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Re: Help me save myself from me
Jeu 19 Jan 2017 - 12:19
Est-ce qu'elle était prête à en parler ? Oui. Non. Pas trop. Elle ne savait pas en fait. Ses yeux bleus fixèrent William, puis s'intéressèrent de près aux tapis enfantins quand il lui proposa de remettre la discussion à plus tard. Maintenant qu'elle avait ouvert la boîte de Pandore, Selene était partagée entre l'envie d'en finir vite et celle d'arrêter là avant de faire plus de dégâts. Il y avait une raison pour laquelle elle gardait tous ces secrets après tout ! Pour le bien de tous. Ou le sien ? Plus le temps passait, plus ces considérations étaient confuses. Son regard revint se confronter à celui, encourageant, de l'ambulancier. Il était doué pour retourner la tête des gens, pas vrai ? Les "réparer" comme elle lui avait dit il y a de cela un moment ; mais est-ce que ça allait la réparer de l'écorcher de la sorte ? Alors elle restait là. Plantée face à lui, incapable d'aligner un mot.
- Heu... je...
Une voix retentit depuis l'extérieur. C'était Abigail. Rendue mal à l'aise par ces lourds aveux largués si brutalement, la musicienne sauta sur l'occasion. Secouant négativement la tête pour signaler qu'elle ne voulait pas aborder le sujet, elle fila en direction de la porte au moment où la blonde, de l'autre côté, posait la main sur la poignée. Pour cacher sa gêne, elle fabriqua de toute pièce un grand sourire à sa meilleure amie et s'éclipsa, non sans un dernier bref coup d'oeil à William.
23 décembre 2016
Ils étaient déjà le surlendemain, depuis la déclaration qui lui avait échappé. Selene n'avait pratiquement pas dormi depuis. Pas uniquement à cause des souvenirs éveillés dans ses rêves, mais parce qu'elle avait la sensation de tromper Gabriel en faisant ces confidences au médecin du groupe. Certes, elle avait l'impression qu'il n'y avait pas que les cauchemars et les questions : depuis leur première entrevue, elle n'avait pas eu d'absence. Pas vraiment. Le repos devait aider, certes, car sans qu'elle n'ait explicitement besoin de lui demander, l'irlandaise avait pris le relais sur la supervision générale du camp. La pianiste la secondait, bien sûr, et son avis avait toujours autant de valeur ; mais elle faisait confiance à ses amis pour que tout fonctionne. Et elle avait une absolue foi en les méthodes d'Abigail, de l'un ou l'autre des côtés de leur grillage.
Une fois de plus, Selene avait demandé à l'ambulancier de la suivre dans le box qui se transformait visiblement en salon de psychanalyste ; et une fois de plus, son aîné avait eu la gentillesse de se rendre disponible. Elle s'en voulait un peu, d'abuser de la sorte de sa patience, mais même si elle n'oserait pas l'admettre : elle avait besoin de se confier. Il fallait purger l’infection avant que son cerveau et ses émotions ne soient complètement gangrénés. Installée face à William, les jambes en tailleur et les doigts triturant le bout des manches trop longues de son sweat, elle engagea doucement :
-Je n'ai pas fait exprès. C'était... c'était vraiment un accident.
La musicienne n'avait pas replanté le contexte, mais elle ne doutait pas que son interlocuteur ferait le lien. Elle se pinça les lèvres, terrifiée à l'idée qu'il puisse la voir comme une criminelle bonne à enfermer. Nerveusement, elle remit derrière ses oreilles des mèches de cheveux indisciplinées, ses jambes papillonnaient. C'était un secret, et il y avait une raison...
-C'était il y a longtemps... le printemps dernier, je crois. On habitait pas au phare, on était dans un chalet, dans la forêt. On était moins aussi : il y avait Breann, Harold et Bobby. Un ami , précisa-t-elle, tu ne l'as pas connu. Il est... il a rejoint d'autres gens.
Une boule d'amertume l'empêcha de déglutir. A cause du fait que le géant soit parti ou parce qu'elle était persuadée d'en être la cause ? Ce n'était pas le sujet et pourtant... c'était lié. Selene hocha la tête, saisie de frissons, avant de trouver assez de courage pour continuer :
-C'est de ma faute , souffla-t-elle, il était le seul à savoir, je devais lui faire peur... , c'était logique, non ? Ce jour là, elle s'était effrayée elle-même, on s'était séparés, en ravitaillement en ville, et... cette fille à surgit de nulle part. Elle m'est rentrée dedans. J'ai eu peur, tu vois ? J'étais seule, j'étais moins habituée que maintenant... tout... tout s'est embrouillé dans ma tête. Je l'ai confondue avec un rôdeur, j'ai cru qu'elle essayait de me mordre, j'étais sûre de l'avoir entendue râler comme un mort !
Son débit s'était tellement accéléré qu'elle en avait oublié de respirer. Presque essoufflée, elle regarda William avec des yeux écarquillés, désespérés, l'appelant à comprendre plus qu'à la juger. Mais pourrait-il ? S'il avait vu dans quel état elle avait mis cette inconnue, il la blâmerait. C'était de la monstruosité, ni plus, ni moins.
-Elle ne m'attaquait pas , précisa-t-elle parce que Bobby lui avait trouvé cette excuse, elle était comme moi... elle avait peur, elle s'est débattue, et plus elle se débattait, plus je... je... je sais pas. J'ai disjoncté... je crois... j'avais l'impression que c'était un mordeur... je l'ai frappé au visage... je ne me souviens plus si c'était la crosse de mon pistolet, ou le bout du manche de mon couteau, mais...je... je pouvais plus...
"M'arrêter". Encore et encore, Selene l'avait matraquée jusqu'à ce que l'autre lâche prise, qu'elle entende un os se fendre sous la force frénétique de sa démence. Le sang était chaud. chaud. La réalité se fractura. La pianiste la voyait : juste là, au pied du lit, l'adolescence au visage tuméfié, méconnaissable. Mais ses yeux étaient ouverts : ils la fixaient en silence. Blême d'effroi, Selene se mit à hurler et plaqua une main devant sa bouche.
-
Une voix retentit depuis l'extérieur. C'était Abigail. Rendue mal à l'aise par ces lourds aveux largués si brutalement, la musicienne sauta sur l'occasion. Secouant négativement la tête pour signaler qu'elle ne voulait pas aborder le sujet, elle fila en direction de la porte au moment où la blonde, de l'autre côté, posait la main sur la poignée. Pour cacher sa gêne, elle fabriqua de toute pièce un grand sourire à sa meilleure amie et s'éclipsa, non sans un dernier bref coup d'oeil à William.
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23 décembre 2016
Ils étaient déjà le surlendemain, depuis la déclaration qui lui avait échappé. Selene n'avait pratiquement pas dormi depuis. Pas uniquement à cause des souvenirs éveillés dans ses rêves, mais parce qu'elle avait la sensation de tromper Gabriel en faisant ces confidences au médecin du groupe. Certes, elle avait l'impression qu'il n'y avait pas que les cauchemars et les questions : depuis leur première entrevue, elle n'avait pas eu d'absence. Pas vraiment. Le repos devait aider, certes, car sans qu'elle n'ait explicitement besoin de lui demander, l'irlandaise avait pris le relais sur la supervision générale du camp. La pianiste la secondait, bien sûr, et son avis avait toujours autant de valeur ; mais elle faisait confiance à ses amis pour que tout fonctionne. Et elle avait une absolue foi en les méthodes d'Abigail, de l'un ou l'autre des côtés de leur grillage.
Une fois de plus, Selene avait demandé à l'ambulancier de la suivre dans le box qui se transformait visiblement en salon de psychanalyste ; et une fois de plus, son aîné avait eu la gentillesse de se rendre disponible. Elle s'en voulait un peu, d'abuser de la sorte de sa patience, mais même si elle n'oserait pas l'admettre : elle avait besoin de se confier. Il fallait purger l’infection avant que son cerveau et ses émotions ne soient complètement gangrénés. Installée face à William, les jambes en tailleur et les doigts triturant le bout des manches trop longues de son sweat, elle engagea doucement :
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La musicienne n'avait pas replanté le contexte, mais elle ne doutait pas que son interlocuteur ferait le lien. Elle se pinça les lèvres, terrifiée à l'idée qu'il puisse la voir comme une criminelle bonne à enfermer. Nerveusement, elle remit derrière ses oreilles des mèches de cheveux indisciplinées, ses jambes papillonnaient. C'était un secret, et il y avait une raison...
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Une boule d'amertume l'empêcha de déglutir. A cause du fait que le géant soit parti ou parce qu'elle était persuadée d'en être la cause ? Ce n'était pas le sujet et pourtant... c'était lié. Selene hocha la tête, saisie de frissons, avant de trouver assez de courage pour continuer :
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Son débit s'était tellement accéléré qu'elle en avait oublié de respirer. Presque essoufflée, elle regarda William avec des yeux écarquillés, désespérés, l'appelant à comprendre plus qu'à la juger. Mais pourrait-il ? S'il avait vu dans quel état elle avait mis cette inconnue, il la blâmerait. C'était de la monstruosité, ni plus, ni moins.
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"M'arrêter". Encore et encore, Selene l'avait matraquée jusqu'à ce que l'autre lâche prise, qu'elle entende un os se fendre sous la force frénétique de sa démence. Le sang était chaud. chaud. La réalité se fractura. La pianiste la voyait : juste là, au pied du lit, l'adolescence au visage tuméfié, méconnaissable. Mais ses yeux étaient ouverts : ils la fixaient en silence. Blême d'effroi, Selene se mit à hurler et plaqua une main devant sa bouche.
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Re: Help me save myself from me
Ven 20 Jan 2017 - 20:03
Et voilà qu'elle repartait comme elle était arrivée. Aussi brusquement qu'elle lui avait annoncé qu'elle avait tué une adolescente. Bien que l'ensemble des plans de l'ambulancier vis-à-vis de la musicienne fût de lui apporter son aide, une sorte de curiosité malsaine germait lentement sans esprit. Les deux jours qui suivirent lui parurent comme une éternité alors qu'il ruminait sans cesse dans son esprit cet aveu qu'elle lui avait fait. Elle avait tué une adolescente d'accord, mais qu'avait fait cette jeune femme pour mériter la mort et pourquoi cela la troublait autant ? N'avait-elle pas tué des dizaines de personnes ? Pourquoi avait-elle parlé de Flann et puis maintenant la vie de cette adolescente sans nom était aussi importante. Tellement de questions qui troublaient l'esprit du psychologue alors qu'il avait tellement de temps pour réfléchir. William commençait à penser que Selene ne serait pas « une patiente comme les autres ». Non pas à cause de la complexité de ce qui semblait être son trouble, mais à cause de la proximité qu'ils avaient développé depuis son arrivé chez Les Messiah. Il était émotionnellement impliqué maintenant, pas un patient qui disparaîtrait le lendemain en somme.
L'étudiant fini par revenir vers lui afin de l'amener dans ce qui allait bientôt devenir un bureau de psychanalyse. En effet, plus le temps avançait, plus il pensait que d'autres membres auraient besoin d'une oreille attentive, qui ne jugerait pas et qui ferait tout pour aider. Abigail, Gabriel et peut-être même Duncan, il n'avait rien décelé pour l'instant chez Breann, Hernando et Mike, mais il semblait que les trois précédents avaient enfoui, eux-aussi, des secrets troublants. Peut-on réellement leur en vouloir ? Personne n'était préparé à vivre de telles atrocités, ni ambulancier, ni les militaires. Certains avaient même dû éliminer eux-mêmes des membres de leur famille.
Will tira la même chaise sur laquelle il s'était installé la première fois, s'asseyant de manière bien moi à l'aise que la première fois. Les mains croisées sous son menton, les jambes plutôt serrées, il sentait l'ambiance mortuaire qui s'installait lentement dans la pièce avant qu'elle commence à parler. Elle commença par se justifier, comme si elle ce trouvait devant un jury qui allait bientôt décider si elle était coupable ou non coupable, comme si les murs de cette prison allaient bientôt devenir, non pas sa demeure, mais sa sentence. Rapidement, alors qu'elle signifiait à son interlocuteur que ce n'était qu'un accident, qu'elle n'avait pas fait exprès, il interrompit.
- Je suis pas là pour te juger Selene...
Il lui sembla que ce détail était important afin de la libérer, il avait besoin qu'elle comprenne que peu importe ce qu'elle lui raconterait, son opinion sur elle ne changerait pas, et qu'il n'était pas question de faire son procès, mais plutôt de comprendre les circonstances qui l'avaient amené à commettre cet acte, ou ces actes.
Elle poursuivit son histoire, et elle semblait déballée le tout comme si le temps pressait, comme si son cerveau pouvait la faire s'arrêter d'une minute à l'autre et qu'elle voulait donc que tous les mots sortent le plus rapidement possible. Visiblement, l'opinion de « Bobby », cet homme qui avait quitté, comptait suffisamment pour la musicienne pour qu'elle croie que ses actions étaient la résultante de son départ. Détail qui effleura l'esprit de William alors qu'il notait le nom de cet individu dans son esprit, mais l'esquiva pour connaître les détails réels de ce meurtre. Le résumé de son histoire aurait probablement pu être suffisant pour glacer le sang de n'importe qui ayant le cœur suffisamment sensible. À une certaine époque, certaines personnes auraient même pu lui donner le surnom de meurtrière et elle aurait passé le reste de sa vie derrière les barreaux d'une prison. Mais aujourd'hui, la justice n'existait plus. La seule loi qui existait, c'était la loi de la jungle.
Étrangement, l'ambulancier resta de glace devant l'histoire. Il ne sembla ni choqué, ni bouleversé par le récit, mais il ne semblait pas non plus compréhensif, il n'affichait aucune émotion. En vérité, William était tiraillé, il ne pouvait pas en vouloir à la jeune femme, elle avait pris peur, c'était un accident, mais le but n'était pas de lui donner des circonstances atténuantes. Le seul et unique but de la séance était de l'aider à se pardonner elle-même. D'un coup, le visage de la brunette sembla s'horrifier devant une vision qu'elle seule pouvait observer. Il tira sur sa chaise, suffisamment pour être mettre sa main sur son épaule droite, lui offrant une barrière entre le contact physique et la vision surréel.
- Du calme Selene, respire lentement. Je suis avec toi. Qu'est-ce que tu vois dit moi ? Est-ce que tu vois quelque chose d'autre dans cette pièce ?
La voix de son aîné se faisait douce et rassurante alors que son regard était constant sur elle et sur la position de ses iris. Il cherchait à voir dans quelle direction elle regardait et la dilatation de ses pupilles sans pour autant regarder lui-même dans cette direction. S'il regardait, il ne ferait que la conforter dans l'idée qu'il y avait bel et bien quelque chose. Au contraire, il voulait qu'elle les exprime afin de les laisser partir.
- Prend ton temps, rien ne presse. Je suis pas là pour te juger, juste pour t'écouter.
L'étudiant fini par revenir vers lui afin de l'amener dans ce qui allait bientôt devenir un bureau de psychanalyse. En effet, plus le temps avançait, plus il pensait que d'autres membres auraient besoin d'une oreille attentive, qui ne jugerait pas et qui ferait tout pour aider. Abigail, Gabriel et peut-être même Duncan, il n'avait rien décelé pour l'instant chez Breann, Hernando et Mike, mais il semblait que les trois précédents avaient enfoui, eux-aussi, des secrets troublants. Peut-on réellement leur en vouloir ? Personne n'était préparé à vivre de telles atrocités, ni ambulancier, ni les militaires. Certains avaient même dû éliminer eux-mêmes des membres de leur famille.
Will tira la même chaise sur laquelle il s'était installé la première fois, s'asseyant de manière bien moi à l'aise que la première fois. Les mains croisées sous son menton, les jambes plutôt serrées, il sentait l'ambiance mortuaire qui s'installait lentement dans la pièce avant qu'elle commence à parler. Elle commença par se justifier, comme si elle ce trouvait devant un jury qui allait bientôt décider si elle était coupable ou non coupable, comme si les murs de cette prison allaient bientôt devenir, non pas sa demeure, mais sa sentence. Rapidement, alors qu'elle signifiait à son interlocuteur que ce n'était qu'un accident, qu'elle n'avait pas fait exprès, il interrompit.
- Je suis pas là pour te juger Selene...
Il lui sembla que ce détail était important afin de la libérer, il avait besoin qu'elle comprenne que peu importe ce qu'elle lui raconterait, son opinion sur elle ne changerait pas, et qu'il n'était pas question de faire son procès, mais plutôt de comprendre les circonstances qui l'avaient amené à commettre cet acte, ou ces actes.
Elle poursuivit son histoire, et elle semblait déballée le tout comme si le temps pressait, comme si son cerveau pouvait la faire s'arrêter d'une minute à l'autre et qu'elle voulait donc que tous les mots sortent le plus rapidement possible. Visiblement, l'opinion de « Bobby », cet homme qui avait quitté, comptait suffisamment pour la musicienne pour qu'elle croie que ses actions étaient la résultante de son départ. Détail qui effleura l'esprit de William alors qu'il notait le nom de cet individu dans son esprit, mais l'esquiva pour connaître les détails réels de ce meurtre. Le résumé de son histoire aurait probablement pu être suffisant pour glacer le sang de n'importe qui ayant le cœur suffisamment sensible. À une certaine époque, certaines personnes auraient même pu lui donner le surnom de meurtrière et elle aurait passé le reste de sa vie derrière les barreaux d'une prison. Mais aujourd'hui, la justice n'existait plus. La seule loi qui existait, c'était la loi de la jungle.
Étrangement, l'ambulancier resta de glace devant l'histoire. Il ne sembla ni choqué, ni bouleversé par le récit, mais il ne semblait pas non plus compréhensif, il n'affichait aucune émotion. En vérité, William était tiraillé, il ne pouvait pas en vouloir à la jeune femme, elle avait pris peur, c'était un accident, mais le but n'était pas de lui donner des circonstances atténuantes. Le seul et unique but de la séance était de l'aider à se pardonner elle-même. D'un coup, le visage de la brunette sembla s'horrifier devant une vision qu'elle seule pouvait observer. Il tira sur sa chaise, suffisamment pour être mettre sa main sur son épaule droite, lui offrant une barrière entre le contact physique et la vision surréel.
- Du calme Selene, respire lentement. Je suis avec toi. Qu'est-ce que tu vois dit moi ? Est-ce que tu vois quelque chose d'autre dans cette pièce ?
La voix de son aîné se faisait douce et rassurante alors que son regard était constant sur elle et sur la position de ses iris. Il cherchait à voir dans quelle direction elle regardait et la dilatation de ses pupilles sans pour autant regarder lui-même dans cette direction. S'il regardait, il ne ferait que la conforter dans l'idée qu'il y avait bel et bien quelque chose. Au contraire, il voulait qu'elle les exprime afin de les laisser partir.
- Prend ton temps, rien ne presse. Je suis pas là pour te juger, juste pour t'écouter.
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Re: Help me save myself from me
Sam 21 Jan 2017 - 9:55
Blême, elle s’était recroquevillée sur elle-même cherchant à reculer. Le mur dans son dos stoppa sa retraite, mais elle la voyait encore : ces yeux humides, implorants et accusateurs. « Pourquoi ? » demandaient-ils alors que leur propriétaire s’étouffait dans son propre sang, « pourquoi m’as-tu tuée ? ». Selene tremblait comme une feuille, les larmes inondant son visage, mais la main que posa William sur son épaule lui permit de se raccrocher à quelque chose. Sans le savoir, il s’était dressé entre la musicienne et son hallucination ; sa voix l’empêchait de se concentrer sur les questions silencieuses.
-Elle est là , murmura-t-elle fébrilement, elle est là, elle est là, elle est là, …
Tant mieux que mal, elle essayait de réguler sa respiration. L’ambulancier était une bouée de sauvetage dans son naufrage. Il y avait quelque chose dans son aura, dans son ton, qui l’encourageait à ne plus porter seule ces secrets. L’étudiante luttait souvent contre, parce qu’elle avait peur de ce que signifiait le fait de dire la vérité, mais en même temps… elle avait besoin de ça. De lui. Un battement de cil, et il n’y avait plus rien sur le sol. Ni victime, ni sang, rien que le parterre froid de la prison. Elle était encore secouée de frissons, mais paraissait presque dans un état second. Sa voix se mit à sortir toute seule, laconique, presque désincarnée.
-Je l’ai frappé jusqu’à ce que son sang me gicle dessus et me face réaliser que je m’étais trompée… je l’avais… défigurée… et elle est morte comme ça. Pour rien. Juste parce que…
Selene haussa les épaules. Parce qu’elle avait pété les plombs, oui. Ce meurtre la hantait plus que les autres, parce qu’il n’y avait ni excuse, ni raison, ni circonstance atténuante. Cette jeune fille n’avait rien demandé à personne, elle se trouvait juste au mauvais endroit au mauvais moment. La pianiste eut brusquement le tournis, l’impression que le décor était en train de basculer. Elle s’agrippa machinalement au mur et renifla, son visage blafard à moitié masqué par une cascade de cheveux sombre.
Ça y est. Elle avait sauté dans le vide. Quand allait-elle s’écraser ? Pour l’instant, la musicienne avait la sensation désagréable de chuter à l’infini, alors que sa poitrine frêle était écrasée par la pression. Est-ce que William allait le dire aux autres ou le garder pour lui ? Après tout, il n’y avait plus de vrai secret professionnel ; il n’y avait que sa propre conscience : allait-il laisser une journée de plus en liberté un membre de leur groupe capable de disjoncter n’importe quand ?
-Est-ce que… est-ce que tu penses toujours que je ne suis pas folle ? demanda Selene sur un ton implorant.
Elle voulait qu’il dise « oui » ; elle voulait se rassurer. Une partie d’elle voulait fuir cet endroit, s’éloigner de l’ambulancier qui l’incitait à ouvrir ce qu’elle gardait enfoui. Elle songea même à le tuer : elle n’était plus à un cauchemar prêt, et ce serait peu cher payé pour qu’il ne divulgue pas ce qu’elle avouait. Mais en même temps… elle avait besoin de lui, elle le sentait. Un souvenir s’installa dans son esprit troublé, le jour où elle avait exploré l’école primaire avec le médecin. Elle avait failli lui avouer quelque chose, puis s’était retenue. Aujourd’hui, ça venait tout seul…
-Je veux vivre, tu sais ? J’aime Gabriel… je voudrais arrêter de devoir me battre, être avec lui tout le temps, et… et être maman , elle haussa encore les épaules et sourit alors que ses traits brillaient toujours de larmes, je ne sais pas vraiment pourquoi, peut-être parce que je voudrais sentir que j’ai été capable de faire quelque chose de bien… mais… mais je suis malade, c’est ça ? Je peux pas avoir d’enfant si je suis malade…
C’était à la fois une question et une autocritique. Selene ne savait effectivement pas pourquoi ce rêve d’être mère. Elle était jeune, elle n'était pas prête au fond. C’était certainement parce que son petit ami lui avait redonné goût à la vie. Avant de retrouver l’instituteur, elle était une guerrière froide, son cœur insensible, qui ne s’imaginait pas faire autre chose que résister aux rôdeurs jusqu’à sa mort – ou jusqu’à ce qu’elle se lasse et se suicide. Gabriel avait changé tout ça. Il avait ravivé ses émotions quand elle les pensait cliniquement éteintes. Cet homme était tout.
Il y avait encore tant à raconter : sur les gens qu’elle avait tué, sur ce qu’elle avait vécu, mais pour l’instant, c’était ça qui devenait capital. Savoir si son rêve était toujours valable. Qu’est-ce qu’elle allait devenir, s’il ne l’était plus ?
-
Tant mieux que mal, elle essayait de réguler sa respiration. L’ambulancier était une bouée de sauvetage dans son naufrage. Il y avait quelque chose dans son aura, dans son ton, qui l’encourageait à ne plus porter seule ces secrets. L’étudiante luttait souvent contre, parce qu’elle avait peur de ce que signifiait le fait de dire la vérité, mais en même temps… elle avait besoin de ça. De lui. Un battement de cil, et il n’y avait plus rien sur le sol. Ni victime, ni sang, rien que le parterre froid de la prison. Elle était encore secouée de frissons, mais paraissait presque dans un état second. Sa voix se mit à sortir toute seule, laconique, presque désincarnée.
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Selene haussa les épaules. Parce qu’elle avait pété les plombs, oui. Ce meurtre la hantait plus que les autres, parce qu’il n’y avait ni excuse, ni raison, ni circonstance atténuante. Cette jeune fille n’avait rien demandé à personne, elle se trouvait juste au mauvais endroit au mauvais moment. La pianiste eut brusquement le tournis, l’impression que le décor était en train de basculer. Elle s’agrippa machinalement au mur et renifla, son visage blafard à moitié masqué par une cascade de cheveux sombre.
Ça y est. Elle avait sauté dans le vide. Quand allait-elle s’écraser ? Pour l’instant, la musicienne avait la sensation désagréable de chuter à l’infini, alors que sa poitrine frêle était écrasée par la pression. Est-ce que William allait le dire aux autres ou le garder pour lui ? Après tout, il n’y avait plus de vrai secret professionnel ; il n’y avait que sa propre conscience : allait-il laisser une journée de plus en liberté un membre de leur groupe capable de disjoncter n’importe quand ?
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Elle voulait qu’il dise « oui » ; elle voulait se rassurer. Une partie d’elle voulait fuir cet endroit, s’éloigner de l’ambulancier qui l’incitait à ouvrir ce qu’elle gardait enfoui. Elle songea même à le tuer : elle n’était plus à un cauchemar prêt, et ce serait peu cher payé pour qu’il ne divulgue pas ce qu’elle avouait. Mais en même temps… elle avait besoin de lui, elle le sentait. Un souvenir s’installa dans son esprit troublé, le jour où elle avait exploré l’école primaire avec le médecin. Elle avait failli lui avouer quelque chose, puis s’était retenue. Aujourd’hui, ça venait tout seul…
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C’était à la fois une question et une autocritique. Selene ne savait effectivement pas pourquoi ce rêve d’être mère. Elle était jeune, elle n'était pas prête au fond. C’était certainement parce que son petit ami lui avait redonné goût à la vie. Avant de retrouver l’instituteur, elle était une guerrière froide, son cœur insensible, qui ne s’imaginait pas faire autre chose que résister aux rôdeurs jusqu’à sa mort – ou jusqu’à ce qu’elle se lasse et se suicide. Gabriel avait changé tout ça. Il avait ravivé ses émotions quand elle les pensait cliniquement éteintes. Cet homme était tout.
Il y avait encore tant à raconter : sur les gens qu’elle avait tué, sur ce qu’elle avait vécu, mais pour l’instant, c’était ça qui devenait capital. Savoir si son rêve était toujours valable. Qu’est-ce qu’elle allait devenir, s’il ne l’était plus ?
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Re: Help me save myself from me
Lun 30 Jan 2017 - 20:26
Aussi difficile que ça puisse être, il gardait son sang-froid en face de ce qui était aujourd'hui sa patiente. William était quelqu'un doté d'une empathie hors du commun, et ce qu'était en train de vivre l'étudiante l'affectait profondément. Il était conscient qu'en extériorisant son passé et ses blessures, il la faisait souffrir, de la même façon qu'on pouvait faire souffrir quelqu'un en retirant brusquement une flèche plantée à travers sa chaire. Toutefois, malgré tout, la peau ne pouvait pas cicatriser lorsqu'un objet la traversait, du moins jamais complètement. C'est ce qui arrivait présentement à la brunette, elle était criblée de flèches, mais ne les avait jamais retirés, l'ambulancier l'aiderait à les enlever une à une, aussi douloureux que ça puisse être sur le coup, la blessure aurait maintenant une chance de se refermer. Là maintenant, elle avait des hallucinations, la jeune adolescente qu'elle avait tuée de sang-froid était là dans la pièce avec eux. Son cerveau avait décidé de garder en vie cette personne, et c'était probablement pour lui faire des reproches, il s'agissait sans équivoque d'une image qu'elle avait gardée pour se rappeler qu'elle n'était pas parfaite, et qu'elle avait des horreurs à se reprocher. Au moins, elle ne démontrait aucun symptôme de sociopathies, dans ses cas, le psychologue n'aurait peut-être rien pu faire pour elle. Mais là, elle démontrait clairement des signes de regrets et avait donc tous les outils pour remettre les choses en perspective.
Il resta près d'elle suffisamment longtemps pour qu'elle reprenne ses esprits, alors qu'elle parlait, qu'elle lui racontait comment les choses s'était déroulé, elle semblait reprendre son calme et ses esprits, l'hallucination avait peut-être disparu. Il s'installa donc à ses côtés sur le lit, en gardant une distance de bras de distance pour éviter de trop pénétrer dans sa carapace psychologique. Il la regardait et hochait simplement la tête en suivant l'histoire un détail après l'autre, jusqu'à ce qu'elle en arrive à la question fatidique : "Était-elle folle ?". À cette question, Will commença à secouer la tête négativement afin d'y répondre, mais elle reprit aussitôt sur autre chose, sur une volonté enfouie. L'envie d'être heureuse, l'envie d'être un parent, l'envie d'être aimé... Qu'y avait-il de mal là-dedans ? N'était-il pas la preuve qu'elle était quelqu'un de sensiblement normal ? Elle avait des désirs typiques, elle voulait vivre une vie épanouie, personne ne pourrait lui reprocher de désirer une telle chose. À ses paroles, son aîné eut un fin sourire attendri, il était un peu ému par la situation, mais restait tout de même professionnel.
- Tu n'es pas folle... Mais comme tu le constates toi-même, oui, tu es malade. Il marqua une brève pause afin de replacer dans sa tête chaque élément que lui avait raconté la jeune femme à propos de la mort de l'adolescente. Tu as fait quelque chose de mal Selene, peut-être même plus qu'une chose dans ta vie, et il est tout à fait normal, considérant les circonstances, que tu sois hanté par ses choses. Je dis pas que ça sera facile et que tu pourras oublier, mais il faudra que tu apprennes à te pardonner.
Il marquait une nouvelle pause afin d'analyser les réactions de sa patiente. Les mots du psychologue étaient scrupuleusement choisi afin qu'elle puisse y voir le moins possible un deuxième ou un troisième degré, l'ambulancier était là pour l'aider à passer au travers de ses cauchemars. Au premier coup d’œil, il ne semblait même pas ébranlé par ce qu'elle lui avait raconté, visiblement, il ne la jugeait pas, c'était vrai, du moins, s'il la jugeait, il pourrait être nominé pour l'Oscar du meilleur acteur dans le prochain film de drame familial. Son sourire revint en repensant à son désir de devenir une mère et il reprit sur ses paroles.
- Tu seras une mère formidable. Déjà à ton jeune âge, tu es presque une mère pour nous tous ici, alors je n'ai aucune inquiétude face à tes enfants. De mon côté, je vais t'aider à arrêter de vivre dans tes erreurs du passé, pour que tu puisses vivre avec ta famille dans le présent.
Il esquiva tout de même l'idée que sa maladie soit plus que quelques souvenirs enfouis. En effet, les hallucinations et ses phases d'humeur changeante ressemblaient plus à ce qui pourrait être dans la famille des troubles psychotiques, bien que la thérapie aiderait, des médicaments antipsychotique seraient à prévoir afin de contrôler ses humeurs et ses perceptions. Il faudrait tout de même un jour qu'il détermine l'étendue de sa maladie et qu'il informe donc des risques associés à l’hérédité de la majorité de ses troubles.
Son aîné se redressa pour se relever et prendre la direction du bureau où il était précédemment assis. À cet endroit, il y avait laissé traîner un carnet de note depuis quelques jours, prévoyant l'offrir à l'étudiante lorsque le moment s'y prêterait. Saisissant le livre presque vierge, car à vrai dire, il avait arraché plusieurs pages du journal qu'une prisonnière avait débuté, il se retourna pour lui présenter sous les yeux, accompagnés d'un stylo bille.
- Je veux que tu prennes ça, et que tu écrives ce que tu ressens au quotidien. Toutes les manifestations, tes colères, tes joies... Tu dois les écrire à l'encre, car tu ne dois pas les effacer. Nous les repasserons ensemble de façon périodique d'accord ? Si tu as envie d'écrire que tu me détestes, tu le peux aussi.
À ses dernières paroles, William eut un sourire plus prononcé. Il cherchait surtout à alléger l'atmosphère pour qu'elle se sente à l'aise dans cette idée d'écrire son intimité dans un carnet. Même si le tout était fait avec une légère pointe d'humour, c'était la vérité, elle pourrait écrire sans crainte sa haine pour son psychologue si c'était le cas, une fois cela fait, ils pourraient ensemble déterminer ce qui causait cette émotion. C'était en quelques sortes, les préliminaires d'une thérapie.
Il resta près d'elle suffisamment longtemps pour qu'elle reprenne ses esprits, alors qu'elle parlait, qu'elle lui racontait comment les choses s'était déroulé, elle semblait reprendre son calme et ses esprits, l'hallucination avait peut-être disparu. Il s'installa donc à ses côtés sur le lit, en gardant une distance de bras de distance pour éviter de trop pénétrer dans sa carapace psychologique. Il la regardait et hochait simplement la tête en suivant l'histoire un détail après l'autre, jusqu'à ce qu'elle en arrive à la question fatidique : "Était-elle folle ?". À cette question, Will commença à secouer la tête négativement afin d'y répondre, mais elle reprit aussitôt sur autre chose, sur une volonté enfouie. L'envie d'être heureuse, l'envie d'être un parent, l'envie d'être aimé... Qu'y avait-il de mal là-dedans ? N'était-il pas la preuve qu'elle était quelqu'un de sensiblement normal ? Elle avait des désirs typiques, elle voulait vivre une vie épanouie, personne ne pourrait lui reprocher de désirer une telle chose. À ses paroles, son aîné eut un fin sourire attendri, il était un peu ému par la situation, mais restait tout de même professionnel.
- Tu n'es pas folle... Mais comme tu le constates toi-même, oui, tu es malade. Il marqua une brève pause afin de replacer dans sa tête chaque élément que lui avait raconté la jeune femme à propos de la mort de l'adolescente. Tu as fait quelque chose de mal Selene, peut-être même plus qu'une chose dans ta vie, et il est tout à fait normal, considérant les circonstances, que tu sois hanté par ses choses. Je dis pas que ça sera facile et que tu pourras oublier, mais il faudra que tu apprennes à te pardonner.
Il marquait une nouvelle pause afin d'analyser les réactions de sa patiente. Les mots du psychologue étaient scrupuleusement choisi afin qu'elle puisse y voir le moins possible un deuxième ou un troisième degré, l'ambulancier était là pour l'aider à passer au travers de ses cauchemars. Au premier coup d’œil, il ne semblait même pas ébranlé par ce qu'elle lui avait raconté, visiblement, il ne la jugeait pas, c'était vrai, du moins, s'il la jugeait, il pourrait être nominé pour l'Oscar du meilleur acteur dans le prochain film de drame familial. Son sourire revint en repensant à son désir de devenir une mère et il reprit sur ses paroles.
- Tu seras une mère formidable. Déjà à ton jeune âge, tu es presque une mère pour nous tous ici, alors je n'ai aucune inquiétude face à tes enfants. De mon côté, je vais t'aider à arrêter de vivre dans tes erreurs du passé, pour que tu puisses vivre avec ta famille dans le présent.
Il esquiva tout de même l'idée que sa maladie soit plus que quelques souvenirs enfouis. En effet, les hallucinations et ses phases d'humeur changeante ressemblaient plus à ce qui pourrait être dans la famille des troubles psychotiques, bien que la thérapie aiderait, des médicaments antipsychotique seraient à prévoir afin de contrôler ses humeurs et ses perceptions. Il faudrait tout de même un jour qu'il détermine l'étendue de sa maladie et qu'il informe donc des risques associés à l’hérédité de la majorité de ses troubles.
Son aîné se redressa pour se relever et prendre la direction du bureau où il était précédemment assis. À cet endroit, il y avait laissé traîner un carnet de note depuis quelques jours, prévoyant l'offrir à l'étudiante lorsque le moment s'y prêterait. Saisissant le livre presque vierge, car à vrai dire, il avait arraché plusieurs pages du journal qu'une prisonnière avait débuté, il se retourna pour lui présenter sous les yeux, accompagnés d'un stylo bille.
- Je veux que tu prennes ça, et que tu écrives ce que tu ressens au quotidien. Toutes les manifestations, tes colères, tes joies... Tu dois les écrire à l'encre, car tu ne dois pas les effacer. Nous les repasserons ensemble de façon périodique d'accord ? Si tu as envie d'écrire que tu me détestes, tu le peux aussi.
À ses dernières paroles, William eut un sourire plus prononcé. Il cherchait surtout à alléger l'atmosphère pour qu'elle se sente à l'aise dans cette idée d'écrire son intimité dans un carnet. Même si le tout était fait avec une légère pointe d'humour, c'était la vérité, elle pourrait écrire sans crainte sa haine pour son psychologue si c'était le cas, une fois cela fait, ils pourraient ensemble déterminer ce qui causait cette émotion. C'était en quelques sortes, les préliminaires d'une thérapie.
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Re: Help me save myself from me
Lun 30 Jan 2017 - 23:19
Ses yeux bleus le fixaient, mais elle était silencieuse. « Malade » pas « folle », quelle était la vraie différence ? Il y en avait une, mais elle n’était pas certaine de la saisir. Alors que William poursuivait, elle se mit à triturer un peu nerveusement l’une de ses mèches de cheveux. Ça faisait mal à entendre, parce qu’elle aurait aimé qu’il dise qu’elle n’avait rien fait pas de mal ; mais en tête temps, ça lui faisait du bien. Il ne la jugeait pas, il ne faisait que dire la vérité et ses mots ressemblaient à ceux formulés par Gabriel à la fin de l’été. Quand il était question de ce qui s’était passé avec le groupe de Jonah, son petit ami lui avait dit que ça ne servait à rien de s’approprier un blâme qui était collectif ; qu’elle devait faire la part des choses et apprendre à se pardonner.
Son ardoise était tellement longue alors… la musicienne la visualisait, les noms de toutes les personnes, tous les événements. Chacune des petites choses qui pesaient sur ses épaules fragiles comme un manteau de plomb. Elle hocha doucement la tête, patiente qui acceptait le diagnostique. Sa bouche s’ouvrit et se referma aussitôt. Ses pensées recommençaient à s’entremêler, ses sentiments également. Selene réalisait que ce qu’elle avait d’abord pris pour une intrusion de la part de l’ambulancier lui apparaissait aujourd'hui comme nécessaire. Elle lui était reconnaissante, sans savoir comment l’exprimer.
Son visage décoloré par la fatigue s’illumina un peu quand son aîné lui dit qu’elle serait une mère formidable – qu’elle l’était déjà pour ceux du camp. C’était flatteur, rassurant, mais maintenant qu’elle prenait conscience que quelque chose clochait, le doute était permis. Et si ce qui était arrivé avec Carment et Axel se reproduisait ? Et si elle avait une absence qui mettait sa famille en danger ? Et si elle réussissait à avoir un bébé mais le tuait pendant une crise ? C’était… atroce de se sentir malade mais de ne pas voir les symptômes. Se dire que d’une minute à l’autre, elle pourrait perdre la notion de la réalité.
-Merci , avait-elle murmuré.
Tandis que William se levait, elle baissa les yeux sur ses mains, posées sur ses genoux. Que devait-elle faire maintenant ? Comment les choses allaient se passer ? Est-ce qu’elle devait en informer Gabriel ? La sagesse lui dictait que oui, mais une autre partie d’elle-même refusait de le mettre au courant. Il avait suffisamment de chose à penser que sa petite amie qui virait cinglée, pas vrai ? Il n’avait pas besoin de savoir, ce n’était pas comme si elle faisait quelque chose de mal.
La pianiste s’était attendue à beaucoup de solutions, même qu’il lui suggère qu’ils trouvent des médicaments, mais tenir un journal ? Non. Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir y écrire ? Au moment où elle les vivait, aucune de ses émotions ne lui paraissait différente des autres. Elle craignait de l’ennuyer plus qu’autre chose ou de coucher sur le papier des éléments sans intérêt. Elle attrapa délicatement le carnet pourtant et l’ouvrit pour en admirer les pages blanches, comme la promesse d’une thérapie qui prenait une forme officielle.
-Je ne te déteste pas , rétorqua-t-elle avec un petit sourire un peu triste, sincèrement pas. Ta fiancée avait de la chance.
Oui. Son homme était un trésor mais il dilapidait toute sa gentillesse à des étrangers alors que peut-être, quelque part dans l’état dévasté, elle en avait besoin. Si elle était en vie. Selene se leva doucement, fébrile mais étrangement légère, et enveloppa l’ambulancier de son regard glacier. Ses mains serraient le carnet contre son cœur, lui donnant l’allure d’une lycéenne qui sortait d’un cours.
-Ne dis rien à Gabriel s’il te plait. Je préfère… attendre un peu, pour lui dire que… enfin… il s’en doute, mais ce n’es pas pareil.
Ce n’était jamais pareil de mettre les mots sur quelque chose. Avouer qu’elle était malade, c’était rajouter une autre dimension à leur couple. C’était l’obliger à porter une partie de son fardeau, ce qu’elle ne voulait pas. Il avait déjà trop fait, trop enduré, par et pour elle.
Depuis la dernière séance, la musicienne n’avait pas vraiment réussi à écrire dans son journal. Pratiquement tous les jours pourtant, elle essayant de se mettre en condition, trouvait quelques minutes pour se mettre devant la feuille blanche, mais rien ne lui venait. Elle avait gribouillé des choses pour les rayer, puis les renoter en désespoir de cause, sans intérêt, sans fond. Ensuite il y avait le sauvetage de Sarah et la demande en mariage de Gabriel. Ces fois-là, les mots s’étaient déliés et la magie de l’écriture, c’était que c’était plus facile de laisser sortir ses sentiments. Une distance s'instaurait entre elle et le – potentiel – lecteur, alors ça ne paraissait pas réel. Quand elle retrouva son ami dans le box qui n’était heureusement pas dans le même bloc que celui où était emprisonnée leur locataire, celui-ci aurait deux textes à lire qui sortaient du lot de ses brefs récits du quotidien.
« Je me sens comblée. Je m’en veux de ne pas savoirlui dire exprimer correctement ce que je ressens, parce que je l’aime plus que tout. Je me fiche de savoir que ça n’a pas de sens, parce que l’idée d’être sa femme est géniale merveilleuse. Ça donne une image, peut-être trop romantique, à mes sentiments. Je l’aime. C’est pour lui que je veux changer et être quelqu’un de meilleur. Je veux guérir, pour ne plus le mettre en danger. »
«Je la hais. Je ne l’aime pas. Je voulais la tuer quand on l’a trouvée, parce que je ne fais plus confiance aux vivants. Ce sont eux qui m’ont vio le plus blessée, qui ont tué Flann. Je pensais la tuer, pour ne pas que nous courions un risque, mais aujourd’hui, elle est dans la prison. Je crois que les voix sont revenues. Parfois, je m’entends penser que je devrais aller l’assassiner, mais ce n’est pas de moi. Cette nuit, je me suis réveillée dehors. J'étais en pyjama, juste devant la porte du bâtiment où elle est enfermée. J’avais l’un des plus grands couteaux de chasse dans les mains. Je ne sais plus comment je suis arrivée là. Je suis retournée me coucher, Gabriel m’a demandé où j’étais, j’ai dit que j’ai eu besoin d’aller faire pipi. J’avais peur. La lame n’était pas ensanglantée, mais j’arrête pas de me demander « et si je l’avais fait » ? J'ai pas pu dormir. J’ai dû attendre le lendemain pour me rendre compte qu’elle était vivante. J’étais soulagée et énervée en même temps. »
Son ardoise était tellement longue alors… la musicienne la visualisait, les noms de toutes les personnes, tous les événements. Chacune des petites choses qui pesaient sur ses épaules fragiles comme un manteau de plomb. Elle hocha doucement la tête, patiente qui acceptait le diagnostique. Sa bouche s’ouvrit et se referma aussitôt. Ses pensées recommençaient à s’entremêler, ses sentiments également. Selene réalisait que ce qu’elle avait d’abord pris pour une intrusion de la part de l’ambulancier lui apparaissait aujourd'hui comme nécessaire. Elle lui était reconnaissante, sans savoir comment l’exprimer.
Son visage décoloré par la fatigue s’illumina un peu quand son aîné lui dit qu’elle serait une mère formidable – qu’elle l’était déjà pour ceux du camp. C’était flatteur, rassurant, mais maintenant qu’elle prenait conscience que quelque chose clochait, le doute était permis. Et si ce qui était arrivé avec Carment et Axel se reproduisait ? Et si elle avait une absence qui mettait sa famille en danger ? Et si elle réussissait à avoir un bébé mais le tuait pendant une crise ? C’était… atroce de se sentir malade mais de ne pas voir les symptômes. Se dire que d’une minute à l’autre, elle pourrait perdre la notion de la réalité.
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Tandis que William se levait, elle baissa les yeux sur ses mains, posées sur ses genoux. Que devait-elle faire maintenant ? Comment les choses allaient se passer ? Est-ce qu’elle devait en informer Gabriel ? La sagesse lui dictait que oui, mais une autre partie d’elle-même refusait de le mettre au courant. Il avait suffisamment de chose à penser que sa petite amie qui virait cinglée, pas vrai ? Il n’avait pas besoin de savoir, ce n’était pas comme si elle faisait quelque chose de mal.
La pianiste s’était attendue à beaucoup de solutions, même qu’il lui suggère qu’ils trouvent des médicaments, mais tenir un journal ? Non. Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir y écrire ? Au moment où elle les vivait, aucune de ses émotions ne lui paraissait différente des autres. Elle craignait de l’ennuyer plus qu’autre chose ou de coucher sur le papier des éléments sans intérêt. Elle attrapa délicatement le carnet pourtant et l’ouvrit pour en admirer les pages blanches, comme la promesse d’une thérapie qui prenait une forme officielle.
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Oui. Son homme était un trésor mais il dilapidait toute sa gentillesse à des étrangers alors que peut-être, quelque part dans l’état dévasté, elle en avait besoin. Si elle était en vie. Selene se leva doucement, fébrile mais étrangement légère, et enveloppa l’ambulancier de son regard glacier. Ses mains serraient le carnet contre son cœur, lui donnant l’allure d’une lycéenne qui sortait d’un cours.
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Ce n’était jamais pareil de mettre les mots sur quelque chose. Avouer qu’elle était malade, c’était rajouter une autre dimension à leur couple. C’était l’obliger à porter une partie de son fardeau, ce qu’elle ne voulait pas. Il avait déjà trop fait, trop enduré, par et pour elle.
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6 janvier 2017
Depuis la dernière séance, la musicienne n’avait pas vraiment réussi à écrire dans son journal. Pratiquement tous les jours pourtant, elle essayant de se mettre en condition, trouvait quelques minutes pour se mettre devant la feuille blanche, mais rien ne lui venait. Elle avait gribouillé des choses pour les rayer, puis les renoter en désespoir de cause, sans intérêt, sans fond. Ensuite il y avait le sauvetage de Sarah et la demande en mariage de Gabriel. Ces fois-là, les mots s’étaient déliés et la magie de l’écriture, c’était que c’était plus facile de laisser sortir ses sentiments. Une distance s'instaurait entre elle et le – potentiel – lecteur, alors ça ne paraissait pas réel. Quand elle retrouva son ami dans le box qui n’était heureusement pas dans le même bloc que celui où était emprisonnée leur locataire, celui-ci aurait deux textes à lire qui sortaient du lot de ses brefs récits du quotidien.
« Je me sens comblée. Je m’en veux de ne pas savoir
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Re: Help me save myself from me
Mar 7 Mar 2017 - 21:18
Le psychologue regardait sa patiente alors qu'elle collait le livre contre son cœur. D'une certaine façon, cet unique geste semblait lui avoir fait un bien fou, alors que pour lui, tout lui semblait naturel. Il eut un fin sourire, un brin gêné et mélancolique alors qu'elle lui signifiait que Charlie avait de la chance. En avait-elle ? Un autre homme n'aurait peut-être pas pris d'aussi mauvaise décision face à l'apocalypse. Un autre homme n'aurait pas amené ses beaux-parents à la mort... Il secouait la tête, comme pour chasser physiquement ses pensées sombres de son esprit puis revint à elle.
- Je ne vais pas en parler à Gabriel, ni à personne d'ailleurs. Ça sera à toi de le faire, lorsque tu seras prête.
Lui en parler n'apporterait rien à la situation de toute façon, à la limite, cela pourrait envenimer la proximité qui se créait lentement entre elle et l'ambulancier. Pour sa part, bien que la chef des Messiah soient une très belle jeune femme, il n'éprouvait aucun sentiment de désir pour elle, mais son fiancé pourrait ne pas comprendre la situation de la même manière. Il pourrait voir en William un rival et ça n'aurait que des effets négatifs sur l'état actuel des choses.
Ce matin-là, l'ambulancier avait changé, il était passé du pouilleux de service à un homme propre près à reprendre sa vie en main. Il ne savait pas pourquoi, ne saurait pas réellement l'exprimé, mais sa nouvelle vie chez les Messiah l'avait rendu heureux, un bonheur qu'il avait presque oublié durant la dernière année, alors qu'il cherchait sans relâche la femme qui avait quitté sans lui. Il avait pris le temps de retirer cette longue pilosité qui couvrait son visage depuis trop longtemps pour laisser de nouveau sa peau respirer. Entrant dans le box avec Selene, elle lui tendit son carnet, visiblement parce qu'elle avait en tête ou elle avait l'espoir qu'il serait le seul à en faire la lecture. Pourtant, le trentenaire refusa de prendre le carnet, s'asseyant à sa place habituelle alors qu'il jetait un coup d’œil sur son amie.
- J'aimerais que tu en choisisses deux plus importants, et que tu m'en fasses la lecture.
Il eut un fin sourire de compassion, parce qu'il se doutait plutôt bien que le défi serait difficile. Relater ses émotions était déjà un défi en soi, les couchers sur le papier se trouvaient sur un palier supérieur, mais exprimer les secrets les plus sombres pouvaient être pour certain une expérience insurmontable. Relater ses émotions était déjà un défi en soi, les couchers sur le papier se trouvaient sur un palier supérieur, mais exprimer les secrets les plus sombres pouvaient être pour certain une expérience insurmontable. Les mots semblèrent émouvoir son psychologue qui souriait face au bonheur que vivait sa patiente. Elle aimait Gabriel de tout son cœur, et cette simple émotion pourrait l'aider dans son processus de guérison. Le plus difficile pour les gens atteint de maladie mentale se résumait souvent par la solitude, et malheureusement, leur cas se termine trop souvent en suicide. La présence de ses amis, mais aussi de son amoureux, pourrait aider Selene à garder les mains sur le gouvernail.
- Je suis vraiment très heureux pour toi Selene, Gabriel a beaucoup de chance... Lis-moi le passage suivant maintenant.
Will put assez aisément identifier dans les yeux de son interlocutrice que le passage suivant serait plus sombre. Les premiers mots sortant de sa voix, maintenant un peu plus tremblotant, confirma son hypothèse. Alors que le premier passage parlait d'amour, le suivant parlait de haine, la contradiction était presque amusante. Pourtant, alors que la lecture se déroulait plutôt bien, elle s'arrêta subitement et tendit le carnet dans sa direction. Ça ne sembla pas le surprendre, et il s'étira pour se saisir de celui-ci, glissant ses yeux sur le papier et entreprit de reprendre la lecture à voix haute. Le dernier mot de la page prononcé, il s'arrêta un instant pour assimiler toute la rage des émotions imprimée sur la page blanche avant de le refermer et de le tendre dans sa direction. Bien que les mots l'aient un peu choqué, il ne laissait rien paraître à la jeune adulte, son visage étant d'une neutralité totale.
- Est-ce que tu dirais que tu t'es rendu là en pleine conscience ? Est-ce que ça avait l'air d'un rêve et tu t'es rendu compte que c'était la réalité ?
L'ambulancier marqua une pause, ne voulant pas non plus la bombarder de question, il cherchait le meilleur moyen pour identifier ce qui avait pu causer cette réaction chez la jeune femme. Sarah n'avait pas été un exemple de respect depuis son arrivé, mais de là à provoquer de la haine ? William se demandait comment ce sentiment était né chez elle.
- Pourquoi la hais-tu autant ? Est-ce que c'est parce que tu sens qu'elle ne nous ait pas assez redevable ?
Il s'arrêta alors pour ce caler dans sa chaise, glissant délicatement ses doigts sur le bureau pour s'y appuyer. Ses yeux étaient fixés sur la brunette, sans toutefois être intimidant, chacun des mots étaient prononcés avec un détachement presque déconcertant. L'actrice attaché dans l'autre pièce était pourtant son amie, mais aujourd'hui elle n'était personne, elle n'était que le sentiment qui hantait Selene.
- Je ne vais pas en parler à Gabriel, ni à personne d'ailleurs. Ça sera à toi de le faire, lorsque tu seras prête.
Lui en parler n'apporterait rien à la situation de toute façon, à la limite, cela pourrait envenimer la proximité qui se créait lentement entre elle et l'ambulancier. Pour sa part, bien que la chef des Messiah soient une très belle jeune femme, il n'éprouvait aucun sentiment de désir pour elle, mais son fiancé pourrait ne pas comprendre la situation de la même manière. Il pourrait voir en William un rival et ça n'aurait que des effets négatifs sur l'état actuel des choses.
***
6 janvier 2017
6 janvier 2017
Ce matin-là, l'ambulancier avait changé, il était passé du pouilleux de service à un homme propre près à reprendre sa vie en main. Il ne savait pas pourquoi, ne saurait pas réellement l'exprimé, mais sa nouvelle vie chez les Messiah l'avait rendu heureux, un bonheur qu'il avait presque oublié durant la dernière année, alors qu'il cherchait sans relâche la femme qui avait quitté sans lui. Il avait pris le temps de retirer cette longue pilosité qui couvrait son visage depuis trop longtemps pour laisser de nouveau sa peau respirer. Entrant dans le box avec Selene, elle lui tendit son carnet, visiblement parce qu'elle avait en tête ou elle avait l'espoir qu'il serait le seul à en faire la lecture. Pourtant, le trentenaire refusa de prendre le carnet, s'asseyant à sa place habituelle alors qu'il jetait un coup d’œil sur son amie.
- J'aimerais que tu en choisisses deux plus importants, et que tu m'en fasses la lecture.
Il eut un fin sourire de compassion, parce qu'il se doutait plutôt bien que le défi serait difficile. Relater ses émotions était déjà un défi en soi, les couchers sur le papier se trouvaient sur un palier supérieur, mais exprimer les secrets les plus sombres pouvaient être pour certain une expérience insurmontable. Relater ses émotions était déjà un défi en soi, les couchers sur le papier se trouvaient sur un palier supérieur, mais exprimer les secrets les plus sombres pouvaient être pour certain une expérience insurmontable. Les mots semblèrent émouvoir son psychologue qui souriait face au bonheur que vivait sa patiente. Elle aimait Gabriel de tout son cœur, et cette simple émotion pourrait l'aider dans son processus de guérison. Le plus difficile pour les gens atteint de maladie mentale se résumait souvent par la solitude, et malheureusement, leur cas se termine trop souvent en suicide. La présence de ses amis, mais aussi de son amoureux, pourrait aider Selene à garder les mains sur le gouvernail.
- Je suis vraiment très heureux pour toi Selene, Gabriel a beaucoup de chance... Lis-moi le passage suivant maintenant.
Will put assez aisément identifier dans les yeux de son interlocutrice que le passage suivant serait plus sombre. Les premiers mots sortant de sa voix, maintenant un peu plus tremblotant, confirma son hypothèse. Alors que le premier passage parlait d'amour, le suivant parlait de haine, la contradiction était presque amusante. Pourtant, alors que la lecture se déroulait plutôt bien, elle s'arrêta subitement et tendit le carnet dans sa direction. Ça ne sembla pas le surprendre, et il s'étira pour se saisir de celui-ci, glissant ses yeux sur le papier et entreprit de reprendre la lecture à voix haute. Le dernier mot de la page prononcé, il s'arrêta un instant pour assimiler toute la rage des émotions imprimée sur la page blanche avant de le refermer et de le tendre dans sa direction. Bien que les mots l'aient un peu choqué, il ne laissait rien paraître à la jeune adulte, son visage étant d'une neutralité totale.
- Est-ce que tu dirais que tu t'es rendu là en pleine conscience ? Est-ce que ça avait l'air d'un rêve et tu t'es rendu compte que c'était la réalité ?
L'ambulancier marqua une pause, ne voulant pas non plus la bombarder de question, il cherchait le meilleur moyen pour identifier ce qui avait pu causer cette réaction chez la jeune femme. Sarah n'avait pas été un exemple de respect depuis son arrivé, mais de là à provoquer de la haine ? William se demandait comment ce sentiment était né chez elle.
- Pourquoi la hais-tu autant ? Est-ce que c'est parce que tu sens qu'elle ne nous ait pas assez redevable ?
Il s'arrêta alors pour ce caler dans sa chaise, glissant délicatement ses doigts sur le bureau pour s'y appuyer. Ses yeux étaient fixés sur la brunette, sans toutefois être intimidant, chacun des mots étaient prononcés avec un détachement presque déconcertant. L'actrice attaché dans l'autre pièce était pourtant son amie, mais aujourd'hui elle n'était personne, elle n'était que le sentiment qui hantait Selene.
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Re: Help me save myself from me
Mar 7 Mar 2017 - 22:53
Lire ses écrits ? En venant retrouver William pour lui parler un peu, ce n’était pas ce à quoi elle s’attendait. La jeune femme pensait qu’à la manière d’un professeur pour corriger un devoir, son ami allait lui prendre le carnet et lui faire une analyse plus tard. N’était-ce pas le but ? Qu’il voit l’intérieur de sa tête en toute pudeur ? Là lui raconter à haute voix c’était… en fait, quel était la différence avec la démarche de simplement lui confier ? Arnaque. Selene pensait que l’ambulancier allait rectifier sa consigne, mais il ne faisait que la regarder d’un air compatissant. Elle se sentait réellement comme une lycéenne en plein cours lorsqu’elle choisit d’obtempérer, repoussant derrière ses oreilles les longues mèches de cheveux qui masquaient ses yeux bleus.
A la fin du passage sur la demande en mariage de Gabriel, son aîné la félicita. Un sourire timide vint émousser un peu sa gêne tandis que machinalement, le pouce de sa main gauche fit tourner sa bague de fiançailles autour de son annulaire. William l’invita alors à poursuivre et là… un liquide froid semblait couler dans sa colonne vertébrale. Non. Elle ne voulait pas. Le reste c’était… elle ne voulait pas dire ça à voix haute, pas en face de lui non plus. C’était juste là, jeté sur le papier ; sa seule manière d’avouer.
-Euh…
L’étudiante hésitait mais sentait ne pas avoir le choix. Les mots sortirent alors. Lents, cassés, tremblants. Est-ce qu’elle avait vraiment écrit ça ? Abordé de cet manière, le texte paraissait différent, cruel. Arrivée à « je pensais la tuer », Selene s’était brusquement tu. Elle avait conscience d’être parfois violente, d’avoir du sang sur les mains, d’être capable de tuer. Pourtant, lire ses propres lignes lui donnait l’impression qu’on lui crachait à la figure toutes les horreurs avec lesquelles elle avait accepté de vivre. Son alliance avec le diable.
Le psychiatre improvisé prit la suite, mais c’était pire. La jeune femme ferma les paupières et secoua la tête de droite à gauche, comme si ce geste suffisait à ne plus entendre ou à transformer le sens du texte. Quand l’ambulancier avait repris la parole, elle n’avait pas rouvert les yeux tout de suite – ni réagi. Il fallut qu’il rajoute une couche de question pour elle inspire profondément et desserre les lèvres. Sa gorge était étrangement sèche, chaque syllabe déchirait ses chairs.
-Je ne sais pas… je la connais pas, c’est tout.
C’était une partie de ce qu’elle ressentait : la peur de l’inconnu, l’échos des vieilles blessures. Les humains l’effrayaient plus que les rôdeurs et quelqu’un comme Sarah lui semblait trop… incontrôlable. C’était paradoxal, parce que Selene n’avait jamais aimé s’autodécrire comme la meneuse du groupe et pourtant, elle chapotait tout. Malgré son jeune âge ; et elle n’avait été à l’aise qu’avec des gens qu’elle sentait prêts à l’écouter, la suivre, la défendre. Une monarchie émotionnelle à laquelle la blonde n’avait pas sa place car trop indomptable.
-C’était une absence , expliqua-t-elle, je… je ne me souviens plus m’être levée pour aller là-bas… , du moins, les images étaient très flous.
Très brièvement, elle leva son regard vers son médecin, comme pour tenter de jauger ses réactions. Son masque impassible ne l’aidait pas : elle ne pouvait jamais deviner si ce qu’elle racontait lui faisait quelque chose. Ça aussi c’était agaçant en quelque sorte. Que pensait-il ? L’appréciait-il toujours ou ne voyait plus en elle qu’une déglinguée ? Aussi chaotique que le reste de ses sentiments, l’envie de l’ébranler lui sauta aux tripes. Faire quelque chose qui briserait le masque.
-Elle peut nous faire du mal , reprit-elle en revenant à la question sur Sarah, je… je ne peux plus prendre ce risque. Je ne peux pas ! Tous les autres ils… si elle fait quelque chose, ce sera de ma faute. Et elle… elle m’aide pas. Elle m’aide pas à savoir , « à savoir si elle était fiable », mais ses paroles étaient aussi peu clair que ses pensées, alors… je ne sais pas… ce serait plus simple si elle était morte.
La musicienne avait récité ces derniers mots comme s’ils n’étaient pas les siens. D’ailleurs, ils ne l’étaient pas vraiment en réalité ; soufflés par cet autre « personnage » qui rôdait dans l’enceinte de son crâne pour ronger jusqu’à la dernière parcelle de son humanité. Dans une fracture de confusion lucide, Selene précisa d’une petite voix :
-C’est ce « qu’elle » n’arrête pas de me dire… , « l’autre », mais William ne pouvait pas comprendre, laisse tomber , trancha-t-elle en reprenant son carnet avec l’intention de se défiler.
A la fin du passage sur la demande en mariage de Gabriel, son aîné la félicita. Un sourire timide vint émousser un peu sa gêne tandis que machinalement, le pouce de sa main gauche fit tourner sa bague de fiançailles autour de son annulaire. William l’invita alors à poursuivre et là… un liquide froid semblait couler dans sa colonne vertébrale. Non. Elle ne voulait pas. Le reste c’était… elle ne voulait pas dire ça à voix haute, pas en face de lui non plus. C’était juste là, jeté sur le papier ; sa seule manière d’avouer.
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L’étudiante hésitait mais sentait ne pas avoir le choix. Les mots sortirent alors. Lents, cassés, tremblants. Est-ce qu’elle avait vraiment écrit ça ? Abordé de cet manière, le texte paraissait différent, cruel. Arrivée à « je pensais la tuer », Selene s’était brusquement tu. Elle avait conscience d’être parfois violente, d’avoir du sang sur les mains, d’être capable de tuer. Pourtant, lire ses propres lignes lui donnait l’impression qu’on lui crachait à la figure toutes les horreurs avec lesquelles elle avait accepté de vivre. Son alliance avec le diable.
Le psychiatre improvisé prit la suite, mais c’était pire. La jeune femme ferma les paupières et secoua la tête de droite à gauche, comme si ce geste suffisait à ne plus entendre ou à transformer le sens du texte. Quand l’ambulancier avait repris la parole, elle n’avait pas rouvert les yeux tout de suite – ni réagi. Il fallut qu’il rajoute une couche de question pour elle inspire profondément et desserre les lèvres. Sa gorge était étrangement sèche, chaque syllabe déchirait ses chairs.
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C’était une partie de ce qu’elle ressentait : la peur de l’inconnu, l’échos des vieilles blessures. Les humains l’effrayaient plus que les rôdeurs et quelqu’un comme Sarah lui semblait trop… incontrôlable. C’était paradoxal, parce que Selene n’avait jamais aimé s’autodécrire comme la meneuse du groupe et pourtant, elle chapotait tout. Malgré son jeune âge ; et elle n’avait été à l’aise qu’avec des gens qu’elle sentait prêts à l’écouter, la suivre, la défendre. Une monarchie émotionnelle à laquelle la blonde n’avait pas sa place car trop indomptable.
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Très brièvement, elle leva son regard vers son médecin, comme pour tenter de jauger ses réactions. Son masque impassible ne l’aidait pas : elle ne pouvait jamais deviner si ce qu’elle racontait lui faisait quelque chose. Ça aussi c’était agaçant en quelque sorte. Que pensait-il ? L’appréciait-il toujours ou ne voyait plus en elle qu’une déglinguée ? Aussi chaotique que le reste de ses sentiments, l’envie de l’ébranler lui sauta aux tripes. Faire quelque chose qui briserait le masque.
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La musicienne avait récité ces derniers mots comme s’ils n’étaient pas les siens. D’ailleurs, ils ne l’étaient pas vraiment en réalité ; soufflés par cet autre « personnage » qui rôdait dans l’enceinte de son crâne pour ronger jusqu’à la dernière parcelle de son humanité. Dans une fracture de confusion lucide, Selene précisa d’une petite voix :
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