Le second réveil fut indéniablement bien plus désagréable que le premier, probablement parce que la jeune femme savait désormais que quelque chose n'allait pas. Sa tête lui semblait lourde, et pas seulement à cause des blessures qu'avaient occasionnées l'accident de voiture, mais aussi probablement parce qu'elle avait sans doute été droguée ou sédatée. Peut-être était-t-elle trop agitée et qu'ils n'avaient pas pu y faire face. Quand Sarah ouvrit les yeux, essayant de faire fi de son esprit qui était embrouillé, elle ne fut pas capable dans un premier temps de déterminer dans quel endroit elle se trouvait, ayant seulement conscience qu'elle était allongée sur un lit, dans une pièce de taille moyenne.

Elle n'avait que de vagues souvenirs de ce qui s'était passé avant qu'elle ne reprenne connaissance, uniquement convaincue qu'elle avait été amenée au sein d'un repaire de pilleurs, ou quelque chose qui s'en rapprochait. La première chose qui l'étonna fut qu'elle n'était pas attachée, chose qui jouerait sans doute en sa faveur un peu plus tard. La chambre dans laquelle elle se trouvait avait été sensiblement vidée de la plupart de ses possessions, et une porte se présentait à l'arrière, ainsi qu'à l'avant, mais elle ignorait si elle se trouvait au rez-de-chaussée d'un bâtiment ou à l'étage.

La blonde réunit alors ses forces pour se redresser à l'aide de ses bras, avant de poser un pied au sol, mais soudain, des bruits de pas se firent entendre dans sa direction, et elle s'allongea alors à nouveau comme au départ, afin de ne pas éveiller les soupçons. La porte s'ouvrit alors sur un couloir, et quelqu'un entra à l'intérieur de la chambre, s'avançant alors petit à petit jusqu'au lit où elle se trouvait.

Quelques secondes passèrent, avant que l'actrice n'ouvre les yeux pour se rendre compte qu'une femme s'apprêtait à se jeter sur elle avec un couteau ! L'actrice parvint à rouler sur le côté, s'écrasant alors au sol avant de se traîner sur le côté. " Non mais ça va pas ! " autant dire que ça l'avait réveillée sur le coup ! " Quoi, on va pas encore me reprocher de prendre des initiatives... " Sarah se releva alors, gardant une distance de sécurité avec son agresseuse. " Bon je vais t'épargner les baratins du style que j'en parlerais à personne et dieu sait quelles conneries... Qu'est-ce que tu veux ? " elle toisa de haut en bas l'autre femme du regard, une brune, d'à-peu près la même taille et carrure qu'elle. " Parce que tu penses avoir quoi que ce soit à m'apporter ? Maintenant qu'on a vos affaires, je n'ai plus qu'à me débarrasser de toi ! " ses intentions étaient désormais claires, alors qu'elle s'apprêtait à l'attaquer. " Bien, alors excuse moi si je ne suis pas trop d'accord avec ça ! "

Sarah s'apprêta alors à se défendre, esquivant un premier coup de couteau porté à l'horizontale en s'abaissant, le second fut plus difficile à prévoir, et la força à attraper la lame avec ses deux mains, luttant contre son opposante pour l'éloigner de son visage. La blonde réussit éventuellement à la déstabiliser, jusqu'à la repousser d'un coup de pied porté dans son buste, elle s'échappa ensuite par la porte à l'arrière, la verrouillant derrière elle, se plaquant contre pour reprendre son souffle. Une salle de bain tout ce qu'il y avait de plus ordinaire, et vu comment l'autre tambourinait déjà à la porte, il valait mieux qu'elle ne s'éternise pas ici ! La blonde se dirigea vers une fenêtre qu'elle parvint à ouvrir, escaladant la baignoire afin de se hisser jusqu'au rebord et parvenir à se faufiler à l'extérieur, où elle chuta lourdement, bien qu'en partie chanceuse quelques mètres plus bas sur une grande bâche qui semblait recouvrir de vieux pneus et d'autres planches de bois.

L'actrice se releva alors pour en descendre, alors qu'elle entendait des aboiements, autour d'elle se trouvaient des bois, ainsi qu'une autre maison et un véhicule. Les aboiements laissèrent bientôt place à des cris de douleur, alors que Sarah contournait le bâtiment jusqu'à atteindre un regroupement de caisses afin de se dissimuler derrière. La blonde finit par remarquer Duncan, aux prises avec deux hommes et un canon braqué sur sa tempe... Celui qui semblait être le propriétaire de l'animal frappa le viking de plusieurs coups de pieds, avant qu'ils ne l'emmènent dans l'autre bâtiment. " Non... " il fallait qu'elle lui vienne en aide, d'une manière ou d'une autre... Peut-être que si la femme qui l'avait attaquée partait à sa recherche avec ses acolytes, Sarah pourrait se glisser à l'intérieur et porter secours à son compagnon avant qu'il ne soit trop tard ... A moins qu'elle soit obligée d'improviser, mais pour l'heure, elle était toujours dissimulée, ce qui était un avantage inestimable. C'est avec la ferme intention de sauver sa moitié qu'elle partit à la recherche d'une arme afin de pouvoir se défendre au moment voulu.

Sarah avait dissimulé sa présence aux yeux de ses ravisseurs en profitant de différents matériaux de construction et d'autres objets plus insolites les uns que les autres, afin de ne pas être repérée. Ça ne faisait que prouver à quel point ce groupe de pilleurs n'avait aucune organisation structurée et logique. Recroquevillée sur elle-même, elle avait du prendre quelques minutes -qui lui avaient semblé des heures- afin de reprendre ses esprits, suite à la tentative de meurtre dont elle venait d'être victime, le sédatif qui lui a été donné, et la brusque chute qui a résulté de sa fuite.

Mais elle n'était pas encore tirée d'affaire pour autant, Duncan encore moins. Son compagnon avait provoqué la colère de leurs agresseurs en tuant leur chien qui gisait désormais au sol et dans son sang. Elle ne condamnait pas l'acte en lui-même, mais observait la dépouille au loin, glacée. D'une certaine manière, il avait fallu que des gens beaucoup plus dangereux et avec encore moins de scrupules qu'elle-même en ait pour lui faire prendre conscience de ce que ce monde l'avait forcée à devenir.

La blonde n'avait pas eu d'autres choix que d'être forte, elle s'était menti à elle-même suffisamment longtemps. Son esprit l'avait préservé du choc de la mort de ses parents pendant quelques jours, lui permettant de lâcher prise et essayer de voir tout de même que la vie valait toujours la peine d'être vécue. Ce ne fut que d'autant plus choquant de réaliser qu'elle était dans le déni, et également aux portes de la fin du monde tel qu'elle l'avait connu. Confronter des valeurs inhérentes à soi afin d'être capable d'avancer. Pour son fils, pour l'homme qu'elle aimait, elle se battrait jusqu'au bout. Et même si elle appréhendait beaucoup la chose : Elle serait prête à tuer pour lui.

C'est une fois en pleine possession de ses capacités physiques et mentales, qu'elle replaça la capuche de son gilet -porté par dessus sa veste en cuir- et improvisa une arme par le biais de ce qui se trouvait dans tout ce bric-à-brac : Un piolet au manche rouge fut découvert, entre plusieurs plaques de zinc et de tôle froissée. La lame crantée n'était, bien qu'un peu rouillée,encore en bon état et devrait lui permettre de se défendre, à défaut d'avoir été délestée de son couteau.

Il n'y avait plus qu'à trouver une cible qu'elle pourrait approcher en douceur ... Qui s'annonça rapidement à elle comme une évidence. Loin d'être rancunière, la jeune femme aurait pourtant toutes les raisons de l'être en observant la grande radasse sortir de la maison en jouant avec sa lame et armée d'un pistolet.. Elle devait profiter de l'effet de surprise, tant pis si ce ne serait pas forcément loyal, déjà qu'on avait essayé de la tuer par deux fois aujourd'hui..

La jeune femme s'approcha alors discrètement de sa proie, telle une Veuve Noire, avant de lui planter son piolet dans l'épaule, juste assez pour la faire hurler de douleur, et ancrer fermement sa prise, Sarah la ramena ensuite à elle, lui flanquant un violent coup de genou dans l'estomac avant de lui précipiter la tête vers l'avant et l'éclater contre le mur de la maison... Niveau effet de surprise, elle ne pouvait pas faire mieux. Elle l'observa froidement au sol qu'elle tâchait de sang, inconsciente, avant de récupérer le couteau, et surtout l'arme de poing dont elle était équipée.

La suite s'avéra néanmoins un peu plus compliquée... Sarah décampa rapidement en faisant le tour de la bâtisse afin de ne pas être repérée, et elle prit alors son courage à deux mains sous des " Elle est ou cette pute ! " et d'autres insanités criées à son intention, pour se diriger vers le grand bâtiment qui devait être un hangar désaffecté et où Duncan avait été emmené.

Sa progression dans le hangar ne fut nullement gênée, étant donné que le groupe de pilleurs essayait par tous les moyens de la retrouver : Des étagères contenant toutes sortes de matériaux de toutes sortes, et certains endroits avaient été aménagées pour entreposer d'autres choses plus spécifiques. Peut-être qu'il y aurait sans doute quelque chose d'intéressant à en tirer et qu'ils pourraient retourner la situation complètement à leur avantage ?

En tout cas, c'est une porte au fond de la grande pièce qui attira plus particulièrement son attention. Un escalier en bois étroit la força à descendre sur le qui-vive, et en faisant le moins de bruit possible : Duncan devait sans doute se trouver en bas avec ses ravisseurs, et la suite lui donna raison : Dans une pièce presque complètement baignée dans l'obscurité : Un homme se tenait le nez ensanglanté alors que l'autre semblait chercher quelque chose ailleurs, avec exactement suffisamment de bruits glauques, d'instruments brillants et éclatant de tranchant, et de choses plongées dans la pénombre pour traumatiser n'importe quel esprit sensible...

L'un des deux devait sans doute posséder un jeu de clés, sur lui, si elle pouvait au moins signifier sa présence à Duncan, afin de le tempérer, ce serait un avantage considérable, encore fallait-t-il qu'il la voit, dissimulée entre deux étagères et par l'ombre formée, échafaudant déjà un plan dans sa tête pour le sauver.

Elle aurait pu être n'importe qui. Avec tout ce qu'elle avait vécu... Elle se souvenait encore du feu qui consumait petit à petit ses papiers d'identité, son permis de conduire, tout le reste... A ce moment là, elle voulait juste disparaître, devenir un fantôme. Un spectre errant sur terre, avec une conscience à peine ébranlée par ce qu'elle s'était forcée à oublier : la perte de ses êtres chers.

Et la voilà désormais dissimulée dans l'ombre de ce qui s'apparentait à un sous-sol, essayant de ne pas se laisser déstabiliser par les bruits étranges ainsi que les cris d'animaux à l'autre bout. L'heure était plus grave, si Duncan avait des ennuis, elle en avait, et si elle ne survivait pas, lui non plus. Alors que son compagnon était blâmé pour le meurtre du chien de combat de l'homme au nez ensanglanté. Sarah comprit qu'ils étaient tombés sur une faction sans doute apparentés d'une manière ou d'une autre aux systèmes de commerce existant encore à leur époque... Le No Man's Land ? Est-ce qu'ils y étaient liés pour de bonnes ou mauvaises intentions ?

Le viking finit toutefois par remarquer sa présence, s'agitant alors que des outils de torture très sophistiqués étaient dévoilés par les deux bourreaux. Il était temps de partir.

Bien entendu qu'elle avait une certaine condition physique, elle n'avait pas arrêté d'apprendre depuis son adolescence, et les circonstances lui avaient permis de pratiquer d'une autre manière durant sa carrière professionnelle, à l'époque ou l'homme malmené qui lui faisait n'était encore qu'un étranger qui lui tapait sur le système, la maîtrise des arts martiaux de la jeune femme devint plus qu'excellente. Mais face à deux hommes d'une certaine carrure... Qui n'aurait pas hésité ?

Dans un autre contexte, sans doute, mais c'était l'instinct de survie qui primait, ce ne serait pas la première personne qu'elle tuerait, bien qu'elle essayait le plus que possible de ne pas recourir à cette méthode... : 2 contre 1 pour le moment... Une fois sa présence découverte, Sarah se précipita sur le premier homme au nez cassé, se plaçant à côté de lui, elle lui attrapa de part et d'autres les épaules avant de décoller du sol et d'asséner un violent coup de pied avec ses deux jambes à l'autre qui tituba vers le mur. La blonde se balança afin de pouvoir bondir et retomber sur ses pieds, assénant un autre coup de pied en plein dans l'estomac de l'homme qui allait la frapper avec un couteau, le désarçonnant. Mais la réponse offensive ne se fit pas attendre et c'est un premier coup de poing qui atteignit Sarah en plein buste.

L'homme l’attrapa alors, malgré les tentatives de Sarah pour se défendre, elle enroula alors ses jambes autour du cou de son agresseur qui l'élevait du sol, ses jambes serrèrent instinctivement la gorge dans une tentative de suffocation. Le bras de l'homme tenant le couteau fut attrapé et mordu violemment par la jeune femme. Duncan était entrain d'étouffer lui aussi l'autre homme à l'aide de ses chaînes qui finit par s'évanouir.

Si l'actrice avait retrouvé l'avantage, ça ne serait pourtant pas cette prise qui lui permettait de mettre son agilité à profit qui la sauverait ! Elle dut le comprendre une fois qu'elle heurta le mur et que les hurlements de l'homme se calmèrent. Le pistolet récupéré un peu plus tôt par Sarah roula à l'autre bout de la pièce...

Duncan ne pourrait rien faire, et l'homme était déjà prêt à l'attaquer à nouveau. Un premier coup de pied fut porté en plein dans l'abdomen de Sarah qui se recroquevilla au sol de douleur. Un second... Et même un troisième... Jusqu'à ce qu'en un éclair, le couteau -récupéré un peu plus tôt sur la femme qui avait voulu la tuer- fut sorti de sa botte, afin qu'elle vienne le plante en plein dans le tibia de l'homme. Sarah lui balaya sèchement les jambes avant de ramper précipitamment vers l'arme à feu.

L'homme finit par la rattraper, se jetant sur l'actrice qui n'avait pas encore attrapé l'arme... Il la plaqua sèchement au sol, se plaçant sur elle à califourchon. Un premier coup fut esquivé, le second à peine atténué par les deux avant-bras de la jeune femme, le troisième fut contré par un crochet du droit de l'actrice qui réussit à récupérer le pistolet... Les mains de l'homme se jetèrent sur l'arme pour l'en empêcher... BAAAAAM !

Un cri de souffrance inouïe se fit entendre, ainsi que des halètements épuisés et des râles de douleur... De cette cacophonie surgit Sarah, qui se calmait en silence. Le visage, les cheveux et les vêtements tâchés de sang... Elle parvint péniblement à dégager le corps de l'homme qui l'étouffait, elle lui fit alors les poches dans un geste mécanique poches, avant d'y trouver le jeu de clés.

Mais l'effort à fournir pour les apporter à Duncan fut trop important " Ça va je.. " et dans un dernier effort, elle les lança dans sa direction -le heurtant même au passage- avant de tomber à genoux, le regard vide. Elle ne pouvait contrôler les tremblements de son propre corps et s'allongea sur le côté, frissonnant au contact du sol froid alors que l'adrénaline quittait son corps, ne restaient que du sang, les aboiements de chien qu'elle entendait à l'arrière, et la mort, mais elle était toujours en vie...