C'était quand même une occaz en or à pas rater. Le printemps pointait enfin le bout de son pif et quelqu'un croyait avoir trouver une cache de matos et pas que ! Ce même quelqu'un demandait un coup de main et invitait d'autres à aller se servir avec lui. Le groupe avait méchamment besoin de médocs et de matériel médical. Il avait donc été convenu que Jeff et Sal partent voir ce qu'il était possible de ramener. Quand la blonde avait vu le message sur le tableau du No Man's Land, elle y avait aussi retrouvé Ruby. Comme elle semblait intéressée aussi par cette sortie de groupe, Sal avait fait un petit détour sur le chemin pour la récupérer. Une exception que la jeune mécano n'aurait pas fait pour beaucoup, mais Ruby était cool et efficace. Au début ça avait été houleux, mais toutes deux avaient fini par se prouver à l'une et l'autre.

Tous les trois firent le chemin en pickup jusqu'au lieu de rendez-vous. Avant de descendre, Salem préférait les mettre en garde.

- Là les gars, on risque de pas connaître tout le monde. J'ai pas besoin d'vous dire qu'on surveille nos culs et si possible on se sépare pas.

C'était l'expérience qui parlait, même si c'était juste logique comme recommandation. L'expérience de la mauvaise chance qui faisait tout tourner en désastre... Les portières du pickup s'ouvrirent de façon sonore avant d'être refermées tout aussi bruyamment. Ajustant son sac à dos sur ses épaules et son carquois, Salem révisait une dernière fois son équipement. Elle avait suffisamment de flèches, la corde à son arc venait d'être changée et elle avait quelques balles dans le réservoir de son pistolet. Son couteau de chasse était bien effilé et elle avait rempli sa gourde avant de partir. Le temps étant plus doux, elle s'était même permis de ressortir da veste de cuir, mais n'avait pas trop poussée et avait enfilé un gros pull à capuche dessous et une écharpe pour le vent frais.

Boitillant encore légèrement suite à sa blessure où elle avait décidé de faire un câlin à une fenêtre, la petite mécanicienne s'en sortait pas trop mal maintenant que sa cuisse était bien refermée. Sal croit voir une silhouette dans une espèce de petit bâtiment près d'une piscine vide. Tandis qu'ils s'approchent, l'odeur du chlore leur chatouille le nez. C'est dingue de se rendre compte que ça sentait encore après toute ses années. Son attention est toutefois recentrée sur l'inconnu qui semble les attendre à l'intérieur. Avec un peu de chance, il ne va pas les descendre quand ils ouvriront la porte...

Salem passe la première et entre. La petite blonde est heureusement accueillie avec un bienvenue et non un coup de fusil à pompe en pleine tronche.

- Yo. Lance Sal désinvolte, tout en observant l'endroit, voulant éviter les mauvaises surprises. T'es seul ?

Quelques jours avant, le grand brun tomba sur une annonce déposée au No Man's Land. Quelqu'un qui avait besoin d'aide pour essayer d'aller trouver des ressources. Tout de suite, Kerwan était intéressé. Ca lui permettrait de découvrir un nouvel endroit, de se dégourdir les jambes, mais aussi de tuer de l'infecté et de ramener des ressources pour leur groupe. L'hivers passé a été assez rude pour tout le monde, alors s'il pouvait aider et y gagner des ressources en retour, ce n'était que gagnant-gagnant pour tout le monde. Il en parla bien évidemment à ses compagnons et aussi à Luisa. Il décida de lui proposer de l'accompagner, pour une fois. Cela pourrait permettre à Luisa de voir comment Kerwan se comportait sur le terrain, mais aussi à Kerwan de voir si Luisa pouvait gérer ce genre de situations. Il fut très content de voir qu'elle allait l'accompagner le jour-J.

- Oh que oui. Je ne sais même plus à quand remonte la dernière fois qu'on a fait ce genre de sorties ensemble.

D'ailleurs, le Jour-J était vite arrivé. Il avait essayé de la briefer un peu avant de partir. Mais il sentait quand même un petit stress chez elle. Ils montèrent assez vite en voiture et le grand brun roula en destination du lieu de rendez-vous, accompagné de sa co-pilote qui le guidait pour arriver jusqu'à bon port. Il ne connaissait pas particulièrement les lieux, alors il lui faisait entièrement confiance concernant le chemin à prendre. Comme l'hiver terminait, les morts recommençaient à faire davantage surface, notamment dans les zones qui n'avaient pas encore été inspectées par des vivants. Sur la route, ils ne discutaient pas beaucoup, car ils étaient tous deux concentrés par la route. Néanmoins, la remarque de Luisa fit glousser le grand brun, qui ne put s'empêcher de lui rétorquer :

- Oulalala, c'est mal me connaître, ça. Je suis un tout autre homme, dehors. Tu risquerais de ne pas me reconnaître.

Avec ses deux ans de survie solitaire au compteur, il savait de quoi il parlait. Ils arrivèrent assez vite au lieu de rendez-vous. Il se gara donc non loin du lieu. Avant de descendre, l'ancien agent immobilier adressa un petit sourire et un hochement de tête à Luisa, afin qu'elle aussi, reçoive du courage. Elle en aurait certainement plus besoin que lui. Rapidement, il récupéra son sac à dos avec quelques provisions, ainsi que son bon vieux fusil à pompe et sa hache, qui ne le quittaient jamais. Il alla rejoindre Luisa et ensemble se rendirent à l'intérieur. Il lui emboîta le pas, non pas par manque de galanterie, mais par petite méfiance ; quelques autres personnes étaient déjà là et attendaient. Les visages étaient peu familiers, sauf celui de Jamaal qu'il avait déjà eu l'occasion de croiser au No Man's Land. Luisa fit les rapides présentations, et Kerwan se contenta de lever un peu sa main gauche en afficha un petit sourire.

- Salut ! On est pas les derniers, j'espère ?

C’était toujours intéressant de vérifier les annonces déposées au no man’s land avant de plier bagage. Ce jour-là, il y en avait une particulièrement qui avait attiré mon attention. On avait réellement besoin de matériel médical et de médicaments en plus, suite à nos récents déboires. Sauf que j’étais prête à tourner talon en laissant tomber, en fait. Pourquoi ? Je n’aimais pas vraiment travailler avec de parfaits inconnus. Ca sentait toujours le plan foireux à plein nez. Sauf que, cette fois, je n’étais pas seule à détailler le panneau d’affichage. J’avais retrouvé Salem avec un enthousiasme qui m’avait moi-même surprise. Il fallait dire que, à cause de Valérian, je n’avais pas pu quitter la distillerie les premiers mois… Et il me laissait tout juste sortir à nouveau comme je l’entendais.

Si bien que j’avais finalement revu mes plans, à croiser déjà une tête connue. J’avais pris soin d’expliquer le plan du jour à Valérian, sans trop lui demander son avis, avant d’embarquer dans le pick-up de Salem qu’elle avait spécialement déplacé jusqu’à la distillerie pour me récupérer. Elle n’était pas seule. Celui qui l’accompagnait ne me disait strictement rien en plus, mais si Salem lui faisait confiance… Peut-être que je pourrais lui accorder le bénéfice du doute. Je ne révélais pas mon angoisse à Jeff, me fendant d’un sourire de façade. Je m’étais montrée avenante durant le trajet, sans m’imposer pour autant. Je commençais déjà à travailler mes bonnes relations, surtout.

Une fois parvenus à destination, Salem nous mis en garde. J’hochai la tête, avec sérieux. « T’imagines bien que l’idée ne m’aurait même pas traversée l’esprit de venir ici si tu n’en étais pas. » On croiserait peut-être des têtes connues, qui sait ? Mais je ne me fiais pas réellement à grand-monde. Salem était prudente. Moi, j’étais un cran au-dessus en termes de paranoïa. Si bien que, quand elle se décida à passer en tête, je la laissais faire volontiers. Apparemment, il n’y avait qu’un homme seul pour nous souhaiter la bienvenue. Sans doute celui qui avait rédigé l’annonce… Je glissai un regard par l’interstice de la porte après Salem, avant d’entrer à mon tour. « Salut. » Je surpris l'arme à sa main, avant même son visage. Je me détendis aussitôt en reconnaissant Jamaal. L'indien était quelqu'un de plutôt fiable. Je fus immédiatement rassurée de savoir que l'expédition était organisée par ses soins. Rapidement, nous fûmes rejoints par un nouveau duo. Un couple peut-être ? Ils avaient l’air plutôt avenant et sympathique, peut-être un peu trop pour moi pour que je ne méfie pas. « Moi, c’est Ruby. » Je les saluai avec un nouveau sourire de façade, sans trop en faire, avant de me retourner vers l’indien. « On attend encore d’autres personnes ? » Parce que ça commençait à me rendre nerveuse, là.

Je gardai la main refermée sur la bandoulière de mon fusil. J’avais assez de munitions pour assurer le coup, et au besoin, mon couteau et mon piolet étaient solidement accrochés à ma taille. J’avais même pris ma fronde, au cas où on ait besoin d’une diversion. Avec tout cet attirail, je passerais peut-être moins pour la blonde chétive et inoffensive, mais on était tous réunis là pour une raison précise. Et avec une équipe pareille, on avait de bonnes chances de remporter le gros lot non ?

Kilian gara sa moto près de l’entrée du point de rencontre dont faisait mention cette annonce placardée au No Man’s Land ; la réception d’une ancienne piscine située à Shoreline, au nord de Seattle. Immobilisé aux côtés des autres véhicules déjà présents sur les lieux, il prit alors quelques secondes – avant de descendre de moto – pour vérifier une nouvelle fois sa carte routière et s’assurer qu’il était bel et bien au bon endroit. C’était le cas. Mettant donc pied à terre, l’homme scruta les environs tout en ajustant les sangles de son sac à dos. Vérifiant ensuite que sa machette était bien en place à sa ceinture, de même que son couteau de chasse, avant de faire un rapide inventaire de ses munitions pour son Glock. Tout y était.

Mais dans un monde comme le leur, et en l’absence d’une montre pour lui donner l’heure exacte, comment aurait-il pu savoir s’il était en retard ou en avance sur ce rendez-vous ? Allez savoir s’ils n’avaient pas tous déjà commencé sans lui... La seule chose dont il pouvait être certain, c’est qu’il avait dû faire maints détours pour contourner les groupes de morts qui s’étaient massés sur son chemin. Il avait dû prendre toutes les précautions pour ne pas les ramener dans son sillage, jusqu’ici. Disons que sa Harley-Davidson lui était utile pour bien des choses, mais peut-être pas tant que ça pour ce qui était de la discrétion… Le craquement de son moteur avait la fâcheuse manie d’attirer l’attention des "Mignons" qui passaient par là.

M’enfin, il s'était rendu à destination et c’était tout ce qui comptait pour le moment. À l’intérieur de la réception, il y avait d’ailleurs du mouvement. Resserrant donc sa prise sur la crosse de son pistolet, il s’y dirigea avec prudence. Les sens en alertes, paré à tout éventualité. Il en compta six – six vivants – rassemblés dans ce hall d’entrée à l’odeur de chlore. Six têtes qui se tournèrent presque aussitôt vers lui, dès que sa silhouette se découpa dans le cadrage de la porte. Toutefois, aucun d’entre eux ne pointa son arme dans sa direction. Où s'ils le firent, il l'abaissèrent rapidement. Ce qui était plutôt bon signe !

« Eh bien, j’arrive tout juste à temps pour la fête, à ce que je vois ! » Avait-il lâché, sur le ton de la plaisanterie, alors qu’il se détendait quelque peu. Finch avait beau être un méfiant dans l'âme, ça n’empêchait pas qu’il était d’une humeur étonnamment radieuse, aujourd’hui. Cependant, ça pourrait bien vite changer par la suite… Alors mieux valait en profiter pendant que ça passait.

Le regard du cogérant avait bondi de l’un à l’autre des visages présents dans cette pièce. S’arrêtant enfin sur l'une de ces bouilles qui ne lui étaient pas inconnu ; Salem. Laissant alors un sourire fendre son visage, il ne pût s’empêcher de s’exclamer à son attention ; « Hey, tiens dont ! J’espère que cette fois-ci je ne risque pas d’être laissé pour comble si les choses tournent mal ?! Parce que si je t’ai pardonné une première fois, crois-moi que je ne te pardonnerai pas une seconde fois. Il faisait évidemment référence à leur évasion du camp des Scarecrows, en novembre dernier. Ça va, détend-toi. Je plaisante ! » Ajouta-t-il, sourire aux lèvres, en chassant l'air de sa main. Reste qu’il y avait quand même un fond de vérité… Une note de menace dissimuler dans cet humour. Parce que, non, il n'avait toujours pas oublié.