Forcément, je me fige au non de Lex. Parce qu’il laisse pas du tout la part au doute. Alors, j’vais pas remettre en question ce qu’elle dit. Et puis, quand ils ont tiré avec leur roquette, c’était pas juste pour faire peur, je sais bien. J’repense à ce que me disait papa sur eux, mais ça s’embrouille un peu dans ma tête. Je hoche la tête quand elle continue. « «Mais pourquoi on les laisse faire ? » C’est ça qui m’échappe. Que les autres disent rien. Qu’ils cautionnent ce comportement. Que ça les dérange pas qu’ils détruisent la vie des gens qui ont rien demandé.

Je sais bien que j’aurais pas de réponse, ou aucune qui arrivera à me calmer ou à me faire accepter ce qui vient de se passer. De toute façon, là, j’ai juste en tête le feu, le bruit des armes et Johanna de l’autre côté de cette fichue barrière. De nouveau, j’ai les larmes qui me montent aux yeux et je me mords l’intérieur de ma bouche de toutes mes forces pour pas recommencer à pleurer.

Un motel pas loin. « Le… le moonshiner ? » Je crois que c’est ce nom que j’ai entendu. Mais j’suis pas sure que ce soit ça. Et l’idée qu’elle s’en aille, ça me plait pas du tout. Je veux pas la perdre elle aussi. Alors je la fixe, les yeux brillants. Je comprends pourquoi elle veut faire ça. « Tu vas retrouver Johanna ? » Ouais, je me raccroche surtout à ça. Après tout, Lex m’a trouvée, elle est bien capable de retrouver ma sœur. « … d’accord. » Murmuré sans la regarder alors que je laisse filer un silence. Faut que je me reprenne, faut que je fasse quelque chose sinon ça va pas aller. Ca va pas le faire. Je peux pas rester comme ça. Mais même si je le sais, j’arrive pas à… bouger. Je saurais même pas dire pourquoi.

Je finis quand même par attraper mon sac à dos, serrant la bretelle de toute mes forces. J’ai plus que ça et dedans, je me rends compte que c’est pas grand-chose. Est-ce que j’ai une photo de Johanna dedans ? Est-ce que j’ai pas juste des trucs tous pourris qui servent à rien ? J’ai peur de regarder dedans et, de toute façon, il va falloir qu’on bouge. Je reste blottie dans les bras de Lex pendant quelques minutes, même si c’est pas assez à mon goût. « Tu seras toujours là ? » Je sais, elle peut pas se permettre de faire ce genre de promesses. Mais j’ai besoin de l’entendre, là de suite. Je me rends à peine compte qu’elle vient de m’attraper pour me porter et je me laisse faire, vu que mes jambes tremblent trop pour que j’arrive à marcher sans me casser la figure.

Et faut rester silencieuse. C’est la base, quoi qu’il arrive. J’essaie même de pas respirer trop fort et je me laisse entrer loin du bar, en espérant que je suis pas en train de faire une connerie. Je m’accroche à elle quand elle démarre la moto, me cachant le visage dans son dos avant de me retrouver … aux pompes funèbres donc. C’est… glauque. Et un peu trop de circonstances à mon goût. Un soupir, alors que j’ai l’impression qu’elle met au moins mille ans avant de revenir. Et je peux pas m’empêcher d’être soulagée en la voyant réapparaitre.

Je me laisse de nouveau entrainer je sais pas trop où, jusqu’à atterrir sur un sofa. Et je m’enroule dans la couverture qu’elle a posée sur mes épaules. « Je te crois. » Sinon elle m’aurait pas emmenée ici si c’était pas sûr. Pourtant, je peux pas m’empêcher de sursauter au moindre bruit. « Elle est bizarre cette couverture. » Elle fait un drôle de bruit. Mais je tends les bras quand Samhain vient se coucher contre moi, me réchauffant contre lui, alors que mes dents commencent enfin à arrêter de claquer. « … on fait quoi maintenant ? » Je me rends même pas compte à quel point je me repose sur elle. Je serais bien incapable de m’en sortir toute seule en vrai. Même si j’ai pu croire le contraire à un moment.

Elle ne peut pas s'empêcher de soupirer à la question de MA, cherchant du mieux possible ses mots pour trouver le moyen d'y répondre. On les laisse pas faire, MA. On subit le fait qu'ils soient plus nombreux, plus armés. concède t-elle néanmoins de mauvaise grâce. Leur puissance de feu était suffisante pour faire exploser le motel en quelques secondes. Détruire des années de vie. Mais on finira par s'en sortir. Il suffisait juste de trouver comment... Tournant la tête dans sa direction quand elle prononce le nom du motel. Tu connais ? Si c'était le cas, restait à espérer que ce soit de manière positive alors. Quand à espérer retrouver Johanna... Je vais essayer. qu'elle promet, venant un instant poser un baiser bref sur le haut de sa tête. Resserrant sa prise contre l'adolescente qui s'inquiète de savoir si elle sera toujours ici, avec elle. Sans avoir de réelles réponses à pouvoir lui donner. Je ferai de mon mieux en tout cas.

Au moins désormais, avec les grilles refermées consent-elle un peu à reprendre son souffle. Accepter les douleurs de ses muscles épuisés, de sa tête sur le point d'exploser, et de cette tension qui la maintient en vie depuis le motel. Souriant légèrement à la remarque sur la couverture. Bizarre, mais super pratique, non ? Laissant Samhain prendre ses aises alors qu'elle observe les alentours rapidement, s'assurant que personne n'est venu ici. Rien. Pas même un mort, quelque part. Quand à quoi faire maintenant...
On va commencer par te remettre en état. une chose à la fois. Elle aurait de toute manière besoin de dormir, et contrairement à d'habitude, la nuit serait plus sûre pour l'emmener au moonshiner. Ca leur laissait bien une journée entière pour se remettre. Sifflant Samhain alors qu'elle revenait réceptionner MA dans ses bras avant de descendre les escaliers pour rejoindre le sous sol désormais sécurisé. Les cercueils n'avaient rien d'engageant, mais offraient contre toute attente, d'avantage de confort qu'un lit rempli d'humidité. Déposant l'adolescente dans un sofa plus bien grand, destiné aux attentes des clients face aux nombreux choix pour l'au delà.

J'venais ici dormir ici, quand je suis revenue sur Seattle. explique en se remémorant son retour en ville près d'un an plus tôt. C'était comme si personne n'était jamais venue ici, depuis elle. Home sweet home. souffle t-elle à nouveau avec cynisme, récupérant désinfectant et compresses pour s'occuper des égratignures de la rouquine avec patience. Une fois sûre qu'elle n'avait plus de blessures risquant de s'infecter pour revenir poser sur ses épaules couvertures et veste, venant s'asseoir à ses côtés alors que Samhain reste collée à MA. Sans doute à cause de l'appréhension qui devait se sentir de loin, suppose t-elle avant de venir glisser sa main contre son cou, défaisant l'agrafe de sa chaîne.

On va faire un deal toi et moi. propose t-elle en venant glisser dans la paume ouverte de MA la chaîne d'argent, absent de tout pendentif. C'est l'seul truc qu'il me reste de mes parents. Je la porte depuis des années, je m'en suis jamais séparée avant aujourd'hui. elle se sentirait presque nue en son absence. Mais ça vaut le coup. Elle le sait. Je serai peut-être pas toujours là MA. Mais ça sera comme si j'étais là, avec ça.

De toute manière, l'argent irait bien mieux sur sa peau et ses cheveux roux que la sienne. Elle pourrait s'en persuader. Mange un peu, et dort. J'serai toujours là à ton réveil. promet-elle en attendant, écartant son bras pour que la rouquine puisse s'y loger, alors qu'elle allumer une cigarette de sa main libre.

A ton réveil, on fera un point sur les trucs à faire et à éviter. Souffle t-elle dans une tentative d'amusement, sachant pourtant pertinemment que ce serait surtout une sorte de to do list au cas ou justement, elle ne reviendrait pas. Le premier point, c'est de jamais toucher à la clope. Et si son corps espère un peu de repos, elle en est bien incapable. Ramenant la couverture sur le corps de Mary Abigail avec douceur, resserrant son étreinte pour la protéger de tout ce qui pourrait éventuellement se pointer à l'étage. Mais tout est silencieux. La ville morte à retrouvé son silence, après la tempête.

Je retiens les mots qui me viennent naturellement. Parce que ouais, là, j’ai un peu l’impression que c’est du pareil au même. Les laisser faire ou pas, le résultat change pas. Ils nous ont écrasés, balayés, comme si on était rien, rien du tout. Et je me contente de souffler, lever un regard dans sa direction. « Tu crois ? » Qu’on va s’en sortir. Qu’on va pas toutes se faire happer les unes après les autres. Et je hoche la tête pour lui confirmer que oui, je connais le Moonshiner. « Tout le monde en a entendu parler au no man’s land. » Ca veut aussi dire que ça restera pas un endroit sûr bien longtemps.

Mon cœur se serre quand elle me dit qu’elle va essayer de retrouver Johanna. Si elle a la moindre chance de le faire, je sais qu’elle fera de son mieux. Comme elle dit. Mais ça suffit pas toujours. Et j’ai un vague sourire au reste, quand je tiens un instant la couverture entre mes mains. « Ouais, je connaissais pas. » Et je soupire doucement. « Me remettre en état… » Parce que là je suis juste un poids mort. Je le sais bien, mais je suis pas en état de faire quoi que ce soit pour y remédier. Alors je me laisse porter, épuisée par les larmes, par le contrecoup. Mais à chaque fois que je ferme les yeux, je revois les flammes, la barricade et j’entends les coups de feu.

J’ai un temps d’arrêt alors que mon attention finit enfin par se poser sur ce qui m’entoure. « Tu… tu dormais dans les cercueils ? » Dans d’autre circonstances, j’aurais probablement trouvé ça hyper cool en vrai. Mais là, je sais pas trop quoi penser. « Au moins, ils viendront pas nous chercher parmi les morts. » Vrai que c’est une bonne idée. Ou en tout cas, ils viendront pas pour le moment. Je pose mon front contre Samhain, soufflant doucement contre lui. Et je fronce les sourcils en voyant qu’elle glisse une chaine entre mes doigts. « … c’est ton porte-bonheur ? » Non parce que, si c’est le cas, j’veux pas lui prendre. J’veux pas qu’il lui arrive quoi que ce soit. « Tu reviendras le chercher ? Où que je sois ? » Je sais que c’est stupide de demander ça, que ce sera ptet pas possible, qu’il m’arrivera ptet un truc demain. Mais là, j’ai perdu trop de trucs pour être rationnelle. Toute ma vie est dans ce petit sac à dos et les quelques trucs glissés dans mes poches. Je sais plus encore ce qu’il y a dedans et je ferais un inventaire plus tard. Et il me reste Lex. C’est tout. Alors j’veux pas, j’peux pas la perdre.

J’essuie une nouvelle fois les larmes qui continuent de rouler. Je pensais pas pouvoir pleurer autant, c’est un peu dingue quand même. J’attrape quelques morceaux de viande séchée que je finis par partager avec le chien, me blottissant contre lui de plus belle. Et j’arrive à somnoler un peu, même si je me réveille plusieurs fois en sursaut. Tout est calme maintenant, comme si c’était juste un sale cauchemar. Je sais pas trop combien de temps j’reste comme ça, mais quand je finis par rouvrir vraiment les yeux, Samhain et allongé à mes pieds, le museau posé sur ses pattes, le regard alerte, attentif. « Lex ? T’es là ? » Ne pas paniquer. Elle doit pas être bien loin.

Alors on s'attardera pas. Le moonshiner ne pourrait pas être une planque sur du long terme. Mais au moins permettrait-elle peut-être à MA de se remettre un peu, avant de retourner sur la route. Elle était épuisée, et personne ne risquait de lui en vouloir pour ça. Pas avec les nombreuses pertes qu'elle avait essuyé en moins de quelques heures. Souriant tristement à sa question sur les cercueils, haussant les épaules. Comme tu dis. Personne s'inquiète des morts d'avant. Et les cercueils résistent mieux à l'humidité que les lits moisis des appartements. Sans compter le confort exagéré des places, pour un aller simple au fond de la terre. L'observant découvrir la chaîne alors qu'elle secoue doucement la tête à sa nouvelle question. Non. J'y tiens juste énormément. Un porte bonheur n'aurait jamais survécu à son rythme de vie, avec le nombre de chute qu'elle avait pu connaître en près de cinq ans.

Ouais, partout dans l'monde. Même au Pakistan s'il faut. souffle t-elle à la rouquine avec un semblant de malice, quoi que trop épuisée pour lui sourire. Le regard relevé vers le plafond, alors qu'elle laisse MA partager la viande sèche avec Samhain, et qu'elle sent son estomac trop noué pour espérer avaler quoi que ce soit.
Elle ne sait pas trop combien de temps elle est restée ainsi, avant d'entendre la respiration de la rouquine se faire plus apaisée. S'écartant pour laisser Samhain jouer bien volontiers les oreillers avec l'adolescente, revenant mettre la couverture jusqu'à son cou pour l'empêcher d'avoir froid alors qu'elle quitte le canapé, et que les images viennent se succéder dans sa tête. De son propre sang qui gorgeait le sol du lycée, jusqu'à cette fumée noire qui indiquait clairement le sol du motel. Les souvenirs lui reviennent avec force en mémoire alors qu'elle se sent vaciller, sortant de la pièce aux cercueils pour rejoindre la réserve. La porte lui laisse à peine le temps de se refermer quand un premier sanglot déchire sa gorge, venant plaquer une main contre ses lèvres pour l'empêcher de se faire entendre à l'air libre.

Fermer les yeux ne ferait qu'encourager les larmes à rouler sur ses joues alors que son corps tremble sous l'état de choc qu'elle s'interdit de vivre depuis le début, se laissant glisser au sol de la pièce pour enfouir son visage contre ses genoux, s'intimant à se reprendre. Une partie d'elle mourant d'envie de lâcher prise avant qu'elle ne se l'interdise violemment, inspirant profondément pour refluer cette douleur au fond de sa gorge. Elle attendrait son heure, comme toute les autres. Mais pour le moment, la haine devait prendre le dessus sur le deuil. Venant machinalement rallumer une cigarette, attendant une bonne minute avant de se décider à sortir de là, une fois sûre que son visage ne trahirait aucune émotion de peur, de douleur et de tristesse. Il y avait encore de quoi faire, avant le réveil de la petite.

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Je suis là. souffle la brune à MA qui émerge de son sommeil, alors qu'elle descend les escaliers après avoir passé bien une heure à observer l'extérieur sans rien voir de suspect. Ca n'est pas plus mal. Le zénith lui confirme que l'après midi début à peine, alors qu'elle laisse la rouquine émerger alors que Samhain semble lui, bien décidé à continuer de se reposer un peu. T'as meilleure mine déjà. fait-elle remarquer à la rouquine avec un air rassuré, baissant doucement la couverture pour venir aviser son teint légèrement moins pâle.

Tu t'sens de te lever ? demande la brune avec douceur, alors que Samhain relève furtivement la tête avant de gronder. Le silence se fait plus lourd, désormais. Mais les râles qui leur arrivent en écho, ne font qu'évoquer quelques morts. Pas New Eden.

J’ai un bref hochement de tête à sa réponse. On dirait qu’il y a plus que parmi les morts qu’on peut avoir un peu la paix. Et je regarde autour de moi, soufflant, avec une grimace. « Ca m’ferait trop bizarre de dormir dans un cercueil. » Pourtant, j’ai dormi dans des endroits sacrément pourris. Et j’ai comme l’impression que ça va recommencer. J’ai un soupir, alors que mon estomac se serre une nouvelle fois. Parce que je me rends bien compte que tout ça, si j’ai pu le supporter, c’était juste parce que Johanna était là, parce qu’elle avait confiance en notre capacité à survivre à tout. Elle a tellement fait pour moi, elle …

Je sens les larmes monter de nouveau alors que j’essaie de chasser tout ça de mon esprit. Sinon, ce sera encore pire. J’arrive à esquisser vaguement un sourire quand elle me dit qu’elle viendra me chercher partout. Enfin, plutôt, la chaine qu’elle vient de me donner. Que je passe autour du cou, me raccrochant à ce qu’elle vient de dire. « D’accord. Je… je t’attendrais alors. » Elle au moins, je sais qu’elle est en vie et qu’elle fera tout pour revenir. Je finis par m’allonger, avec Samhain, pour essayer de souffler un peu ou, au moins, pour reprendre des forces. Parce qu’on pourra pas rester là pour toujours non plus. Et Lex veut chercher les autres. J’ai envie de croire qu’elle trouvera Johanna et les filles du motel encore en vie.

Mais je finis par m’endormir pour de vrai, même quelques minutes. Je mets quelques secondes avant de comprendre vraiment où je suis. Quelques précieuses secondes, où j’arrive à croire que je suis dans mon lit, bien au chaud, au motel, où je peux croire que les heures qui vont suivre seront comme d’habitude. Comme si tout ça était juste un cauchemar. Sauf que le contact de la couverture de survie et les ombres des cercueils me ramène bien vite à la réalité. Et à la panique. Heureusement, Lex est là, pas loin. Quand elle se rapproche, je tends les bras pour la serrer contre moi. « Je… ça va un peu mieux. Et toi ? » Et je hoche la tête à sa question. « Je peux marcher oui. » Je me fige quand j’entends Samhain gronder. « C’est quoi ? » Ou plutôt, c’est qui ? Si c’était des vivants, j’suis à peu près sûre qu’ils seraient déjà en train de nous tirer dessus. « Je… faut qu’on bouge, c’est ça ? » J’essaie de pas respirer trop vite, de pas laisser l’angoisse prendre le pas. C’pas trop le moment de faire une crise de panique mais là, j’en suis quand même pas bien loin.

Elle entend à peine la question de MA, alors qu'elle observe Samhain gronder. Encore traumatisé par sa meute dévorée à l'époque ou elle l'avait récupéré, elle ne doute pas une seconde que son poils hérissé fait référence aux morts, et les râles qui suivent ne font que le confirmer alors qu'elle vient poser une main apaisante sur l'épaule de la rouquine.

Nan, t'inquiète. On à encore le temps, et on bougera pas en plein jour. Elle connaissait mieux la ville que n'importe qui. L'avait sillonné des années durant, pour survivre en solitaire. New Eden n'aurait aucune chance de les arrêter, si elles partaient de nuit. Mais de jour, elles seraient plus facilement repérables et arrêtable. Les morts seraient plus facilement visible, là ou la nuit leur offrirait l'avantage de l'effet de surprise, si elles devaient coincer l'équipe des bigots dans un coin de rue. T'es en sécurité ici. assure t-elle à sa cadette en venant la ramener contre elle, l'étreignant avec douceur. Et tant que j'suis encore debout, il t'arrivera rien. Même si c'était temporaire. Même si c'était l'affaire de quelques heures.

A ce sujet, d'ailleurs.. Parce qu'il faudrait bien avoir cette discussion. J'aimerai que tu me dise exactement ce que tu sais faire. Comment tuer les rôdeurs, te cacher, survivre. J'veux que tu me fasse un topo.

Et si l'idée pouvait sembler effrayante, elle n'en restait pas moins factuelle. Un jour viendrait ou elle ne serait pas là. Ou Johanna ne serait peut-être pas encore revenue. Et ou MA devrait survivre seule, sans paniquer, ou se laisser mourir. Son regard se fait plus sérieux encore en lui posant la question, alors qu'elle vient se laisser tomber sur le canapé, épuisée par le poids des pertes des dernières heures. Si elle reste sûre d'elle, les cernes bleutées de son regard ne cachent en rien la fatigue qui l'accable. Mais qu'importe. Elle dormirait tout aussi bien quand elle serait morte.

Les râles persistent, alors qu'elle relève les yeux vers l'origine du bruit, pas spécialement angoissée. La première chose que tu dois savoir, c'est que quand tu utilise un lieu pour te reposer, il y à toujours une sortie de secours. Ce magasin en avait une. Les vieux plafonds du sous sol amenaient jusqu'à une vieille grille d'aération donnant vers l'extérieur d'une ruelle avoisinante, au pire des cas. Et les morts peuvent parfois te servir de protection. New Eden n'irait pas les chercher là ou subsistaient quelques cadavres ambulants. Sans doute parce que personne ne serait assez dingue, pour prendre le risque de se cacher parmi eux.

Sauf elle, sans doute. Elle préférait ne pas répondre à cette question qu'elle se posait, caressant Samhain pour apaiser son grondement d'alerte. Quelques secondes après, le berger allemand se contenta d'une brève plainte, venant s'allonger entre elles deux en patientant.

Tant que es silencieuse et que ton entrée principale est infranchissable, ils ne viendront pas te chercher toi. Et au pire... Tu sais maintenant que le bruit les attire, pas vrai ? Récupérant sur l'étagère à côté d'eux une plaque commémorative en marbre suffisamment légère pour être lancée, lui posant dans les mains. Un bruit pareil les amènera dans la direction de ton choix, et te laissera le champ libre. et l'exemple n'en serait que plus parlant, quand elles devraient reprendre la route.

Je sursaute quand j’entends le chien se mettre à gronder. Forcément, mon estomac se noue parce que je sais qu’il serait pas du genre à s’énerver pour rien. Ca veut dire qu’il y a des mordeurs pas loin et j’me demande si, un jour, j’arriverais de nouveau à me sentir en sécurité quelque part. A cette pensée, j’ai encore envie de me rouler en boule et de me mettre à pleurer, mais je me contente d’une grande inspiration. Et de hocher la tête quand Lex reprend la parole. « D’accord. On reste là jusqu’à ce soir donc ? » Et après, on va à l’hôtel. Un truc pragmatique, auquel me raccrocher. J’en ai besoin là de suite.

J’ai une moue quand elle reprend, battant des cils à ses questions. « Alors euh… j’sais que j’suis pas super forte. Alors j’ai appris à bien observer. Et puis, à grimper. A me cacher en hauteur. Je fais pas mal de parkour avec Milow, je me suis habituée à passer par les toits de la ville. Les gens ont tendance à pas lever les yeux, ça joue pas mal. » J’ai un temps de réflexion, sans même me rendre compte que de réfléchir à ça me fait oublier tout ce qui me donne envie de pleurer. « J’apprends aussi à lancer des couteaux. A bien viser. J’ai même payé un type pour prendre des cours. J’sais pas me servir d’une arme, mais c’est trop bruyant de toute façon, j’aime pas. » Je fronce le nez. « Donc d’abord, je m’échappe. Et si je peux vraiment pas le faire, je vise la tête avec mon couteau. Ou ma batte. » Pour ce qui est de survivre, je grimace, fixant le vide un instant. « J’sais bien négocier pour récupérer des trucs. J’ai une bonne bouille, j’sais m’en servir pour qu’on soit attendri en me regardant. » J’ai un bref soupir. « J’sais que ça, ça va pas durer. Et les mecs vont finir par plus être juste attendris hein… » Au pire, j’ai toujours cette option-là. Celle de me vendre. Pas comme si j’étais la première à y penser de toute façon. Et j’ai bien vu au regard de certains qu’ils diraient pas non.

Mais j’chasse tout ça alors que Lex m’explique des trucs sur les refuges. Et ça, clairement, j’y connais que dalle. J’ai jamais eu besoin de me pencher sur le sujet, ça aide pas. Je hoche la tête, les yeux ronds. « Comment ça, de protection ? » Je me frotte le nez, attentive, avant de souffler, songeuse. « J’peux faire des pièges qui font du bruit alors ? Genre une grande ficelle avec des clochettes que je peux actionner pour les envoyer ailleurs ? » Je sais pas à quel point je raconte n’importe quoi mais là, faudra bien que je réfléchisse, surtout si je veux avoir de nouveau un vrai coin à moi ou me cacher. Parce que Seattle a été vidé… avait été vidé… de pas mal de mordeurs, c’était facile de se trouver une planque. Mais là, tout a changé. « Donc genre, trouver un coin en hauteur et une façon détournée d’y entrer ? » Je la regarde, espérant pas raconter trop de conneries, alors que j’essaie de bien retenir tout ce qu’elle raconte. Au moins, ça m’évite de trop cogiter, c’est pas plus mal.