Timide hochement de tête pour répondre par l’affirmative : oui, je veux qu’on continue. Un bref sourire, un peu crispé mais véritablement soulagé quand il accepte. Contre lui, et traversé par tout ce que son regard laisse entendre, je me sens un peu moins vulnérable.

L’étreinte reprend en douceur, retrouve peu à peu le rythme du désir pressant. Mes mains glissent inlassablement sur ses bras, dessinent chaque ligne de ses muscles alors qu’il se redresse au-dessus de moi, me surplombe légèrement. Regard échangé, le mien se ferme quand on se resserre, j’agrippe ses cheveux dans sa libération qui conduit à la mienne.

Gémissement contre son oreille, les doigts plantés dans sa peau le relâchent doucement alors que le plaisir se diffuse en grandes vagues de chaleur.

Je soupire d’aise contre son baiser, abruti par les endorphines, fonds sous les gestes d’affection. “Oui… ça va.” Je glisse la pointe de mon nez le long de sa mâchoire, les lèvres dans son cou, les mains tout le long de son dos, sillage moite de sa colonne vertébrale.

J’aimerais qu’on prenne le temps de se couvrir de tendresse. Mais ce ne sera pas possible. Richard se détache de moi, le froid est désagréable.

Quelques instants pour se nettoyer, boire un coup, je me relève pour m’habiller, le regard glissant encore vers lui. J’aimerais pouvoir sortir de là sans rien craindre, pour aucun de nous. Je referme l’attache de mon pantalon, remets mon T-shirt à l’endroit entre mes mains quand il revient vers moi. Le moment était parfait, pourtant son baiser me laisse une lourde appréhension en travers de la gorge.

Je n’ai pas envie de partir.

Je scrute un instant son regard, sans savoir ce que j’aimerais y trouver. Richie peut croire à ma fuite, il ne connaît pas ma situation dans son entièreté. Je murmure, “C’est tentant.” esquisse d’un sourire nerveux, j’envisage une seconde la vie en dehors. C’est si abstrait. Abandonner mes amis et mon frère, et ma carrière, ma maison, mon confort, ma sécurité, pour… vivre caché ? Tant que New Eden aura des vues sur Seattle, je ne pourrais pas y rester l’esprit tranquille. Le rictus est immédiatement écrasé par tout le poids de l’angoisse. Mes mains posées sur les épaules de l’hypnothérapeute se rejoignent pour arranger le col de sa veste. Difficile de le lâcher, comme si c’était la dernière fois. “Je vais y réfléchir.” Presque un mensonge : je sais que je n’aurai pas le courage de sauter le pas.

C’est à mon tour de l’embrasser, avec un peu plus d’instance, assez pour le faire reculer d'un pas - avant de me résoudre à le relâcher. Je passe mon haut, attrappe ma veste. “Je ne repars qu’à la fin du mois.” Bref pincement de lèvres, une légère hésitation avant de souffler, “Si tu en as envie, on peut… se revoir, d’ici-là.”