06 février 2022, bar de Fort Ward

La fermeture ne saurait tardait, et c'est bien sûr à ce moment là que Silas est tombé sur un mec bien sympa. Après quelques mots échangés, le courant est bien passé, ils ont bien papauté ; et maintenant, il est là, à rire aux éclats à sa connerie. L'alcool aidant, il a passé une soirée plutôt sympa, et malheureusement, elle n'est pas loin de se terminer. Il ne réalisait pas à quel point il est fondamentalement grégaire, et, à quel point il prend du plaisir juste à être avec des gens, échanger, et déconner.

« Putain, si tu savais à quel point ça me rassure de savoir que j'étais pas le seul demeuré à avoir passer des années dans les bois à sucer des cailloux » il s'emballe en s'esclaffant, avant d'expliquer son soudain rire : « Quand j'y pense, le nombre d'autres types qui d'vaient faire pareil que nous » l'alcool aidant, il n'article quasi-plus, et a un accent bien rural. Il s'emballe dans un rire qui peut devenir contagieux, alors qu'il termine : « Le nombre de fois où j'étais aux aguets parce que j'entendais des bruits suspects. C'était p-t-être juste un autre trappeur du dimanche en train de se prendre pour un arbre, en mode, p'tain, j'suis en danger » il imite grossièrement un type qui se figerait pour se cacher, avant de reprendre son rire, presque aux larmes. à croire qu'il avait bien besoin de décompresser.

Il se calme un peu, passe sa manche sur ses yeux, avant de demander à son interlocuteur :

« T'fais quoi toi ici maintenant du coup, buddy ? »

Spoiler:

Un, deux, trois, quatre….trois…cinq
C’est bon, s’il pouvait encore compter c’est que l’alcool qu’il avait ingurgité durant cette soirée ne faisait pas spécialement effet. Haha. Jeremiah Un. Alcool Zéro. un, deux…. Ah ouais nan, c’était le résultat pas une remise à zéro.
Merde, il avait du raté un truc ou deux sur le discours de son vis-à-vis. Hum… Midas. Non. Ça c’était un truc de ma mythologie en rapport avec une main et de l’or, et sans truc sexuel associé pour une fois. Elias? Nan trop pourri, ça sonnait mieux dans sa tête quand il s’était présenté. En tout cas il est question de sucer des trucs. Un instant Jeremiah se demande si c’est une proposition à se rendre dans la ruelle derrière le Summer’s mais il parle de cailloux… “Je suçais des carottes mais visualise pas ça fait trop pédé” rétorque le garde forestier avant de se rendre compte qu’il peut passer pour un gros con d’homophobe. “J’ai rien contre les gays hein! Ma première colocataire est lesbienne, la seconde jouait, je crois, sur les deux tableaux. Ma copine a eu une relation avec ma première colocataire et ma meilleure pote bah… elle aime tout ce qui est humain et consentant. Et Locklan est un homosexuel refoulé” assure-t-il, finalement très peu sûr de lui. Mais c’était toujours marrant de le faire chier. “Haha” Ouais, sa propre connerie l’avait toujours fait marrer.

“Si ça se trouve, on était comme deux cons planqués en ayant peur de l’autre alors qu’on vivait à cinquante mètres l’un de l’autre” fait remarquer le quadragénaire en mimant la position droite de… “Silas putain!” se rappelle-t-il sans se rendre compte qu’il le dit à haute voix.

S’octroyant une nouvelle gorgée de.. il ne sait pas vraiment ce qu’il boit mais c’est artisanal pour sûr. “Je m’occupe des… les trucs là, hauts et droits qu’il y a partout dans la forêt. Les arbres! Ouais voilà, toute la zone boisée de cette foutue île. Parfois je vais aider dans les plantations. Et je vais parfois au casse-pipe pour botter le cul de fanatiques. Ou me faire botter le cul!” Ouais parce que jusqu’ici il avait sûrement plus mangé que l’inverse.

Il fait abstraction de la prochaine mission parce que un, il n’a clairement pas envie d’y penser maintenant et deux… merde il a oublié le deux. “Pourquoi on s’est pas croisé plus tôt hein? T’es fun toi. J’aime bien les gens fun! Et qu’est-ce tu fous ici déjà?” Il lui avait peut-être déjà dit mais.. pouf… ça aussi oublié.

Quel bon gars, ce type. Il se ravise donc de lui demander de lui présenter sa meilleure pote, pour éviter de le froisser alors qu'ils partent en si bon termes. Néanmoins, il manque pas de prendre un air blasé à la suite de ses dires, et lui répondre :

« Abuse pas, homosexuel refoulé ça s'dit pas. L'est juste hétéro-curieux ton pote, y'a pas d'mal. On a l'droit de vouloir élargir le cercle de ses amis » sort-il, d'un air faussement sérieux. Il a clairement un peu trop bu pour atteindre ce niveau de beauferie ; signe que le bar fait bien de fermer.

Il n'hésite pas à rebondir sur son scénario :

« T'imagine ? Les idiots, putain. M'enfin ça m'étonnerais pas de ma part. Silas ouais, y'a quoi ? » relance-t-il, visiblement inhibé.

Il pose ses coudes sur la table, prend une inspiration, réfléchit un peu, et puis lui répond tout naturellement, comme s'il avait été investi de tout le savoir du monde l'espace d'un instant :

« Jardinier pour arbres, c'est ça ? La classe putain. C'est une belle forêt qu't'as là. Et crois moi, après des années à vivre là dedans, j'm'y connais en arbres et en forêt » la suite le rend perplexe, du coup il lui demande : « Attends, t'as l'occasion de rester au choix à t'occuper de tes plantes, et tu vas t'emmerder là-dehors ? Tu m'expliques ? »

Il se laisse aller un peu en arrière, avant de finalement répondre à ces dernières questions :

« J'étais passé quelques fois, échanger des trucs. Puis j'ai eu envie de me mettre au chaud, ou plutôt, je me suis chié dessus après qu'un de ces putains de démon a failli me refaire le cul. Donc j'ai proposé à la patronne d'aider avec l'armurerie, et c'est bon, j'devrais rester un moment »

L'alcool aide à être honnête, et pour le coup ; il ne ment pas. Sa rencontre en pleine nuit, avec un de ces nouveaux rôdeurs, l'a convaincu que c'était vraiment plus une bonne idée de rester seul. C'est pas le genre à être peureux, mais pour le coup, c'est clairement justifié.

“Tant qu’il veut élargir que le cercle de ses amis et pas un autre cercle moi j’m’en fous” déclare-t-il en se demandant quand même pourquoi il débattait sur un fait qui était complètement faux. Ah ouais, c’était peut-être lui qui avait lancé les hostilités. Les bro d’abord, militant contre la préservation de leur rondelle. Il se marre tout seul en imaginant le slogan porté par la foule, ça pourrait même plaire à ces cons de New Eden. C’est qu’ils semblaient tenir à leurs sphincters ces trous du cul. Sphincters… trous du cul… oh merde il était vraiment en train de tomber aussi bas qu’il continuait à se marrer à sa propre connerie intérieure? Ou alors c’était à celle de Silas qui surenchérit sur leur passé similaire. Est-ce que lui aussi avait viré marteau et avait commencé à devenir cinglé, seul en pleine nature? Jeremiah a au moins la retenue, une des dernières, de ne pas lui poser la question et se vendre par la même occasion. Ils étaient peu, à savoir qu’il avait, à un moment donné, perdu la boule et disjoncté et c’était très bien comme ça.

“Ouais!” s’exclame-t-il en tapant du plat de la main sur la table. “Jardinier des arbres!” Qu’il confirme avant d’émettre une grimace dubitative. “Non attends, ça a un autre nom…” Mais il a beau tenter de se rappeler l’intitulé exact de son ancienne profession, maintenant que celle employée par son pote du soir lui martèle le crâne dans une litanie pas si douce que ça, impossible de s’en souvenir. “On s’en fout” finit-il par abandonner en chassant une mouche imaginaire entre eux. D’ailleurs, son bras retombe mollement sur la table alors qu’il s’enfile une nouvelle gorgée. Son coude rate même le bord de celle-ci et il doit s’y reprendre à deux fois pour se réinstaller comme il faut. “Pffff j’ai au moins six bonnes raisons de risquer ma vie là-bas. Six je te dis” scande ce dernier en levant quatre doigts. “J’men souviens pas là maintenant mais elles existent!” affirme-t-il en opinant du chef comme pour donner du poids à son argumentaire sans argument.

Écoutant Silas lui narrer son arrivée ici, il acquiesce lentement, sachant un peu trop la dangerosité que représentait ces trucs et celle de l’extérieur dans sa globalité. “Tu remarqueras que peu importe le sujet évoqué, on revient systématiquement à la merde et au cul. Sans mauvais jeu de mots, doit y avoir un truc profond là-dessous, métaphysique, spirituel, transcendant même” Le pire dans tout ça? C’est qu’à cet instant précis le garde forestier en est convaincu. “Ok donc ton truc c’est les armes. T’es Texan, tu compenses un truc ou c’est juste une passion bizarre?” C’est qu’il est vraiment intéressé sous la lourdeur et les clichés de ses questions. “J’juge pas, je suis jardinier des arbres et je sais faire du feu avec de la la bouse de vache” Il hausse les épaules, sans préciser s’il est sérieux ou pas. D’ailleurs, à force de dire des conneries, il ne sait même plus s’il peut vraiment le faire ou non. Ou c’est l’alcool. Un, deux, quatre, cinq, trois…. Non, ça va, il est clean.

Il acquiesce le plus sérieusement du monde quand Jeremiah tranche. On s'en fout, oui. Jardinier des arbres il est et il restera. Quand il continue en annonçant avoir six raisons d'aller risquer ses miches là dehors, et qu'il lève quatre doigts, Silas fait de même, et compte un à un ces quatre doigts. Y'a visiblement un problème de maths, mais, c'est pas l'heure de le résoudre.

" J'en doute pas, t'inquiète. Fais pas l'con juste, ce s'rait dommage de t'faire fumer ou croquer " annonce-t-il vis-à-vis de ce commentaire. Un conseil générique mais d'une sincérité frappante vu le peu qu'ils se connaissent.

Puis, il acquiesce vigoureusement à ses réflexions suivantes, et se contente de souligner :

" Profond, oui, sans aucun doute " dans une obscénité inconsciente induite par une concentration indéniable et probablement indécente d'une certaine molécule dans son sang.  

Quand la question vient finalement, il hoche la tête, le regard vide quelques instants, avant de sortir complètement sérieux :

" J'voulais être mécano. Puis, au final, voilà. " son esprit se mélange un peu les pinceaux, il saute tout son développement pour arriver à la conclusion : " C'quasi pareil, t'façon. Un moteur thermique c'est un moteur à explosion. Une arme c'est un moteur à explosion. C'est de la mécanique qui bouge quand t'as un truc qui pète " il n'explique donc pas qu'il s'est résigné à devenir armurier parce qu'il a vu ses ailes se faire brisé, par une peur viscérale qui l'habite depuis un crash qui a bouleversé sa vie. il n'a pas de malaise, parce qu'il a l'alcool joyeux ; les sombres pensées ne se forment même pas qu'elles sont déjà chassées. il marque un instant d'arrêt, rajoute également en croisant le regard : " Puis retaper des canons ça m'a toujours parlé, tu vois " et il éclate de rire, pour continuer dans la lancée qui les feraient passer pour les pires rednecks du Fort.

Il est assez sûr de sa sexualité pour se permettre ce genre de vanne sans avoir à se justifier ; il aime les femmes, peut-être un peu trop d'ailleurs puisque ça lui a coûté un mariage. Une sensation étrange l'envahit alors, un léger vertige le prend. Il a l'impression de déconner avec ses gars, comme il le faisait dans le temps ; à vaciller entre obscénité et connerie typique de chez lui.

“J’suis pas le type le plus malin de la Terre mais j’suis pas suicidaire non plus” fit-il remarquer en levant l’index, louchant un long moment dessus en le rapprochant et en l’éloignant de son visage alors qu’il en voit deux. Délire. Fermant les yeux et secouant la tête pour se remettre les idées en place - ou les embrouiller un peu plus - il reporte son attention sur son compagnon de beuverie. “T’façon j’ai l’Empire Britannique sur le dos. Si je meurs, elle me ressuscite pour me tuer après.” Et il n’aime pas l’énerver, son empire british. Il l’aime bien son empire. Et il ne dit pas ça parce qu’il est bourré parce que clairement, il ne l’est pas. “Mais merci de ta solli… sollici… enfin merci mec” rétorque-t-il finalement en levant son verre dans sa direction avant de le terminer cul sec.

Renversant le verre, il tira la langue pour récupérer la dernière goutte. À cette heure-ci on ne les resservirait pas. Même s’il n’avait aucune idée de l’heure qu’il était, le peu de clients restants parlait suffisamment.

“Hein?” Qu’il répond dans une grimace d’incompréhension quand Silas évoque un désir d’être mécano alors qu’il parlait d’armes juste avant. Plaçant une main devant lui, paume au ciel, il mime le même geste avec la seconde, dans la même position pour tenter de trouver un lien entre les deux idées, comme si les imager avec son corps l’aiderait à trouver sens à tout ça. Et puis l’homme lui vient inconsciemment en aide et explique d’une manière simpliste l’association d’idées. “D’la mécanique qui bouge ouais…. j’ai connu une mécano une fois…” commence-t-il en prenant un petit air rêveur sans pourtant terminer sa phrase, comme si l’évidence était palpable alors que clairement, non.

Revenant à la réalité au mot canon sans savoir trop de quoi parlait son vis-à-vis, il efface ses mots d’un mouvement de la main. “Ce camp est rempli de canons mec. Mais ils sont tous gays. Enfin ils sont tous lesbiennes. Elles. Bon peut-être pas toutes. Même peut-être pas tant que ça. Les plus belles en tout cas. Arf oublie, je dis de la merde. Et c’est pas le plus important.” Sauf s’il voulait un plan trempage de nouilles, là, ça deviendrait plus problématique. “Le plus important c’est ce qu’on va faire une fois que ce bar va fermer, parce qu’il est pas question de finir là-dessus! On va partir à l’aventure toi et moi, avec notre bite et notre couteau. Sans le couteau. Et à bien y réfléchir laisse ta bite dans son pantalon aussi, on se contentera de l’aventure.”

L'Empire Britannique sur le dos ? Qu'est-ce qu'il raconte ? Silas le dévisage  un peu, déphasé, avant de sortir :

" Mais l'deuxième amendement, il est là pour ça, putain ! Te laisse pas oppresser ! Mi... milite toi armé ! " finit-il par presque bégayer, à un stade où les phrases n'ont plus vraiment besoin de sens pour être comprises.

Il le regarde avec envie alors qu'il finit son verre ; lui même ayant achevé le sien un peu plus tôt, alors qu'il part pour partir de sa pote mécano. Puis, en fait non. mais c'est pas grave,  et ils sont déjà passés à autre chose.

Il l'écoute attentivement, secoue la tête avec intérêt alors qu'il lui expose une situation importante. Puis, il éclate de rire, jusqu'à en cacher son visage dans son coude, toujours posé sur la table. Il relève sa tête, avant de lui sortir :

" Ah bah j'comprends mieux tes six raisons de sortir mon salaud, monsieur prend des risques pour  aller tremper son biscuit à cause des hordes de lesbiennes, j'comprends " six amantes, il n'est clairement pas avec un amateur. Où va-t-il les trouver ? M'enfin. Qui est-il pour juger ? Surtout qu'il est très mal placé pour le faire. Alors, il n'en dit rien, se contente de réagir à sa proposition suivante. Il acquiesce sans rechigner à sa proposition, mais fait mine d'être excessivement déçu à chaque fois qu'il enlève un élément de leur aventure à venir. Il commente finalement, tapant ses poings sur la table :

" P'tain, mais on a plus l'droit d'rien faire, hein ? M'enfin, on va faire avec "