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These are dark times
Ven 12 Oct 2018 - 0:23
Quitter la prison avait été dur. Aussi austère que pouvaient paraître les lieux, c’était deux ans de sa vie que la musicienne avait laissé derrière. C’était d’innombrables souvenirs ; des mauvais mais aussi des excellents. C’était les tombes de leurs amis les plus chers, c’était un confort construit à la sueur de leur front. Ils avaient peut-être repoussé l’attaque mais moralement, elle avait la sensation d’avoir perdu. Même si grâce au ranch ils avaient pu convenir d’un logement temporaire convenable, Selene se sentait abattue. Rien n’était pareil ici. Ils venaient d’encaisser un méchant revers, ses entrailles se serraient d’angoisse à l’idée de savoir sa fille chez Deaglan et ils n’avaient plus beaucoup d’autres solutions que de se ruer vers la guerre. Mettre fin à ce conflit pour pouvoir recommencer à vivre tranquillement. C’était pour ça qu’ils étaient là, pas vrai ? Pour être « prêt », pour peaufiner leur stratégie grâce aux informations de Roza.
Alors qu’elle remplissait mécaniquement des chargeurs balle par balle, ses pensées divaguaient. Elles revenaient au jour de la fusillade, aux paroles de Zack. Il avait tué Gabriel… vraiment ? Une partie d’elle lui soufflait que ce n’était qu’une manœuvre pour la déstabiliser mais en même temps, était-ce son genre de se venter pour rien ? Du peu qu’elle avait connu la bande de Jonah, ce n’étaient pas des larrons qui avaient besoin de gonfler leurs méfaits pour effrayer les gens. Ils avaient suffisamment de crimes à leur actif pour leur servir de pedigree. Et elle alors ? Constat ironique. Mais est-ce que ça voulait dire quelque chose maintenant ? Peut-être perdait-elle toute notion de mesure. Vingt-trois morts, ça ne lui paraissait plus si énorme.
Blouson en jean refermés et cheveux négligemment tirés en queue de cheval, la pianiste accrocha à sa ceinture de flic un couteau de chasse, un 9 mm et rangea une paire de chargeurs dans ses petites poches. Avec une lampe torche dans son sac, elle était fin prête ! Ils n’allaient vraiment pas loin : une école maternelle à une poignée de minutes à pieds de la ferme. Peut-être la cantine avait-elle encore des denrées non périssable – et quand bien même ce n’était pas le cas, ce serait une excellente excuse pour s’occuper l’esprit.
-Tu es prêt ? Demanda-t-elle à Simon, supposé l’accompagner.
Son visage était froid, fermé. A l’instar de son timbre et de ses yeux bleus. Elle n’était pas dans l’humeur des bons jours depuis l’épisode American dream alors la malice bienveillante que le trentenaire faisait généralement jaillir d’elle était aux abonnés absents ce matin. Elle se sentait vide et bouillante de rage en même temps.
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Re: These are dark times
Sam 13 Oct 2018 - 21:27
Forcément, il n'avait pas autant de souvenirs qu'elle. Pas autant d'attaches, pas autant de choses qui le retiennent à la prison en elle-même ; mais cela restait un endroit où il était à peu près parvenu à se sentir chez lui, pour la première fois depuis très longtemps. Il s'y était senti utile, il avait participé à la bataille – pour le peu qu'il avait fait, mais tout de même, et surtout il y avait connu Selene. De son point de vue, c'était déjà assez important pour regretter cet endroit, aussi glauque soit-il à l'origine. Du coup il avait eu un pincement au coeur, lui aussi. Mais rien de comparable avec ce qu'elle avait du ressentir certainement, enfin, c'est ce qu'il supposait en l'observant depuis qu'ils avaient migré dans leur nouvel abri temporaire. Honnêtement, lui, il se foutait du groupe auquel il appartenait désormais ; d'ailleurs il n'en avait même pas informé Elena, mais il n'avait plus vraiment l'intention de quitter ce qu'il avait trouvé à la prison. Bon, Selene, quoi. Sauf qu'il n'avait pas vraiment pu lui adresser la parole depuis la bataille, pour ne pas parler du reste, et bien qu'il soit parfaitement conscient qu'il ne restait qu'une sorte de soldat parmi d'autres, il n'empêche que ça lui pesait un peu. Son absence et la façon dont elle le snobait – ou en tout cas s'adressait à lui comme à n'importe qui d'autre – tout ça, ça l'angoissait encore plus que la bataille en elle-même. C'était sans doute pas raisonnable, surtout qu'il avait été blessé dans la mêlée lui aussi, mais c'est pas non plus comme s'il avait toujours été absolument sensé. Elle lui manquait, et quand il appris qu'il était sensé partir en mission avec, il sentit quelque chose se réveiller dans ses entrailles.
Là, personne n'eu besoin de le prier, et il était déjà prêt quand elle se pointa. Avec l'arme qu'elle lui avait offerte il y a déjà quelques temps à sa ceinture et un sac rempli de tout le métériel nécessaire. Il l'observa quand elle arriva, et ses yeux étaient sans doute un peu plus brillants que la normale parce qu'il attendait quelque chose qui n'arriva pas. Elle lui adressa seulement la parole pour lui demander si il était prêt – et franchement, ça se voyait qu'il l'était, donc c'est qu'elle avait franchement pas fait attention à lui, et il serra légèrement les dents avant de hocher la tête. Ca servait à rien de la reprendre la dessus, il le savait. Elle l'avait prévenu. Il lui en voulait même pas, en vérité, c'est juste qu'il pensait pas être mis de côté à ce point là. Le pire, c'est qu'il parvenait pas à comprendre ce qu'elle avait en tête. Elle avait l'air... énervée. C'était assez inhabituel pour lui de la voir comme ça, et d'ailleurs l'épisode de la bataille de ces derniers jours s'était bien imprimé dans sa mémoire, avec son lot d'interrogations en prime. Il avait franchement envie de lui en parler, mais il osait pas. Pas maintenant, peut-être quand ils seraient dehors, juste tous les deux. Ou pas.
"Oui, on peut y aller" souffla-t-il avant de la laisser passer devant. Même si ça ne venait pas d'elle, on lui avait quand même expliqué ce qu'on attendait de lui ce jour-là. Enfin, d'eux. Et ça l'agaçait qu'elle soit aussi braquée – contre lui comme contre le reste.
Il releva plusieurs fois les yeux vers elle durant le bref trajet qui les mena jusqu'à l'école, mais il ne parvint pas à trouver les mots à mettre sur ce qu'il pensait. Il n'y a que quand ils arrivèrent en bordure des anciens bâtiments scolaires qu'il l'attrapa doucement par le bras pour la forcer à se tourner un peu vers lui.
"He... Ca va ?... T'es sûre que tu veux qu'on fasse ça ?..."
Il savait pertinemment qu'elle dirait oui. Par contre, il s'attendait aussi à ce qu'elle l'envoie chier, et ça, c'était déjà plus compliqué à avaler.
"Avant que tu dises un truc, faut que tu saches que moi, je suis content de faire une mission avec toi. Genre, vraiment. Tu m'as... manqué."
Bon, là, par contre, il s'en voulu un peu juste après avoir admis ça.
Là, personne n'eu besoin de le prier, et il était déjà prêt quand elle se pointa. Avec l'arme qu'elle lui avait offerte il y a déjà quelques temps à sa ceinture et un sac rempli de tout le métériel nécessaire. Il l'observa quand elle arriva, et ses yeux étaient sans doute un peu plus brillants que la normale parce qu'il attendait quelque chose qui n'arriva pas. Elle lui adressa seulement la parole pour lui demander si il était prêt – et franchement, ça se voyait qu'il l'était, donc c'est qu'elle avait franchement pas fait attention à lui, et il serra légèrement les dents avant de hocher la tête. Ca servait à rien de la reprendre la dessus, il le savait. Elle l'avait prévenu. Il lui en voulait même pas, en vérité, c'est juste qu'il pensait pas être mis de côté à ce point là. Le pire, c'est qu'il parvenait pas à comprendre ce qu'elle avait en tête. Elle avait l'air... énervée. C'était assez inhabituel pour lui de la voir comme ça, et d'ailleurs l'épisode de la bataille de ces derniers jours s'était bien imprimé dans sa mémoire, avec son lot d'interrogations en prime. Il avait franchement envie de lui en parler, mais il osait pas. Pas maintenant, peut-être quand ils seraient dehors, juste tous les deux. Ou pas.
"Oui, on peut y aller" souffla-t-il avant de la laisser passer devant. Même si ça ne venait pas d'elle, on lui avait quand même expliqué ce qu'on attendait de lui ce jour-là. Enfin, d'eux. Et ça l'agaçait qu'elle soit aussi braquée – contre lui comme contre le reste.
Il releva plusieurs fois les yeux vers elle durant le bref trajet qui les mena jusqu'à l'école, mais il ne parvint pas à trouver les mots à mettre sur ce qu'il pensait. Il n'y a que quand ils arrivèrent en bordure des anciens bâtiments scolaires qu'il l'attrapa doucement par le bras pour la forcer à se tourner un peu vers lui.
"He... Ca va ?... T'es sûre que tu veux qu'on fasse ça ?..."
Il savait pertinemment qu'elle dirait oui. Par contre, il s'attendait aussi à ce qu'elle l'envoie chier, et ça, c'était déjà plus compliqué à avaler.
"Avant que tu dises un truc, faut que tu saches que moi, je suis content de faire une mission avec toi. Genre, vraiment. Tu m'as... manqué."
Bon, là, par contre, il s'en voulu un peu juste après avoir admis ça.
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Re: These are dark times
Dim 14 Oct 2018 - 11:45
Ils n’avaient pas besoin d’aller bien loin alors ils partaient à pieds. Sur la fine route asphaltée, les premières feuilles mortes étaient déjà tombées, régulièrement balayées par des brises fraîches. L’épaisseur de la masse arborée qui les entourait donnait à ce petit coin des allures de havre coupé du monde. Une vision à laquelle la musicienne ne saurait s’attacher car elle avait déjà vécu dans un lieu qu’elle pensait tranquille et reculer… et ça ne s’était pas très bien fini. Les grillages lui manquaient, leurs installations rudimentaires aussi. Mille fois, elle troquerait les allures champêtres d’une vieille ferme pour les murs de la prison. Le duo arrivait devant la petite entrée de l’école de campagne lorsque Simon la retint par le bras. A fleur de peau, la jeune femme retrouvait ses anciens réflexes de repli sur elle-même alors elle se dégagea un peu plus brusquement qu’elle ne l’aurait voulu.
-Ça v- , allait-elle mentir mais son compagnon lui coupa l’herbe sous le pied,j’ai pas à te manquer, on se voit tous les jours , rétorqua Selene un peu cruellement.
Elle se détourna immédiatement de son aînée pour gravir le petit perron, le cœur effectuant des soubresauts dans sa poitrine, ses entrailles douloureusement enchevêtrées. Cette rage inextensible ravivait de vieux démons et cette voix dans sa tête… elle ne se taisait presque plus depuis qu’elle avait revu Zack. C’était une toile continue de murmures qui étouffait sa conscience à petit feu. La musicienne s’arrêta avant de traverser le sentier qui les mènerait à la porte. Après un soupir, elle daigna regarder à nouveau le trentenaire.
-C’est pas contre toi, c’est… , son visage se mua en une grimace désemparée alors que ses yeux se levaient au ciel,j’ai perdu ma maison. J’ai dû laisser ma fille à cinquante bornes d’ici, chez un type que je connais que depuis six mois, pour aller entrainer mes amis dans une guerre qui pourrait tous les faire tuer , elle pourtant : qu’aurait-elle pu faire de mieux ?Je… bien sûr que ça va pas , elle lissa nerveusement sa queue de cheval et croisa les bras,mais je peux pas faire autrement , une profonde et lasse tristesse se lut alors sur ses traits d’ivoire,je t’avais prévenu Simon, je ne suis pas… je ne suis pas quelqu’un de qui on peut attendre d’être… je sais pas, la gentille petite-amie ou quelque chose comme ça.
Elle l’avait dit. Le mot. Celui qui concrétisait leur relation. Dire qu’elle n’était pas la « gentille » petite-amie ne voulait pas dire qu’elle n’était pas une « petite-amie » tout court. Sauf que ça, elle ne saurait le dire, pas plus qu’elle n’avouerait que les moments passés à deux à la prison lui manquaient aussi. Selene aurait voulu lui avouer toutes ces choses, toutes les pensées et sensations positives qu’elle ressentait rien qu’en sa compagnie. Mais comme toujours lorsqu’elle était dépassée émotionnellement, la musicienne repoussait les gens auxquels elle tenait. Maladroitement. Douloureusement. Ses yeux tombèrent au sol mais elle articula le plus impersonnellement possible.
-Je ne crois pas que cette « mission » se finira en partie de jambes en l’air alors… si c’est pour ça que tu m’accompagnes, tu peux rentrer si tu veux.
Qu’est-ce qu’elle était idiote. Chaque putain de fois qu’elle avait quelque chose de bien, il fallait qu’elle le profane. Sa pathologie ne changeait rien : elle était un poison. Elle avait regretté ses mots avant même qu’ils ne soient sortis mais il était trop tard, alors elle fournit de gros efforts pour ne rien laisser paraître.
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Re: These are dark times
Jeu 18 Oct 2018 - 23:08
Il fronça légèrement les sourcils quand elle se dégagea, douloureusement surpris. Forcément, ça avait un côté vexant. Mais c'était rien à côté du fait qu'elle l'envoie clairement chier juste après. On se voit tous les jours... Ouais ? Ces derniers temps, il l'avait à peine croisée et il n'était même pas certain qu'elle lui ait répondu quand il lui avait dit bonjour. Affligé, l'homme serra un peu les dents et baissa les yeux tandis qu'elle se détournait déjà pour grimper sur le perron.
Il lui aurait sans doute rien dit ; à l'inverse, il aurait sans doute juste fait la gueule jusqu'à ce qu'ils terminent ce qu'ils avaient à faire ici, mais elle lui adressa finalement à nouveau la parole et Simon releva les yeux vers elle avec espoir pour l'écouter, la mâchoire toujours serrée mais espérant franchement y voir plus clair. Il était pas con, il savait bien qu'elle avait tout un tas de raisons pour ne pas aller bien, mais en demandant ça il aurait juste voulu qu'elle lui en parle plutôt que de rester froide et distante. En soi, il avait souvent les bons réflexes, mais il n'était juste pas foutu de formuler les choses correctement. Du coup sur le moment il se sentit stupide, et se contenta de hocher lentement la tête quand elle fit référence à sa fille et au reste, avant de ciller plusieurs fois quand elle se définit elle-même comme sa petite amie. Enfin, c'était bien ça qu'elle avait dit, non ?
Il entrouvrit la bouche, touché et même carrément ému pour le coup, parce qu'il aurait pas forcément parié qu'elle aurait voulu d'une relation aussi clairement définie. Et surtout pas depuis la bataille, parce que depuis ça, Sélène était, et bien... Un peu différente. Il allait répondre quelque chose, mais ce qu'elle dit en guise de conclusion le blessa à nouveau. Ca, il ne s'y attendait pas. Il s'assombrit un peu et on aurait franchement dit qu'il allait s'énerver pendant quelques secondes, mais non. A la place, il serra nerveusement la lanière de son sac et la fusilla un peu du regard.
"T'as raison ouais, vu que de toute façon tu me parle même plus quand on est là-bas je vais essayer de te baiser ici à la place, on sait jamais" claqua-t-il un peu froidement à son tour, vexé qu'elle puisse croire un truc pareil. Il comprenait plus rien, et c'était atrocement frustrant. C'était presque à croire qu'il lui avait personnellement fait quelque chose de mal, mais si c'était le cas, il voyait vraiment pas quoi.
Bon. Il regretta presque aussitôt lui aussi d'avoir répondu ça, forcément, mais il lui en voulait quand même. C'était pas juste.
"Je t'ai rien fait, c'est quoi ton problème putain ?!"
Il lui aurait sans doute rien dit ; à l'inverse, il aurait sans doute juste fait la gueule jusqu'à ce qu'ils terminent ce qu'ils avaient à faire ici, mais elle lui adressa finalement à nouveau la parole et Simon releva les yeux vers elle avec espoir pour l'écouter, la mâchoire toujours serrée mais espérant franchement y voir plus clair. Il était pas con, il savait bien qu'elle avait tout un tas de raisons pour ne pas aller bien, mais en demandant ça il aurait juste voulu qu'elle lui en parle plutôt que de rester froide et distante. En soi, il avait souvent les bons réflexes, mais il n'était juste pas foutu de formuler les choses correctement. Du coup sur le moment il se sentit stupide, et se contenta de hocher lentement la tête quand elle fit référence à sa fille et au reste, avant de ciller plusieurs fois quand elle se définit elle-même comme sa petite amie. Enfin, c'était bien ça qu'elle avait dit, non ?
Il entrouvrit la bouche, touché et même carrément ému pour le coup, parce qu'il aurait pas forcément parié qu'elle aurait voulu d'une relation aussi clairement définie. Et surtout pas depuis la bataille, parce que depuis ça, Sélène était, et bien... Un peu différente. Il allait répondre quelque chose, mais ce qu'elle dit en guise de conclusion le blessa à nouveau. Ca, il ne s'y attendait pas. Il s'assombrit un peu et on aurait franchement dit qu'il allait s'énerver pendant quelques secondes, mais non. A la place, il serra nerveusement la lanière de son sac et la fusilla un peu du regard.
"T'as raison ouais, vu que de toute façon tu me parle même plus quand on est là-bas je vais essayer de te baiser ici à la place, on sait jamais" claqua-t-il un peu froidement à son tour, vexé qu'elle puisse croire un truc pareil. Il comprenait plus rien, et c'était atrocement frustrant. C'était presque à croire qu'il lui avait personnellement fait quelque chose de mal, mais si c'était le cas, il voyait vraiment pas quoi.
Bon. Il regretta presque aussitôt lui aussi d'avoir répondu ça, forcément, mais il lui en voulait quand même. C'était pas juste.
"Je t'ai rien fait, c'est quoi ton problème putain ?!"
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Re: These are dark times
Ven 19 Oct 2018 - 10:43
Selene passa à deux doigts de l’envoyer paître. Elle l’avait cherché, bien sûr, mais une part d’elle-même ne devait pas s’attendre à ce que son aînée riposte aussi férocement. Voilà. Le schéma se répétait. Encore. Celui où elle se mettait à dos les personnes qu’elle aimait. Passer nerveusement les doigts dans ses cheveux ne suffisait pas à l’apaiser. Pourquoi s’obstinait-il ? Pourquoi ne pouvait-il pas juste… comprendre ?
-C’est quoi mon problème ? Répéta-t-elle comme s’il venait de dire une stupidité,c’est quoi mon problème ? Mais c’est qu’on a tout perdu ! Cria-t-elle sans mesurer le volume,la prison était sûre, c’était le meilleur endroit que j’ai jamais trouvé depuis le début de toute cette merde ! C’était… tu… sais pas ce que c’est , déclara-t-elle sans objectivité.
La musicienne était préparée à cette éventualité pourtant. Parmi tous les plans qu’elle avait fait, toutes ses mesures, toutes ses précautions… elle avait pris en compte la possibilité que leur refuge tombe. Simplement, elle ne pensait pas que ça ferait si mal. Elle ne remarquait que maintenant à quel point elle était attachée aux locaux pénitentiaires, il lui donnait une impression de sécurité qu’elle ne ressentait nulle part ailleurs. Plus que ce qu'elle imaginait. Désormais, elle se sentait comme un animal traqué. Un lapin pris dans les phares d’un poids lourd et il lui faudrait éviter les énormes pneus qui fonçaient sur elle.
Un choc la fit se retourner. Au bout du petit passage où elle se tenait, la porte qui donnait dans l’école était fermée. Un ou deux mordeurs devaient l’avoir entendu et martelaient le panneau pour sortir. Les épaules de la pianiste retombèrent de lassitude, elle se massa lentement le front entre l’index et le pouce, paupières fermées. Un soupir lui échappa, ainsi qu’un mouvement de tête de gauche à droite.
-Je ne pourrai pas tous vous protéger , murmura-t-elle,on va… aller se battre pour délivrer le ranch, parce que c’est ce qu’on doit faire. Mais je ne sais combien d’entre nous vont en revenir…
Ni même s’ils allaient en revenir tout court. Elle avait peur. Parce que ce simple petit affrontement à la prison lui avait montré que ces gens n’étaient rien comparés aux vivants que la jeune femme avait déjà affronté. Certes, les récits de Roza, d’Eli, d’Ashley, confirmaient bien qu’ils étaient un morceau plus que coriace. Mais la vérité… c’était que cette bataille serait encore pire.
-J’ai peur de ne pas réussir , avoua-t-elle faiblement,j’ai peur… de me tromper, tu vois ? Que tout ce que je fais… c’est envoyer tout le monde à l’abattoir.
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Re: These are dark times
Mer 24 Oct 2018 - 16:16
Ah, maintenant il pouvait pas comprendre. Ca c'était nouveau, mais pas plus agréable à entendre. Il garda la bouche résolument fermée tout du long, tentant de ravaler ce qui lui brûlait un peu la langue, mais même les quelques mordeurs qui tambourinèrent contre la porte ne parvinrent pas à lui changer les idées. Ni l'air à moitié désolé que Selene affichait maintenant. Quand il se sentait attaqué, Simon avait généralement pour habitude de répondre uniquement par contradiction, et encore une fois, ça ne rata pas.
"N'importe quoi" finit-il alors par siffler, "On a pas tout perdu. Des prisons y en a des tonnes, on est aux USA quand même, il peut pas y avoir des groupes dans TOUTES les prisons du pays ! Des bâtiments sécurisés y en a d'autres, tu devrais plutôt t'estimer heureuse de pas t'être prise une balle en pleine tête vu la façon que t'as eue de foncer dans le tas."
Il était énervé. Il avait besoin de comprendre ce qui n'avait pas tourné rond chez elle – il avait bien posé la question à d'autres, mais personne n'avais accepté de lui dire quoi que ce soit.
"Sois plutôt contente d'avoir vécu aussi longtemps dans un truc aussi tranquille, c'est pas le cas de tout le monde je te signale" ajouta-t-il, assez gratuitement cette fois. "Personne s'attend à ce que tu protèges tout le monde toute seule. T'as pas plus de super-pouvoirs que n'importe qui d'autre, et tu sais parfaitement que t'oblige personne à aller sauver le ranch. Si quelqu'un voulait pas y aller tu le forcerait pas, non ? Alors arrête ton cirque, les gens qui vont mourir y en aura sûrement mais ça sera pas de ta faute à toi."
Il renifla, l'air pas mal remonté, mais la vérité c'est qu'il lui en voulait pas seulement à elle. Il aurait bien voulu se vanter du contraire mais il partageait son désespoir et son angoisse face à ce qui les attendait maintenant. C'était une situation merdique, mais il refusait qu'elle se laisse abattre comme ça – pas elle, et pas maintenant. L'idée que mal mal d'entre eux allaient tomber ces prochains jours ou ces prochaines semaines l’écœurait totalement, et il ne parvenait plus vraiment à dormir non plus mais s'il savait bien une chose, c'est qu'il était incroyablement heureux qu'elle n'ait pas été blessée. Le teint vaguement plus rouge que la normale, il se rapprocha finalement d'elle et releva ses yeux vers les siens comme s'il la défiait un peu de ne pas lui répondre.
"Il s'est passé quoi, quand ils sont venus à la prison ?... Pourquoi tu t'es énervée d'un coup ? Ca te ressemble pas. Je comprends pas ce qui t'arrive, c'est..."
Ca m'inquiète ? Quelque chose comme ça, sûrement. Il hésita et attrapa sa main, sans savoir lui-même s'il faisait ça pour se rassurer ou pour essayer de l'empêcher de partir. Genre promis, on va bosser, mais putain explique toi avant, putain.
"N'importe quoi" finit-il alors par siffler, "On a pas tout perdu. Des prisons y en a des tonnes, on est aux USA quand même, il peut pas y avoir des groupes dans TOUTES les prisons du pays ! Des bâtiments sécurisés y en a d'autres, tu devrais plutôt t'estimer heureuse de pas t'être prise une balle en pleine tête vu la façon que t'as eue de foncer dans le tas."
Il était énervé. Il avait besoin de comprendre ce qui n'avait pas tourné rond chez elle – il avait bien posé la question à d'autres, mais personne n'avais accepté de lui dire quoi que ce soit.
"Sois plutôt contente d'avoir vécu aussi longtemps dans un truc aussi tranquille, c'est pas le cas de tout le monde je te signale" ajouta-t-il, assez gratuitement cette fois. "Personne s'attend à ce que tu protèges tout le monde toute seule. T'as pas plus de super-pouvoirs que n'importe qui d'autre, et tu sais parfaitement que t'oblige personne à aller sauver le ranch. Si quelqu'un voulait pas y aller tu le forcerait pas, non ? Alors arrête ton cirque, les gens qui vont mourir y en aura sûrement mais ça sera pas de ta faute à toi."
Il renifla, l'air pas mal remonté, mais la vérité c'est qu'il lui en voulait pas seulement à elle. Il aurait bien voulu se vanter du contraire mais il partageait son désespoir et son angoisse face à ce qui les attendait maintenant. C'était une situation merdique, mais il refusait qu'elle se laisse abattre comme ça – pas elle, et pas maintenant. L'idée que mal mal d'entre eux allaient tomber ces prochains jours ou ces prochaines semaines l’écœurait totalement, et il ne parvenait plus vraiment à dormir non plus mais s'il savait bien une chose, c'est qu'il était incroyablement heureux qu'elle n'ait pas été blessée. Le teint vaguement plus rouge que la normale, il se rapprocha finalement d'elle et releva ses yeux vers les siens comme s'il la défiait un peu de ne pas lui répondre.
"Il s'est passé quoi, quand ils sont venus à la prison ?... Pourquoi tu t'es énervée d'un coup ? Ca te ressemble pas. Je comprends pas ce qui t'arrive, c'est..."
Ca m'inquiète ? Quelque chose comme ça, sûrement. Il hésita et attrapa sa main, sans savoir lui-même s'il faisait ça pour se rassurer ou pour essayer de l'empêcher de partir. Genre promis, on va bosser, mais putain explique toi avant, putain.
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Re: These are dark times
Jeu 25 Oct 2018 - 0:47
-COMMENT J’AI FONCÉ DANS LE TAS ?! Hurla-t-elle brusquement, outrée.
Il y avait peut-être un peu de mauvaise foi dans le fait qu’elle occultait qu’effectivement, elle avait ordonné l’exécution des envahisseurs sans aucune solution moins risquée. Néanmoins, elle s’était déplacée sur le parking pour suivre les conseils de Riley et couvrir plus d’angle de tir, pas pour être suivie ensuite par la moitié de la prison. A ce sujet, n’était-ce pas lui qui s’était tellement mal positionné qu’il avait failli causer la réédition de la prison – ou sa propre mort ?! C’était culotté d’oser l’accuser de l’avoir échappé belle après ça.
Elle souffla profondément à la suite de ses arguments. Il ne comprenait pas. Bien sûr qu’elle ne forcerait personne – parce que personne ne refuserait ; mais ça restait de sa faute. Duncan, Andrea, Isaac, Lisandro, Sarah, Eli, tous lui faisaient confiance. Elle était la plus jeune et pourtant, ils croyaient en son instinct, en tout ce qu’elle avait dit sur la possibilité de construire un monde « meilleur ». C’était pour ça qu’ils se battaient, parce qu’elle leur avait promis qu’il y aurait de la lumière au bout du tunnel. C’était bien trop lourd à porter… se dire que toutes ces vies, elles étaient engagées par sa faute.
Selene se pinça l’arête du nez, les paupières plissées jusqu’à ce qu’elles en deviennent douloureuses. Les doigts de son aîné se refermèrent sur les siens. Elle sursauta et une fois de plus, elle se dégagea. Pas tant pour le fuir, surtout pour ne pas qu’il la sente trembler. La jeune femme grelottait presque et enferma son poing droit dans sa main gauche pour réprimer sa fébrilité. Qu’est-ce qu’il lui arrivait ? C’était une tellement longue histoire…
-Je le connais. Leur chef, Zack , avoua-t-elle d’une voix cassée,son groupe, il... ils m’ont capturée y’a deux ans ce ça et m’ont torturée. C’est de là que vient ma cicatrice , elle montra son buste. Il y avait celle-là et quelques autres. La musicienne se pinça les lèvres mais consentit à lui donner une information que personne d’autre n’avait, même pas Andrea, Duncan ou Ashley,de notre côté… mon mari, Gabriel, et une de mes amies avaient attrapé Zack et l’ont aussi torturé chez nous.
Son regard fuyait. Fixé quelque part sur l’orée des bois omniprésents. D’ordinaire, il lui coûtait déjà de parler, c’était bien plus dans sa nature de fragmenter les mystères. Simon s’était ouvert à elle au risque qu’elle ne juge son passé alors elle estimait pouvoir en faire tout autant ; sauf que ce n’était pas pareil. Ça ne remontait pas si loin et elle passerait au mieux, pour une victime, au pire, pour la cheffe d’un groupe qui ne valait pas mieux que leurs ennemis. C’était ce que reflétaient les actes d’Abigail et Gabriel : ils étaient tombés aussi bas dans les horreurs humaines, dans un camp comme dans l’autre.
-A l’époque, ça s’est réglé par un échange d’otage, mais… , quelque chose s’était brisé, en elle, dans sa tête surtout,ça s’est jamais vraiment fini. Et là… Zack dit qu’il a tué Gabriel, alors que je le pensais disparu… , elle en avait la nausée, son visage trahit momentanément toute la douleur qu’elle ressentait,tu comprends ? J’arrive plus… à me dire que je me bats pour le ranch ; je me bats pour moi. Et alors… tous ceux qui me suivent vont mourir pour quelque chose qui ne les concerne pas.
Le masque était tombé. Celui de la jeune femme patiente, de la jeune maman endurcie ou de la guerrière bienveillante. Selene n’était rien de tout ça. Elle n’était qu’une âme brisée parmi d’autre et tuait ceux qui se trouvaient en travers de sa route, parce qu’elle n’avait aucune autre solution. Elle n’était qu’à une mauvaise journée d’être comme ceux qu’ils allaient affronter. Et elle n’allait pas sauver le ranch, elle allait surtout sauver deux personnes : Ashley et Hope.
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