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- Putain de merde, rala-t-elle en coupant plus ou moins la parole à Duncan.

Oh oui, ils avaient – enfin – trouvé une explication à toute cette mise en scène lugubre et malheureusement, ça ne rendait pas leur situation plus agréable. Bien au contraire. Les yeux bleus de la musicienne reparcouraient le journal qu’ils avaient trouvé dans le bureau obscur, insistant sur les mots incertains, raturés, notamment ceux qui étaient pointés du doigt par le magasinier. Ni une ni deux, Selene repartit en direction de la chambre en informant son complice :

- Je l’ai vu l’arbre, il est là, elle reprit ensuite le talkie pour informer leurs autres partenaires, l’angoisse nouant brusquement ses entrailles, Roza ! Attendez, n’ouvrez plus rien. On vient de trouver le carnet d’un type… une sorte de journal de bord où il notait tout. Une alarme s’est déclenchée, a attiré plein de rôdeurs, alors il a enfermé tout son groupe dans la base et s’est retranché ici, elle lui faisait courte, pas le temps pour la prose, ça date de juin. S’ils sont tous morts depuis, alors il doit y avoir des tas de mordeurs dans le bâtiment où vous êtes, combien ? Où ? Aucune idée ! On s’occupe de l’alarme et on vient vous faire sortir.

Ils n’avaient pas vraiment le choix de toute façon. Ils avaient les clefs, ça devait être ça. A grandes enjambées, Selene avait rejoint la pièce, puis la fenêtre et s’y penchait à nouveau pour se contorsionner et voir si elle apercevait le mécanisme. Sa chevelure tournoya avec elle quand elle fit volte face vers Duncan :

- C’est là. Il ne pouvait pas l’atteindre parce qu’il était handicapé et qu’il aurait fallut grimper dans l’arbre, elle alla ramasser la fameuse perche pour la confier au magasinier le temps qu’elle range son glock et se plie pour passer par le cadre, J’y vais, décida-t-elle sans tergiverser. Il lui filerait l’objet quand elle serait installée. Il était plus grand, mais… elle était plus fine, c’était plus simple pour elle de se faufiler par la fenêtre.

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"Ah ah ! J'aime quand tu es vulgairrre et autorritairrre !" Ça valait bien le retour de son accent fétiche pour marquer le coup ! Le sérieux reprit cependant sa place quand le duo en retrait s'avança pour rejoindre l'ex-militaire. L'oreille tendue, elle ne put que valider les dires de son amante, tout ceci était étrange et ce corps sans tête obnubilait la russe. Plus rien n'avait la moindre importance, infectés ou autres scénarios possibles, il y avait toujours un fan de la décapitation dans le secteur et qui devait par la même occasion collectionner les têtes. "Y a pas que ça de dérangeant. L'escalier est bouché, les types ont forcément du le faire en remontant, pour se protéger d'un truc. Truc encore jusque là invisible... Et de là, y en a un qui a décidé de couper la tête de l'autre avant de s'enfermer et de crever de faim comme un con ? Du coup, elle est où sa putain de hache et cette putain de tête ?" L'ignorance, c'était sacrément bouleversant dans ce genre de situation. "J'ai l'impression d'être dans un Cluedo version hardcore. Tu avais rien sur Sleepy Hollow dans tes notes Connor ?" C'était qu'elle y tenait à la sienne de petite tête. Elle laissa ensuite sa lampe torche au sportif et lui montra le coin réfectoire. "Je te laisse jeter un coup d'oeil, j'vais voir pour la sortie."

Riley s'agitait  dans son coin et la slave n'eut même pas besoin de retenir sa langue pour éviter de soulever une énième moquerie, l'envie n'y était pas. La voir ainsi aussi agacée l'amena à se diriger à ces côtés pour déposer une main sur son épaule. "Hey... t'en fais pas, je vais faire sauter ces cadenas, pose toi donc un peu." Et elle lui désigna - sans trop y croire - le coin canapé avant de se diriger vers les fameux cadenas qu'elle inspecta. Son talkie et celui de Connor grésilla alors et le rapport de Selene ne tarda pas à arriver aux oreilles du groupe. "Bien rrreçu, on ouvrrre rrien. Et nan, aucun morrdeurrs ici. Ils doivent êtrrrre du côté des entrrrepôts, nous on est dans le bâtiment vide avec les brrriques rrouges. On vous attend." Faire sauter les cadenas sans ouvrir la porte ne devrait pas éveiller d'alarme, alors autant s'y mettre tout de suite, ce serait déjà ça de fait. "Elle panique pour rien nan ? Y a plus d'électricité." Souffla t-elle pour Riley tout en coupant les cadenas.

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« Mais c’est drôle, ça. » Commenta-t-il en applaudissant à moitié Roza, tenant maladroitement sa note avec un air moqueur : « Je lui en parlerais. » Pas dit qu’elle apprécie la boutade. Dans d’autres circonstances, peut-être.

Ceci étant dit, il préféra reprendre rapidement son sérieux. Dès qu’ils eurent l’autorisation de Riley pour descendre et arpenter l’étage du dessous avec elle, il ne tarda pas à la rejoindre. Le calme était saisissant, presque trop. Connor avait l’étrange impression que l’endroit recelait trop de souvenirs de ce monde-ci, et que tout s’était évaporé d’un coup.

« Nan, rien de plus. Ça fait mention des réserves médicales qui s’amenuisent, d’un trop grand nombre de blessures et morsures qui sont plus gérables pour l’infirmerie et d’une catastrophe annoncée. » Répondit-il à Roza, avant l’intervention de Selene. Ne rien ouvrir ? Ok, il pouvait le faire. Ça ne l’empêcha pas de tendre l’oreille et de se demander s’il y avait vraiment autant de monde ici… « Ça a franchement l’air désert. Si y’a vraiment tout un groupe enfermé quelque part, on l’aurait déjà entendu non ? »

Clairement. Mieux valait prendre la chose autrement.

« On peut toujours les attendre pour qu’ils couvrent notre sortie. » Proposa-t-il aux filles. « Mais on sait pas combien de temps ils prendront, ni si ça mettra pas tout le monde en danger. En attendant… Y’a une infirmerie ici ? Y’a p’t’être encore de quoi faire, ça sera pas perdu. » Demanda-t-il à Riley.

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Ce n’était pas très haut mais c’était quand même un étage, alors… la musicienne prit une bonne inspiration avant de s’élancer sur l’arbre. Ses bleus, ses points de sutures tirèrent un peu, juste pour lui rappeler que ce n’était pas le meilleur des exercices quand on était convalescente. Au moins, elle parvint à se caler correctement dans l’espace en forme de V et put lever les yeux pour mieux voir le système de malheur. Un petit panneau solaire sur le mur, un câble couvert de mousse rattaché à une alarme arrondie. La première question que se posa Selene fut… pourquoi ? Si ça datait d’avant l’épidémie, pourquoi un manoir pareil n’avait pas un système de défense digne de ce nom ? Genre connecté au cloud et accessible de partout. Si ça datait d’après, alors quel idiot allait installer ça pour autre chose qu’attirer les rôdeurs ?

Bref. Elle tendit le bras pour attraper la perche que lui fit passer Duncan et, non sans quelques grimaces, se mit en position pour la pêche à la ligne. Le but c’était d’arracher le fil électrique, n’est-ce pas ? Dans la précipitation, elle n’avait pas pensé à la marche à suivre avant de grimper ici ; sans doute avait-elle inconsciemment déduit que c’était ce que cherchait à faire l’handicapé. Dans tous les cas, elle n’avait pas forcément le temps de réfléchir et n’était pas électricienne, donc…

- Merde, marmonna-t-elle dans sa barbe.

Elle avait manqué son coup et la perche avait failli lui échapper. La mine concentrée, la pianiste retenta sa chance, doucement, doucement, fit passer le crochet autour du câble et… tira d’un coup sec ! Celui-ci se détacha de l’alarme pour pendre mollement le long du toit. Il ne se passait rien, alors… est-ce qu’elle pouvait déduire que c’était bon ? Ou pire encore : le système allait se mettre à hurler parce qu’il avait une sauvegarde anti-sabotage ? Elle observa longuement le mécanisme, plus stressée que jamais, pour finalement relâcher la pression en expirant.

- Je crois que c’est bon… on va les rejoindre.

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