Elle n'avait pas pu rejoindre le motel immédiatement. Les déflagrations avaient attirés les morts du centre, la forçant à faire demi-tour pour rejoindre une rue qui puisse la rapprocher de leur ancien QG, sans succès. Roulant une bonne partie de la nuit avant de pouvoir réussir à rejoindre la rue adjacente au motel, sans avoir besoin de s'approcher pour comprendre le résultat final de cette attaque. Il était bien trop tard pour espérer rejoindre ce qui pouvait rester la-bas, et le réaliser lui donne la sensation qu'une pierre de plusieurs tonnes chute dans son estomac.

C'était comme revivre la chute du lycée, finalement. En bien pire, puisqu'elle n'avait même pas pu espérer les rejoindre pour les aider. L'énergie de la nuit semble avoir disparu avec ses derniers espoirs, alors qu'elle observe la fumée noirâtre continuer de partir en direction du ciel. Ses jointures blanchissants contre le frein de la Harley, alors qu'elle comprends doucement, que personne n'a pu rester à proximité du brasier sans se faire avoir par les New Eden. Le froid mordant de l'aube la fait à peine frémir, alors qu'elle prend conscience de toute l'horreur de la situation.

Oxana.

Ses yeux se perdent un instant sur le sinistre tableau que lui dépeint le ciel noirci par la fumée, fermant les yeux alors que sa mémoire prenait le relais. De cette première rencontre avec Oxana dans ce No Man's Land, jusqu'à leurs retrouvailles quelques années plus tard. La princesse blonde devenue impératrice n'était plus, et la chute de son empire ne faisait que la ramener à une réalité qui la blessait avec autant de force que si ces deux soldats avaient tiré dans sa poitrine. Elle était seule. Jusqu'à ce qu'elle ne se décide à trouver d'autres survivantes. Ce n'était pas possible que les filles se soient bêtement rendues, moins encore qu'elles se soient laissées mourir dans les flammes. C'est finalement un râle dans son dos qui la force à revenir à la réalité, démarrant en trombe alors que Samhain semble dormir encore un peu malgré le cahotement des rues qui n'ont plus rien de lisse. Et son regard se pose sur une ruelle autrefois animée, alors qu'elle éteint les phares de sa moto quand les premiers rayons du soleil daignent se faire voir, et lui donner une petite lueur de foi.

Le motel n'est plus. Mais il y à peut-être encore un infime espoir caché sous la cendre. Il ne lui faut que quelques secondes pour lâcher la Harley contre l'épave d'une voiture, se saisir des clés et siffler Samhain pour que le berger allemand ne quitte le véhicule et vienne à sa suite. Direction ce vieux bar, ou MA passait parfois traîner avec une de ses amies. Pitié. la supplique tourne en boucle dans sa tête alors qu'elle s'approche de l'entrée, s'interdisant de sangloter maintenant. Pas avant d'en avoir le coeur net en tout cas.

Johanna !

Les deux soeurs seraient forcément ensemble, non? MA ? Hope ? Sa voix cassée par son silence de plusieurs heures ne lui semble même pas reconnaissable, alors que le silence lui répond. Lex ferme un instant les yeux, venant prendre sa tête entre ses mains en soupirant pour ne pas craquer. Pas maintenant, pas ici. Pas comme ça. Répondez...

Il commence à faire jour.

Je crois.

Recroquevillée dans un coin, juste derrière le vieux bar sur lequel on avait joué aux cartes avec Milow il y a quelques semaines de ça, j’attends.

Ca fait des heures que j’attends.

Enfin, je suis pas trop sûre en vrai. Mais s’il commence à faire jour, c’est que ça fait longtemps non ?

Et personne ne vient.

Je suis toute seule.

A cette pensée, je replie un peu plus mes jambes contre moi, incapable de bouger et d’aligner deux pensées cohérentes. J’ai essayé. De comprendre ce qui s’est passé. Mais ça n’a pas marché. Je revois juste les flammes, la chambre d’Oxana démolie. Johanna qui me dit qu’elle va trouver une solution.

Et les filles qui s’en vont, chacune de leur côté. Alba, Hope, Kaycee. Je sais même pas si Amalia a pu sortir de là et, à cette pensée, j’ai de nouveau les yeux qui s’embuent de larmes. Pourtant, je pensais avoir assez pleuré pour toute ma vie là. J’ai l’impression de plus avoir de voix non plus. De toute façon, c’est pas grave, c’est pas comme si j’avais quelqu’un à qui parler.

Le pire ? C’est que je sais pas quoi faire. J’ai toujours cru que j’étais forte, capable de me débrouiller toute seule en cas de problèmes mais, au final, je me rends compte que je suis juste une petite fille qui a perdu sa famille. Et qui est totalement perdue.

Un nouveau soupir alors que je m’essuie les yeux d’un revers de la manche. J’ai les mains qui tremblent, mais ça, ça fait des heures que ça dure, j’ai pas réussi à m’arrêter. Je devrais ptet dormir, je sais pas trop. J’ai peur de ce qui pourrait se passer pendant que je dors. Que les filles passent et qu’elles me voient pas. Ou pire en vrai, qu’il se passe rien du tout. Alors, je continue de fixer le vide et je commence à me ronger les ongles.

Je fais quoi si personne vient aujourd’hui ? Ou demain ? Ou encore le jour d’après ? J’ai de quoi manger pour un ou deux jours ici, pas plus. Mais après ? Je fais quoi ? Et puis, si on avait pas été les seules à avoir été attaquées ? Si le groupe de papa est mort ? Si Milow est mort ?

J’écarquille les yeux à cette pensée, réprimant le sanglot de panique alors que je mords le poing de toutes mes forces. Ca me laisse une sale marque sur la main. Une de plus. J’ai l’impression de voir mes traces de dents à chaque fois que je baisser les yeux.

Et puis, d’un coup, j’entends une voix. Familière, mais je suis pas sûre d’être vraiment en état de reconnaitre qui que ce soit. Je me fige, arrêtant de respirer, alors qu’elle m’appelle. Je fais quoi ? J’ai un temps d’hésitation, alors que je me dis que c’est ptet un piège, que c’est quelqu’un qui va m’emmener je sais pas où. Mais, avant que j’ai le temps de vraiment me décider, je vois Samhain qui pointe le bout de sa truffe en laissant filer un aboiement. Et il vient me lécher le visage alors que je tends les bras pour le serrer contre moi. Je finis par relever la tête quand une silhouette se rapproche. « Lex ? C’est… c’est bien toi ? » J’ai la voix enrouée et je reprends, dans un murmure, à tout vitesse. « Y a que moi… J’sais pas où sont les autres. Ils ont tout brûlé. Tout. Oxana… » Et je me mords la lèvre jusqu’au sang pour pas éclater en sanglot encore une fois.

Samhain file dans le dédale du bar, avant qu'un aboiement ne lui confirme qu'il à trouvé quelqu'un. Et c'est alors la voix de MA lui parvient enfin, un peu hésitante. Mais là. En vie. C'est moi. confirme la brune avec douceur, en sentant sa gorge s'enrouer alors que personne d'autre ne répond à la suite. Ni la voix de Hope, ni celle de Ellie. Pas même celle de Joe, alors que sa cadette lui assure être seule ici, et qu'elle se fie au son de sa voix pour enfin la trouver, le spectacle lui déchirant un peu plus le coeur.

Abi... Souffle t-elle avec douceur avant de se laisser tomber au sol, venant un instant la serrer contre elle avec force. Tu es blessée ? Tu as mal quelque part ? le sifflement des balles à ses oreilles retentit encore, n'osant imaginer la puissance de feu qui avait dû être dirigé contre le motel quand elle même avait eu la chance de n'avoir que deux soldats à ses trousses.

Ils ont tout brûlés. Tout. Oxana... L'annonce lui donne l'impression que l'air s'échappe de ses poumons, alors qu'elle réalise ce qu'elle entend. Oxana n'est plus. Et la rouquine n'a pas besoin de terminer sa phrase pour qu'elle comprenne ce qu'elle veut dire par là. Elle avait vu l'explosion, vu le ravage qui lui avait vrillé les tympans au cours de sa fuite. C'est fini. promet l'ex maître chien avec la gorge serrée, venant glisser un instant son regard sur la tenue de la plus jeune. T'es glacée, mets ça. qu'elle exige sans trop lui demander son avis alors qu'elle se défait de sa veste de motarde pour venir lui entourer les épaules avec, frottant vivement pour que la chaleur ravive ses bras gelés. J'ai une veste en cuir dans le top case, ça fera l'affaire. lui assure t-elle avec une tentative de sourire auquel le coeur ne se prête pas.

J'étais dehors quand ils sont arrivés. J'ai voulu... J'ai voulu prendre la moto pour revenir, mais le bruit à attiré les morts. s'excuse t-elle en évitant son regard, venant frotter ses bras désormais nus sans réellement ressentir le froid qui pourtant les entoures. Elle ne peut pas lui dire qu'elle n'a vu personne de vivant sur la route. Pas maintenant, pas avec l'état dans lequel elle se trouve.

Ok, une chose à la fois. souffle t-elle tant pour elle que pour MA à ses côtés. Songer maintenant aux pertes, à la mort d'Oxana, au motel en cendre, c'est prendre le risque de craquer. Chose qu'elle ne peut pas se permettre maintenant qu'elle à retrouvé la cadette de la bande. Laissant Samhain coller la rouquine pour lui apporter un peu de chaleur alors qu'elle réfléchit à toute allure. Rester dans ce quartier ne serait pas une bonne idée sur le long terme. Et elles venaient toute deux de passer une nuit infernale. On pourra pas rester ici indéfiniment, tu le sais ?

New Eden n'était pas loin. Et si les morts leurs offraient une couverture temporaire, ils finiraient pas râtisser le périmètre en quête de survivants. Son regard se pose sur MA avec toute la détermination qu'il lui reste avant de reprendre. On va se reposer quelques heures. Ensuite, je t'emmène en sécurité. Tu as réussi à trouver à manger, à boire ? Elle à beau jouer les grandes soeurs, il n'empêche. Elle sent la fatigue dans tout son être, et devine sans mal qu'elle être bien trop pâle pour que ce soit signe de bonne santé.

Mes yeux s’embrouillent de plus belle quand je me rends compte que Samhain est bien là, que je suis pas en train de rêver. Et je sens un poids quitter mes épaules quand Axelle se rapprocher. « … c’est toi… » Un murmure, à peine audible. J’crois que si je devais crier là, de suite, j’en serais incapable. J’ai déjà du mal à aligner deux pensées cohérentes, alors les phrases, faudra pas trop m’en demander.

Je secoue la tête à sa question, fronçant les sourcils. « Je… j’crois pas. J’me suis écorché un peu les mains et les genoux en… en passant la barricade. » Je renifle un coup avant de reprendre. « On a dû… on a dû laisser Johanna de l’autre côté. Sinon les gardes nous auraient attrapées. » Je me mords la lèvre inférieure de toutes mes forces. « J’suis un peu tombée. »

C’est fini. Ca veut dire quoi ? Que ça va aller ? Ou qu’on peut plus rien faire pour les autres ? … ptet les deux en fait. Et je suis pas sûre de vouloir avoir une réponse à tout ça. J’ai pas le temps de réagir qu’elle m’enroule dans une veste et je hoche la tête, réalisant à peine que je viens de claquer des dents. « D’accord. Je… » Je fronce les sourcils, cherchant mes mots, avant de soupirer. « J’ai eu peur qu’ils t’aient attrapée aussi. Qu’ils te fassent du mal. On… Hope a pu s’enfuir. Kaycee aussi. C’est sûr. Alba je… je sais pas trop. » J’essaie de réfléchir et de repenser à tout. Mais pour Amalia et Johanna, je sais pas. Et je replie mes bras contre mes genoux juste en y repensant, commençant à me balancer d’avant en arrière sans même m’en rendre compte. Elles peuvent pas être mortes, elles ont dû s’en sortir, elles vont bien. Elles doivent aller bien.

Je sursaute presque quand Lex reprend la parole, regardant vaguement autour de moi. « … mais si elles viennent ici ? Comment… comment je vais retrouver Joe moi ? Elle doit savoir que j’suis là… je… je peux lui laisser un mot ? On pourra revenir ? » Je me frotte nerveusement les bras et je reprends, d’une toute petite voix, non sans tendre les bras pour me blottir contre Samhain. « J’ai… j’ai de l’eau et de la viande séchée. T’en veux ? » J’ajoute, d’un ton plus hésitant. « On va faire quoi maintenant ? » On va aller où ? Avec qui ? Et il se passe quoi dans Seattle ?

Johanna avait été laissée sur place. L'idée lui glace le sang bien qu'elle garde le silence, baissant le regard sur les genoux écorchés que Mary Abigail évoque. On va regarder ça de plus près. souffle la brune malgré l'absence de premiers soins, s'assurant en priorité que sa cadette ne souffre pas de froid dans l'immédiat. Hope s'était enfuie. Kaycee également. Alba, Amalia... Portées disparues. Un sourire triste naît sur ses lèvres alors qu'elle évoque sa peur qu'elle ait pu être attrapée.

Nan. Ils m'ont braqué quelques secondes avant l'explosion. J'ai profité de l'effet de surprise pour les semer. Ca ne l'avait pas empêché de se retrouver coincée par les morts un peu plus tard malheureusement. A nouveau, le sort se répétait. A nouveau, tout était perdu. Ou presque. Les filles n'avaient pas la réputation d'être des proies. Oxana leur avait enseigné comment se défendre par le biais de Thaïs, et des années de survie ne pouvaient pas s'effacer en étant simplement à l'abri dans un motel. Elles avaient dû s'en sortir, d'une manière ou d'une autre. Elle ne pouvait imaginer l'inverse envisageable...

Mais le temps leur est compté, et si elle comprend l'inquiétude dans le regard de Mary Abigail, il n'empêche que les New Eden, eux, n'auront aucune pitié s'ils les retrouvaient. Les cendres encore rougeoyantes du motel n'en étaient qu'un bref aperçu. Le procès de Salem était arrivé de plein fouet, et elle ne doutait pas une secondes qu'ils n'auraient aucun répit tant qu'ils n'auraient pas brûlés les descendantes de ce qu'ils voyaient comme des sorcières.

Baissant le regard, venant récupérer le glock coincé entre ses reins pour en aviser le contenu du chargeur. Six balles. Elles n'iraient pas très loin avec ça. New Eden va chercher les survivantes, tu comprends ? Rester ici, c'est prendre le risque qu'ils finissent par nous trouver, nous tuer, ou pire. La ville était grande. Mais ces hommes étaient du genre acharnés, à n'en point douter. Elle comprenait l'inquiétude de l'adolescente pour sa soeur. Mais elle doutait fort que Johanna puisse approuver un plan qui indiquait de laisser MA seule ici, au risque de ne jamais voir personne passer le pas de la porte. Quand à laisser un mot ... Si tu lui laisse un mot, code le. Fais en sorte que personne à part elle ne puisse comprendre avec qui tu es, et qui écrit la lettre. Ils ne doivent pas savoir qui à survécu.

C'était trop risqué d'indiquer dans un message ou elles allaient de toute manière. Un moyen idéal d'amener les troupes de soldats à leurs trousses. Non, hors de question. Son coeur se serre en avisant Abi se serrer un peu plus contre Samhain, alors que le berger allemand se laisse faire sans problème. Venant poser une main protectrice sur l'animal avant de relever les yeux vers Mary Abigail. Secouant doucement la tête à sa proposition de manger un peu de ce qu'il lui restait comme provision avant de reprendre à contre coeur.

Je connais un endroit. Tu y seras en sécurité. Et tu ne sera pas seule. Et elle, dans tout ça ? Son regard fuit un instant celui de l'adolescente, pinçant les lèvres avant de reprendre. Je dois prévenir les autres groupes avant que New Eden ne fasse de même. Et espérer trouver d'autres survivantes. Mais pour le moment, on s'occupe de toi. Dans leur état, elles n'iraient de toute manière pas très loin sans repos. Ce bar est trop exposé. On va bouger dans une boutique pas loin, dès que t'as fini ton mot. Tu sais te servir de ça ? demande t-elle au moment même ou la lame chuinte en sortant du fourreau, lui tendant le couteau de chasse sanglé à sa cuisse, alors qu'elle se saisit de son propre poignard, ignorant la buée qui s'échappait de ses lèvres. Sifflant Samhain pour l'inciter à se relever, avant de refermer la fermeture éclair du blouson de Mary Abigail.

Je me contente de hocher la tête machinalement. J’ai déjà vu pire, surtout avec les gamelles que j’ai pu me prendre en m’entrainant à faire du parkour avec Milow. Et là, les traces rouge vif qu’il y a sur mes mains sont plus dues aux moments où je me suis mordue pour éviter de crier pendant la nuit que parce que je me suis cassé la gueule.  

Je renifle un coup, soulagée qu’elle, au moins, elle ait rien. C’est toujours ça de pris. Même si ça me rassure pas sur le sort des autres et que mon cœur se serre à l’idée que Johanna soit dehors, toute seule. Qu’elle soit blessée, perdue ou pire encore. Mais je refuse d’imaginer, même une seconde qu’elle soit morte. C’est débile à penser, mais je suis sûre que je le saurais si c’était le cas. Tout comme je sais qu’Oxana est morte avec ce trou que j’ai dans mon cœur et qui m’empêche de respirer correctement. Je me demande si ça va rester toujours comme ça ou pas. Et, au final, je crois que là, je m’en fiche complètement.

Je fronce les sourcils quand Axelle prend et je garde le silence. Avant de souffler, hésitante. « Ptet que… que ça leur a suffi. De détruire notre maison. Et puis… » J’ai un soupir. « Pourquoi ils font ça … » Au reste, je papillonne des cils sans trop savoir quoi faire. « Je…comment… » Laisser un mot, un code. « … comme des étoiles ? Et… où est-ce que je peux lui dire d’aller ? J’veux dire… je sais même pas où on peut aller nous. Où on sera en sécurité. » Je parle de plus en plus vite, alors que je commence à avoir du mal à respirer et que ouais, ptet que la panique commence à prendre le pas sur tout le reste. Et, en boucle, la même question tourne dans mon esprit. Comment est-ce qu’on va pouvoir se retrouver ? On aurait dû penser à tout ça, prendre le temps de trouver une vraie planque, un endroit où aller qu’on aurait connu que toutes les deux. Mais, même avec la présence de New Eden, je pensais qu’on avait le temps, qu’on était en sécurité. Vu qu’ils nous avaient jamais rien fait.

Je me rends à peine compte qu’Axelle a continué de parler et je sursaute presque à ses paroles. « … un endroit ? C’est quoi ? Tu… tu vas partir ? » Et me laisser ? J’essuie mes larmes du revers de la manche une nouvelle fois. « Tu crois qu’ils vont attaquer les autres groupes ? On va tous devoir quitter Seattle ? » Papa ? Milow ? Les autres ? Je fronce les sourcils quand elle me donne un couteau de chasse, le soupesant quelques instants avant de hocher la tête.

J’arrive à borie quelques gorgées d’eau avant d’attraper un gros feutre dans la poche de devant de mon sac à dos. Et je commence à gribouiller derrière le bar, alors que j’ai enfin une idée. Les constellations qu’on avait découvertes ensemble, quand on était en balade en dehors de Seattle, l’été dernier, avant qu’il fasse trop chaud. J’espère qu’elle se souviendra de la maison. Et que moi aussi. J’écris quand même un je t’aime et je me promets de la chercher, toute ma vie s’il le faut.

Sauf que dans cet état, je suis à peine capable de marcher. Et encore, je suis même pas sure de tenir sur mes pieds. « Je… » Je sais même pas quoi dire en fait. Et, sans réfléchir, alors que je tangue quelques secondes, je me cache dans ses bras. J’en ai besoin, sinon je suis sure que je vais tomber et jamais me relever.

Non.

Briser les rêves d'une ado, plus encore de Mary Abigail, lui déchire le coeur. Mais elle ne peut pas la laisser espérer qu'avoir seulement détruit le motel leur suffirait. Ils visaient ma tête MA. Ils continuaient de me tirer dessus quand j'ai pris la fuite. Ils n'ont pas cherché à me menotter, ou à me demander de m'arrêter. Quand à pourquoi ils faisaient ça ... Elle reste silencieuse. Comment expliquer à une ado que parfois, les hommes voulaient juste voir le monde brûler, pour ne suivre leurs idées ? Au nom de quoi ? De quel dieu, de quelles raisons ? Tu apprendras en grandissant que certains hommes ne supportent pas qu'on aillent dans un autre sens que le leur. Et que New Eden faisait partie de cette catégorie. Moi je sais ou aller. lui promet-elle avec douceur en lui offrant un sourire triste, venant effleurer sa joue de l'index. Secouant doucement la tête à cette avalanche de question que la rouquine lui pose, venant mettre ses deux mains sur ses épaules pour capter son regard. Espérer apaiser un peu la panique qu'elle ne peut que supposer dans son esprit encore choqué par la violence de ce qu'elles ont toute subi.

Il y à un motel plus loin. La gérante est une fille bien. Elle saura nous accueillir. Quand à partir... La brune baisse un instant le regard, reprenant. Je ne serai pas longue. Mais s'ils ont détruit le motel, les autres groupes ne sont plus à l'abri. On doit les prévenir avant qu'ils subissent la même chose que nous. Et si en chemin, je peux retrouver Johanna, ou les autres, je saurai les ramener en sécurité avec toi. Il fallait que MA comprenne. Je ne t'abandonne pas. insiste t-elle bien la dessus, relevant le menton de sa cadette pour qu'elle croise son regard assuré sur la question. Je ne vais pas t'abandonner. Mais si les filles ont survécu, on doit les ramener en sécurité. Tu comprends ?

Il faudrait qu'elle songe à lui laisser un gage de son retour. Mais d'abord, le départ devenait imminent. La laissant écrire son mot alors qu'elle jetait un oeil vers l'extérieur, jouant nerveusement avec les clés de sa moto en avisant les environs. Pas de soldats. Mais des morts. Six. murmure t-elle pour elle même avant de revenir en direction de l'intérieur, caressant Samhain pour calmer sa nervosité. Tu es prête ? demande t-elle a l'adolescente, avant que cette dernière ne lui tombe dans les bras. Lex ferme un instant les yeux, refermant les siens contre elle avec force. Visage relevé vers le plafond pour ne pas laisser ses larmes risquer de couler sur ses joues alors qu'elle resserre son étreinte sur l'adolescente. Je suis là. murmure t-elle sans être sûre qu'elle l'entende, comprenant rapidement qu'elle ne serait pas en état de marcher alors qu'elle vient saisir la rouquine au niveau des jambes et des épaules pour la porter. On bouge. qu'elle ordonne à Samhain qui fonce le premier dans la rue, grognant à l'approche d'un premier mort alors qu'elle lui ordonne d'attaquer. Le berger allemand s'élance sur le cadavre, le faisant chuter avant de revenir à sa suite, sautant dans le top case de la Harley alors qu'elle installe d'abord MA, enfourchant le véhicule derrière elle. Colle toi à moi. exige t-elle avant de démarrer d'une traite, évitant de quelques centimètres la main d'un mort dans son dos. Le trajet a au moins le mérite d'être sans encombre, alors qu'elle arrive en direction des pompes funèbres deux ruelles plus loin, qui à l'époque lui avait servi d'abri. Se chargeant de cacher la moto avant de revenir récupérer MA dans ses bras, Samhain ouvrant la voie le premier en assurant de par son comportement que l'agence était vide de tout mort, ou vivant.

Encore cinq minutes. promet la brune à l'adolescente sans la lâcher, le contenu de son top case dans un sac de toile à son épaule avant d'enfin refermer la porte dans leur dos, déposant enfin l'adolescente sur l'un des sofa abîmés de l'acceuil, le temps de refermer la grille sur leur lieu d'arrivée. C'est un peu glauque, mais ... C'est sûr. promet Lex à sa cadette en venant entourer ses épaules de sa couverture de survie pour qu'elle retrouve un peu de couleur, et que sa température corporelle ne remonte un peu. On va s'en sortir. C'est promis. Tapotant le tissu pour que Samhain vienne se coucher contre la rouquine, lui donnant un coup de museau pour exiger de l'adolescente quelques caresses réconfortante.