En soit ce n’est pas très compliqué, il faut surtout avoir un rythme respiratoire régulier. Elijah ne s’attendait pas vraiment à cette question, tant cela lui paraît logique: mais vu la la légère grimace d’Evan, autant prendre le temps de lui expliquer… Pour ça tu peux t’exercer à respirer par le ventre, tout en te concentrant sur tes expirations. Pourquoi cette respiration en particulier ? Eh bien car elle permet d’éviter les points de côté, et elle est surtout bien plus efficace pour rejeter le CO2 en plus grande quantité.

Non, pas exactement. Il a un sourire. On attendait pas de nous d’avoir les mêmes capacités qu’à notre jeunesse, juste de s’entretenir. Histoire d’être opérationnel lorsque cela était nécessaire. La santé physique était quelque chose d’important en tant qu’agent, du moins quand ils étaient pas de simples employés derrière un bureau. Moins, cela dépend dans quel sens. Parce qu’au final, être boulanger demande beaucoup de travail des bras. Et sûrement bien plus qu’eux, surtout au niveau de la répétition des gestes.

A sa question, il a un léger haussement d’épaule, la mine amusée. C’est possible, en tout cas cela ne m’étonnerait pas. Enfant, son comportement cochait une bonne partie des cases de l’hyperactivité: pourtant, il était bien plus considéré comme un petit rebelle qu’autre chose, quand on ne le comparait pas à maintes reprises à son jumeau si sage... Mais gamin c’était quelque chose… Je suis largement plus calme maintenant. Il a un sourire, en y repensant. Alors non, on était pas non plus obligés de faire du sport, mais il était nécessaire d’avoir une bonne santé en tout cas. Du moins pour les agents sur le terrain.

On pourrait croire que respirer est simple. Personnellement, je ne change pas ma respiration peu importe ce que je fais. Bon, je m’essouffle. Clairement. Alors, sur les directives du plus vieux, je glisse la main sur mon ventre pour sentir l’inspiration et me concentre alors un peu plus sur l’expiration. Je profite probablement un peu trop des questions et réponses d’Elijah pour repousser un peu l’exercice de course dehors. Je me redresse finalement du sol pour pouvoir m’asseoir sur le bord du canapé.

- Ca dépend à dire vrai. Il y a pas mal d’outil maintenant qui fait que les bras sont moins utilisés. Enfin, il y avait. Même si New Eden est bien entretenu, j’utilise plus mes bras maintenant que lorsque je travaillais avant.

Parce que je fais pas mal de chose chez moi. Et autant dire que je n’ai pas un gros moulin à pétrin. Ni de mixer, d’ailleurs. Mas ce n’est pas plus mal puisque j’ai appris sans les robots quand j’étais encore apprenti. Alors, c’est un petit retour en arrière qui n’est pas totalement déplaisant. Fatiguant mais pas déplaisant, évidemment.

- Le plus chiant, c’est de rester debout H24 pour moi.

J’aime bien apprendre des choses d’Elijah. C’est intéressant, peu importe le domaine, d’ailleurs. J’aurai aimé connaître Elijah quand il était plus jeune. Évidemment, par logique, soit je ne serais pas né soit j’aurai été bien trop jeune. Je ne sais même pas s’il se serait entendu avec mes parents, en plus de ça.

- Ah ouais ? T’étais un gosse infernal ? C’était pareil de mon côté. Mes frères me courraient après, généralement. Le sport t’a un peu canalisé ou pas du tout ?

Je n’avais pas pensé à ce détail effectivement… Mais bon, les machines aident plus qu’elles ne remplacent tout le travail manuel ! Du moins, il voit les choses ainsi: tout ces instruments facilitent quand même bien la vie des boulangers, pour autant elles ne peuvent pas faire tout le travail à leur place. Quoique, peut-être que si l’apocalypse n’avait pas eu lieu, peut-être que cela aurait réellement été le cas… Ah bon ? Mais de toute façon tu ne travailles pas toute la journée, non ? Lui n’a jamais eu vraiment de problèmes pour rester debout, mais ce n’est pas comparable car il est loin d’être statique.

Oh que oui ! Je ne tenais pas en place, et j’étais un peu le seul à être comme ça dans ma famille. Sauf peut-être ma sœur, en partie.  Il a un sourire en repensant à cette époque, celle des années 70, qui lui parait si lointaine maintenant… Tout comme son enfance plutôt insouciante. Ça ne m’étonne pas de toi, tiens, commente-t-il d’un air taquin, quand Evan lui avoue que lui aussi il était pareil. D'ailleurs Lydia m’entraînait dans ses bêtises, mais en réalité c’était plus souvent l’inverse.

Puis leur conversation dérive assez rapidement sur le sport. Oui en partie. Ça m’a appris à me défouler d’une autre manière… Même si clairement, ça n’a pas pour autant rendu ma période adolescente plus calme. Il a un léger rire en y pensant.

Il est vrai que les machines sont là pour aider. Mais de mon côté, je peux m’en sortir sans. Évidemment, je préfère nettement que le robot pétrisse des kilos et des kilos de pâtes plutôt que de le faire à la main. Bon, ça travaillerait mes bras et le  haut de mon corps, pour sûr. Mais je n’ai pas envie de rendre le tout compliqué quand je me peux faciliter autant la tâche. J’agite donc la tête de droite à gauche.

- Non. Je démarre à cinq heures du matin pour finir vers treize heures. Quand je ne fais pas une heure ou deux en plus si le collègue qui s’occupe de la vente n’est pas en retard. Ce qui arrive relativement souvent. Je me plains mais c’était plus complexe au démarrage. Maintenant, je suis habitué.

Je me plains parce que j’aime bien me plaindre, c’est surtout ça. Je souris finalement en écoutant Elijah. Bon, il était un gosse infernal. Au fond, ça ne me choque même pas. Il a la tête du gamin qui fait chier. Je souris un peu plus. Je ne connais pas du tout son frère mais de visuel, Luther n’a pas l’être d’être bien marrant. J’éclate de rire quand il dit ne pas être surpris par le fait que je sois turbulent.

- Ouais, je crois que j’ai aussi la tête du type chiant. Tu t’entendais bien avec tes frères et sœurs, Elijah ?

Je ne sais pas pourquoi je suis parti sur la famille. C’est toujours un sujet compliqué à dire vrai. Mais je suis content de voir qu’Elijah à au moins son frère et Mia. C’est moins complexe que d’être complétement seul, je pense. Enfin, on dérive à nouveau sur le sport et je me redresse finalement du canapé.

- Sans vouloir te vexer, je te vois pas comme un adolescent très stable. Je te vois bien draguer un peu, faire la fête et faire le con. On reprend ?

Oh, ça va alors ! Enfin, il est loin de dire que travailler sur ce genre de créneaux horaires est facile, mais au moins Evan a du temps devant lui le reste de la journée. Et c’est le plus important, non ? Il a un rire lorsque ce dernier dit avoir lui aussi la tête du type chiant. Il faut se dire que sans nous, la dynamique familiale n’aurait jamais été la même, ajoute-t-il après un instant de silence. Ses parents auraient eu leur petite famille idéale, avec des enfants sages et bien peignés, mais surtout obéissants… Un tableau bien trop parfait à son goût, presque débectant.

On s’entendait plutôt bien malgré nos différences, répond-t-il. Quoique, Lydia me ressemblait un peu sur certain points, elle était juste un peu plus calme. Et Luther… Je pense que tu as déjà eu l’occasion de le croiser, non ? Si c’est bien le cas, il est donc inutile de lui préciser qu’ils sont presque des opposés. Voir totalement. C’est vrai, je ne l’étais pas vraiment à cette époque.  Il sourit, aucunement vexé par sa remarque: après tout il avait fait beaucoup de conneries, bien assez pour choquer bien des habitants de cette ville…

Il est temps de reprendre ouais ! On va passer aux fentes avant et aux burpees. Dix séries chacun, deux minutes de pause entre les deux. Il le regarde. Prêt ?

Spoiler:

En y réfléchissant, je ne sais pas quel type de famille les Jensen aurait été sans moi. Probablement moins stressante pour eux, mes frères n’auraient même pas eu besoin de jouer les baby-sitters, au fond. Je suppose qu’il est préférable que je n’y pense pas plus que ça. J’ai pu croiser Luther, plus d’une fois. Et celui-ci ne semble pas beaucoup m’aimer. Je hoche alors simplement la tête avant de sourire.

- Je l’ai croisé. Mais il ne semble pas beaucoup m’apprécier. Je ne sais pas si c’est uniquement physique ou si c’est parce que je suis proche de Mia.

Je penserais plutôt pour la seconde option. Mais en soit, il n’a pas l’air si méchant. Un peu coincé, je suppose. Mais qui suis-je pour juger, de toute façon ? Il est temps de reprendre et je fronce les sourcils. Dix fentes avant et des burpees ? Mais je vais crever la bouche ouverte !

- Non, je ne suis pas prêt, je vais mourir hein.

Je pousse un soupire, m’avouant déjà vaincu parce que je ne pense vraiment pas être capable de faire ce genre de chose. Mais soit. Je vais essayer dans tous les cas. Je me place correctement et… au début, ça va. Au début. Les trois premiers quoi. Impossible de faire les dix. Je suis fatigué, je n’y arrive pas et mes muscles inférieurs tremblent dès qu’une fente est tentée. Les mains sur mes cuisses, j’agite la tête de droite à gauche.

- Tu veux ma mort, c’est officiel !

Je me plains, ouvertement. Les burpees ? HAHA. J’ai pu en faire trois, un quatrième même pas terminée et j’ai fini par m’affaler sur le sol, regardant le brun finir sa série. Les sourcils froncés, j’agite la tête de droite à gauche avant de pouffer de rire, beaucoup trop dramatique pour la chose.

- Laisse moi ici, Elijah. Sauve ta peau.

Je pense que tu connais déjà la réponse, répond-t-il naturellement, non sans lui jeter un regard entendu. Bien sûr, son frère n’est pas quelque de fondamentalement mauvais, loin de là… Mais il lui arrive de s'immiscer dans des sujets qui ne le concernent pas, à commencer par Mia, chose avec laquelle Elijah a légèrement du mal. Mais ce n’est pas le moment de s’attarder sur ce genre de sujet: alors, bien vite, ils se concentrent de nouveau sur la suite de l’entraînement.

Elijah a un sourire. Et tu penses me faire croire ça, après avoir totalement fait les premiers exercices ? Mais il doit bien vite admettre qu’Evan a raison, lorsqu’il le voit s’affaler sur le sol. Quant à lui, il finit sans aucun problème l’exercice. Il ne peut s’empêcher de rire en l’entendant faire sa drama queen. Bon je te l’accorde, je crois que tu vas t’arrêter là pour aujourd’hui ! Autant finir l’entraînement là-dessus, plutôt que de l’épuiser encore plus...

***

Petit à petit, à force d’efforts et de temps passé à faire moult exercices, Evan a de ce fait plutôt bien progressé: il n’a donc plus vraiment besoin de l’aide d’Elijah à ce propos. Peut-être est-ce désormais avec une certaine fierté, que le cinquantenaire observe le jeune adulte: après tout, au fil du temps, ce dernier est rapidement devenu à yeux l’équivalent… d’un fils, oui.

FIN.

Spoiler: