En voilà un qui se déridait rapido, songeait la petite blonde en entendant Jeff s'exclamer en voyant l'inconnu. Bien rapidement, il se trouvait qu'ils se connaissait ces deux-là. Ses iris verts passaient d'un homme à l'autre, essayant de jauger le degré de confiance qu'elle accordait au fameux Jamaal, malgré le pouce de Jeff.

Pas le temps de se pencher plus amplement sur la question et de lancer un petit sourire amusé au grand gaillard, que deux nouvelles têtes faisaient leur entrer. Salem était nerveuse, mais n'en montrait rien. Il y avait un moment qu'elle n'avait pas été entourer d'autant d'étranger. Sal avait peur que le confort de leur petit groupe n'ait ramolli ses réflexes et son jugement. Elle les surveillerait tous du coin de l'oeil, mais à un moment fallait quand même leur offrir un tant soit peu de confiance pour que la journée ne soit pas un désastre. Tout se jouerait quand ils seraient dans l'eau chaude ou en possession de matos. Pour l'instant, elle détaillait les visages, essayant de mémoriser qui était qui.

Un bruit de moto fit faire un petit arrêt à son coeur. Qui se ram... Oh ! Non. Pourvu que ce soit pas lui. Pas qu'elle le détestait, mais c'était pas l'amour fou non plus.

Comme de fait, qui ramenait sa tronche par la porte au bout d'une petite minute ? Ouais, Kilian.

- T'as ramené les hot-dogs et la bière, j'espère ? Lançait distraitement Salem en regardant par la fenêtre la plus près, si un cortège puant accompagnait m'sieur-moto-trop-cool-pour-être-discret.

Ça ne lui prit pas une minute qu'il était déjà sur le dos de la mécanicienne, qui elle n'était pas du tout d'une humeur a plaisanter avec sa remarque de connard. Si un regard avait pu tuer, ce pauvre type serait tombé au sol dans l'instant.

- Ouais. Ah. Ah. Ah. J'me bi-do-nne mec.  La blonde n'était vachement pas d'humeur à ce qu'il la cherche. Si la dernière fois elle était restée sagement dans son coin, cette fois c'est lui qui voulait trouver la merde.

Jamaal reprend toutefois la parole et la petite androgyne préfère se concentrer sur lui plutôt que Kilian. En moins de deux, ils le suivent et se retrouvent dehors, pendant qu'il explique le programme de la journée. Salem se mord la langue, alors qu'elle a nettement l'impression qu'il fait un sous-entendu par rapport à ce que l'autre gros con lui a lancé en arrivant.

Si c'est comme ça qu'il veut la jouer aujourd'hui...

La mécano retire l'une des bandoulières de son sac à dos pour le faire basculer par dedans, avant de l'ouvrir et de fouiller dedans. Elle s'avance ensuite vers la palissade pour crocheter la seule serrure en vue, en main de petits outils pour l'aide à la tâche. Même si Sal ne fait habituellement pas dans la dentelle, par la force des choses elle a vite appris qu'il valait mieux parfois être discret et utiliser son crâne.

La jeune survivante rapprochait un peu son oreille de la serrure pour entendre les cliquetis si distincts qu'elle recherchait. Au bout d'un moment, elle eut envie de crier bingo, mais se ravisa bien assez tôt. Tournant la tête pour faire signe aux autres, elle entrouvrit la porte pour voir elle-même discrètement ce qui se cachait derrière la palissade, avant de faire signe au reste de leur groupe pour avancer, tous ensemble.

Kilian se passa une main dans les cheveux et se gratta le fond de la tête. Si son cuir chevelu lui démangeait, depuis un jour ou deux déjà, il était encore très loin de s’imaginer ce qui était la véritable cause de ces démangeaisons… Reportant alors son attention sur la petite blonde, il lui avait sourit en se fichant éperdument qu’elle ne soit pas d’humeur a plaisanter sur le sujet. Son sourire s’élargissant, plus encore, lorsqu’elle le fusilla du regard. Si elle avait pu l’assassiner par un simple coup d’œil, elle l’aurait assurément fait, il n’en douta pas. S’amusant de la voir aussi irrité, il savait qu’il avait donc touché une corde sensible. Puis, Jamaal – la tête de leur petite troupe – avait repris la parole pour le saluer à son tour. Lui aussi, il le connaissait… Et lui aussi, ce n’était pas l’amour fou. Se contentant d’un bref signe de la tête pour le saluer en retour, il lui emboita le pas lorsque celui-ci les invita à le suivre.

Ils remontèrent la 1st avenue, tout en écoutant l’Indien leur expliquer ce qu’il savait sur leur expédition. L’écoutant attentivement leur énumérer ce qui les attendait tout au bout du chemin ; un hôpital de campagne abandonné, des installations militaires, un tas de matos qui n’avait pas bougé de là depuis quatre ans et surement un très grand nombre de "Mignons" à dégommer… Eh bah dit dont, ça s’annonçait fort amusant tout ça ! Le mieux qui était à faire – selon Jamaal du moins – serait donc d’agir rapidement, tous ensemble. Et en l’entendant insister sur ce dernier mot ; "ensemble", Finch laissa un sourire étirer la commissure de ses lèvres, avant de lancer un regard plein de sous-entendu vers Salem. S’amusant de voir que sa petite pique avait su semer le doute dans l’esprit de ses nouveaux compagnons d’expédition.

Le groupe s’arrêta au pied de la palissade qui, à l’époque, devait faire office de l’une des entrées menant à ce camp militaire dont leur avait parlé Jamaal. Kilian leva alors la tête vers le sommet de ce mur, haut de quelques mètres. Il n’était pas si haut que ça, quand même. Il y avait moyen de l’escalader. D’ailleurs, avec la corde qu’il avait dans son sac à dos, Finch aurait très bien pu se proposer pour tenter le coup. Toutefois, il préférait attendre et voir qui de ses nouveaux alliés allait se porter volontaire pour faire le premier pas… Ravi de découvrir que ce serait donc sa petite préférée qui, ressentant probablement le besoin de faire ses preuves, après l'assaut qu'il lui avait fait, s’approcha de la serrure, la première. Outils à la main, elle se lança dans la fastidieuse tâche du crochetage.

Pendant que Salem s’afférait sur la serrure, ce fut alors au tour de ce grand rigolo de jouer au cascadeur. Kilian le regarda donner sa batte cloutée à l’autre homme avant de faire son petit numéro. Prenant un peu de recule, il s’était élancé jusqu’à la palissade, au pied de laquelle, il bondit pour s’agripper à son sommet. Se hissant comme un grand guignol, il avait alors basculé de l’autre côté… Tombant à la renverse de façon tout à fait ridicule. Finch fixait, d'ailleurs, toujours l’endroit où ce Jeff avait disparu de leur regard, une expression exaspérer sur le visage ; « Et on a vraiment besoin de ça, dans notre équipe ?! » Il y avait clairement du jugement dans son ton. Se passant une main sur le visage, comme pour ajouter à son air découragé, il se gratta une nouvelle fois la tête avant de reporter son attention sur la mécano qui était enfin venu à bout de la serrure.

Sa machette à la main – non pas parce que Luisa l’avait proposée, mais bien parce que ça allait de soi qu’il utiliserait son arme blanche – Kilian avait emboité le pas des autres membres de son groupe lorsqu’ils entrèrent sur l’ancien site militaire. Avançant tous ensemble et discrètement, ils progressèrent aussi rapidement que possible en direction de cette bâtisse que la mexicaine leur avait désigner. Et si la jeune femme commença les hostilités en tuant leur premier mordeur, un second ne tarda pas à sortir de sa léthargie pour fondre sur eux à son tour. Ce fut, cette fois-ci, le cogérant qui s’avança pour le décapiter d’un bon coup de machette. Mettant ensuite un terme à son râlement en planta sa lame dans la tête qui avait roulée au sol.

L'arrivé du petit dernier, un dénommé Kilian, sembla apporter un peu de tension, surtout au vu des trois autres personnes qui étaient arrivées avant Luisa et Kerwan. Mais il n'en dit rien, vu qu'il ne savait absolument pas les raisons de ce comportement, mais aussi que cela ne le concernant absolument pas. En gros, il en avait clairement rien à foutre, il voulait juste pour aider et prendre sa part. Tant que personne ne voulait lui chercher des noises, tout irait bien. Une fois donc que tout le monde fut là, Jamaal fit un petit briefing de la situation et de leur mission du jour ; et le grand brun ne put s'empêcher d'avoir un petit rictus sur les lèvres lorsqu'il précisa bien qu'ils devaient rester tous ensemble. C'était censé être évident, mais ça ne faisait pas de mal de le répéter de temps en temps.
Après les quelques paroles de l'indien, ils se mirent assez vite en route vers la petite caverne d'Ali-baba. Si elle était bourrée d'infectés à foison, le pillage n'avait pas eu le temps d'être fait avant eux. Ainsi, tout le monde y récolterait sa part et repartirait comme chacun était venu. Le grand brun restait près de Luisa, lui jetant quelques petits coups d’œils afin de voir si elle allait bien. Il savait que physiquement ça irait, mais plutôt mentalement. Jamaal avait prévenu de la dangerosité du lieu, alors il avait un peu peur qu'elle commence à paniquer. Mais, curieusement, elle semblait aller bien. Il espérait que ça continue comme ça jusqu'au bout de leur petite aventure du jour.

Premier obstacle : l'entrée. Parmi eux, la blonde au cheveux courts décida de se charger d'ouvrir la porte en la crochetant. En attendant qu'elle réussisse à ouvrir, Jeff donna son arme blanche à Kerwan, qui la garda alors dans sa seule main libre. Il se demandait bien pourquoi il la lui donna, jusqu'à ce qu'il le voit s'exécuter. L'ancien agent immobilier ne savait pas s'il avait fait ça pour impressionner ou pour gagner du temps mais, quoiqu'il en soit, ça l'avait pas mal impressionné. En tout cas, un autre, Kilian, semblait déjà en avoir ras le bol, notamment des manières des autres qu'il ne connaissait pas non plus. Et ça, ça allait assez vite l'agacer. Quoiqu'il en soit, c'étaient peut-être des efforts inutiles de Jeff puisque la porte fut ouverte presque en même temps, et tous pénétrèrent. Kerwan rendit l'arme à l'homme, et en profita pour remercier la jeune femme pour ses talents, leur adressant un petit sourire à chacun.

- Sympa, la démo, lança t-il a Jeff.

Luisa ouvrit le bal des morts en dégommant le premier venu. Kerwan fut assez impressionné de sa réactivité, et était content que leurs entraînements aient porté leurs fruits. Mais pas le temps de rester impressionné trop longtemps, puisque Kilian décapita un second infecté, dont sa tête roula quelques mètres non loin d'eux. Mais l'ancien agent immobilier voulait aussi s'amuser un peu. Il voulait en défoncer, de l'infecté ! Et d'ailleurs, l'occasion se présenta assez rapidement, vu qu'un autre se présenta non loin du groupe. Il emboîta le pas afin de venir montrer sa petite performance, lui aussi. Rapidement, il leva sa hache afin de venir la faire pénétrer dans le cou de l'infecté. Sa tête se détacha du corps et "s'envola" avant de venir toucher à son tour le sol, accompagné du corps qui s'écroula comme une merde. Mais d'autres râles se faisaient entendre non loin d'eux, et d'autres rôdeurs étaient présents face à eux, à environ une dizaine de mètre. Ils venaient les accueillir comme ils le méritaient, c'était mignon.
C'était maintenant que les choses sympas allaient commencer !

Je me demandais à quel point le fameux Jeff allait me paraître pénible à la fin de la journée… Pour le moment, il me faisait bien rire. Il avait plutôt bien accueilli que je me joigne à leur petite virée entre potes. Je n’avais aucune idée de si ce type-là était fiable, mais si Salem lui faisait confiance… Il devait bien l’être un peu, non ? Elle avait tendance à préférer les personnes franches et entières, je ne le savais que trop bien. Et, de toute évidence, il était aussi pote avec Jamaal… Ce qui me donnait un bon indice. Ca m’allait bien d’être dans un groupe de types réglo’, surtout quand on avait peu tendance à l’être.

Je me retournais un peu, comme tout le monde, en entendant un moteur au lointain. Le dernier membre de notre groupe d’excursion venait de faire son apparition fracassante… Et ce n’était autre que Kilian, bien sûr. Je me fendis d’un sourire à son adresse, en retrouvant avec plaisir mon compagnon de mauvais coups pour cette virée en groupe. Autant pour moi, on avait au moins une personne qui risquait de leur faire à l’envers maintenant… Mais c’était loin de me gêner, vu que je connaissais le phénomène. Des mois déjà que je ne l’avais pas vu, et il semblait se porter comme un charme. Par contre, il y avait de la tension dans l’air. Salem ne semblait pas autant l’apprécier. Je préférais ne pas m’en mêler, même si je lançais un regard équivoque à Kilian. Sérieusement, c’était l’hôpital qui se foutait de la charité. Il était le premier qui les lâcherait en cas de problèmes. Il n’affichait Salem que pour se faire passer pour ce qu’il n’était pas. Bien joué ? Peut-être…

Je passais devant Jeff, quand il m’indiqua de le faire. En vérité, je serais bien restée bonne dernière, surtout qu’il était question de se servir uniquement des armes blanches. Comment dire… Je sortis mon couteau de combat, avec un air peu convaincu. Je n’aurais aucun mal à mettre une balle en pleine tête d’un des rôdeurs qui s’en prenait à eux, ou de faire diversion, mais pour ce qui était de les prendre un par un au corps à corps… Il valait mieux m’oublier là.

J’attendis patiemment que Salem crochète la porte, un peu surprise de voir une ombre me dépasser à toute vitesse pour s’élancer contre le mur… Ce n’était autre que Jeff. Mais quel intérêt de faire un truc pareil ? La porte venait de s’ouvrir lentement, et on le retrouva en relativement bon état, à moitié étalé dans l’herbe. J’haussai un sourcil, vaguement perplexe. « Tu pouvais pas attendre cinq minutes, hein… » Ca risquait d’être compliqué, si chacun y allait de son initiative personnelle. Il avait surtout eu du bol de ne pas finir directement dans le gosier d’un rôdeur.

D’ailleurs, ils étaient bien au rendez-vous. Ils ne s’étaient pas encore rendu compte de notre présence… Luisa, Kerwan et Kilian prenaient déjà les devants pour nous ouvrir la voie. Plutôt efficace, comme équipe… Si on omettait que les rôdeurs commençaient doucement à se rendre compte de notre présence pour abonder dans notre direction. Nous avancions à un bon rythme vers le bâtiment le plus proche. Je levai le regard vers celui-ci pour mieux l’aviser. Je chuchotais à leur intention : « On dirait un bâtiment administratif à notre droite. Ca me paraît une bonne idée comme première étape, histoire de récupérer le plan des lieux et de prendre un peu la température… Il y aura sans doute moins de rôdeurs là-dedans. » Les hôpitaux étaient une mine de ressources, mais bien souvent gardés par quantité de rôdeurs en sommeil. Bien souvent, la tragédie partait des bâtiments qui servaient à accueillir les malades, non pas les bâtiments administratifs, qui étaient rapidement désertés.

Contrairement à eux, je n’avais pas spécialement envie de jouer à qui mieux mieux avec les rôdeurs. Je décrochai ma fronde de ma ceinture pour faire tournoyer rapidement un caillou d’un bon calibre à l’intérieur, et l’envoyer fortement contre un des pare-brises d’un véhicule plus éloigné. Les rôdeurs devant la porte du bâtiment se retournèrent vers le bruit généré, pour se rendre plutôt dans cette direction-là. « La voie est libre. »