Des fois, y a pas grand-chose à répondre. Mais au moins, j’me dis que Lex me comprend. Je sais pas si ça va vraiment arranger les choses et j’ai envie de lui demander quel est l’intérêt de continuer. J’veux dire, être là, c’est bien, c’est sûr. Mais si c’est juste parce que j’ai réussi à me relever, j’en vois pas trop l’intérêt. Mais là, on va dire que j’suis crevée, que j’ai pas la foi et que j’ai du mal à voir le côté positif des choses. Enfin, ça se trouve, y en a pas et je vais vite m’en rendre compte.

Je finis par hausser une épaule quand elle me dit que je me relèverais toujours. Ptet que oui, ptet que non, j’saurais pas dire. Et c’est pas si important, surtout s’il y a personne pour me voir faire. « On verra… » Soufflé dans un murmure, avant que la situation ne dérape de nouveau. Et mon ventre se noue alors que j’vois bien qu’on est pourchassées par les New Eden. Faut que je m’y fasse, ils nous laisseront jamais en paix. Et j’avoue, j’ai presque envie de leur hurler que j’suis là, qu’ils viennent me chercher, parce que je me sens pas de continuer toute ma vie comme ça. Ou quelque chose du genre.

Sauf que Lex me laisse pas le temps de réfléchir. « D’accord. » Hors de question de fuir sans elle de toute façon, même si je serre les clés entre mes doigts. J’ai l’impression d’être toute engourdie et j’écarquille les yeux quand je vois Samhain sauter à la gorge du soldat et Lex en finir rapidement avec l'autre. J’devrais probablement pas trouver ça cool hein. Je sais. Je suis Lex comme son ombre, me précipitant en direction de la moto avant de me figer à l’arrivée du nouveau garde. « Non ! » Il est en train de faire du mal à Lex, je peux pas rester comme ça, je peux encore moins démarrer la moto et m’enfuir, c’est hors de question.

Et j’sens contre ma hanche le poids du couteau que m’a laissé Tiago pour m’entrainer. Me laissant porter par les heures d’entrainement avec lui, je le saisis du bout des doigts et je le lance en direction du type. Qui se retrouve avec un couteau planté dans l’épaule. Ca suffit pour détourner son attention et je fonce sur lui comme un boulet. J’arrive à lui faire perdre l’équilibre, il a un cri de douleur alors que j’arrache le couteau de son épaule et que je lui plante dans l’œil. J’ai un cri de rage qui résonne dans la ruelle et j’ressens un curieux plaisir à sentir la lame s’enfoncer. Mais je me recule brutalement, le couteau toujours dans la main. Je me rends pas compte que je tremble des pieds à la tête. J’ai envie de pleurer, de hurler, d’un paquet de trucs. Je veux ma maman. Je veux Oxy. Je veux Johanna.

Mais ça marche pas comme ça. J’essuie une larme qui a roulé sur ma joue et je souffle, dans un murmure. « On se tire. » Je tends la main pour attraper celle de Lex. J’sais pas démarrer une moto de toute façon ou je vais me casser la gueule dans deux mètres si J’essaie. Partir d’ici. J’sais plus où elle veut aller, mais on s’en fiche. Tant qu’on s’éloigne de ces connards.

Elle entend à peine le cri de MA, alors qu'elle cherche à approcher ses mains du visage du soldat pour lui crever les yeux à la force des doigts. Ses poumons venant à la brûler dangereusement alors que l'air se refuse à circuler, enfonçant ses ongles dans le poignet du type qui semble définitivement ne rien sentir. Sa vision se floutant dangereusement avant que l'air ne revienne à sa gorge quand une lame vient s'enfoncer dans l'épaule de son agresseur, parvenant à se dégager d'un coup de hanche, toussant à la recherche de cet air qui lui avait tant manqué. C'est le cri de rage de la rouquine qui lui fait tourner la tête, alors qu'elle voit l'adolescente se jeter sur le soldat. Enfonçant son arme dans l'orbite de ce dernier, le poignardant à mort alors qu'elle observe la scène sans ciller, continuant de tousser alors que l'oxygène l'aide enfin à y voir un peu plus clair. Se relevant avec peine sur les genoux alors que MA semble sur le point d'exploser, croisant enfin son regard en hochant la tête.

Beau boulot. Parce qu'il n'y avait plus que ça qui comptait désormais. Tuer, ou se faire massacrer. Et tant qu'elles resteraient en ville, l'épée de Damoclès au dessus de leur tête ne les aiderait en rien à garder la tête froide. Venant se saisir de sa main pour se relever, sifflant Samhain pour que le berger allemand ne rapplique et saute dans le side car, avisant Mary Abigail qui n'a plus décroché un mot depuis qu'elle lui à tendu la main.

Viens là. Son bras s'enroule autour de son con, la ramenant contre elle pour la serrer un bref instant. Court, mais qui lui laisse au moins le temps de venir poser un bref baiser sur le haut de la tête, fermant un court instant les yeux. Elles ne pourraient pas s'éterniser. Pas avec les deux corps au sol qui amèneraient sans aucun doute la suite d'une escouade comprendre pourquoi leurs chiens de garde ne revenaient pas.

Accroche toi. qu'elle souffle à MA en venant vérifier que l'adolescente ne manquerait pas de tomber, démarrant le véhicule en trombe avant de le lancer avec puissance dans la première ruelle à sa portée. Ne jetant qu'un bref coup d'oeil dans le rétroviseur pour s'assurer que personne n'arrivait sur le lieu de leur départ, en dehors de quelques morts attirés par les récents éclats de voix.

Et maintenant, la direction de l'hôtel. Les nombreux détours la firent arriver à la nuit tombée, épuisée, mais en vie. Venant s'assurer que la petite rousse ne mourrait pas de froid avec l'arrivée de la nuit, alors qu'elle ralentissait enfin l'allure jusqu'a une centaine de mètres du lieu, juste au cas ou.

Prends tes affaires, on est arrivées. murmure t-elle avec douceur, veillant à ce que Samhain ne descende de son side car pour les suivre.

C’est un foutu cauchemar en vrai. Et je me réveillerais jamais. Je vais errer pour toujours dans la nuit comme ça, à tomber sur des types de New Eden qui vont essayer de me tuer. Et qui feront disparaitre tous les gens que j’aime les uns après les autres. Jusqu’à quand ? Aucune idée. Ptet jusqu’à ce que je devienne cinglée, allez savoir.

Mais là, que ce soit vrai ou non, j’peux pas laisser Lex se faire tuer sous mes yeux. Alors je donne tout ce que j’ai, jusqu’à ce que je me retrouve essoufflée, les yeux écarquillés, sans bien comprendre ce que je viens de faire. Je finis par hocher vaguement la tête quand elle reprend la parole. Je sais que j’ai fait ce qu’il fallait, mais ça m’empêche pas d’avoir envie de vomir. Ou de pleurer. Enfin encore plus quoi.

J’ai un soupir quand elle me ramène contre elle, m’autorisant un craquage alors que je laisse échapper un gros sanglot. « Ca… ça va. On est en vie. » Toutes les deux. Tous les trois avec Samhain. Je dois me raccrocher à ça pour le moment, y a rien d’autre qui compte. Et j’ai même pas un regard en direction des deux types. Avec un peu de chance, ils vont devenir des super mordeurs et bouffer tous le gens de New Eden. Ce serait cool ça. Je m’exécute et je passe mes mains autour de la taille de Lex quand elle démarre.

Et finalement, on arrive au motel. « J’sens plus mes jambes. » Un murmure soufflé en réponse, alors que je tangue une fois sur mes pieds. Samhain se colle direct à moi et j’ai un vague sourire à l’attention du chien. Pourtant, on est pas tout à fait arrivées. Je suis Lex quand il faut grimper à l’échelle, épatée de voir comment elle gère avec le chien. Et, une fois à l’intérieur, je regarde à peine autour de moi, m’écroulant sur la chaise qu’elle me désigne. Je lève à peine les yeux quand je la vois discuter avec une brune. Quelqu’un me pose une couverture sur les épaules et j’ai l’impression que je vais m’endormir. Ptet que je le fais un peu d’ailleurs. J’ai vraiment du mal à suivre ce qui se passe.

Lex finit par revenir vers moi et je fronce les sourcils en la regardant. « Tu vas partir c’est ça ? » Si j’ai soufflé ça du bout des lèvres, j’ai du mal à cacher la pointe de reproche qui en découle. Je sais qu’elle doit prévenir tout le monde, mais j’ai pas envie qu’elle me laisse, même pour quelques heures. C’est comme si j’allais plus la revoir. Je sais, c’est totalement débile. Si on a survécu à ces dernières 24 heures, on peut survivre à tout non ? Alors j’ajoute, toujours en chuchotant. « Tu me promets de faire attention à toi ? Et de revenir ? » Quoi, je peux toujours rêver non ? Et je m’enroule un peu plus dans la couverture, pour cacher que je tremble. Parce que je suis épuisée, que j’ai envie de pleurer. Ou de m’endormir pour plus jamais me réveiller. Un peu tout ça je pense. En attendant, je tends les bras vers elle pour avoir un câlin. Histoire de tenir le coup. Un truc du genre.

Encore un effort.

Tel un mantra, elle se répétait cette phrase, hochant la tête quand MA assura ne plus sentir ses jambes. Venant la porter jusqu'à l'échelle avant d'alterner avec Samhain, invitant le berger allemand à grimper sur son épaule, attachant contre elle une corde de fortune pour lui éviter de glisser le temps de la montée. Repose toi. J'en ai pour cinq minutes. qu'elle promet à la rouquine une fois en sécurité, ignorant la douleur qui irradiait dans chacun de ses membres, direction les explications qu'elle devait désormais donner à Rick.
Et sans surprise, rien ne s'était bien passé. Ana était finalement intervenue, alors qu'il ne cherchait même plus à la regarder. Fermant un instant les yeux avant de rejoindre MA, et de surprendre dans le timbre de sa voix le même reproche. Plus plausible néanmoins, pour une gamine qui venait de toute perdre quelques heures plus tôt.

Oui, j'vais partir. sa voix résonne étrangement à ses oreilles, alors qu'elle réalise qu'une fois encore, c'est à elle de se sacrifier pour en sauver le plus grand nombre, avec une amère sensation de déjà-vu. Mais la rouquine était adulte, désormais. A ses yeux du moins. Si personne ne les prévient, New Eden rasera ce qu'il reste des groupes, ce motel inclus. Prévenir les autres, c'est s'assurer qu'on puisse faire front commun. Sauver des vies. Tu comprends ? Son regard s'ancre un instant dans celui de Mary Abigail, sentant son coeur se serrer quand elle demande ce qu'elle espérait ne pas entendre. Faire attention, revenir. Ana l'avait déjà prévenu. Elle n'aurait aucun scrupule à partir sans elle. Venant serrer l'adolescente dans ses bras avec force, fermant un instant les yeux pour venir déposer un baiser sur le haut de sa tête avec douceur.

Je peux rien te promettre. C'était la guerre, après tout. Mais t'as ma chaîne, non ? Donc peu importe quand j'reviens, on finira par se retrouver toi et moi. Quoi qu'il arrive. Promesse insoluble qu'elle espérait tenir un jour. Revenant la serrer contre elle alors que Samhain suit le mouvement, réclamant l'attention de Mary Abigail pour une dernière caresse, alors que la brune vient border l'adolescente dans sa couverture. Toi, tu dois m'promettre de rester en vie. D'accord ? Ce serait largement plus aisé à tenir pour elle, entourée du groupe d'Ana.

J'dois y aller... souffle la brune à contre coeur. Les secondes s'égrenaient, avec le risque potentiel que New Eden ne prenne de l'avance n'était pas envisageable.