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Armes:

J’avais sonné l’alarme. Tirant tout le monde de leur sommeil, avant de rebrousser chemin. Pressé de retourner – aussi vite que je les avais quitté – auprès de Cora, Cameron et cet intrus. Ou plutôt, cette intruse, devais-je dire... et passablement mal en point ! Affaiblie et grelottante, elle était soutenue, de part et d’autre, par mes deux compagnons de garde. Ayant du mal à tenir debout, seule. Ce qui n’avait rien d’étonnant, m’étais-je dis, en voyant tout ce sang sur sa jambe. Elle était apparemment blessée.

Rapidement, un petit groupe s’était formé tout autour de Raina et les questions n’avaient pas tardé à fuser dans sa direction. « C’est le convoi, c’est ça ?! lançais-je dans la mêlé. Et les autres ?! Ils… Ils sont où ?! » Bien entendu que par "les autres", je voulais parler de Xander et… Daniella ! Je n’avais pu m’empêcher de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule. Cherchant désespérément à les voir apparaître à l’orée de la marina, mais rien. Ils n’étaient pas là. Elle n’était pas là.

J’avais le ventre noué par l’appréhension. Accablé par la peur de perdre, une fois de plus, quelqu’un qui m’était cher. Sentant mon inquiétude grimper en flèche lorsque Selene lui demanda si elle avait été suivie. Parce qu’il ne manquerait plus que ça, que l’ennemie rapplique jusqu'à nous ! Le souvenir de novembre 2018 était encore bien trop frais dans ma mémoire… Mon sang se glaça dans mes veines à la simple pensée que l’on puisse revive ce genre d’épreuve une nouvelle fois.

« Peut-être qu’on devrait se planquer plus loin ? Faire croire que l’on est toujours à l’intérieur j’avais fait un signe du menton vers l’avant-poste, et leur tendre un piège s’ils ont le malheur de rappliquer jusqu’ici ? »

Ce n’était qu’une proposition, lancée sans savoir si elle était bonne. Après tout, peut-être étais-je devenu trop parano.

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« Donnez-lui de l'eau. » lança-t-elle d'abord aux siens, la capuche de son hoodie entourant les traits de son visage. Oh, la militaire avait été capable de dormir, mais elle ne dormait toujours que d'une oreille. Il n'avait fallu que très peu de temps pour qu'elle sorte du lit et attrape son flingue, avant de se pointer auprès des autres lorsque Cora avait alerté le groupe via le talkie, et que Fred avait sonné l'alarme. La fille du convoi était là, donc, et elle devait parler. Et avec de l'eau, ça irait probablement mieux, parce qu'elle n'avait pas particulièrement bonne mine. Reena n'essaya même pas de lui sourire, ni à elle, ni aux autres. L'heure n'était pas aux sourires.

Non, elle écoutait plutôt silencieusement ce que tout le monde disait, en mode analyse. Selene semblait hors d'elle, avec raison, sûrement. Elle posait les bonnes questions, n'empêche. Probablement pas de la bonne façon, comme à l'habitude, mais bon. Ludwig proposa de fouiller un peu les alentours, question de s'assurer qu'ils étaient tranquilles - pour l'instant. Il avait donné sa gourde à la demoiselle, d'ailleurs. Décidément, elle l'aimait bien, celui-là. Surtout depuis le dessin de Jesse.

Elle se retourna ensuite vers Fred qui s'énervait, posant sa main sur son épaule pour essayer de le calmer. « Je veux tout le monde à l'intérieur. Maintenant. Et vous savez ce que vous avez à faire. » dit-elle calmement en se disant que Shaw serait peut-être même partante pour leur faire du putain de café. Ils en auraient besoin. Elle posa les billes sur la maman d'Effy, l'implorant presque de ne pas brusquer la blessée avant qu'elle ne se décide à leur révéler ce qui s'était passé. Puis, levant son regard noisette sur les alentours sombres de la marina, elle pressa le pas en s'éloignant. Bien sûr qu'elle voulait entendre ce que Raina avait à dire, mais elle devait d'abord fouiller le coin. « J'vais voir de quoi il s'agit. » Enfin, s'il y avait bel et bien quelque chose à craindre pour le moment. Et elle n'attendrait personne pour y aller.

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Rapidement, Raina fut emmenée auprès des autres. Et tout aussi rapidement, elle fut entourée d’une foule de personnes toutes aussi inquiètes et alertes qu’elle était fatiguée et excédée, elle aussi. De plus, ça faisait beaucoup trop de monde d’un coup pour la solitaire. Un jeune homme lui posa néanmoins un manteau sur ses épaules, ce qui calma les grelotements incontrôlables de son corps, et accepta la gourde d’eau avec un merci presqu’inaudible. Ensuite, il lui fallut essayer de reconnaitre quelqu’un dans tous ces gens. Malheureusement ce ne fut pas le visage d’Isaac qu’elle trouva mais le regard froid et déterminé de Selene qui lui demandait si elle avait été suivie. Loin de se sentir agressée par ce ton brusque – elle en avait plutôt l’habitude – Raina ancra son regard dans celui de la gamine qu’Isaac prenait pour un grand chef. Ce fut qu’à elle que la métisse répondit, parce que les questions des gens inquiets pour leur proche, elle ne pouvait pas leur répondre, elle les avait laissé sur place sans se retourner. « J’ai été prudente. » Dit-elle sèchement. « Mais faut aller vérifier. »

Elle prit la gourde et étancha sa soif doucement. A partir du moment où elle avait vu cet attroupement autour d’elle, Raina s’était braquée. Elle était peut-être fatiguée et blessée, mais ça ne l’empêcha pas d’arborer cette mine féroce qui défiait les autres de trop s’approcher. Puis elle continua, pour Selene, parce que c’était le seul visage connu de cette assemblée. « C’était les Scarecrows, j’en ai parlé à Isaac, ceux qui ont attaqué l’entrepôt début mars. Ils nous attendaient, on n’avait aucune chance de passer. » Dit-elle avec rancune. Comme la première fois qu’elle les avait rencontré, ils étaient terriblement organisé. « Des snipers sur les toits, des gars à moto, ils étaient en train de nous encercler… Puis j’ai vu une ouverture et j’ai filé sur l’une de leur moto. » Dit-elle sans passer par quatre chemins. « Quand j’suis partie, il y avait deux blessés graves, deux morts. Du reste, je n’sais pas. » Après, elle ne pouvait promettre que tout le monde s’en était sorti après son départ. Tout ce qu’elle savait c’est qu’elle avait réussi à semer les gars qui la suivaient pour arriver ici sans attirer l’ennemi dans ces murs.

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Olivia se réveilla en même temps que tous les autres, et pas forcément d'excellente humeur. Il fallait dire que pour une fois qu'elle parvenait à s'endormir sans avoir l'impression d'avoir trop froid dans cet avant-poste, elle aurait aimé en profiter. En retrouvant les autres, la petite brune afficha une mine pour le moins fermé, mais face à la détresse de cette Raina, ne put s'empêcher de reprendre contenance : Elle lui sortit de quoi manger, une barre de céréales, ainsi qu'une pomme qu'ils parvenaient à cueillir par chez eux. Au moins, elle pourrait se remplir progressivement l'estomac.

Quoi que ses explications lui arrachèrent quelques froncements de sourcil, elle avait du mal à rassembler toutes les pièces du puzzle, elle n'était pas au courant - comme Isaac - de tout ce qu'il s'était passé au No Man's Land.

Ca serait possible de résumer pour ceux qui n'ont pas assister à ce qu'il s'est passé à l'entrepot, ou ceux qui ne font pas partis des leaders du groupe ? Demanda-t-elle, un brin sèchement. On a tous que vaguement entendu parlé de ces types, ils attaquent encore un de nos convois, qu'est-ce qu'on doit savoir sur eux ?

Alors, certes, le tour du quartier pour essayer de les retrouver, c'était un début, mais du reste alors ?

Ils ont fait ça pour le convoi, ou pour vous ? Reprit-elle. Et si c'est les ressources qui les intéressent, ne vont-ils pas essayer de prendre les notres, ici ? Ne devrait-on pas rentrer et abandonner cet avant-poste ? Qu'importait qu'ils aient pris le temps de l'aménager ?

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- Personne ne sort d’ici, rétorqua Selene à Raina qui leur livrait plus d’informations, ça vaut pour toi aussi, dit-elle à Serena qui pensait s’en aller seule.

Le naturel revenait au galop. Elle n’avait pas rencontré les fameux « Scarecrows » en personne mais en avait beaucoup entendu parlé. D’après Oliver, c’était des amateurs de pièges et de mise en scène macabre. Alors s’ils avaient suivi la cavalière, peut-être justement qu’ils attendaient que les survivants de l’avant-poste s’éloignent pour faire une ronde. C’était le meilleur moyen de les isoler.

- Des snipers et des motos ? répéta-t-elle, je pensais qu’ils n’avaient que des arcs et des flèches !

Elle se prit la tête entre les mains. Au milieu de ses réflexions chaotiques, les voix qui n’étaient jamais loin ces derniers temps. C’était une mauvaise passe. La pianiste pensait soulager ses symptômes hallucinatoires en venant ici pour voir ce qui se passait mais finalement, c’était pire. L’angoisse nourrissait la paranoïa, la paranoïa abreuvait les délires. Stop. Silence. Il fallait qu’elle réfléchisse. Les questions d’Olivia lui donnèrent du concret à quoi se raccrocher.

- Ce sont des sociopathes masqués qui massacrent les gens pour les piller. Apparemment, ils ont fait sensation au No man’s land il y a quelques mois, et maintenant…, difficile de dire s’ils étaient de retour pour le gain ou pour avoir leur vengeance, on ne peut pas se contenter de rentrer, répondit-elle dans un soupir.

Son aînée n’avait pas tort : si c’était le lieu qu’il visait, alors ils pouvaient le quitter. Sauf qu’il y avait d’autres données dans la balance. Le réaliser glaça Selene jusqu’aux plus profondes de ses tripes.

- Il fait nuit, ils sont peut-être déjà là. Si on s’éloigne, on ne les verra pas venir, ça répondait aussi au plan de Frederik : s’ils étaient déjà fait comme des rats, quitter les lieux ne ferait que les exposer, notre meilleur chance, c’est de se barricader ici et de se préparer au pire. On avisera quand il fera jour. Qui était mort quand tu es partie ? demanda-t-elle en se tournant vers Raina.

C’était cruel et froid, mais elle espérait que ce soit Daniella et Alexander, car les morts ne parlaient pas. Si par malheur ils avaient survécu et si par malheur ces « Scarecrows » les faisait parler avant de les achever… alors l’avant-poste ne serait que le dernier de leur problème : parce qu’ils sauraient trouver le fort de Nisqually.

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Résumé: