Je soupire doucement. Tomeo est plus sanguin que moi, sans doute un héritage de son sang, après tout, il ne venait pas d'une famille de norvégiens. Mais je me souvenais aussi que ce n'était jamais sans raison. « Je me souviens que tu protégeais souvent mon frère, c'est ironique quand j'y pense, il était incapable de se défendre mais il m'a apprit a taper fort et au bon endroit...En même temps, il n'avait pas besoin de le faire puisque tu le faisais pour lui. » Je lui souris doucement. « Tu n'es pas quelqu'un qui se bat sans raison. » Mais avais je eu raison pour autant ? Laisser ma capacité de jugement se fondre dans ma colère ? Aucune idée, mais même lorsque j'y pense maintenant, la douleur, la haine, tout cela dort encore au fond de moi. Je n'oublierais jamais ce que j'ai ressentis lorsqu'on m'a dit que Tom était mort Au delà de la tristesse,  j'avais eu besoin d'un coupable et ce coupable existait... « Il fallait que je te venge... » un murmure qui sonne vrai a mes oreilles. J'avais eu besoin d'un coupable, au delà de ça, je refusais sa mort évidemment. C'était...Un tourbillon de sensations tellement fortes et puissantes que j'avais été incapable de les gérer. « Non c'est triste..Et encore, au Camp, ils sont protégés..Enfin autant qu'on le peut. » Mais ils n'auraient sans doute jamais cette innocence si propre a l'enfance...

Je fonds entre ses bras tandis que son étreinte se referme plus fort autour de moi. J'ai l'impression qu'il ressent exactement ce que je cherche a lui faire comprendre et rien que ça...C'est une sorte de miracle. Pour les autres, j'apparais souvent distante, froide, renfermée. Quelque part, je le suis, mais j'ai aussi besoin d'être comprise et rassurée, Tom excelle dans ce rôle pour moi. « Ils auraient mérité. On est pas juge ou rien de tout ça, mais...Tuer quelqu'un ou tenter de le faire de cette façon... » Un frisson me parcourt. Bon sang ! Ils les ont enterré vivant ! C'était une mort terriblement cruelle. Néanmoins, malgré toute ma haine et ma colère a ce moment là, je n'ai jamais pensé a torturer Denise...La tuer oui, la faire souffrir non. Merci l'impulsivité du moment sans doute.

Je sens ses doigts autour de mon poignet et ses lèvres sur le bout de mes phalanges. Comment ne pas fondre en vérité ? Je ne sais pas si mon amourette d'adolescent a évoluée ou si je l'aimais déjà sans en comprendre réellement la teneur, mais je sais ce que je ressens maintenant. « Je ne te le dirais pas ou ton égo va gonfler. » Je réplique avec du rire dans la voix. Il n'a pas besoin que je le rassure sur ces qualités je pense. Mon sourire frémit un peu lorsqu'il murmure sur ce qu'il a vécu dans cette grotte. Je n'ose pas imaginer. En vérité, je ne veux même pas l'imaginer.  « Tu retrouveras ce que tu as perdu. » fis je en caressant sa joue. « Non sans doute pas, on ne me qualifie pas d'apaisante la plupart du temps...Mais je suis heureuse d'être ainsi pour toi. Vraiment heureuse. » Parce que j'avais besoin qu'il tienne a moi et me le dise. C'était une vulnérabilité a laquelle je n'étais pas habituée, mais elle était née au moment où mes lèvres avaient rencontré les siennes. L'amour n'est jamais sans risque et il faut dire que j'avais pas mal morflé malgré mon peu d'expérience dans ce domaine. « Je ne te l'ai pas dis avant mais... » Je me surélève un peu en posant mes paumes autour de ses joues. Mon front rencontre doucement le sien et je souris doucement. « Bienvenue a la maison. Merci de m'être revenu. »

« C’est sans doute justement parce qu’il a connu ça, qu’il voulait que toi, tu y échappes… Mais vous n’avez pas le même caractère. Et cela se voyait déjà à l’époque. » Même si Farah était toute menue et un peu bizarre, surtout en mode gothique, elle ne se laissait pas emmerder et finalement, je n’ai pas souvenir qu’elle ait subi le même type de harcèlement que son frère. Son indifférence ou son étrangeté, avaient tenue les prédateurs en respect. Après, m’est avis que les filles devaient être de sacrées garces avec elle, à faire des coups en douce. Au moins, côté mecs, cela demeurait assez basique. Un instant, je me demande si j’ai fais du tort à Nolan en prenant sa défense ainsi, au lieu de le laisser se débrouiller. Mais à l’époque, je n’y ai pas vraiment réfléchi. « J’espère que ça continuera. » La violence est rarement la solution. Mais des fois, bon sang, qu’est-ce que ça fait du bien. « Cela ne m’aurait pas ramené. » Je réponds d’un ton doux. J’ai failli plaisanter sur le fait qu’elle avait été bien prompte à m’enterrer, mais je me suis ravisé. C’est un sujet un peu sensible pour eux. Et je ne peux pas leur en vouloir de ne pas avoir gardé espoir jusqu’au bout, malgré l’évidence. Et pas envie qu’ils se sentent coupable par une plaisanterie malvenue. Donc sa vengeance, c’est simplement une impulsion viscérale. Cela n’aurait pas effacé sa peine mais… Elle aurait eu, sur le moment, le sentiment que cette femme avait eu ce qu’elle méritait. Et ensuite, elle aurait du vivre avec ça. Je fais remarquer que Soo n’est plus vraiment innocente… Aucun enfant ne l’est plus. Même si on aimerait qu’ils grandissent dans l’insouciance, c’est impossible.

Je me contente donc de la serrer plus fort. J’ignore si mes mots sont réconfort. J’espère, qu’à défaut, mon étreinte l’est. Je la comprends. Et quelque part, je suis heureux qu’elle ai eu ce besoin de me venger. Qu’elle ai ressenti une telle colère et une telle douleur, que cela lui semble envisageable, alors que ça la dégoûte profondément. C’est égoïste, je sais. Et je suis tout autant heureux qu’elle ne soit pas passée à l’acte. Elle l’aurait possiblement regretté. Et elle doit sentir que je me raidis quand elle évoque la façon dont ils ont essayé de nous assassiner. J’essaie d’en parler calmement, mais cela demeure un sujet sensible. Dans quelques années, peut-être…

Je rebondis donc sur sa petite taquinerie, le regard brillant alors que je badine avec elle. Et j’ai un rire grave quand elle rétorque qu’elle ne me dira rien afin d’éviter à mes chevilles d’enfler. « Je suis l’humilité personnifiée. » Malheureusement, l’atmosphère ne demeure pas badine. Je hoche la tête quand elle se fait réconfortante et je lui avoue combien elle m’apaise, si moi, je la rassure. « C’est peut-être dû à ta discrétion. A ta façon de ne pas parler pour ne rien dire. A ton humeur, souvent égale. A ta douceur… Je ne sais pas. Je ne crains pas de dire une parole malencontreuse ou d’être maladroit avec toi… » Parce que Farah n’explosera pas. Elle ne tirera pas de conclusions hâtives. Elle ne manque pas de confiance en elle. Ni en moi. Je hausse un sourcil quand elle amorce une phrase avant de se saisir de mon visage et de coller nos fronts l’un contre l’autre. J’exhale un soupir et m’empare doucement de ses lèvres, avant de murmurer : « Je connais la paix pour la première fois depuis des années… Je ne comptais pas y renoncer. » Parce que même si mon sommeil est tourmenté, c’est temporaire. Les choses sont enfin en place et j’ai bien l’intention d’en profiter.