Je sens mon cœur battre fort tandis que je parcours les derniers mètres qui me séparent de notre refuge. On m'a déposé il y a une petite heure à quelques kilomètres de là et depuis, je lutte pour ne pas courir tellement l'impatience est grande. Lorsque j'ai parlé à Wyatt pour la dernière fois au talkie, je lui avais donné rendez-vous dans une quinzaine de jours, sauf qu'entre temps, il y a eu cette fichue tempête qui a contrarié tous mes projets. J'ai dû attendre que quelqu'un se rende plus au sud pour faire la route avec lui.

Est-ce que Wyatt sera là du coup ? Est-ce que la tempête ne l'a pas touché ? Et s'il était blessé ? Ou pire ? Trop de questions se bousculent dans mon esprit, tant et si bien qu'une fois devant mon abri, je m'arrête, indécise. Je regarde longuement la poubelle qui dissimule l'entrée du refuge. Je suis certaine qu'il ne sera pas là, c'est impossible qu'il ait attendu tout ce temps. Il a surement cru que je lui posais un lapin. Dans ma poche, il y a le petit cadeau que je lui avais promis. Je trouve ça un peu ridicule maintenant que je suis là.

Finalement, je prends mon courage à deux mains et je pousse le lourd conteneur. J'entre dans l'ancien appartement et je lance à voix haute : « Il y a quelqu'un ? » J'avance alors, fébrile, inquiète. Il ne peut pas être là, c'est impossible.

Mon regard fouille la pièce, persuadée que je ne vais trouver personne. Et soudain, je le vois, il s'avance vers moi et me prend dans ses bras. « Wyatt ! » Je laisse échapper son prénom dans un petit cri. Le trouver ici est presque surréaliste. Un petit rire de joie m'échappe quand il me serre contre lui. « J'avais peur qu'il te soit arrivé quelque chose aussi ! » Je me recule légèrement pour le regarder, il a l'air en pleine forme. « Je vais bien ! » J'affirme avec force. La tempête ne m'a pas vraiment impactée gravement, j'étais sortie chercher mon frère et j'ai dû rester bloquer dans une maison isolée quelques temps.

Je n'ai aucune idée de comment lui s'en est sorti et une petite moue inquiète se dessine sur mon visage. « ça fait longtemps que tu es là ? Tu n'as pas souffert de la tempête ? Ton campement non plus ?  » Je m'arrête juste pour respirer « Vous avez rien eu de cassé ? Personne de malade ? Et toi ça va ? » Trop de questions, je me mords la lèvre en retenant un petit rire. Et puis, naturellement, je viens le reprendre dans mes bras pour le serrer contre moi. « Je suis contente que tu sois là... » Depuis la thérapie avec Faith, j'ai moins de soucis avec le contact humain, au contraire, je me rends compte que de serrer Wyatt dans mes bras, ça me fait le plus grand bien et je ressens comme des petits papillons au creux du ventre. C'est étrange et probablement la première fois que je ressens ça, mais c'est loin d'être désagréable...  

Wyatt prend le temps de répondre à chacune de mes questions et il n'a que des bonnes nouvelles. « Ouf, je suis contente que tu n'aies rien et que ton campement n'ait pas trop souffert aussi. » Même si je n'y suis jamais allée, ça m'embêterait d'apprendre que son groupe s'est effondré à cause de la tempête. Quand le ranch où je vivais a brûlé, ça m'a mis un coup, je ne souhaite ça à personne. « Vous allez pouvoir réparer ce qui est cassé ? » Je crois que je ne réalise pas trop si son groupe est plutôt important ou s'ils ne sont qu'une trentaine, voir moins ? Enfin, s'ils ont la radio, c'est qu'ils sont assez conséquents, j'aurais peut-être dû me renseigner un peu plus auprès des Stars.

« Toi aussi, tu.. tu m'as manqué... » Et quand il pose son front sur le mien, je ferme les yeux. C'est fou comme on peut s'attacher à certaines personnes et à quel point, elles peuvent devenir importante... Le courant est vite passé entre nous deux, même si tout n'avait pas bien commencé puisque j'ai tenté de l'assommer, le prenant pour un pilleur. Il compte beaucoup, j'ai attendu chacun de ses appels à la radio avec impatience, prenant plaisir à lui parler, à entendre sa voix et à avoir de ses nouvelles.

Je sens une vague de chaleur monter en moi, je me sens bien. Et je ne sais pas ce qu'il m'arrive. Sentir le visage de Wyatt aussi proche du mien, je n'ai qu'à m'avancer légèrement pour m'emparer de ses lèvres. Je réalise alors et je me recule précipitamment, rouge écarlate. « Je.. Je suis désolée... » Je fixe mes pieds, bon sang, la honte !

Je me sens soulagée pour lui, pour son groupe quand Wyatt m'affirme qu'ils vont s'en remettre.   « Cool, tu pourras te consacrer à mes futurs cours de conduite alors ! » Je laisse échapper un petit rire. Je n'ai rien oublié de notre conversation quelques temps plus tôt. Il m'a affirmé qu'il m'apprendrait à conduire, même si c'est sur une voiture qui n'avance pas. Évidemment, c'est très loin d'être une priorité mais si ça me permet de passer un peu plus de temps avec lui..

Et puis quelques secondes plus tard, c'est la gaffe. Je le regarde fixement, sentant mon cœur battre la chamade dans ma poitrine. Je me sens tellement honteuse, c'est un ami, une personne à qui je tiens énormément, et j'ai probablement tout gâché en l'embrassant. Je ne sais même pas ce qui m'a pris. Le voir là, si près, son visage à quelques centimètres du mien, j'ai perdu tout raisonnement logique. Wyatt affirme que je ne dois pas m'excuser. « Si je... » Je n'ai pas le temps de finir ma phrase, il s'empare de ma main et lie ses doigts aux miens. Je les regarde, surprise. Et puis quand il avance à son tour son visage vers le mien, je me sens fondre de l'intérieur. Il m'embrasse. C'est agréable, doux.

Quand nos visages se séparent, j'esquisse un petit sourire, intimidée. Je fais mine de m'humecter les lèvres. « Hmm, ça a un petit goût de "reviens", non ? » Et sans attendre sa réponse, je me penche vers lui et je l'embrasse à nouveau, allant jusqu'à poser une de mes mains sur son torse. Oh oui c'est agréable, c'est certain, et les battements de mon cœur, les petits papillons au creux de mon ventre ne sont pas là pour me contredire...