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Réveiller ses sombres instincts [Daphne/Jenna/Charlie]

Lun 27 Juin 2016 - 16:57

    Courir. Comme si sa vie en dépendait, comme si plus rien n’existait d’autre autour que sa propre peau. Combien de temps avait-elle couru, depuis qu’elle avait sauté par la fenêtre de la planque, laissant Shannon sur le carreau ? Depuis combien de temps ses mains étaient-elles rougies du sang de son amie ? Est ce que celle ci s’en remettrait seulement ? Elle n’en savait rien, elle ne savait meme plus si elle avait envie de les revoir, elle et le maçon.

    Elle n’avait rien comprit de tout ce qui s’était passé. D’abord, il y avait eu la colère de Leroy contre Luke, qu’il avait finalement reporté également sur les deux femmes, les rendant complices d’une trahison qu’elle n’auraient pas vraiment pu contrer. Lui dire directement en rentrant ? Ça aurait changé quoi ? Il s’en serait pris à Luke bien avant ça, et alors ? Et puis, finalement, c’était sa propre amie, sa sœur quasiment, qui l’avait jetée au lion, en demandant une sanction envers la rouquine. Etait-elle à ce point entichée de l’ouvrier, pour jeter en pâture sa meilleure amie ?

    Et bien elle avait tout gagné. Elle était restée inconsciente sur le sol de leur chambre, jusqu’à ce qu’elle se reveille, le visage contusionné, le nez saignant, ou jusqu’à ce que Leroy ne la trouve, au choix. Et la rousse s’était fait la mal, sans rien dire à personne, sans aucun indice sur sa destination.

    Parce qu’elle avait besoin de réfléchir, de savoir si les sentiments qu’elle pouvait éprouver pour les uns ou les autres étaient suffisamment fort pour lui donner envie de reprendre leur vie commune, pour se battre pour eux comme elle l’avait fait jusque là, ou si elle devait plutot se concentrer sur sa propre survie, et oublier le chemin qu’elle avait parcouru à leurs côtés.

    La nuit s’apprêtait à tomber, et le ciel avait rougit au dessus des grattes ciels désormais vides de toute âme, exception faite des quelques survivants comme elle qui tentaient encore de se débrouiller dans ce monde des plus coriaces. Perchée sur le toit d’une maison de ville, en étant passée par l’intérieur et une fenetre de toit qu’elle avait laissée ouverte pour pouvoir redescendre le lendemain et continuer son périple, Jenna posa enfin ses fesses, fatiguée de ce temps à s’éloigner de la planque.

    Elle tendit ses mains devant elle, et les observa longuement. Le sang séchait, et prenait une teinte plus bordeaux que rouge désormais. Elle ne savait plus bien où elle en était, et ses yeux humides se fermèrent un instant, alors que ses lèvres se pinçaient. Clairement, elle s’empechait de pleurer. Combien de temps ça allait durer, aucune idée.
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Re: Réveiller ses sombres instincts [Daphne/Jenna/Charlie]

Lun 27 Juin 2016 - 19:42

Le son de l’acier contre les os. Encore. Pour la quatrième fois, la machette militaire de Daphne frappait la tête du rôdeur qui avait succombé dès le deuxième choc. Ce ne fut qu’après avoir amorcé son bras pour un cinquième round qu’elle suspendit son geste et laissa le corps glisser mollement le long du mur noirci par le sang coagulé. Elle poussa un soupir, se moquant d’elle-même, contemplant son œuvre : les trois silhouettes putréfiées à l’encéphale écrasé. Pas la peine de nier, elle se défoulait un peu.

Ça lui apprendrait à partir aussi loin. La doctoresse avait eu besoin de distance, étouffée par les murs du commissariat, ennuyée par ses livres, fatiguée de l’entraînement, lassée par les parties de jambes en l’air avec Grant. Rien qu’une journée, elle avait eu envie d’un break, loin de ses alliés. Voir ce qu’était devenue sa ville adoptive, son royaume en quelque sorte. Même en foulant le pavé usé et taché de sang, Daphne se sentait différente, supérieure, meilleure que tous les autres. Mais la route qu’elle avait emprunté à l’aller était désormais bloquée par une meute de charognes, trop pour qu’elle en vienne à bout. Elle avait dû faire demi-tour, chercher une autre voie, mais en vain pour l’instant. Par deux fois, les morts avaient failli immobiliser sa voiture et quand ce n’était pas eux, c’étaient des barrages de fortune qui encombraient le chemin.

Heureusement, elle ne revenait pas les mains vides ; sa balade avait été constructive, son sac à dos de camping était plein. Mais puisqu’il était hors de question qu’elle rentre sans la caisse, il fallait attendre. Les malades finiraient bien par bouger, comme ils le faisaient toujours. La nuit tombait désormais, annoncée par les lueurs rougeoyantes du ciel estival. Mieux valait trouver un abri jusqu'au matin. Dans tous les cas, ses compagnons ne s’inquiéteraient pas pour elle à proprement parler. Elle ne pouvait compter que sur ses propres moyens jusqu’à ce qu’elle soit rentrée.

Maintenant que la voie était libre, elle pouvait reprendre le volant. Daphne jeta négligemment sa lame sur le siège à ses côtés et mit le contact. Elle repartit sans allumer les phares, non sans rouler sur un tibia qui produisit un craquement sinistre sous le poids de la voiture. Alki point, ça devait encore être le meilleur endroit dans les parages pour se trouver une planque nocturne. Avec un peu de chance, elle aura vue sur la mer, ça lui rappellera ses voyages.

La trentenaire eut un vague sourire en coin à cet idée. Dire que fut un temps, aucune frontière ne lui résistait. Elle n’était pas nostalgique, juste… le contraste était assez horrifiant. Ces derniers fois, elle n’avait vu que Seattle et n’avait connu qu’un camp militaire, un parking souterrain et un commissariat. Ses yeux froids survolaient les alentours, à la recherche d’un potentiel refuge, épiant chaque mouvement.

Ici. Une suite de maisons s’alignait sur sa droite, murées dans le silence et le flamboiement du crépuscule. Daphne se gara le long du trottoir et coupa le contact. Elle attendit quelques secondes, mais rien ne vint à sa rencontre ; pas même une ombre décharnée attirée par le ronronnement du moteur. Elle attrapa alors son sac, sa machette, et quitta l’habitacle de son véhicule. Les clefs en poche, la trentenaire s’assura que le holster de son Beretta était toujours accroché à sa ceinture. Réflexe.

Elle poussa la porte de la première maison. Celle-là même sur le toit de laquelle une jeune femme, qu’elle n’avait pas vue, était occupée à déprimée. Elle frappa quelques coups du plat de la lame sur la poignée métallique, histoire d’attirer les mordeurs s’il y en avait. Seul le silence répondit. Daphne réitéra l’opération, par précaution, un peu plus fort. Peut-être l’inconnue l’avait entendue cette fois, mais rien ne se rua sur elle. Bien. Elle entra et referma la porte : avant de s’installer, elle allait pouvoir entamer son inspection pièce par pièce.
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Re: Réveiller ses sombres instincts [Daphne/Jenna/Charlie]

Mar 28 Juin 2016 - 10:14

Le couple m’avait quittée il y avait déjà quelques jours, voire même quelques semaines, et pour la nième fois depuis le début de l’épidémie, je m’étais à nouveau retrouvé seule. Au moins, le couple m’avait permis de réaliser un plan à suivre, un plan qui m’aiderait à tenir mentalement et moralement, un plan infaillible qui me donnait de l’espoir, l’espoir de retrouver mon petit ami et ma famille. Il était tout à fait possible que je les retrouve, j’étais presque sûre à présent que tous se cachaient dans la maison de vacances à Seattle, c’était sûre et certain même. Je ne voyais pas d’autres endroits où ils auraient pu aller. La maison de vacances étaient sûre, protégée d’un côté par l’océan et par l’autre, par un grillage (qui ne tiendrait pas le coup face à une grande armée de mordeurs, mais qui, suffisamment renforcée, pouvait peut-être tenir le coup).

Je les voyais déjà, là-bas, en train de se tenir chaud, les uns les autres, en se demandant peut-être où étais-je et si j’étais encore vivante. William devait culpabiliser de ne pas m’avoir emmenée. Il pensait être de retour avant que je n’ouvre les yeux, ce matin-là, mais c’était raté pour lui. Cela faisait quelques mois maintenant que je ne l’avais pas vu et cela allait bientôt faire un an que l’épidémie avait commencé, enfin, il me semble. Le temps passe à toute vitesse ici. C’est comme courir. Avant l’épidémie, je n’avais presque pas le temps de courir, je courrais deux fois par semaine, par pur plaisir. Dorénavant, mes jambes sont mon moyen de transport préféré. Je cours vite quand je veux et cela m’est bien utile. Heureusement toutefois que les mordeurs ne courent pas vite. Ils ont déjà le grand avantage de ne pas s’essouffler, si en plus, ils courraient aussi vite que nous, les vivants, je serais sans doute déjà morte à l’heure actuelle.

Alors que je courais depuis ce matin, les forces me quittèrent peu à peu, je devais me reposer. Je n’avais rien mangé depuis quelques heures et les maisons que je longeais me lorgnaient de l’œil. J’étais sûre qu’à l’intérieur de ces maisons, qui semblaient si paisibles et chaleureuses de l’extérieure, il se trouvait quelques boites de conserves, peut-être même des fruits en sirop, pensais-je avec un peu de chance. L’asphalte semblait courir aussi, sous mes pas et mes foulées, elle semblait se dérober, et pourtant, je continuais, coute que coute, jusqu’à trouver la maison qui me semblerait parfaite.

Prenant une maison au hasard et regardant de tous les côtés, je mis la main sur la poignée et tournais doucement la porte. Le couteau à la main, j’étais prête à parer à toute éventualité, un mordeur s’y trouvait peut-être déjà, peut-être même plusieurs. La chance était de mon côté, pour le moment et la porte ne grinça ni ne se bloqua quand je l’ouvrais, elle n’était pas non plus bloquée ou fermée à clé. J’avais une veine incroyable. Il me fallait tout d’abord inspecté la maison. Alors que j’allais débuter par la première pièce, une présence se fit sentir. Me retournant vivement, une ombre se trouvait. Dégainant mon couteau, je me préparais à tuer le mordeur qui n’allait pas tarder à m’attaquer. Néanmoins, celui-ci n’en fit rien. Ce n’était pas un mordeur. Regardant la personne dans les yeux, je cherchais à savoir si elle pouvait être néfaste pour moi, s’il fallait me défendre ou s’il fallait que je lui « fasse confiance », même si cela était devenue chose difficile. Mon arme toujours en l’air, je me reculais doucement.

- Je ne veux aucun mal, ni à vous, ni aux personnes qui sont éventuellement avec vous, soulignais-je, dans un mouvement de paix.

Je ne voulais pas la quitter des yeux, mais une personne, une de ses camarades peut-être, pouvait venir derrière moi et m’attaquer. Si je prenais toutefois le risque de me détourner, c’était la femme, manifestement plus âgée que moi, qui pourrait m’attaquer.
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Re: Réveiller ses sombres instincts [Daphne/Jenna/Charlie]

Mar 28 Juin 2016 - 21:07

    La tête posée sur ses genoux repliés, enfouie sous sa chevelure de feu, Jenna releva doucement le visage en entendant le moteur descendre la rue. Ce n’était pas vraiment normal, par les temps qui couraient, et rarement bon signe que de croiser un véhicule motorisé dans les rues vides de Seattle. Féline, la rouquine se tapit sur le toit, alors que l’utilisateur de l’engin s’en extrayait, une longue lame envoyant un reflet dans sa direction. Une machette à vue de nez. Pourquoi est ce qu’il fallait que ça tombe sur elle hein ?

    Passant sur le ventre, elle se laissa glisser lentement jusqu’au bord du toit, histoire d’observer la scène. Et bien évidemment, la nouvelle arrivante – car oui, visiblement il s’agissait d’une femme, ce qui voulait dire pour Jenna qu’en cas de soucis, il était plus fortement probable que faire du charme ne fonctionne pas – choisit la maison où elle était installée. Elle était maligne, cognant sur la poignée, faisant résonner le métal, pour s’assurer qu’il n’y avait personne. Et pour le coup, elle était plutôt chanceuse, puisque la cambrioleuse en avait déjà fait le tour avant elle. Enfin de fait, elle ne trouverait pas non plus de vivres, puisque tout ce qui était récupérable était dans le sac posé sur le toit avec elle.

    L’inconnnue disparut, alors qu’elle entrait dans la maison, et Jenna tendit l’oreille pour essayer d’anticiper une probable apparition sur le toit. Jusque là, rien n’avait l’air d’approcher, mais on était jamais trop prudent pas vrai ? Après ce qui s’était passé à la planque, elle avait compris qu’il valait mieux se méfier des vivants que des morts, qui eux n’avait plus de caractère à la con, et était assez prévisibles.

    Mais alors qu’elle allait se rapprocher de la fenêtre de toit, quelque chose attira son œil. Voilà qu’une deuxieme silhouette féminine se glissait derrière le portail, et entrait dans la maison. Non mais sérieusement, c’était quoi là ? Une réunion tupperware ? La rouquine fronça les sourcils. Sur toutes les baraques d’Alki Point, il fallait que ce soit celle où elle avait élu domicile pour la nuit. Superbe.

    A nouveau, à plat ventre sur le toit, elle glissa dans l’autre sens, pour s’approcher du velux. De là, elle n’entendait pas distinctement ce qui se disait, mais elle pourrait déceler si les filles se rapprochaient ou pas. Pour l’instant, elle allait se faire discrète, et avec un peu de chance, elles seraient parties avant d’avoir visiter le toit.
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Re: Réveiller ses sombres instincts [Daphne/Jenna/Charlie]

Mer 29 Juin 2016 - 20:32

Rien. Pas de cadavres, mais pas non plus de vivres à glaner. Son sac avait beau être plein, on ne crachait plus sur un peu de bonus. Elle s’apprêtait à établir son campement quand un bruit attira son attention : quelqu’un actionnait la poignée de la porte d’entrée. Ce n’était plus possible de se cacher, bloquée dans le salon aux meubles bas, et de toute façon, ce n’était pas son genre. La main sur la crosse de son arme à feu, Daphne resta dans la demi-pénombre le temps que l’intru(se) – ou les intrus – vienne(nt) à elle.  

C’était une femme. Alerte, mais uniquement armée d’un couteau qu’elle brandissait, prête à crever du rôdeur. Malheureusement, elle ne se heurta qu’aux yeux glacés de l’urgentiste qui la détailla comme un prédateur. La déclaration de l’inconnue, comme son geste de paix, lui soutira une légère expiration moqueuse. Avec un calme olympien, la trentenaire dégaina son Beretta et le pointa droit sur la poitrine de sa cadette. A cette distance, la lame ne pourrait jamais l'atteindre alors qu’elle était incapable de rater l’un de ses organes vitaux.

- Qui a dit que c’était à moi de craindre que tu me fasses du mal ?

Le temps se suspendit un instant sur le bout de son canon. Tirer ? Ne pas tirer ? Eternel dilemme. Ce serait facile de l’amenée à lui donner toutes ses affaires, avant ou après l’avoir abattue. Mais qui disait détonation disait rôdeurs, et elle n’avait pas vraiment envie de les ameuter dans le coin. La chasser aurait pu suffire mais… comme on disait « garde tes amis proche de toi, et tes ennemis encore plus ». L’idée qu’une vivante trainait dans le coin ne lui plaisait pas alors… autant la garder à l’œil. Si jamais elle restait bien la nuit dans cette baraque, elle aurait tout le temps de la dépouiller le lendemain.

Daphne baissa finalement son arme, une parfaitement imitation d’un sourire bienveillant sur le visage. Elle ne rengaina pas pour autant, consciente que les événements pouvaient basculer d’un moment à l’autre. Sans quitter l’inconnue de ses yeux froids, elle se décala de quelques pas pour activer un interrupteur. Bien évidement : il ne fonctionnait pas. Tant pis, la lumière sanglante du jour mourant serait leur seule source de lumière ; ce qui n’était pas vraiment rassurant quand on considérait les tâches sombres qui mouchetaient les vêtements de la doctoresse.

- On dirait qu’on a toutes les deux eu la même idée pas vrai ?

Alors qu’elle interrogeait avec un intérêt hypocrite, elle continuait de jauger l’autre femme. Celle-ci avait parlé à la première personne, mais était-elle vraiment seule ? L’aînée du duo croyait complètement en ses chances de s’en tirer en cas de conflit, tant qu’elles étaient deux, mais si du renfort débarquait… les choses seraient bien différentes. Son faux sourire s’évanouit, ses lèvres n’étaient vraiment pas habituées à cet exercice. Elle se décala à nouveau, suivant un arc de cercle, comme un prédateur autour d’une proie. Parfaitement détendue, prête à tirer si on l’y obligeait.

- Je suppose qu’on va être obligées de partager…, son visage était redevenu un masque illisible, vu que je suis arrivée la première, je choisis la pièce où je dors, tu t’installeras où tu veux ailleurs.

Daphne pencha la tête sur le côté, comme pour guetter une révolte. Il était possible que sa cadette proteste, même si le deal restait encore tout à fait honnête. Néanmoins, les faux-airs n’avaient pas fait long feu : il était désormais plus qu’évident que l’urgentiste n’était pas un modèle de sociabilité. Elle passa rapidement une main dans ses cheveux mi-long, écartant de son regard pénétrant un rideau de mèches indisciplinées.  

- On sécurise les accès et ensuite… chacune de son côté. J’y tiens. J’ai pas envie de faire connaissance.

Au moins c’était clair. De tout temps, elle n’avait jamais eu besoin d’amis. Ils étaient inutiles, détournaient de l’essentiel, faisaient perdre du temps. Non en vérité, il y avait de très fortes chances pour que le médecin ne dorme pas vraiment – pas avec quelqu’un d’autre dans la même planque. La nuit allait être longue… mais ça ne serait pas la première fois qu’elle enchaînait les jours sans fermer l’œil.

- Tu es bien seule, d’ailleurs ?    
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Re: Réveiller ses sombres instincts [Daphne/Jenna/Charlie]

Sam 2 Juil 2016 - 23:00

Merde, la femme avait une arme, pointée sur moi qui plus est. Mon fusil pendait bien sur mon épaule droite, mais le temps que je la dégaine, le coup de son arme serait déjà parti. Je serais morte avant d’avoir pu me défendre. J’avalais difficilement ma salive, ne sachant vraiment que faire, ne voulant pas mourir. Je n’avais pas appris à craindre les autres vivants. J’avais toujours eu beaucoup de chances. Pour moi, l’important était de se méfier des mordeurs. Je me rendais compte que j’avais fait une grossière erreur. Les humains étaient peut-être plus dangereux encore, et la probabilité n’était pas de mise pour l’occasion.

Les secondes s’éternisèrent, je sentais presque le coup venir. Je ne pouvais ni m’enfuir vers l’avant, il y avait peut-être d’autres personnes, ni vers l’arrière, elle risquait de prendre « peur » et tirer plus prématurément. De crainte, j’avais enroulé mes doigts autour des poils de mon chien, qui se tenait là, tel un protecteur. Finalement, après quelques secondes qui m’avaient parue une éternité, la femme baissa son arme et je poussais un soupir de soulagement à peine perceptible. Je baissais également mon arme et poussais la porte derrière moi. La jeune femme me sourit plus gentiment, mais je devais apprendre à ne pas baisser ma garde de suite. Pour entamer la discussion, il me semblait, la femme constata qu’on avait eu toutes les deux la même idée. Je ne pouvais pas rester muette bien longtemps, maintenant que celle-ci paraissait plus pacifique.

- Cette maison paraissait sûre, de l’extérieur. Soulignais-je.

Toutes les maisons paraissaient sûres, vu de l’extérieur, pensais-je encore. Jusqu’à ce qu’on tombe sur un mordeur prêt à nous mettre en pièce pour un bout de chair fraiche. Le sourire de la femme se perdit bien rapidement et bientôt, elle énonça que nous devrions partager, mais que c’était à elle de prendre en premier vu qu’elle était arrivée avant moi. Je la laissais faire, je n’avais pas envie de me battre aujourd’hui. J’étais fatiguée, je n’aspirais qu’à un peu de sommeil. Une longue route m’attendait le lendemain puisque je devrais aller chercher Robert, seule. Elle nous recommanda de sécuriser les accès puis, chacune partirait dans son coin. A ce que je remarquais, la jeune fille n’était pas du tout sociable. Je pouvais le comprendre. Moi-même, je n’aspirais qu’à dormir pour l’instant. Mes paupières étaient lourdes, j’étais fatiguée après avoir couru toute la journée.

- Ça marche, sécurisons les accès et laissons-nous tranquille pour la soirée, acquiesçais-je.

Alors que j’allais entrer dans la première salle, qui m’apparaissait comme un grand salon, la femme me demanda si j’étais vraiment seule.

- Oui, il n’y a que moi, et mon chien, dis-je. Et toi ? Demandais-je.

Mon chien m’avait suivi, fidèlement à mes côtés.
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Re: Réveiller ses sombres instincts [Daphne/Jenna/Charlie]

Dim 3 Juil 2016 - 1:55

Elle était seule. Bien. Daphne pencha légèrement la tête de côté, continuant de jauger l’inconnue et son chien. Au moins, celle-ci avait l’air de respecter son choix de vouloir faire bande à part, ce qui était un bon point. L’urgentiste n’aurait certainement pas supporté de tomber sur une hippie survivaliste persuadée qu’il fallait « se serrer les coudes » par les temps qui couraient. S’attaquant à la vérification de la première fenêtre, elle daignait répondre :

- Que moi.

Bloquer les accès était au moins aussi long que le premier tour d’inspection du périmètre. Tout ce qui pouvait s’apparenter à une voie d’entrer devait être verrouillé ou obstrué, la doyenne était intransigeante là-dessus. Heureusement, la plupart des fenêtres possédaient encore leur loquet mais, les vitres de la salle de bain par exemple, étaient cassées. A défaut de pouvoir trouver de quoi les barricader pour la nuit, Daphne suggéra de carrément condamner la pièce. Les toilettes se trouvaient, par chance, dissociées, alors si les deux femmes tenaient à un peu d’hygiène pour cet abri temporaire, elles n’auront qu’à faire leurs ablutions dans la cuisine – si tant est que l’eau courante fonctionnait.

Pour la porte d’entrée, elles poussèrent un à un deux des fauteuils opulent du salon. Ils pesaient leur poids mine de rien, la doctoresse suait quand ils furent enfin installés, alors ça devrait suffire pour dissuader des envahisseurs, vivants ou morts. L’hôtel était complet comme dirait l’autre. Pendant toute la manœuvre, la trentenaire restait sur ses gardes, épiant les moindres gestes de l’inconnue et de son chien. Elle ne connaissait pas son nom, mais elle s’en fichait : tout ce qui l’intéressait c’était qu’elle survive à cette nuit et ce qu’elle pourrait lui piquer le lendemain. Au fond d’elle, l’urgentiste espérait que tout se passerait sans accroc : elle n’avait pas envie d’être obligée de tuer un animal. Elle avait toujours eu un brin plus de compassion pour les bêtes que pour les Hommes.        

Paranoïaque sur les bords, Daphne ne put s’empêcher de faire une troisième inspection des issues et heureusement : elles étaient passées à côté d’une fenêtre de toit restée ouverte. Elle allait s’approcher pour la fermer quand un raclement se fit entendre au-dessus de sa tête. Ça n’avait rien de naturel ; ça n’avait été ni un choc, ni le bond d’un chat errant, ni le grattement d’une chauve-souris, ni un craquement des tuiles. Envisageant le pire, l’urgentiste pointait à nouveau son Beretta vers la poitrine de son acolyte d’un soir avant que celle-ci n’ait eut le temps de comprendre ce qui se passait :

- Y’a quelqu’un sur le toit, c’est ça ? siffla-t-elle, Je pensais que tu étais seule.

C’était en tout cas l’hypothèse la plus probable, non ? Ses lèvres se pincèrent, une furieuse envie de presser la détente démangeant son index. Si jamais elle était vraiment en infériorité numérique, autant commencer maintenant à faire le ménage, histoire d’alléger un peu la balance. En vérité, elle allait le faire, avant de se souvenir du détail qui l’avait déjà convaincue de ne pas tirer plus tôt : les rôdeurs. Ils n’attendaient que ça, que quelqu'un sonne la soupe. A la place, elle maintint sa prise sur la crosse de l’arme et, sans quitter pour l’instant l’inconnue de ses yeux froids, ordonna d’une voix suffisamment forte pour qu’on l’entende depuis l’extérieur :

- Je vous ai entendu là-haut. Descendez maintenant, sinon je tue votre pote avec le chien.

Et s’il n’y avait personne ? Elle passerait certainement pour une psychotique, mais c’était le cadet de ses soucis. Son expression restait illisible, d’un calme inébranlable alors que les secondes s’égrenaient. Signe qu’elle ne paniquait pas, qu’elle pourrait tuer sans preuve et trouver malgré tout le sommeil. Par précaution, elle se décala de quelques pas, restant suffisamment loin de sa cible pour ne pas être désarmée par un bond rapide, mais aussi pour ne pas que l’éventuelle locataire du toit ne lui saute dessus à peine descendu.

- Je ne plaisante pas, précisa-t-elle en fixant la pauvre brunette innocente dans les yeux.  

Daphne commençait à douter de ce qu’elle avait entendu quand finalement, une silhouette menue passa par l’ouverture. Une rouquine, vachement jeune, une gamine même. Ce fut immédiatement vers elle que coulissa le canon du Beretta. L’autre pouvait toujours tenter quelque chose, ce serait l’acrobate qui en ferait les frais.

- C’était quoi votre plan, demanda le médecin d’une voix glacée, me suivre, jouer la comédie et me dépouiller pendant la nuit je suppose ?
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Re: Réveiller ses sombres instincts [Daphne/Jenna/Charlie]

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