S’il n’existe aucun traitement médicamenteux pour chasser les traumatismes et éloigner les cauchemars, penser à autre chose est une excellente diversion. Cela me semble faire une éternité que je n’ai pas posé mes mains sur elle, ni mes lèvres. Les circonstances ne s’y sont pas vraiment prêtées. Trop de semaines ont passé depuis cette virée dans les entrailles de la terre. Le temps a filé entre mes doigts sans que je ne puisse le retenir, c’est effrayant. La garde baissée, je me laisse aller à quelques confidences. Et lui dire combien je tiens à elle et désire vivre pour construire quelque chose ensemble. Même si les perspectives d’avenir semblent bien réduites. Ce n’est pas que du désir entre nous. C’est plus solide. Et ce que j’ai pu envisager avec Cassidy à l’époque, je peux de nouveau y songer aujourd’hui. Et je suis quasiment certain que si cela avait encore du sens aujourd’hui, Farah ne refuserait pas de devenir ma femme… Dans quelques mois. Voire années.

Cette pensée est chassée aussi vite qu’elle est apparue alors que nos corps se consument. Je la laisse faire, cela me convient en l’état actuel des choses. Je préfère ne pas surestimer les capacités actuelles. Déjà que j’espère que tout ceci ne sera pas un pétard mouillé. Ma fierté ne s’en remettrait probablement pas. J’ôte son haut avec un brin d’espièglerie et elle ne perd pas de temps à libérer sa poitrine. Farah n’a jamais été bien épaisse. En ces temps difficiles, elle est plus mince que jamais, mais ses courbes me plaisent. Je frissonne au contact de ses mains sur ma peau et que dire quand sa langue vient prendre le relais… Nous ne sommes jamais aussi vivants que quand nous frôlons la mort. Autant dire que nous la côtoyons quotidiennement et que cela donne d’autant plus d’occasions de profiter de la vie. Je commence à comprendre Isaac et Raina… Je ne suis pas certain que je saurais oublier ainsi toute pudeur et le regard des autres, mais profiter de ceux qu’on aime quand on a pensé les avoir perdu… C’est très humain.

Mes mains s’activent, prenant un sein en coupe tandis que j’en embrasse la pointe, qui est déjà érigée par le froid… Et possiblement, le plaisir. Je me souviens encore de notre première étreinte, impérieuse, impatiente, après tant de semaines de frustrations. Celles qui ont suivi ont été différentes, tantôt passionnées, tantôt langoureuses. Au delà de sexe, c’est de sa tendresse dont j’ai besoin. Nos gestes sont lents, chacun appréciant le moment. Rien ne presse, la nuit est devant nous et je ne suis pas pressé d’être de nouveau la proie de mes démons. Mes doigts s’affairent, glissent sous le tissu fin de son sous vêtement, rencontrent une humidité bienvenue et annonciatrice d’éden.

Il m'avait manqué, plus que ça, j'avais vraiment cru durant une seconde l'avoir perdu. J'avais vu cette même seconde de doute dans les yeux de mon frère et de Cassy, une seconde terrible qui semble durer une éternité, une seconde d'enfer où on a l'impression que le monde se fige pour se craqueler et s'effondrer. Je n'avais jamais expérimenter ce genre de sentiment terrifiant et cette simple seconde avant que ne naisse le refus est capable de déchirer la plus belle des assurances, la plus solide des volontés. J'avais pleuré, j'avais été rongée de colère, j'avais presque tourné de l'oeil lorsqu'il nous était revenu...

Alors, il y a une sorte de vénération dans ma façon de le toucher, d'hésitation aussi dans ma façon de le caresser. Mais le désir qui explose lui n'a absolument aucune hésitation, il coule comme si il n'attendait que ça, il vibre comme la vie qui ne l'a jamais quitté. Je soupire sous ses paumes parce qu'elles m'ont manqués, leur chaleur, leur douceur, leur avidité. Tout cela m'a manqué. Tout cela, j'ai cru en être privé. C'est fou comme la vie prend une nouvelle saveur épicée et indicible lorsque l'on pense avoir plongé pour toujours en enfer...Et cette saveur, je voulais m'en délecter jusqu'à plus soif, y perdre chair et conscience.

Mon sourire tremble, avant que mes dents ne se plantent dans ma propre lèvre sous le plaisir qui noie soudainement mon ventre alors qu'il caresse doucement l'endroit le plus doux de mon corps. Je le laisse faire quelques secondes, savourant la chaleur qui naissait de ses caresses amoureuses. Nos gestes sont lents même empreint d'une certaine avidité. Finalement, j'échappe a ses attentions, un sourire langoureux aux lèvres, glissant lentement le long de son corps. Mes doigts agrippent l'élastique gênant de ses dessous. Je voulais lui faire tout oublier. La douleur. La peur. L'anxiété et fêter son retour auprès de moi.

Et c'est ce que je m'emploie a faire en déposant une bouche joueuse sur la peau soyeuse de sa virilité. Je voulais l'entendre gémir de plaisir et plus jamais de terreur, même si je savais que cela ne serait pas aussi facile que cela... Qu'importe, ce serait le plaisir cette nuit.

J’exhale un soupir alors que la bouche pulpeuse de Farah se pose sur la partie la plus sensible de mon corps. Elle me fait perdre la tête et c’est délicieux. Je me demande si j’aurais mieux vécu cette expérience si l’un d’eux avait été avec moi… Sans doute que cela aurait eu un côté apaisant et d’un autre côté, j’aurais eu peur pour eux. Et je souhaite qu’aucun d’entre eux ne connaisse jamais cela… Nolan a eu la chance d’être médecin, même livré à lui-même, il avait de quoi monnayer de la nourriture, contre ses doigts de fée. Chacun avait vécu ses propres traumatismes… Pour ma part, il y en avait deux. La perte de Nolan, un coup dur, même si mon cerveau s’était protégé en se convaincant que ce n’était pas possible. Et ce piège quasi mortel, qui m’avait atteint aussi bien psychologiquement, que physiquement. J’ai cependant bon espoir de me reconstruire après ça, avec eux et au sein du camp, certes ébranlé par les dissensions, mais empli de gens bien qui cherchent à œuvrer ensemble pour un avenir commun. Et comme dans toute société, il est impossible de n’avoir qu’une seule et même voix, un seul mode de pensées, pas avec une population aussi différente.

Soudainement, je pose une main sur la tête de Farah, pour la stopper. « Doucement… » Ma voix est plus rauque que je ne le pensais, mais j’ai des difficultés à me contenir. Et même si c’est divin, c’est en son sein que je désire terminer. Et je ne perds guère de temps d’ailleurs, pour lui faire comprendre ce dont j’ai envie. C’est sans doute égoïste, mais d’un autre côté, c’est bien mérité non ? Je dois avouer que la thérapie de Farah est très efficace et que je pense ne plus avoir de problèmes de sommeil dans les prochaines heures. Même si elle n’est pas habituée à ce que je m’éteigne aussi facilement. Mais je sens déjà que j’ai trop puisé dans mes réserves. Déprimant… Les prochains jours, il va vraiment falloir que je cesse de me comporter comme un convalescent pour me reprendre en mains.

Mes mains agrippent les hanches de la jeune femme pour la guider et je bloque ma respiration quand elle se referme autour de moi. C’est une torture dont je ne me lasse pas. Et bon sang qu’elle est belle avec ses cheveux indisciplinés qui tombent en boucles sauvages autour de son visage. Comme prévu, cela ne dure pas très longtemps et je me libère après quelques minutes bien trop courtes à mon goût. Mais suffisantes pour mon organisme épuisé et pas encore remis. J’attire Farah à moi, qu’elle me recouvre de sa chaleur, tout en nous couvrant avec la couverture alors que la fraîcheur ambiante se rappelle à nous. J’ai un ton amusé quand je lui souffle : « J’aime beaucoup le traitement du Docteur Wilson. De la sœur, moins du frère. » Temporairement, elle a chassé les ombres dans mon regard.

Je suis capable de l'aimer de mille et une manière, il n'y aucune vulgarité dans mes gestes ou dans la façon que j'ai de lui donner du plaisir. J'y trouve mon propre apaisement, mon propre plaisir qui s'épanouit au creux de mon ventre. Je soupire presque de frustration lorsqu'il m'arrête, croisant son regard brûlant, le bleu de ses yeux m'hypnotise littéralement et je n'y échappe qu'en échouant sur sa bouche, vorace mais aussi terriblement douce. Ses mains sur mes hanches me guident doucement vers lui. Je gémis doucement en l’accueillant au creux de mon ventre.

Langoureusement, mes reins ondulent, mes ongles s'enfoncent dans la peau tendre de son ventre et des vagues atrocement délicieuses de plaisir irradient ma chair. Je suis la montée de son désir sur son visage, me délectant des puits sans fond que son devenue ses iris dans la pénombre. Il n'y a plus de peur, de terreur, il n'y a plus de vulnérabilité, il n'y a que moi dans son regard et ça me va. Puis, il se perd en moi, m’entraînant avec lui, m'arrachant un grondement sourd alors que mon corps explose et fini par s'échouer sur sa poitrine, perlé de sueur et de chaleur.

Une chaleur qui ne restera pas longtemps si on ne se couvre pas d'ailleurs. Je glisse doucement sur son côté tandis qu'il remonte les couvertures sur nous, restant étroitement lovée contre lui, je soupire de contentement. Un sourire illumine un instant mes traits alors que je dépose un baiser léger sur sa poitrine. « C'est un traitement exclusif dont tu peux abuser sans problème. Aucun effet secondaire...Sauf peut être un certain épuisement.» fis je en glissant mon bras en travers de son ventre. « J'ai failli tuer cette femme quand j'ai su qu'elle était en partie responsable de votre disparition... » dis je soudainement dans un murmure. « Nadine. Elle était attachée pourtant, inconsciente ou presque...Je... » Un lourd soupir vibre dans ma poitrine. « Si il n'y avait pas eu Soo dans la pièce, je crois que... » Je l'aurais littéralement achevée et je n'en étais pas fière. « Je n'aime pas cette partie de moi... » continuais je sur le même ton, les sourcils froncés a ce souvenir. Aveuglée de rage. C'était bien le bon terme alors que je suis rarement impulsive ou violente... Mais cette fois là...

Mon esprit est momentanément apaisé par ce charmant et épuisant intermède. Cela ne m’aurait pas gêné qu’elle demeure complètement alanguie sur moi, mais Farah en décide autrement et se coule sur le côté, se serrant étroitement contre mon flanc. Mes bras sont toujours enroulés autour de son corps frêle. Dans ces moments là, je me rappelle combien elle est fragile physiquement. Cela s’oublie assez aisément par son caractère. Farah est plutôt effacée vis-à-vis des autres, mais fait preuve d’une douce détermination. D’une force tranquille. Et je crois bien que je m’y raccroche sans même m’en rendre compte. Je plaisante alors sur le traitement administré, rompant le silence apaisé. Je suis fatigué, mais je n’ai pas envie de dormir, pas de suite. Tant pis pour Farah pour cette fois. Même si je doute que nous discutions jusqu’au bout de la nuit. « Je peux m’en accommoder. » J’ai un sourire en coin et je ferme les yeux, savourant sa caresse sur ma peau.

Et c’est pour cela que je ne m’attendais absolument pas à la suite. Je ne m’attendais pas à ce que Farah embraye sur ce sujet. Rien ne le présageait… Peut-être rumine-t-elle cela depuis un moment maintenant. Et que ce moment de félicité lui permet d’enfin oser se confier.. Même si, quelque part, j’aurais aimé ne pas retomber là dedans tout de suite. C’est pourtant un sujet qu’on ne peut pas éviter, pas alors que cela a eu autant de retentissements et de conséquences.

Je rouvre les yeux pour l’observer. Je ne dis rien, la laissant terminer, alors que je sens bien que cela lui est difficile. « C’est un sentiment très humain… La rage, la vengeance… Il y a beaucoup de côtés sombres qui ressortent chez nous dans les pires situations. Et ce n’est pas souvent agréable de se rendre compte qu’on puisse être capables de certaines choses… Battre quelqu’un à mort, exécuter froidement… torturer… » Ma voix est un murmure. Autant je peux concevoir les deux premières options, autant la dernière… je ne pense pas encore avoir franchi cette ligne là. « J’aime toutes tes facettes… les plus lumineuses, comme les plus sombres. Les circonstances étaient particulières. Je ne suis pas certain que la présence d’une enfant m’aurait arrêtée si j’avais été à ta place tu sais. » Je n’en sais vraiment rien. Plus jeune, j’ai déjà battu des petites brutes pour protéger Nolan, ou d’autres qui se faisaient chahuter. Cela ne m’a jamais posé de cas de conscience. Alors en étant viscéralement concerné, en pensant l’un d’eux mort… « Si j’avais eu l’un d’eux sous la main… Je l’aurais étranglé de colère… » Ou battu à mort. Peu importe. Et cela fait-il de moi quelqu’un de méprisable ? « Tu regrettes ? »

J'entends la voix de Tom a travers sa poitrine qui accueille ma tête. Elle résonne, rassurante, apaisante. Je m'en veux un peu de briser l'atmosphère de l'instant avec mes états d'âme, surtout que je ne suis généralement pas du genre a me plaindre. Enfin pas trop. Mais quelque part, j'ai envie d'en parler a quelqu'un qui ne me jugera pas, même si honnêtement, qu'y a-t-il a juger ? Le monde était devenu un champ de bataille géant, c'était comme ça, tout le monde voulait et désirait survivre. Au fond, il n'y avait pas de mal à ça, mais j'avais toujours peur d'y perdre mon humanité. Je sais, c'était un peu concon comme pensée mais elle ne pouvait s'empêcher de m’effleurer. J'avais besoin de l'entendre me dire que je n'étais pas horrible, ni cruelle. Juste quelque mots qui s'écoulent sur ma plaie pour en apaiser le feu. Il est parfois difficile d'accepter quelqu'un totalement, si cela était facile avant parce que l'homme n'était jamais poussé dans ses retranchements, le monde actuel faisait ressortir le pire de chacun...Et, sans m'en rendre compte, j'avais besoin qu'il accepte ça de moi.

Je croise mes paumes sur sa poitrine et y dépose mon menton, croisant ses yeux malgré la pénombre. J'ai un demi sourire presque amusé, même si la conversation ne s'y prêtait pas. « Mais je n'aime pas perdre le contrôle de moi même, ce...déchaînement...ça ne me ressemble pas... Tu sais, j'ai toujours lu l'expression voir rouge avec un sourire dédaigneux, mais au final, c'est exactement ça. La colère je connais pourtant, mais pas celle là. Je me targue d'être réfléchie et pondérée, autant te dire que là, j'ai explosé ma propre image. » Je soupire doucement. « Je ne voulais pas montrer cette image a une gosse qui devrait plus s'inquiéter de savoir où est sa poupée plutôt que savoir de qui se méfier. » blottie dans sa chaleur, je me sens terriblement bien malgré le sujet qu'on était en train d'aborder.  Et là, est ce que je regrettais ? « Non pas vraiment...Enfin je ne sais pas trop, c'est un peu confus. Je n'aime pas ce que j'ai fais, mais je pense que je le referais si je devais rejouer l'instant. Tu n'étais pas là a cause d'elle...d'eux...mais j'avais qu'elle sous la main. » J'écarte juste assez les doigts pour déposer un baiser sur sa peau, comme pour me rassurer de sa présence. « Quelque part, mieux vaut ça que...le sang froid que demande la torture. » Non je ne me voyais pas faire ça...Mais qui savait réellement ce dont on était capable au final ?

Pensivement, je dessine des arabesques sans queue ni tête sur son torse du bout des doigts. « Merci Tom...Tu as toujours su me rassurer, je crois que c'est l'un de tes dons les plus précieux...Entre autre... » J'ajoute avec un sourire alanguit. L'avoir auprès de moi m'apaisait terriblement et il savait toujours trouver les bons mots, c'était sans doute pour ça que je lui parlais toujours plus facilement qu'aux autres. Je me confiais moins facilement a mon frère parce que j'étais consciente de ses propres tourments. Cela ne voulait pas dire que Tom n'en avait pas, loin de là, juste...je ne sais pas, un besoin, une envie...une insécurité que je ne soupçonnais même pas mais qu'il comblait a merveille. Comment ne pas tomber amoureuse de lui en fait ?  

Même si la discussion est grave et pesante… je ne regrette pas que Farah ai abordé le sujet. Parce que nous ne sommes pas que deux personnes qui nous envoyons en l’air. Si il n’y avait que le sexe, peut-être que cela m’aurait dérangé, mais il y a bien plus que ça et je sais qu’il est difficile à la jeune femme de se confier. Et c’est assez naturel de discuter ensuite sur l’oreiller pour un couple… Surtout quand on a traversé ce qu’on a traversé. Je reste silencieux quand elle parle de ce qu’elle a failli faire, de ce qu’elle a ressenti. Je sens que cela la perturbe, de s’être laissée aveugler par la colère, par la vengeance. Et pourtant, cela ne m’horrifie pas le moins du monde. Je ne sais pas si je vais trouver les mots qu’elle a besoin d’entendre, mais j’essaie au mieux de la rassurer là-dessus… Et sur ce que je peux penser. Farah change légèrement de position et je croise son regard, alors que nos yeux se sont habitués à la pénombre et à la faible lueur du ciel nocturne. « Je comprends. Je ne suis pas quelqu’un de sanguin… Mais j’ai déjà vu rouge plus d’une fois. Je me souviens qu’à chaque fois, j’ai regretté les conséquences… mais pas mon geste. » Quand je frappais les petites brutes qui s’en prenaient à Nolan par exemple, je n’éprouvais pas de regret, juste celui de me faire sermonner derrière finalement. Et même depuis l’épidémie, je ne me souviens pas avoir regretté une seule fois un coup de sang ayant entrainé de la violence. Parfois… il n’y a pas d’autre alternative… Et parfois, le cœur prend le pas sur la raison. Farah a de la chance de ne l’avoir expérimenté que maintenant. « C’est difficile d’être réfléchie quand cela te touche d’aussi près… » J’ai un petit rire silencieux quand elle parle de la petite. « Malheureusement, je doute que les enfants de maintenant aient les mêmes préoccupations que ceux de jadis… » Ma voix est songeuse et un brin fataliste.

Je lui demande alors si elle regrette d’avoir cédé ainsi à ses pulsions de rage. Je la serre un peu plus fort contre moi alors qu’elle me répond que si c’était à refaire, elle le ferait, parce qu’elle avait un responsable sous la main. « En vrai, si j’avais pu leur mettre la main dessus, je les aurais éclaté à coups de poing… » C’est un murmure, je n’en suis pas fier, mais j’étais tellement en colère sur le moment, que cela aurait eu peu d’importance. Mais maintenant… Même si je suis toujours en colère, je n’ai plus cette rage aveugle qui abat toute moralité. C’est sans doute aussi bien, même si cela me laisse un goût amer. « Oui. » On est bien d’accord à ce sujet. Il y a une différence entre frapper quelqu’un avec colère et le torturer. Et je ne suis pas encore prêt à accepter la seconde option.

J’ai un léger sourire en coin quand elle me remercie et place le don de rassurer dans mes qualités. Entre autres, comme elle dit. Je m’empare de son poignet alors qu’elle dessine sur mon torse et embrasse le bout de ses doigts. « Je serais curieux d’entendre les autres. » Je la taquine, mais je suis heureux de pouvoir la réconforter cette nuit, alors que c’est elle qui a joué ce rôle un peu plus tôt. Je suis plus apaisé. Je n’ai pas envie de me rendormir, même si je sens la fatigue. Je préfère la réalité que les songes actuellement. « Au moins, je n’ai pas tout laissé dans cette grotte… » J’y ai laissa pas mal de courage, clairement. Une partie de moi est restée là bas, j’en ai cruellement conscience maintenant. « Et toi, tu m’apaises… Tu n’as sans doute pas conscience à quel point. »