’un des siens sans envisager aucune autre alternative.

- On attend la voiture, précisa-t-elle à sa cadette, dès qu’elle est là, on la garera de façon à ce que Benjamin puisse la voir de sa fenêtre. Il faut qu’il la voit. Ensuite, tu retenteras ta chance.

La veuve serait effectivement la mieux placée entre toutes les deux pour essayer de raisonner le sénateur. Avisant la rue désormais bien dégagée, la rousse tritura son talkie pour se faire confirmer que la dénommée Michelle était bien toujours en place et avait un visu sur leur cible. Elle enchaîna ensuite à l’intention de Donovan :

- Ela va retourner à l’intérieur une fois que la voiture est là, surtout ne le perdez pas et soyez prêts à intervenir s’il représenta un danger pour elle ou pour sa fille, elle marqua une pause avant de refaire crachoter son appareil, tu es sûr de ta décision pour Guttierez ?

Spoiler:

La proposition d’Ela fut réfléchie une seconde avant d’être déclinée. Visiblement, l’avocate restait sur sa position, malgré le fait que Beatriz ne viendrait pas. Bien que l’idée fût bonne, l’israélienne avait quelques réticences. Beatriz était enceinte, et la situation était bien trop dangereuse pour elle. Elle le réalisait alors qu’elle comprenait l’implication que June voulait lui donner. C’était une très mauvaise idée. Elle laissa l’avocate réfléchir un instant, observant les personnes qui s’agitaient autour d’eux. Beaucoup de tension. Beaucoup d’inquiétudes. Beaucoup de décision à prendre et de responsabilités. L’israélienne hocha la tête quand elle lui dit d’attendre la voiture avant d’y retourner. « Il m’écoutera peut-être. Il faut que cela se passe bien… Pour tout le monde. » Elle jeta un coup d’œil au bâtiment dans lequel Nina était toujours captive. « Pauvre enfant. » Elle n’osait imaginer l’horreur qu’elle était en train de vivre.

June reprit le talkie pour réitérer la décision prise, et insister à nouveau pour que Beatriz intervienne. N’y tenant plus, la brune se rapprocha de June. Inutile d’entendre la réaction de Donovan. C’était une mauvaise idée. « June … Nous n’allons pas mettre une femme enceinte en danger inutilement. » L’israélienne soutint son regard sans broncher. « Par contre, il serait bon que Beatriz soit dans les parages quand nous récupérerons Nina. Elle sera son seul soutien. » Elle désigna le talkie de June. « Propose-le à Donovan. Mais ne lui demande pas de mettre sa femme, enceinte, en première ligne. » C’était dangereux et stupide. Peu importe que ce soit la meilleure solution qu’elle ait trouvé. En théorie c’était une bonne idée, mais en théorie seulement. Le Sénateur avait déjà tiré sur la femme qu’il aimait le plus au monde, l’israélienne n’était pas vraiment pour la mettre en danger inutilement. Elle et le bébé. C’était bien trop précieux. Elle tournait la tête en voyant du mouvement dans la rue. La voiture arrivait. « Je vais y aller, il y a quelque chose que je devrais dire ? Ou ne pas dire ? » La marche à suivre, elle ne la connaissait pas, il était aussi plus prudent qu’elle pose ses questions avant, plutôt que d’improviser.

Chambers ne partira pas. La voix de June dans le talkie était sans appel, Donovan afficha un air sûr de lui, et neutre en même temps. Ils étaient sur la même longueur d’ondes, et s’il en avait ras la casquette de ce boulot, il comptait finir sa mission proprement. En revanche, lorsque l’avocate mentionna Beatriz, le tatoué se renfrogna. « Non. » June comprit bien qu’insister ne servirait à rien pour l’instant, Donovan ne laisserait pas la mexicaine approcher de la maison du sénateur. Il comprenait parfaitement la situation, il savait qu’elle aurait pu tenter de raisonner Chambers ou rassurer Nina, mais c’était trop dangereux. Il ne mettrait pas la vie de sa copine et de leur bébé en jeu.

Laissant la rousse gérer avec Ela la situation plus bas, Donnie observa de son perchoir la foule que Stan et Joann avaient réussi à écarter. Il remarqua les Rogers en pleine bataille de boules de neige. « Ils ont rien d’autre à foutre sérieusement … » souffla-t-il en secouant la tête, reportant aussitôt son attention sur le bureau.

Son talkie grésilla à nouveau, la voix de June résonnant à nouveau dans la pièce qu’il occupait seul. Les choses allaient bouger, la voiture n’allait pas tarder à arriver avec tout ce que Chambers avait demandé, Ela se chargerait des négociations. « Je le lâche pas » affirma le tatoué, calant une cigarette entre ses lèvres, nonchalamment. Ce genre de situation, c’était son truc, enfin pas les négociations, non l’attente, la visée, ce moment où il savait qu’il devait presser la détente.

« N’insiste pas, Beatriz mettra pas les pieds là, c’est trop dangereux ... Elle sera là pour Nina s'il le faut mais pas tant qu'il a une arme. »Si Beatriz devait intervenir, ce serait uniquement pour prendre soin de Nina, elle connaissait cette gamine depuis des années, ce serait sans doute la seule personne capable de l’aider dans ce drame qui se jouait depuis quelques trop longues minutes. Du mouvement sur le côté attira son attention, la voiture approchait. Donnie inspira une longue bouffée de nicotine, sa visée rivée sur la fenêtre, suivant les mouvements du sénateur.

Spoiler:

Swann préférait ne pas trop prendre part à la cohue. Sa petite-amie était de nature impliquée, quoiqu’elle en dise, dans la vie du camp, alors ce fut normal de la voir s’élancer vers l’intérieur à la suite des coups de feu. Lui, restait en retrait, à observer les gens s’agglutiner et s’agiter comme des animaux. Il était persuadé que dans ce groupe d’énervés, les vrais révolutionnaires étaient rares. Les autres n’étaient que des rats suiveurs, avides de violence et de casse sans réellement savoir pour quoi ils se manifestaient.

Le cadet Blackmore attendait. Voir Ela s’affirmer le satisfaisait : il avait misé sur elle depuis longtemps mais ne s’attendait pas à voir June sortir de l’ombre. Il était alors sceptique. Dans cet entre-deux bancal, les fortes têtes émergeaient les unes après les autres. Qu’est-ce que cela signifiait vraiment pour l’avenir du camp ? Est-ce qu’ils allaient continuer cette politique de tri sélectif ? Est-ce qu’il fallait s’attendre à un virage à 90° ?

Lorsque Joann était venue lui rapporter ce qui s’était passé, accompagné de ce fameux Lawrence, il eut un rictus dédaigneux. Le jeune homme était intérieurement partagé entre le plaisir mesquin de voir les Rogers éjectés après que l’un ait pris une balle ou le mépris de savoir qu’ils avaient « encore une fois » fait n’importe quoi. Dire que l’étudiant appréciait Siobhán était un grand mot. Toutefois, avant d’être totalement ensorcelé par l’aura de l’escort-girl, c’était la femme du sénateur qui avait toute son attention. Elle dégageait une force charismatique, un magnétisme que l'on devinait dangereux mais irresistible. C’était dommage… elle ne méritait pas de mourir comme ça. Lorsque l’israélienne les trouva pour leur demander de disperser, sinon d’éloigner, les gens, les sourcils de Swann se soulevèrent de surprise.

- Ah…

Est-ce qu’il avait sérieusement des airs de videurs ou d’agent de circulation ? Elle ne pouvait pas demander à Aaron, Elias et Takeo par exemple ? Ça les occuperait intelligemment… pour changer. Il poussa un soupir et dut prendre sur lui pour donner de la voix et inciter les badauds à reculer. Contrairement à ce qu’Ela semblait penser de lui, le cadet Blackmore n’était ni quelqu’un qui aimait s’affirmer, ni quelqu’un qu’on respectait naturellement. La réussite de sa mission devait bien plus être due à la proximité de Joann et sa grande gueule.

Ce fut non sans un sourire en coin qu’il la voyait rabrouer quelques retardataires. Autour d’eux, le temps passait, le plan se mettait en place. Swann n’avait qu’une vague idée de ce qui se préparait pour déloger le sénateur mais le talkie-walkie de June et le gilet pare-balle qu’elle et la veuve portaient donnait quelques pistes. Une belle perte de temps et d’énergie tout ça…. Lawrence finit par attirer l’attention de l’escort-girl sur le duo de comique qui faisait – encore – des siennes. Levant les yeux au ciel, l’étudiant profita de la diversion pour dire ce qu’il pensait à sa petite-amie, assez bas pour qu’elle seule l’entende :

- Ils devraient le tuer tout de suite. Chambers, il haussa les épaules avant de continuer sans une once de compassion, c’est comme ça que ça va finir de toute façon. Il est allé trop loin pour revenir en arrière et ils ne le laisseront jamais partir. Il ne faut pas le laisser partir, appuya-t-il cruellement.

Spoiler:

Suivant le routier, Evy fronça les sourcils et ouvrit la bouche, horrifiée, par ce qu'il lui expliquait tout en rejoignant l'endroit où ils dénicheraient un véhicule. La femme du sénateur était donc morte, et sa petite fille était désormais enfermée avec lui, témoin du meurtre de son père sur sa propre mère. Quant à Merl, s'il était blessé, c'était uniquement car il avait voulu venger Ela s'étant pris une salve lorsque les plus qualifiés négociaient avec Chambers. Taraudé, la gamine suivit néanmoins le mouvement, le cœur en pleine lutte. L'homme désirait un véhicule et des vivres, de l'essence même, pour quitter le Fort. Il était donc devenu fou et embarquait sa pauvre enfant dans sa folie. Muette le temps du trajet, la gosse manqua de hurler en voyant Clayton coller son poing dans la figure du type qui refusait de leur donner les clefs. Certes c'était une question de vie ou de mort, mais une fois encore la violence semblait résoudre un problème. Pour autant, et alors qu'elle enjambait le corps de l'homme que Clayton venait de baffer – ce dernier se tenant le nez qui pissait le sang – la gosse esquissa un piètre sourire à ce dernier.

- Désolée... Lâcha-t-elle, le cou rentré dans les épaules, pour ensuite emboîter le pas à Buchannan jusqu'à la bagnole qu'il lui désigna sans cérémonie aucune.

Direction le réfectoire où, sur place, son partenaire du jour réclama maints cartons afin de stocker un maximum de vivres dans la berline. Chacun y mit du sien après qu'on leur ait exposé la situation critique, et une chaîne humaine permis au duo de gagner un temps que la gosse espérait suffisant pour revenir avant le drame. De nouveau, Clayton prit le volant et roula rapidement vers la bâtisse devant laquelle elle vit Ela et June non loin. Après la demande du routier, concernant l'endroit où la voiture devait être positionnée, Evy retint ses questions et quitta l'habitacle pour s'empresser vers les deux femmes malgré l’œillade froide de Phelbs. Collins n'avait guère l'intention de rester ici, visiblement certains avaient même fait le ménage devant la demeure, c'était sans doute pour sa présence auprès d'elles que l'avocate la fusillait du regard.

- J'vais ficher l'camp vous inquiétez pas ! Lui indiqua-t-elle assez froidement malgré les élans trop vifs de son cœur. Cette femme la tenait au creux de sa paume, néanmoins elle venait de les aider en compagnie de Clayton et ne désirait que les prévenir tout en s'assurant que son amie allait bien. La voiture est pleine, Clayton veut simplement savoir où la positionner pour ne gêner personne et que.... Enfin où doit-il la garer ? Le temps pressait, inutile de faire de belles phrases.

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Visiblement Lawrence aussi se mangea quelques injures, cependant ses réponses aux concernés, ne voulant pas déguerpir, l'invitèrent à sourire jusqu'à ce Swann revienne auprès d'elle après s'être occupé des derniers curieux qui dégageaient la zone. Voilà qui était fait, du moins le pensa-t-elle avant même de sentir le coup de coude de son ami qui la poussait à zieuter qui se trouvait encore trop près de la demeure. Sans surprise aucune, les deux Rogers dont un Jason qui jouait les gamins puériles en balançant quelques boules de neige. C'était le moment, pour sûr, un type venait de buter sa femme, menaçait encore les jours de sa fille, son frangin était blessé, rien de tel pour une bataille de neige. Gavée, un soupir fila ses lèvres tandis qu'ils avançaient dans leur direction et que Lawrence l'ouvrait le premier. La réponse de Merl la fit rouler des yeux, dans le genre crétin ces deux types se campaient là, néanmoins Swann lui, avait le regard ailleurs, précisément sur les deux femmes harnachées de gilets par-balle et de talkies... Signe que quelque chose se mettait en place concernant le sort de Chambers. Prête à répondre, Cain recula d'un pas en voyant la bagnole arriver et Evelyn en descendre pour s'empresser vers les deux négociatrices en poste.

- Une balle dans la tête suffirait. Opina-t-elle en un susurre à son petit ami avant de croiser ses prunelles où une lueur vile dilatait presque ses pupilles. Il ne partira pas, j'imagine pas que Phelbs pense une seconde à lui laisser cette chance, il a commis sa dernière connerie en tirant sur sa femme... Quant à toi, Reprit-elle plus fort en déviant les yeux sur Merl qui venait de menacer Davis. tu ferais mieux d'faire un tour au dispensaire, à moins que ton frangin préfère te voir défaillir sur place ?

La Canadienne fixa Jason une seconde, le défiant presque de lui donner tort. S'il tenait tant à son frangin, pourquoi ne l'avait-il pas déjà rapatrié à l'infirmerie au lieu de faire le con à quelques mètres à peine d'un endroit où les choses pouvaient encore dégénérer ?

- Rence vous a demandé de foutre le camp faites le, arrêtez de compliquer les choses Merl l'a déjà suffisamment fait, t'as le sang d'une mère sur les mains Smallville.. j'espère que t'es content.

Joann se fichait bien que l'épouse ne soit plus, elle ne la connaissait pas, mais piquer la où ça faisait mal, sachant que part la faute de ce crétin une gamine avait perdu sa mère, l'invitait à jubiler et à oublier que rien n'était encore fait concernant l'avenir du camp.

- Des animaux... Sourit-elle à l'unique attention de Swann. Tu avais raison y a plus de trois mois. Glissa-t-elle en évoquant l'instant où ils s'étaient parlé à cœur ouvert. T'as besoin de nous pour autre chose Rence ? Reprit-elle à l'intention de Davis.

Spoiler:

Il était tous les trois là nous surplomber de toute leur hauteur, mais pourquoi ils avaient décidé de nous faire chier ? On était à près de cent mètres de la maison, on ne risquait rien d’ici dans le fond, on ne faisait pas trop chier. Il y avait encore des gens vachement plus près que nous, mais non, il avait décidé de venir ici. C’était quoi le délire ? Ils voulaient s’assurer de nous emmerder jusqu’au bout ou bien ?

- Ici on est bien plus loin que la plupart des gens alors arrêtés de faire chier.

Je regardais mon frère qui semblait être au bout du rouleau tout comme moi. Je sentais qu’il était à deux doigts de leurs sautés à la gorge. Je voyais bien tous les autres là. Y avait la voiture qui été arrivé la situation était en train de se décanter tout doucement et voilà qu’il arrivait comme un cheveu sur la soupe. Je n’étais pas en état de rentrer chez moi, j’aurais bien aimé me mettre au chaud, mais ce n’était pas possible. Il était con ou il faisait exprès ? Elias ne voulait pas me faire bouger de la maison et ce n’était pas pour rien qu’il nous avait laissés ici. Mon regard se fit noir alors que je les fixais avec plus d’intensité. Ma voix s’éleva comme si leurs crier dessus pouvaient leur faire mieux réaliser ce qui était en train de se passer.

- JE NE PEUX PAS BOUGER !

M’énerver ce n’était pas le bon plan, clairement Elias m’avait dit de la jouer calme avant de partir, j’avais besoin de reprendre un peu de force avant de rentrer chez nous. Je sentais déjà ma tête tourner alors que je n’avais fait que lever le ton. J’étais bien content d’avoir un pilier de la rambarde du porche juste à côté de moi ce qui me permettait de m’en servir pour me soutenir. J’avais beau faire le con, je n’allais pas bien et voir leur gueule de merde juste devant moi ce n’était pas le genre de chose qui faisait que j’allais mieux. Je sentais Jason se raidir à côté de moi. Il était prêt à sauter sur les autres. Je tendais mon bras en sa direction, il ne fallait pas qu’il mette plus la merde que ce n’était déjà.

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