Jusqu'à ce soir. Elle hoche la tête lentement pour confirmer les dires, reprenant à l'attention de la rouquine. Apprends à organiser tes journées. Une chose à la fois, de manière pragmatique. Et ça commençait tout de suite, avec cet après midi qui passerait sans doute en accéléré, pour lui inculquer le plus de données possibles dans l'éventualité ou, elle ne reviendrait pas de sitôt. L'écoutant avec attention alors qu'elle évoque le parkour, le lancé de couteau, et son manque d'attrait pour les armes à feu qui lui fait esquisser un sourire, sortant de son étui son propre poignard.

Je m'en suis jamais séparé depuis le jour ou je l'ai trouvé. Il fait des dégâts, mais il m'a sauvé la mise plus d'une fois. Bien plus que le Glock en tout cas. Quand à son visage attendrissant... Non, ils ne seront plus attendris un jour. Mais ils estimeront qu'ils auront pas à s'méfier de toi. Et ça te donne une grande marge de manoeuvre sur eux, sans même qu'ils le sachent. Sans doute l'un de ses avantages à être jeune dans ce monde. Il y avait toujours des cons pour supposer que les gamins n'étaient pas débrouillards une fois seuls. T'as pas besoin d'eux de toute manière. et le mépris est certain dans sa voix à ce moment là. MA à des avantages, et des atouts que certains n'auraient jamais en plusieurs années de survie. Autant en profiter jusqu'au bout. Continue de te déplacer par les toits. C'est le bon truc. lui confirme t-elle en venant ranger son poignard, reprenant à sa question sur la protection des morts.

Tu l'sais d'expérience, non? Personne aura envie de fouiller un coin infesté de mort, sauf cas critique. Mais si toi t'es comme ici, à l'abri avec une issue de secours. Personne supposera que quelqu'un profite des cadavres pour se cacher tranquillement... Elle ne l'avait que trop constaté, sans doute. Les mauvais habitudes avaient souvent la vie dure, il allait sans dire. Hochant la tête à l'évocation de ces pièges, confirmant. Tu peux. Soit pour t'alerter que c'est le moment de prendre la fuite, soit loin de ta planque, pour gagner du temps et attirer les curieux ailleurs. Le principal c'est que ça se retourne pas contre toi. Revenant aviser l'épitaphe en marbre, laissant ses doigts glisser sur les gravures, reprenant. Exactement. La hauteur te permettra de savoir si c'est habité ou non. Tu peux même jeter un truc comme ça avant, faire du bruit pour voir si tu entends des râles, ou des murmures humains. Ca t'indiquera d'office que tu dois soit faire demi tour, soit évaluer les risques pour te faire une planque de fortune...

Elle esquisse un sourire fatigué à l'adolescente. Si la discussion n'avait rien de joyeux, au moins semblait-elle la maintenir concentrée, et avide d'en savoir plus. Si un jour tu te crois piégé, garde ton calme. Parce qu'il y aura que comme ça, que tu trouvera ton plan C pour te tirer. T'aura toujours un plan B, et s'il marche pas, tu sauras improviser pour la suite. Je le sais. et le ton de sa voix ne tolère pas de refus, alors qu'elle reprend. J'veux que tu me promette que si un jour je reviens pas, tu pensera à toi en priorité MA. Car même si l'idée faisait mal, elle existait néanmoins. J'te dis pas ça pour te faire de la peine, ou t'inquiéter. Je te le dis parce que t'aura toujours besoin d'un plan de secours, et que c'est autant vital que de manger ou boire. D'accord ? Sa main vient se poser sur la joue de la rouquine, avisant ses longues mèches rousses. Et attache tes cheveux en extérieur. Que personne mette la main dessus.

Faites ce que je dis, pas ce que je fais.

C’est compliqué quand même. De se remettre en mode survie alors que j’ai encore en tête tout ce qui s’est passé la nuit dernière. Et pourtant, c’est nécessaire. Arrêter de penser à l’avenir, arrêter d’imaginer ce que je pourrais faire plus tard. Tout ce qui compte à présent, c’est maintenant. Et arrêter de rêver à cette maison avec un grand porche qu’on aurait toutes les deux avec Johanna. Ca servirait juste à me faire un peu plus de mal. Et j’aurais pas l’énergie de continuer si je recommence à pleurer.

Et j’explique à Lex ce que je sais faire, fronçant le nez alors que je réfléchis un peu tout haut. « Je sais, j’ai pas la carrure d’une combattante et ça risque pas de changer. » Ca m’intéresse pas de toute façon. Je préfère fuir dès que j’peux. Parce qu’on sait de quoi les gens sont capables. Et c’est pas marrant du tout. Je hoche la tête pour confirmer que non, j’ai pas besoin d’eux avant de me mordiller la lèvre et de souffler, d’une toute petite voix. « C’est Milow qui m’a appris… tu crois que… qu’il va bien ? » Je suis pas sûre de vouloir une réponse à cette question. Je supporterais pas de le perdre lui en plus des autres, ça ferait beaucoup trop pour moi là.

Je hoche la tête au reste. « Ouais, c’est logique. Pour les mordeurs. » Sauf à tomber sur quelqu’un de beaucoup trop curieux, mais la possibilité reste mince. Et je pourrais toujours m’échapper. « D’accord. » Un murmure lâché quand elle confirme que mes idées sont bonnes. J’ai bien des réflexes de survivante on dirait. Même si j’aurais aimé ne pas avoir à le redécouvrir et encore moins comme ça. J’ai un soupir, alors que je me rends compte que Lex est crevée, mais qu’elle tient bon pour moi. J’ouvre la bouche pour protester et je finis par souffler, quand elle me dit que je saurais improviser. « J’ai pas su le faire au motel… » Si j’avais trouvé une bonne idée, ptet que j’aurais pas perdu Johanna ni les autres. Et quand elle continue, j’ai un soupir silencieux. « Je… je te le promets. » Parce que ouais, y aura ptet un jour où elle reviendra pas. Et je dois penser à moi, à ma survie, même si ça fait mal. « Je vais essayer de… de toujours penser à un plan de secours alors. » Même si j’ai pas envie. Je me mordille la lèvre avant d’esquisser un vague sourire. « J’me fais une natte d’habitude. Mais j’ai plus d’élastique. » Ouais, c’est con, je sais. Et ça me ferait presque rire en vrai. Presque.

Et je finis par tendre la main vers elle pour effleurer sa joue. « T’es crevée Lex. Si tu dors pas un peu, tu vas tomber en cours de route. J’peux monter la garde avec Samhain. » J’essaie de prendre un ton assuré, même si je suis pas super convaincue de moi. Mais faut bien non ?  

La carrure ça veut rien dire. stoppe t-elle immédiatement la rouquine en relevant ses yeux rougis par la fatigue sur elle, reprenant. C'est pas les muscles qui vont te tirer d'affaire face à une horde. Mais ta tête. S'adapter à l'environnement était plus important que savoir tuer plusieurs rôdeurs d'un coup, et les années de survie n'avaient fait que le confirmer. Relevant doucement sa tête dans l'espoir de soulager les tensions de sa nuque sans grand succès, pinçant les lèvres quand MA s'inquiète du sort de son ami. Pars du principe que oui. Elle ne se voit pas décemment lui mentir, ou affirmer qu'il est parfaitement vivant, quand le risque est trop grand. Ca serait la briser un peu plus que New Eden ne l'avait déjà fait.

Son regard quitte le sien quand la rouquine évoque le motel, alors qu'elle inspire lentement pour forcer son envie de s'écrouler à s'apaiser un peu. Tu apprendras... souffle la brune à sa cadette qui se désolé de ne pas avoir réussi à improviser au motel, esquissant un sourire triste. Venant glisser une main contre sa joue pour l'inciter à la regarder, reprenant. T'es bien plus redoutable que tu l'pense. lui assure t-elle avec sincérité. La digne soeur de Johanna. Et certainement la digne héritière de leur petit groupe. Du haut de son adolescence, elle n'avait jamais eu peur d'être sans filtre, de se confronter à des hommes. Ce n'était pas en devenant solitaire que tout changerait. Hochant la tête alors qu'elle promet de toujours penser à un plan de secours, si un jour elle ne revenait pas. Et si l'idée que cela puisse arriver lui serre le coeur, elle sait que dans le fond, ça pourrait arriver.

MA... ses dents serrent un instant sa langue, baissant le regard avant de se décider à reprendre. J'veux quand même que tu saches que je suis fière de toi. Pour ce que ça vaut. Quoi qu'elle puisse penser d'elle. Tout juste dans l'adolescence, et pourtant elle continuait d'essayer d'avancer, là ou d'autres auraient pu laisser tomber depuis longtemps. Se contentant de faire glisser de son poignet un vieil élastique noir, avant de lui tendre. Ca fait des années que j'le garde par habitude sans jamais l'utiliser. T'en auras certainement plus besoin qu'moi. De ces petites choses qu'elle pourrait conserver d'elle si un jour, elle ne revenait pas. La pensée lui traverse l'esprit sans qu'elle ne prenne le temps de s'y attarder, avant de sentir la main de la rouquine se poser contre sa joue, l'incitant à relever son regard cerné. J'ai connu vraiment pire. assure l'ex maître chien dans un sourire sarcastique, malgré ses muscles rompus par l'épuisement des dernières heures sans dormir. Et si elle en meurt d'envie, elle sait pertinemment que son corps sera inapte à trouver un réel repos tant qu'elles resteront ici. Secouant doucement la tête pour se maintenir éveillée, alors que MA assure pouvoir monter la garde avec Samhain, et qu'elle n'a pas envie de lui détruire cette volonté de s'assurer.

Ok, on va faire encore mieux alors. se laissant tomber à la renverse pour allonger son corps à même le sol en lâchant un soupir de soulagement, venant glisser un bras derrière sa tête pour la soutenir en fermant un court instant les yeux avant que Samhain ne vienne par réflexe poser sa tête sur son ventre, lui arrachant un sourire. Posant une main rassurante sur la tête du chien avant de relever les yeux vers l'adolescente, reprenant.

J'vais me contenter de t'écouter. Tu vas m'dire si t'entends des bruits suspect, si tu trouve que tout est calme. Et tu vas analyser la pièce pour me donner tes idées d'issues de secours autres que la bouche d'aération. Elle ? Elle ne parviendrait pas à dormir, elle le savait. Mais ça ne l'empêcha pas de fermer les yeux avant de reprendre à l'attention de sa partenaire d'infortune. Pars du principe que j'dors, et que tu dois gérer seule;

J’ai quand même une moue sceptique quand Lex parle de carrure. « Mouais, enfin, si un type me chope à bout de bras, j’pourrais pas y faire grand-chose. » Reste à faire en sorte de pas se faire choper, je crois que c’est l’idée de toute façon. Je peux pas me permette de me faire attraper, je m’en sortirais pas si c’est le cas. J’ai du mal à respirer, l’espace d’une seconde, alors que j’me demande s’ils ont réussi à attraper Johanna. Une fois de plus, j’essaie de chasser ça de ma tête, mais forcément, quand elle me parle de Milow, qu’elle me confirme que j’dois considérer qu’il est mort… bah ça fait mal. Et je hoche la tête en silence, déglutissant pour pas me remettre à pleurer.

Au reste, j’ai un vague sourire. « J’aurais aimé être redoutable avant. Quand c’était utile. » Même si j’imagine que ça va le devenir dans les prochaines semaines, les prochains mois. Si je veux survivre. Parce que c’est ça qui compte maintenant non ? Je fronce les sourcils quand elle reprend et je la fixe, sans trop piger pourquoi elle dit ça. « Fière ? De quoi ? J’veux dire. J’ai rien fait de spécial… » Alors ouais, pas dit que ça vaille grand-chose en vrai. Je sais même pas si ça fait plaisir à entendre au final, même si j’suis un peu curieuse de savoir ce qu’elle a derrière la tête. Je finis par tendre la main et j’attrape l’élastique, nouant rapidement une tresse sur le côté avant de froncer le nez à sa réponse. « T’as connu mieux aussi. J’peux être un peu utile pour une fois… » Bon, j’ai quand même vaguement l’impression de parler à un mur. Dans le genre tête de mule, elle se pose là.

Alors, forcément, quand elle propose autre chose, je roule des yeux, même si j’suis pas mécontente qu’elle accepte au moins de s’allonger. Elle va pouvoir souffler un peu à défaut d’autre chose. « C’est mieux que rien. » Je croise les bras, la mine revêche, avant de l’écouter quand elle reprend la parole. Je me mordille la lèvre et je commence à regarder autour de moi, soufflant un « d’accord », à son… exercice ? Ouais, on va dire que c’est un truc du genre. Je replie mes genoux contre moi et je laisse le silence envahir la pièce, sans chercher à l’interrompre pour le moment. Ca aidera à voir les bruits bizarres déjà si je parle pas à tort et à travers. J’note dans un coin de ma tête l’aération comme elle l’a dit. Et, au bout de quelques minutes, je finis par me lever, effleurant les murs et m’arrêtant un moment alors que je pousse une porte, juste pour voir ce qu’il y a de l’autre côté. J’vois une fenêtre barrée par des planches, mais qui pourrait servir de sortir de secours. Et je reviens m’assoir près de Lex, laissant les minutes filer.

Avant de lui tapoter la jambe quand j’entends des bruits dans la rue. Des bruits de pas ? Peut-être, je sais pas trop. J’attends qu’elle rouvre les yeux pour la fixer, la mine interrogative. Surtout, pas paniquer, c’est le plus important.

Bien sûr que si. souffle t-elle à la rouquine en jetant un regard dans sa direction, esquissant un sourire qui lui demande beaucoup trop d'effort pour être signe de bonne santé. Vise les boules. Plante le même, si t'as une arme sur toi. Et elle ne se ferait pas attrapée, de toute manière. Elle était bien plus intelligente que ça, quoi qu'elle puisse en penser. Venant poser un index contre sa joue avec douceur, plissant un instant les yeux quand elle assure ne pas comprendre pourquoi elle était fière d'elle. Restant silencieuse une seconde ou deux, reprenant finalement.

Parce que t'es encore là. Alors que t'aurai pu m'assurer vouloir rester dans le bar, tout à l'heure. Elle aussi, avait déjà songé à tout abandonner. Accueillant même volontiers la mort quelques secondes, à la chute du lycée, avant qu'Eli n'intervienne. Et si elle assure pourtant que l'adrénaline ne quitte pas ses veines, son corps lui paraît bien plus las qu'au cours des dernières heures. Grimaçant avant de se laisser tomber sur le dos, un bras sous sa nuque en guise de soutien, donnant ses dernières directives alors qu'elle se force au moins, à fermer les yeux.

Et si le sommeil la gagne bien rapidement, les rêves ne sont en rien agréables. Chargés des souvenirs des dernières heures, avec une fin ou Oxana apparaît comme bel et bien vivante, alors que son cerveau s'amuse à jouer avec ses rêves. Et alors qu'elle s'apprêtait au moins à parler à l'ukrainienne dans l'espoir de ne pas rêver, le coup porté à sa jambe lui fait rouvrir les yeux, se relevant d'un bond. Le coeur battant à tout rompre, avant de réaliser ou elles étaient, pourquoi, et depuis quand.

Avisant le visage de MA avant d'entendre à son tour les pas. Quelques échos de voix lointain, alors que Samhain se met à gronder, babines retroussées. Venant poser un index sur ses lèvres en indiquant à la rouquine le silence absolu, se relevant en silence pour passer la main contre son poignard. Un étage au dessus, les éclats de voix sont trop lointains pour qu'elles puissent se faire une idée, serrant les machoires alors qu'un tintement bref indique que les inconnus jaugent visiblement de la solidité de la grille.

Prends tes affaires. murmure t-elle précipitamment à l'adolescente, claquant rapidement des doigts pour inciter Samhain à ne pas la quitter d'une semelle alors qu'elle récupère dans le même mouvement sac et paquet de cigarettes.

J’ai quand même une moue peu convaincue quand elle me dit que si, que je pourrais me défendre facilement. Mais faut dire que là, avec la nuit que je viens de passer, j’ai un peu de mal à croire que je suis réellement capable de survivre. Ca ira mieux, après. Je crois. J’espère en tout cas. Je hoche quand même la tête à ses nouvelles recommandations. « Viser les boules. Les yeux. Les parties sensibles pour qu’il se désintéresse de moi assez longtemps et que je puisse m’enfuir. » Je sais tout ça, mais ça semble tellement plus facile à dire qu’à faire.

Et forcément, j’ai un profond soupir. Avant de piquer du nez quand elle continue, les larmes aux yeux. « J’avais envie. De rester dans le bar. Et de plus jamais bouger. » Je peux bien lui confier ça à elle non ? Parce que je le sais pas encore, mais ce sera pas la dernière fois que je vais avoir ce sentiment, cette envie de tout vouloir abandonner et de rester plantée là, sans espoir de quoi que ce soit. J’ai perdu ma lumière en perdant Johanna. Et si j’ai envie de croire qu’elle est toujours vivante, sans elle, plus rien aura le même goût. C’était nous deux contre le monde entier. Et maintenant ? La petite sœur Gordon toute seule, c’est plus vraiment la même hein.

Je garde le silence, le regard perdu dans le vide, alors que Lex finit quand même enfin par s’assoupir. Au moins, elle me fait assez confiance pour ça et ça me fait du bien, bien plus que je l’aurais cru. Les minutes passent, mes pensées s’emmêlent alors que je garde mes genoux repliés contre moi et ma batte à portée de main. Je saurais pas dire combien de temps je reste comme ça, mais assez pour avoir à réveiller Lex en sursaut. Je hoche la tête quad elle me dit de prendre mes affaires pour faire le moins de bruit possible. Et on se faufile toutes les deux au niveau de la sortie qu’elle m’a laissée trouver.

J’ai un bref regard en arrière et mon cœur se serre quand je reconnais les tenues des New Eden. Ils nous ont trouvées. Ils ont mis que quelques heures pour ça. Ils vont nous faire du mal. Comme à Oxana. Comme aux autres. Comment je peux croire que Johanna en a réchappé toute seule quand je les vois ? Je tourne la tête vers Lex, les yeux brouillés de larmes et je me laisse guider par elle, incapable de savoir où elle m’entraine. Mais au moins, je garde le silence. C’est toujours ça le plus important. De pas parler. De pas faire de bruit. Jamais. Les New Eden, c’est comme les rôdeurs. Ca, je risque pas de l’oublier.

Elle avait eu envie de rester dans ce bar, ne plus jamais bouger. La brune l'observe sans mot dire, venant prendre un instant sa main dans la sienne. Quand j'ai perdu mon premier groupe... J'ai eu envie de mourir. Evoquer le lycée était toujours aussi difficile. Mais pour elle ? Elle ferait toujours l'effort. Tout venait de s'écrouler. Je venais de perdre l'homme que j'aimais, mes amis, mes proches. C'était quoi l'intérêt de continuer ? Cette sensation, elle ne la connaissait que trop bien. La culpabilité d'avoir survécu, quand d'autres, mieux qu'elles, étaient morts sous ses yeux. Mais regarde. J'suis encore là. Et j'ai même eu la chance de te rencontrer. Tu as le droit d'y avoir songé MA. Le principal, c'est que tu ai réussi à te relever. Et je sais que tu te relèveras toujours. Elle s'en rendrait compte par elle même. Un jour. Elle le savait.

Mais son bref sommeil est déjà parti, alors qu'elles parviennent toutes deux à se faufiler, et qu'une rage contenue naît dans son ventre en reconnaissant les soldats de New Eden. Manquait plus que ça. A errer non loin de la moto, qu'elles doivent impérativement prendre pour s'enfuir au plus vite. Venant rapidement poser une main sur la joue de la rouquine pour la rassurer, avant de s'enfoncer dans la ruelle. Ils ne les ont pas remarqué, pour l'instant. Tu ne bouges pas d'ici, tant que je te l'ai pas dis. Ca lui permettrait de fuir, si le plan tournait mal. Posant un index contre ses lèvres quand l'un des soldats approche du mur ou elles sont, tendant les clés de la moto à MA avant d'émettre un bref sifflement, net. L'homme à tout juste le temps de leur faire face que Samhain lui saute déjà à la gorge, l'empêchant de hurler alors que son arme tombe au sol. La réceptionnant dans le même mouvement, avant de venir enfoncer son poignard jusqu'à la garde dans la gorge du second qui s'apprêtait à donner l'alerte.

On bouge ! qu'elle ordonne à MA, claquant des doigts pour que Samhain stoppe le massacre, bousculant d'un coup de pied l'étalage d'ordure qui recouvrait la Harley. Le temps presse, et alors qu'elle s'approchait enfin du véhicule pour espérer réclamer les clés à MA, elle sent son corps projeté au sol. Un troisième garde avait surgi de nulle part, et pour ne pas avoir le réflexe de lui tirer une balle dans la tête, il devait au moins être un novice dans la matière. Un premier coup de poing vient la cueillir au menton alors qu'elle tente de lui rendre la pareille sans succès, et que le garde appelle de l'aide. Relevant sa main libre pour empêcher Samhain de s'en mêler, cherchant sa cadette du regard.

Démarre la moto ! Qu'elle prenne même le temps de partir avec s'il fallait. Elle trouverait un moyen de se cacher quelque part. Mais MA devait survivre en priorité. Mais déjà les mots meurent dans sa gorge qu'il vient serrer violemment, incapable de réussir à défaire sa poigne.