Puisque la décision de fouiller les lieux était prise, le couple s'avança vers la porte d'entrée. Quelques instants plus tard, ils étaient entrés et pouvaient commencer à fouiller. Caleb pénétra en premier dans le hall, mais tout semblait calme et désert. Un peu comme cet environnement dans lequel ils évoluaient, et qu'aucun rôdeur ne semblait vouloir troubler pour le moment. Eileen acquiesça doucement quand son mari signala que la voie était libre. Elle le rejoignit sans attendre, sachant déjà qu'elle ne comptait pas le quitter d'une semelle. Après tout, il y avait un danger potentiel à cause des traces qu'ils avaient relevées à l'extérieur. En temps normal ils se seraient sans doute séparés pour couvrir plus de terrain, mais elle était réticente à le faire cette fois-ci.
La jeune femme se retourna pour jeter un regard indécis à la porte. La laisser ouverte leur permettrait de sortir plus vite en cas de problème, mais c'était aussi laisser un accès plus rapide au danger dans leur dos. Ils n'étaient jamais à l'abri de voir arriver quelqu'un ou quelque chose qui pourrait vouloir les menacer. Elle finit par la fermer malgré tout, puisqu'il lui fallait choisir entre l'une ou l'autre solution. Cela leur permettrait d'être plus discrets. Elle venait de rejoindre le sénateur pour de bon lorsque celui-ci fit une remarque qui l'incita à regarder un peu mieux autour d'eux.

« Oui mais... Parfois la poussière ne se forme pas dans les endroits inoccupés si les conditions sont propices. On aura peut-être du mal à le savoir.

Dans tous les cas, elle avait un petit doute sur toute cette situation. Si quelqu'un était venu prendre possession des lieux, il n'allait pas pousser le vice jusqu'à nettoyer la poussière, si ? Ou du moins pas partout, pas là où il n'en aurait pas l'utilité... La brune poussa un soupir avant d'imiter son compagnon et de se mettre à fouiller dans la même pièce que lui. Ils étaient là avec un objectif, trouver des lunettes.
Eileen avait commencé à fouiller en profondeur un meuble bas lorsqu'un bruit de choc retentit à l'étage supérieur. Cela lui donna un sursaut qui eut pour effet de lui cogner la tête contre le dessus du meuble en bois. Cela provoqua un bruit sourd mais surtout une douleur tentaculaire qui irradia d'un coup dans son crâne. Elle émergea du meuble en grommelant et en se frottant la tête avec une grimace ancrée sur les traits. Malgré ça, il y avait plus important. Ils devaient savoir d'où venait ce bruit qu'ils avaient entendu. Ou du moins, elle devait être certaine de ne pas avoir rêvé.

- Tu as entendu ? Tu crois que c'est un raton laveur, comme la dernière fois ?

Ils avaient déjà eu une frayeur par le passé à cause de ce petit animal qui s'était glissé dans une maison pour chaparder des restes de nourriture. Il y en avait même eu d'autres, de l'opossum au chat en passant par les rats. Rien n'indiquait que cela puisse être autre chose pour cette fois... si ce n'était le mauvais pressentiment né de la découverte des traces dans la boue gelée, devant la porte. Ils ne pouvaient rester dans l'ignorance, car cela ferait obligatoirement naître le danger.
Continuant à se masser la tête tout en craignant d'avoir une bosse à terme, la brune s'approcha de Caleb avec une moue perplexe sur les traits. Son regard vint se river sur le plafond de la pièce, comme si celui-ci recelait des réponses. Elle espérait au moins entendre quelque chose, des pas, d'autres chocs... mais le silence était revenu pour l'instant. De sa main libre, elle attrapa le bras du sénateur en reportant son attention sur lui.

- Il faut qu'on aille voir... »

C'était ça ou faire demi-tour sans attendre. Cela aurait pu être la solution la plus prudente à adopter. Mais puisque aucune menace n'était encore survenue clairement face à eux, c'était aussi une option un brin précipitée. Sans trop attendre, la jeune femme sortit de la pièce à la recherche des escaliers. Le silence était presque angoissant, opaque, et elle entendait les coups furieux de son cœur qui étaient dus à l'appréhension. Elle ne tarda pas à trouver les escaliers qui menaient à l'étage, et posa précautionneusement un pied sur la première marche. Avec une profonde inspiration, elle se mit à monter la seconde, puis la troisième, avec une lenteur calculée pour que Caleb puisse la suivre comme son ombre.

L’homme avait écouté l’information de sa femme tout en fouillant. Il n’y avait rien de vraiment utile à leurs survies et encore moins les lunettes qu’ils étaient venus chercher ce qui le rendait de plus en plus maussade au fur et à mesure que l’heure avancer. Une partie de lui avait l’impression que jamais, il n’arriverait à mettre la main sur l’objet qu’ils étaient venus chercher. Il n’avait pas à dire, par moment être terre à terre c’était un brin déprimant. Il continuait tout de même de chercher parce que ne sait-on jamais, il avait bien mis la main sur une paire de lunettes de soleil, mais ce n’était pas vraiment pour ça qu’il était là.

D’un coup alors que le silence était toujours aussi pesant malgré leurs échanges et le bruit de leurs respirations un énorme bruit se fit entendre à l’étage, impossible de savoir ce que c’était sans aller le voir. Et puis plus rien, le silence. Caleb bloqua sa respiration d’un coup et son regard se tourna vers Eileen qui était en train de pester alors qu’elle s’était fait mal. Son premier réflexe aurait été de lui demander comment elle allait si elle n’était pas déjà en train de lui demander ce que c’était et malheureusement, il n’avait pas la réponse à cette question. Il aimerait pouvoir lui dire que ce n’était rien qu’il pourrait passer à autre chose, mais il n’en savait rien. Son cœur battait toujours plus fort alors qu’il finit tout de même par prendre une décision. Il ne pouvait pas rester silencieux au milieu de la pièce ça ne servirait à rien.

- Pour le moment, on est bien, si ça avait été un humain dangereux on aurait déjà une arme de braquée sur nous. Allons voir.

Caleb respirait doucement alors qu’il montait doucement les marches de l’escalier qu’Eileen avait trouvé. Il était bien décidé à prendre les devants. Il ne voulait pas qu’elle le fasse même s’il la savait parfaitement capable de le faire. Finalement, arrivé à l’étage, il se trouva devant plusieurs portes, il y en avait une entre ouverte et il décidait que c’était dans celle-là qu’il devait entrer. Une certaine odeur de décomposition qu’il n’avait pas encore sentit jusqu’à présent arriver à son nez et il fit une grimace. Il faut dire qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il y a vu en l’ouvrant doucement et sans bruit. Dans la pièce, il y avait un rodeur qui était attaché à une armoire et qui semblait collé à la fenêtre. Il avait dû voir quelques choses bouger dans l’arbre en face de la maison et se jeter sur cette dernière. Il était content de ne pas avoir côtoyé de rôdeur depuis celui du lac et il aurait bien aimé que les choses restent comme ça. Sans vraiment réfléchir et sans laisser à Eileen le temps de voir, il referma la porte avant de faire quelques pas en arrière. La porte s’ouvrait en tirant de l’intérieur, il était donc tranquille sur le fait que ce monstre ne pourrait pas l’ouvrir puisqu’il n’était pas assez intelligent pour ça et eux ne pourrait peut pas l’ouvrir en poussant si ce dernier se précipitait contre la porte.

Après quelques pas en arrière supplémentaire, il se tournait vers sa femme pour lui expliquer ce qu’il venait de voir. Enfin, c’était ce qu’il avait envie de faire, mais il avait décidément peur de se faire entendre. C’est donc le plus bas possible tout en restant audible qu’il prit la parole.

- Écoute, je ne sais pas où on est, mais y a un rodeur vivant, attaché dans la pièce que je viens de refermer. Je pense que la décision la plus sage serait certainement de partir d’ici.

La décision la plus logique. S’il était harnaché comme ça, c’était justement parce que quelqu’un viendrait le retrouver. Caleb n’hésita pas plus longtemps et ouvrait la marche pour descendre l’escalier quand en arrivant au milieu de ce dernier, il entendait des gens faire irruption dans le hall où il était Eileen et lui un peu avant. Il ne savait décidément pas comme il allait pouvoir gérer ça, mais il était évident qu’ils allaient avoir du mal à repasser par la même entrée pour disparaitre de cet endroit. Il se retourna vers Eileen pour l’inviter à remonter. Il n’était pas plus en sécurité en haut, mais ils ne pouvaient pas rester à la vue de tous au milieu de l’escalier non plus.

Tandis qu'Eileen était en train de monter les marches de l'escalier une à une avec un luxe de précautions pour ne pas faire de bruit, elle fut dépassée par Caleb qui ne voulait pas la laisser ouvrir la marche. Elle ne s'en étonna pas trop et ne s'en irrita même pas. Dans le fond, elle savait qu'il ne doutait pas de ses capacités, et qu'il avait simplement envie de la protéger et de la préserver. C'était très chevaleresque de sa part. Son cœur n'en continua pas moins à battre à grands coups furieux. Le danger n'avait toujours pas été évalué, et il semblait difficile de le faire.
Ils parvinrent ensemble au palier qui s'ouvrait sur un large couloir à l'étage, qui donnait accès à un certain nombre de portes. Le sénateur choisit la première d'entre elles qui était entrouverte. Il faisait écran de son corps, ce qui ne permit pas à sa femme de voir ce qui se trouvait à l'intérieur. Après tout, il n'avait fait que l'entrouvrir un peu plus pour y voir clair. La seule chose qu'elle remarqua, ce fut l'odeur de putréfaction, lourde et désagréable, qui s'insinua jusqu'à ses narines et lui fit froncer le nez. Son mari referma rapidement la porte et se tourna vers elle pour lui dire ce qu'il avait vu, sans lui laisser le loisir de le voir elle-même. La révélation lui fit ouvrir des yeux ronds.

« Un rôdeur... attaché ? Tu veux dire, comme un chien en laisse ?

Il y avait fort peu de chances pour que ce mort-vivant ait écopé de ce dispositif par ses propres moyens. Soit il l'avait au moment où il s'était transformé, ce qui était hautement improbable, soit on le lui avait passé par la suite. Il pouvait très bien avoir été abandonné là... ou alors juste laissé sur place comme on laisse un animal de compagnie avant de revenir, le temps d'aller travailler ou faire une course.
Caleb semblait pencher davantage pour cette hypothèse et vouloir sortir de cette maison au plus vite, et la jeune femme ne pouvait que lui donner raison. Par précaution, mieux valait ne pas tout mettre en œuvre pour se heurter à d'éventuels ennemis. Alors qu'ils se repliaient vers les escaliers, elle ne put s'empêcher de se demander pourquoi quelqu'un pourrait vouloir garder un rôdeur en laisse. Cela la fit frissonner. Ils étaient en train de commencer à descendre les marches lorsqu'un groupe de survivants fit irruption dans la maison, leur coupant toute retraite. Il était difficile de dire combien ils étaient, seules les voix pourraient les aider à faire une estimation. Le sénateur lui fit signe de remonter et ils le firent en toute hâte en tâchant de rester silencieux. Cela les cantonnait donc à l'étage, mais ils n'étaient pas plus avancés...

- Où est-ce qu'on va ? Ils nous coupent la route...

Eileen s'était exprimée dans un souffle, à voix basse. Son regard passait nerveusement d'un bout du couloir à un autre, s'attardant plus particulièrement sur la gueule béante de l'escalier qui menait en bas. Elle craignait presque de voir apparaître une tête puis un buste d'un instant à l'autre. Ils étaient obligés de rester là, mais ils ne pouvaient pas attendre d'être cueillis comme des fruits mûrs. Comment allaient-ils pouvoir sortir de là sans se faire prendre ? C'était sans doute la question la plus pressante. Il y avait fort à parier que ces gens allaient finir par monter, et alors toute cachette finirait par être découverte tôt ou tard. Ils étaient des adultes et donc plus difficiles à cacher que des enfants...

- Il faut qu'on trouve un accès pour sortir par l'étage. »

La brune était arrivée à cette conclusion, qui semblait être la seule viable. Cela signifiait trouver un endroit où se laisser tomber, ou encore quelque chose comme une corde ou des linges attachés les uns aux autres pour descendre plus ou moins en rappel. Ils n'avaient pas forcément beaucoup de temps devant eux pour se décider. Avec un sentiment d'urgence au cœur qui la rendait presque nauséeuse, la jeune femme s'approcha d'une porte qu'ils n'avaient pas encore ouverte pour y jeter un œil. La pièce était une chambre, déserte. Elle comportait une fenêtre, et c'était un début. Ils seraient au moins plus difficiles à repérer au premier coup d'oeil. Eileen fit signe à son mari de la suivre, puisque la voie était libre, et une fois entrée elle fila vers la fenêtre pour tâcher de trouver une solution. Il revenait à Caleb de refermer discrètement la porte derrière eux.

La question d’Eileen était logique, elle n’avait pas vu l’horreur contrairement à lui, mais déjà, il espérait pouvoir éviter ça. Il ne comprenait pas comment et pourquoi on pouvait garder une puanteur pareille. Il n’avait pas vu la créature de face. Il ne pouvait pas savoir si le monstre était vraiment dangereux ou non, mais il s’en fichait totalement. La seule chose qui avait de l’importance à présent était le fait de pouvoir s’enfuir d’ici le plus rapidement possible. Sans rien dire donc, il suivit sa femme à l’étage parce que c’était la seule option qu’il avait de toute façon. Il devait rester positif en cet instant, mais il avait énormément de mal à le rester pour lui, c’était peut-être leurs dernières aventures ici.

C’est avec un maximum de douceur que Caleb referma la porte derrière eux. Il sentait que son cœur battait beaucoup trop vite. Il savait que ça allait être compliqué de s’enfuir d’ici, mais il n’avait pas le choix. Il devait affronter la réalité et trouver une solution, c’était ce qui allait faire la différence entre la vie et la mort. Il était hors de question que sa femme et lui y passent bêtement. Il remarquait la clé à l’intérieur de la porte et décida de fermé à la porte à clé, ça pourrait toujours leur fournir quelques secondes supplémentaires pour s’enfuir d’ici.

- Est-ce que la fenêtre s’ouvre ?

La question était vraiment très simple, mais en c’était d’une importance capitale. De son côté, il était en train de fouiller dans le placard pour mettre la main sur plusieurs draps. Ils n’avaient pas le choix, s’ils voulaient partir, il avait besoin d’une corde et il n’avait pas ça dans son sac et il savait qu’il en était de même avec sa moitié. Le manque d’option devenait donc de plus en plus contraignant. Il n’avait pas peur de se faire prendre, il avait peur de perdre la vie ce qui n’était pas pareil. Par moment, des éclats de voix venaient jusqu’à eux et il avait l’impression que les gens qui vivaient ici n’étaient que des barbares. Ils rigolaient fort, ils parlaient de tuer des gens avec une simplicité affolante, en même temps, il ne s’attendait pas à grand-chose de différent de la part de personne qui gardait un mort avec eux juste pour le plaisir. Il sentait que son corps commençait à trembler d’inquiétude et qu’il avait des sueurs froides, mais il devait rester maître de lui-même alors c’était ce qu’il faisait. C’était la différence entre la vie et la mort de toute façon. Il était venu pour des lunettes et allait sans doute repartir sans.

Finalement, Eileen lui confirma que ce n’était pas le problème alors il posa un tas de drap et sur le lit. S’enfuir de la sorte allait sans doute être plus compliqué que ce qu’il voyait dans les films, mais il avait envie de croire que c’était possible. Il commençait à prendre différents draps pour les attacher les uns avec les autres. Il attachait une extrémité au lit avant de lancer l’autre parti dehors. Il regardait par la fenêtre et pour le coup, il remarquait facilement que la corde n’allait pas jusqu’en bas, mais ça serait largement suffisant pour sortir d’ici. Il tourna son regard vers sa femme d’un air un peu inquiet avant de lui indiquer la fenêtre. Normalement la corde de fortune devrait tenir, mais il devait d’abord s’assurer que sa femme s’en sortirait. Il voulait la voir descendre et se mettre en sécurité. Il pinça ses lèvres une seconde avant de l’inciter à sortir d’ici.

- Descend en premier, dès que tu es en bas, je te suivrais.

Il était évident qu’ils ne pourraient pas descendre en même temps de peur que la corde de fortune ne lâche. Évidemment, Caleb serait alors le plus en danger des deux, mais ça ne le dérangerait pas tant que sa femme était en sécurité c’était tout ce qu’il l’intéressait. Il entendait alors des pas monter le long de l’escalier, il était évident qu’il allait falloir se dépêcher de sortir de cette maison avant de finir dans le même état que la créature qu’il y avait dans la pièce à côté, il ne pouvait pas rester ici en tout cas, c’était certain.

Entendant la demande de son mari, Eileen se hâta d'aller voir si la fenêtre pouvait s'ouvrir. Par chance, c'était le cas. Ils jouèrent même d'un vrai coup de pouce du destin puisque celle-ci s'ouvrit sans même émettre un bruit. En revanche, les rumeurs provenant du rez-de-chaussée s'intensifiaient. Ces gens parlaient fort, sans se soucier d'être entendus. C'était sans doute bon signe, cela voulait dire qu'ils n'avaient pas encore été repérés. Il fallait que cela dure assez longtemps pour leur permettre de fuir. Sous la fenêtre, il n'y avait rien d'autre que le sol pour se réceptionner. Cela faisait une sacrée chute, mais il semblait que Caleb avait trouvé une option en posant une pile de draps sur le lit.
La brune s'empressa de l'aider à nouer les draps ensemble, n'hésitant pas à tester leur solidité en tirant sur les nœuds. Il ne fallait surtout pas qu'ils viennent à céder lorsqu'ils seraient en train de se balancer à l'extérieur. Dans le fond, rien ne leur disait que c'était vraiment réalisable, que ce n'était pas simplement du cinéma. Mais il était sans doute trop tard pour se poser la question et hésiter. Ils n'avaient ni le temps ni d'autre choix. Lorsque le sénateur balança la corde de fortune par la fenêtre, ils en avaient assez entendu pour savoir qu'ils seraient tués si on les trouvait là. Les draps se balançaient un peu au vent et n'atteignaient pas le sol, mais il fallait se lancer malgré l'angoisse. La jeune femme adressa un regard à son mari avant de se préparer à descendre, son ton se faisant pressant et sans appel alors qu'elle s'adressait à lui.

« Ne traîne pas... Descends vite me rejoindre.

Si quelqu'un décidait de monter, tout allait se corser. Prenant une profonde inspiration, le cœur battant douloureusement contre ses côtes, Eileen attrapa de ses mains gantées la corde de draps multicolores puis elle enjamba le cadre de la fenêtre pour se retrouver dehors. Aussi vite qu'il lui était possible de faire tout en restant prudente, elle descendit mètre après mètre le long de la façade. Le fait de pouvoir appuyer ses pieds contre le mur facilitait grandement l'opération. Au moins, elle était ainsi stabilisée et le léger vent ne pourrait pas faire ce qu'il voulait avec elle. Alors qu'elle descendait, elle essayait de ne pas penser aux multiples façons dont cela pourrait mal se terminer. Ils pourraient être vus en train de descendre, ou encore être pris si quelqu'un venait à forcer l'entrée de la pièce. Elle essayait de ne pas penser au fait que Caleb était plus lourd qu'elle et que leur dispositif pourrait ne pas tenir. Elle s'efforçait de ne pas s'imaginer lâcher les draps ou alors les sentir se dénouer sous son poids et la précipiter plusieurs mètres plus bas.
Ce ne fut que lorsque ses semelles prirent appui sur le sol qu'elle se sentit libérée d'un poids. Une première étape était passée. La brune leva immédiatement la tête vers la fenêtre où elle voyait le sénateur. À son goût, il ne s'engagea pas assez vite à sa suite vers la descente, mais il finit tout de même par le faire. Il était difficile de dire si c'était l'angoisse qui lui avait donné ce sentiment de lenteur soudaine. Elle eut peur de le voir tomber durant toute sa descente, et poussa un soupir de soulagement ostensible lorsqu'il l'eut rejointe. Doucement, elle lui attrapa le bras, sachant que tout cela n'était pas une victoire définitive et qu'ils n'étaient pas encore totalement tirés d'affaire.

- Caleb, ces gens vont remarquer qu'on était là. La porte fermée, les draps... Ils vont nous chercher. On est à pied, et ils ont une voiture, donc on n'a pas beaucoup de chances... Il faut qu'on trouve un endroit où se cacher.

Est-ce que ce hameau recelait assez de maisons pour leur permettre de se trouver une cachette sûre ? Ce n'était pas certain. Ce groupe serait bien capable de passer tout le village au peigne fin pour les retrouver, s'ils en croyaient ce qu'ils avaient entendu. Pour autant, ils ne pouvaient pas tout bonnement prendre la fuite dans la campagne, car ils seraient démunis en terrain dégagé. Pas plus qu'ils ne pourraient les conduire jusqu'au ranch qui les hébergeaient... Ils allaient devoir trouver une autre solution, et rapidement.
Une première étape était de s'éloigner de la maison, ce qu'ils firent en prenant garde de rester à couvert autant que possible. Eileen craignait qu'à tout instant quelqu'un jette un coup d'oeil par une fenêtre, les voie et leur tire dessus pour les arrêter. Rien de tel ne se passa cependant, mais il y avait toujours de l'activité dans la maison quand ils purent jeter un œil depuis le couvert d'une bâtisse voisine. La chance était avec eux, et ils allaient devoir en profiter.

- Peut-être par ici ? »

La jeune femme désigna la sortie de la ville à son compagnon. S'ils devaient rester dans le hameau le temps que ça se tasse, autant choisir des maisons éloignées. Et s'ils devaient le quitter... ils ne devaient pas traîner. Le mieux serait sans doute de rejoindre un nouveau hameau voisin pour mener d'autres recherches et se tapir pour être tranquilles et en sécurité. Caleb serait sans doute celui qui savait le mieux où aller, puisqu'il avait étudié les lieux pour leur petite expédition.

Il avait observé Eileen descendre de la fenêtre un peu avant de caler une chaise contre la poignée de la porte. Il avait peur que les personnes habitantes dans cette maison se dirigent vers cette pièce, mais il avait également peur de voir sa femme chuter et se faire mal. Il avait attendu d’être certain qu’elle soit sur la terre ferme avant de s’engager à son tour. C’était le cœur battant qu’il était descendu, rassuré d’une façon de ne pas avoir été trouvé par les êtres humains parce qu’il ne savait pas s’il serait encore envie si ça avait été le cas. Ou peut-être qu’il connaissait la réponse à cette question, mais qu’il ne voulait pas l’admettre. Non, pour lui c’était évident et c’était justement ce qui lui faisait peur. Au bout d’un moment qui lui semblait beaucoup trop long, il finit par arriver en bas de la maison, l’atterrissage avait été un peu compliqué, mais tout semblait aller bien, malgré une douleur à la jambe gauche. Est-ce qu’il s’était mal réceptionné ? Tout ira bien, ça passerait certainement. Sa femme était déjà en train de lui parler de ce qu’ils pouvaient faire.

- Tu as raison, viens…

Il ouvrait rapidement la route en direction de la maison qu’elle avait indiquée, pas question de rester à découvert plus longtemps. Ils devaient se protéger de l’extérieur et il n’y avait pas beaucoup de solutions pour y parvenir. Dans sa tête, il était déjà en train de réfléchir à tout ça, la maison semblait avoir des combles et ce serait l’endroit parfait où se cacher en attendant de voir venir.

- On va se cacher dans le grenier de la maison. Il ne devrait pas penser à venir nous chercher dans un endroit comme ça…

Et s’ils le faisaient, Caleb savait qu’il n’hésiterait pas longtemps pour tirer. Il n’avait jamais été un homme pour la violence, mais il avait déjà tué depuis cette merde et il était prêt à recommencer sans aucune hésitation si sa vie mais surtout celle d’Eileen en dépendait. Sa femme représentait tout pour lui et il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour la savoir en sécurité. En arrivant à la hauteur de la maison, il ouvrit la porte sans réfléchir avant de regarder ce qu’il y avait à l’intérieur, visiblement, la maison avait soit été nettoyée soit n’avait pas contenue de rôdeur. Il ne se posa pas longtemps la question, il entraina Eileen en direction de l’escalier qu’il voyait non loin de lui.

À force de survivre dehors, il avait fini par apprendre que la plupart de ces maisons avaient une trappe pour atteindre le grenier. Il n’eut pas de mal à repérer cette dernière surtout quand il remarqua la ficelle qui pendait du plafond pour aider les gens à tirer dessus. Visiblement la chance était en train de leur sourire et ce n’était typiquement pas le genre de personne qui allait se plaindre de ça. Il tira dessus sans hésiter et invita sa femme à monter pendant que lui était en train de sortir sa machette pour couper la corde qu’il enfonça dans sa poche avant de la rejoindre. À présent, ils étaient en sécurité, du moins, de façon temporaire, il soufflait avec un peu plus de sérénité avant de s’assoir par terre sans rien dire de plus, il y a encore quelques années, il aurait sans doute rallé de devoir faire un truc comme ça, mais ça faisait bien longtemps qu’il avait arrêté.

- Bon, on va rester ici en attendant que ça se tasse. S’il vient jusqu’à nous. Je ne vais pas te mentir, je n’hésiterais pas à tirer. Je ne pense pas qu’il nous ait vus donc c’est une bonne chose.

Tout en parlant à sa femme, il avait sorti son arme à feu de son holster pour vérifier le nombre de balles qu’il avait et pouvoir agir en conséquence. Il savait que dans le fond cette idée n’était pas joyeuse, mais il ne se posait pas la question. La seule chose qui avait de l’importance pour lui c’était leur survie et il était prêt à faire bon nombre de sacrifice pour cette dernière, bien qu’il attendait tout de même au fond de lui la confirmation de sa femme qu’il pouvait faire un truc comme ça. Il n’avait pas envie d’agir contre sa volonté non plus. À partir de maintenant, ils allaient devoir attendre et ce serait sans doute vraiment long. Caleb espérait qu’ils ne passeraient pas la nuit ici parce qu’il était certain qu’il n’arriverait pas à fermer l’œil de la nuit si c’était le cas. Il avait envie de vérifier l’état de sa jambe, mais il savait que ça ne ferait qu’inquiétait sa femme alors pour le moment, il n’en fit rien préférant rester immobile.