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Re: Promenons-nous dans les bois...
Sam 22 Oct 2016 - 12:26
Rester à distance était plus sûr, mais observer les techniques d’un inconnu devenait compliqué. Il le voyait bien trifouiller des branchages, garder le nez au sol et s’afférer autour de son bâton, mais en tirer des conclusions était autre chose. Il aurait fallu qu’il soit plus proche, au moins ne pas avoir des feuilles pour lui boucher une partie de la vue.
Quand le type repartait, Neil se contentait de se terrer un peu plus au ras du sol, le temps qu’il se soit éloigné. Ses manœuvres précédentes l’intriguaient, mais il refusait de le perdre de vue.
C’était maintenant sur un buisson entier qu’il s’activait, le redressant et le soulevant. Profitant qu’il était de dos, le citadin glissait derrière les arbres, dessinant une parabole large pour se rapprocher de la zone précédente. Encore aux aguets, il restait proche du sol, courbé et suspicieux du moindre mouvement dans sa direction que l’inconnu pouvait initier. Toujours autour de son même buisson, il ne semblait pas trop inquiet, ce qui permettait au gamin de finir par se redresser et chercher la longue branche précédente.
Quelques mètres de plus, il tombait sur l’installation.
Ça ressemblait à des collets, pour ce qu’il en savait, à vrai dire les terriers l’intriguaient autant que les pièges. Ça aurait pu aider de connaitre les terrains forestiers, il supposait à peu près que des lapins devaient s’y planquer. Ne voulant pas laisser de traces sur la scène, il se contentait de tourner autour, jusqu’à se faire surprendre par un feulement dans son dos.
Surprise et sol humide, il se vautrait en beauté, se retournant pour tomber nez à nez avec un opossum franchement pas jouasse de le trouver là. Hérissé et les cinquante dents dehors, le gros rat continuait à souffler. Ce merdeux allait le faire repérer, et Neil battait des pieds comme un attardé pour le faire filer. Aussi sauvage que profondément con, ce truc refusait de bouger, et, vaincu par un rongeur, Neil s’éloignait. C’était aussi un avantage d’être discret, ça évitait au tout venant de constater ses échecs les plus lamentables.
S’écartant de la scène rapidement, pour vérifier que le type n’avait pas été alerté, il remettait ses idées en place. Soit, il faudrait qu’il vienne lui piquer des collets, maintenant c’était son camp-buisson qui l’intéressait.
Ça lui paraissait assez obscur, se préparer maintenant pour la nuit, probablement qu’il y avait quelque chose là-dedans qu’il n’avait pas saisi. Pas le temps d’y retourner, à peine s’était-il redressé que c’est un mort qu’il apercevait. Plus loin entre les arbres, ce dernier l’avait carrément repéré. Et merde. Pas le temps de niaiser, Neil partait à l’opposé du mec qu’il suivait, espérant encore rester invisible auprès de lui. Ce n’était pas gagné.
Comme le mort le suivait, le gamin filait entre les arbres, cherchant quelque chose pour se faire oublier. La pente de terre montait, ou bien le niveau de la rivière descendait, toujours est-il que le dénivelé s’accentuait. Trouvant un endroit pas trop chiant pour traverser, il s’arrêtait. Le mort partirait en oblique, quitte à se ramasser, c’était à peu près sa seule chance. La pente opposée, de l’autre côté de la rivière, était plutôt raide, peut-être même qu’une fois tombé il n’arriverait pas à la remonter.
Satisfait de leurs emplacements respectifs, et ne voulant pas pousser sa chance, Neil sautait, prenant un appui sur la terre, un autre sur une roche émergée de la flotte, il se jetait pour chopper le haut du talus. Pour la discrétion on repasserait, mais l’énorme sploch derrière lui l’encourageait à revoir ses priorités. Sans un regard en arrière, il se hissait tant bien que mal, manquant de juste retomber à la flotte.
Temps que ses pieds ne pendaient plus ça allait, il roulait sur le côté pour se redresser. Encore pété d’adrénaline, il courrait comme un con jusqu’à un arbre aux branches mieux réparties que la moyenne. Une branche, deux, bientôt il était au niveau du feuillage.
Normalement, le rôdeur n’avait pas dû le voir monter, en tous cas il l’espérait.
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Lun 24 Oct 2016 - 23:04
Promenons-nous dans les bois...
À rester discret et tendre l'oreille à chaque son, on entendait beaucoup de choses. Le calme des lieux amplifiait encore cette perception, à tel point que s'il s'arrêtait de marcher, Samson pouvait entendre détaler un mulot à trois mètres de distance. Le moindre bruissement de feuille, le moindre craquement de branche, tout paraissait particulièrement bruyant. Et là, ce fut un véritable boucan qui retentit aux oreilles de Samson, qui fit volte-face. Ça venait de là-bas, en direction de la zone des terriers. Il se décida à aller voir. Peut-être qu'une bestiole s'était prise dans son collet. Déjà ? C'était peu probable, les petits animaux comme les lapins et les écureuils préférant l'aube ou le crépuscule pour sortir de leurs caches. Peu probable, mais pas impossible.
En arrivant près du collet, il vit aussitôt qu'aucune prise ne l'y attendait. Sans déception, Samson inspecta les alentours. Il ne voyait rien de spécial, même s'il n'était pas un professionnel de la lecture de traces. Il s'éloigna doucement, et quelque chose attira son attention. Au sol, dans une petite motte boueuse au milieu des feuilles, une trace de pas toute fraîche. Elle était profonde et franche, ce qui pouvait signifier qu'elle n'avait pas été faite par un Geignard, car ceux-là marchaient d'un pas certes lourd mais traînaient facilement des pieds. Là, c'était autre chose. Quelqu'un était passé dans le coin, et c'était pas vieux. Un rapport avec le bruit de tout à l'heure ? Possible. Pas sûr. Difficile à dire.
Samson se figea un instant, le temps de réfléchir. Il voulait éviter de tomber sur du monde pour aujourd'hui, mais il pouvait faire une exception. Tout ce qui comptait, c'était de ne pas se faire surprendre. S'il devait rencontrer quelqu'un, il voulait être celui qui le verrait en premier.
Notre homme retourna ensuite près de son buisson. Là encore, rien de spécial, mais il préférait en être sûr. N'importe quoi pouvait se cacher dans cette forêt, et il n'aimait pas les mauvaises surprises. Il découvrit encore des traces, cette fois nombreuses. Les mêmes que celle près du collet, très nettes dans la terre humide et légèrement boueuse des récentes pluies. Elles se mêlaient à d'autres, brouillonnes, qui s'étiraient, s'allongeaient, formaient des tranchées irrégulières, parfois dans des directions improbables ou chevauchant les autres empreintes. Cela faisait penser à un vivant poursuivi par un mort. Samson n'avait pas vu de telles traces plus tôt. Il n'était pas seul dans cette forêt.
Il s'agissait probablement d'une personne seule, mais d'autres étaient aussi peut-être proches. Samson ne pouvait se lancer aux trousses du mort et de sa proie, juste pour voir. S'il tombait sur un groupe mal intentionné, il n'était pas de taille à lutter. Il devait exister des gens prêts à tuer pour le contenu de son sac, son arme, ses vêtements… Non, il ne pouvait pas risquer le coup.
Il finit par revenir à son buisson. Alors qu'il posait son sac sous l'abri, un nouveau bruit se fit entendre. Un craquement de branches. C'était son alarme qui se déclenchait. Quelqu'un arrivait. Aussitôt le sans-abri reprit son arme et se prépara à recevoir l'intrus.
C'était un Geignard. Un garde forestier, si on en croyait l'uniforme typique et le chapeau. Samson resta sans bouger, attendant de voir si le cadavre passerait son chemin sans le remarquer. Il marcha d'un pas traînant, dérangeant les feuilles mortes au sol, étalant de la boue sur ses grosses chaussures de marche. Comment ce type était-il mort ? Sa chemise était presque entièrement tachée de sang maintenant séché, et en partie en lambeaux. Chose que Sam n'avait pas remarqué en premier lieu, il lui manquait un bras, dont seul un vestige de chair informe pendait sous le tissu déchiré, parfois agité par les mouvements d'un humérus toujours à sa place.
Le mort grognait en avançant lentement, comme s'il cherchait quelque chose. Ou quelqu'un. Était-ce le Geignard qui avait laissé les empreintes un peu plus loin ? Possible. Le mort n'avait pas l'air d'avoir repéré Samson, mais il valait mieux ne pas bouger pour l'instant. Le garde forestier s'activa un moment dans le coin, sondant de son regard vitreux les environs, puis finit par se diriger vers le bas de la pente, comme emporté par le poids de son propre corps, le faisant accélérer le pas. L'avantage était que, passé un certain point, il n'arriverait peut-être pas à gravir de nouveau la côte.
Sam resta un moment immobile, l'oreille tendue. Il attendrait d'être sûr que personne ne rôdait dans le coin avant de reprendre ses activités.
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Mar 25 Oct 2016 - 9:38
Immobile, il attendait.
Le cadavre pataugeait un peu, semblait se frotter à la terre et finalement s’éloignait. Pas bien plus rassuré, Neil restait planqué un moment. Tout ce bruit n’était pas bon pour son opération, d’autant qu’il avait complètement perdu de vue le type qu’il suivait. Ce dernier pouvait être n’importe où à présent, près du buisson, des collets, de la rivière ou tout ailleurs encore.
Pour être sûr de ne pas se montrer trop tôt, il patientait un moment, sans bouger de peur de remuer quelque verdure. Presque une dizaine avait passé, finalement il se redressait. Entre les feuilles il n’apercevait rien, en même temps il n’avait pas une grande visibilité. Toujours peu satisfait de la situation, il préférait patienter encore un peu, il était loin de chez lui maintenant, et entre le chalet et ici, il y avait un camp. Il faudrait penser à vérifier régulièrement, si l’homme décidait de s’installer, sa planque était carrément menacée.
Peut-être que ça valait le coup de le faire fuir, ramener des morts près de lui en nombre suffisant pour lui faire croire à un terrain à risques. L’inconnu saurait se démerder, il était équipé et probablement habitué à ce genre de dangers. Il n’avait pas l’air fragile, rien de dramatique ne devrait arriver. Toujours sur sa branche, Neil rêvait presque éveillé.
Finalement il faisait le tour des branchages de sa tour de guet improvisée, vérifiant tant bien que mal dans toutes les directions que rien ne bougeait entre les fourrés.
Tendant l’oreille une fois de plus, les lieux semblaient à présent dépeuplés.
Assez d’émotions comme ça, il n’aspirait plus qu’à rentrer.
Descendant et retombant sur ses pieds, il se collait au tronc, un regard tout autour de lui, aucune silhouette ne se détachait.
La voie semblait libre, à peu près.
Redressant ses lunettes sur son nez, il se décidait à avancer, s’éloignant au possible du buisson de l’autre type. Ca le ferait chier de le croiser, mais temps qu’il ne l’avait pas localisé, tout pouvait arriver. Merde, il s’arrêtait. Sa pelle était toujours de l’autre côté de la rivière, certes plus loin, mais il ne comptait pas l’abandonner aussi connement aux mains d’un autre. En plus il y avait un nid, des œufs, de la vraie bouffe pas en conserves depuis Mathusalem.
Pas le choix, il rebroussait chemin encore une fois. Cette fois il en avait sa claque, revenait prudemment près de la rive, la longeait jusqu’à pouvoir traverser sans se mouiller et remontait en esquivant les collets. Courbé malgré la distance, il passait en crabe en espérant que le type n’avait pas trop bougé depuis tout à l’heure. Il ne le voyait pas, accélérait le pas, et retrouvait finalement son arbre.
En grimpant il retrouvait le piaf, le virait d’un moulinet du bras avant de chopper le nid. Plus envie de se faire chier. Revenu au sol il posait délicatement la frêle construction, le temps de récupérer son bien sous les feuilles. Pelle dans une main, nid dans l’autre, il renonçait à la mission, au moins pour la fin de matinée.
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Dim 20 Nov 2016 - 16:02
Promenons-nous dans les bois...
- HRP:
Pardon pour cette longue absence non signalée… L'IRL ma retiré toute motivation à me connecter. Mais c'est passé, alors reprenons
Une fois le Geignard parti, Samson décida qu'il n'était pas prudent de rester là. Ces empreintes dans le secteur… quelqu'un rôdait pas loin. Ce pouvait être n'importe qui. Un paumé qui tentait de s'orienter dans cette forêt, quelqu'un en reconnaissance en contact avec quelques autres personnes. Il pouvait être armé. Ce pouvait être dangereux. Il prit son sac et s'extirpa de son buisson pour aller se fourrer dans un autre, plus près de la rivière mais plus éloigné de l'autre campement.
Dans le silence complet, Samson était assis dans l'enchevêtrement de branches noueuses. Il écoutait et observait du mieux qu'il pouvait. Se passèrent de longues minutes avant que du mouvement n'attire son regard. Un type passait, de l'autre côté de la rivière. Plutôt jeune, une tignasse noire, métis. Il avait l'air peu assuré, et portait une pelle. Samson ne pouvait reconnaître ce qu'il avait dans l'autre main. Le type regardait partout, devant, derrière, en haut de la pente, en bas, se retournait souvent. Pas typiquement l'attitude du mec rassuré. Que faisait-il avec rien d'autre que cette pelle ? Aucun sac, rien qui ne puisse contenir de quoi survivre. L'avait-il laissé quelque part ? Allait-il le récupérer ? Avait-il un abri ? Connaissait-il les environs ? Autant de questions qui se posaient à notre homme des buissons, qui envisageait de plus en plus sérieusement à filer le train du pelleteur.
Quand il fut sûr qu'il n'était pas possible de l'entendre sortir du buisson, Samson se lança à la suite de l'autre promeneur. Les yeux rivés au sol, il suivait les traces peu discrètes laissées par les pas lourds et timorés. Il restait prudent, le plus possible. Ce n'était pas parce qu'il suivait une piste qu'il fallait en oublier les cadavres.
Il avait perdu l'autre type de vue, à cause des arbres plus resserrés par ici, mais s'il forçait un peu l'allure, il finirait bien par le rattraper. Après plusieurs minutes, finalement, Samson l'aperçut, droit devant, à même pas cent mètres. La forêt semblait de nouveau se clairsemer, aussi Samson s'arrêtait de temps à autre pour se plaquer à un gros tronc ou rester derrière un arbrisseau avant de repartir. Il préférait attendre avant de se révéler. Il voulait savoir à qui il avait à faire. Rien n'était plus désagréable que les mauvaises surprises...
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Mar 22 Nov 2016 - 9:57
- HRP:
- T'inquiètes y a pas de soucis
Il remontait par les bois.
La rivière était souvent assaillit par les morts qui semblaient y trouver un mouroir agréable, Neil n’allait pas tenter sa chance plus que ça. Le nid était fragile et s’il pouvait éviter d’en faire de la charpie, ce ne serait que mieux.
Les troncs redevenaient plus épars, il voyait un peu mieux à la ronde et se détendait à peu près. L’autre devait être loin maintenant, ils étaient à plus de dix minutes de son buisson. Un poil soulagé en voyant la petite clairière se profiler, puis son chalet, il ne s’arrêtait que pour vérifier qu’aucun autre cadavre n’était arrivé par hasard. Satisfait il rentrait, enfin.
Il posait le précieux petit nid sur la table avant de la tirer et libérer la jument de son enclos improvisé. Depuis hier soir elle était coincée là, se détendre les pattes serait bienvenu maintenant que les dangers les plus imminents avaient été éloignés. Il lui câlinait le nez avant d’ouvrir la porte. Elle commençait à connaitre le chemin et ne s’éloignait jamais trop. Après tout, elle avait un peu de sécurité et pas totalement folle, préférait s’en tenir là. Neil posait ses fesses dans le fauteuil, la pelle à côté. Etre chez soi c’était quand même un luxe à ne pas négliger.
Il avait beau râler sur le chalet, sans lui il serait probablement déjà mort, de faim, de froid ou d’épuisement, ça il n’avait pas encore déterminé.
La forêt était plus calme que les villes ou les routes, mais courir le gavait. A vrai dire il n’avait jamais vraiment apprécié, quand il avait encore une vie. Maintenant c’était requis, ne serait-ce que pour survivre. Il attrapait sa bouteille d’eau, la finissait carrément. Quitte à faire cuire des œufs, autant en faire bouillir dans le même temps, ça lui éviterait de faire de la fumée trop souvent. Il craignait que ça finisse par se remarquer. Si des pillards devaient débarquer, il n'aurait pas la moindre idée de comment les gérer. Il n'avait pas d'arme à proprement parler, sinon une hache, mais il avait plus de chances de se blesser que d'attaquer qui que ce soit avec ça.
Après quelques minutes à souffler, après tout le temps n’était plus compté, il ressortait à son tour, cherchant des yeux son quarter horse préféré. Il s’approchait juste du dénivelé pour jeter un œil à ce qui s’y tramait, un mort passait. Il avait déjà dépassé la petite pente pour monter au chalet, Neil préférait attendre un peu plus, juste pour être sûr. Il partait déjà tout seul, inutile de presser la chose, le gamin revenait devant sa plaque pour regarder son poney manger.
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Mar 6 Déc 2016 - 22:02
Promenons-nous dans les bois...
La forêt se faisait moins dense, et Samson prenait un peu plus de distance. Moins il avait de quoi se planquer, plus il prenait le risque de se faire repérer. Heureusement pour lui, le type devant n'était pas du genre parano : il se retournait de temps en temps, mais pas au point de poser problème à son poursuivant.
Finalement, ils arrivèrent sur une clairière où était planté un petit chalet. Chouette petite cabane. Samson resta en arrière, caché derrière un tronc abattu, et observa l'endroit. Le gars entra dans le chalet. Il semblait y avoir ses habitudes, aussi Samson en déduisit que c'était là qu'il vivait. Rien ne bougea pendant un temps, jusqu'à ce que la porte s'ouvre à nouveau. En sortit… un poney ?! Curieux locataire ! L'animal quitta la cabane et alla se promener d'un pas tranquille tout autour, arrachant ici une touffe d'herbe, fouillant là une motte de terre du bout du sabot.
Voilà qui n'était pas banal. Un gars vivant avec un poney dans une maison de bois au fond de la forêt, bataillant pour survivre, avec les Geignards qui traînaient tout autour et des pillards qui pouvaient débarquer n'importe quand. Et Samson, lui, planté derrière son arbre pourri, était le témoin de cette tranche de vie.
Une petite fumée finit par s'échapper de la cheminée. On avait allumé un feu. Il y avait donc de quoi se chauffer. Peut-être de quoi cuisiner aussi. Maintenant il s'agissait de savoir s'il y avait d'autres habitants qu'un homme et un cheval, s'il y avait des armes, si cet endroit représentait un danger pour d'autres. Était-ce le refuge d'un solitaire ? Un poste avancé servant à un autre groupe ? Difficile d'en juger maintenant. Il fallait encore attendre, observer, espionner.
Le poney tournait autour du chalet, et il se retrouvait maintenant presque caché derrière la construction de bois. C'était le bon moment pour s'approcher un peu plus. Samson quitta son tronc d'arbre pour une partie rocheuse éboulée, plus près du chalet, un peu sur sa gauche. De là, il ne voyait plus la porte, mais il voyait une fenêtre, et apercevait le poney aller et venir. Il se plaqua contre la roche et resta à l'affût. Rien de très intéressant ne se passait, à part le bruit des pieds du cheval qui foulaient le sol moussu, et le souffle doux de l'animal qui respirait l'air forestier en mâchonnant quelques herbes.
Samson resta là de longues minutes, mais la position n'était pas confortable. Sa jambe fourmillait douloureusement, et il mourrait d'envie de bouger pour soulager cette désagréable sensation. Il se risqua à changer d'assise. Son geste provoqua le craquement d'une brindille, ce qui alerta le cheval. Ce dernier hennit doucement, comme un hoquet de peur nécessaire mais contenu. Cela n'était pas pour rassurer Samson. Ces satanés chevaux sont des animaux futés. Cette bourrique pourrait bien donner l'alerte, et sa présence serait trahie. Tant pis pour les engourdissements et les fourmillements, Samson ne bougerait plus, sauf s'il y était contraint. De toute manière, la journée était loin d'être terminée, et il avait bien le temps pour décider de la suite des événements. Approcher la cabane, camper dans les environs, quitter les lieux, les options restaient nombreuses.
Pour le moment, il restait là, et ouvrait grand les yeux et les oreilles.
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Re: Promenons-nous dans les bois...
Mar 6 Déc 2016 - 23:57
Sa routine pouvait reprendre là où elle en était.
Faire un feu dans la cuisinière avec les branches qu’il avait amassé, se faire à manger, bailler parce qu’il n’en avait pas encore eu le temps et s’étirer en attendant que ça cuise. Ses journées n’étaient pas palpitantes et ça lui convenait parfaitement. Il y a un an, deux ans, même dix ans de cela elles ne l’étaient pas plus et il aimait autant.
Neil n’était pas un homme d’action, il n’avait pas la trentaine qu’il se conduisait déjà comme un petit vieux. Il aimait avoir son fauteuil avec ses tâches bien à lui, ses déchets qui trainaient sur le parquet et surtout ne rien foutre de la journée. Si la nourriture n’était pas aussi dure à trouver, il aurait pu affirmer être comblé. Il n’y avait personne qui passait, tout juste un mort de temps en temps qu’il écartait rapidement. A part la pluie, rien ne venait troubler sa quiétude. Loin des villes, des agitations et surtout loin des gens, il aimait plus que jamais la vie d’ermite.
Si sa mère le voyait probablement qu’elle serait fière de lui, il arrivait même à se faire des œufs au plat comme un grand. L’année dernière encore, c’était pas gagné.
Le hennissement manqua de lui faire lâcher l’assiette. Il la posait rapidement et sortait en trombe. Roxanne ne piaillait jamais pour rien. Il la rejoignait à la hâte sans rien trouver qui eut pu l’effrayer. Ce n’était pas un mort, elle serait totalement affolée. Elle ne supportait vraiment pas leur présence qui la faisait désespérément paniquer. Il regardait de tous les côtés, entre les arbres, la pente et le précipice rocailleux. Il n’y avait rien, pas un son autre que ceux très éloignés de la forêt.
Il n’y avait pas de trace, plus de bruit et surtout rien d’inhabituel. Tendu il claquait de la langue pour la faire approcher, prenant son museau entre ses mains pour la caresser. Ses sens lui faisaient défaut, il s’en remettait aux siens. Fixant ses oreilles dressées, il attendait qu’elle remarque quelque chose, écoute une direction plus qu’une autre. Rien, toujours rien. Peut-être juste un oiseau qui avait décollé ?
Il lui flattait l’encolure avant de la laisser aller.
Ce n’était pas un mort et ça l’inquiétait. Tout était plus intelligent que les cadavres, même un piaf serait plus dangereux, au moins vicieux. Il soufflait pour tenter de s’apaiser et retournait dans le chalet. Bien loin d’être calmé, il prenait sa pelle et se collait à sa fenêtre, gardant la jument dans son champ de vision. Si elle relevait la tête encore une fois, il saurait d’où la perturbation venait. Si qui que ce soit l’approchait, il le verrait.
Et qu’est-ce qu’il ferait ? Agiter les bras ? Crier ?
Il repensait à l’homme croisé dans la forêt. Il n’était pas si loin. Peut-être qu’il l’avait suivi, comme il l’avait fait lui à peine plus tôt. Sa gorge se serrait comme ses doigts sur le manche. Le type était armé, ce n’était même pas un doute raisonnable mais une certitude. Il l’avait vu. Ce confort miraculeux pouvait basculer d’ici une minute aux mains d’un étranger. Il n’était pas préparé, même complètement paniqué. Collé à la vitre il attendait, les lèvres pincées. Même s’il le voyait débarquer, qu’est-ce qu’il ferait ?
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