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Re: Promenons-nous dans les bois...
Jeu 8 Déc 2016 - 10:49
Promenons-nous dans les bois...
Samson put entendre la galopade sur le plancher de bois et la porte s'ouvrir. Quelqu'un était sorti. Le type de tout à l'heure ? Quelqu'un d'autre ? Impossible de le savoir, d'ici. Le cheval se déplaça et se mit lui aussi hors de vue de Samson. Difficile de dire ce qui pouvait se passer. Puis le poney contourna de nouveau la baraque, l'air visiblement inquiet. Ses oreilles tournaient en tous sens, et il regardait tout autour de lui d'un œil grand ouvert. Ses naseaux se dilataient pour mieux capter les odeurs environnantes.
La porte se referma, et les pas retentirent de nouveau sur le plancher, plus lents. Le jeune gars apparut à la fenêtre, une pelle à la main. Était-ce le seul objet qu'il avait pour assurer sa défense, ou juste la première chose qui lui était tombée sous la main ? À son regard mal assuré qu'il promenait par la fenêtre, on pouvait voir la crainte qui l'habitait. Samson, lui, dissimulé par son rocher et l'ombrage d'un arbre voisin, restait invisible. Quelque chose lui disait qu'il pouvait sortir sans redouter d'essuyer des tirs, mais il ne pouvait être certain de rien. Il avait trop peu vu de cette cabane. Il ne savait même pas combien d'occupants étaient à l'intérieur. Il ne pouvait faire que des suppositions. Pourtant, il n'allait pas rester toute la journée accroupi là…
Il ramassa une pierre à ses pieds et la balança du côté aveugle de la cabane, contre le pied du mur. Cognant contre le bois, elle fit assez de bruit pour inquiéter le poney, si besoin était. Une deuxième pierre jetée dans un tas de feuilles finit le boulot, et une troisième réussit à transformer la peur en curiosité. L'animal se mit en branle et alla jeter un œil à ce qu'il se passait. Bientôt, la bête était hors de vue de son maître à la fenêtre. Samson espérait qu'il se tourne. Bingo. Pour mieux suivre l'écoute de son cheval, le gars pivota sur lui-même. Sam prit quelques cailloux de plus et se glissa hors de sa cache, son arme serrée dans l'autre main.
Une pierre jetée dans les feuilles continua d'attirer le poney, et dès qu'il eut atteint l'autre côté de la maison, Samson quitta sa planque doucement. Il continua de lancer ses caillasses pour couvrir sa progression, pour finalement tomber à court à quelques pas de la fenêtre. Il les parcourut vite et pointa son canon dans le dos du jeune homme.
- « Tout doux, mon gars. J'ai pas l'intention de te tuer, ni de te voler. J'ai juste vu que tu m'as suivi, et je voulais savoir à qui j'avais à faire. T'es tout seul, là-dedans ? Tu as des armes ? »
La voix de Samson n'avait rien de menaçant ni d'agressif, au contraire. Il parlait d'un ton calme et apaisé, presque bienveillant. Son but n'était pas d'inquiéter ni de paraître dangereux. Il voulait juste voir, savoir. D'ailleurs, quand le type se tourna vers lui, il abaissa un peu son M4, comme pour viser les genoux plutôt que la poitrine. Tout aussi efficace, un pruneau dans la cuisse en cas de besoin, mais la vue de l'arme pointant vers le bas était nettement moins intimidante. Ce gars n'avait clairement pas besoin de plus de stress que ce qu'il dégageait déjà.
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Dim 11 Déc 2016 - 3:18
Le bruit manqua de lui faire avoir un arrêt cardiaque.
Quelque chose venait de taper contre le mur, depuis l’extérieur, dans son angle mort. Et merde. Il zieutait par la vitre et ça ne servait à rien. Putain. Il filait le long du tout petit couloir pour se coller à l’autre fenêtre, au moins voir la menace avant d’ouvrir la porte. Rien, nulle part.
Soit ça bougeait pour esquiver son regard, soit c’était dans tous les cas hors de portée. Roxanne disparaissait à nouveau de ses yeux. Il paniquait d’autant plus de ne plus la voir. Ce devait être humain, vivant. Il n’y avait qu’eux d’assez intelligents pour ça. Ou vicieux, selon comment on y regardait. Vicieux ouais, il partait sur ce principe-là.
Accroché au manche de sa pelle il restait tétanisé un moment. Comment réagir à ça ? Il n’était pas armé, le chalet non protégé, son poney était peut-être même en danger. L’anxiété n’aidait pas. Il n’était déjà pas foutu de réagir comme un humain normal quand il n’y avait pas de danger, alors là, dans cette situation désespérée, il n’y avait vraiment plus qu’à prier.
Les secondes passaient, s’étiraient, et il n’osait toujours pas y aller.
Il ne pouvait pas juste rester planqué pourtant.
Il y avait quelqu’un peut-être même plusieurs juste à côté. Si encore il avait eu de quoi se barricader vraiment, et même, il y avait la jument. Ce manège l’avait fait bouger très loin de ses yeux. S’il la perdait juste pour ça, juste parce qu’il n’était pas foutu d’y aller, il ne se pardonnerait jamais.
En dépit de ses genoux qui ne tiennent pas, il sortait. Il fallait au moins qu’il la récupère, advienne que pourra mais il ne pouvait pas la laisser.
Il se fige, lâche sa pelle et lève les mains.
Il était juste derrière lui.
Ce type, il n’avait attendu que ça, le faux pas débile d’un gamin qui panique.
Neil ferme les yeux et ne trouve pas grand sens dans ses mots, ses oreilles rendent mal le son. Plus pétrifié que tendu, il n’ose pas bouger pendant quelques secondes. Quitte à se faire flinguer, il préfère que ce soit dans le dos. Au moins il n’aurait pas à essuyer la vision d’un canon sur sa face.
Maladroitement, il répond. « Je suis seul. » Il a juste murmuré. Dans une vague tentative de tenir sa voix, au moins l’empêcher de trembler, il s’est à peine fait entendre. Il tente de rectifier le tir sur la deuxième réponse. « Je suis pas armé. » Pas mieux. Pathétique même. Il se hait. Si au moins il pouvait impressionner, juste, ne pas faire carrément pitié. Il aimerait juste pouvoir faire semblant d’avoir une paire de couilles, des fois, juste de temps en temps. Ne pas ressembler à un écureuil apeuré dès que quelque chose fait intrusion dans sa routine.
Ce type n’a pas besoin d’être mordant pour le terrifier, sa présence ici suffit.
Peut-être son seul acte courageux de la journée, Neil parvient à se retourner. Ses genoux le portent à peine, il fixe le canon plus que l’homme et finit par baisser les bras. Sa pelle est au sol, il aurait bien le temps de tirer trois fois avant qu’il parvienne à la ramasser.
Il voit ses pieds, son pantalon, ose juste un instant balayer le reste du corps jusqu’à sa face et revient à la lame fixée sur l'arme. Il fait un pas en arrière.
Putain il hait cet apocalypse et plus encore, les types armés.
La jument revient derrière lui, il l’entend souffler dans son dos. Ca le rassurerait presque mais il reste en danger de mort. Il prend une inspiration un peu mal ajustée. Si ce mec-là ne veut pas le tuer, ni le voler…
« Vous voulez quoi ? » Mieux qu’un chuchotement, on entend presque le son de sa voix, elle tient à peine la course de ces trois mots.
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Mer 14 Déc 2016 - 13:53
Promenons-nous dans les bois…
Les réponses du gars se faisaient faibles et mal assurées. Ça sentait la peur. Samson ne s'était pas trompé à ce sujet. Au bout de son canon, l'homme se tourna finalement, par petits pas hésitants. C'était un jeune gars. Il aurait eu l'âge d'être son fils. Samson avait eu les réponses à ses questions, maintenant c'était à son tour de répondre à celle qu'on lui posait. Il tint le silence une poignée de secondes, jaugeant le jeune du regard. Il n'avait pas l'air d'être en mesure de faire quoi que ce soit. Le seul objet potentiellement dangereux que pouvait voir Samson était la pelle, au sol, et ce n'était vraiment pas certain qu'il arrive à s'en saisir assez vite. Finalement, Samson abaissa complètement son arme.
- « Je voulais savoir d'où vient une personne seule qui se promène dans cette forêt et qui sait se débrouiller pour semer les Geignards. »
Les pas du poney se rapprochaient tranquillement, jusqu'à arriver près du garçon. C'était une brave bête, visiblement intelligente, aussi pratique qu'un chien de garde à bien des égards. Et au moins, celui-là ne risquerait pas de s'en prendre à son maître lors d'une folie passagère due à la faim.
- « Tu dois savoir que des gens tueraient pour ce chalet… C'est une chance inouïe que d'avoir un abri tout prêt. Et l'endroit est facile à sécuriser, tu as tout ce qu'il faut sur place… Tu devrais vraiment trouver de quoi te défendre, parce que tu en auras besoin tôt ou tard. »
Samson se rendit compte comme ses mots pouvaient sonner comme une menace. Ce n'était pas dans son intention. Il essaya aussitôt de rectifier le tir.
- « Mais tu ne risques rien avec moi. Je ne fais que passer par ici. Dans quelques jours je ne serai plus dans le coin. »
Mais s'il ne comptait pas s'éterniser ici, Samson pouvait tout au moins mettre ce peu de temps à profit. Il pouvait peut-être poser quelques questions à l'habitant des bois. Il pourrait peut-être le renseigner.
- « Tu as déjà croisé des gens, par ici ? Je veux dire, à part moi, et les morts, bien entendu. Tu sais s'il existe des communautés dans le coin ? »
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Mer 14 Déc 2016 - 20:22
Il abaissait enfin son fusil, ça avait paru prendre une éternité.
Sa mort était un tout petit peu moins imminente mais ce type-là était pire qu’un étranger. Celui-là savait que Neil l’avait observé, était remonté jusqu’à sa planque, et probablement qu’il saurait le pister s’il se barrait.
En prime il savait se cacher. Même en le cherchant le gamin avait été incapable de le trouver sous son nez. Ce mec-là était foutrement dangereux, plus que tout ce qu’il avait croisé dans les bois jusque-là.
Pas prêt de se détendre, le métis l’écoutait. Merde, est-ce qu’il s’était déjà rendu compte de sa présence à ce moment-là ? Pas sûr de s’il parlait du premier ou second, le plus jeune tentait juste de rester aussi stoïque que possible, même si ce n’était pas très convaincant. Il avait au moins l’air d’être seul à se cacher dans un buisson.
Quand Roxanne arrivait à sa hauteur, Neil tendait une main vers son nez en fixant les mains de l’inconnu. La chaleur sous les poils le rassurait un peu mais pas plus, la mise en garde suivante l’en raidit d’autant plus. Il se savait sans défense ici, à vrai dire partout. Il n’avait pas d’arme à feu et quand bien même, jamais tiré. Ce mec n’avait pas besoin de sa baïonnette pour le maitriser, le gamin se fermait un peu plus.
Bientôt il serait parti, encore faudrait-il qu’il ait envie de le croire.
l pouvait bien dire ce qu’il voulait ce soit disant passant, et même s’il le pensait sur le moment, entre ce jour et quinze plus tard, tout pouvait changer. Et s’il ne trouvait rien ailleurs ? Se blessait, tombait malade ou quoi que ce soit qui lui faisait ré-envisager le chalet ? Combien de temps allait-il mettre avant de préférer sa propre survie à celle d’un type qu’il ne connaissait pas ?
Peut-être aujourd’hui à la limite, pour cette heure-ci il voulait bien accepter ses mots, mais il connaissait maintenant le chemin jusqu’ici. Quand il changerait d’avis, Neil n’aurait nulle part où se planquer.
Son silence de mort ne semblait pas ternir les intentions de l’autre, maintenant il le questionnait. Le gamin se contentait de caresser sous la joue de la jument en secouant un peu la tête. L’autre ne semblait pas satisfait, il ajoutait « Non. Ça fait un mois que je suis dans la forêt, vous êtes le premier que je vois. » A une dizaine de jours près, il n'avait pas vraiment pris la peine de compter, mais il n'avait vu aucun homme et encore moins de regroupement. A tel point qu’il avait même espéré qu’il n’y aurait personne d’autre. Après tout, la capitale était juste à côté, tout le monde devait s’être jeté sur le bastion de civilisation. Sauf celui-là. A moins qu’il se soit fait expulsé.
Il hésitait, finalement n’y tenait pas. « Vous venez de Seattle ? »
Après tout, il avait lancé le bal des questions, et Neil devait savoir. Son père y était, normalement, surement. Il faudrait bien qu’il pense un jour à s’approcher, ne serait-ce que pour le voir, revoir. Et puis, si une horde passait, qu’il devait se barrer, autant savoir dans quoi il s’engageait.
« Ça ressemble à quoi ? »
L’armée avait repris le contrôle de la ville certes, mais vu tous les timbrés avec des armes qui jouaient à la milice, c’était peut-être même pire que les camps des premiers mois. Il refusait d’y poser un pied sans savoir ce qui l’attendait, au moins avoir la certitude qu’on le laisserait repartir si ça ne lui convenait pas.
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Jeu 15 Déc 2016 - 22:21
Promenons-nous dans les bois…
Le jeune gars était là depuis un moment, d'après ses dires, et il n'avait encore vu personne. Samson sentait qu'on lui cachait quelque chose. Ce garçon lui mentait-il, ou au moins ne lui disait pas tout. Il se méfiait, c'était évident, et Samson aurait fait pareil à sa place. S'il voulait savoir la vérité – si vérité il y avait – il allait devoir obtenir la confiance de cet homme. Et quelque chose disait à Samson que ça passerait pour beaucoup par son attitude et ses mots. Il allait devoir faire attention à ce qu'il dirait et à la manière dont il le dirait, afin de ne pas effrayer et même de rassurer. C'était parfaitement dans ses cordes.
Sans pour autant se montrer prompt à engager la conversation, le jeune sembla ouvrir le dialogue à son tour, à son rythme.
- « Vous venez de Seattle ?
Hochement de tête.
– Absolument.
– Ça ressemble à quoi ? »
Samson soupira. Cette question était celle de quelqu'un qui nourrissait l'espoir de retourner là d'où il venait. Peut-être pour y retrouver quelqu'un, un parent, une famille, un ami. Il avait souvent entendu cette question, surtout lorsqu'il s'était retrouvé au stade. Les gens qui étaient là depuis quelques jours la posaient à ceux qui arrivaient tout juste. Mais chaque fois sans exception, les espoirs de la demande se retrouvaient déçus, détruits. Et il se voyait maintenant devoir le faire à son tour.
- « Il n'y a plus rien à Seattle. Quand je l'ai quittée, c'était déjà une cause perdue – et c'était il y a plusieurs mois – alors aujourd'hui… »
Pendant qu'ils parlaient, Samson réalisait qu'ils étaient toujours dans la forêt, mais que lui était dehors pendant que l'autre était dans le chalet. Il fallait couper court ou faire autrement, parce que le son de leurs voix pouvait être entendu par quelqu'un qui passerait non loin. Ils prenaient un risque, aussi devaient-ils prendre une décision.
- « Écoute je suis parfaitement ravi d'avoir une conversation avec un vivant, et cette forêt est absolument charmante, mais… je serais vraiment plus à l'aise si on pouvait continuer à discuter à l'intérieur. »
Et pour inspirer la confiance, Samson décida de remiser son arme. Il engagea le cran de sûreté, démonta la baïonnette et la mit a l'étui, et dégagea le chargeur pour le fourrer dans une de ses poches. Pour finir, il tira la culasse pour éjecter la balle de la chambre, qui rejoignit le chargeur. Une fois l'arme en bandoulière, Samson ouvrit ses mains vides bien en évidence.
- « Tu m'invites ? »
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Ven 16 Déc 2016 - 20:34
Le soupire ne lui disait rien de bon, les secondes de silence qui suivaient le frigorifiaient un peu plus, et merde, c’était à ce point ? La réponse laissait un froid, pendant quelques instants Neil ne réagissait pas.
Comment ça plus rien ?
Il restait silencieux, ne comprenait juste pas.
L’autre enchainait, le gamin l’écoutait à moitié. Comment ça plus rien ? Un mot quand même faisait remonter son attention. Il voulait rentrer en plus. Il s’était glissé comme un fantôme jusqu’à chez lui, l’avait braqué dans le dos et maintenant il voulait entrer. Neil se tendait un peu plus qu'il ne l'était, foutant son incompréhension de côté pour un moment.
L’étranger se désarmait sagement, comme s’il avait déjà eu sa permission. Neil, un peu plus piqué encore, le fixait d’un mauvais œil. Putain de type. Il tirait la gueule et serrait la mâchoire, il n’avait pas franchement l’image d’un choix.
« C’est bon. » Il se retournait vers l’encadrement de la porte, tirant doucement sous la tête de la jument pour qu’elle le suive. Elle aurait probablement préféré rester dehors encore un moment mais il en était hors de question. Il avait déjà eu trop peur de la perdre et occupé avec un mec qu’il ne connaissait pas, refusait de la laisser sans surveillance.
Il entrait, elle derrière et le type en dernier. Le chalet n’était pas franchement spacieux, d’autant qu’un cheval dans le salon occupait déjà une bonne partie de la place.
Neil avait réarrangé tout ça pour faire un semblant de box.
Le canapé était presque collé au mur de droite, suivant la ligne du couloir, la table était collée au dossier, attendant qu’on la repousse pour fermer l’accès au coin délimité. La jument connaissait sa place, avançant sur le parquet jusqu’à la presque moquette, dans le coin tout à gauche un bac lui servait d’abreuvoir. Contre le mur en dessous d’une énorme carte du parc, le métis allait se poser sur le fauteuil rembourré, tâché et usé. Il était toujours confortable cela dit, même les accoudoirs auraient pu servir d’oreiller.
Sur le canapé trainait encore les deux couvertures et l’oreiller qu’il n’avait pas pris la peine de débarrasser, à vrai dire il ne s’attendait pas à être visité. Il y avait quelques placards ça et là, surtout des cartes, quelques livres et de la paperasse qui dataient de quelques années.
Le corridor n’était pas long, donnant juste sur trois portes, la première à droite s’ouvrait sur la cuisine, la seconde sur une chambre qu’il n’avait jamais utilisée et tout au fond, c’était juste un placard.
La gamin virait ses pompes en regardant la jument s’installer et posait ses pattes sur l’assise en premier. A moitié assis sur ses talons et accoudé, il fixait l’invité qui ne l’avait pas vraiment été. Ça faisait bizarre d’avoir quelqu’un d’autre dans ce salon. Il gardait le silence jusqu’à ce que l’autre décide d’où et comment se poser, et reprenait aussi méfiant qu'intrigué.
« Comment ça y a plus rien ? »
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Ven 16 Déc 2016 - 22:48
Promenons-nous dans les bois…
Les deux hommes entrèrent, avec entre eux le poney. Samson laissa de la distance entre lui et l'arrière-train de la bête, par prudence. Un coup de pied était vite arrivé avec ces bestioles, et ça faisait parfois du dégât. Il n'avait aucune envie de se faire casser deux ou trois côtes.
La petite maison était plus spacieuse qu'elle n'y paraissait de l'extérieur. Ça rassemblait bien à une piaule de célibataire, l'endroit-type où vit un garçon qui n'attend aucune visite. Sans être sale, ça n'était pas non plus un musée. Aucune importance, ils étaient au moins abrité d'éventuels indésirables, et ils pourraient discuter à l'aise. Samson déposa son sac et son arme près de la porte pendant que le maître des lieux s'installait. Lui, préférait rester debout.
Puis le jeune réitéra sa question. Seattle. Par où commencer. Par le début, peut-être.
- « Quand tout ça a commencé, je vivais dans la rue depuis une quinzaine d'années. J'en ai vu, des choses, en quinze ans, crois-moi sur parole. J'ai vécu des choses bizarres, des choses incroyables, des choses ordinaires. Mais jamais rien de tel. Des copains mourraient dans la rue, comme chaque année. Souvent, on trouvait les corps avant que les flics n'aient été appelés. Ça a été le cas quand le vieux Dan est mort. J'étais avec un jeune gars qui m'accompagnait de temps en temps… On a demandé à des passants d'appeler les cognes pour que le nécessaire soit fait.
Quand ils sont arrivés, ils escortaient une ambulance. Le toubib a dit que Dan était mort de déshydratation. Cette foutue chaleur d'été… Ils ont causé, rempli des paperasses, puis se sont décidés à emballer le corps. Mais Dan s'est débattu. Ils avaient pourtant dit qu'il était mort, et moi-même j'en était sûr, mais il s'était levé, et voilà qu'il agressait qui il pouvait.
Les flics l'ont averti, puis l'un d'eux a sorti son arme. Trois coups de feu : un dans la jambe, un dans la poitrine – inutiles – et un dans la tête. Cette fois son compte était réglé. N'empêche que ça avait été un spectacle comme j'en avais jamais vu. »
Samson fit quelques pas lent en direction du poney et lui tendit une main en claquant de la langue, en guise de présentation. Le gros nez doux lui souffla chaud au creux de la paume, le renifla, puis se posa doucement au creux de la main. Sam le caressa, puis passa la main sur le chanfrein et la ganache de l'animal avant de lui taper amicalement sur l'encolure.
- « Les choses se sont vite dégradées. Les gens devenaient dingues avec ces histoires. Y avait de quoi, aussi. On entendait partout les mêmes choses, des gens morts qui agressaient des vivants. J'en ai vu moi-même plusieurs avant que tout ne soit complètement hors de contrôle. Après quelques jours, le gouvernement avait envoyé l'armée. Ça patrouillait dans les rues en diffusant des messages, pour dire aux gens de rester chez eux et de ne pas en sortir avant que la situation ne soit réglée. Ça ne l'a jamais été.
Moi, je pouvais pas faire grand-chose : j'étais déjà dehors. Une escouade m'a trouvé et m'a… convaincu de les suivre. J'ai été conduit au stade, le Century Link, où ils avaient monté un genre de camp de réfugiés. On devait y être en sécurité, alors on m'a pris le peu que j'avais. Ça n'a pas duré. Je crois qu'on a jamais su ce qu'il s'était passé, mais des morts sont parvenu à entrer dans l'enceinte du stade. Ça a vite été la panique, et la fuite a été plus désordonnée que l'ouverture des magasins pour le Black Friday. J'ai réussi à fuir avec un petit groupe, on avait des véhicules, des armes, des vivres. On s'est éloigné autant que possible de la ville et on s'est installés…
Samson s'interrompit. Il se rendait compte qu'il en disait trop. Il fallait couper court.
… on ne savait pas où on était sur le moment. Un groupe de petites maisons isolées à l'autre bout du parc, je crois. Après s'être débarrassés des morts, on avait un endroit où survivre. »
C'était suffisant. Quant à Seattle, le message était clair : l'armée venue pour prendre le problème en mains avait échoué. Pour la suite, Samson n'en savait rien. Il imaginait que devant leur échec, les soldats avaient reçu l'ordre d'abandonner la ville. Toute la population avait certainement fait pareil, ou avait rejoint les rangs des Geignards. Plus probable que ça soit ça, d'ailleurs. Ces trucs attaquaient facilement par groupes. Lents et pas malins, ils n'étaient pas dangereux individuellement, si l'on faisait attention. Mais en nombre, c'était déjà très différent.
Mais ils parlaient et ne s'étaient même pas présentés. Sam réalisait qu'il s'adressait à celui qu'il appelait mentalement "le petit gars" ou "le gamin". Les civilités n'étaient plus la première des préoccupations, ces temps-ci.
- « Moi c'est Samson. »
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