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Let the bad times roll

Ven 18 Nov 2022 - 16:33

Le retour à Fort Ward ne s’était pas fait sans difficultés. La plupart d’entre nous étaient à cran, éreintés par une victoire qui restait amère. Au moins, nous avions retrouvés William indemne une fois au QG. Je m’étais tellement inquiété pour le québécois qu’il avait dû m’écouter râler pendant des heures sur l’état lamentable dans lequel il m’avait ramené son avion. La flotte aérienne commençait à tirer la gueule, mais ce n’était rien en comparaison des pertes humaines. Adrienne ne remarcherait peut-être jamais. Ce n’était pas comme si une prothèse était évidente à trouver par les temps qui couraient, non ?

Je pensais surtout à Zi qui avait dû procéder à cette amputation à l’arrache, dans des conditions assez précaires, avec peu ou pas d’aides. Elle avait dû rassurer juste avant une foule paniquée d’individus traumatisés par ce qu’ils venaient de vivre, sans compter que je l’avais pressé pour appuyer la détente sur le crâne d’une gamine condamnée qui ne devait pas avoir huit ans. Je ne pouvais pas m’empêcher de ressasser. Elle aurait dû me laisser faire, au moins pour ça. J’aurais pu lui épargner de prendre cette vie-là. La guerre était bien souvent laide et, à mes yeux, elle n’avait pas sa place sur un champ de bataille. Ce n’était pas une question de compétences à proprement parlé.

Mes pas m’avaient mené jusque chez elle. J’avais frappé à plusieurs reprises à sa porte, avant de me décider à allumer une cigarette en attendant qu’on m’ouvre. Je les avais chèrement acquises plus tôt à la péniche contre Levi. Je les économisais autant que possible depuis, mais la situation méritait bien de s’en griller une. Je me demandais vaguement si c’était Bonnie ou Zi qui finiraient par ouvrir. L’une ou l’autre m’allait bien, au fond. « Hey… » La porte s’était finalement ouverte sur cette dernière, dans l’embrasure. « Je me ramène un peu à l’improviste, mais c’est pas comme si on avait encore des téléphones. » Ma tentative d’humour était merdique, je le savais très bien. « T’as envie de… marcher un peu ? » Ca avait failli m’échapper de lui proposer de boire un verre, les réflexes avaient encore la vie dure.
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Re: Let the bad times roll

Ven 18 Nov 2022 - 16:59

Jamais ses journées n'ont été aussi rempli que depuis son retour de Colville. Elle est par mont et par vaux, dans l'idée d'occuper son temps et s'éviter de penser. Impossible de s'arrêter, sinon c'est la promesse d'une vive culpabilité pour l'éprendre à la gorge. Et Zi n'a pas franchement le temps pour ça. Voilà que sur le seul jour qu'elle s'accorde depuis les deux semaines qu'elle vient de passer à écumer le dispensaire de fond en comble, pour ne passer ici que pour dormir, elle s'est lancée dans une entreprise qui ne lui réussit pas souvent. Et on voit le résultat à l'état de son plan de travail, aux œufs qu'elle a mal cassé, à la farine répandue à côté, à la vaisselle qui s'amoncelle de travers dans l'évier.

C'est presque pathologiquement qu'elle s'est lancée dans la confection des plats de la semaine entière, de quoi permettre à Bonnie de souffler un petit peu. Et ceux, avec la méthode à appliquer de la biologiste pour éviter toute forme de contamination, ou qu'importe ce que ça peut être. Travailler sur sa phobie des germes n'est pas de tout repos, mais au moins, il y a du progrès. Un soupir lui échappe, elle retrousse ses manches après avoir enfourné son plat, prête à plonger les mains dans l'eau chaude et entamer une vaisselle de tous les diables. Mais on frappe à la porte alors qu'elle a de la mousse quasiment jusqu'à la poitrine.

Un soupir lui échappe, elle retire ses mains de l'eau, coupe cette dernière, la rallume, se reprend. Non, elle doit la couper. Le four, une dernière vérification, la température est à la bonne hauteur mais elle a comme un doute. Et se trouve-t-elle sur le bon mode de cuisson ? Mince, qu'a-dit Bonnie, déjà ? La porte ! Elle se détourne, abandonnant ce qu'il y a sur le feu, pour retrouver la poignée qu'elle saisit en ouvrant finalement. De l'autre côté, elle découvre Locklan, lui offre un sourire : Bonjour, le salut-elle alors. Hoche la tête à sa remarque : Tu peux venir quand tu le souhaites, assure-t-elle. Sa présence a le mérite de lui occuper l'esprit aussi, ce n'est pas plus mal qu'il soit là. Même si tu me trouveras plus facilement au dispensaire, les prochaines fois, explique-t-elle.

Ils ne se croisent dernièrement que très rapidement, et Zi culpabilise un peu de le mettre de côté pour se consacrer à... Tout ce qui l'obligera à penser à autre chose que la mission à Colville. J'ai une tentative presque fructueuse de gâteau au four actuellement. Mais dès qu'il est sorti, on peut aller marcher si tu veux, propose-t-elle. Oh, et... Ce qu'il y a sur les becs à gaz ! Elle ne doit pas les oublier. Viens, elle le laisse rentrer, refermer la porte, hume le parfum dans le salon et se rassure que ça ne sente pas encore le brûler. Bonnie m'a laissé les instructions, alors normalement ça devrait être... Mangeable, normalement. Comment est-ce que tu vas, aujourd'hui ? Demande-t-elle un peu distraitement, en coupant le feu.




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Re: Let the bad times roll

Jeu 24 Nov 2022 - 0:27

Il lui fallut quelques minutes pour ouvrir la porte, ce qui était juste parfait pour me laisser le temps de finir ma clope. Je lui offris un sourire quand Zi me proposa de venir comme bon me semblait. « Tu devrais faire attention avec ce type d’invitation, je risquerais de te prendre au mot et de passer tout mon temps libre à squatter chez toi. » J’eus une moue ennuyée ensuite. « Ouais… J’ai remarqué que tu étais souvent au dispensaire. » J’y étais même passé avant, pour m’assurer qu’elle était bien ici pour une fois. « Mais j’en suis pas au point de te déranger quand t’as envie de bosser, princesse. » Le travail avait toujours été un bon exutoire pour elle, j’avais eu le temps de le remarquer. Et elle n’avait pas besoin d’un petit ami collant occupé à faire le pied de grue à son travail, dans l’espoir qu’elle lui accorde un peu d’attention. Ce n’était pas mon style, et puis… j’avais aussi eu beaucoup à faire entre mes nouvelles responsabilités dans la sécurité et la réparation des avions jugée prioritaire. J’étais moi-même assez occupé.

J’entrai à sa suite, promenant mon regard un peu partout à la ronde. Je sifflai, d’un air admiratif. « Votre coloc’ est d’une propreté sans pareille comparée à la mienne. » Ca ne m’avait pas choqué autant la première fois que j’étais passé en coup de vent chez elle. « Nous, c’est un peu le chantier en permanence, avec les filles qui passent leur temps à aller et venir entre deux avant-postes. » Au moins, j’étais tranquille avec mes petites manies la plupart du temps. Je pouvais même boire en paix, les meilleurs jours.

Je me baissai un peu pour aviser le contenu du four, vu que Zi en parlait. « Ca sent bon. » … Pour le moment. « Je croyais que tu étais un désastre en cuisine ? C’est Bonnie qui t’as fait changer d’avis ? » Je relevai le regard vers elle, croisant brièvement son regard. Rien qu’échanger quelques banalités avec elle était agréable, mais mon sourire se teinta d’un quelque chose d’indéfinissable à sa dernière question. « C’est plutôt moi qui devrais te demander ça, princesse. Tu es encore plus renfermée que d’habitude. » Est-ce qu’elle en avait seulement conscience ? « C’est à cause de ce qui s’est passé à Colville ? »
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Re: Let the bad times roll

Ven 25 Nov 2022 - 13:26

Tu ne me déranges jamais, même en coup de vent, ça me fera plaisir de te voir, précise-t-elle avec un sourire de circonstances. Elle aimerait lui dire mieux que ça, mais est consciente qu'il n'y a sans doute que sur des entredeux qu'elle parvient à se lier aux autres ces dernières semaines, et d'autant plus depuis le retour de Colville. Elle ne peut pas faire mieux, elle n'en a pas l'énergie psychologiquement. Un presque-rire lui échappe : Oh, tu le remarques aussi, souffle-t-elle à Locklan alors qu'il constate la propreté excessive de la maison : Bonnie a quelques tocs, précise-t-elle. Pourtant, Zi n'est pas en reste niveau organisation et rangement, plutôt maniaque dans le genre. Mais à côté de Bonnie ? Elle relativise.

Je la croise parfois le matin quand elle est en combinaison avec une brosse à dents et trois bassines de javel pour récurer la maison, souffle-t-elle avec un air contrit : En rentrant, mon premier réflexe est d'aérer pour éviter de tomber dans les pommes à cause des vapeurs de produits ménagers, qui ont tendance à stagner sinon. Elle se demande comment fait la biologiste pour ne pas elle-même s'intoxiquer avec. Mais elle est tellement équipée en protection que finalement, ça n'est pas si étonnant : Ça allait sensiblement mieux avant que Clayton et Zelda rentrent chez nous par effraction, ajoute-t-elle dans un soupir. Et depuis ce pas en avant, c'est dix pas en arrière.

Malheureusement. Les choses s'amélioreront progressivement sans doute, du moins elle l'espère et ne désespère pas. Il n'y a finalement aucune cause perdue, non ? Ce n'est pas encore ça mais Bonnie m'a formé au B.A.BA, finalement ce n'est pas difficile de faire quelque chose d'acceptable, plaide-t-elle en saisissant le torchon qu'elle replie sur lui-même pour pouvoir saisir le plat au four et regarder où en est la cuisson. Mais elle se fige dans son mouvement quand Locklan reprend la parole. Elle n'ose pas vraiment le regarder, l'espace d'une seconde, elle a l'impression d'être prise en faute. Oui, en partie, répond-t-elle en contrôlant son timbre.

Je ressasse les mêmes choses, en me demandant si j'aurais pu sauver la jambe d'Adrienne en m'y prenant autrement, confie-t-elle à l'homme en pinçant les lèvres, triturant le torchon un temps : Il y a ça, et puis, il y a aussi ces femmes qui ont besoin de... De se remettre de leurs blessures et qui ne savent plus comment s'y prendre, qui cumulent des traumatismes et je crois que j'arrive au bout de ce que je peux encaisser en ce moment, comme un vase un peu trop plein, j'ai besoin d'occuper mon temps et de... D'éviter de ressentir constamment la même chose pour ne pas me laisser dépasser, explique-t-elle : Alors, tu vois à quoi je tue mes journées pour ne pas réfléchir, fait-elle avec un sourire. Mais tu n'as pas répondu à ma question, et ses yeux reviennent vers lui : Tu penses encore à Colville ? Et notamment : à cette enfant, non ?




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Re: Let the bad times roll

Sam 26 Nov 2022 - 19:18

Je lui souris un peu, sans mot dire. Ca me faisait vraiment plaisir de l’entendre me dire que j’étais le bienvenu, peu importait l’heure, et même pour une courte durée. Peut-être bien que j’en avais un peu douté à la voir si souvent absente. Elle avait la fâcheuse manie de se laisser absorber par son travail sans plus faire attention à ce qui se passait autour d’elle. C’était visiblement à moi de faire l’effort d’aller vers elle, car l’inverse ne risquait pas de se produire dans l’immédiat.

Pourtant, elle paraissait ravie d’échanger sur quantité de sujets, tant que ça ne la concernait pas directement. Comme toujours, Zi se souciait avant tout des autres. Sa colocataire était évidemment en tête de liste, parce qu’elle partageait son quotidien. « J’avais remarqué, oui. Enfin… je ne pensais pas que c’était à ce point, à vrai dire. » Bonnie avait bien quelques manies, mais rien qui ne m’avait sauté aux yeux lors de nos entraînements. « Elle doit prendre sur elle quand on s’entraîne, ou alors elle n’a pas le temps d’y réfléchir vu que son petit cerveau bien fait est occupé à tout assimiler. » Je n’étais pas du genre à laisser beaucoup de temps mort, en tant qu’entraîneur, à vrai dire. Il y avait quand même certaines choses qui m’avaient laissé dubitatif la concernant. « Est-ce qu’elle t’a parlé… de son histoire ? » Je n’avais pas envie de trahir un secret. « Bonnie est bizarre. C’est comme si… elle était incapable de ressentir quoi que ce soit, ou se refusait de le faire. Elle m’a parlé de choses qu’un humain lambda aurait eu un mal fou à encaisser et… tout lui paraissait égal. Je saurais pas comment le décrire en fait. » Mais ça m’avait inquiété de l’entendre en parler. « Est-ce que tes échanges avec elle aussi sont… aseptisés ? » J’avais du mal à comprendre qu’une simple effraction ait pu la perturber à ce point en comparaison. « Qu’est-ce que Clayton et Zelda foutaient ici ? » Ca n’avait aucun sens.

Je me tirai une chaise pour m’installer à la cuisine, la regardant simplement faire. Ce n’était pas moi qui allais lui enseigner comment cuire correctement un gâteau. C’était plus simple de lui montrer comment tirer sur une cible ou se débarrasser d’un rôdeur. Mais l’expérience m’avait prouvé que Zi était avide d’apprendre quantité de choses. « Tu veux toujours exceller dans tous les domaines, princesse, hein ? » Rien n’était assez beau ni assez parfait à ses yeux.

La preuve était qu’elle ressassait beaucoup ce qui s’était passé à Colville. Mon regard s’assombrit un peu en songeant à la pilote. « Tu sais, en mission, on se demande toujours ce qu’on aurait pu faire de plus ou de moins pour éviter un drame… mais la mort est notre quotidien. Je me souviens encore de toutes les têtes qui constituaient notre joyeuse bande à l’armée quand j’ai débarqué… beaucoup sont morts depuis, et peu prennent le relais. » La guerre avait prélevé un lourd tribut sur nos forces vives, mais j’étais toujours prêt à me battre coûte que coûte pour ma part. J’avais de bonnes raisons de vouloir prendre les armes contre le colossal New Eden. « Avec le recul, tu sais maintenant combien de jours nous séparaient de notre destination finale. Tu crois que ça aurait été plus judicieux d’attendre pour l’opérer avec de vrais moyens ici ? Ou que ça aurait été trop tard ? Est-ce que ça aurait seulement changé quelque chose ? » Je lui posais toutes ces questions pour l’aider à faire le point. « Tu as agi, sur le coup, avec les informations que tu avais à ce moment-là. »

Mais il n’y avait visiblement pas que ça. Tout le monde allait trouver Zi pour lui parler de ses peines, de ses traumatismes, de ses souffrances… et elle devait encaisser tous les malheurs du monde en se tenant droite, à conseiller tout le monde. Je commençais à comprendre qu’elle atteignait peu à peu ses limites, même si elle avait une force mentale impressionnante. « Tu devrais souffler un peu. C’est pas possible de leur dire de te laisser quelques jours à toi, et de voir Ivy en cas d’urgences ? Elles sont installées, là. Rien ne presse. » J’aurais peut-être dû venir plus tôt, finalement. « Est-ce qu’il faut que je fasse le mec pénible qui en a marre que sa copine passe tout son temps à faire des heures sup’ pour que tu ralentisses un peu ? Parce que ça me gêne pas de le faire… » Je perdis rapidement ce sourire amusé quand elle me renvoya encore la question en miroir, désireuse de savoir comment j’allais. « T’aurais dû me laisser gérer là-bas, Zi. Je pouvais encaisser, ça aurait pas été la première fois. Et je me serais peut-être senti moins impuissant à te regarder tout endosser seule. » Je savais éteindre mon cerveau pour simplement presser sur la détente. J’avais dû le faire à de nombreuses reprises. Est-ce que ça rendait les choses plus faciles ? Sur le coup, sûrement. C’était une autre histoire, une fois rentré au bercail.
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Re: Let the bad times roll

Sam 26 Nov 2022 - 20:16

Non, elle reste très secrète à ce sujet, nos séances tournent surtout autour d'exercice et d'un conditionnement pour l'habituer progressivement à perdre ses tocs, ça a montré quelques résultats intéressants, en tout cas, avant l'intrusion de Clayton et Zelda. Désormais, Zi sait qu'elle doit revoir une partie de son protocole de soin pour permettre à Bonnie de rattraper le retard qu'elle a pris à cause d'eux. Il faut dire que jamais ses tocs n'ont été si sévère qu'aujourd'hui, et ça n'est pas du tout pour la rassurer. Elle a un soupir de circonstances, avant de lever les yeux vers Locklan : En général, oui, leurs discussions ne vont pas très loin. Zi ne force jamais rien, et n'essaie de tirer aucune confession. Il n'y a que Bonnie pour mettre son rythme.

Visiblement son compagnon a un autre point de vue sur la question et ne tarde pas à le lui faire comprendre. Son explication ne traine pas et Zi reste songeuse en l'écoutant : Je ne suis pas une personne avec qui elle pourrait avoir envie de se livrer par amitié, ne serait-ce que pour l'aspect soignant-patient, difficile donc d'œuvrer dans ce sens, ou de sortir de cette position. Vous n'êtes pas amis, par hasard ? Lui a-t-elle dit d'avantage ou doit-elle essayer de creuser par elle-même : Est-ce qu'elle te semble feindre des réactions émotionnelles ? Comme si elle pensait que c'était ce que tu attendais d'elle, ou d'une personne normale ? Questionne-t-elle. Ou te semble-t-elle seulement indifférente ?

L'un ou l'autre de toute façon, la situation serait suffisante pour la préoccuper officiellement, même si elle n'en mentionne rien pour l'instant. Elle soupire avant de revenir vers lui et rouler des yeux sans cacher la soudaine froideur que ça lui inspire : Ils ont voulu récupérer mes notes pour pouvoir les lire, puisqu'elle les a tous les deux en consultations. Et pour Zelda, probablement aussi les revendre à mes autres patients, afin de saboter les suivis de tout le monde au passage, évidemment. Quitte à tomber, autant que ça ne soit pas seule. Il y a eu deux coquilles dans leur plan : mes notes sont écrites en chinois, et Bonnie était présente à la maison cette nuit-là, explique-t-elle en se détournant pour s'activer sur le plan de travail, sortant le gateau du four pour le poser sur la surface.

Et ça a eu des conséquences malheureuses pour elle, ils l'ont agressé parce qu'elle s'est défendue en essayant de les chasser, ils l'ont ligoté apparemment et lui ont sorti la pire histoire pour justifier leur présence, elle n'a pas digéré la situation, d'autant que si l'adolescente a présenté ses excuses, ça n'est pas du tout le cas du père de famille à qui elle n'a pas réadresser la parole depuis. Ce n'est visiblement pas pour le déranger, de toute évidence. Même si son suivi se fait plus en pointiller, et ça ne va pas en s'arrangeant. J'ai demandé à Zack de venir changer ou vérifier tous les accès après ça, elle-même ne s'est plus sentie en sécurité ici durant quelques temps. Voilà pourquoi elle s'est portée volontaire pour quelques opérations à l'extérieur. Aujourd'hui ? Ce n'est toujours pas parfait. Et elle le regrette.

Elle ne se fige dans ses mouvements que pour revenir le fixer un temps avant de baisser les yeux. Les questions qu'il lui pose, elle a l'impression de les avoir ressassés dans son crâne des millions de fois. C'est cependant toujours différent quand ça vient d'une autre personne, d'autant plus quand on estime cette personne. Non tu as raison, elle serait morte d'une septicémie avant que nous atteignions Fort Ward, j'en ai bien conscience, souffle-t-elle tout bas en soupirant : En préparant le sac médical, je sais que j'ai couvert tous les angles, mais pour pouvoir la sauver de son infection, il m'aurait fallu une pharmacie entière, qu'elle n'avait pas sur elle. C'est ce qu'elle regrette, même si avec le recul, c'était tout simplement impossible.

Alors une jambe au lieu de sa vie. Zi n'a pas mieux en stock comme deal. Elle pince les lèvres et esquisse un sourire qui ne gagne pas ses lèvres lorsqu'elle revient croiser le regard de Locklan : J'aimerais que les PTSD pensent comme tu le fais, sa vie serait sans doute plus simple : Mais c'est justement maintenant qu'elles sont en sécurité et bien considérées que les cauchemars refont surface, les idées noires, les symptômes et les passages à l'acte. C'est aussi là qu'il nous faut souvent être le plus mobilisé, et oui, c'est épuisant, elle ne le cache pas. Elle pince les lèvres un temps : Tu peux venir m'interrompre lorsque tu penses que c'est trop, ça me permettrait sans doute de sortir un peu la tête de l'eau, je t'en serais reconnaissante...

A défaut de savoir s'arrêter elle-même, n'est-ce pas ? Elle n'a pas mieux à lui proposer. Et elle sait qu'elle ne parviendra à agir par sa seule volonté avant le burn-out complet. Pour l'instant, Zi a seulement besoin d'une parenthèse pour pouvoir reprendre son souffle, et elle se sent suffisamment égoïste de réclamer cette pause quand d'autres souffrances ne semblent pas pouvoir attendre. Peut-être que solliciter Billie et Faith serait une solution pour se permettre de se soulager quelques instants sur ces questions, même si elle n'est pas sûre que les deux femmes répondent forcément présentes, vu les exigences de leurs propres communautés.

Et à elle de garder le silence un temps. Elle pince les lèvres à son aveu, captant ses yeux sombres pour venir poser une main contre sa joue : Je suis désolée que tu te sois senti impuissant, souffle-t-elle. Je comprends, j'aurais dû t'écouter, ajoute-t-elle simplement avec une moue coupable. Tu ne mérites pas de porter ça sur tes épaules, elle ne rajoutera pas ça à la liste de ses mauvais rêves : 378 était condamnée, j'ai pris la décision de l'achever, je voulais qu'elle parte un peu moins terrifiée que durant son temps de vie, c'était un choix aussi stupide qu'humain. Je ne me serais pas pardonnée que tu le fasses à ma place, je ne veux pas que ça soit toi qui peine à fermer l'oeil en repensant à tout ça une fois rentré, plaide-t-elle en douceur.




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Re: Let the bad times roll

Jeu 8 Déc 2022 - 15:54

« Ah bon ? » Je lui rendis un regard vaguement ahuri, accoudé à la table de la cuisine. Zi était pourtant sa colocataire, non ? Je n’avais pas eu l’impression d’avoir à forcer les choses pour que Bonnie s’ouvre à moi sur son histoire, mais à écouter Zi, elle ne le faisait clairement pas avec tout le monde. Je fronçai les sourcils, d’un air incertain, quand elle finit par me demander si nous étions amis. « Peut-être. » J’aimais passer du temps avec Bonnie. Elle m’avait aidé à me sortir de ma torpeur quand ma seule échappatoire me paraissait être l’alcool. C’était elle qui m’avait incité à me lever tous les matins, pour qu’on poursuive nos entraînements. Mais est-ce que nous étions amis ? Si elle s’ouvrait à moi plus facilement qu’aux autres, peut-être oui. « On s’entraîne souvent ensemble, mais pour moi ce n’était que des bavardages. » Je n’étais même pas au courant qu’elle avait des tocs. « Non… elle me paraît juste indifférente à tout ce qui lui arrive. Pourquoi ? Ca veut dire quelque chose de précis ? »

Je rigolai un peu quand elle me confia que Clayton et Zelda avaient débarqué à l’improviste ici pour jeter un œil aux dossiers de ses patients, mais la suite me figea dans une grimace. « Non, sérieux ? » C’était parti loin comme histoire. « Qu’est-ce qu’ils espéraient découvrir au juste ? Certains n’ont vraiment rien de mieux à foutre au camp. » S’ils avaient besoin qu’on leur donne du travail, je les embauchais comme aide-mécanicien à l’aérodrome quand ils voulaient. « Ne me dis pas qu’on va finir par devoir patrouiller même en ville pour être certain que tout le monde se tienne à carreau… » Je poussai un soupir retentissant, en me passant une main sur le visage. « J’en parlerais à Arizona. » On allait le faire, bien sûr. « Entre les tags à l’aérodrome et les infractions nocturnes… il y a vraiment besoin de renforcer la sécurité interne pour maintenir l’ordre. » Ou juste de quelqu’un pour surveiller Zelda H24 en fait.

Je la fixai longuement quand elle se confia ensuite concernant le cas de la pilote. Je soufflai doucement en réponse : « Tu as fait tout ce que tu as pu pour Adrienne. » Je savais qu’elle avait besoin de l’entendre et qu’on lui dise. « Tu ne peux pas sauver tout le monde, Zi. Et au moins on a pu la récupérer et rentrer avec elle… ce n’était franchement pas gagné après un crash pareil. » Du reste, Adrienne ne pouvait pas lui en vouloir, parce que la psychiatre avait tout essayé avec les moyens à sa disposition.

Je soufflai ce qui s’apparentait à un rire ensuite. « C’est un compliment ? » A l’écouter, ma tête était bien faite. « Hum. » Ce qu’elle me disait, pourtant, faisait écho à ce que Zack avait essayé de me dire. « Je comprends pas pourquoi les gens se relâchent une fois qu’ils se pensent en sécurité. Je veux dire, ils en ont chiés pour en arriver là, pourquoi se pourrir la tête avec toutes ces idées noires une fois que c’est passé ? » Pour moi, il suffisait de tout mettre sous verrou. Ressasser le passé n’aidait pas à avancer, ce qui était fait était fait.

J’hochai lentement la tête quand Zi me demanda de jouer les garde-fous pour elle. « Je peux faire ça. » C’était difficile de connaître pour l’autre ses limites, mais j’espérais être la personne la mieux placée pour le savoir pour elle. Et, de toute façon, même si je n’étais pas du genre très collant, ça me saoulerait de ne pas pouvoir passer du temps avec elle.

Je me rejetai un peu en arrière quand Zi revint vers moi. La caresse à ma joue me procura un frisson agréable, m’incitant à la ramener contre moi sur mes genoux. Un sourire me vint naturellement à la voir encore s’inquiéter de moi plutôt que d’elle. « Parce que toi tu mérites de porter ce poids-là sur tes épaules ? Je crois pas non plus. » Je poussai un bref soupir. « A vouloir épargner des souffrances à tout le monde, c’est toi qui va finir par te briser. » En avait-elle seulement conscience ? « Elle est partie en paix, grâce à toi. »
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