Se glissait à nouveau dans un lit lui faisait un bien fous, mais il n’était sans doute pas prêt à fermer l’œil, c’était sans compter sur l’état d’Eileen et ce qu’elle était en train de lui dire. Le sénateur la connaissait bien et savait parfaitement qu’elle avait besoin de lui et de son soutient, il était peut-être fatigué, mais ce qu’il avait dormi, lui avait redonner des forces et il aurait été même pour rentrer au ranch, bien qu’il savait tout ça trop dangereux, alors il se contenterait de rassurer sa femme. Il commença à lui parler d’une voix qui se voulait douce et rassurante.

- Honey, s'il te plait écoute-moi.

Caleb passa délicatement sa main libre sur la joue de sa femme avant de la passer dans ses cheveux tendrement. Il devait la rassurer, c'était une certitude, oui il était fatigué, mais la seule chose qui avait un tant soit peu d'importance pour lui en ce moment, c'était elle. Alors il prendrait le temps qu'il faudrait pour la rassurer et même si c'était une bonne partie de la nuit qui lui restait à dormir, cela n'était pas important pour lui. Malgré la pénombre, son regard se posa sur sa bien-aimée, il lui offrait un regard bienveillant avant de reprendre ce qu'il avait en tête.

- Une erreur, ça arrive d'un rien. Tu n'as pas à te sentir responsable pour tout ça. J'aurais pu être à ta place et m'endormir également. S'il te plait, ne t'en veux pas, c’est inutile. Je peux comprendre que c'est dur pour moi, mais on est en vie tous les deux, c'est le principal. On rentrera chez nous dans quelques heures et on finira notre nuit après.

Pour lui, le plan était plutôt simple, il savait que la nuit serait sans doute tranquille maintenant, mais il comprenait bien que ce ne soit pas aussi évident pour sa moitié, ils avaient l’un comme l’autre, tué des gens aujourd’hui et passer à deux doigts de la mort, ça avait été dur, mais il avait appris à frapper mine de rien. Il se surprenait même lui-même d’avoir fait ça. En attendant, maintenant, il fallait réussir à s’en remettre et cela ne semblait pas si facile. Il savait qu’il avait fait des choses plus horribles que ça par le passer, mais frôler la mort à ce point-là était sans doute une première pour lui.

- S'il n'y a que ça pour te sentir mieux, on fera en sorte de s'entraîner plus dur avant la prochaine sortir. On est ensemble et se sera toujours le cas, je ferais tous pour te protéger et que tu en feras de même.

L’homme faisait de son mieux pour rassurer sa femme, mais il savait que ce n’était pas si évident que ça, il sentait toute la tension qui se trouvait dans son corps à cet instant et la seule chose qu’il était en mesure de faire pour que les choses aillent au mieux c’était de la serrer un peu plus fort contre lui. Il était fou d’elle et n’avait rien à lui reprocher. Ce qui était arrivé n’était pas sa faute, si ce devait être la faute de quelqu’un se serait même plutôt la sienne, c’était lui qui l’avait entrainé dans cette histoire, mais qu’importe, il fallait présentement qu’elle se calme et qu’elle se repose, au moins jusqu’à l’aube pour qu’ils puissent repartir sereinement, il espérait que sa jambe ne le ferait plus souffrir d’ici là, mais il ne fallait pas trop en demander, c’était quelques choses qu’il avait fini par apprendre un peu contre son grès. Il déposa un doux baiser sur le front d’Eileen attendant de voir si ses mots avaient eu la portée nécessaire pour la calmer.

Eileen ne pouvait faire autrement que d'écouter ce que son mari avait à lui dire. En un sens, elle s'en voulait de ne pas simplement passer à autre chose. Mais d'un autre côté, qui aurait pu l'en blâmer ? Ils étaient passés très près d'une désastreuse mésaventure. Leur bonne étoile leur avait encore porté chance, et ils devaient en être heureux. Toutefois, une telle situation avait donné à réfléchir. Ils étaient exposés, et même s'ils avaient surmonté bien des épreuves ensemble ils n'étaient pas invincibles pour autant. Au moins, les mots de Caleb et les tendres caresses qu'il lui dispensa lui permirent de s'apaiser. Les coups douloureux de son cœur dans sa poitrine s'apaisèrent. L'angoisse qui semblait accompagner chacune de ses inspirations se tarit. Ils n'étaient pas totalement à l'abri, mais leur refuge ferait largement l'affaire pour la nuit. De toute façon, il y avait fort à parier qu'avec ce qu'ils venaient de traverser, ils allaient être sur le qui-vive et ne dormir que d'un œil.
Le regard de la brune se perdit un moment sur les traits tirés du sénateur. Dans la pénombre qui lui permettait à grand-peine de le distinguer, il lui paraissait cependant plus vieux. Marqué aurait sans doute été le terme le plus approprié. Avec douceur, elle tendit la main vers lui et lui caressa la joue du bout des doigts, dans un effleurement plein de tendresse. Il était loin, l'homme politique orgueilleux et fier qui prenait tant soin de son image. Ce qui régissait sa vie auparavant n'était plus que des futilités. Seul l'essentiel restait. Ainsi qu'une certitude : il était l'homme qu'elle aimait, celui qui lui permettait de tenir chaque jour, et rien d'autre n'avait d'importance. Doucement, elle laissa filer un soupir entre ses lèvres.

« Tu as sans doute raison... C'est juste qu'avec tout ça, c'est vraiment pas passé loin.

Caleb avait raison. Pourquoi continuer à se miner ? Le passé ne pouvait plus être changé, et ils s'en étaient sortis. Les remords ne l'avanceraient pas plus. Par ailleurs, sa faute n'avait rien été de plus qu'un réflexe des plus humains. Lourd de conséquences, sans doute... Mais la fatigue finissait toujours par prélever son dû. Eileen résolut de ne plus s'appesantir sur ce qui s'était passé, mais de plutôt regarder vers l'avant. Dans le fond, son compagnon n'avait pas tort. Ils devraient se préparer un peu plus avant leur prochaine sortie. Ils n'avaient jamais été du genre à se montrer imprudents, à négliger leur préparation... Mais un petit entraînement ne leur serait pas inutile, loin de là.
Saisissant la main de son mari, la jeune femme déposa un baiser sur celle-ci avant de doucement la poser contre son cœur. Elle conserva le silence quelques instants, le temps d'être certaine que sa tension s'était peu à peu apaisée. En dehors de leurs respirations, plus rien d'autre n'était audible. Pas même le râle disgracieux d'un rôdeur en maraude. Une situation qu'il aurait été bien difficile d'imaginer quelques années plus tôt, quand tout était encore normal. Quand seul un double vitrage de qualité garantissait la tranquillité aux habitants. Au bout d'un moment, la jeune femme pouffa avant de se retourner à nouveau vers son mari.

- On pourra se consoler en se disant que tu as trouvé des lunettes... Au moins ce n'était pas pour rien. Et la prochaine fois, on sera prêts.

Sa voix avait retrouvé un rien de fermeté, et elle le nota avec une réelle satisfaction. Cela acheva de la réconforter et de lui donner envie d'aller de l'avant. Elle avait la sensation qu'une flamme de battante venait de se rallumer en elle, et c'était des plus rassurant. Leur situation aurait été des plus frustrantes si elle avait en plus été un échec cuisant. Mais même si leur expédition n'avait pas franchement eu l'air d'une glorieuse aventure, au moins avaient-ils réussi à avoir ce pour quoi ils étaient venus. Sentant la fatigue recommencer à réclamer son dû, maintenant que la tension était retombée, Eileen réprima un bâillement. Avant de se laisser sombrer, elle avait encore quelque chose d'important à dire.

- Je t'aime Caleb... »

Ces mots étaient une sorte de talisman qui lui permettait de puiser de la force dans leur couple. Elle aimait l'entendre et le dire, le répéter à l'envi. C'était une réalité forte et agréable, et elle lui permettait de tenir chaque jour un peu plus. Avec un sourire, elle se pencha sur Caleb pour l'embrasser longuement, presque jusqu'à en perdre le souffle. Un baiser fort, qui acheva de la remettre sur pieds comme il se devait. Le lendemain serait une nouvelle journée, et le matin serait vite là. Ils se devaient d'être en forme pour affronter le chemin du retour.

Il sentait sa femme se ressaisir et ça lui faisait un bien fou, il sentait même la fatigue se faire ressentir, maintenant que tout allait mieux, il avait l’impression de pouvoir lâcher prise. Il se laissa aller un peu plus au fond de son lit alors qu’Eileen était en train de lui confirmer qu’elle était prête à se battre. Il sentait le courage remonter en elle et c’était ce qu’il avait besoin et envie d’entendre à l’heure actuelle. Il afficha un sourire qui se voulait amoureux alors qu’elle lui prononça les trois mots qu’il préférait sans doute le plus entendre dans sa bouche. C’est avec passion qu’il l’embrassa en retour sachant très bien que cette nuit-là ne serait pas pleine de folie contrairement à ce qu’il avait insinué avant de partir. On ne pouvait pas toujours tout avoir, mais il n’en avait même pas envie non plus. Il sera un peu plus sa femme contre lui avant d’ajouter à son tour.

- Moi aussi je t’aime. Repose-toi maintenant.

En réalité, ils allaient sans doute autant s’endormir l’un que l’autre avant que l’aube ne pointe le bout de son nez, mais il ne chercha pas à dire quoi que ce soit de plus. Le principal avait été prononcé, il était maintenant tant pour eux deux d’oublier un peu ce qui venait de se passer. Ils avaient mérité de pouvoir se reposer. Demain serait une longue journée jusqu’au ranch et même s’ils n’auraient pas le courage de faire quelques choses de plus, il faudrait être assez reposé pour que la journée se passe sans encombre. Caleb avait mis de l’eau dans son vin depuis qu’il vivait dans ce Nouveau Monde, mais il avait tout de même tendance à être désagréable alors qu’il manquait de sommeil et il savait qu’il n’avait pas besoin de mauvaise pub supplémentaire. Il soupira alors que son esprit était en train de sombrer doucement vers les bras de Morphée.

Heureusement pour eux, le chemin de retour le lendemain matin se fit sans encombre et c’est juste avant l’heure du déjeuner que le ranch apparut dans le champ de vision de Caleb qui était au volant de la voiture. Ils c’étaient finalement lever un peu plus tard de prévu après quelques heures d’un sommeil réparateur plus que mérité. Il lança un regard à sa femme s’assurant qu’elle allait bien. Il était content d’affirmer qu’ils étaient arrivés saints et saufs en sécurité, oui, ils étaient un peu chamboulés. Il en aurait fait toute une histoire par le passé, mais c’était fini tout ça, tant qu’ils étaient tous les deux et en vie, il n’avait rien de plus à demander. Sans doute encore une heure ou deux de repos, mais il était bien déterminé à les prendre après avoir mangé un morceau.